Face à la situation inédite que nous traversons avec le Covid-19, de nouveaux comportements et attentes émergent.
Pour mieux appréhender cette situation et voir se dessiner le monde d’après, notre planning stratégique publie chaque semaine un cahier d'insights.
2. SEMAINE 8
Huitième semaine, et le déconfinement n’est plus qu’à quelques jours… cette date tant
attendue ne changera pas tout c’est certain, mais elle marque, souhaitons-le, la fin
prochaine de la crise sanitaire.
Maintenant le sujet qui occupe les esprits, en France et dans la plupart des pays qui
entament le déconfinement, c’est la reprise. La reprise, ses conditions, ses moyens, et ses
ambitions. La reprise et l’après qui s’il n’est sans doute pas un autre monde est l’occasion
de poser les questions et les enjeux.
4. 3 847 047
Le nombre de cas de
Covid 19 dans le monde
(Statista 7 mail)
269 594
Morts dans le monde
(Statista 7 mai)
15/197
Pays n’ont fait état d’aucun
cas (Turkmenistan, Corée
du Nord, Lesotho et une
douzaine d’îles du
Pacifique)
1 256 972
Cas répertoriés aux
États-Unis
2999 MDS $
Ce que le Trésor américain
va emprunter dans les mois
à venir pour financer la
relance
63%
Des français craignent
contracter le Covid
(YouGog).
58%
Des français ne font pas
confiance à l’exécutif pour
le déconfinement
174 918
Cas répertoriés en France
25 990
Décès en France
au 7 mai
75 670
Morts aux États-Unis
30%
Des télétravailleurs ont vu
leur santé psychologique
entamée
8,2%
Chute du PIB français
évaluée sur 2020.
1 133 079
Personnes guéries
dans le monde
(Statista 5 avril)
33,5 M
De chômeurs en plus en
six semaines aux
États-Unis
73%
Des salariés français
souhaitent poursuivre le
télétravail après le
confinement
60 À 80%
De baisse du nombre de
touristes internationaux en
France en 2020 (OMT)
12,1 M
De français au chômage
partiel (près d’1million
d’entreprises concernées)
1/10
Des couples envisage de
prendre ses distances
après le confinement
57%
Des français ont pris du
poids pendant le
confinement (2,5k en
moyenne)
LA SEMAINE
EN 19
CHIFFRES
7. QUELQUES BONNES NOUVELLES…
Si le confinement s’assouplit et le
déconfinement s’engage dans de
nombreux pays, c’est qu’on peut
espérer que la crise sanitaire soit
derrière nous… le confinement aurait
épargné plus de 60 000 décès en
France selon une étude de l’EHESP,
11 000 décès en Europe liés à la
pollution auraient également été
évités. Le trou de la couche d’ozone
se serait refermé en un mois
seulement de réduction de notre
activité de terriens. Une étude
internationale fait l’éloge des femmes
et de leur extraordinaire capacité
d’adaptation dans cette période de
confinement.
8. MAIS L’INQUIÉTUDE PERSISTE
La mise à l’arrêt des économies, des
transports et du commerce
international est aussi à l’origine de
risques importants. La géographie du
Covid est celle du tourisme et du
commerce. On s’inquiète également
en regardant la carte des
supertankers qui stationnent en
attendant de pouvoir se libérer de
leurs cargaisons. Gigantesque gâchis
alimentaire aussi : millions de tonnes
de patates invendues, millions de
litres de bière jetés à cause du
confinement et du lait en quantité.
Sans compter les millions de vols
annulés et de nuitées perdues qui font
craindre pour l’avenir du transport et
du commerce.
9. L’AMÉRIQUE S’ENDETTE, ET S’ENTÊTE…
Le Trésor américain annonce un plan
d’emprunt de 3000 milliards de
dollars entre avril et juin pour financer
la relance de la machine économique.
Le pays reste divisé sur le
déconfinement. Donald Trump et son
secrétaire d’état tentent de recréer un
l’unité en dénonçant la responsabilité
de la Chine dans la crise sanitaire à
laquelle ils doivent faire face.
10. Accusée par les États-Unis d’être à
l’origine de la crise sanitaire, la Chine
doit faire face à ses responsabilités :
riposter face aux attaques venant de
l’extérieur, écrire l’histoire officielle et
faire taire les critiques en interne,
mais aussi aider ceux qui sont ses
propres clients et partenaires pour
favoriser la reprise du « doux
commerce ».
LES PARADOXES DE LA PUISSANCE CHINOISE
11. DÉSUNION EUROPÉENNE…
L’Europe entame le déconfinement en
ordre dispersé au moment où le
Royaume-Unis passe en tête des
pays européens en nombre de
victimes.
L’Allemagne est au cœur de tous les
débats : cité en exemple pendant la
crise sanitaire, l’État fédéral est
désormais débordé par les landers
qui entendent prendre la main sur le
déconfinement et par la Cour
constitutionnelle qui somme la BCE
de justifier son programme de rachat
de dette publique. L’Europe doit faire
face à une récession sans précédent
avec un recul du PIB de 7,4% en
2020 et devra faire des choix
stratégiques (croissance verte vs
croissance à n’importe quel prix) et
institutionnels (décisions à l’unanimité
et indépendance de la BCE) majeurs
dans les mois à venir.
13. DÉCONFINEMENT ?
Le déconfinement approche et plus il
approche moins la date du 11 mai
apparait comme une vraie libération.
Les doutes, les angoisses, les
incertitudes, les habitudes prises, les
contraintes,… s’accumulent. Alors
même si certains craquent avec le
confinement, le déconfinement ne fait
plus rêver : on n’est pas loin du
syndrome de Stockholm.
14. BATAILLE DES MASQUES
Les masques sont depuis des
semaines au cœur des débats. Leur
apparition dans la grande distribution
suscite de vives polémiques.
Stocks cachés, prix des masques,
ventes de 5 millions de masques chez
Lidl quelques semaines seulement
après leur pénurie pour les
professionnels de santé poussent les
politiques et les commerçants à se
justifier.
15. CRAINTES SUR LES LIBERTÉS
Natacha Polony n’y va pas avec le
dos de la cuillère pour dénoncer
l’infantilisation et la « vie sans plaisir »
qui s’annonce… Les polémistes
polémiquent mais elle n’est pas la
seule à dénoncer l’entrave aux
libertés qu’annonce une société de
vigilance sanitaire : état d’urgence
sanitaire, application contrôlant les
citoyens, télésurveillance des
étudiants, drones de surveillance,
fichier de malades, etc…
16. RESPONSABLES OU COUPABLES ?
Les français sont dans la défiance, ils
jugent durement leurs dirigeants mais
estiment que l’opposition ne ferait pas
mieux. L’anxiété est réelle selon le
Cevipof et la rancœur de certains
s’expriment jusqu’à réclamer de faire
des élites politiques et administratives
les victimes expiatoires d’une
épuration à venir… le piège s’ouvre et
se referme, le vote d’une « loi
d’immunité » ne ferait que renforcer la
défiance.
17. LA CONSOMMATION CHUTE
Le PIB français est fortement impacté
et les prévisions pour 2020 se
précisent. Les chiffres de la
consommation en mars sont très
mauvais, ceux d’avril et de mai ne
seront certainement pas tellement
meilleurs. Beaucoup de français
anticipent déjà qu’ils ne partiront pas
en vacances cet été.
19. LA FATALITÉ DU PIRE…
Si vous voulez déprimer, lisez
l’interview de Michel Houelbecq !
Le monde d’après sera le même « en
un peu pire ». On connait son
pessimisme mais on ne peut
s’empêcher de lui accorder un certain
crédit en matière d’anticipation… ceci
dit il n’est pas le seul à agiter un
avenir sombre.
La peur du chômage est revenue,
l’ampleur de la catastrophe
écologique qui occupait encore nos
esprits il y a quelques semaines n’a
évidemment pas disparu, alors l’heure
est aux choix pour échapper à la
fatalité du pire.
20. … OU UN MEILLEUR AVENIR
Puisque c’est l’heure des choix,
regardons aussi du côté des choix
individuels ou des choix collectifs qui
permettent d’envisager un monde
d’après porteur d’un peu
d’espérance. Et même si le lien n’est
pas évident entre la crise sanitaire et
la crise écologique, les conséquences
de l’une ne doivent pas faire oublier
l’urgence de l’autre. Alors changeons
et profitons de ce moment de
réactivation de la croissance pour
modifier la trajectoire. C’est ce qui est
proposé par certaines entreprises et
c’est ce qui est possible pour chacun
d’entre nous.
21. HUIT FEMMES & LE MONDE D’APRÈS
Trop peu de tribunes ou interviews d’experts ou de témoins sur le monde d’après dans nos
médias sont signées par des femmes. Comme je vous l’avais promis la semaine dernière, je
suis allé à leur recherche pour essayer de rééquilibrer les choses.
Elles parlent de pauvreté, d’inégalités, de responsabilité, de libertés, de la vie, de l’avenir
des jeunes et des perspectives qu’il faut leur donner. Elles parlent aussi de respect, de
résilience, de la peur et de la souffrance dans lesquelles trouver l’énergie et l’espérance.
Sans surprise, un monde d’après assez éloigné de celui de Michel Houellebecq !
22. DEMAIN VU PAR UNE PRIX NOBEL
Dans un ouvrage au titre prémonitoire
notre plus jeune prix Nobel
d’économie écrivait : « Nous avons
écrit ce livre pour garder espoir ».
La crise du Covid, en remettant la
peur du chômage et de la pauvreté au
cœur des sociétés souligne l’urgence
de penser les différents aspects de
l’économie. Les économistes ont
appris des crises que les états et les
banques centrales devaient intervenir
avec le maximum de force pour éviter
la spirale de la récession. Esther Duflo
a souligné l’urgence de ces
interventions. Mais elle va plus loin
rappelant que se préoccuper de la
pauvreté et des inégalités n’est pas
qu’un sujet moral ou éthique. Se
préoccuper de la pauvreté et des
inégalités permettra d’éviter les
catastrophes politiques et
environnementales.
23. DEMAIN VU PAR UNE PHILOSOPHE
Julia de Funès attire notre attention
sur les dangers de l’inflation du
discours médical qui selon elle ne
reflète que la croissance de
l’individualisme. Quand la santé
remplace la morale, la philosophe fait
part de ses doutes. Elle souligne
aussi dans une autre tribune
comment notre société confinée
risque de renoncer à la liberté au nom
de la surveillance.
24. DEMAIN VU PAR UNE PUBLICITAIRE
Mercedes Erra parle du « jour
d’avec » pour le monde d’après. Un
monde qui place le « care » au
premier plan, un monde qui redonne
sa place aux invisibles, un monde
dans lequel la fracture numérique et la
résurgence de la pauvreté doivent
être combattues en priorité. Et surtout
une raison d’espérer dans un monde
qui a su donner la priorité à la vie
même si c’est au prix de la
récession…
25. DEMAIN VU PAR UNE POLITOLOGUE
La politologue Virginie Martin se
penche sur le sort des jeunes et sur
ce qui les réunit. Pour elle les jeunes
confinés rebasculent dans la sphère
familiale qui reproduit et même
accroit les inégalités. Les millenials
sont souvent décrits comme
émancipés par la technologie. Elle
voit plutôt dans la génération 1995-
2005 une unité de destinée collective
qui ne sait plus où elle va : les « 10
malheureuses des millenials ».
26. VU PAR UNE PATRONNE D’ONG
Fondatrice d’Uni-Cité qui est à
l’origine du service civique en France,
Marie Trellu-Kane rappelle
l’importance de l’engagement
personnel au service de la collectivité
dans le monde d’après à la fois pour
construire un destin individuel pour
chaque jeune mais aussi pour
répondre aux grands enjeux du
monde d’après
27. VU PAR UNE SPÉCIALISTE DU LEADERSHIP
Nathalie de Gaulle analyse les
résultats d’une enquête IFOP sur les
attentes des salariés envers les
dirigeants dans l’après crise.
Selon elle, les Français perçoivent et
expriment des attentes renouvelées à
leur égard, qui invitent à toujours plus
de créativité, d’agilité et
d’engagement. Dans un monde sous
tension – économique, écologique,
sociale, l’enjeu pour les entreprises
est de développer « l’antifragilité » et
de parier sur les leviers d’une
croissance soutenable.
28. VU PAR UNE ETHOLOGUE/ANTROPOLOGUE
Jane Goodall explique dans une
tribune publiée par Le Monde cette
semaine que nous avons oublié que
nous faisions partie d’un écosystème
global. Parce que nous dépendons du
monde naturel et que le monde
naturel dépend de nous, nous devons
le respecter comme un bien commun
précieux. Le lien entre le Covid et
l’écologie n’est pas seulement
scientifiquement démontré, il est
éthiquement indispensable à une
prise de conscience.
29. DEMAIN VU PAR UNE RESCAPÉE
Magda Hollander nous parle de la
peur, de la souffrance et l’espérance.
De la peur et de la souffrance pour
nous dire qu’elles peuvent aussi
réveiller notre imagination et notre
énergie et nous permettre d’inventer
la vie.