Chapitre I: Vers une évolution culturelle- 4- Le monde médiéval et la ferveur...
Avant propos- La Destinée de l'art
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Avant-propos
Cet essai, la Destinée de l’art, se veut une synthèse historique et formelle de
mes études sur la culture et la civilisation. Il s’articule autour du phénomène
artistique, en tant qu’activité humaine élaborée depuis des millénaires par
l’homme pour communiquer avec ses semblables et participer à établir pour
eux, selon les milieux et les époques, un, art de vivre.
Ce phénomène a débuté sa destinée par l’expression de la sensation de
l’homme dans la Préhistoire, né dans un monde qui lui paraît magique,
selon cette même sensation, et qu’il s’acharne à comprendre à travers ses
diverses activités. Avec l’installation des différentes civilisations, l’activité
artistique, déjà soumise au pouvoir politique et religieux, s’élabore progressi-
vement, tendant vers l’habileté technique et la perfection, engendrant dans
l’Antiquité, les concepts essentiels de ce phénomène, tout en se soumettant
aux dogmes établis par le pouvoir. Et même dans cette soumission, l’art
a pu montrer son génie dans la concrétisation des mythes, des ambitions
et des rêves, non seulement des souverains et des prêtres, mais aussi des
peuples, se distinguant comme l’unique activité qui narre l’histoire, selon
son exaltation habituelle, qui persiste à laisser des traces pour l’histoire de
l’humanité.
Ainsi, l’art et la culture ont engendré la civilisation, mais cette dernière dès
sa fondation en Orient, les a mis à son service, soumis à ses règles et à ses
ambitions. Mais malgré cette servitude, l’art demeure fidèle à son rôle de
«réalisateur des rêves » et de conservateur des traces, il s’ouvre sur le futur,
tout en gardant l’œil sur l’histoire la plus enfouie.
Religieux en gros depuis sa naissance, l’art tend vers le spirituel dans le
monde médiéval, mais avec la Renaissance, son autonomie commence à
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s’acquérir. D’autres conceptions naissent, antagoniques, se confrontant entre
elles, et ce sont ces contrastes qui le prédestinent à l’évolution, alimentés
souvent par les agissements extérieurs, surtout lorsqu’il s’est ouvert sur la
science et la philosophie moderne.
Avec la révolution romantique et sociale, réagissant contre la révolution
industrielle et bourgeoise, un nouveau état d’esprit s’articule, avec
de nouvelles doctrines et de nouvelles conceptions, annonçant l’art
contemporain, surtout en Occident, créant de nouvelles tendances qui
concernent l’épuration des concepts et la synthèse des activités humaines,
réagissant, en même temps, contre le goût classique et le superficiel.
Tout en rappelant au lecteur des repères historiques et formels, cet ouvrage
réserve sa partie majeure à l’analyse des idées novatrices et des conceptions
nouvelles provoquées par l’ère industrielle, depuis le XIX° siècle. Il insiste,
néanmoins, sur le brassage des cultures omis par certains historiens de
l’art, sur les emprunts et les inspirations, mettant en évidence la grande
aventure de l’art vers l’inconnu, une aventure exaltée par l’imagination, la
sensibilité et l’intuition, contrôlée, toutefois, par la rigueur, la raison et la
logique. Il révèle, également, dans une analyse comparative, cette dualité
des contrastes née déjà dans la Préhistoire, et qui a cheminé durant des
millénaires, dans différents concepts antagoniques, à travers les civilisations
ou dans une même culture, médiévale soit-elle, moderne ou contemporaine.
Cette dualité des contrastes a débuté son évolution dans le conflit entre
la folie et la sagesse, entre le senti et le pensé, puis entre la sacré et le
profane, entre la sensibilité et la raison, pour se confronter ou s’assimiler
dans l’intégration dans le système politique et industriel et la protestation
contre les maux de la civilisation, dans la construction et la destruction, dans
les arts en rapports avec l’architecture et l’urbanisme, et ceux du spectacle.
Même en gagnant sa liberté totale, dès le début du XX° siècle, il reste fidèle
à son rôle qui devient une noble mission : il réalise nos ambitions et nos