Tout le monde connait les règles budgétaires (les 3% demandés par Bruxelles, les 60% de dette maximum par rapport au PIB), seulement peu de pays les respectent vraiment et surtout pas la France qui est à :
-* Plus de 4% de déficit par rapport au PIB,
-* Près de 95% de dette par rapport au PIB,
-* A 57% de dépenses publiques par rapport au PIB...
Force est de constater que ni la contrainte européenne, ni la loi française ne suffisent à remettre la France dans les rails du sérieux budgétaires. Pourtant, les exemples étrangers de bonnes pratiques budgétaires existent et la Fondation iFRAP s'est penchée, dans cette étude, à deux exemples étrangers : la Suisse et la Suède.
Le présent ouvrage permet au lecteur, qu’il soit étudiant, praticien des finances publiques ou simple citoyen intéressé par cet enjeu, d’acquérir une vue d’ensemble des conditions et contraintes du déficit public. Ce livre réunit tous les éléments permettant de comprendre les contraintes financières, les situations financières et les déficits de chacun des acteurs du déficit public (sphère État, sphère Sécurité Sociale, Sphère Administrations locales). Il propose une synthèse structurée de la masse de rapports parlementaires ou ministériels paru sur le sujet, agrémenté de tableaux et graphiques.
Bilan 2007-2017 : Fiscalité, dette, dépenses publiques, chômageFondation iFRAP
Au moment crucial de la préparation de la mandature 2017-2022, il est temps pour les candidats de réfléchir aux réformes qu’ils souhaitent mettre en oeuvre au cours du prochain quinquennat pour redresser notre économie et restaurer notre indépendance financière. Nous avons pris le parti de regarder cette décennie passée à l’aune des indicateurs suivants : dépenses publiques et emploi public, prélèvements obligatoires, dette et déficit, chômage et emplois aidés, emploi marchand et création d’entreprises, simplification. Des thèmes sur lesquels, les présidents avaient pris des engagements sur les deux derniers quinquennats.
Avec un décryptage des mesures engagées et de l’évolution de ces indicateurs dans d’autres pays d’Europe, nous voulons montrer que diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de prélèvements obligatoires pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, tout cela est possible et nécessite une stratégie. Si le prochain gouvernement veut voir le fruit de son travail se réaliser sur le quinquennat, il devra mettre en oeuvre les réformes nécessaires, et ce, dès les premiers jours de son mandat.
La surveillance multilatérale dans les Etats membres de l’UEMOA : bilan et pe...Abel Akara Ticha
L’expérience de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (l’UEMOA) sur la convergence macroéconomique, présentée à une réunion ad hoc d’experts en Afrique centrale organisée par que la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) du 02 au 3 mars 2015 à Brazzaville, Congo
La croissance est annoncée pour la France par la Commission européenne à 1,4 % en 2016, ce qui ne suffira pas à relancer la création d'emplois marchands. Et la croissance spontanée des recettes publiques et donc le redressement des comptes sont intimement liés à la croissance et à la création d'emplois. 2016 s'annonce pour nous plutôt autour de 3,8 % de déficit public et 2017 devrait tutoyer les 3,5 %. Bien loin des engagements du gouvernement, qui annonçait un déficit public autour de 1 % en 2017 dans la loi de programmation 2012-2017. Autre motif d'inquiétude: nous allons droit vers les 100 % de dette publique, avec déjà plus de 97 %. La seule manière de redresser les comptes est de baisser les dépenses publiques, mais aucun gouvernement n'a réussi à concrétiser cet objectif. Les dépenses publiques seront passées sur la durée du quinquennat de 1 150 milliards d'euros par an à plus de 1 280 milliards. Tout cela avec une inflation négligeable et une croissance atone. Autant dire que rien n'a été fait pour réellement freiner la dérive. On reste dans l'affichage.
Le présent ouvrage permet au lecteur, qu’il soit étudiant, praticien des finances publiques ou simple citoyen intéressé par cet enjeu, d’acquérir une vue d’ensemble des conditions et contraintes du déficit public. Ce livre réunit tous les éléments permettant de comprendre les contraintes financières, les situations financières et les déficits de chacun des acteurs du déficit public (sphère État, sphère Sécurité Sociale, Sphère Administrations locales). Il propose une synthèse structurée de la masse de rapports parlementaires ou ministériels paru sur le sujet, agrémenté de tableaux et graphiques.
Bilan 2007-2017 : Fiscalité, dette, dépenses publiques, chômageFondation iFRAP
Au moment crucial de la préparation de la mandature 2017-2022, il est temps pour les candidats de réfléchir aux réformes qu’ils souhaitent mettre en oeuvre au cours du prochain quinquennat pour redresser notre économie et restaurer notre indépendance financière. Nous avons pris le parti de regarder cette décennie passée à l’aune des indicateurs suivants : dépenses publiques et emploi public, prélèvements obligatoires, dette et déficit, chômage et emplois aidés, emploi marchand et création d’entreprises, simplification. Des thèmes sur lesquels, les présidents avaient pris des engagements sur les deux derniers quinquennats.
Avec un décryptage des mesures engagées et de l’évolution de ces indicateurs dans d’autres pays d’Europe, nous voulons montrer que diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de prélèvements obligatoires pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, tout cela est possible et nécessite une stratégie. Si le prochain gouvernement veut voir le fruit de son travail se réaliser sur le quinquennat, il devra mettre en oeuvre les réformes nécessaires, et ce, dès les premiers jours de son mandat.
La surveillance multilatérale dans les Etats membres de l’UEMOA : bilan et pe...Abel Akara Ticha
L’expérience de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (l’UEMOA) sur la convergence macroéconomique, présentée à une réunion ad hoc d’experts en Afrique centrale organisée par que la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) du 02 au 3 mars 2015 à Brazzaville, Congo
La croissance est annoncée pour la France par la Commission européenne à 1,4 % en 2016, ce qui ne suffira pas à relancer la création d'emplois marchands. Et la croissance spontanée des recettes publiques et donc le redressement des comptes sont intimement liés à la croissance et à la création d'emplois. 2016 s'annonce pour nous plutôt autour de 3,8 % de déficit public et 2017 devrait tutoyer les 3,5 %. Bien loin des engagements du gouvernement, qui annonçait un déficit public autour de 1 % en 2017 dans la loi de programmation 2012-2017. Autre motif d'inquiétude: nous allons droit vers les 100 % de dette publique, avec déjà plus de 97 %. La seule manière de redresser les comptes est de baisser les dépenses publiques, mais aucun gouvernement n'a réussi à concrétiser cet objectif. Les dépenses publiques seront passées sur la durée du quinquennat de 1 150 milliards d'euros par an à plus de 1 280 milliards. Tout cela avec une inflation négligeable et une croissance atone. Autant dire que rien n'a été fait pour réellement freiner la dérive. On reste dans l'affichage.
Budget 2013 et Pluriannuel 2013-2017 : La sincérité budgétaire du gouvernemen...Fondation iFRAP
Le gouvernement Ayrault a annoncé un redressement de nos finances publiques de
30 milliards d'euros pour 2013 avec une répartition a priori simple de 10/10/10 :
10 milliards d'économies sur les dépenses, 10 milliards de recettes supplémentaires sur les
ménages et 10 milliards d'impôts frappant les entreprises. La Fondation iFRAP a vérifié le calcul
Cet aggiornamento de la politique budgétaire gouvernementale implique, non pas comme l’a évoqué le président de la République le 16 novembre dernier devant le Congrès réuni à Versailles de faire primer « le pacte de sécurité sur le pacte de stabilité », mais de permettre de renforcer la stabilité budgétaire de la France, en respectant nos engagements européens et de nous redonner des capacités d’actions.
Or, 2016 est une année charnière sur le plan budgétaire puisque ce devrait être la dernière année à présenter un déficit public supérieur à 3 % avant de se redresser en 2017 à 2,7 % de déficit. C’est aussi l’année où les efforts d’économies devraient être les plus massifs à cause des effets de l’inflation basse en2015 qui en a reporté la charge sur 2016, notamment en matière de dépenses de Sécurité sociale. Or, il apparaît que :
Toutes administrations confondues, les économies non documentées oscillent entre 3,5 et 4,3 milliards d’euros pour 2016 (hors gages éventuels de 815 millions d’euros pour les mesures de sécurité du 13 novembre 2015) ;
La hausse des effectifs de l’État et de la masse salariale, désormais acquise, rend difficile la stabilisation du solde de l’État qui concentre tous les déficits ;
Les collectivités territoriales pour maîtriser leurs dépenses devraient geler l’évolution de leur masse salariale (ce qui n’est pas crédible) ;
Sur la Sécurité sociale, les économies liées à l’Ondam sont comparables à celles de 2015, alors même qu’il faudrait renforcer l’effort ;
La Fondation iFRAP estime un risque de dérapage sur les dépenses publiques de 7,6 milliards d’euros ;
Par ailleurs, nous estimons qu’il existe un risque de moindres recettes dû à des hypothèses macroéconomiques optimistes de 5,75 milliards d’euros.
Finances publiques : Le plan AAA pour sauver la FranceFondation iFRAP
Car ce n'est malheureusement pas le gel des dépenses de l'État et des dotations aux collectivités annoncé qui résoudra l'équation. Sur le long terme, il faudra aller beaucoup plus loin en s'inspirant de l'exemple britannique pour plafonner les aides sociales, de l'exemple allemand pour réduire le nombre d'agents publics, de l'exemple italien pour fusionner les communes et réduire le nombre d'élus, de l'exemple britannique encore pour baisser les salaires des hauts fonctionnaires. En clair : un vrai plan de rigueur.
Tout le monde est d'accord sur le constat mais personne ne va plus loin. Où couper, que faire ? Ces questions semblent sans réponse. Ce dossier vise à montrer que, sur le court terme, on peut mettre au point un vrai plan d'économies pour garder notre AAA sans pour autant casser la croissance. Cela demande de jouer en partie sur les dépenses sociales (prestations sociales, assurance-maladie, retraites), les dépenses des collectivités locales, celles de l'État, mais aussi de vendre des participations de l'État dans les entreprises. En faisant cela sur les trois volets (État, collectivités et Sécurité sociale), on peut aisément économiser 8,8 milliards d'euros par an sur les dépenses et obtenir 1,8 milliard de recettes fiscales nouvelles. Et la France peut aussi réaliser 20 milliards d'euros deux ans de suite grâce à la cession de ses participations. C'est ce que nous détaillons dans ce dossier. Voilà pour le court terme. Pour le long terme, il faut, pour que notre pays renoue avec la croissance, relancer la création d'entreprises et d'emplois, remettre l'entreprise au cœur de notre système et consolider le contrôle de l'efficience de nos dépenses publiques par la Cour des comptes et le Parlement, pour qu'enfin nos parlementaires puissent faire de vraies propositions d'économies.
Les systèmes de retraite et de santé français constituent les postes de dépenses de loin les plus importants de notre protection sociale. Et avec respectivement 14 % et 12 % du PIB, ils se situent parmi les plus chers des pays d’Europe. Compte tenu du vieillissement de la population et des changements dans les risques sanitaires que ce vieillissement entraîne (prédominance des maladies chroniques et liées à la dépendance), mais aussi compte tenu du poids de la dette sociale (135 milliards d’euros restent à amortir par la Cades) ces deux piliers de notre protection sociale doivent être réformés, ce qui implique de ne pas avoir peur de repenser notre modèle social.
Mais les réformes à mener ne sont pas les mêmes : la retraite est un risque au sens de la Sécurité sociale certain. Le gérant doit assurer un travail simple: collecter les cotisations, prévoir le nombre d’actifs et de retraités, verser les retraites en appliquant des règles précises. Il doit surtout assurer l’équilibre en fonction de paramètres limités et, pour certains, sur lesquels il ne peut quasiment pas agir (démographie). Il dispose de peu de latitude : l’âge, le montant de la pension et le taux de cotisation. Le déficit de compétitivité de la France écarte la possibilité d’augmenter les cotisations pour financer le système. Dès lors, il faut :
Reporter l’âge l’égal à 65 ans en 2028 ;
Créer un régime unique et universel par points ;
Aligner les systèmes de retraite public et privé ;
Introduire une part de capitalisation sans augmenter le montant total des cotisations.
La santé est un risque aléatoire et la qualité de la prestation de soin (hôpital, médecine de ville, médicaments) est très variable. La responsabilité du gérant d’un système d’assurance maladie est très différente puisqu’il va devoir choisir, parmi un large panel de solutions, la meilleure solution au meilleur coût. La santé est par ailleurs un domaine où – contrairement à la retraite – l’innovation joue un rôle essentiel. Face à cela, le gérant doit se poser plusieurs questions : quel prix accepter de payer ? Quel fournisseur de soins recommander à ses assurés ? Quels progrès thérapeutiques encourager ? C’est ce rôle complexe qui justifie une diversité de gérants de l’assurance maladie et leur mise en concurrence par les assurés. D’où nos propositions :
Bulletin du FMI
BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE
France : de bons progrès mais
il reste à consolider la crédibilité
Kevin C. Cheng et Erik de Vrijer
Département Europe du FMI
27 juillet 2011
La trajectoire 2017-2027 des finances publiques pour la croissanceFondation iFRAP
Les objectifs à atteindre ? Diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de pré- lèvements obligatoires. Non pas pour faire plaisir à la Commission européenne mais pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, ce dont nous sommes loin depuis 2012. Pour cela, il faut une stratégie. Chaque projet de réforme devra être accompagné d’un chiffrage et d’un calendrier précis. L'erreur faite en 2012 a été de lancer des augmentations d’impôts tous azimuts pour redresser les comptes publics sans avoir calculé ce que cela créerait comme mauvais chocs sur notre économie. Si le gouvernement a compris que le matraquage fiscal décidé était allé trop loin, le virage a été trop tardif pour en voir les fruits avant la fin du quinquennat. Si le prochain gouvernement ne veut pas travailler pour le suivant, il devra mettre à profit tout le temps imparti dès les premiers jours. La Fondation iFRAP propose dans cette étude une modélisation de la trajectoire des finances publiques pour 2017-2027 pour retrouver le plein-emploi et la croissance. Cette trajectoire consiste en : ❙ des économies de dépenses (100 milliards d’euros de baisse, dont 23 milliards de cessions d’immobilier de l’État ou des collectivités) concentrées sur la période 2017-2022 sauf pour ce qui concerne les retraites où les réformes durent jusqu’en 2027 ; ❙des baisses de prélèvements obligatoires (environ 90 milliards d’euros) étalées jusqu’en 2024 ; ❙des cessions d’actifs venant augmenter exceptionnellement les recettes publiques (20 milliards d’euros d’ici 2024) pour accélérer le désendettement et atteindre moins de 80 % de dette par rapport au PIB dès 2026. Nous proposons de fixer un maximum de 50 % de dépenses publiques par rapport au PIB en 2022. Dès les cinq premières années, la baisse des prélèvements obligatoires donnera la priorité à la baisse de la fiscalité sur le capital et à la diminution de la fiscalité sur les entreprises. Le plan de redressement modélisé par la Fondation iFRAP offre un motif d’espoir. Si nos pré- conisations sont appliquées, le PIB marchand de la France devrait remonter fortement d’ici à 2022 et atteindre, cette année-là, 1 723 milliards d’euros. C’est fondamental car la création de valeur ajoutée marchande permet la création d’emplois marchands : 739 000 d’ici 2022. Nous ne sommes pas condamnés au marasme
Note du Conseil d'Analyse Économique sur la baisse des dépenses publiquesSociété Tripalio
Note du mois de juillet 2017 proposant entre autres une baisse des dépenses de logement, une autre gouvernance de l'assurance maladie et une réforme de la formation professionnelle
Annexes du dossier : Failles du budget 2015 et trajectoire alternative 2014-2019Fondation iFRAP
Le budget 2015 et la loi de programmation des finances publiques 2014-2019 comportent après étude approfondie par la Fondation iFRAP un certain nombre de failles qui les rendent peu crédibles.
1) El documento describe cómo escribir código ejecutable en bloques PL/SQL y los roles de los bloques anidados. 2) Explica las unidades léxicas de PL/SQL como delimitadores, identificadores, literales y comentarios. 3) Detalla el ámbito y visibilidad de las variables en bloques anidados de PL/SQL.
Budget 2013 et Pluriannuel 2013-2017 : La sincérité budgétaire du gouvernemen...Fondation iFRAP
Le gouvernement Ayrault a annoncé un redressement de nos finances publiques de
30 milliards d'euros pour 2013 avec une répartition a priori simple de 10/10/10 :
10 milliards d'économies sur les dépenses, 10 milliards de recettes supplémentaires sur les
ménages et 10 milliards d'impôts frappant les entreprises. La Fondation iFRAP a vérifié le calcul
Cet aggiornamento de la politique budgétaire gouvernementale implique, non pas comme l’a évoqué le président de la République le 16 novembre dernier devant le Congrès réuni à Versailles de faire primer « le pacte de sécurité sur le pacte de stabilité », mais de permettre de renforcer la stabilité budgétaire de la France, en respectant nos engagements européens et de nous redonner des capacités d’actions.
Or, 2016 est une année charnière sur le plan budgétaire puisque ce devrait être la dernière année à présenter un déficit public supérieur à 3 % avant de se redresser en 2017 à 2,7 % de déficit. C’est aussi l’année où les efforts d’économies devraient être les plus massifs à cause des effets de l’inflation basse en2015 qui en a reporté la charge sur 2016, notamment en matière de dépenses de Sécurité sociale. Or, il apparaît que :
Toutes administrations confondues, les économies non documentées oscillent entre 3,5 et 4,3 milliards d’euros pour 2016 (hors gages éventuels de 815 millions d’euros pour les mesures de sécurité du 13 novembre 2015) ;
La hausse des effectifs de l’État et de la masse salariale, désormais acquise, rend difficile la stabilisation du solde de l’État qui concentre tous les déficits ;
Les collectivités territoriales pour maîtriser leurs dépenses devraient geler l’évolution de leur masse salariale (ce qui n’est pas crédible) ;
Sur la Sécurité sociale, les économies liées à l’Ondam sont comparables à celles de 2015, alors même qu’il faudrait renforcer l’effort ;
La Fondation iFRAP estime un risque de dérapage sur les dépenses publiques de 7,6 milliards d’euros ;
Par ailleurs, nous estimons qu’il existe un risque de moindres recettes dû à des hypothèses macroéconomiques optimistes de 5,75 milliards d’euros.
Finances publiques : Le plan AAA pour sauver la FranceFondation iFRAP
Car ce n'est malheureusement pas le gel des dépenses de l'État et des dotations aux collectivités annoncé qui résoudra l'équation. Sur le long terme, il faudra aller beaucoup plus loin en s'inspirant de l'exemple britannique pour plafonner les aides sociales, de l'exemple allemand pour réduire le nombre d'agents publics, de l'exemple italien pour fusionner les communes et réduire le nombre d'élus, de l'exemple britannique encore pour baisser les salaires des hauts fonctionnaires. En clair : un vrai plan de rigueur.
Tout le monde est d'accord sur le constat mais personne ne va plus loin. Où couper, que faire ? Ces questions semblent sans réponse. Ce dossier vise à montrer que, sur le court terme, on peut mettre au point un vrai plan d'économies pour garder notre AAA sans pour autant casser la croissance. Cela demande de jouer en partie sur les dépenses sociales (prestations sociales, assurance-maladie, retraites), les dépenses des collectivités locales, celles de l'État, mais aussi de vendre des participations de l'État dans les entreprises. En faisant cela sur les trois volets (État, collectivités et Sécurité sociale), on peut aisément économiser 8,8 milliards d'euros par an sur les dépenses et obtenir 1,8 milliard de recettes fiscales nouvelles. Et la France peut aussi réaliser 20 milliards d'euros deux ans de suite grâce à la cession de ses participations. C'est ce que nous détaillons dans ce dossier. Voilà pour le court terme. Pour le long terme, il faut, pour que notre pays renoue avec la croissance, relancer la création d'entreprises et d'emplois, remettre l'entreprise au cœur de notre système et consolider le contrôle de l'efficience de nos dépenses publiques par la Cour des comptes et le Parlement, pour qu'enfin nos parlementaires puissent faire de vraies propositions d'économies.
Les systèmes de retraite et de santé français constituent les postes de dépenses de loin les plus importants de notre protection sociale. Et avec respectivement 14 % et 12 % du PIB, ils se situent parmi les plus chers des pays d’Europe. Compte tenu du vieillissement de la population et des changements dans les risques sanitaires que ce vieillissement entraîne (prédominance des maladies chroniques et liées à la dépendance), mais aussi compte tenu du poids de la dette sociale (135 milliards d’euros restent à amortir par la Cades) ces deux piliers de notre protection sociale doivent être réformés, ce qui implique de ne pas avoir peur de repenser notre modèle social.
Mais les réformes à mener ne sont pas les mêmes : la retraite est un risque au sens de la Sécurité sociale certain. Le gérant doit assurer un travail simple: collecter les cotisations, prévoir le nombre d’actifs et de retraités, verser les retraites en appliquant des règles précises. Il doit surtout assurer l’équilibre en fonction de paramètres limités et, pour certains, sur lesquels il ne peut quasiment pas agir (démographie). Il dispose de peu de latitude : l’âge, le montant de la pension et le taux de cotisation. Le déficit de compétitivité de la France écarte la possibilité d’augmenter les cotisations pour financer le système. Dès lors, il faut :
Reporter l’âge l’égal à 65 ans en 2028 ;
Créer un régime unique et universel par points ;
Aligner les systèmes de retraite public et privé ;
Introduire une part de capitalisation sans augmenter le montant total des cotisations.
La santé est un risque aléatoire et la qualité de la prestation de soin (hôpital, médecine de ville, médicaments) est très variable. La responsabilité du gérant d’un système d’assurance maladie est très différente puisqu’il va devoir choisir, parmi un large panel de solutions, la meilleure solution au meilleur coût. La santé est par ailleurs un domaine où – contrairement à la retraite – l’innovation joue un rôle essentiel. Face à cela, le gérant doit se poser plusieurs questions : quel prix accepter de payer ? Quel fournisseur de soins recommander à ses assurés ? Quels progrès thérapeutiques encourager ? C’est ce rôle complexe qui justifie une diversité de gérants de l’assurance maladie et leur mise en concurrence par les assurés. D’où nos propositions :
Bulletin du FMI
BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE
France : de bons progrès mais
il reste à consolider la crédibilité
Kevin C. Cheng et Erik de Vrijer
Département Europe du FMI
27 juillet 2011
La trajectoire 2017-2027 des finances publiques pour la croissanceFondation iFRAP
Les objectifs à atteindre ? Diminuer la part des dépenses publiques dans la richesse nationale, réduire le déficit et la dette par rapport au PIB, baisser les impôts et le taux de pré- lèvements obligatoires. Non pas pour faire plaisir à la Commission européenne mais pour relancer la création d’emplois marchands et renouer avec une croissance au-dessus de 2 % par an, ce dont nous sommes loin depuis 2012. Pour cela, il faut une stratégie. Chaque projet de réforme devra être accompagné d’un chiffrage et d’un calendrier précis. L'erreur faite en 2012 a été de lancer des augmentations d’impôts tous azimuts pour redresser les comptes publics sans avoir calculé ce que cela créerait comme mauvais chocs sur notre économie. Si le gouvernement a compris que le matraquage fiscal décidé était allé trop loin, le virage a été trop tardif pour en voir les fruits avant la fin du quinquennat. Si le prochain gouvernement ne veut pas travailler pour le suivant, il devra mettre à profit tout le temps imparti dès les premiers jours. La Fondation iFRAP propose dans cette étude une modélisation de la trajectoire des finances publiques pour 2017-2027 pour retrouver le plein-emploi et la croissance. Cette trajectoire consiste en : ❙ des économies de dépenses (100 milliards d’euros de baisse, dont 23 milliards de cessions d’immobilier de l’État ou des collectivités) concentrées sur la période 2017-2022 sauf pour ce qui concerne les retraites où les réformes durent jusqu’en 2027 ; ❙des baisses de prélèvements obligatoires (environ 90 milliards d’euros) étalées jusqu’en 2024 ; ❙des cessions d’actifs venant augmenter exceptionnellement les recettes publiques (20 milliards d’euros d’ici 2024) pour accélérer le désendettement et atteindre moins de 80 % de dette par rapport au PIB dès 2026. Nous proposons de fixer un maximum de 50 % de dépenses publiques par rapport au PIB en 2022. Dès les cinq premières années, la baisse des prélèvements obligatoires donnera la priorité à la baisse de la fiscalité sur le capital et à la diminution de la fiscalité sur les entreprises. Le plan de redressement modélisé par la Fondation iFRAP offre un motif d’espoir. Si nos pré- conisations sont appliquées, le PIB marchand de la France devrait remonter fortement d’ici à 2022 et atteindre, cette année-là, 1 723 milliards d’euros. C’est fondamental car la création de valeur ajoutée marchande permet la création d’emplois marchands : 739 000 d’ici 2022. Nous ne sommes pas condamnés au marasme
Note du Conseil d'Analyse Économique sur la baisse des dépenses publiquesSociété Tripalio
Note du mois de juillet 2017 proposant entre autres une baisse des dépenses de logement, une autre gouvernance de l'assurance maladie et une réforme de la formation professionnelle
Annexes du dossier : Failles du budget 2015 et trajectoire alternative 2014-2019Fondation iFRAP
Le budget 2015 et la loi de programmation des finances publiques 2014-2019 comportent après étude approfondie par la Fondation iFRAP un certain nombre de failles qui les rendent peu crédibles.
1) El documento describe cómo escribir código ejecutable en bloques PL/SQL y los roles de los bloques anidados. 2) Explica las unidades léxicas de PL/SQL como delimitadores, identificadores, literales y comentarios. 3) Detalla el ámbito y visibilidad de las variables en bloques anidados de PL/SQL.
Dreamweaver es un programa popular para diseño y programación web que permite editar imágenes y animaciones a través de su integración con otras herramientas como Adobe Flash. Un GIF animado es una imagen con movimiento con extensión .gif, mientras que un JPEG es un formato de compresión de imágenes a todo color con alta calidad creado por el grupo Joint Photographic Experts Group.
El documento propone un decrecimiento económico sostenible en las economías ricas apoyado por movimientos de justicia ambiental en el Sur global. Argumenta que la crisis económica actual brinda una oportunidad para una transición a niveles más bajos de uso de materiales y energía en el Norte, al tiempo que reconoce los derechos de los países del Sur a desarrollarse de manera ecológica y solidaria.
Este documento resume los principales cambios tecnológicos asociados con la era digital, incluyendo la evolución del hardware desde los mainframes hasta las computadoras personales e Internet, el surgimiento de nuevos tipos de software, el impacto de las computadoras personales y la expansión de Internet, y algunas posibles direcciones futuras como los mundos virtuales, robotizados, posthumano y ampliados.
El documento describe tres elementos químicos: el carbono, el oxígeno y el silicio. El carbono se presenta en forma de grafito y diamante y tiene una estructura tridimensional gigante. El oxígeno constituye el 21% del aire y es necesario para la combustión. El silicio se encuentra en la arena y tiene una estructura gigante.
La Unión Europea ha propuesto un nuevo paquete de sanciones contra Rusia que incluye un embargo al petróleo ruso. El embargo se aplicaría gradualmente durante seis meses para el petróleo crudo y ocho meses para los productos refinados. Los líderes de la UE debatirán el paquete de sanciones durante una cumbre especial a finales de mayo con el objetivo de aprobar las medidas.
Este documento describe cómo hacer un ensayo. Explica que un ensayo consta de cuatro partes: el título, la tesis o planteamiento, la sustentación o argumentación, y la conclusión. Detalla lo que debe incluir cada parte y ofrece recomendaciones sobre cómo organizar las ideas y argumentos de manera coherente. Además, sugiere posibles temas sobre los cuales se puede escribir un ensayo, como analizar la forma u organización de un texto o apoyar, criticar o ampliar las ideas presentadas.
Désormais, les universités gèrent leurs budgets, elles sont plus libres dans leurs recrutements et les portes ont été ouvertes vers le monde de l'entreprise. La gouvernance a été simplifiée, les conseils d'administration ne comptent que 30 membres au maximum contre 60 auparavant. Les enseignants-chercheurs ont vu leur statut se moderniser et l'immobilier universitaire est en voie de transfert aux établissements.
Mais cela reste un premier pas. En effet, la réforme n'est pas allée au fond du projet d'autonomie qu'elle portait. Il reste beaucoup à faire pour que le monde professionnel trouve véritablement sa place dans un monde fortement recroquevillé sur lui-même. Les personnalités extérieures, moins d'un tiers des membres des conseils d'administration, ne votent toujours pas pour élire les présidents. Les fondations sont encore anecdotiques, à peine 39 universités sur 80 en ont créé. Le statut des 59.400 enseignants-chercheurs est toujours aussi pénalisant, parce que l'évaluation n'est pas normalisée. La gouvernance simplifiée reste inefficace, d'autant que plusieurs niveaux de pouvoir se superposent désormais : PRES et universités.
Concernant les 18,6 millions de mètres carrés d'immobilier de l'enseignement supérieur, le principe de dévolution est acté sur le papier, mais, faute de volonté réelle, ne sera pas effectif avant longtemps. Quant aux financements de l'enseignement supérieur représentant plus de 25 milliards d'euros en 2011 dans le budget de l'État, leur attribution, leur gestion et la transparence qui les entourent restent chaotiques, comme en témoigne l'échec du dispositif de financement SYMPA.
Il est urgent de réagir car, pour l'instant, nous nous privons de l'excellence de notre enseignement supérieur et de nos chercheurs, condamnés à s'exiler ou à ne bâtir que des initiatives isolées. Dans un rapport publié en 2011, l'Association européenne des universités (EUA) pointe les insuffisances de la France en matière d'autonomie. La LRU a posé les premiers jalons, nous les avons passés au crible. Cet examen indispensable est le préalable pour une nouvelle réforme que nous esquisserons.
El documento resume los orígenes y características de los totalitarismos en el siglo XX, incluyendo las causas de la Primera Guerra Mundial, la Gran Depresión de 1929, el ascenso de regímenes totalitarios como el nazismo en Alemania y el fascismo en Italia, el estalinismo en la Unión Soviética, el militarismo en Japón, y la Guerra Civil española y el franquismo. También analiza los efectos de la crisis económica en América Latina y el surgimiento de nuevos modelos económicos
Notas de clase, elaboradas por María Dolores Mira y Gómez de Merado, que completan un vídeo del mismo título,ubicado en nuestro portal, destinado a alumnos que inician la Educación Secundaria
El documento describe el modelo de formación por competencias. Explica que este modelo se enfoca en los resultados del aprendizaje y lo que los estudiantes pueden hacer, en lugar de lo que saben. También describe las características de la educación basada en competencias, incluyendo que la evaluación se basa en estándares y la verificación de resultados. Finalmente, explica que las competencias son combinaciones dinámicas de conocimientos, habilidades y actitudes.
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Projet de loi de finances 2015 - 01/10/2014FactaMedia
Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics, et Christian Eckert, secrétaire d’Etat chargé du Budget, ont présenté le projet de loi de finances pour 2015, le 1er octobre 2014 à Bercy.
La baisse des dépenses publiques dans notre pays implique de repenser en profondeur les missions et l'organisation d'un Etat devenu en partie inefficient. La situation économique et sociale de la maison France ne nous permet plus de nous satisfaire d'un ravalement de façade mais nécessite une rénovation en profondeur, des fondations à la charpente.
Il nous faut désormais recentrer la sphère publique sur ses missions régaliennes afin d'alléger le poids des prélèvements obligatoires qui asphyxient l'économie afin de redonner de l'oxygène aux entreprises et d'être ainsi en mesure de relancer la croissance et l'emploi.
Le MEDEF a dressé un état des lieux de la situation de la dépense publique et de la fiscalité pesant sur les entreprises en France et proposé une méthode et des pistes de réforme fondées sur des objectifs clairs :
• Pour la dépense publique :
o Créer un « choc de productivité » dans la sphère publique ;
o Stabiliser les dépenses sociales ;
o Réformer les collectivités territoriales pour dépenser moins et mieux.
• Pour la refondation fiscale :
o Refonder la politique fiscale sur des critères simples ;
o Faire le choix d’une fiscalité des entreprises compétitive et d’une fiscalité du capital et de l’épargne incitative à l’investissement ;
o Renforcer la sécurité juridique et réformer la gouvernance fiscale.
Le MEDEF propose d'inscrire cette stratégie dans une trajectoire permettant de rejoindre la moyenne européenne d'ici à 2020, tant en matière de dépenses publiques que de prélèvements obligatoires.
L’équilibre financier du système de retraite par répartition selon lequel les générations les plus jeunes en activité financent, notamment par leurs cotisations, les retraites des générations les plus âgées, est fragilisé par le vieillissement de la population. La résorption des déficits (13Md€en 2020) passe par une maîtrise des dépenses de retraite qui s’inscrit dans le contexte plus large de maîtrise des dépenses sociales et de retour durable de la sécurité sociale à l’équilibre financier. Pour y parvenir, les paramètres sont nombreux (âge d’ouverture des droits à retraite, dispositifs de départ anticipé, conditions pour une retraite à taux plein, indexation des pensions, etc.) mais, in fine, la maîtrise des dépenses de retraite passe par un recul des âges de départ à la retraite ou une baisse du niveau relatif des pensions. Les mesures devront prendre en compte les considérations d’équité entre générations et au sein de chaque génération, tout en visant à simplifier les règles et à les harmoniser entre les régimes.
Le gouvernement a de son côté prévu de mettre au point avec les partenaires sociaux un ensemble de cinq réformes qui ont fait
l’objet d’une lettre de cadrage. Instituer une indemnisation pour les démissionnaires et pour les travailleurs indépendants est à
la fois non souhaitable et contre-indiqué financièrement. La troisième réforme concernant la limitation par pénalisation des CDD
courts n’a qu'un enjeu limité, et lorsque nécessaire, devrait plutôt conduire à diminuer l'indemnisation qu'à pénaliser l'employeur.
Le contrôle accru des chômeurs est en revanche souhaitable. Enfin, le remplacement de certaines cotisations par la CSG ne saurait
justifier la participation de l’État à la gouvernance de l’Unedic.
Mais le gouvernement se garde bien d’évoquer certains autres sujets de fond qui fâchent, à savoir que de moins en moins
l’assurance chômage conserve son caractère assurantiel, dans la mesure où l’État exige de l’Unedic, dont les ressources pèsent
directement sur le coût du travail marchand, qu’elle finance des politiques publiques de solidarité qui devraient reposer sur l’impôt.
Ce faisant, l’État est responsable des déficits de l’Unedic, et ne craint pas de les augmenter encore avec l’indemnisation annoncée
des démissionnaires et des travailleurs indépendants. Nos préconisations prioritaires sont les suivantes :
❙ équilibrer le financement par l’Unedic des points de retraite acquis pendant les périodes de chômage (déséquilibre de 2 milliards) ;
❙ annuler ou réduire fortement le financement par l’Unedic de Pôle emploi (3,3 milliards) ;
❙ faire participer les entreprises publiques à l’assurance chômage (plusieurs milliards) ;
❙ mettre à la charge de l’État les indemnisations qui ressortissent à un objectif de solidarité nationale : intermittents du spectacle,
exonérations spéciales et éviter les subventions croisées (1 milliard pour les intermittents, 1 milliard pour les autres subventions).
Enfin des réformes paramétriques devraient aussi être menées :
❙ augmenter le ratio d’éligibilité en passant la durée minimum d’affiliation de 4 à 6 mois, et ultérieurement à 8 mois, sur une période
de 18 mois (1,8 milliard) ;
❙ baisser, au minimum, à 0,9 de jour indemnisé pour un jour cotisé le taux de transformation (1,2 milliard) ;
❙ supprimer les revenus de remplacement proches des revenus du travail ou supérieurs ;
❙ et en fonction de la mise en oeuvre des réformes ci-dessus, baisser le taux des cotisations patronales et salariales.
Mr Mohammed Boussaïd, ministre de l'Economie du Maroc a détaillé à la presse le vendredi 24 octobre les grands axes et principales mesures du projet de loi de finance 2015 du royaume présenté au Parlement.
Alors que débute le débat parlementaire, retrouvez en les grandes lignes avec le support écrit de son intervention.
Une démarche inquiétante, alors que les résultats de l’incursion directe de l’État dans la politique industrielle de l’énergie (Areva, Alstom, EDF, éolien, solaire, agrocarburants) devraient inciter les gouvernements à se concentrer sur la fixation d’objectifs et non pas à la façon dont les acteurs les atteignent. Deuxième producteur mondial d’électricité, EDF est une entreprise prestigieuse, mais le niveau de son cours de bourse, 8 à 10 euros contre 32 en 2005 à l’ouverture de son capital, donne la mesure de son affaiblissement. Une situation d’autant plus inquiétante que le paysage énergétique est bouleversé : fin probable des tarifs réglementés, liberté de choix des consommateurs, concurrents français et étrangers, nouveaux modes de production, contestation du nucléaire et des éoliennes, surcoût des énergies renouvelables. Et des doutes existent sur le fondement même de la transition énergétique, le dernier bilan prévisionnel du gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE) présentant des scénarios où la consommation d’électricité augmenterait au lieu de diminuer comme décidé dans la loi de 2015.
Avec 85 % du capital d’EDF, l’État français peut difficilement esquiver sa responsabilité. Une stratégie de l’État actionnaire caractérisée par le court-termisme, utilisant EDF pour enjoliver, jusqu’aux élections suivantes, le taux de chômage, l’inflation, le niveau de vie des Français ou le budget de l’État. Une tentation irrésistible quand il n’existe pas de contre-pouvoirs diversifiés comme le sont les actionnaires privés des grandes entreprises. Pour surmonter définitivement ces dysfonctionnements et redonner confiance aux salariés, aux clients et aux actionnaires, le seul levier efficace au niveau français consiste à réduire les interventions de l’État. Au niveau européen, c’est l’application à l’électricité des règles classiques du commerce international.
France : définir un chemin réaliste de transition énergétique.
Ramener immédiatement à 70 % la part de l’État au capital d’EDF.
Nommer une majorité d’administrateurs indépendants de l’État, français et étrangers.
Séparer les activités régulées de réseau des activités concurrentielles de production et de vente d’électricité : privatiser les réseaux électriques et leurs gestionnaires.
Voter une loi engageant l’État à réduire à 30 % sa part dans le capital d’EDF en 2022, après la mise en route des trois premières centrales EPR (Flamanville, Finlande, Chine).
Europe : faire appliquer par Bruxelles les règles de la concurrence internationale, ouverture du marché de l'électricité, mais interdiction des politiques de subventions-dumping qui perturbent les systèmes électriques étrangers.
Protection sociale : Faire baisser les 42 milliards de coûts de gestion Fondation iFRAP
En France, les dépenses de protection sociale atteignent 746,6 milliards d’euros en 2015. Au titre des seuls coûts de gestion la France
se situe à 4,31 % des dépenses de prestations selon Eurostat là où l’Union européenne est à 3 % et la zone euro à 15 pays à 3,51 %, soit
de 5 à 9 milliards d’euros de coûts supplémentaires par rapport à nos partenaires européens. Et encore, ces dépenses ne tiennent pas
compte des frais financiers, ni des frais de gestion liés au versement des prestations sociales financées par l’État et les collectivités
locales, frais conventionnellement estimés à… 0. Les coûts de gestion réels restent donc largement sous-évalués.
La Fondation iFRAP est parvenue à l’évaluation suivante : les coûts de gestion réels de la protection sociale représentent au
moins 42 milliards d’euros. Un montant substantiel qui laisse envisager d’importantes pistes d’économies, insuffisamment
exploitées, alors qu’elles sont souvent relayées dans des rapports parlementaires, rapports d’inspection ou de la Cour des
comptes. Par exemple, notre enquête sur l’absentéisme dans les CPAM montre un nombre de jours d’absences très élevé, en
moyenne de 36,8 jours par agent.
Ces chantiers, auxquels aucun gouvernement n’a pour l’heure osé s’attaquer, ont déjà été lancés chez nos voisins anglais,
allemands ou néerlandais, lesquels ont su réformer leur système de protection sociale afin d’en améliorer l’efficience. Aujourd’hui,
la maîtrise des frais de gestion est indissociable d’une réforme en profondeur de notre modèle social.
Emmanuel Macron avait durant sa campagne déclaré vouloir créer un versement social unique et automatique en matière d’aides
sociales pour lutter contre le non-recours. Il s’est aussi déclaré pour un régime universel de retraites pour en finir avec la
complexité du système. La Fondation iFRAP estime qu’il est possible à l’horizon du quinquennat d’envisager au moins 5 milliards
d’euros d’économies annuelles sur la gestion de notre système social.
Les coûts de gestion de la protection sociale représentent 42 milliards d’euros dont 6,9 milliards de frais financiers et au moins
4,1 milliards pour les frais liés aux prestations de l’État et des collectivités locales.
Il est possible d’économiser de 5 à 9,5 milliards d’euros sur les coûts de gestion à l'horizon 2025 une fois que toutes les
réformes d'ampleur de la protection sociale auront été menées, dont :
❙ 2 à 3 milliards d’euros sur les retraites ;
❙ 2,5 milliards d'euros sur les prestations de solidarité logement-pauvreté-famille et 5 milliards à terme avec une réforme
complète de l'allocation sociale unique (ASU) ;
❙ santé : 0 à 1 milliard d'euros ;
❙ emploi : 0,5 milliard d'euros.
Réformer le syndicalisme : mandats, financement, représentativité Fondation iFRAP
Dans quelle mesure la paix qui a présidé dans les négociations ayant abouti à la réforme n’a-t-elle pas eu pour contrepartie l’assurance donnée aux syndicats qu’on ne changerait rien au syndicalisme ? Quoi qu’il en soit, il y a à regretter que la réforme ambitieuse du droit du travail ne se soit pas accompagnée de son indispensable complément. Raison de plus pour s’atteler à la tâche.
Les propositions de la Fondation iFRAP
Mesures concernant le fonctionnement du syndicalisme dans les entreprises :
❙ En complément des réformes bienvenues des ordonnances en faveur des TPE et PME, augmenter les seuils d’application, augmenter les matières où les dérogations aux accords de branches sont autorisées, permettre les consultations par les employeurs jusqu’à 50 salariés, supprimer la différenciation entre DP mandatés et DP non mandatés.
Supprimer le monopole de présentation au premier tour des élections professionnelles.
Diminuer les heures légales et supprimer les heures extra-légales de délégation dans les secteurs public et privé.
Limiter à un seul renouvellement de 4 ans les mandats des représentants du personnel et supprimer la règle de l’insaisissabilité des biens des syndicats.
Interdire pour une seule personne le cumul d'heures de délégation supérieur à 50 % du temps de travail.
Objectif : diminuer d'un tiers le nombre de mandats de représentants des salariés.
Mesures concernant le financement des syndicats :
Assurer une véritable transparence financière à tous les niveaux syndicaux.
Supprimer les financements extra-légaux, les « caisses noires », les financements restants provenant du paritarisme, et le financement de l’AGFPN.
Tout mettre en oeuvre pour assurer un financement par les cotisations des adhérents qui doit remplacer l’audience électorale comme critère d’attribution des ressources.
Instaurer sous certaines conditions le « chèque syndical ».
Modernisation de la vie publique : les propositions de la Fondation iFRAPFondation iFRAP
la suppression de la réserve parlementaire ;
l’interdiction des emplois familiaux ;
le non-cumul des mandats – que nous proposons toutefois d’étendre aux mandats de même nature et non plus
seulement identiques ;
la mise en place d’un registre des déports – en attirant cependant l’attention sur les cas de conflits d’intérêts
public-public ;
l’encadrement des activités parallèles de conseil.
Nous proposons d’aller plus loin avec :
une réduction du nombre de parlementaires : une des propositions phare de modernisation des institutions du candidat Macron, pour l’heure « oubliée ». Il s’agit selon nous de faire passer le nombre de députés de 577 à 350 et le nombre de sénateurs de 348 à 150. Cette mesure permettrait 256 millions d’euros d’économies ;
les fonds ainsi dégagés seraient utilisés à la revalorisation du traitement des parlementaires liée au renforcement de leurs attributions (pouvoirs d’évaluation et de contrôle) ;
un renforcement des sanctions pour les absentéistes ;
la transparence totale des indemnités (pour les parlementaires et les élus locaux) et la centralisation de la gestion des crédits collaborateurs ;
un renforcement du contrôle éthique au Parlement ;
le perfectionnement du registre des représentants d’intérêts.
Le quinquennat à venir porte la lourde responsabilité de mener les réformes nécessaires au pays. Il faut non seulement un exécutif efficace, mais aussi – et c’est essentiel – un pouvoir législatif rénové, qui inspire confiance aux Français et se montre exemplaire en toutes circonstances.
Etat actionnaire : 33 milliards d'euros de privatisations Fondation iFRAP
L’État actionnaire, c’est 1 750 participations directes, pour une valeur comptable de 98,9 milliards d’euros et 538,6 milliards de chiffre d’affaires en 2015. Au sein de l’OCDE, la France est de loin le pays dans lequel les entreprises publiques emploient le plus (800 000 personnes soit 3,3 % des emplois salariés contre 2,5 % en moyenne pour l’OCDE).
Le ministère de la Défense est le ministère qui s’est le plus réformé et réorganisé ces dernières décennies, sous la pression des coupes budgétaires successives. Avec les conséquences que l’on sait : même si notre armée reste théoriquement capable de mener n’importe quel type de mission, les nombreuses baisses d’effectifs dans les forces de combat et surtout dans les fonctions de soutien, mettent clairement en danger notre capacité à gagner les guerres présentes et à venir.
Alors que les menaces et risques s’accroissent, diminuer sans cesse notre effort nous rendrait incapables de conserver à terme un outil militaire capable d’engagements de haute intensité. Même si les attentats récents ont brutalement remis en lumière ces questions dans nos sociétés occidentales, inverser la tendance sur le long terme nécessitera d’y investir un capital politique très conséquent. Il est temps de modifier profondément les équilibres. La question se pose alors : quelle est la trajectoire budgétaire envisageable pour atteindre l’objectif de 2% du PIB en dépenses annuelles de Défense ? Il existe deux trajectoires possibles, l’une pour atteindre cet objectif dès 2022, l’autre en 2025.
C’est en faveur de la première que nous nous positionnons. Concrètement, nous proposons une impulsion budgétaire importante une fois les élections présidentielles achevées : il s’agirait de réaliser et de voter une nouvelle loi de programmation militaire 2018-2023 à l’automne 2017, comprenant quelque 240 milliards d’euros (constants 2017) sur sa période d’exécution. Cela représenterait quelque 50 milliards d’euros supplémentaires par rapport à la loi de programmation militaire initiale 2014-2019. Notons que le critère des 2% n’est pas suffisant, particulièrement à cause de notre dissuasion nucléaire. À terme, c’est certainement les 3% du PIB qu’il faut viser comme seuil des dépenses militaires, soit quelque 65 milliards d’euros par an. Mais les 2% sont déjà une étape indispensable.
Objectifs généraux de la prochaine LPM :
Atteindre un budget de Défense annuel correspondant à 2% du PIB en 2022 et adopter ce chiffre comme plancher absolu ;
Adapter notre outil militaire aux engagements actuels et futurs, notamment en poursuivant l’augmentation des forces de combat et le soutien qui y sont associés ;
Résorber les déficits capacitaires en totalité sans aucunement délaisser les investissements concernant la préparation de l’avenir et les équipements de générations suivantes, y compris les équipements liés à la dissuasion nucléaire.
Plus que d'un grand soir fiscal, il s'agit d'envoyer un message fort à nos fortunes (expatriées ou non), nos créateurs et nos talents pour leur redonner confiance et libérer leur potentiel d’innovation. D’urgentes mesures de réforme de la fiscalité du patrimoine s’imposent alors que la France figure parmi les pays où la fiscalité est la plus lourde dans ce domaine. Pour frapper fort, nous proposons de supprimer l’ISF et l’exit tax dès 2017, de revenir au prélèvement forfaitaire libératoire, de renforcer les mesures favorisant l’investissement au capital des entreprises et de mettre en place un plafonnement global à 60 %. D’autre part, notre impôt sur le revenu se caractérise par une grande complexité et une très forte concentration sur la minorité de foyers qui y sont soumis (45%). La première mesure à prendre est l'abandon du projet fou du prélèvement à la source, une «usine à gaz» qui viendrait étouffer, dans une nouvelle couche de complexité inutile, nos entreprises. Ensuite, il faut préparer une réforme de l’impôt sur le revenu pour l'appuyer sur une assiette clarifiée et sur un nombre plus important de contributeurs, notamment en s’assurant qu’un euro perçu au titre de la solidarité soit imposé comme un euro issu du travail (avec comme idée, qu'à terme, notre système de redistribution et de solidarité passe dans une logique de crédit d'impôt pour les foyers concernés). Pour préparer ces chantiers et fixer un cadre pour la prochaine mandature, il est nécessaire d’agir dès les premiers mois et d’envoyer des signaux forts aux Français et aux investisseurs. C’est pour cela que nous recommandons de graver dans le marbre d'une loi de finances rectificative 2017 (en juillet 2017), les premières mesures de ce choc fiscal. Attendre le projet de budget 2018 pour réformer, c'est prendre le risque de manquer encore une fois l'occasion d'assainir les finances publiques françaises. Souvenons-nous lorsqu'un Premier ministre nous promettait une remise à plat fiscale en 2013 : nous l'attendons toujours. Voici pourquoi dès 2017 nous proposons de :
Supprimer l'ISF ;
Supprimer l'exit tax ;
Renforcer l’investissement en faveur du financement des entreprises ;
Mettre en place un plafonnement fiscal global à 60%;
Abroger le prélèvement à la source ;
Réformer et simplifier l'impôt sur le revenu ;
Revenir au prélèvement forfaitaire libératoire ;
Imposer au premier euro les droits sociaux ;
Baisser les dotations aux collectivités locales.
Le cadrage budgétaire de ces mesures est présenté en page 24 et le texte de la loi de finance.
Intérieur, Renseignement, Défense, Justice : La nécessaire remise à niveauFondation iFRAP
Malheureusement, il apparaît que l’État ne se donne plus les moyens de telles ambitions dans le domaine, et ce depuis plusieurs années déjà. Les dépenses régaliennes dans le périmètre retenu dans cette étude, à savoir l’Intérieur, le Renseignement, la Défense, la Justice3 n’ont cessé de diminuer depuis des décennies. Si elles représentaient 6,5 % de la richesse nationale en 1965, elles avaient chuté à 4,5 % au début des années 1990 avant de tomber à à peine 2,8 % du PIB en 2015. Cette diminution est symptomatique et liée au fait que, sous le poids accru des transferts sociaux, l’État-providence a progressivement relégué l’État régalien au second plan. Dans une perspective internationale, la comparaison des dépenses régaliennes avec nos voisins européens met également en évidence notre retard. Comparable à la France par son poids économique, sa population mais aussi les menaces qui pèsent sur lui, le Royaume-Uni a consacré 2,2 % de son PIB à la Défense en 2014 là où la France dépensait 1,7 % et 2 % aux missions de sécurité et d'ordre public là où la France n'investissait que 1,6 % de son PIB.
Dans cette étude, la Fondation iFRAP dresse un panorama de l'État régalien en passant au crible les moyens mis à sa disposition et les effets des réformes de ces dernières années. Pour chacun des trois ministères régaliens nous formulerons des recommandations pour renforcer l'efficacité de ces missions essentielles dans le contexte exigeant qui est le nôtre aujourd'hui.
Ces recommandations demandent un effort budgétaire important de l'ordre de 2,1 milliards d'euros de dépenses supplémentaires annuelles entre 2018 et 2022, qui se concentre dans des investissements supplémentaires en matière pénitentiaire (500 millions d'euros), seule façon de parvenir à un objectif d'encellulement individuel en 2025 et dans la Défense (accélération du renouvellement des matériels en cours) pour 1,6 milliard d'euros. Cet effort s'accompagnera également d'embauches d'environ 15 000 agents dans les ministères régaliens (Justice, Défense, Police/Gendarmerie) d'ici 2022. Et pourra en partie s'appuyer sur des ressources tirées d'une réorganisation des personnels et des conditions de travail, de la mutualisation ou de l'externalisation de fonctions support, de la rationalisation/redéfinition de certaines missions des forces de sécurité
Mandats politiques : Passer de 645 000 à 114 000 élusFondation iFRAP
Dans le cadre des élections présidentielles, les candidats commencent à parler d’une baisse du nombre de parlementaires. La réduction du nombre de députés à environ 350 et du nombre de sénateurs autour de 150 est devenue une évidence. Mais la France ne doit pas être en reste et le prochain quinquennat sera l’occasion d’entamer avec courage la baisse du nombre de strates et du nombre de mandats locaux.
À commencer par les communes ! Il faudra réduire le nombre de conseillers dans les grandes villes mais aussi fusionner les communes de moins de 5 000 habitants avec, d’ici à 2020, 10 000 supercommunes de 5 000 habitants au lieu des 36 000 communes que l’on compte actuellement. Cette refonte de la carte communale s’accompagnerait d’une suppression de l’échelon intercommunal. Cela permettrait aussi de renforcer l’indemnisation des conseillers municipaux pour ne plus les inciter à multiplier les mandats. La France se singularise encore par une pratique quasi généralisée du cumul des mandats. 80 % des parlementaires français cumulent leur mandat avec une fonction exécutive locale, contre 24 % en Allemagne et 3 % au Royaume-Uni. Il sera nécessaire également de réduire le très grand nombre de conseillers régionaux aujourd’hui au nombre de 1 880. Le bon objectif serait d’arriver à environ 660 conseillers régionaux, soit une cinquantaine par région. Avec de telles réformes, le nombre d’élus baisserait substantiellement de 645 124 à 114 000 élus et ramènerait la France dans un taux de représentation équivalent à celui de l’Allemagne ou des États-Unis, soit environ un élu pour 600 habitants.
Les propositions de la Fondation iFRAP ;
1 élu pour 100 habitants en France contre 1 élu pour 500 en Allemagne et 1 pour 600 aux États-Unis ;
La France compte 645 124 élus, objectif : réduire à 114 000 d’ici 2022, soit un élu pour 600 habitants ;
Pour y parvenir, supprimer les strates intercommunales et départementales ;
Réduire le nombre de maires et de conseillers municipaux mais mieux les indemniser en regroupant les communes de façon à atteindre 5 000 habitants minimum ;
Réduire le nombre de parlementaires à 350 députés et 150 sénateurs ;
Enfin, pour permettre le renouvellement de la vie politique, il faut introduire une limitation des mandats dans le temps (deux ou trois consécutifs) et au même titre l’obligation de démission de la fonction publique dans le cadre d’un engagement politique d’un agent public.
Refonder la croissance énergétique sans oublier la croissance ! Fondation iFRAP
Réduire les émissions de CO2 de 40 % en 2030 et 75 % en 2050, par rapport à 1990 ;
Réduire la consommation finale d’énergie de 20 % en 2030, 50 % en 2050 ;
Porter la part des énergies renouvelables à 23 % en 2020, 32 % en 2030 ;
Réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 33 % d’ici 2025.
Un plan qui n’aurait pas dû négliger deux objectifs essentiels :
Minimiser les prix de l’énergie pour les consommateurs ;
Maximiser l’indépendance énergétique de la France.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES, principalement le CO2) est un objectif clair, mais les méthodes imposées pour y parvenir soulèvent de sérieux doutes. La faisabilité de la baisse de la consommation d’énergie est peu crédible. Elle n’est pas effective malgré dix ans de crise économique, d’investissements dans les économies
d’énergie et de campagnes massives de communication. De son côté, le coût brut des nouvelles énergies renouvelables, de deux à huit fois supérieur au niveau du marché de gros en ce qui concerne l’électricité, est insupportable pour les ménages et les entreprises. Quant à la baisse d’un tiers de la part du nucléaire d’ici 2025, elle est contradictoire avec l’objectif CO2 et irréaliste.
La consommation française d’énergie est modérée par rapport aux autres pays industrialisés, et ses émissions de gaz à effet de serre sont très faibles. Avec 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, notre pays ne peut pas sacrifier seul son économie.
Libérer nos écoles, nos collèges et nos lycéesFondation iFRAP
En juillet dernier, une hausse du budget éducation de 2 milliards d’euros a été annoncée pour 2017. Une annonce qui résume bien la politique éducative des derniers gouvernements successifs : le saupoudrage de chèques, c’est la seule solution quand on ne veut pas lancer les réformes nécessaires et qu’on craint des grèves d’enseignants particulièrement médiatisées. Et pourtant, plus personne n’est satisfait : ni élèves, ni enseignants, ni parents d’élèves. Tous se plaignent des classes surchargées. Et pourtant, 855 028 enseignants, cela revient à compter 15,3 élèves par enseignant. Tous se plaignent du manque de moyens. Et pourtant, en comparant la dépense d’éducation des enseignements public et privé, on constate que ce dernier produit le même résultat pour 34,5 milliards d’euros de moins. La vérité, c’est que la France a fait le choix d’une fausse décentralisation. On a multiplié les strates, les niveaux de décision avec l’État qui emploie les enseignants aux travers de ses 30 académies (et 17 nouvelles régions académiques !) et 97 directions académiques. Les communes ont en charge uniquement les bâtiments des écoles et leurs effectifs techniques, les départements pour leur part, les bâtiments des collèges et les transports d’élèves handicapés, les régions supervisent les bâtiments des lycées et les effectifs techniques, une partie de la formation en alternance, des lycées professionnels et des transports scolaires… Une organisation unique en son genre et que personne ne nous envie. La réforme de notre système éducatif est une question capitale à laquelle les gouvernements n’ont pas voulu s’atteler. Plus inquiétant, pour l’instant on entend trop peu les candidats à la présidence de la République proposer vraiment des réformes structurelles.
Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget ;
La délégation de gestion des établissements publics doit être possible quand les décideurs locaux le souhaitent ;
La suppression du « plafond de verre » des accords Lang-Couplet (1993) qui fixent les moyens du privé sous contrat à 20 % du budget global de l’action éducatrice de l’État ;
L’innovation en encourageant la créativité pédagogique des enseignants et en facilitant la création d’écoles hors contrat.
Fonction publique : Statut, primes, évaluation, temps de travailFondation iFRAP
Réformera ou réformera pas ? S’agissant de la fonction publique, beaucoup a été dit, peu a été fait. Le nombre d’agents et le coût pour les finances publiques augmentent invariablement quel que soit le Gouvernement au pouvoir. Nous comptions 5,2 millions d’agents dans les trois fonctions publiques (État, collectivités locales, hôpitaux publics) en 2008 et 5,4 en 2014.
Avec 278 milliards d’euros de dépenses en 2014, la masse salariale des personnels publics de la France représente toujours 13 % de notre richesse nationale quand les Allemands sont à 7,7 % et les Britanniques, à 9,5 %. On constate que tous les pays, y compris les plus connus pour leur État-providence, sont passés à des embauches de leurs personnels publics non plus sous statut, mais sous contrat et donc sans emploi « à vie ». La Suède compte plus de 99 % d’agents contractuels, le Royaume-Uni, 90 %, l’Allemagne, 60 %, quand la France en compte à peine 17 %.
Dans la perspective de 2017, les objectifs doivent être les suivants :
Réduire de 440 000 le nombre de postes d’ici 2022 dans les trois fonctions publiques (sauf dans le régalien où nous prévoyons d’embaucher 15 000 agents) ;
Ramener à 11 % le poids des rémunérations des agents publics dans le PIB, soit 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2022.
Pour cela, la Fondation iFRAP formule 15 propositions parmi lesquelles :
Geler les embauches pendant cinq ans ;
Embaucher sous contrat de droit privé les nouveaux entrants dans la fonction publique et permettre à ceux qui veulent passer du statut au contrat de le faire ;
Favoriser les départs volontaires et créer une bourse locale de l’emploi public ;
Mettre fin au principe d’unicité de la fonction publique en matière de points d’indice et introduire une part de rémunération au mérite ;
Réduire le pouvoir devenu trop important des commissions paritaires ;
Remonter le temps de travail des agents à 1 750 heures annuelles contre 1 607 heures théoriques actuellement.
Le résultat n’est pourtant pas à la hauteur de cet effort. Dans les zones tendues, où la crise du logement se concentre, la puissance publique est incapable de trancher entre loger les plus pauvres et « faire de la mixité sociale ». D’où un paradoxe stupéfiant. En zone urbaine, les locataires les plus pauvres (premier décile de revenus) sont majoritairement logés dans le parc privé tandis que 25 % des occupants de logements sociaux appartiennent aux cinq derniers déciles de revenus.
Dès lors, la construction de logements sociaux est une fuite en avant : il en faut toujours plus. Entre 1985 et 2011, on observe une augmentation de 53 % du parc social. Sur la même période, les bailleurs privés ont été peu à peu dégoûtés à cause d’une fiscalité exorbitante passée de 37 milliards d’euros en 2000 à 63 milliards en 2013. Avec la loi SRU renforcée en 2013 et aujourd’hui le projet de loi « égalité et citoyenneté », c’est une nouvelle étape qui est franchie dans la bureaucratisation du logement. On a trop longtemps stérilisé l’épargne des Français en canalisant subventions et prêts sur fonds du livret A. Simplification des structures, simplification des financements, baisse des coûts de gestion, il est temps de poser la question de la réforme du logement social.
La politique publique du logement coûte 2,3 % du PIB, un chiffre deux fois supérieur à la moyenne européenne ;
500 organismes de logement social gère un parc de 4,7 millions de logements. En Île-de-France ils sont 143 organismes ;
Les aides publiques en direction des bailleurs sociaux représentent 9 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 7 milliards d’aides personnelles que perçoivent directement les bailleurs sociaux ;
Les HLM présentent une trésorerie égale à sept mois de loyers, soit 10 milliards d’euros, ou l’équivalent de 20 années d’aides à la pierre ;
Les aides personnelles au logement sont avant tout des aides sociales : leur montant (17 milliards d’euros) est supérieur aux allocations familiales (12,5 Mds) ou encore au RSA socle (7,8 Mds).
Le paritarisme français est à bout de souffle. C’est un système éclaté, comptant des dizaines de milliers
de mandats paritaires, sujet aux financements opaques. Dans ce paritarisme, les partenaires sociaux n’ont
pas joué le rôle qui aurait dû être le leur. Ils n’ont jamais proposé des pistes d’amélioration sérieuses
du système, ni de réformes crédibles. Aucun d’eux n’a jamais remis en cause un fonctionnement et une
gouvernance en panne depuis des années. Pourquoi ? Parce qu’au lieu de faire vivre le paritarisme, les
organisations syndicales ont préféré en vivre en assurant la gestion courante du système.
Les centaines d’heures de négociations paritaires, largement médiatisées, n’aboutissent qu’à des mesures
paramétriques là où elles devraient donner lieu, entre autres, à une refonte globale de la gouvernance paritaire.
Les dizaines de milliers de mandats paritaires et la mauvaise gestion qui va avec sont la source d’un
surcoût considérable de la protection sociale française, et de la perte de confiance des Français dans
les organisations syndicales.
Le paritarisme de gestion en particulier a perdu sa légitimité et doit disparaître au profit d’un paritarisme
de négociation. C’est pourquoi la Fondation iFRAP émet les propositions suivantes :
❙ instaurer un chèque syndical en lieu et place de l’ensemble des financements actuels du paritarisme
pour que les syndicats ne vivent plus que des cotisations de leurs adhérents ;
❙ rendre obligatoire la présentation d’un budget pour les organisations syndicales afin de faire apparaître
clairement les subventions et aides publiques de toute nature ;
❙ supprimer le paritarisme de gestion pour passer à un paritarisme de négociation ;
❙ mettre les caisses d’Assurance maladie en concurrence ;
❙ prévoir un retour complet de la branche famille dans le giron exclusif de l’État* ;
❙ adopter un régime universel de retraite et supprimer l’ensemble des régimes spéciaux ;
❙ régionaliser Pôle emploi et mettre en place une assurance chômage unique ;
❙ externaliser au secteur privé l’accompagnement des demandeurs d’emploi ;
❙ confier aux seules entreprises et branches professionnelles la formation des salariés du privé.
Aujourd’hui, en France, il n’est pas toujours plus intéressant de travailler que de cumuler des aides sociales, surtout pour les petits revenus. Cette situation n’est pas nouvelle mais, enfin, les Français manifestent leur ras-le-bol face aux fraudeurs, aux aides pour tout et n’importe quoi, à la lourdeur de l’administration et au coût dangereusement tangent de notre protection sociale. Désormais, tous les états-majors des candidats à l’élection présidentielle de 2017 planchent sur l’idée d’une allocation sociale unique. Notre proposition, chiffrée et ficelée, est désormais sur la table.
Baisser de 100 milliards les impôts et cotisationsFondation iFRAP
Cet écart trouve sa cause dans nos cotisations employeur qui sont bien supérieures à celles des Britanniques et des Allemands (11,6 points de PIB face à 4,1 et 6,6). À noter que les cotisations salariées sont plus faibles au Royaume-Uni mais plus lourdes en Allemagne car plus équilibrées entre employeur et employé. Ajouter à cela, le poids terrible des taxes sur la production (98 milliards d’euros en France, 19 en Allemagne, 36 au Royaume-Uni). Et, pour l’impôt sur les sociétés, les entreprises britanniques et allemandes paient 6 milliards d’euros de moins que les entreprises françaises.
Pour les ménages, l’addition de l’impôt sur le revenu aux taxes locales et à la CSG fait apparaÎtre que les premiers niveaux de revenus sont bien moins imposés en France qu’au Royaume-Uni et cela certainement car les revenus de la solidarité sont imposés outre-Manche comme les revenus du travail. Pour les ménages au niveau médian de revenus (entre 2 200 euros et 3 200 euros par mois), le taux d’impôt payé est à peu près comparable au Royaume-Uni. Pour les dernières tranches, le poids de l’impôt est comparable aux autres pays uniquement grâce à l’existence des niches fiscales tant décriées.
En matière de fiscalité du capital des ménages, le taux d’imposition est clairement exorbitant. Nous sommes le seul pays à conserver un impôt sur la fortune aussi lourd doublonnant avec les taxes foncières. Sur les revenus du capital, les Britanniques ont baissé la pression fiscale ces dernières années, tandis que la France l’a énormément augmentée, en imposant au barème de l’impôt sur le revenu les revenus du capital, situation unique en Europe. Les Allemands paient au final 58 milliards d’euros de moins que les Français sur le patrimoine (revenus et stocks).
Plutôt que d’un grand soir fiscal c’est d’une réforme pensée et réfléchie dont nous avons besoin, afin de reconstituer des marges de manoeuvre et de renforcer l’attractivité de notre économie, permettant de faire revenir nos fortunes, nos créateurs et nos talents. Nous formulons 10 propositions à 80 % sur les entreprises et à 20 % sur le capital, telle est la recette pas politiquement correcte qui nous permettra de créer à nouveau des entreprises et des emplois en France. Mais il sera indispensable de faire des économies pour 100 milliards d’euros car la pression fiscale est partout au maximum dans l’Hexagone.
Le regard de Paul Hernu sur la gestion décentralisée des collectivités territ...Fondation iFRAP
Paul Hernu, Conseil maître honoraire à la Cour des comptes, et auteur d’un ouvrage récent sur les
finances publiques : Finances publiques, une gestion de crise, les outils pour y faire face (éd. du
Papyrus, 2015).
Les collectivités territoriales françaises ont longtemps été soumises à l’empire d’un
Etat unitaire centralisé. Si la loi municipale du 5 avril 1884 disposait que : «Le conseil
municipal règle, par ses délibérations, les affaires de la commune », les communes
demeuraient sous la tutelle administrative et financière de l’Etat et il a fallu attendre la loi du
2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions
pour reconnaître aux départements et aux régions la même compétence générale que celle
reconnue aux communes pour régler les affaires sur leur territoire respectif et, d’une manière
générale, pour supprimer la tutelle administrative et financière de l’Etat sur toutes les
catégories de collectivités territoriales.
Ainsi était né, à travers une quarantaine de lois et quelque trois cents décrets, ce qu’il
est devenu coutumier d’appeler l’Acte I de la décentralisation, nouveau régime de
décentralisation administrative à la française formant le socle des développements qui lui ont
été donnés par la suite.
Les réformes successives du cadre juridique et financier de la gestion décentralisée
des collectivités locales ont sans cesse accru leur autonomie de gestion, mais le plein exercice
de cette autonomie continue à buter sur des obstacles ou des freins qui entretiennent
l’incompréhension, voire certaines formes de conflits, dans les relations avec l’Etat.
Le regard de Paul Hernu sur la gestion décentralisée des collectivités territ...
Quatre proposition pour de bonnes règles budgétaires
1. Juillet2014-8 €
L E M E N S U E L D E L A F O N D AT I O N i F R A P
E n q u ê t e r p o u r r é f o r m e r N ° 148
S O C I É T É C I V I L E
QUATRE
PROPOSITIONS
POUR DE BONNES RÈGLES
BUDGÉTAIRES
2. RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
ÉTUDE RÉALISÉE PAR L’ÉQUIPE DE LA FONDATION IFRAP ▪▪▪
On connaît bien les règles budgétaires européennes, les fameux 3 % de déficit maximum
par rapport au PIB, les fameux 60 % de dette maximum par rapport au PIB et maintenant
les 0,5 % de déficit structurel1
maximum. On connaît ces règles mais on ne les respecte pas.
La France est à plus de 4 % de déficit par rapport au PIB et à près de 95 % de dette par rapport
au PIB. Les dépenses publiques atteignent 57 % du PIB (et non 54,8 % comme ceux qui veulent
minimiser le poids de nos dépenses publiques viennent de le chiffrer, en ôtant les dépenses
de charge de la dette). Quant au déficit structurel, il avoisine 2,3 % en 2014, voire plus.
Les débats sur les règles budgétaires ont été nombreux ces dernières années, les rapports
sur le sujet aussi mais, force est de constater que les modestes garde-fous introduits dans
la loi française ne suffisent pas pour vraiment remettre la France dans les rails du sérieux
budgétaire. Là encore, il convient de s’inspirer des meilleures pratiques étrangères :
Celles de la Suisse et de la Suède sont particulièrement intéressantes : ces deux pays ont su,
alors que leurs comptes dérapaient, mettre en place des mécanismes de frein à l’endettement
qui ont démontré leur efficacité, tout en se montrant humbles par rapport au difficile exercice
de la prévision économique. Les principes de ces règles sont simples : plafonds de dépenses,
objectif de comptes publics à l’équilibre, autorités indépendantes ayant leurs propres capacités
de chiffrage pour challenger les prévisions de croissance économique, de recettes et
d’économies annoncées par le gouvernement.
Grâce à un tour du monde des règles budgétaires, la Fondation iFRAP est en mesure de proposer
les règles suivantes :
❚❚ Donner au Haut Conseil aux finances publiques la possibilité de réaliser ses propres chiffrages
et lui conférer une capacité d’auto-saisine ;
❚❚ Instaurer un plafond de dépenses publiques à l’horizon 2018 à 52 % du PIB et inscrire un retour
à l’équilibre budgétaire dès 2018 ;
❚❚ Inscrire à partir de 2022 un plafond de dépenses publiques maximum à 50 % du PIB
et une obligation d’excédent primaire en moyenne sur l’ensemble des comptes publics,
et ce sur cinq ans ;
❚❚ Créer un compte de compensation doté d’un minimum de dix milliards d’euros pour compenser
les erreurs de prévision du gouvernement et lisser les finances publiques sur le cycle.
QUATRE PROPOSITIONS
POUR DE BONNES RÈGLES BUDGÉTAIRES
❚❚ 1 Voir glossaire
page 23.
3. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
10
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
Où en est aujourd’hui la France
en termes de règles budgétaires ?
Le traité de Maastricht (1992) complété par
le Pacte de stabilité et de croissance (1997)
prévoit que les pays de l’Union européenne
(UE) peuvent participer à l’Union économique
et monétaire (UEM), à condition de respecter
cinq « critères de convergence », dont deux
concernant le déficit consolidé des adminis-
trations publiques et de leur dette consolidée :
❙ le déficit ne doit pas dépasser 3 % du produit
intérieur brut (PIB) ;
❙ la dette publique ne doit pas dépasser
60 % du PIB ou doit se rapprocher de ce seuil ;
❙ le taux d’inflation ne doit pas dépasser de plus
de 1,5 point celui des trois États présentant
la meilleure stabilité des prix ;
❙ un État ne peut dévaluer sa monnaie ;
❙ les taux d’intérêt à long terme ne peuvent dépas-
ser de plus de 2 % celui des trois États membres
présentant la meilleure stabilité des prix.
Bien qu’il soit difficile de fixer des règles
influant directement sur la dette par rapport
au PIB de tous les pays participants, au vu de
l’hétérogénéité des situations initiales et sur-
tout parce que l’évolution des ratios dépend de
très nombreux facteurs, il est possible de fixer
un déficit maximal permettant indirectement
de contenir l’évolution de la dette publique.
Le rapport Delors de 1989, qui pose les bases
d’une monnaie unique, met en évidence
la défaillance de la seule force des marchés
pour contraindre les gouvernements à maîtriser
leur déficit. En théorie, un État souverain doit
dégager des marges de manœuvre découlant
de finances publiques saines. Mais dans une
union monétaire, la possibilité de transferts
entre États, de renflouement d’un État en dif-
ficulté financière par les partenaires européens,
incite négativement à la discipline budgétaire.
❚ 2 Commission
européenne,
2006 « The
long-term
sustainability of
public finances
in the European
Union ».
European
Economy (n° 4).
En ligne : http://
ec.europa.eu/
economy_
finance/
publications/
publica-
tion7903_
en.pdf
❚ 3 Voir
glossaire
page 23.
Règle budgétaire et objectif budgétaire : quelle différence ?
La règle budgétaire est un objectif budgétaire prévu par la loi. C’est une contrainte per-
manente ou ponctuelle sur un ou plusieurs indicateurs budgétaires – dette, déficits,
dépenses, publiques, recettes publiques – en les limitant numériquement ou de manière
plus flexible. Pendant longtemps, ces règles n’ont pas été traduites légalement mais
l’accumulation de dettes des pays membres de l’Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE) à partir des années 1980-1990 incite les décideurs
à se pencher sur la question et à faire évoluer les objectifs vers des règles plus formelles.
Elles ont pour but de prévenir les déséquilibres structurels des finances publiques, d’empê-
cher ainsi la croissance infernale de la dette souveraine et de rendre les politiques publiques
plus cohérentes dans le temps et moins pro cycliques. On peut arguer que la dépense
publique peut jouer le rôle d’un stabilisateur en cas de crise et a de ce fait un effet contra-
cyclique, mais cet argument est limité lorsqu’on est comme la France dans une économie
ouverte, où une relance par la dépense risque de dégrader la balance commerciale.
Si l’on s’en tient à l’expérience d’avant la crise de 2008, les règles budgétaires montrent
tout de même une influence positive sur la discipline budgétaire2
.
Contrer ce comportement opportuniste, qu’on
peut définir comme un aléa moral, est l’objectif
premier des lois budgétaires européennes.
À partir de 2012 et de la ratification du Traité
sur la stabilité, la croissance et la gouvernance
(TSCG), le mécanisme institutionnel européen
de contrainte budgétaire se renforce. Le déficit
structurel3
de chaque pays ne peut dépasser
0,5 % du PIB. Aussi,les États signataires doivent-
ils inscrire la « règle d’or » dans leur législa-
tion, « de préférence » dans leur Constitution.
La limite budgétaire est aujourd’hui fixée
4. 11
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
à - 0,5 % du solde structurel et 3 % de défi-
cit. Si un État ne peut respecter ces limites,
il devra alors décrire les mesures correctrices
envisagées. Des sanctions budgétaires « quasi-
automatiques » sont prévues par le pacte budgé-
taire européen (TSCG)4
. Bien que la règle d’or
soit aujourd’hui inscrite dans le droit français,
non pas dans la Constitution, mais en tant que
loi organique, la France ne satisfait pourtant
aucun des critères de convergence. Et elle a
jusqu’à maintenant toujours échappé à toute
sanction de la part de Bruxelles.
Néanmoins, la France a pris un certain nombre
d’engagements dans le Programme de stabilité5
à l’horizon 2017, présenté le 23 avril 2014 en
Conseil des ministres, et où elle précise sa tra-
jectoire budgétaire de moyen terme. Envoyé à
la Commission européenne qui le transmet au
Conseil européen, le Programme débouchera
sur une recommandation dont le gouvernement
devra tenir compte pour l’élaboration du projet
de loi de finances.
La Fondation iFRAP propose de s’inspirer large-
ment des modèles étrangers,en l’occurrence suisse,
suédois, canadien ou encore allemand. Tous ces
pays ont, dans le courant des années 2000, mis en
œuvre des mesures fortes,que nous allons détailler,
pour redresser leurs finances publiques.La France
ferait bien de s’en inspirer alors qu’elle est pas-
sée d’une dette publique au sens de Maastricht
de 57,5 % du PIB en 2000 à 93,5 % en 20136
, et
ce malgré les efforts d’économies de ces dernières
années et un déficit passé de 7,5 % du PIB à 4,3 %
entre 2009 et 20137
.
PROPOSITION 1
Réformer le Haut Conseil aux finances publiques (HCFP) :
pour une autonomie d’action et de chiffrage
❚❚ 8 Voir
glossaire
page 23.
❚❚ 9 Voir
site iFRAP :
« Premier avis :
le Haut Conseil
des finances
publiques tacle
Bercy » ;
voir également
l’avis en ligne
du Haut
Conseil sur
les prévisions
macroécono-
miques 2013-
2017.
❚❚ 10 « Une
Stratégie
pour le redres-
sement ».
En ligne sur le
site du minis-
tère de l’Éco-
nomie.
Créé en 2012 suite aux dispositions du TSCG
relatives à l’introduction d’un comité budgé-
taire indépendant, le HCFP a deux fonctions :
la prévision des indicateurs macroéconomiques
et la surveillance budgétaire. Servant à bâtir
les lois de finances, les prévisions macroéco-
nomiques sont souvent suspectées d’être trop
optimistes tant la surestimation de la croissance
permet de réduire artificiellement la contrainte
budgétaire. La qualité et l’indépendance de ces
prévisions sont des éléments importants de la sin-
cérité et de la fiabilité de nos finances publiques.
Ainsi, l’instauration d’un comité indépendant
devrait engendrer un gain de crédibilité et
de transparence de la part du gouvernement.
Cependant, depuis sa création nous remarquons
que ses deux fonctions n’ont pas été totalement
satisfaites. Tout d’abord, le Haut Conseil ne
dispose pas de ses propres modèles statistiques.
Ses capacités de prévisions contradictoires par
rapport à la direction du Trésor ou à la direction
du Budget sont ainsi moins effectives. Il effec-
tue une synthèse du consensus des conjonc-
turistes8
. De cette façon, il est dépendant des
prévisions gouvernementales, dont il ne peut
contester les estimations qu’en fonction des pré-
visions des instituts de références dont il a établi
la liste. Aussi, l’absence de chiffrage révèle-t-
elle un problème de structuration du dialogue
concernant les données avec Bercy. Lors de son
premier avis9
, le Haut Conseil s’est plaint du
délai et du manque d’exhaustivité des données
fournies par le gouvernement. Le HCFP précise
en effet qu’il a été saisi « d’éléments de cadrage
macroéconomiques moins détaillés que prévu par
le règlement du Conseil européen (…) des éléments
complémentaires ont été apportés ultérieurement
à sa demande (…) par le ministère de l’Économie
et des Finances. Des données succinctes de finances
publiques lui ont été transmises tardivement » ;
« Le Haut Conseil souhaite pouvoir disposer
à l’avenir dans des délais raisonnables d’éléments
plus détaillés sur la prévision relative à l’année
en cours et à l’année suivante, ainsi que sur
la distribution des risques entourant cette prévi-
sion ». Cet épisode est édifiant. Il nous montre
l’importance d’un conseil entièrement auto-
nome. Toutefois, le premier avis du HCFP, au
sujet du projet de Programme de stabilité de la
France pour les années 2013 à 201710
, présente
❚❚ 4 Dépôt
auprès de
la BCE
(de 0,2 à 0,5 %
du PIB de l’État
en question),
amende si
le déficit n’est
pas comblé.
❚❚ 5 Voir
glossaire
page 23.
❚❚ 6 Chiffres
Insee http://www.
insee.fr/fr/themes/
info-rapide.
asp?id=40
❚❚ 7 Chiffres
Insee http://www.
insee.fr/fr/themes/
info-rapide.
asp?id=37
5. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
12
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
une novation considérable par rapport au dia-
logue budgétaire antérieur : il critique ouver-
tement en tant qu’observateur institutionnel
interne la prévision jugée toujours trop opti-
miste du gouvernement. Mais, l’absence de pôle
de prévision et de production de données sta-
tistiques ne permet pas vraiment de challenger
les prévisions de Bercy, ni de proposer des scé-
narios de modélisations budgétaires précises. Il
faut voir le lien fondamental entre autonomie
des prévisions et possibilité d’auto-saisine et
information du Haut Conseil sur la consomma-
tion des crédits publics ou sur les données rela-
tives au prévisionnel mensualisé des recettes fis-
cales, afin de pouvoir le comparer à l’exécution.
Tout cela suppose des contacts étroits avec la
direction du Budget. Sinon aucune sonnette
d’alarme ne peut intervenir correctement !
La Fondation iFRAP propose de faire évoluer
l’approche du Haut Conseil en lui permet-
tant de faire ses propres chiffrages statistiques.
Par ailleurs, il serait important que les prévi-
sions et les avis adoptent suivant le principe de
précaution un biais pessimiste. Aux Pays-Bas,
le Bureau d’analyse de la politique économique,
organisme autonome dont l’indépendance est
assurée par une loi de 1945, propose deux scé-
narios économiques au gouvernement : un
correspondant à un taux de croissance écono-
mique qu’il considère comme le plus vraisem-
blable, un correspondant à une prévision de
croissance plus prudente. Le gouvernement
appliquera systématiquement le scénario le
plus prudent, préférant les bonnes surprises
aux mauvaises. L’exemple du Canada est éga-
lement riche d’enseignements : les hypothèses
économiques ne sont pas issues des analyses
de l’administration, mais d’une enquête réali-
sée par l’exécutif auprès du secteur privé. En
parallèle, pour pallier les éventuels aléas de la
conjoncture économique, le Canada met en
place un fonds : une réserve pour éventualité.
L’exemple canadien
L’expérience canadienne, en termes de règles budgétaires, nous offre une multitude
d’exemples. Les règles budgétaires ont été utilisées dans plusieurs épisodes d’assainisse-
ment budgétaire importants dans les provinces et au niveau fédéral.
Nous retiendrons ici la « revue des programmes » du tandem Chrétien-Martin. En trois ans,
le déficit qui atteint 6,6 % du PIB en 1994 est effacé. De 68 % du PIB en 1994, la dette tombe
à 22 % en 2007. Le gouvernement fédéral décide d’introduire une règle officielle sur les
dépenses en 1991, excluant le coût de la dette et les programmes autofinancés (assurance
chômage, loi sur la protection du revenu agricole). Le plafond autorise des augmentations
de dépenses mineures si elles sont compensées par des hausses d’impôts. Cependant, la
règle n’est pas prolongée en 1995 : le plafond est bien trop élevé pour le niveau de dépenses.
En effet, les dépenses fédérales passent de 120 milliards de dollars en 1993 à 105 milliards
trois ans plus tard.
En 1997, le ministre des Finances, Paul Martin, a créé une « réserve pour éventualité »
de trois milliards en cas d’imprévu. À l’époque, un point de croissance du PIB en moins
ampute les recettes de l’État de 2,8 milliards de dollars. Si les prévisions macrobudgé-
taires sont vérifiées et que la réserve n’est pas utilisée, les fonds sont alors automati-
quement alloués au remboursement de la dette. En 2003, une deuxième réserve, dite
« prudence économique » est créée par John Manley portant le « coussin » du gouverne-
ment à cinq milliards de dollars. Toutefois, les finances publiques sont systématiquement
meilleures que les anticipations du gouvernement : l’idée est abandonnée et la réserve
supprimée avec l’arrivée au pouvoir des Conservateurs en 2006.
Cette suppression fut une erreur puisque, dès 2008, le Canada renoua avec les déficits
avec 0,4 % du PIB, 4,9 % en 2009, et 5,6 % en 2010. Le Canada est aujourd’hui à 3 %
de déficit et 93,6 % de dette par rapport au PIB. Si la règle budgétaire et la réserve avaient
été maintenues, il est fort vraisemblable que déficit et dette auraient été moins élevés.
6. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
Proposition 2
Pour une règle budgétaire sur les dépenses
et sur l’équilibre budgétaire
❙ Fixer légalement la trajectoire budgétaire
du retour à l’équilibre pour 2018.
Il est aujourd’hui improbable de voir le solde
budgétaire français revenir à l’équilibre avant
une durée minimale de quatre ans pour les plus
optimistes. Un assainissement des comptes
publics signifie des réformes structurelles
conséquentes et des effets récessifs de court
terme sur l’activité économique. Un tel effort
budgétaire ne peut s’obtenir qu’à moyen
terme. L’ajustement budgétaire de 50 milliards
d’euros établi dans le dernier Programme de
stabilité est considérable, du jamais vu jusqu’à
présent. Prenons quelques ordres de grandeur :
50 milliards d’euros, c’est le montant du
service de la dette publique sur une année ;
c’est 2,4 points du PIB et 4 % des dépenses
totales de l’État et des collectivités.
La Fondation iFRAP propose d’inscrire légale-
ment le retour à l’équilibre en tant que dispo-
sition transitoire. Les déficits publics – Projet
de loi de finances (PLF) et Projet de loi de
finances de la Sécurité sociale (PFLSS) – hors
cycle économique sont, en points de PIB, au
plus de :
2014 2015 2016 2017 2018
- 4,30 % - 3,30 % -2,30 % - 1,30 % -0,30 %
❙ Fixer un plafond de dépense publique
maximum à 52 % du PIB en 2018.
Par la suite, la loi est complétée par deux dis-
positions :
❙ l’équilibre du PLF et du PLFSS (à répartir
entre PLF et PLFSS) : à partir de 2019, le PLF
est voté au moins à l’équilibre. L’équilibre s’en-
tend par rapport au niveau de richesses créées
hors incidences de la conjoncture économique ;
❙ l’équilibre du budget des collectivités locales :
les collectivités locales ne peuvent s’endetter
que pour financer des investissements.
La règle proposée ici est simple et est sem-
blable à la règle d’or du TSCG. Sur l’ensemble
d’un cycle conjoncturel, le montant total
des dépenses ne doit pas excéder celui des
recettes. Le TSCG autorise un déficit struc-
Enfin, il nous semble important que le Haut
Conseil dispose de la faculté d’intervenir à
n’importe quel moment du cycle budgétaire,
dans la mesure où la dégradation ou l’amélio-
ration significative de la situation économique
le recommande. L’OBR (Office of Budget Res-
ponsability) britannique ou le SFPC (Swedish
Fiscal Policy Council) ont tous deux la faculté
d’éclairer le débat économique public par
des prévisions autonomes et surtout spontanées.
13
Les objectifs annuels du Programme de stabilité 2014/2017 pour la France sont les suivants :
2012 2013 2014 2015 2016 2017
◾ Déficit public (au sens de Maastricht)
◾ Déficit structurel
-4,9 %
-4,0 %
-4,3 %
-2,9 %
-3,8 %
-2,1 %
-3,0 %
-1,2 %
-2,2 %
-0,8 %
-1,3 %
-0,3 %
7. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
14
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
turel de 0,5 % du PIB, ce qui revient à dire
qu’un solde déficitaire maximum de 0,5 %
est autorisé sur l’ensemble du cycle écono-
mique. Sur cette base est créé un plafond des
dépenses annuel en fonction du montant des
recettes, corrigé d’un facteur qui tient compte
de la situation conjoncturelle. S’agissant d’un
plafond glissant sur trois ans comme pour
la Suède, l’élaboration du budget d’une année t
doit respecter le plafond de la dépense qui a été
fixé et approuvé par le Parlement à t -3. Ce pla-
fond cadrerait la trajectoire financière globale
de l’ensemble des administrations publiques :
les organismes divers de l’administration cen-
trale, les administrations publiques locales,
et les administrations de Sécurité sociale, et
ceci afin d’éviter tout point de fuite. Si le taux
de croissance économique est supérieur à la
moyenne du cycle, le plafond des dépenses
est inférieur aux recettes et les comptes de
l’État sont excédentaires. Inversement, les
administrations publiques consolidées peuvent
enregistrer des déficits en bas de cycle. Un tel
mécanisme permet une souplesse et laisse la
possibilité au gouvernement de confectionner
des politiques budgétaires contracycliques.
La question redoutable est la détermination du
« cycle économique ». Il faut éviter à tout prix
que le cycle économique ne soit « délimité »
en fonction du cycle politique par exemple.
Ce serait une des missions du Haut Conseil aux
finances publiques que de se prononcer sur ce
point au vu des séries statistiques disponibles.
La question principale est l’application du pla-
fond de dépenses à l’ensemble des administra-
tions et donc en particulier sa compatibilité avec
la libre administration des collectivités locales,
principe inscrit dans la Constitution. Dans
l’exemple suisse (le plus abouti), les cantons ne
sont pas concernés par la règle générale de maî-
trise budgétaire.Pourtant,ceux-ci peuvent voter
sur la base du volontariat la mise en place d’un
plafond quant à leurs dépenses.Pour la compati-
bilité avec la libre administration des collectivités
territoriales, il y a une réponse (partielle) dans
le cadre de la loi de réforme de l’organisation
territoriale :« solidarisation des collectivités terri-
toriales » face aux risques de sanction européenne
et « chaînage » des compensations lors des trans-
ferts de compétence. On pourrait donc y ajouter
des objectifs contractualisés avec les collectivités
volontaires ayant une certaine taille critique.
❚❚ 11 Néan-
moins, ces
dépenses
fonctionnent
selon des prin-
cipes assez
différents de
notre système
de Sécurité
sociale, que ce
soit pour les
dépenses
de santé ou
de retraite,
qui constituent
l’essentiel des
dépenses. En
particulier pour
les retraites,
celles-ci étant
majoritaire-
ment gérées
par capitalisa-
tion. Le pro-
blème de
la dérive des
dépenses
sociales
ne se pose
donc pas du
tout avec
la même acuité
qu’en France.
La Suisse : le choix de l’équilibre budgétaire sur le cycle
Le modèle suisse dispose de plusieurs avantages : contraignant et relativement rigide
dans ses cibles, il impose un objectif d’équilibre sur l’ensemble du cycle économique.
Mis en place depuis plus de dix ans, il a montré son efficacité. Lorsqu’une règle est suivie,
elle est efficace. Il dispose d’un compte « notionnel » permettant d’enregistrer les écarts
par rapport à la prévision et de les corriger dès que possible. En second lieu, le frein à
l’endettement suisse ne s’applique pas aux dépenses de Sécurité sociale11
. Cet élément
de « souplesse », le différentie clairement du modèle suédois, moins rigide mais aussi
efficace sur longue période. Enfin, des dispositifs analogues existent au niveau des
cantons. Les finances des États fédérés (équivalents de nos collectivités territoriales)
sont donc également sous contrôle.
Traditionnellement rigoureux concernant leurs finances publiques, la totalité des exercices
budgétaires fédéraux helvétiques entre 1990 et 2000 ont été déficitaires. Une inquiétude
croissante s’est emparée du débat public vis-à-vis du laxisme budgétaire, et ce malgré
un taux d’endettement relativement bas par rapport aux pays européens (50 %).
Bien que des dispositions supposément contraignantes fussent déjà en place dans
la Constitution, aucun mécanisme de mise en œuvre ne les rendait effectives.
La Suisse introduisit en 2001 un mécanisme de « frein à l’endettement », mécanisme que
les Suisses plébiscitent par référendum (85 % de « oui »). L’article 126 est renforcé et com-
plété par une loi d’organisation budgétaire. Le premier budget concerné fut celui de 2003.▶
8. 15
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
❙ Art. 12612
Gestion des finances
1. La Confédération équilibre à terme ses dépenses et ses recettes.
2.Leplafonddesdépensestotalesdevantêtreapprouvéesdanslebudgetestfixéenfonction
des recettes estimées, compte tenu de la situation conjoncturelle.
3. Des besoins financiers exceptionnels peuvent justifier un relèvement approprié du pla-
fond des dépenses cité à l’al. 2. L’Assemblée fédérale décide d’un tel relèvement confor-
mément à l’art. 159, al. 3, let. c.
4. Si les dépenses totales figurant dans le compte d’État dépassent le plafond fixé
conformément aux al. 2 ou 3, les dépenses supplémentaires seront compensées
les années suivantes.
5. La loi règle les modalités.
La cible de la règle budgétaire suisse est l’équilibre à terme du budget fédéral. La mise
en œuvre de la règle budgétaire repose sur un encadrement très précis du processus
budgétaire :
• La procédure pour une année t commence à l’année t -1 en plafonnant les dépenses.
Le plafond est calculé en fonction des prévisions des recettes et d’un coefficient intégrant la
situation conjoncturelle. Le coefficient correspond au rapport entre le PIB potentiel anticipé13
et le PIB effectif anticipé14
;
• Pendant la phase basse du cycle économique, les recettes diminuent mais le coefficient
est supérieur à un : le plafond est alors peu affecté. En haut de cycle, le mécanisme de frein
à l’endettement suisse permet d’enregistrer des budgets excédentaires ;
• Lors de l’année t +1 et en utilisant les données exécutées (et non les prévisions de recette),
le plafond est recalculé et comparé aux dépenses effectives. L’écart est alors soit crédité soit
débité à un compte de compensation. L’étendue du déficit autorisé en cas de ralentissement
de l’activité économique dépend de l’écart de production entre le PIB effectif et le PIB poten-
tiel. De cette manière, les déficits sont compensés et les objectifs de soutenabilité de la dette
sont satisfaits.
Également, en cas de dépenses extraordinaires, une clause permet de relever le plafond
seulement avec l’accord de l’Assemblée fédérale (le Conseil national et le Conseil des États).
Le relèvement du plafond ne concerne que les dépenses exceptionnelles. De cette façon,
cette clause est susceptible d’être plus efficace qu’une simple suspension du plafond.
À partir de 2008, une règle complémentaire vient renforcer le mécanisme suisse. Le compte
de financement de la Confédération affiche alors un déficit de 3,6 milliards de francs :
excédent de 7,5 milliards pour le « budget ordinaire » et un trou abyssal pour le « budget
extraordinaire »15
. Le principe de ce compte d’amortissement consiste à compenser dans
un laps de temps donné les déficits du budget extraordinaire16
par le biais du budget ordi-
naire, pour autant que ce dernier soit préalablement assaini.
Au final, on peut retenir que la loi suisse reste abstraite et ne pose que les fondamentaux
du mécanisme sans donner d’objectifs chiffrés. Des règles constitutionnelles intégrant
des cibles fixes peuvent présenter une trop grande rigidité dans des situations où la cible
doit être redéfinie, à la suite d’un choc économique ou d’une modification de variables éco-
nomiques et sociales par exemple (le vieillissement de l’économie, l’inflation, etc.).
❚❚ 12 Accepté
en votation
populaire du
2 décembre
2001,
en vigueur de-
puis le 2 dé-
cembre 2001.
❚❚13Voir
glossaire
page 23.
❚❚14Voir
glossaire
page 23.
❚❚ 15 Conseil
fédéral suisse.
2008. « Mes-
sage sur la
règle complé-
tant le frein
à l’endette-
ment ».
En ligne
sur le site.
www.admin.ch
❚❚16Voir
glossaire
page 23.
▶
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Solde
budgétaire
-1,4 -1,3 -0,6 0,9 1,3 1,8 0,5 0,2 0,4
Dette 53,4 52,8 52,8 45,4 41,8 39,2 37,7 36,3 35
Suisse : évolution de la situation budgétaire des administrations publiques consolidées
9. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
16
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
La Suède : une cible budgétaire plus ambitieuse
et une vision à très long terme
Suite au ralentissement économique des années 1990 et à la dégradation des finances
publiques, le pays met en œuvre une politique de consolidation budgétaire. Un nouveau
cadre budgétaire est progressivement institué entre 1997 et 2000 et repose sur trois com-
posantes :
• une procédure budgétaire « du haut vers le bas », basée sur la détermination préalable
d’un plafond de la dépense en termes nominal et triennal glissant : l’élaboration du budget
d’une année t doit respecter le plafond de la dépense qui a été fixé et approuvé par le Par-
lement à t -3 ;
• le solde cumulé de l’ensemble des administrations publiques doit être excédentaire de
2 % du PIB au cours du cycle économique. Suite à la déclaration d’Eurostat de ne plus
intégrer les comptes des caisses de retraite par capitalisation dans les comptes des admi-
nistrations publiques, la cible est ramenée à 1 % en 2007. Les excédents des années 2000
s’expliquaient par les excédents des caisses de retraite. Le maintien de la cible de 2 % aurait
représenté un durcissement de la règle budgétaire ;
• le niveau administratif local est soumis à une règle d’équilibre budgétaire qui n’implique
pas de sanctions. Si la règle n’est pas respectée, le déficit doit être compensé dans
les trois années.
Un point sur la règle d’or allemande
La règle d’or allemande quant à elle, existe depuis 1949 dans la loi fondamentale allemande
(Constitution allemande). L’article 110 stipule que « les recettes budgétaires et les dépenses
doivent s’équilibrer » ; l’article 115 : « Le produit des emprunts (souscrits par le pays) ne doit
pas dépasser le montant des crédits d’investissements inscrits au budget », « ne peut déro-
ger à cette règle que pour lutter contre une perturbation de l’équilibre économique global. »
Cependant, la règle n’a pas empêché les autorités allemandes de déroger à la règle plus
d’une dizaine de fois depuis 1970. Depuis 2009, l’article 115 a été complété par un « frein
à l’endettement » : l’État fédéral ne pourra souscrire des emprunts qu’à hauteur de 0,35 %
du PIB à partir de 2016.
Ceci montre que même inscrite dans la Constitution, l’efficacité de la règle n’est pas auto-
matique. Le point le plus important concerne la procédure de vérification de la conformité
du budget à la cible : la procédure ex ante porte sur le budget, à l’issue du vote alors que
la procédure ex post porte sur son exécution, à la clôture des comptes. À un niveau natio-
nal et avec une règle constitutionnelle, un projet de loi de finances qui ne respecterait pas
la cible pourrait faire l’objet d’une annulation auprès de la Cour constitutionnelle (Conseil
constitutionnel en France).
Cette solution est intéressante car elle consiste en une norme de caractère contraignant :
c’est la force du modèle allemand et par comparaison, on le verra, la faiblesse du modèle
suédois par rapport au cas de la France où les pratiques budgétaires ont le plus souvent
été contournées : norme de dépense, norme de déficit, débudgétisation.
▶
10. 17
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
❚❚ 17 Voir
glossaire
page 23.
❚❚ 18 Schwengler
Bernard,
« Les règles
budgétaires,
une alchimie
délicate ».
Revue française
d’économie
Vol. 27 :
63-95, 2012.
Suède : évolution de la situation budgétaire des administrations publiques consolidées
Cela ressemble à la loi de finances pluriannuelle en France, en traçant une trajectoire
financière, mais elle n’est pas contraignante et est remise en cause à chaque loi de finances.
Le plafond des dépenses ne concerne que les dépenses primaires17
(assurance chômage
comprise) et les dépenses des systèmes de retraite. Comme les dépenses d’assurance
chômage sont comptabilisées, le plafond ne peut être ajusté en fonction de la situation
économique (ces dépenses sont tributaires de la conjoncture économique). Cependant,
une marge dans la fixation du plafond permet d’intégrer les augmentations de dépenses
imprévues, tout en respectant la limite fixée. Une souplesse qui favorise le risque de contour-
nement de la règle.
Comme pour la Suisse, la cible budgétaire est prise en compte sur l’ensemble du cycle
économique. Ce dispositif correspond à la volonté de permettre des variations importantes
du solde annuel en fonction de la situation conjoncturelle. Il permet des déficits automa-
tiques et discrétionnaires, du moins au moyen de baisses d’impôts. En réalité, les autorités
n’utilisent pas la politique budgétaire pour la dimension active de la politique conjoncturelle,
celle-ci est prise en charge par la Banque centrale et relève de la politique monétaire18
.
Le choix d’une cible de 2 % puis de 1 % résulte d’une réflexion menée sur le très long
terme : l’objectif de dette pour 2025 est fixé à 20 % du PIB et pour 2050 à 50 % du PIB,
du fait du vieillissement démographique.
Concernant son support juridique, le cadre budgétaire suédois repose essentiellement sur
des lois ordinaires et non sur des lois constitutionnelles comme pour la Suisse. Ce dispositif
a la caractéristique d’être souple : le plafond pour l’année t pourrait en principe être modifié
à t -2 et à t -3 par le vote d’une nouvelle loi. Mais de telles modifications n’ont pas eu lieu.
Dans les faits, le gouvernement a, à quatre reprises, présenté un plafond sur les dépenses
en refusant de s’engager sur la troisième année. L’objectif de surplus budgétaire, quant
à lui, correspond à un engagement politique, sans sanction formelle en cas de non-respect.
En 2007, est créé le Conseil pour la politique budgétaire. L’idée date de 2000 : l’objectif
du Swedish fiscal policy council est de mieux encadrer la politique budgétaire en cas
d’adhésion à l’euro. La Banque centrale suédoise ne pouvant plus utiliser son levier moné-
taire contracyclique, il aurait fallu plus de dynamisme concernant la politique budgétaire :
des déficits plus importants en bas de cycle et des surplus plus élevés en haut de cycle.
Le référendum de 2003 coupe court à toute entrée dans l’euro, pourtant le projet de créa-
tion est repris en 2006. Le mandat confié au comité budgétaire est large : évaluation de
la qualité des prévisions économiques du gouvernement, évaluation de la conformité de
la politique budgétaire avec les objectifs des règles budgétaires, de soutenabilité
des finances publiques, de croissance économique et de plein-emploi.
Globalement, le cadre budgétaire de moyen terme a prouvé son efficacité et a mené à
la mise en place de politiques budgétaires prudentes. En particulier, les différents plafonds
de dépenses ont été respectés. La Suède est le seul pays (sans compter le Luxembourg
et l’Estonie qui sont de tout petits pays) à avoir systématiquement respecté les critères de
convergence de Maastricht.
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Soldes publics -1,3 -1 0,6 2,2 2,3 3,6 2,2 -0,7 0,3 0,2 -0,6 -1,1
Dette publique 53,9 54,7 52,5 51,7 50,3 50,4 45,2 40,2 38,8 42,6 39,4 38,6 38,3 40,6
▶
11. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
18
Proposition 3
Inscrire un maximum de 50 % de dépenses publiques
par rapport au PIB dans la Constitution en 2022,
corrigé de l’impact démographique
Le solde primaire se définit comme le solde
des finances publiques hors charge de la dette.
Un objectif prioritaire pour le gouvernement
français (par rapport notamment à son homo-
logue italien), serait de parvenir à dégager de
façon pérenne un excédent primaire, permet-
tant de nourrir le désendettement. À cette fin,
il serait possible de s’inspirer de l’exemple
budgétaire suédois. Définir une trajectoire des
finances publiques à l’équilibre sur le cycle
économique, mais incluant (comme en Suède)
une « surbudgétisation » (dépenses annuelles
limitatives indépassables), permettant de
dégager, en exécution, un excédent primaire.
Ce processus se traduirait par le calibrage d’une
« réserve de précaution » qui, traduite en annu-
lation partielle de crédits, permettrait de déga-
ger cet excédent.
Comme énoncé dans le Pacte de stabilité
européen, la règle budgétaire doit désormais
être inscrite dans les législations nationales.
L’adoption du budget se traduisant par le
vote d’une simple loi ordinaire, un ancrage
dans une norme d’un niveau supérieur est
indispensable pour que la règle budgétaire
puisse contraindre le pouvoir budgétaire du
politique. La règle budgétaire française est
aujourd’hui sous la forme d’une loi orga-
nique. Est-il alors nécessaire d’inscrire la loi
dans la Constitution française comme l’avait
formulé Nicolas Sarkozy en 2010 ? Valé-
rie Pécresse, alors ministre du Budget, des
Comptes publics et de la Réforme de l’État
et porte-parole du gouvernement, disait qu’il
fallait « graver dans le marbre cette règle qui
relève du bon sens pour qu’aucun gouverne-
ment futur ne puisse se dérober face au retour
à l’équilibre ». Une règle ancrée constitution-
nellement aurait, a priori, un plus fort degré
de stabilité dans le temps, compte tenu de
la procédure de modification propre à la
Constitution et se justifierait dans des pays
comme la France ou l’Allemagne.
L’approcheaustralienne
Tout comme la Suisse, l’Australie n’a pas de loi spécifiant une cible budgétaire numé-
rique. L’approche australienne est basée sur des principes et exige du gouvernement
une « déclaration de stratégie budgétaire » (fiscal strategy statement) conforme à la loi (prin-
ciples of sound fiscal management). La déclaration doit spécifier les objectifs budgétaires
de moyen long terme et les politiques publiques pour y parvenir. La procédure ne prévoit
pas de sanction si les gouvernements ne respectent pas les cibles préalablement définies
dans le Statement. Cependant, ils devront le signaler via un document budgétaire annuel
(budget paper). Suite à l’introduction de ce cadre budgétaire en 1998, les gouvernements
de tous les bords politiques ont utilisé la déclaration pour sceller une stratégie budgétaire
de moyen terme et l’atteinte de l’équilibre budgétaire au cours d’un cycle économique.
En dehors du statement, les deux grands partis australiens s’engagent habituellement
à avoir un excédent budgétaire et à limiter la croissance des dépenses et des impôts.
Une approche basée sur des principes a l’avantage d’apporter le plus de flexibilité en cas
de crise économique.
12. 19
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
Des considérations politiques peuvent aussi contribuer à la mise au point de règles budgétaires
Les politiques de réduction de déficit sont presque toujours associées à l’amaigrissement
de l’État-providence, à la réforme des systèmes de retraite publics. De plus, il est démon-
tré que les consolidations budgétaires ont des effets récessifs, du moins à court terme.
En somme, ces politiques dites de « rigueur » ou d’« austérité » ont généralement des
conséquences négatives à court terme sur le bien-être de la population. Instinctivement,
tous ces éléments tendent à démontrer que ce type de politiques dites impopulaires,
engendre de lourdes sanctions politiques.
Cependant, une étude démontre que les efforts d’assainissement budgétaire des
années 1980 et 1990 des pays de l’OCDE n’ont relevé aucune preuve de sanctions élec-
torales systématiques pour les gouvernements appliquant des politiques budgétaires
d’austérité19
. De plus, le solde budgétaire corrigé des variations conjoncturelles est associé
positivement à la probabilité de réélection du gouvernement en place, une fois prises en
compte les autres variables macroéconomiques.
Concernant les 12 épisodes d’amélioration du solde budgétaire au Canada, rien ne montre
que les gouvernements qui ont fait des efforts d’assainissement s’en soient moins bien tirés
aux élections suivantes. La probabilité de réélection de 73 % est supérieure à la moyenne
de toutes les élections canadiennes fédérales et provinciales entre 1984 et 2007 (63 %)20
.
Proposition 4
Créer un véritable compte de compensation comme
en Suisse ou au Canada et doté d’un minimum
de dix milliards d’euros pour compenser les erreurs
de prévision du gouvernement
Un mécanisme de correction est un élément
prépondérant de la procédure de mise en œuvre
de la règle. Lors de l’élaboration d’un budget,
le gouvernement fait une estimation du niveau
de croissance économique, des recettes et des
dépenses de l’État. L’élasticité des dépenses
et des recettes provoque des déviations par
rapport à la cible. Dès lors, un compte d’ajus-
tement ou de compensation vise à corriger
a posteriori ces dépassements et ainsi à créer
une « intertemporalité » entre les budgets.
Les écarts sont crédités au compte de compen-
sation en cas d’écart positif et à l’inverse, sont
débités en présence d’un écart négatif. Ils sont
ainsi théoriquement compensés dans le temps.
Cela va au-delà de la réserve de précau-
tion puisque cette réserve est reportable. En
réalité, les ressources représentent des « droits à
tirer », c’est-à-dire de l’endettement toléré. On
pourrait également prévoir le report au sein du
compte des crédits non consommés. La ques-
tion essentielle pour basculer d’un système à
l’autre serait la situation du pays par rapport à
son solde primaire. En situation de déficit pri-
maire, un droit à tirer par emprunt est possible
tant que l’on procède pour ajuster le budget à
des annulations de crédits en fin d’exercice. En
excédent primaire, afin de booster le désendet-
tement, on peut compléter le léger recours à
l’endettement à court terme par l’abondement
du fonds par des crédits gelés, ou des ponctions
sur reliquats de crédits non consommés.
L’exemple suisse est de nouveau l’un des
plus opportuns. Comme nous l’avons vu,
les écarts entre la cible budgétaire et les dépenses
publiques sont enregistrés à un compte de com-
pensation et cumulés dans le temps. Si les écarts
dépassent 6 % des dépenses du budget fédéral
de l’année précédente, le plafond devra être
strictement respecté pendant trois ans.
❚ 19 Alberto
Alesina,
Roberto Perotti
and José Ta-
vares. 1998.
« The Political
Economy of
Fiscal Adjust-
ments ».
Brookings
Papers on
Economic
Activity (no
1).
❚ 20 Bureau
du directeur
parlementaire
du budget,
« Expérience
de l’assainis-
sement budgé-
taire et des
règles budgé-
taires
au Canada »,
2010.
13. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
20
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
« J’ai la conviction que l’efficacité d’une règle bud-
gétaire réside avant tout dans sa capacité à être
comprise par tous afin d’acquérir une véritable
dimension politique ».
▶ Que pensez-vous des exemples étrangers
de discipline budgétaire, notamment suisse
et suédois ?
La publication par l’Insee, en juin dernier, de
données faisant apparaître que la dette publique
s’établissait désormais à 93,6 % du Produit inté-
rieur brut (PIB) a montré l’absolue nécessité
d’une meilleure maîtrise de notre niveau d’endet-
tement. La situation actuelle est d’autant plus
préoccupante que notre déficit public est encore
bien supérieur au fameux déficit stabilisant le
ratio d’endettement, surtout si nous considérons
les prévisions économiques du Consensus Forecast,
moins optimistes que les hypothèses retenues
par le gouvernement…
Une réduction de la dette des administrations
paraît, aujourd’hui, plus que jamais nécessaire
dès lors que certains économistes ont récem-
ment démontré que les Français étaient bien plus
« ricardiens » que ce qui est généralement admis :
un assainissement des comptes publics serait
un facteur déterminant du retour de la confiance,
de la consommation et,donc,de l’investissement.
Dans ces conditions, le pilotage des finances
publiques sur la base du solde effectif et du solde
structurel me semble devoir être complété par des
règles portant spécifiquement sur le niveau d’en-
dettement public.La France est d’ores et déjà sou-
mise à une règle de dette en application du Pacte
de stabilité et de croissance « renforcé » ; lorsque
le déficit public sera revenu en deçà de 3 % du
PIB,notre pays devra réduire d’un vingtième par
an, sur une moyenne de trois ans, l’écart entre
son taux d’endettement et la valeur de référence
de 60 % du PIB… Mais la seule énonciation de
cette règle permet d’en entrevoir les limites : elle
ne trouvera à s’appliquer qu’à compter du retour
du déficit public en dessous de 3 % du PIB et elle
s’illustre par sa relative complexité et son manque
de lisibilité. Or, j’ai la conviction que l’efficacité
d’une règle budgétaire réside avant tout dans
sa capacité à être comprise par tous afin d’acqué-
rir une véritable dimension politique.
Aussi,pourrait-il être utile que notre pays dispose
de sa propre règle de dette, en sus des normes
découlant du cadre budgétaire européen, à l’ins-
tar de certains États membres de la zone euro,
comme depuis peu la Slovaquie. L’examen de
la prochaine loi de programmation des finances
publiques par le Parlement,à l’automne prochain,
serait susceptible de constituer une occasion d’ap-
profondir, voire de faire aboutir, la réflexion en
ce sens. Par conséquent, nous gagnerions à nous
imprégner des exemples étrangers, tout en gar-
dant à l’esprit que toute règle budgétaire doit être
adaptée à l’environnement économique,social et
politique dans lequel elle s’inscrit. En particulier,
parce qu’ils ont fait la preuve de leur efficacité,
les mécanismes de frein à l’endettement suédois
et suisse doivent retenir toute notre attention.
▶ La Fondation iFRAP propose d’inscrire un maxi-
mum de dépenses publiques par rapport au PIB
dans la Constitution avec un objectif chiffré de
niveau organique et de créer un compte de com-
pensation. Que pensez-vous de ces propositions ?
Il ne fait aucun doute qu’un meilleur pilotage de
la dépense publique est indispensable,en particu-
lier lorsque celle-ci excède 57 % du PIB, comme
Sénateur de l’Oise, président de
la commission des Finances du Sénat.
Entretien avec
Philippe Marini
DR
14. 21
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
c’est le cas en France. Aussi, bien que je partage
l’objectif poursuivi à travers la proposition consis-
tant à arrêter des cibles contraignantes définies
en termes de part de la dépense publique dans
le PIB, je souhaite rappeler que la « discipline »
juridique ne remplacera jamais la volonté poli-
tique. Les règles de droit de cette nature sont
aisément contournables ; d’ailleurs, l’expérience
a montré qu’elles l’étaient souvent. Telle est la
position que j’ai constamment défendue, en par-
ticulier aux côtés de JeanArthuis dans notre rap-
port de juin 2011 sur le projet de loi constitution-
nelle relatif à l’équilibre des finances publiques.
Par la suite, l’enjeu réside plus, selon moi, dans
notre capacité à faire vivre politiquement la tra-
jectoire de la dépense publique inscrite dans les
lois de programmation.
En outre, comme le fait apparaître, en creux,
l’étude de la Fondation iFRAP, le plafonnement
de la dépense publique devrait nécessairement
s’accompagner d’un pilotage tout aussi rigou-
reux des recettes publiques – et, notamment,
des « niches » fiscales et sociales. Il faut, à ce
titre, rappeler les conclusions du rapport sur la
situation des finances publiques rendu par Paul
Champsaur et Jean-Philippe Cotis en 2010,dans
lequel il était indiqué que « la dégradation de
nos finances publiques est tout autant due à une
maîtrise insuffisante de la dépense qu’à des allé-
gements de prélèvements obligatoires décidés
parfois à contretemps ».
Par ailleurs, il ne peut être ignoré que la fixation
d’un niveau maximal de la dépense publique dans
le PIB au sein de la Constitution serait susceptible
de se heurter à certaines résistances. Loin de se
résumer à la problématique du pilotage budgé-
taire, une telle opération renverrait à des choix
politiques et sociaux de première importance
portants, notamment, sur les fonctions devant
être assurées par les administrations publiques.À
cet égard, il convient de rappeler que la relative
faiblesse de la dépense publique dans le PIB des
États-Unis résulte, en partie, de ce qu’une large
part des dépenses de protection sociale relève du
secteur privé. Si la question du « périmètre » de
l’État et des autres administrations mérite d’être
posée,elle se doit de l’être en tant que telle et non
pas seulement dans une perspective budgétaire.
Enfin, s’agissant de la création d’un compte de
compensation ayant vocation à participer,a poste-
riori,à la correction des dépassements des cibles
budgétaires, une telle proposition s’inscrit dans
la posture prudente qui doit,selon moi,prévaloir
enmatièredefinancespubliques.Celle-cia,enpar-
ticulier,pour vertu d’exiger une correction immé-
diate des écarts apparus par rapport à la trajectoire
budgétaire. Une telle exigence serait loin d’être
neutre tant il est plus aisé de repousser à demain
les mesures nécessaires au rééquilibrage des
comptes publics, notamment lorsqu’un gouver-
nement s’inscrit dans une perspective plurian-
nuelle…
▶ Que pensez-vous de notre proposition
de renforcer les pouvoirs du HCFP, en lui conférant
une double capacité nouvelle d’auto-saisine
et de chiffrage autonome ?
La France a retenu une solution a minima dans
la prise en compte des obligations résultant
du « two-pack », entré en vigueur en mai 2013.
En effet, en application de la loi organique rela-
tive à la gouvernance et à la programmation des
finances publiques, le Haut Conseil des finances
publiques (HCFP) ne peut donner qu’un avis sur
les prévisions macroéconomiques sur lesquelles
reposent les projets de textes financiers,alors que
dans d’autres pays,la « production » de telles pré-
visions a été confiée à des entités indépendantes.
Il ne fait aucun doute que la création du Haut
Conseil a permis une nette amélioration du « réa-
lisme » des hypothèses économiques retenues ;
il faut dire que les pratiques gouvernementales
s’étaient toujours illustrées, par le passé, par leur
particulier optimisme.Malgré tout,je ne suis pas
absolument convaincu que l’actuel gouvernement
ait totalement renoncé à donner quelques « coups
de pouce » à ses prévisions, de manière à embel-
lir les perspectives pluriannuelles des finances
publiques. J’en veux pour preuve l’hypothèse
de croissance de l’activité pour les années 2016
et 2017, estimée à 2,25 % dans le cadre du der-
nier Programme de stabilité ; cette hypothèse,
en dépit des critiques formulées par le HCFP et
de son évident optimisme, demeure au fonde-
ment des travaux de programmation présentés par
le gouvernement jusqu’à présent.
15. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
22
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
Dès lors, conférer au Haut Conseil des finances
publiques la possibilité de produire ses propres
prévisions macroéconomiques, voire imposer
l’utilisation de ces dernières pour l’élaboration
des projets de budget, permettrait sans doute de
fiabiliser la trajectoire budgétaire. À cet égard,
s’inscrivant dans une préoccupation proche,
le Sénat avait précisé dans la loi organique rela-
tive à la gouvernance et à la programmation des
finances publiques, à mon initiative, la capacité
du HCFP à faire appel à des personnalités exté-
rieures à l’administration. En outre, attribuer
une capacité d’auto-saisine à cette institution
permettrait d’éclairer les débats et, surtout,
de faire apparaître, le cas échéant, la nécessité
d’ajuster en cours d’année le budget adopté
à l’automne précédent.
Ceci est vrai pour les prévisions conjoncturelles,
mais également pour celles relatives au PIB poten-
tiel et à la croissance potentielle.Ces données ont
acquis une importance déterminante depuis la
mise en place, à la suite de l’entrée en vigueur
du Traité sur la stabilité, la coordination et la
gouvernance (TSCG), d’une règle budgétaire
définie en termes de solde structurel – celui-ci
étant calculé,rappelons‑le,à partir de l’hypothèse
de PIB potentiel. Or, il est aisé d’afficher une
amélioration continue du solde structurel si l’hy-
pothèse de croissance potentielle retenue pour
la période de programmation est surévaluée…
À cet égard,l’examen prochain de la nouvelle loi
de programmation des finances publiques consti-
tuera un moment de vérité :pour la première fois,
le Haut Conseil aura à s’exprimer sur l’estimation
de PIB potentiel proposée par le gouvernement.
Aussi pourrait-il être utile, pour les parlemen-
taires notamment, que celui-ci expose sa propre
évaluation du PIB potentiel.
Pour autant, et ce point me semble fondamental,
il sera essentiel qu’une fois la prochaine loi de
programmation des finances publiques adoptée,
le HCFP retienne pour référence la trajectoire de
PIB potentiel fixée dans ce cadre pour contrôler
l’évolution du solde structurel. Cette obligation,
inscrite dans la loi organique précitée à l’initia-
tive du Sénat, permet d’assurer le maintien des
méthodes et des hypothèses à partir desquelles
a été bâtie la trajectoire budgétaire.
▶ Enfin, en tant que membre du Conseil
des finances locales, pensez-vous que
la sensibilisation des collectivités territoriales
par un mécanisme de partage des responsabili-
tés financières par rapport aux sanctions éven-
tuelles de l’Union européenne constitue une dis-
position suffisamment incitative à la vertu bud-
gétaire locale ?
L’article 33 du projet de loi portant sur la nou-
velle organisation territoriale de la République
prévoit, en effet, de faire participer les collectivi-
tés territoriales au paiement des amendes résul-
tant de la reconnaissance de manquements de
la France aux normes européennes lorsque de
tels manquements sont constatés dans le cadre
de l’exercice d’une compétence décentralisée.
Si la responsabilisation des collectivités s’agis-
sant du respect du droit de l’Union européenne
semble constituer le corollaire du principe de libre
administration consacré par la Constitution, une
telle mesure ne paraît pas de nature à renforcer
le pilotage des finances locales. Telle n’est pas,
en tout cas, sa finalité.
Mais le mécanisme ainsi proposé renvoie,
indiscutablement,à une question qui se posera
nécessairement au cours des prochains mois,
en particulier lors de l’examen de la nouvelle
loi de programmation des finances publiques :
selon quelles modalités sera déterminée
la participation des collectivités territoriales
au respect des règles budgétaires euro-
péennes et, notamment, à la correction de
l’écart constaté entre les déficits réalisés et les
objectifs retenus dans le cadre de la program-
mation ? L’effort sera-t-il réparti en fonction
de la part de chacun des sous-secteurs des
administrations publiques dans la dépense
publique ? Le sera-t-il en fonction de la « res-
ponsabilité » de chacun d’eux dans l’apparition
de l’écart observé ? Sera-t-il tenu compte de
la nature des dépenses supportées par ces
différents sous-secteurs et des effets possibles
de leur réduction sur l’activité économique ?
Toutes ces interrogations demeurent,à ce jour,
sans réponse mais devront être examinées
avec le plus grand soin dans un avenir proche.
16. 23
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
Glossaire
❙ Solde structurel : solde public corrigé des
effets du cycle économique. Celui-ci repose lui-
même sur la définition du PIB potentiel.
❙ PIB potentiel : celui-ci représente l’offre de pro-
duction qu’une économie est capable de soute-
nir durablement sans poussée inflationniste. On
appelle « écart de production » la différence entre
le PIB potentiel et le PIB effectif. C’est l’indica-
teur de la position de l’économie dans le cycle.
❙ Dépenses structurelles : pour calculer
le solde structurel, on définit les dépenses
et recettes structurelles des administrations
publiques comme les dépenses et recettes
qui se réaliseraient si le PIB était égal à son
potentiel, c’est-à-dire si l’économie n’était ni en
excès ni en déficit de demande. Les recettes et
dépenses conjoncturelles sont définies comme
les différences entre recettes et dépenses effec-
tives et recettes et dépenses structurelles.
Côté dépenses, seules les dépenses d’in-
demnisation du chômage sont considérées
comme de nature conjoncturelle.
❙ Côté recettes tous les Prélèvements obliga-
toires (PO) sont supposés cycliques, tandis
que les recettes hors PO sont supposées ne pas
l’être. Puisque la sensibilité des rentrées fiscales
à la conjoncture est différente d’un impôt à l’autre,
les recettes structurelles sont obtenues en cor-
rigeant les recettes effectives des effets du cycle
à partir des élasticités des principaux impôts
à l’écart à la production (extraits de Les Cahiers
de la DGTPE, décembre 2009, n° 2009-13).
❙ Dépenses primaires/Solde primaire : écart
entre les dépenses hors prise en compte
de la charge de la dette et les recettes.
❙ Politique (budgétaire) contracyclique :
il s’agit d’un ensemble de mesures écono-
miques (ou plus strictement budgétaires) prises
à court terme, en fonction de la position dans
le cycle économique (période hypothétique,
d’une durée déterminée, qui correspond plus
ou moins exactement au retour d’un même
phénomène économique). Ces politiques visent
à soutenir l’activité en cas de déprime écono-
mique ou inversement, à freiner l’activité en cas
de surchauffe. Cette notion s’oppose
à celles de mesures pro cycliques, qui sont
des mesures qui renforcent la tendance haus-
sière ou baissière de l’économie.
❙ Administrations publiques consolidées :
Administrations publiques centrales, locales
et de Sécurité sociale (APU). Elles représentent
l’ensemble des unités institutionnelles qui pro-
duisent des services non marchands ou effec-
tuent des opérations de redistribution du revenu
et des richesses nationales. La majeure partie
de leurs ressources provient des contributions
obligatoires. C’est le cumul de leurs soldes
respectifs qui constituent le déficit et la dette
publics consolidés.
❙ Consensus des conjoncturistes : faisceau
d’indicateurs macroéconomiques censé éclairer
le gouvernement sur sa politique budgétaire.
Cette expression vient de Consensus Forecast,
site de publications de prévisions conjonc-
turelles de données macroéconomiques et
budgétaires pour plus de 85 pays. Pour les
principaux pays, des prévisions individuelles
d’instituts de conjoncture et des moyennes
sont publiées.
❙ Budget extraordinaire : par opposition au
budget ordinaire dont les dépenses (ordinaires)
sont couvertes par des recettes courantes,
c’est-à-dire périodiques. Les dépenses extraor-
dinaires sont couvertes postérieurement
ou préalablement par des subventions pour
investissement.
Traité de Maastricht, pacte de stabilité
et de croissance, Traité sur la stabilité,
la coordination et la gouvernance…
Le traité de Maastricht signé en février 1992,
ratifié par la France en septembre 1992 par
référendum et entré en vigueur le 1er
novembre
1993, prévoit que les pays de l’Union euro-
péenne peuvent participer à l’Union écono-
mique et monétaire (UEM), à condition de
remplir cinq « critères de convergence ». L’ob-
jectif du critère concernant la dette publique est
d’éviter que la dette d’un État de la zone euro
ne devienne insoutenable. Le critère relatif au
déficit public procède pour sa part d’un double
constat. Auparavant, lorsqu’un pays conduisait
seul une relance budgétaire, il en concentrait
les inconvénients et ses partenaires en reti-
raient surtout des avantages (ex. des dépenses
publiques destinées à relancer sa demande se
traduisaient par une hausse des exportations
17. Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
24
ÉTUDE ❚ RÈGLES BUDGÉTAIRES
de ses principaux partenaires commerciaux).
Cela n’est plus le cas dans l’UEM. L’existence
de ces « externalités négatives » justifiait une
forte coordination des politiques budgétaires
ou, à défaut, l’adoption de règles minimales
permettant d’encadrer les politiques budgé-
taires, comme l’obligation d’un déficit public
inférieur à 3 % du PIB.
Des critères de convergence de Maastricht
précisés en 1997 par le Pacte de stabilité et
de croissance.
Les critères de Maastricht ont été précisés
et complétés par le Pacte de stabilité et de
croissance adopté par le Conseil européen
d’Amsterdam en juin 1997.
Les États de la zone euro se sont engagés :
• à parvenir à une position budgétaire
« proche de l’équilibre ou en excédent
à moyen terme », sans dépasser pour autant
le seuil de 3 % du PIB de déficit public ;
• à présenter chaque année au Conseil des
ministres européens de l’Économie et des
Finances « un Programme de stabilité »,
dans lequel ils communiqueront régulièrement
leurs prévisions de croissance et de politique
budgétaire pour les trois années suivantes.
• par ailleurs, les États de l’Union européenne
ont harmonisé (sous l’égide d’Eurostat) leurs
modes de calcul de la dette et du déficit
publics.
Enfin, ils ont mis en place deux types de pro-
cédures :
❙ une procédure d’examen et de surveillance
mutuelle de leurs politiques économiques
et de l’évolution de leurs finances publiques.
Le Conseil adopte ainsi chaque année
les « grandes orientations des politiques écono-
miques » pour l’ensemble des États membres
de l’Union, rend un avis sur les programmes
de stabilité, et peut adresser une recomman-
dation aux États membres dont la politique
économique compromettrait le bon fonctionne-
ment de l’Union européenne ;
❙ une procédure de sanction. En cas de déficit
supérieur à 3 % du PIB, le Conseil peut propo-
ser une stratégie d’actions à entreprendre
dans les dix mois sous peine de sanctions.
Ces sanctions prennent la forme d’un
dépôt non rémunéré d’un montant variable
(entre 0,2 % et 0,5 % du PIB du pays concerné
selon le niveau du déficit), qui n’est restitué
que s’il est remédié au déficit excessif dans
un délai de deux ans. Cette procédure de
sanction prévoit tout de même quelques déro-
gations, notamment en cas de « circonstances
exceptionnelles », comme une baisse du PIB
de plus de 2 % en glissement annuel.
Des critères confirmés par un nouveau traité
entré en vigueur le 1er
janvier 2013.
Suite au Conseil européen du 9 décembre
2011, vingt-cinq pays de l’Union européenne
(les 27 moins le Royaume-Uni et la République
tchèque), ont signé le 2 mars 2012, lors d’un
Conseil européen à Bruxelles, un Traité sur la sta-
bilité, la coordination et la gouvernance au sein
de l’Union économique et monétaire, qui instaure
davantage de discipline budgétaire dans la zone
euro. Les éléments principaux de ce texte sont :
❙ la « règle d’or » budgétaire et son inscription,
« de préférence », dans la Constitution ;
❙ la correction automatique du non-respect
des déficits autorisés ;
❙ l’établissement de sanctions de la part de
la Cour de justice de l’Union européenne s’agis-
sant de la mise en place des règles d’or dans
les ordres juridiques nationaux (amende pou-
vant aller jusqu’à 0,1 % du PIB du pays fautif)
et des sanctions quasi automatiques pour
les déficits excessifs.
Ce dispositif consolide des normes juridiques
dites du « Six Pack », qui constitue un bloc
de six textes réformant la gouvernance
économique européenne.
La nouvelle version du Pacte de stabilité prévoit
notamment une « majorité inversée » pour
voter les sanctions contre les États en déficit
excessif : ceux-ci se verront infliger des sanc-
tions automatiques à moins qu’une majorité
d’États ne s’y oppose.
Ce nouveau traité, qui réduit le déficit struc-
turel autorisé à 0,5 % (au lieu de 1 % dans
le Six Pack) a pu entrer en vigueur le 1er
janvier
2013, dès lors que 12 États signataires membres
de la zone euro l’avaient ratifié. Cependant,
les contraintes du traité ne s’appliqueront qu’aux
seuls États l’ayant ratifié, qui seront en outre les
seuls à pouvoir bénéficier du Mécanisme euro-
péen de stabilité (MES). (Extraits du site www.vie-
publique.fr de la Direction de l’Information légale
et administrative).
18. 25
Société Civile n° 148 ❚ Juillet 2014
RÈGLES BUDGÉTAIRES ❚ ÉTUDE
CONCLUSION
En juin 2014, la France est toujours en procédure
pour déficit excessif. Le Traité de stabilité (TSCG)
prévoit la marche à suivre pour corriger le déficit
excessif (définit comme étant un dépassement des
ratios de 3 % de déficit effectif et de 60 % du PIB
pour le ratio de sa dette) :
❙ L’État français doit prouver un désendettement
minimal d’1/20e
de l’écart à 60 % sur trois ans et
engager un programme de correction avec la Com-
mission dont le non-respect peut être sanctionné
par une amende représentant jusqu’à 0,5 point de
PIB (environ 10 milliards d’euros).
Si l’État n’avait pas été en situation de déficit
excessif, il lui aurait fallu respecter une cible
complémentaire prévue par le Traité de stabilité :
❙ Un déficit structurel au plus à 0,5 point de PIB
(une tolérance de 1 % de déficit structurel est
autorisée si les pays ont un endettement inférieur
à 60 % du PIB).
Pour la Fondation iFRAP, éclairée par les
exemples suisses et suédois, ces objectifs bruxel-
lois à eux seuls ne suffiront pas à rétablir nos
finances publiques. Des règles proprement hexa-
gonales supplémentaires devraient permettre de
rentrer dans les clous du TSCG. Elles s’imposent
d’autant plus que l’assainissement budgétaire
doit être un projet porté au nom de tous les
Français et non au nom de la Commission euro-
péenne (cf. entretien avec le président Marini).
La Fondation iFRAP propose que la France
s’inspire de la politique budgétaire des Suédois
et des Suisses :
Sur le modèle suédois
❙ En renforçant les prérogatives du Haut Conseil
des finances publiques :
• que le Haut Conseil évalue lui-même la qua-
lité des prévisions économiques, la conformité de
la politique budgétaire aux objectifs de soutenabi-
lité et son adéquation aux objectifs de croissance
et de plein-emploi ;
• que le HCFP recalcule lui-même la croissance
potentielle pour apprécier l’écart, notamment en
termes de recettes publiques, entre l’exécution
et les lois de programmation. Cela suppose que
le HCFP dispose d’un pouvoir effectif d’auto-
saisine et de capacités de calcul autonomes, afin
d’alerter sur les correctifs à mettre en place pour
éviter le biais « conjoncturel » optimiste.
❙ En adoptant une règle d’excédent budgétaire pri-
maire (hors charge de la dette) d’au moins 1 % en
moyenne sur quatre ans.
❙ En votant tous les ans un plafond impératif maxi-
mum de dépense publique nominale en valeur.
Exemple : actuellement, à l’horizon 2017, l’enga-
gement du gouvernement serait de ne pas dépas-
ser 1 200 milliards de dépenses publiques totales
en euros courants, quelle que soit l’inflation.
❙ Un objectif à moyen terme de maîtrise des
dépenses publiques en points de PIB incluant
le financement de la dette (52 % en 2018, 50 %
en 2022), etc.
Sur le modèle suisse
❙ La Fondation iFRAP préconise la création
d’un compte de compensation d’un minimum
de dix milliards d’euros : en cas d’excédents, ceux-
ci seraient versés sur ce compte. En cas de déficit21
,
l’écart serait puisé sur le compte de compensation
en loi de finances ou en loi de finances rectifica-
tive, prioritairement pour financer des dépenses
d’investissement.
❙ En cas d’accumulation d’excédents supérieure
à 1 % du PIB, soit environ 20 milliards d’euros,
le reliquat du compte de compensation serait affec-
té prioritairement au désendettement.
Les propositions de la Fondation iFRAPimpliquent
donc de couper dans les dépenses en haut de cycle
(période de croissance) et de baisser les impôts
en bas de cycle, en vertu des plafonds de crédits
limitatifs.
21 Enfin, en cas de situation exceptionnellement dégra-
dée, les déficits exceptionnels seraient placés dans
un compte d’amortissement spécifique.