Bulletin du parti Al Qotb - numéro 17 - novembre 2016
1. Voici donc que s'ouvre une période
pleine d'interrogations avec l'élection
de Donald Trump aux présidentielles
américaines. Triomphe du populisme, de la
xénophobie, de la stigmatisation des
immigrés, des musulmans, des
homosexuels... La victoire est bien là,
même s'il faut nuancer son ampleur; en
effet le système électoral américain, au
suffrage indirect, permet à Trump de
remporter l'élection tout en ayant recueilli
moins de voix que sa rivale. Toutefois le
voilà pour au moins 4 ans aux commandes
d'un État qui veut faire la pluie et le beau
temps partout dans le monde.
Ce qui est marquant dans cette élection, et
qui n'est pas une exclusivité, c'est l'impact
du discours de rejet des hommes et
femmes politiques auprès d'une grande
partie de la population, notamment les
plus fragiles, les déclassés, qui les accusent
de favoriser à leur détriment ceux qui
vivent dans des conditions encore plus
difficiles. Discours au passage porté par un
milliardaire qui a tout fait pour se
détourner de ses obligations fiscales...
En Tunisie, nous avons aussi -toutes
proportions gardées- des self made men
(ou qui se présentent comme tels), qui
esquivent les impôts, et tentent leurs
chances en politique en usant de ressorts
populistes. Il faut noter également la
grande déception des tunisiens envers
leur classe politique, qui dans sa majorité
est prête à faire fi de ses engagements et
principes pour peu que l'intérêt personnel
soit en jeu.
Aujourd'hui le discours et l'action politique
doivent changer. Outre la pédagogie,
l'explication, l'interpellation de
l'intelligence des gens, ce à quoi Al Qotb
s'attache à promouvoir dans la limite de
ses moyens, il y a une piste très
intéressante qui s'est ouverte en Tunisie,
avec l'explosion de la société civile. Celle-ci
est extrêmement dynamique depuis la
révolution, et un lien de confiance
réciproque doit s'établir entre
organisations politiques et associations.
C'est l'objet de notre article principal.
Bonne lecture !
Le développement de la société
civile en Tunisie avant la
chute du régime de Ben Ali avec
un caractère « militant » mais
surtout après avec un caractère «
marqué pour le développement »
est sans doute un trait marquant
de la Tunisie d’aujourd’hui. En
effet, le nombre d’associations a
explosé sur les cinq dernières
années. Il est passé de 9000 à
environ 20000 associations entre
2010 et 2016.
Paradoxalement, le nombre de
militants et plus particulièrement de
sympathisants dans les partis
politiques est en baisse constante.
S’agit-il d’un retrait par rapport au
politique voire même d’une méfiance?
Du fait de cette perte de confiance, les
associations doivent-elles suppléer des
partis politiques affaiblis ou n’ayant
pas de présence réelle sur le terrain ?
La réponse est non.
Une vision partielle et partiale de
certains partis politiques
essentiellement de droite a tendance
à considérer la société civile comme le
bras droit de leurs ambitions et
intérêts
politiques. Il y a
là une
conception
utilitariste au
pire (ou «
charitable » au
mieux) qui
conçoit le travail
de la société
civile comme un
ensemble
d’actions envers
des personnes
vulnérables afin
de rallier et faire adhérer à leurs
causes, surtout en période électorale.
Cette pratique – largement utilisée
notamment par des partis
d’obédience religieuse s’apparente
bien évidemment à du clientélisme.
Une autre conception de la société
civile qui tend à se développer
actuellement et qui est encouragée
par certaines ONG internationales et
par des courants politiques néo
libéraux tend à favoriser des actions
spécifiques pour pallier aux failles de
l’Etat-providence et, de fait, vise à
réduire le rôle de celui-ci dans certains
secteurs stratégiques comme la santé
et l’éducation. Une vision en
contradiction avec la perspective
d’Antonio Gramsci, qui considère la
société civile comme l’espace social
situé entre et le marché et l’État mais
en aucune manière un prétexte pour
exonérer les pouvoirs publics de leurs
obligations vis-à-vis des citoyens. Cette
société civile-là se réunit chaque
année à Davos, entre autres lieux
huppés.
Reste une troisième vision dite
citoyenne qui envisage la société civile
comme un lieu complexe de luttes
sociales. Une société civile composée
d’associations, groupements,
organisations sociales, culturelles,
politiques et syndicales qui agissent
pour réduire les inégalités. Cette
société civile se réunit à Porto Alegre
et prend part aux actions du forum
social mondial (FSM) et autres causes
internationales liées au
développement, à l’environnement et
à une justice sociale globale.
La société civile non inféodée au
pouvoir politique
se caractérise
ainsi par
plusieurs points
communs : un
retrait par
rapport au
politique, même
si elle est en
interaction avec
lui (comme dans
le cas de Jemna,
par exemple), un
rôle majeur
auprès de
certaines catégories de personnes
(associations de femmes, associations
de chômeurs dans certaines régions,
défense des minorités…), une
mobilisation autour d’un objectif ou
d’une cause bien identifiés.
Comment les partis politiques de
gauche en Tunisie peuvent-ils créer
une synergie et renforcer le rôle de la
société civile sans chercher à
l’instrumentaliser ?
D’abord, en prenant conscience que
Pour contacter Al-Qotb en France, suivre nos activités, s'informer
email : contact.france@al-qotb.com
Facebook : www.facebook.com/AlQotbFrance
web : http://al-qotb.com
Al-Qotb est membre du Front Populaire
Société civile et partis politiques : une relation complexe
Construire des convergences afin d’édifier
un nouveau rapport de force
Travail - Liberté - Justice sociale
Le bulletin d'Al-Qotb France
NUMÉRO 17
Novembre 2016
Editorial
2. la société civile est un instrument de
démocratisation et de renforcement
de la citoyenneté qui incite à la
participation et à l’engagement.
Ensuite, en donnant envie de
s’engager en proposant des
programmes politiques qui tiennent
compte de cette parole citoyenne sans
complaisance ni volonté de
récupération mais pour qu’elle puisse
avoir un écho et une traduction
politique concrète. Enfin, en faisant en
sorte qu’au sein des partis politiques,
les militants aient leur mot à dire : ce
qui suppose plus de démocratie
interne, plus de présence sur le terrain
et une organisation plus ouverte avec
davantage de renouvellement et
moins de verrouillage des appareils.
Al-Qotb a inscrit sa démarche dans
cette optique. En organisant
régulièrement des cercles débats
ouverts à tous (voir notre Zoom), en
s’impliquant dans des initiatives
internationales de rencontre avec
d’autres mouvements de gauche
(partis et associations), en soutenant –
souvent à contre-courant de « la
pensée » dominante –le changement
de la loi sur l’usage du cannabis, la
dépénalisation de l’homosexualité ou
encore le partage équitable de
l’héritage entre les femmes et les
hommes, entre autres combats menés
de longue date par la société civile.
C’est ainsi que l’on pourra construire
des convergences, afin d’édifier un
nouveau rapport de force. Chacun
dans son rôle et en toute liberté, c’est
dans cette synergie intelligente que
société civile et gauche politique
peuvent parvenir à réaliser leurs
objectifs communs : plus de libertés,
de justice sociale et de dignité. N’est-
ce pas là précisément les exigences de
la Révolution de décembre 2010 -
janvier 2011 ?
Les cercles débats d’Al-Qotb reprennent, ce qui
constitue une excellente nouvelle. En effet, trop
souvent, les partis politiques envoient untel à la
télévision ou à la radio pour réagir sur un sujet
d’actualité donné ou commettent des
communiqués de presse plus ou moins
pertinents (et plus ou moins lus) pour prendre
position quand ils ne se contentent pas de
servir de tremplins à telle ou telle ambition
personnelle. Ni l’utilisation des médias pour
faire entendre sa voix ni même l’ambition
(quand elle sert l’intérêt général, ce qui est loin
d’être toujours le cas malheureusement) ne
sont critiquables en tant que telles. Ce qui l’est,
c’est de ne pas jouer pleinement son rôle de
parti en ne donnant pas la parole aux militants,
en ne prenant pas la peine de les consulter
démocratiquement et c’est aussi en ne
suscitant pas le débat pourtant nécessaire pour
sortir notre pays de l’impasse dans laquelle il se
trouve. Loin de nous l’idée qu’Al-Qotb serait
exemplaire en tous points mais force est de
constater qu’il reste un des rares, si ce n’est le
seul parti politique à organiser des débats
ouverts à tous, à agiter des idées (parfois à
contre-courant de « la pensée » dominante), en
somme à éclairer les enjeux et à proposer des
solutions. En l’occurrence, le cercle qui a eu lieu
ce mois-ci à Tunis a traité de l’économie sociale
et solidaire afin de définir sa place dans un
modèle de développement alternatif. C’est
effectivement une question essentielle que
nous avons-nous-même abordé à plusieurs
occasions dans ce bulletin. D’autres débats
suivront : nous nous en félicitons d’ores et déjà
car c’est ainsi que nous intéresserons les
citoyens à la politique qui n’est autre qu’un
moyen d’agir sur son quotidien et de prendre
en mains sa destinée. De tout le reste, les
Tunisiens sont lassés.
Zoom
NUMÉRO 10 - MARS 2015Le bulletin d'Al-Jabha
Front Populaire de Tunisie - Coordination Ile de France
Le bulletin d'Al-Qotb France
NUMÉRO 17
Novembre 2016
Pour contacter Al-Qotb en France, suivre nos activités, s'informer
email : contact.france@al-qotb.com
Facebook : www.facebook.com/AlQotbFrance
web : http://al-qotb.com
Al-Qotb est membre du Front Populaire
L’(in) justice dans tous ses états
Le verdict de non-lieu (en première instance) dans l’affaire du
lynchage de Lotfi Nagdh a suscité la colère et la consternation.
Colère en raison d’un flagrant déni de justice. Consternation car une
nouvelle fois le peuple tunisien a eu le sentiment que bon nombre
de magistrats agissaient « sur ordres » et que la justice de notre pays
était décidément gravement malade. Au même moment, l’instance
vérité et dignité (IVD) commençait ses audiences publiques des
victimes de la répression (celle connue sous Bourguiba et Ben Ali et
jusqu’en 2013). Au-delà des controverses concernant l’IVD, la
démarche est indispensable : sans elle, il n’y aura ni réparation, ni
dignité ni réconciliation. Il est de notoriété publique que le pouvoir
en place a tout fait pour l’empêcher ou la freiner. Sans doute que le
« recyclage » à grande échelle de corrompus, corrupteurs et
coupables de cette même répression explique-t-il cette attitude.
Raison supplémentaire pour que l’IVD, malgré ses insuffisances, aille
au bout de sa démarche.
Fiche d’adhésion / Soutien à Al-Qotb France
Pour adhérer et/ou soutenir Al-Qotb, merci de nous adresser par mail à l'adresse suivante contact.france@al-
qotb.com ou par un message sur notre page facebook facebook.com/AlQotbFrance, les informations suivantes ;
nous vous contacterons dès réception. Merci!
Nom : ....................................................................................................................................................................................................................................................
Prénom : ..............................................................................................................................................................................................................................................
Adresse : ..............................................................................................................................................................................................................................................
Téléphone : .........................................................................................................................................................................................................................................
Mail : .........................................................@.........................................................................................................................................................................................
Etudiants/Lycéens/Sans emploi (10 euros) : ...........................................................................................................................................................................
Autres (20 euros) : ...........................................................................................................................................................................................................................
Membre bienfaiteur (cotisation libre) : .....................................................................................................................................................................................
Dernière minute