L’équilibre financier du système de retraite par répartition selon lequel les générations les plus jeunes en activité financent, notamment par leurs cotisations, les retraites des générations les plus âgées, est fragilisé par le vieillissement de la population. La résorption des déficits (13Md€en 2020) passe par une maîtrise des dépenses de retraite qui s’inscrit dans le contexte plus large de maîtrise des dépenses sociales et de retour durable de la sécurité sociale à l’équilibre financier. Pour y parvenir, les paramètres sont nombreux (âge d’ouverture des droits à retraite, dispositifs de départ anticipé, conditions pour une retraite à taux plein, indexation des pensions, etc.) mais, in fine, la maîtrise des dépenses de retraite passe par un recul des âges de départ à la retraite ou une baisse du niveau relatif des pensions. Les mesures devront prendre en compte les considérations d’équité entre générations et au sein de chaque génération, tout en visant à simplifier les règles et à les harmoniser entre les régimes.
La France a été exposée à un mouvement de désindustrialisation plus marqué que ses principaux partenaires. Sixième puissance industrielle mondiale en 2004, elle est au huitième rang en 2019. Bien que les écarts de compétitivité-coût se soient partiellement résorbés au cours de la dernière décennie, l’économie française souffre de handicaps structurels qui grèvent encore certains aspects de sa compétitivité, notamment hors-coût. La recherche et développement se traduit insuffisamment en innovations industrielles. Cinq leviers d’action sont identifiés, qui permettraient d’adapter la politique industrielle aux nouveaux enjeux, parmi lesquels la nécessité de cibler de manière renforcée les interventions sectorielles et celle de rénover la gouvernance de cette politique.
Rapport de la Banque de France sur l'épargne réglementée 2019Société Tripalio
Un document qui fait le point sur les près de 800 milliards € placés sur des livrets d'épargne réglementés. Ce rapport met en évidence le coût de certains livrets.
De manière structurelle, l’équilibre financier de l’assurance maladie est affecté par les effets du vieillissement de la population et par l’expansion des pathologies chroniques sur les dépenses de santé. En outre, les impacts de la crise sanitaire sur les recettes comme sur certaines dépenses risquent de creuser davantage et durablement les déficits de l’assurance maladie. Pour amorcer son retour à l’équilibre et garantir l’accès à des soins de qualité, il sera essentiel de mobiliser des marges d’efficience dans quatre directions : l’organisation des soins, la rémunération des acteurs de la santé, les causes évitables des dépenses, et la contribution des technologies numériques à la transformation du système de santé.
Entre les priorités de reconstruction de l’après-guerre, poursuivies dans les années 1970, et les réalités humaines actuelles, la politique du logement peine à atteindre des objectifs ambitieux pas toujours compatibles entre eux. Dans un contexte de dégradation des finances publiques, les enjeux sont nombreux : un meilleur ciblage des aides et des bénéficiaires du parc de logements sociaux, la prise en compte des évolutions des besoins des ménages, l’adaptation de l’habitat au vieillissement de la population et à la préservation de l’environnement, une meilleure coordination de l’ensemble des parties prenantes. Face à ce constat, la Cour esquisse trois leviers d’action susceptibles d’améliorer à la fois la performance de la dépense publique en faveur du logement, et le rééquilabrage des responsabilités entre l’État et les collectivités locales. Un troisième levier conduit à privilégier une approche plus qualitative qui prendrait davantage en compte les nouvelles priorités sociales et environnementales, plutôt qu’une logique visant à s’assigner des objectifs quantitatifs nationaux de construction de logements.
La justice judiciaire bénéficie, depuis plusieurs années, d’évolutions destinées à améliorer la réponse apportée aux citoyens. Son budget a augmenté de 22% entre 2011 et 2021. Pourtant, les délais de traitement des affaires civiles se détériorent, le stock des dossiers en attente augmente et les évolutions portées par la loi de programmation de la justice pour les années 2018-2022 peinent à se mettre en œuvre. Trois réformes s’imposent à court terme pour répondre à ces faiblesses structurelles : la carte des cours d’appel doit être modifiée et leur nombre réduit ; la justice doit se doter d’outils d’évaluation de la charge de travail et améliorer la répartition des effectifs ; enfin, le ministère de la Justice doit rattraper le retard considérable accumulé en matière de transformation numérique.
En dépit d’une dépense nationale d’éducation (près de 110 Md€) supérieure à la moyenne de l’OCDE, la performance du système scolaire français tend à se dégrader, en particulier pour les jeunes issus des milieux défavorisés. Les réformes pédagogiques, l’accroissement des moyens et les résultats des évaluations sur les acquis des élèves n’ont pas suffisamment permis d’améliorer la qualité de notre système éducatif. La facilitation du parcours de l’élève, l’augmentation des marges d’autonomie des établissements, la rénovation du cadre du métier d’enseignant et le renforcement de l’évaluation pourraient permettre une meilleure adaptation de l’école au service des élèves.
La France a été exposée à un mouvement de désindustrialisation plus marqué que ses principaux partenaires. Sixième puissance industrielle mondiale en 2004, elle est au huitième rang en 2019. Bien que les écarts de compétitivité-coût se soient partiellement résorbés au cours de la dernière décennie, l’économie française souffre de handicaps structurels qui grèvent encore certains aspects de sa compétitivité, notamment hors-coût. La recherche et développement se traduit insuffisamment en innovations industrielles. Cinq leviers d’action sont identifiés, qui permettraient d’adapter la politique industrielle aux nouveaux enjeux, parmi lesquels la nécessité de cibler de manière renforcée les interventions sectorielles et celle de rénover la gouvernance de cette politique.
Rapport de la Banque de France sur l'épargne réglementée 2019Société Tripalio
Un document qui fait le point sur les près de 800 milliards € placés sur des livrets d'épargne réglementés. Ce rapport met en évidence le coût de certains livrets.
De manière structurelle, l’équilibre financier de l’assurance maladie est affecté par les effets du vieillissement de la population et par l’expansion des pathologies chroniques sur les dépenses de santé. En outre, les impacts de la crise sanitaire sur les recettes comme sur certaines dépenses risquent de creuser davantage et durablement les déficits de l’assurance maladie. Pour amorcer son retour à l’équilibre et garantir l’accès à des soins de qualité, il sera essentiel de mobiliser des marges d’efficience dans quatre directions : l’organisation des soins, la rémunération des acteurs de la santé, les causes évitables des dépenses, et la contribution des technologies numériques à la transformation du système de santé.
Entre les priorités de reconstruction de l’après-guerre, poursuivies dans les années 1970, et les réalités humaines actuelles, la politique du logement peine à atteindre des objectifs ambitieux pas toujours compatibles entre eux. Dans un contexte de dégradation des finances publiques, les enjeux sont nombreux : un meilleur ciblage des aides et des bénéficiaires du parc de logements sociaux, la prise en compte des évolutions des besoins des ménages, l’adaptation de l’habitat au vieillissement de la population et à la préservation de l’environnement, une meilleure coordination de l’ensemble des parties prenantes. Face à ce constat, la Cour esquisse trois leviers d’action susceptibles d’améliorer à la fois la performance de la dépense publique en faveur du logement, et le rééquilabrage des responsabilités entre l’État et les collectivités locales. Un troisième levier conduit à privilégier une approche plus qualitative qui prendrait davantage en compte les nouvelles priorités sociales et environnementales, plutôt qu’une logique visant à s’assigner des objectifs quantitatifs nationaux de construction de logements.
La justice judiciaire bénéficie, depuis plusieurs années, d’évolutions destinées à améliorer la réponse apportée aux citoyens. Son budget a augmenté de 22% entre 2011 et 2021. Pourtant, les délais de traitement des affaires civiles se détériorent, le stock des dossiers en attente augmente et les évolutions portées par la loi de programmation de la justice pour les années 2018-2022 peinent à se mettre en œuvre. Trois réformes s’imposent à court terme pour répondre à ces faiblesses structurelles : la carte des cours d’appel doit être modifiée et leur nombre réduit ; la justice doit se doter d’outils d’évaluation de la charge de travail et améliorer la répartition des effectifs ; enfin, le ministère de la Justice doit rattraper le retard considérable accumulé en matière de transformation numérique.
En dépit d’une dépense nationale d’éducation (près de 110 Md€) supérieure à la moyenne de l’OCDE, la performance du système scolaire français tend à se dégrader, en particulier pour les jeunes issus des milieux défavorisés. Les réformes pédagogiques, l’accroissement des moyens et les résultats des évaluations sur les acquis des élèves n’ont pas suffisamment permis d’améliorer la qualité de notre système éducatif. La facilitation du parcours de l’élève, l’augmentation des marges d’autonomie des établissements, la rénovation du cadre du métier d’enseignant et le renforcement de l’évaluation pourraient permettre une meilleure adaptation de l’école au service des élèves.
A quelques mois des présidentielles, la Cour des comptes publie une note diffusée le 18 novembre dans laquelle elle démontre, chiffres et documents à l’appui, que les renforts de policiers n’ont nullement permis ni d’accroître la présence sur le terrain ni d’augmenter le nombre d’affaires élucidées.
Les accords de la Saint-Nicolas ont accouché d’une déclaration de politique générale qui a le mérite d’installer - enfin - un Gouvernement fédéral. Si dans le contexte macroéconomique et conjoncturel européen, la Belgique peut être satisfaite de disposer d’une politique générale qui maintienne globalement les équilibres et surtout un niveau de pouvoir d’achat "viable" pour la majorité des citoyens, il n’en reste pas moins que les décisions qui sont prises auront peu ou prou des impacts sur les CPAS.
Quatre proposition pour de bonnes règles budgétairesFondation iFRAP
Tout le monde connait les règles budgétaires (les 3% demandés par Bruxelles, les 60% de dette maximum par rapport au PIB), seulement peu de pays les respectent vraiment et surtout pas la France qui est à :
-* Plus de 4% de déficit par rapport au PIB,
-* Près de 95% de dette par rapport au PIB,
-* A 57% de dépenses publiques par rapport au PIB...
Force est de constater que ni la contrainte européenne, ni la loi française ne suffisent à remettre la France dans les rails du sérieux budgétaires. Pourtant, les exemples étrangers de bonnes pratiques budgétaires existent et la Fondation iFRAP s'est penchée, dans cette étude, à deux exemples étrangers : la Suisse et la Suède.
La baisse des dépenses publiques dans notre pays implique de repenser en profondeur les missions et l'organisation d'un Etat devenu en partie inefficient. La situation économique et sociale de la maison France ne nous permet plus de nous satisfaire d'un ravalement de façade mais nécessite une rénovation en profondeur, des fondations à la charpente.
Il nous faut désormais recentrer la sphère publique sur ses missions régaliennes afin d'alléger le poids des prélèvements obligatoires qui asphyxient l'économie afin de redonner de l'oxygène aux entreprises et d'être ainsi en mesure de relancer la croissance et l'emploi.
A quelques mois des présidentielles, la Cour des comptes publie une note diffusée le 18 novembre dans laquelle elle démontre, chiffres et documents à l’appui, que les renforts de policiers n’ont nullement permis ni d’accroître la présence sur le terrain ni d’augmenter le nombre d’affaires élucidées.
Les accords de la Saint-Nicolas ont accouché d’une déclaration de politique générale qui a le mérite d’installer - enfin - un Gouvernement fédéral. Si dans le contexte macroéconomique et conjoncturel européen, la Belgique peut être satisfaite de disposer d’une politique générale qui maintienne globalement les équilibres et surtout un niveau de pouvoir d’achat "viable" pour la majorité des citoyens, il n’en reste pas moins que les décisions qui sont prises auront peu ou prou des impacts sur les CPAS.
Quatre proposition pour de bonnes règles budgétairesFondation iFRAP
Tout le monde connait les règles budgétaires (les 3% demandés par Bruxelles, les 60% de dette maximum par rapport au PIB), seulement peu de pays les respectent vraiment et surtout pas la France qui est à :
-* Plus de 4% de déficit par rapport au PIB,
-* Près de 95% de dette par rapport au PIB,
-* A 57% de dépenses publiques par rapport au PIB...
Force est de constater que ni la contrainte européenne, ni la loi française ne suffisent à remettre la France dans les rails du sérieux budgétaires. Pourtant, les exemples étrangers de bonnes pratiques budgétaires existent et la Fondation iFRAP s'est penchée, dans cette étude, à deux exemples étrangers : la Suisse et la Suède.
La baisse des dépenses publiques dans notre pays implique de repenser en profondeur les missions et l'organisation d'un Etat devenu en partie inefficient. La situation économique et sociale de la maison France ne nous permet plus de nous satisfaire d'un ravalement de façade mais nécessite une rénovation en profondeur, des fondations à la charpente.
Il nous faut désormais recentrer la sphère publique sur ses missions régaliennes afin d'alléger le poids des prélèvements obligatoires qui asphyxient l'économie afin de redonner de l'oxygène aux entreprises et d'être ainsi en mesure de relancer la croissance et l'emploi.
NOTRE LIBERTE EST EN SOUFFRANCE
Les gouvernants de la France capitulent, ils cèdent à la panique, oublient l’honneur et livrent le pays à la servitude.
Mais rien n’est perdu !
Rien n’est perdu parce que dans notre France forte, l’UMP n’a pas encore donné.
Il faut que notre famille politique soit une force soudée et artisane de la victoire !
Nous convions tous les Français où qu’ils se trouvent à s’unir à nous dans l’action et dans l’espérance, pour que la France retrouve sa grandeur et sa dignité.
Diffusez, communiquez, échangez et persévérez dans ce combat politique pour que les 23 et 30 mars
Notre mouvement soit en tête sur tous les fronts des municipales.
Avec L’APPEL DU COQ bonne lecture .
Diaporama de l'AGIRC-ARRCO détaillant les objectifs à atteindre pour 2018, évoquant notamment le modèle industriel que doivent suivre les groupes de protection sociale.
Pilotage d'un système de retraite - COR 18.10.2018Manon Dubois
Diaporama de la séance plénière d'octobre 2018 du COR :
- Les différents modes de pilotage d’un système de retraite en répartition : un essai de typologie ;
- Les modalités de mise en œuvre d’un système en rendement défini
Les systèmes de retraite et de santé français constituent les postes de dépenses de loin les plus importants de notre protection sociale. Et avec respectivement 14 % et 12 % du PIB, ils se situent parmi les plus chers des pays d’Europe. Compte tenu du vieillissement de la population et des changements dans les risques sanitaires que ce vieillissement entraîne (prédominance des maladies chroniques et liées à la dépendance), mais aussi compte tenu du poids de la dette sociale (135 milliards d’euros restent à amortir par la Cades) ces deux piliers de notre protection sociale doivent être réformés, ce qui implique de ne pas avoir peur de repenser notre modèle social.
Mais les réformes à mener ne sont pas les mêmes : la retraite est un risque au sens de la Sécurité sociale certain. Le gérant doit assurer un travail simple: collecter les cotisations, prévoir le nombre d’actifs et de retraités, verser les retraites en appliquant des règles précises. Il doit surtout assurer l’équilibre en fonction de paramètres limités et, pour certains, sur lesquels il ne peut quasiment pas agir (démographie). Il dispose de peu de latitude : l’âge, le montant de la pension et le taux de cotisation. Le déficit de compétitivité de la France écarte la possibilité d’augmenter les cotisations pour financer le système. Dès lors, il faut :
Reporter l’âge l’égal à 65 ans en 2028 ;
Créer un régime unique et universel par points ;
Aligner les systèmes de retraite public et privé ;
Introduire une part de capitalisation sans augmenter le montant total des cotisations.
La santé est un risque aléatoire et la qualité de la prestation de soin (hôpital, médecine de ville, médicaments) est très variable. La responsabilité du gérant d’un système d’assurance maladie est très différente puisqu’il va devoir choisir, parmi un large panel de solutions, la meilleure solution au meilleur coût. La santé est par ailleurs un domaine où – contrairement à la retraite – l’innovation joue un rôle essentiel. Face à cela, le gérant doit se poser plusieurs questions : quel prix accepter de payer ? Quel fournisseur de soins recommander à ses assurés ? Quels progrès thérapeutiques encourager ? C’est ce rôle complexe qui justifie une diversité de gérants de l’assurance maladie et leur mise en concurrence par les assurés. D’où nos propositions :
Deloitte Société d’Avocats a tenu, le 17 janvier 2023, une conférence dédiée aux enjeux fiscaux de la Loi de Finances 2023 pour le secteur financier et aux nouveautés fiscales internationales à venir.
Leurs interventions se sont déclinées en 5 axes majeurs :
Actualité fiscale nationale et enjeux macroéconomiques – Julien Pellefigue
Fiscalité personnelle et actionnariat – Nicolas Meurant
Fiscalité des entreprises – Hélène Alston, Antoine Brunetto, Julien Pellefigue
TVA et réforme de la facturation électronique – Anne Gerometta
Règlementations européennes – Etienne Genot
La dernière grande réforme des retraites ne date que de janvier 2014. Pourtant, chacun sait déjà qu’afin de préserver les grands équilibres économiques et faire face au déséquilibre démographique croissant entre actifs et inactifs, de nouvelles mesures devront être prises rapidement. Ni les salariés du secteur privé ni les agents du secteur public ne seront épargnés !
Dans ce contexte, des réflexions sont en cours sur une refonte des règles de fonctionnement des régimes de retraite des fonctionnaires ainsi que des régimes « spéciaux », comme ceux de la SNCF ou de la RATP. La Cour des comptes, le Parlement et le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) publient notamment et à intervalle régulier des rapports sur ce sujet. Un sujet qui reste sensible, car le débat sur l’équité entre les systèmes public et privé refait surface à chaque publication de rapport.
Par ailleurs, les candidats à la présidentielle se sont pour beaucoup emparés du sujet et annoncent différentes mesures à plus ou moins long terme.
Alors, à quoi faut-il se préparer dans la fonction publique ?
À une réforme globale des retraites, avec augmentation de l'âge d'ouverture de droit et de la durée d'assurance ?
À un alignement progressif du calcul de la retraite des agents publics sur celui des salariés du secteur privé ?
À une disparition des dispositifs spécifiques aux agents publics ?
Au cours de cette conférence « prospective » dédiée aux retraites des agents de la fonction publique (État, collectivités, hospitalière), Florent Sarrazin, consultant expert en retraite et protection sociale, vous propose un tour d’horizon des enjeux et des possibles impacts d’une réforme des modalités de départ à la retraite des agents publics.
L’occasion de revenir en détails sur les spécificités du fonctionnement des régimes de retraite des fonctionnaires, mais également d’envisager les incidences à court, moyen et long terme, et en toute objectivité, des choix qui pourraient être faits à l’avenir pour réformer les retraites des agents publics.
La même semaine, le Conseil d’orientation des retraites (COR) et la Cour des comptes ont livré deux visions radicalement différentes de l’avenir des retraites. Le COR explique que la dernière réforme des retraites a redressé la trajectoire des retraites dans leur ensemble, tandis que la Cour des comptes indique qu’il y a urgence à sauver les retraites complémentaires du privé, sans traiter des retraites du public pourtant déjà sous perfusion. Cette cacophonie tient à la complexité de notre système de retraite, qui le rend aujourd’hui impossible à piloter. Mais contrairement aux rapports qui se veulent rassurants et aux indicateurs biaisés, la Fondation iFRAP montre dans cette étude que notre système de retraite, qui représente 293 milliards d’euros de prestations servies, est à bout de souffle. Derrière des déficits cachés, les régimes de retraite vivent d’expédients et au final, notre système ne survit qu’au prix d’une augmentation continue des cotisations et prélèvements qui menace la compétitivité des entreprises et grève les budgets de l’État, des collectivités locales et des hôpitaux. La complexité masque également des coûts de gestion parmi les plus élevés en Europe (entre 1,6 et 2 % alors que la moyenne européenne est à 1,2 % des prestations versées). La complexité masque aussi le problème central de l’équité du système : grâce à cette étude nous montrons qu’en appliquant les règles de cotisation et de liquidation du privé à la fonction publique, c’est jusqu’à 4 milliards d’euros d’économies potentielles annuellement qu’il serait possible de réaliser. La complexité pose enfin la question du financement des éléments de solidarité de notre système de retraite, qui compte tenu de leurs coûts – 20 % du total des prestations versées – doivent être remis à plat.
Climat : rendez-nous notre droit au scepticisme
non seulement un droit mais un devoir pour tout scientifique
francois.gervais@univ-tours.fr
Ancien conseiller scientifique du Pôle de compétitivité
Sciences et Système de l’énergie électrique
Expert reviewer des rapports AR5 et AR6 du GIEC
Directeur de l’UMR CNRS 6157 jusqu’en 2012
La lutte contre le trafic de stupéfiants est officiellement une priorité de l’action gouvernementale. Pourtant, derrière le discours de fermeté tenu au sommet de l’État, une autre
musique se fait entendre depuis longtemps, plus sourde mais persistante. Des voix respectables, et semble-t-il de plus en plus nombreuses, s’élèvent pour affirmer que consommer
des stupéfiants serait un « crime sans victime », que cette activité ne devrait donc pas être
pénalisée, ou bien que la lutte contre le trafic et la consommation de stupéfiants cause
beaucoup plus de dégâts que les phénomènes qu’elle cherche à combattre.
Si la lutte contre le trafic et la consommation de drogue est une « guerre », alors « l’arrière »
semble bien prêt d’abandonner ceux qui sont « au front » et de négocier une paix séparée.
En fait, il est clair que l’action publique en ce domaine tend à être entravée par une certaine mauvaise conscience et par des doutes persistants concernant les buts à atteindre.
Il importe donc d’essayer de dissiper ces doutes en examinant méthodiquement la question de la lutte contre la drogue, à la fois dans son principe, dans ses objectifs et dans ses
moyens. La lutte contre la drogue n’est nullement une cause perdue, mais elle doit être
menée avec à la fois plus de fermeté et plus de discernement que cela n’est le cas aujourd’hui.
Un juge fédéral Texan a interdit lundi au département américain de la Défense de punir un groupe de Navy Seals et d'autres membres des forces spéciales qui ont refusé les vaccins pour des motifs religieux.
Ce lundi 3 janvier s’est tenue l’adoption en séance publique du projet de loi renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire. 750 amendements ont été en partie discutés en un temps record avant que le Sénat n’ait à se prononcer dans les prochains jours. Une procédure d’examen aussi rapide a pour effet de perdre la population dans un contexte où les français se confondent déjà dans un flot de mesures incohérentes et au moment des fêtes de fin d’année qui plus est.
Les membres de la commission des lois ont adopté le projet de loi visant à transformer le passe sanitaire en passe vaccinal, dans la nuit du mercredi 29 décembre 2021. Bien que le texte présentait déjà des dispositions extrêmement liberticides, certains députés se sont tout de même illustrés dans la surenchère à l’atteinte aux libertés publiques.
En arrêt maladie et non vaccinés, deux infirmières et un infirmier du CHRU de Brest (Finistère) ont obtenu gain de cause contre l’hôpital, après avoir été suspendus. Les récentes décisions administratives, couplées à une jurisprudence administrative relativement fournie, nous apporte un nombre considérable d’éléments quant au doute sérieux de légalité sur une suspension d’un agent non vacciné en arrêt maladie. Nous vous en proposons la synthèse.
Le secteur de l’assurance peut souffler, le Conseil constitutionnel vient de trancher en sa faveur dans le cadre d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). La décision, tout juste publiée, valide la conformité à la Constitution du délai de prescription en matière de litige dans le cadre d’un contrat d’assurance.
Depuis plusieurs années, la police nationale est confrontée à des défis de sécurité majeurs et à des attentes fortes des citoyens. Pour y faire face, elle a bénéficié de moyens supplémentaires importants, comme en témoignent l’augmentation de 21 % de sa masse salariale en dix ans, et le concours accru de nouveaux acteurs de la sécurité (polices municipales, réservistes, sécurité privée). Néanmoins, les résultats affichés, notamment en termes de présence sur le terrain ou d’élucidation des faits de délinquance, ne connaissent pas d’amélioration significative, voire se détériorent. Les travaux récemment publiés sur le sujet par la Cour soulignent qu’une meilleure utilisation et une gestion rénovée des ressources humaines de la police nationale s’imposent. Plusieurs leviers d’action doivent ainsi être prioritairement mobilisés : une allocation des effectifs mieux ajustée aux besoins des territoires et aux missions, une organisation du travail plus adaptée aux besoins opérationnels, ainsi qu’une formation renforcée et modernisée. La Cour estime, par ailleurs, que des mutualisations entre la police et la gendarmerie pourraient améliorer la qualité du service rendu aux citoyens.
Malgré les nombreux dispositifs résultant de réformes successives, près de 10 % des 750 000 jeunes sortant chaque année du système éducatif se retrouvent sans qualification, quand le taux de chômage des 15-24 ans avoisine les 20 %. L’accent porté récemment sur un accompagnement plus intensif des jeunes demandeurs d’emploi et sur l’apprentissage n’a pas permis une amélioration décisive de leur situation. Pour y remédier, la Cour invite à porter une attention particulière à quatre leviers : une action plus résolue en direction des jeunes les plus éloignés de l’emploi, une meilleure orientation vers les dispositifs adaptés aux besoins, un renforcement de la qualité des parcours d’insertion, et la nécessité de mieux coordonner les multiples acteurs impliqués dans leur accompagnement jusqu’à l’emploi.
Avi Morris est le pseudonyme d'un chercheur et universitaire israélien qui, depuis plusieurs semaines, nous apporte ses observations de la campagne vaccinale contre la Covid-19 via l’ « exemple » israélien.
Le PLFSS 2022 a été définitivement adopté par les députés le 29 novembre 2021. Au-delà des prévisions de déficit de la Sécurité sociale pour les prochaines années et d’un Ondam toujours élevé (+3,8% en 2022 en incluant les dépenses liées au Covid), 4 nouveautés devraient attirer l’attention des organismes de complémentaire santé.
Si la baisse de la productivité est effective dans toutes les économies développées... elle est particulièrement marquée en France. Au niveau national, cet essoufflement touche tous les secteurs, et plus particulièrement celui de l’industrie, usuellement caractérisé par des gains de productivité élevés. Depuis la crise Covid, le secteur industriel contribue pour 35 % environ à cette perte, alors qu’il ne représente que 9,3 % de la valeur ajoutée nationale brute en 2023. Dans ce contexte, est-il possible de mener une politique de réindustrialisation du pays sans y associer un objectif de hausse des gains de productivité ?Non rappelle ce Cube. Au contraire, ces deux objectifs, jusqu’alors indépendants l’un de l’autre, sont désormais deux défis à relever conjointement. En analysant les différents explications à la baisse de celle-ci observée en France et dans les autres économies développées, ce Cube suggère que l’augmenter en parallèle d’une politique de réindustrialisation sous-entend une réallocation des facteurs de production vers les entreprises industrielles à fort potentiel. Elle suppose également une une meilleure affectation des ressources.
1. LES ENJEUX STRUCTURELS
POUR LA FRANCE
OCTOBRE 2021
ENTITÉS ET POLITIQUES PUBLIQUES
CONTINUER ÀADAPTER
LE SYSTÈME DE RETRAITE
POUR RÉSORBER LES DÉFICITS
ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
2.
3. COUR DES COMPTES 3
SOMMAIRE
5 AVERTISSEMENT
7 SYNTHÈSE
9 INTRODUCTION
11 1-LE SYSTÈME DE RETRAITE A ÉTÉ PLUSIEURS FOIS
RÉFORMÉ,RENDANT POSSIBLE LA MAÎTRISE DE
SES DÉPENSES ET SA SOUTENABILITÉ FINANCIÈRE
11 A - Une succession de réformes
et d’adaptations depuis 1993
13 B - Une importante réduction des dépenses
par rapport au niveau qui aurait été atteint sans
réforme
16 2 - UN SYSTÈME MARQUÉ PAR DES DÉPARTS ANTICIPÉS
À LA RETRAITE TRÈS NOMBREUX ET COÛTEUX,PAR
DES RÈGLES DE CALCUL QUI SE SONT COMPLEXIFIÉES
ET QUI PRÉSENTENT ENCORE CERTAINES DISPARITÉS
SELON LES RÉGIMES
16
A - Des contreparties aux réformes,
notamment en termes de départ anticipé
à la retraite, dont le coût est considérable
17 B - Une convergence entre régimes spéciaux
et régime général engagée mais inachevée
19
C - Une complexification des règles,
source de difficultés croissantes
4. SOMMAIRE
21 3 - LES DÉFICITS PRÉVISIBLES POUR LES DIX ANS
À VENIR EXIGENT DE POURSUIVRE LES EFFORTS
FINANCIERS TOUT EN VEILLANT À RESPECTER
L’ÉQUITÉ INTER ET INTRA-GÉNÉRATIONNELLE
21 A- Sans nouvelle réforme, la persistance de déficits
pendant au moins une dizaine d’années
23
B - Des mesures visant à résorber les déficits,
qui devront prendre en compte également
les considérations d’équité inter et intra-
générationnelle
26 RÉFÉRENCES AUX TRAVAUX DE LA COUR DES COMPTES
5. COUR DES COMPTES 5
La présente note fait partie d’un ensemble de travaux destinés à présenter,
sur plusieurs grandes politiques publiques, les principaux défis auxquels
seront confrontés les décideurs publics au cours des prochaines années
et les leviers qui pourraient permettre de les relever. Cette série de
publications, qui s’étale d’octobre à décembre 2021, s’inscrit dans le
prolongement du rapport remis en juin 2021 au Président de la République,
Une stratégie des finances publiques pour la sortie de crise. Ce travail de
synthèse vise à développer, sur quelques enjeux structurels essentiels,
des éléments de diagnostic issus de précédents travaux de la Cour et des
pistes d’action à même de conforter la croissance dans la durée tout en
renforçant l’équité, l’efficacité et l’efficience des politiques publiques.
La Cour, conformément à sa mission constitutionnelle d’information des
citoyens, a souhaité développer une approche nouvelle, qui se différencie
de ses travaux habituels, et ainsi apporter, par cette série de notes
volontairement très synthétiques et ciblées, sa contribution au débat
public, tout en veillant à laisser ouvertes les différentes voies de réformes
envisageables.
Cette note a été délibérée par la 6e
chambre et approuvée par le comité du
rapport public et des programmes de la Cour des comptes.
Les publications de la Cour des comptes sont accessibles en ligne sur le site
internet de la Cour et des chambres régionales et territoriales des comptes :
www.ccomptes.fr.
AVERTISSEMENT
6.
7. COUR DES COMPTES 7
SYNTHÈSE
Le système de retraite français est complexe car constitué de nombreux régimes.
Son financement repose sur le principe de la répartition, selon lequel les
générations les plus jeunes en activité financent, notamment par leurs cotisations,
les retraites des générations les plus âgées. Son équilibre financier est fragilisé par
le vieillissement de la population.
Dans ce contexte, le système de retraite a été plusieurs fois réformé depuis 1993.
Ces réformes ont conduit à ralentir fortement la croissance de ses dépenses et ont
permis d’initier un mouvement de convergence des règles entre les régimes, qui
est toutefois inachevé. Malgré cela, en comparaison internationale, les dépenses de
retraite représentent encore une part élevée du PIB (14,7 % en 2020), l’âge moyen
de cessation d’activité est plus faible, compte tenu en particulier de la fréquence
des départs anticipés à la retraite, et le niveau de de vie moyen des retraités est
élevé, supérieur à celui de la population. En l’absence de nouvelle réforme, les
déficits (13 Md€ en 2020), même s’ils sont sans commune mesure avec ceux qui
étaient anticipés il y a trente ans, s’observeraient au moins encore pendant dix ans.
La résorption des déficits passe par une maîtrise des dépenses de retraite qui
s’inscrit dans le contexte plus large de maîtrise des dépenses sociales et de retour
durable de la sécurité sociale à l’équilibre financier. Pour y parvenir, les paramètres
sont nombreux (âge d’ouverture des droits à retraite, dispositifs de départ anticipé,
conditions pour une retraite à taux plein, indexation des pensions, etc.) mais,
in fine, la maîtrise des dépenses de retraite passe par un recul des âges de départ
à la retraite ou une baisse du niveau relatif des pensions. Les mesures devront
prendre en compte les considérations d’équité entre générations et au sein de
chaque génération, tout en visant à simplifier les règles et à les harmoniser entre
les régimes.
8. 8 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
Les chiffres clés
• Dépenses de retraite en 2020 : 338 Md€, soit 14,7 %€ du PIB
• Nombre d’actifs pour un retraité de droit direct : 2,1 au début des années
2000, 1,7 actuellement, 1,5 en 2040
• Niveau de vie moyen des retraités rapporté à celui de l’ensemble de la
population : 103 % en 2018
• Dispositifs de départ anticipé : près d’1 départ sur 2
• Âge moyen de cessation d’activité : 63,3 ans dans l’Union européenne
en 2017,contre 61,9 ans en France(avec de fortes disparités selon
les régimes, l’âge moyen dans certains régimes spéciaux se situant encore
à 57 ans ou moins)
• Déficit du système de retraite en 2020 : 13 Md€
Maîtriser les dépenses en faisant
évoluer les paramètres de l’âge
de départ à la retraite et du
niveau relatif des pensions
Poursuivre les efforts de simplification
des règles et d’harmonisation
entre régimes pour une meilleure
équité et lisibilité du système
CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR
RÉSORBER LES DÉFICITS
ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
9. COUR DES COMPTES 9
INTRODUCTION
Comme la Cour le rappelait dans son rapport Une stratégie de finances publiques
pour la sortie de crise de juin dernier,le système de retraite français est complexe car
constitué d’une grande diversité d’organismes : régimes obligatoires de base, gérés
par l’État en concertation avec les partenaires sociaux (organisations représentant
les salariés et les employeurs), et régimes obligatoires complémentaires, sous la
responsabilité des seuls partenaires sociaux. Les régimes spéciaux qui demeurent
sont les héritiers de caisses et institutions qui préexistaient à la réforme de 1945,
dans une logique de solidarité à l’intérieur d’une même profession.
Schéma n°1 : l’organisation du système de retraite :
une multiplicité de régimes structurés par profession
Type
de régime
Les 6 régimes des agents publics
Type
de régime
Régime
additionnel
*
Régimes de
base
CNAVPL
CNBF,
etc.
(2,1
Md€)
MSA
exploi-
tants
(6,8
Md€)
MSA
salariés
(6,1 Md€)
Cnav
(régime général)
y compris SSI
(132,7 Md€)
Statut de
l'assuré
salariés
agricoles
salariés non agricoles
agents
non
titulaires
fonctionnaires
civils
et militaires
et magistrats
fonction-
naires
de la
FPT/FPH
ouvriers
d'État
agents des
régimes
spéciaux
Statut de
l'assuré
Employeurs
entreprises
du secteur
agricole
secteur privé : commerce,
industrie, BTP, services, …
contrats
de
droit
public
État
collec-
tivités
publiques
État
SNCF,
RATP,
etc.
Employeurs
Régimes
dits
intégrés
ou
complets
Autres
régimes
spéciaux
SNCF,
RATP,
IEG etc.
(15,6
Md€)
FSPOEIE
(1,9
Md€)
RAFP (0,4 Md€)
Ircantec
(3,4
Md€)
Régime de
retraite des
fonctionnaires
civils de l'État
et des militaires
(54,6 Md€)
Régime
de la
CNRACL
(21,6
Md€)
Régimes
complémentaires
des
professions
libérales
(5,9
Md€)
RCO (0,7
Md€)
travailleurs
indépendants
non-agricoles
RCI (2,1
Md€)
Régimes
complé-
mentaires
Agirc-Arrco
(81,6 Md€)
Profes-
sions
libérales
exploi-
tants
agricoles
Source : Projet de loi de finances 2021 - Les montants correspondent à ceux des prestations légales servies par les régimes
de retraite obligatoire en 2019
10. 10 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
Les dépenses de retraite obligatoire ont représenté 338 Md€ en 2020, soit
14,7 % du PIB. Leur financement repose pour l’essentiel sur le principe de la
répartition – choix qui fonde le système de retraite français depuis 1945 : les
cotisations des actifs servent immédiatement à payer les retraites, tout en leur
ouvrant des droits pour leur future retraite. La part des dispositifs financés par
capitalisation dans l’ensemble des dépenses de retraite restant très marginale.
En plus des dépenses de retraite obligatoire, les prestations versées au titre
de contrat de retraite supplémentaire (ou épargne retraite) ne représentaient
que 6,9 Md€ en 2019. Ce choix de financement principalement par répartition,
qui repose sur la confiance et la solidarité entre les générations, est au cœur
de notre pacte social. Les plus jeunes consentent à financer la retraite des
plus âgés, en anticipant que les générations qui leur succéderont en feront de
même pour eux.
Pour perdurer, ce système suppose que son équilibre financier soit durablement
assuré. Cet équilibre dépend de données économiques et sociales fondamentales :
la démographie (fécondité, mortalité et solde migratoire dont dépend le ratio
actifs/retraités) mais aussi l’activité économique (croissance, chômage, etc.).
Pour consolider le financement par répartition, le système français de retraite
a été réformé à plusieurs reprises depuis trente ans. Les réformes successives
ont contribué à ralentir fortement la progression des dépenses et leurs effets
vont continuer à se déployer au cours des prochaines décennies. Cependant, la
persistance des déficits,accentués conjoncturellement par la crise sanitaire,pose
la question de nouvelles mesures d’ajustement.
Ces évolutions pourraient s’inscrire dans le prolongement des réformes passées
et concerner les paramètres du système, ou s’inscrire dans le contexte d’une
réforme structurelle, telle que celle définie dans le projet de loi sur le système
universel de retraite.
11. COUR DES COMPTES 11
1 - LE SYSTÈME DE RETRAITE A ÉTÉ PLUSIEURS FOIS RÉFORMÉ,
RENDANT POSSIBLE LA MAÎTRISE DE SES DÉPENSES
ET SA SOUTENABILITÉ FINANCIÈRE
A - Une succession de réformes
et d’adaptations depuis 1993
Le vieillissement de la population fragilise
l’équilibre du système de retraite. Le rapport
démographique des 20-59 ans sur les 60 ans et
plus est ainsi passé de 3 en 1960 à 2,8 en 1990,
puis à 1,9 en 2020. Cette baisse s’est accélérée
à partir de 2006 avec l’arrivée à l’âge de 60 ans
des générations du baby-boom nées à partir de
1946.Elle s’explique également par l’allongement
continue de l’espérance de vie, notamment de
l’espérance de vie à 60 ans qui est passée, entre
2000 et 2020,de 25,6 à 27,3 ans pour les femmes
et de 20,4 à 22,7 ans pour les hommes.
En vingt ans (1993-2014), pour faire face
notamment au vieillissement de la population,
le système de retraite a connu cinq réformes
d’ampleur touchant les retraites de base. Il
s’agit de réforme « paramétriques », parce
qu’elles ont modifié les paramètres de
fonctionnement du système (taux de
cotisation, durée, âges de départ, etc.) sans
remettre en cause sa logique ou sa structure.
Outre des mesures de hausse de cotisations,
ces réformes ont surtout conduit à revoir les
règles de calcul des retraites.
12. 12 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
Les régimes complémentaires
se sont également adaptés.
Toutes les mesures d’âge et de durée d’assurance
mentionnées dans le tableau ci-dessus ont été
transposées aux régimes complémentaires
obligatoires.Les partenaires sociaux,gestionnaires
des régimes complémentaires des salariés du
secteurprivé (Agirc et Arrco,fusionnés en 2019),
ont signé une dizaine d’accords depuis 1993,
qui ont conduit à ce que chaque euro cotisé
dans ces régimes crée moins de droit à la
retraite que par le passé, afin de maintenir la
solvabilité de l’Agirc-Arrco à long terme.
Les derniers accords de 2015, 2017 et 2019 ont
été particulièrement novateurs : pour la première
fois, les partenaires sociaux ont choisi d’agir sur
l’âge de la retraite, en décalant de fait d’un an
l’âge permettant de bénéficier d’une retraite
complémentaire à taux plein (depuis 2019, la
retraite complémentaire est ainsi minorée par
l’application d’un coefficient de solidarité de
10 % pendant 3 ans dans la limite de l’âge de
67 ans, si les assurés liquident leurs pensions à
taux plein, sauf à retarder d’un an leur départ à
la retraite).D’autre part,ils ont adopté des règles
prudentielles aux termes desquelles les réserves
financières du régime Agirc-Arrco ne doivent
pas être inférieures à six mois de prestations
à l’horizon de 15 ans et les pensions doivent
évoluer au rythme des salaires, éventuellement
diminué d’un « facteur de soutenabilité » pour
tenir compte de la situation économique ainsi que
de l’évolution démographique.
Tableau n°1 : réformes des paramètres des pensions de base depuis 1993
1993
Régimes de base
des salariés
et non-salariés
du secteur privé,
dont le régime
général
• Indexation confirmée des pensions - ainsi que des salaires pris en compte pour
le calcul de la retraite - sur les prix.
• Passage de 10 à 25 pour le nombre des meilleures années prises en compte
pour le salaire de référence (générations 1933 à 1948).
• Allongement de la durée d’assurance requise pour le taux plein de 150 à
160 trimestres (générations 1933 à 1944).
2003
Tous les régimes
de base, y compris
ceux de la fonction
publique, mais
hors les autres
régimes spéciaux
• Extension de l’indexation des pensions sur les prix aux régimes de la fonction
publique.
• Allongement de la durée d’assurance des fonctionnaires, pour l’aligner sur
celle du régime général à partir de la génération 1948.
• Poursuite de l’allongement de la durée d’assurance pour tous les régimes de
160 à 164 trimestres (générations 1948 à 1952), puis en fonction des gains
d’espérance de vie (jusqu’à la génération 1960).
• Mise en place progressive d’un système de décote/surcote harmonisé entre
tous les régimes, qui minore ou majore le montant de la pension lorsque la
durée est inférieure ou supérieure à celle requise pour le taux plein.
• Création d’un dispositif de départ anticipé pour les carrières longues.
2008
Certains régimes
spéciaux
• Extension des dispositions de 2003 à d’autres régimes spéciaux de retraite
(SNCF, RATP, industries électriques et gazières, etc.) selon un calendrier
décalé.
2010
Tous les régimes
de base
• Recul de deux ans des âges légaux de retraite, qui passent de 60 à 62 ans pour
l’âge minimum et de 65 à 67 ans pour l’âge d’annulation de la décote
(générations 1950 à 1955).
• Confirmation de l’allongement de la durée d’assurance introduite en 2003
jusqu’à la génération 1960.
2014
Tous les régimes
de base
• Durée d’assurance portée à 172 trimestres à partir de la génération 1973, au
rythme d’un trimestre toutes les trois générations.
• Création d’un dispositif de départ anticipé au titre de la pénibilité du travail
au régime général.
13. COUR DES COMPTES 13
La convergence des régimes spéciaux, y
compris celui de la fonction publique, sur le
régime général est largement entamée,même
si des spécificités persistent, en particulier en
termes d’âge de départ à la retraite, de salaire
de référence pour le calcul de la pension, de
dispositifs de solidarité liés aux enfant et de
réversion en cas de veuvage.
B - Une importante réduction
des dépenses par rapport au niveau
qui aurait été atteint sans réforme
Selon l’Insee, sans les réformes
des retraites de base intervenues
depuis 1993 et le passage à l’indexation
sur les prix, les dépenses de retraite
rapportées au PIB auraient représenté
17,6 % en 2020 et plus de 19 % en
2030, alors qu’elles sont désormais
limitées à moins de 14 %, hors les effets
conjoncturels liés à la crise sanitaire .
Les économies les plus importantes proviennent
du passage à une indexation sur l’inflation et
non plus sur l’évolution des salaires, pour les
pensions de retraite ainsi que pour les salaires
pris en compte pour le calcul de la retraite.Dans
une période où l’inflation a été durablement
inférieure à la hausse des salaires, cette mesure,
engagée à partir de 1987, a rendu possible
une économie de l’ordre de 40 Md€ sur les
dépenses annuelles de retraite actuellement
versées et a, de ce fait, permis le maintien
durable du système. Selon l’Insee, cette seule
mesure aurait permis une économie en 2020
de 1,8 point de PIB, contre 2,3 points pour
l’ensemble des autres mesures de réforme
prises depuis 1993. En 2030, elle entraînerait
même une économie au moins égale à celle
résultant de toutes les autres mesures (environ
2,7 points de PIB). L’ampleur de ces économies
dépend du différentiel de croissance entre les
salaires et les prix. L’indexation sur les prix rend
en effet les dépenses de retraite rapportées
au PIB sensibles au rythme de croissance de
l’économie : plus la croissance est forte et plus
les salaires augmentent par rapport aux prix,ce
qui contribue à freiner les dépenses de retraite
en part de PIB ; à l’inverse, plus la croissance
est faible et plus les dépenses de retraite en
part de PIB s’accroissent. Une indexation par
rapport à la progression des salaires corrigée
d’un facteur de soutenabilité, à l’instar du
principe retenu pour l’Agirc-Arrco, éviterait
cette forte dépendance à la croissance tout en
contenant la hausse des pensions.
S’agissant de l’allongement de la durée requise
pour le taux plein (durée d’assurance),la montée
en charge des économies permises est très
progressive. Selon la Direction de la recherche,
des études, de l’évaluation et des statistiques
(Drees),le déploiement de cet allongement pour
les actifs concernés entre 2020 et 2035 (suite à la
réforme de 2014) réduirait la masse des pensions
de 5,5 Md€ en 2030 et 10,2 Md€ en 2040.
À l’inverse, les effets du recul des âges légaux
de la retraite décidé en 2010 ont été plus
immédiats : toujours selon la Drees, ils se
traduiraient par une économie de 18,9 Md€
en 2020. Mais, à l’horizon 2040, l’économie ne
serait plus que de 12,2 Md€,soit du même ordre
que l’allongement de la durée d’assurance. Le
recul des âges légaux contribuerait ainsi aux
économies de dépenses liées aux réformes
depuis 2010 à hauteur de 80 % en 2020, mais
seulement un tiers en 2040.
Pour les régimes complémentaires, les
économies liées aux accords Agirc-Arcco depuis
2011 représenteraient 5,2 Md€ en 2020, qui
s’ajoutent à celles résultant des réformes des
régimes de base.
14. 14 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
Le recul de l’âge de la retraite conduit
toutefois à l’augmentation d’autres
dépenses sociales, par exemple au titre
du chômage ou de l’invalidité
Avec le recul de l’âge minimum légal de la
retraite, des personnes qui ne peuvent
prolonger leur emploi s’ajoutent aux
allocataires de ces prestations sociales, et
les personnes concernées par ces allocations
restent plus longtemps allocataires. Or, ce
report vers des dépenses sociales n’est pas pris
en compte dans les évaluations précédentes.
Les dépenses induites réduisent pourtant le
montant des économies réalisées ou attendues.
Ainsi, le recul de l’âge minimum légal de 60 à
62 ans aurait occasionné en 2017, au terme
de sa montée en charge, de l’ordre de 3 Md€
de dépenses sociales supplémentaires (dont
environ 800 M€ pour l’assurance chômage,
700 M€ au titre de minima sociaux et de 1,2 à
1,5 Md€ de dépenses d’invalidité), soit environ
20 % du gain réalisé cette année-là sur les
dépenses de retraite.
Enfin, en dépit de ces réformes – qui
ont fortement limité leur progression –
la part des dépenses de retraite
dans le PIB reste élevée en France
par comparaison avec d’autres pays
de l’OCDE.
Graphique n° 1 : part des dépenses de retraite dans le PIB en 2017
Lecture : en 2017, les dépenses de retraite (publiques et privées) représentaient 10,3 % du PIB au Canada, dont
4,8 % du PIB pour les dépenses de retraite publiques et 5,5 % pour les dépenses de retraite privées.
Note : les pays sont classés par ordre croissant de la part des dépenses publiques de retraite dans le PIB en 2017.
Source : Panorama des systèmes de retraite en France et à l’étranger, 15e
rapport du Conseil d’orientation des
retraites, décembre 2020
4,8% 5,2% 5,6%
7,1% 7,2%
9,4% 10,2% 10,5% 10,9%
13,6%
15,6%
5,5% 4,6%
5,2%
5,3%
3,1%
2,5% 0,8%
1,1%
0,3%
0,3%
1,1%
0 %
2 %
4 %
6 %
8 %
10 %
12 %
14 %
16 %
18 %
20 %
Canada
Pays-Bas
Royaum
e-Uni
États-Unis
Suède
Japon
Allem
agne
Belgique
Espagne
France
Italie
Publiques Privées
9,1%
2,7%
Pays suivis
par le COR
Également par comparaison avec d’autres pays de l’OCDE,les âges de cessation d’activité constatés,
tout comme les âges légaux d’ouverture des droits, sont en moyenne plus bas.
15. COUR DES COMPTES 15
Le niveau relativement élevé des pensions
contribue à ce que le niveau de vie moyen
des retraités soit aujourd’hui supérieur à celui
de l’ensemble de la population. En 2018, le
niveau de vie moyen des retraités était ainsi
supérieur de 2,9 % à celui de l’ensemble de
la population. Cet écart atteint 9,1 % si l’on
prend en compte le fait que les retraités sont
plus souvent propriétaires de leur logement.
Parmi les onze pays développés suivis par
le Conseil d’orientation des retraites (COR),
c’est en France, où il atteignait 103,2 % en
2016, que le niveau de vie moyen des plus
de 65 ans rapporté à celui de l’ensemble de
la population est le plus élevé. Ce ratio est
également très proche de 100 % en Italie, mais
de l’ordre de 85 % au Royaume-Uni, en Suède
et aux Pays-Bas, 90 % en Allemagne et 95 %
aux États-Unis et en Espagne. La contrepartie
des mesures d’indexation évoquées plus haut
est une progression relativement moins rapide
des ressources des retraités par rapport à celles
des actifs. Cet effet est toutefois progressif et
n’est pas encore pleinement visible.
Enfin, le taux de pauvreté des retraités est très
inférieur à celui de l’ensemble de la population
(8 ,7 % contre 14,8 % en 2018). Il est plus
faible également que le taux de pauvreté des
retraités des autres pays développés suivis par
le COR, à l’exception des Pays-Bas.
Des efforts inégalement répartis : au total,
malgré les mesures de solidarité et d’équité qui
les ont accompagnées, les réformes, par le biais
des mesures générales, pèseraient davantage
sur les assurés à bas salaires ou étant sortis
précocement de l’emploi. Par exemple, pour la
génération 1980, la perte de pension cumulée
liée aux réformes depuis 2010 serait de plus
de 10 % pour les assurés en dehors du marché
de l’emploi dès 50 ans, contre 3,4 % pour ceux
à salaires élevés. En particulier, ces assurés
ont été plus fortement touchés par le recul
des âges légaux, surtout le recul de l’âge
d’annulation de la décote de 65 à 67 ans, qui
les concerne davantage du fait de carrières
plus courtes. En outre, les redistributions
opérées par les seules règles de calcul des
retraites, hors prise en compte des dispositifs
Graphique n° 2 : âges d’ouverture des droits à retraite au 1er
janvier 2021 et à terme
58 ans 60 ans 62 ans 64 ans 66 ans 68 ans 70 ans
Canada
Suède
États-Unis
France
Japon
Belgique
Espagne
Allemagne
Royaume-Uni
Pays-Bas
Italie
Programmé À terme
En 2021
Source : annexe du PLF 2021 sur les pensions de retraite de la fonction publique et les données en 2020
16. 16 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
explicites de solidarité (minima de pension,
droits familiaux de retraite, etc.), accroissent
au total les inégalités en défaveur des assurés
à carrière courte, donc des assurés à plus bas
salaires et des femmes tout particulièrement.
Ces redistributions sont liées à plusieurs
facteurs : non-linéarité du calcul de la durée
validée dans les régimes de base en annuités,
calcul sur une partie de la carrière seulement
du revenu d’activité de référence dans ces
régimes, dépendance des décotes et surcotes
à la fois de l’âge de départ à la retraite et de la
durée d’assurance tous régimes, superposition
de régimes de base et complémentaires, ou
encore différences de règles entre les régimes.
2 - UN SYSTÈME MARQUÉ PAR DES DÉPARTS ANTICIPÉS
À LA RETRAITE TRÈS NOMBREUX ET COÛTEUX, PAR DES RÈGLES
DE CALCUL QUI SE SONT COMPLEXIFIÉES ET QUI PRÉSENTENT
ENCORE CERTAINES DISPARITÉS SELON LES RÉGIMES
A - Des contreparties aux réformes,
notamment en termes de départ
anticipé à la retraite, dont le coût
est considérable
Les réformes intervenues depuis 2003 ont
prévu des mesures spécifiques de solidarité
et d’équité destinés à limiter les effets
défavorables sur certaines catégories de
cotisants. Ainsi, des dérogations concernant
l’âge minimum légal de la retraite ont été
introduites au titre des carrières longues
(à partir de 2003) et de la pénibilité du travail
(2010, 2014). Des mesures ont également été
prises en faveur des femmes et des petites
retraites (comme la majoration du minimum
contributif au titre des trimestres cotisés en
2004 ou la réduction du salaire nécessaire pour
valider un trimestre au régime général de 200
à 150 Smic horaires permettant à un salarié
à tiers-temps et rémunéré au Smic de valider
quatre trimestres par an en 2014).
Les dispositifs de départ anticipé sont à
l’origine de près d’un départ sur deux à la
retraite. Ces dérogations, qui ont concerné
environ 400 000 nouveaux retraités en 2017,
ont un coût élevé pour la collectivité (environ
14 Md€ en 2016). Pour les seules mesures
prévues par la réforme de 2014, le coût serait
de 0,7 Md€ en 2020, 2,7 Md€ en 2030 et
4,1 Md€ en 2040, selon les estimations de
l’étude d’impact du projet de loi.
Les retraites anticipées pour carrière longue
Parmi les dispositifs dérogeant à l’âge minimum légal, le plus important est
aujourd’hui le dispositif dit des carrières longues,qui est ouvert à tous et dont les
coûts associés sont importants (6,1 Md€ en 2016).Le flux de départs anticipés à
la retraite pour carrière longue a atteint un point haut en 2017.L’augmentation
progressive de la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier du taux plein et
les entrées plus tardives sur le marché du travail entraînent depuis 2018 une
réduction du nombre de départs anticipés autitre de ce dispositif.Cette réduction
a néanmoins un caractèretrès progressifpuisque,selon les projections de la Cnav,
c’est seulement au milieu des années 2030 que les départs anticipés au titre
d’une carrière longue reviendraient à leur niveau de 2009.
17. COUR DES COMPTES 17
D’autres dispositifs de départ anticipé sont
spécifiques à certains secteurs : les salariés du
secteur privé peuvent bénéficier, en raison de
la pénibilité de leur travail, d’un départ anticipé
jusqu’à deux ans ; certains fonctionnaires
occupent des catégories d’emplois « actives »
présentant « un risque particulier ou
des fatigues exceptionnelles », qui permet
un départ anticipé de cinq ans (pompiers
professionnels, aides-soignants, etc.) voire de
dix ans (policiers, égoutiers, etc.) par rapport
aux catégories « sédentaires ». Ces motifs
de départ anticipé existent dans les autres
régimes spéciaux, notamment à la SNCF, où ils
sont généralisés,et à la RATP,où les possibilités
d’anticipation de dix ans sont fréquentes. Ainsi,
l’âge moyen de départ à la retraite était en
2019 d’environ 63 ans pour les fonctionnaires
sédentaires et les salariés du secteur privé,
d’environ 59 ans pour les fonctionnaires de
catégorie active, d’environ 57 ans à la SNCF et
d’environ 56 ans à la RATP.
Ces mesures dites « mesures d’âge »,contribuent
à ce que l’âge moyen de cessation d’activité
soit plus faible en France que dans la plupart
des autres pays. La Commission européenne
estime cet âge moyen à 61,9 ans en 2017,contre
63,3 ans dans l’ensemble de l’Union européenne
(dont 64,3 ans en Allemagne, 64,4 ans au
Royaume-Uni et 65,3 ans en Suède).
Au total, les réformes ont permis de contenir
la baisse du nombre d’actifs rapporté au
nombre de retraités de droit direct (donc hors
les retraités bénéficiant uniquement d’une
pension de réversion),sans toutefois l’enrayer.Le
nombre d’actifs pour un retraité de droit direct
est passé de 2,1 au début des années 2000 à 1,7
aujourd’hui,et ne serait plus que de 1,5 en 2040.
B - Une convergence entre régimes
spéciaux et régime général engagée
mais inachevée
Les réformes, depuis celle de 2003, ont réduit
les inégalités de traitement entre les assurés
de régimes différents et ont rapproché très
sensiblement les paramètres du régime
général et de la plupart des régimes spéciaux,
en commençant par ceux de la fonction
publique. Les principales mesures des réformes
de 2010 et de 2014 ont en effet concerné
tous les régimes, mais selon des calendriers
d’application décalés pour les régimes spéciaux
autres que ceux de la fonction publique.
Retraites de la fonction publique : des règles désormais
alignées en partie sur celles du régime général
La réforme de 2003 a fait converger la durée d’assurance requise pour le taux
plein des fonctionnaires vers celle des salariés du secteur privé et étendu aux
fonctionnaires le principe de revalorisation des pensions sur les prix. Elle a
généralisé et harmonisé entre les fonctionnaires et les salariés du secteur
privé le système de décote et de surcote,avec une période de convergence de
près de 20 ans pour la décote. La convergence a porté également, à la suite
de la réforme de 2010, sur l’alignement des taux de cotisation des assurés,
avec une mise en œuvre sur une période de dix ans.
18. 18 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
Les autres régimes spéciaux, notamment
ceux de la RATP, de la SNCF et des industries
électriques et gazières (IEG), ont commencé à
être réformés à partir de 2008. Ces réformes
ont été acquises au prix d’un étalement
significatif de leurs effets dans le temps et
d’un accompagnement généreux pour garantir
leur acceptabilité sociale. L’ensemble des
réformes est ainsi entré en vigueur avec un
décalage significatif par rapport aux autres
régimes, de 4,5 ans pour la réforme de 2008
portant sur la durée d’assurance par rapport
à la fonction publique et 14,5 ans par rapport
au régime général. Le relèvement de deux ans
de l’âge légal de départ décidé en 2010 ne sera
totalement effectif qu’en 2024 contre 2017
pour les autres régimes ; le nouvel allongement
des durées d’assurance prévu par la réforme de
2014 a également été décalé pour tenir compte
du calendrier des réformes de 2008 et 2010.
Certaines différences et particularités
demeurent selon les spécificités des régimes
concernés. Parmi les règles qui restent
différentes entre secteurs privé et public,
figurent notamment celle du salaire de
référence (les 25 meilleurs salaires annuels au
régime général, la rémunération hors primes
des six derniers mois dans la fonction publique),
la définition de l’assiette des cotisations
(l’intégralité du salaire au régime général, la
rémunération hors primes dans la fonction
publique) et les possibilités de départ anticipé à
la retraite, avec les catégories « actives », vues
précédemment. Parmi les autres différences,
peuvent notamment être mentionnés le
calcul de la durée (un trimestre validé pour
un salaire de 150 Smic horaires au régime
général, au prorata du temps de travail pour les
fonctionnaires), la distinction entre pensions
de base et complémentaire (uniquement dans
le secteur privé), les dispositifs de solidarité liés
aux enfants (majoration de durée d’assurance
d’au plus une année par enfant pour les
fonctionnaires, contre deux années au régime
général) et la réversion en cas de veuvage (sous
condition de ressources au régime général mais
pas pour les fonctionnaires).
Selon la Drees, l’application des règles de
retraite des salariés du secteur privé aux
fonctionnaires nés en 1958, par exemple,
aurait des effets marqués sur l’âge de départ
à la retraite : 62 % pourraient bénéficier du
taux plein au même âge, 27 % plus tard (les
catégories actives) et 11 % plus tôt (surtout
des femmes bénéficiant de majorations de
durée d’assurance pour enfants).L’impact sur le
montant des pensions serait faible en moyenne
mais très variable selon les assurés.
Les inégalités de traitement en matière de
retraite, liées à l’existence de règles différentes,
s’observent également entre les assurés ayant
une carrière internationale et ceux ayant
une carrière équivalente en France, malgré
la coordination internationale en matière
de retraites obligatoires. En particulier, les
indépendants sont souvent exclus du bénéfice
des accords bilatéraux : les carrières réalisées
dans plus de deux pays dont l’un au moins hors
règlementation communautaire ne permettent
pas de totaliser les périodes travaillées
dans tous les pays, même s’il s’agit de pays
sous convention ; la reprise d’activité après
liquidation de la retraite du régime général
permet d’accumuler des droits et pourra
donner lieu à une nouvelle liquidation en
France si cette reprise est effectuée à l’étranger,
alors que ce n’est pas le cas si cette reprise
d’activité est effectuée en France.
19. COUR DES COMPTES 19
C - Une complexification des règles,
source de difficultés croissantes
Tout en poursuivant un but d’équité, la
succession des réformes a contribué à
complexifier les règles en matière de retraite,
déjà difficiles à appréhender par les assurés
qui sont fréquemment affiliés à plusieurs
régimes de retraite en raison de leur parcours
professionnel. Cette complexité peut être
difficilement gérable pour les caisses de
retraite et peut faciliter les erreurs ou encore la
perception frauduleuse de pensions de retraite.
Dans le même temps, la branche vieillesse du
régime général ne s’est pas dotée de dispositifs
de maîtrise des risques à la hauteur des enjeux,
en particulier pour gérer les interactions en
gestion avec les autres régimes de retraite.
Cette situation pose notamment des difficultés
de paiement à bon droit des retraites, que la
Cour a relevées, notamment, pour les minima
de pension et pour le minimum vieillesse.
Le plafonnement depuis 2012 du minimum de pension versée
par le régime général, source de complexité
Certains retraités, affiliés à plusieurs régimes de base, perçoivent des pensions
dont le cumul peut être élevé mais dont la partversée au titre du régime général
est très faible. Pour éviter que ces affiliés bénéficient du minimum de pension
versé par le régime général (intitulé « minimum contributif » ou Mico), qui
peut majorer le montant de la pension du régime général lorsque celui-ci-ci est
faible,le législateur a prévu qu’à partir de 2012,le Mico ne devait pas être versé
en intégralité dès lors qu’il portait la somme des pensions de retraite perçues
au-dessus d’un certain montant (au titre de tous les régimes concernés).
L’instauration de ce mécanisme d’écrêtement a nettement complexifié la
procédure d’attribution du Mico et le calcul de son montant, qui dépendent
d’informations d’autres régimes de retraite. Parmi les pensions liquidées en
2017, 37 % étaient potentiellement éligibles au Mico avant prise en compte du
plafonnement mais, à la fin de l’année 2018, seulement 26,1 % avaient pu être
traitées et donner lieu au calcul de l’écrêtement.Ainsi,à cette date,les données
portant sur les autres pensions des assurés – nécessaires à la détermination du
Mico – restaient indisponibles pour 10,9 % des pensions liquidées représentant
près de 30 % des dossiers potentiellement éligibles,soit près de 70 000 dossiers.
Parmi ces dossiers non traités,un peu plus d’un quart bénéficiait du versement
à titre d’avance d’un montant provisoire dans l’attente d’une régularisation
comportant donc des risques ultérieurs d’indus,et pour les trois quarts restant,le
Mico n’était ni calculé ni servi (susceptibles donc d’entraîner des rappels).
20. 20 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
Plus généralement, les erreurs à caractère
définitif qui affectent les prestations de
retraite nouvellement attribuées par le régime
général ont continué à augmenter, alors
même que la branche vieillesse est celle dont
le fonctionnement habituel a été le moins
affecté par le contexte de crise sanitaire.
Ainsi, entre 2016 et 2020, la proportion des
titulaires de retraite affectée par une erreur
de portée financière est passée de 11,5 % à
16,4 % – ce qui signifie qu’une prestation sur
six nouvellement attribuée ou révisée en 2020
a comporté au moins une erreur financière
en faveur ou au détriment des assurés – et ces
erreurs ont représenté 1,9 % du montant des
prestations nouvelles versées en 2020, contre
0,9 % quatre ans plus tôt.
Les erreurs qui portent sur le montant mensuel
des pensions de retraite affectent la situation
des assurés et les charges de la branche
vieillesse pendant toute la durée du service de
ces prestations. Ainsi, les erreurs intervenues
en 2020, si elles ne sont pas recherchées et
corrigées a posteriori,auront un impact financier
cumulatif de 1,6 Md€ sur l’ensemble de la
période de versement de ces prestations aux
personnes nouvellement retraitées (contre
1,1 Md€ pour les erreurs intervenues l’année
précédente,en 2019).
Fraudes et erreurs dans le versement du minimum vieillesse
Près de 75 % des fraudes détectées dans la branche vieillesse concernent
le minimum vieillesse, principalement pour non-respect des conditions
de résidence ou de ressources (elles représentent 71 % du montant des
préjudices subis à ce titre, alors que les fraudes ne concernaient que 3,5 %
des retraités de droit propre et 2,1 % des montants de prestations en 2019).
La fréquence des erreurs a continué d’augmenter en 2020, atteignant
23,8 % pour le minimum vieillesse. Ainsi, près d’une liquidation sur quatre
a comporté au moins une erreur ayant une incidence financière, au
détriment de l’allocataire dans 75 % des cas. Cette situation tient en partie
à la complexité des règles d’éligibilité, dont les conditions de résidence
et de régularité du séjour, et à des échanges d’informations encore
non-dématérialisés avec le demandeur.
Les faiblesses des dispositifs de contrôle interne
du minimum vieillesse ont été documentées
par la Cour dans le cadre de la certification des
comptes de la branche vieillesse du régime
général, ainsi que dans son rapport récent sur la
fraude aux prestations sociales.
21. COUR DES COMPTES 21
3. LES DÉFICITS PRÉVISIBLES POUR LES DIX ANS À VENIR EXIGENT
DE POURSUIVRE LES EFFORTS FINANCIERS TOUT EN VEILLANT
À RESPECTER L’ÉQUITÉ INTER ET INTRA-GÉNÉRATIONNELLE
A - Sans nouvelle réforme,
la persistance de déficits pendant
au moins une dizaine d’années
La projection de la situation financière du
système de retraite est un exercice complexe,
qui repose sur de nombreuses hypothèses :
croissance de l’activité économique, évolutions
démographiques (naissances, décès et solde
migratoire),niveau d’intervention de l’État pour
subventionner les régimes, etc.
Dans son dernier rapport annuel, le conseil
d’orientation des retraites (COR) constate que la
part des dépenses de retraite dans le PIB a atteint
un niveau particulièrement élevé en 2020, à
14,7 %,en raison principalementde la contraction
de l’activité,alors que les pensions,indexées surles
prixsontinsensibles à la conjoncture économique.
Il prévoit que ce ratio devrait diminuer dès 2021
avec le rebond de l’activité, retrouver un niveau
proche d’avant crise à compter de 2022 puis se
maintenir jusqu’en 2030 environ à 13,7 % du PIB.
Au-delà, le COR anticipe que ce ratio diminuera,
compte tenu des effets complets des réformes
passées, et ce malgré le vieillissement de la
populationfrançaise (pourétablircette projection,
le COR a revu en 2021 à la baisse l’hypothèse de
fécondité, à 1,8 enfant par femme et non plus
1,95, ainsi que celle de l’espérance de vie, de
-1 an en 2040 par exemple).
Au total,les dépenses de retraite en pourcentage
du PIB diminueraient principalement du fait de
la baisse de la pension moyenne rapportée au
revenu d’activité moyen (la pension moyenne
continuerait de croître en euros constants, mais
moins vite que le revenu d’activité moyen) : ce
ratio est aujourd’hui de 50,1 % et il se situerait
en 2040 entre 41,5 % et 44 %. Ce recul serait
d’autant plus élevé que la croissance serait forte.
La baisse de la part des dépenses de retraite
dans le PIB ne signifie pas pour autant
l’absence de problème de financement des
retraites. En effet, le déficit de l’ensemble du
système de retraite s’est creusé massivement
et a atteint 13 Md€ en 2020 (en prenant en
compte le versement ponctuel de 5 Md€ du
Fonds de réserve pour les retraites à la branche
vieillesse du régime général), soit 0,6 % du
PIB, dont 3,7 Md€ pour la branche vieillesse
du régime général (la Cnav), 2,5 Md€ pour le
fonds de solidarité vieillesse et 5,6 Md€ pour
les régimes complémentaires des salariés du
secteur privé.
Cette forte dégradation du déficit serait
de nature essentiellement conjoncturelle.
Cependant les déficits, même s’ils sont sans
commune mesure avec ceux qui étaient
anticipés il y a trente ans compte tenu des
réformes passées, s’observeraient au moins
encore pendant dix ans.
22. 22 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
L’ampleur des déficits à venir du système de retraite
L’indexation sur les prix rend les dépenses de retraite rapportées au PIB
sensibles au rythme de croissance de l’économie. Selon les dernières
projections du COR, les dépenses de retraite en part de PIB en 2040
se situeraient ainsi entre 12,8 %, avec l’hypothèse de croissance de la
productivité retenue la plus haute (1,8 % par an) et 13,6 % avec l’hypothèse
la plus basse (1 % par an). La situation financière du système de retraite
apparaît d’autant plus dégradée que l’on anticipe une croissance faible. Or,
il n’est pas exclu que la croissance puisse être plus basse encore que celle
envisagée par le COR dans son scénario le moins favorable.
Les déficits correspondant à ceux des régimes qui ne bénéficient pas de
subventions d’équilibre resteraient significatifs à l’horizon de 25 ans : de
- 0,2 à - 0,5 % du PIB par an en moyenne de 2021 à 2045 selon qu’on retient
l’hypothèse de croissance du COR la plus favorable (1,8 % par an) ou la moins
favorable (1 % par an). Dans le même temps, le budget de l’État devrait être
moins mis à contribution pour continuer à équilibrer le régime de la fonction
publique de l’État et les autres régimes spéciaux qui bénéficient d’une
subvention d’équilibre. Dans l’hypothèse examinée par le COR où ce moindre
effort financier était compensé par des subventions aux régimes qui n’en
perçoivent pas actuellement (notamment le régime général), de telle sorte
que la part dans le PIB de la contribution de l’État au système de retraite
reste constante, le système de retraite dans son ensemble serait proche de
l’équilibre, avec un solde excédentaire ou déficitaire de 0,1 point de PIB
en moyenne par an sur la période 2021-2045. Mais, même dans ce cas, le
quasi-équilibre sur 25 ans s’accompagne de déficits résiduels à plus court
terme, allant jusqu’à - 0,2 % du PIB autour de 2030, avant de se résorber
plus ou moins rapidement.
23. COUR DES COMPTES 23
3.2. Des mesures visant à résorber
les déficits, qui devront prendre en
compte également les considérations
d’équité inter et intra-générationnelle
La résorption des déficits du système de
retraite pose ainsi la question du niveau des
dépenses de retraite, qui est déterminé par les
âges de départ à la retraite et les montants de
pension, ainsi que de son financement, comme
l’a souligné le Comité de suivi des retraites dans
son avis de juillet 2021.
S’agissant du financement, les marges de
manœuvre pour de nouvelles hausses des taux
de cotisation apparaissent restreintes dès lors
que la France a déjà le taux de prélèvement
obligatoire le plus élevé de l’Union européenne.
La maîtrise des dépenses de retraite s’inscrit
dans le contexte plus large de maîtrise des
dépenses sociales et de retour durable de la
sécurité sociale à l’équilibre financier, ce qui
nécessite de ramener l’évolution des dépenses
de sécurité sociale, par un effort continu, en
deçà de la croissance potentielle, comme
la Cour l’a régulièrement rappelé dans ses
rapports annuels sur l’application des lois de
financement de la sécurité sociale.
De nouvelles mesures pourraient permettre de
maîtriser l’évolution des dépenses de retraite.
Les paramètres pour y parvenir sont nombreux,
qu’il s’agisse de l’âge d’ouverture des droits
à retraite, des conditions d’âge et de durée
d’assurance pour une retraite à taux plein,
des mécanismes de décote et de surcote, des
règles de calcul de la pension ou encore de
l’indexation des pensions versées. In fine, la
maîtrise des dépenses de retraite se traduirait
par des âges de départ à la retraite plus
tardifs ou par une baisse du niveau relatif des
pensions.
Ces mesures devront prendre en compte des
considérations d’équité entre générations
et au sein de chaque génération. Les
adaptations envisageables du système de
retraite emportent ainsi des effets distincts sur
les actifs et les retraités actuels et futurs, en
fonction de leur situation professionnelle, du
profil de leur carrière et de leur patrimoine.Une
analyse précise de leurs impacts est nécessaire
afin de préserver la situation des personnes
vulnérables sur le plan économique ou social.
24. 24 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
De ce point de vue, la question de l’âge effectif
du départ à la retraite est indissociable des
actions impliquant les partenaires sociaux et
les entreprises elles-mêmes, visant à favoriser
le maintien dans l’emploi de salariés. Une
attention particulière doit être apportée aux
mécanismes de départs anticipés, en évitant
les mesures de portée trop générale et en
s’attachant davantage à la prise en compte de
la pénibilité des emplois, en les réexaminant et
en les ciblant de manière plus étroite,tant dans
le secteur privé que dans la fonction publique
(catégories actives), comme l’a recommandé la
Cour lors de récents contrôles.
Concernant le niveau relatif des pensions, il
importe de tenir compte de la diversité des
situations parmi les retraités, en préservant les
pensions les plus basses. On note aussi que le
niveau de vie moyen des retraités est supérieur
à celui de l’ensemble de la population et que
les plus jeunes générations ne devraient pas
bénéficier de cette situation favorable une
fois à la retraite. Sous l’effet progressif des
réformes passées, la pension moyenne des
retraités devrait augmenter moins vite que
le revenu d’activité moyen, entraînant une
hausse de niveau de vie plus faible pour les
retraités que pour l’ensemble de la population.
À l’avenir, sans nouvelles réformes, le niveau de
vie moyen des retraités redeviendra inférieur
à celui de l’ensemble de la population (de 5 à
10 % en 2040).
En outre, la simplification des règles et
leur harmonisation entre régimes, quelles
qu’en soient les modalités, pouvant aller de
la poursuite de la convergence progressive
des paramètres des différents régimes
jusqu’à la fusion de l’ensemble des régimes
dans un système unifié, restent des objectifs
souhaitables.
Équité inter-générationnelle, équité intra-générationnelle
L’équité inter-générationnelle consiste à rechercher la juste répartition des
efforts que doivent consentir les retraités d’une part et les actifs d’autre part.
Les questions qui se posent sont par exemple les suivantes : jusqu’où peut-on
diminuer le niveau relatif des pensions, tout en préservant les pensions les
plus basses ? Dans quelle proportion peut-on faire baisser la durée moyenne
de retraite (durée qui, en l’absence de nouvelles réformes, aurait tendance à
stagner au fil des générations) ?
L’équité intra-générationnelle consiste à rechercher la juste répartition des
efforts que doivent consentir les cotisants ou affiliés d’une même génération
selon leur secteur d’activité professionnelle et leur appartenance à un régime
spécifique. Elle suppose de chercher à corriger des situations objectivement
inéquitables. Elle renvoie par exemple au fait que les réformes passées ont
fait peser les efforts davantage sur les personnes ayant des bas salaires et
que les règles actuelles de retraite leur sont plus défavorables. Elle renvoie
aussi aux disparités non justifiées de règles entre régimes de retraite, pour
des situations objectivement comparables.
25. COUR DES COMPTES 25
Plus globalement, dans son rapport Une
stratégie de finances publiques pour la sortie
de crise de juin 2021, la Cour recommande de
poursuivre l’adaptation des régimes de retraite
afin de maîtriser l’évolution des dépenses et
d’en accroître l’équité. Elle souligne qu’une
reprise de la réforme du système de retraite ou
un ajustement des paramètres d’ouverture des
droits ou de calcul de la pension nécessiteraient
une expertise renforcée pour en faire partager
les enjeux, une concertation approfondie
pour en faire comprendre les objectifs et un
calendrier de mise en œuvre suffisamment
étalé pour en faciliter l’acceptation et
permettre les adaptations nécessaires dans les
entreprises.
Les recommandations récentes de la Cour
en matière de retraite
Dans son rapport sur la retraite des fonctionnaires en 2016, la Cour avait mis
en exergue différents leviers d’évolution, qui restent pleinement d’actualité :
en particulier, la poursuite de la convergence des règles de calcul des retraites
entre les secteurs public et privé, l’harmonisation des droits familiaux et
conjugaux de retraite, et le réexamen systématique en cas de négociation
catégorielle du périmètre des métiers relevant des catégories actives.
Dans le cas particulier des régimes spéciaux de la RATP, de la SNCF et des
industries électriques et gazières (IEG), la Cour a réitéré en 2019 ces pistes
d’évolution, en recommandant de poursuivre l’harmonisation des règles de
ces régimes avec celles de la fonction publique et de financer le coût des
droits spécifiques des différents régimes, a minima pour les droits futurs,
par des cotisations des entreprises et des salariés. Elle indiquait que, dans
la perspective de la mise en place d’un système universel de retraite, ces
mesures s’inscriraient dans un mouvement plus large d’harmonisation des
règles et l’intérêt de leur mise en œuvre serait à mettre en lien avec la durée
de la période de transition vers le nouveau système.
Parmi les droits spécifiques des régimes spéciaux, dont ceux de la fonction
publique, figurent les possibilités de départs anticipés à la retraite, qui y sont
devenus majoritaires. Lors de l’examen des différents dispositifs dérogatoires
à l’âge légal de départ à la retraite en 2019, la Cour a recommandé, outre
le réexamen du périmètre des métiers relevant des catégories actives et,
au sein de ces métiers, des fonctions justifiant les départs anticipés, la
stabilisation des conditions d’accès au dispositif des carrières longues – dont
les extensions successives du champ en font aujourd’hui la modalité de
départ anticipé la plus fréquente.
26. 26 CONTINUER À ADAPTER LE SYSTÈME DE RETRAITE POUR RÉSORBER LES DÉFICITS ET RENFORCER L’ÉQUITÉ
RÉFÉRENCES AUX TRAVAUX
DE LA COUR DES COMPTES
La Cour a mené de nombreux travaux ces dernières années sur lesquels elle s’est
appuyée, en particulier les publications suivantes :
l Le minimum vieillesse et l’allocation de rentrée scolaire : une contribution forte
à la réduction de la pauvreté, des performances de gestion contrastées, Rapport
sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale (Ralfss) 2021,
chapitre X, octobre 2021 ;
l Une stratégie de finances publiques pour la sortie de crise, juin 2021 ;
l Rapport sur la certification des comptes du régime général de sécurité sociale,
exercice 2020, mai 2021 ;
l La coordination internationale en matière de retraites obligatoires, référé,
mars 2021 ;
l L’évolution des dépenses de prestations familiales et d’assurance retraite : des
réformes et des effets importants pour les assurés, Ralfss 2020, chapitre III,
octobre 2020 ;
l Les minima de pension de retraite : un système complexe à la logique devenue
incertaine, Ralfss 2020, chapitre VII, octobre 2020 ;
l La lutte contre les fraudes aux prestations sociale, communication à la
commission des affaires sociales du Sénat, septembre 2020 ;
l La retraite complémentaire Agirc-Arrco : des efforts de redressement et de
rationalisation à poursuivre, rapport public annuel 2020, tome I, chapitre 4,
février 2020 ;
l Partir plus tôt à la retraite : des dispositifs nombreux et inégalement justifiés, une
redéfinition nécessaire, Ralfss 2019, chapitre V, octobre 2019 ;
l Les fins de carrière : un risque de précarité pour les séniors exclus du marché du
travail, un coût croissant pour la solidarité, référé, juillet 2019 ;
l Les régimes spéciaux de retraite de la RATP, de la SNCF et des industries
électriques et gazières, communication à la commission des affaires sociales de
l’Assemblée nationale, juillet 2019 ;
l Les pensions de retraite des fonctionnaires : des évolutions à poursuivre, rapport
public thématique, octobre 2016.
Les publications de la Cour des comptes sont consultables sur le site Internet :
www. ccomptes.fr
27. Le présent rapport
est disponible sur le site internet
de la Cour des comptes : www.ccomptes.fr
LES ENJEUX STRUCTURELS
POUR LA FRANCE
OCTOBRE 2021