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Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

>>    ESPRIT DE L’EPREUVE          SUJET                CORRIGE                RAPPORT




      ESPRIT GENERAL
      Cette épreuve vise à vérifier que les candidats disposent des repères nécessaires à la
      compréhension du monde dans lequel ils devront agir. L'étendue de l'étude, aussi bien
      dans l'espace que dans le temps, indique que le programme doit être abordé à partir
      d'une vision plus synthétique qu'analytique.
      Des sujets vastes, précis dans leur formulation, privilégiant la réflexion seront propo-
      sés aux candidats.


      EVALUATION
      Elle prendra en compte :
          - la capacité du candidat à définir le sujet, à le délimiter et à en dégager une
            problématique pertinente.
          - l'organisation des idées selon une démarche logique (plan). Il n'existe pas de
            plan préétabli, mais des plans plus ou moins efficaces, plus ou moins difficiles
            à mettre en œuvre pour répondre à la question posée.
          - l'aptitude des candidats à sélectionner des exemples concrets, significatifs,
            démonstratifs.
          - les qualités d'exposition (syntaxe et orthographe).


      ESPRIT DE L’EPREUVE
      Nouveau : évolution de l’épreuve d’HGGMC pour le concours 2010.

      L’épreuve d’Histoire, Géographie et Géopolitique du monde contemporain comprendra
      toujours deux sujets au choix des candidats, dont un sujet sans carte.

      Pour le sujet avec carte obligatoire, l’épreuve actuelle sera remplacée par un commen-
      taire de carte (s) qui comptera pour un quart de la note finale.

      Les cartes qui seront proposées pourront être en couleur. La carte aura un rapport
      avec la dissertation. Tout type de carte est susceptible d’être présenté : cartes
      géoéconomiques, géopolitiques, historiques, mise en cartographie de données
      quantitatives… Les cartes à très grande échelle sur des lieux géopolitiques majeurs
      permettront aux candidats de saisir des enjeux locaux, nationaux et internationaux,
      avec si c’est utile quelques rapides jalons historiques. On pourra proposer deux cartes
      (au maximum) dont la comparaison invitera le candidat à saisir des évolutions, des
      redistributions de rapports de force.

      Le titre problématisé dans l’intitulé du sujet de la carte donnera l’indication du thème
      à privilégier dans le commentaire. Des questions accompagnant la ou les cartes
      proposée(s) pourraient être envisagées mais pas obligatoirement.


       EPREUVES SPECIFIQUES
216                                                 annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE            SUJET                   CORRIGE             RAPPORT



      Le commentaire de carte ne doit pas être une nouvelle dissertation. Il doit demeurer
      un exercice court (pas plus d’une page et demie) et être entièrement rédigé. On appré-
      ciera ici les qualités rédactionnelles, la pertinence de la réflexion, la capacité du
      candidat à dégager quelques idées forces bien distinctes.

      Les candidats doivent démontrer qu’ils savent lire, analyser, décrypter les enjeux géo-
      politiques des cartes, pour une meilleure compréhension de la complexité du monde
      actuel.




      ÉPREUVE 2009
      Durée : 4 heures
      Aucun document n'est autorisé.
      Le candidat traitera au choix l'un des deux sujets suivants.



                                              SUJET 1

      (sujet avec croquis et documents)
      Les dynamiques démographiques et leurs incidences économiques, sociales et
      géopolitiques dans le monde d’aujourd’hui (15 points).

      Croquis obligatoire (se situe en pages 8 et 9 de votre copie) :
      les migrations internationales de population au début du XXIe siècle (5 points).


      Document n°1 : Fécondité et espérance de vie Femmes / Hommes en 2006-2007
      Source : Images économiques du monde 2008 et 2009

                                             Fécondité (1)             Espérance de vie (2)
       Afrique                                    5,1                         53/51
       Amérique du Nord                           2,0                         81/75
       Amérique Centrale, Caraïbes                2,7                         75/69
       Amérique du Sud                            2,4                         76/69
       Asie                                       2,4                         70/66
       Europe                                     1,4                         79/71
       France                                     2,0                         84/77

                                                                                                >>
                                                                       EPREUVES SPECIFIQUES
                          annales officielles                                                   217
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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                                           Fécondité (1)              Espérance de vie (2)
        Allemagne                                1,3                         82/76
        Russie                                   1,3                         72/59
        Océanie                                  2,1                         77/73
        Monde                                    2,7                         69/65


      (1) Nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer.
      (2) Espérance de vie à la naissance (nombre d’années : femmes / hommes).


      Document n°2 : Vieillissement et compétitivité.
      “(…) Alors qu’aujourd’hui, les Européens représentent 11% de la population mondiale,
      ils ne seront plus que 7% en 2050. Le poids économique de l’Europe diminuera en
      conséquence, sous le double effet des mutations démographiques et de la montée en
      puissance des économies émergentes (…) Selon diverses prévisions, sans modifica-
      tion des systèmes européens de protection sociale, le vieillissement démographique
      se soldera d’ici 2050 par une hausse de près de 8 points de pourcentage du PIB des
      seules dépenses de santé et de protection vieillesse. La solidarité générationnelle
      constituera alors une charge très lourde pour les futurs actifs.”
      Stefanie WAHL, Regards sur l’économie allemande, démographie et compétitivité, dans
      Problèmes économiques n°2925, La documentation Française, 6 juin 2007-11-02


      Document n°4 : démographie et puissance.
      “Le retour de la puissance russe, c’est une Russie qui va mieux, mais surtout qui se
      relève de l’humiliation. (…) Tout ceci donne-t-il une nouvelle grande puissance ? Sans
      doute pas à court terme, en raison de la limitation des moyens, ni à moyen terme, du
      fait des faiblesses structurelles de l’économie et de la démographie”.
      Rapport annuel de l’Institut français des relations internationales 2009, p.278
      “Un autre atout qui sera décisif pour les Etats-Unis est le formidable dynamisme
      démographique. Selon l’American Enterprise Institute, la population américaine
      augmentera de 65 millions d’ici 2030, tandis que le nombre d’Européens, lui stagnera.
      L’Europe sera à cet horizon un continent vieillissant dont le nombre des plus de 65 ans
      sera le double de celui des moins de 15 ans (… )
      De façon surprenante, de nombreux pays d’Asie (hormis l’Inde) sont dans une
      situation démographique comparable à celle de l’Europe. (…). Les étudiants étrangers
      et immigrés représentent aux Etats-Unis 50% des chercheurs en sciences, et, en 2006,
      40% des docteurs en sciences et en ingénierie et 65% en informatique.”
      Problèmes économiques n° 2954 septembre 2008




       EPREUVES SPECIFIQUES
218                                                    annales officielles
ain   Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE           SUJET                CORRIGE               RAPPORT




                                              SUJET 2

      (sujet sans croquis, sans documents)
      Les Etats-Unis d’Amérique: la fin de “l’Empire” ? (20 points).



                                              CORRIGE

      SUJET 1

                                       Analyse du sujet
      Les candidats doivent d’abord bien lire le sujet et le définir pour éviter toute
      dérive. Tous les mots comptent. Il faut donc envisager les dynamiques démogra-
      phiques et pas la démographie en général. Une confusion fréquente a été faite
      entre “dynamisme” et “dynamiques”. La dynamique doit être définie comme un
      processus qui marque une évolution.
      En géographie, l’analyse dynamique est celle qui introduit le temps dans une analyse
      géographique et s’oppose à l’analyse statique (J. Lévy, M. Lussault, Dictionnaire de
      la Géographie). Un système dynamique est implicitement considéré comme animé de
      mouvements internes. La notion de mouvement, de changement est centrale ici, on
      doit cependant se garder d’un jugement de valeur qui serait positif sur ce qui bouge
      et négatif sur ce qui est immobile. L’analyse dynamique concerne aussi bien l’idée
      développementaliste de croissance que de déclin.
      Il sera difficile d’être exhaustif sur un tel sujet qui fait appel à la capacité de syn-
      thèse des candidats. Le sujet fait référence au programme de première année qui
      aborde le thème principal du sujet et au programme de deuxième année qui met
      l’accent sur les dynamiques géographiques de chaque continent, ce dernier point
      sera particulièrement utile pour illustrer le devoir d’exemples concrets indispensables
      à la démonstration.


                                            Plan proposé
      Les dynamiques caractérisant la démographie dans la mondialisation (solde naturel,
      âge des populations, migrations diverses…) sont complexes, elles diffèrent grandement
      sur la planète et reflètent le plus souvent des différences de conditions de vie. Il y a
      donc un rapport étroit entre la diversité des dynamiques démographiques d’un côté et
      la diversité des faits économiques, sociaux et géopolitiques. Le sujet doit être envisagé
      à l’échelle des pays, des continents ou du monde.
      Les dynamiques démographiques expriment avec force la fracture entre le Nord et le
      Sud, elles soulignent les divergences entre les pays, mais elles nous rappellent aussi
      l’unicité de la mondialisation.
      Les enjeux économiques, sociaux, géopolitiques, seront évalués et spécifiés en
      fonction de leur importance à partir de trois thèmes majeurs :
                                                                                                  >>
                                                                    EPREUVES SPECIFIQUES
                         annales officielles                                                      219
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      - La croissance démographique et le vieillissement de la population du monde.
      - Les dynamiques migratoires internationales.
      - Les dynamiques internes.



      I. LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET LE VIEILLISSEMENT DU MONDE

      A. Un accroissement spectaculaire mais inégal
      - La croissance de la population : 6.5, bientôt 9 milliards ?
      Il aura fallu attendre les années 1800 pour atteindre le 1er milliard d’habitants sur
      la planète, en revanche en 130 ans, de 1800 à 1930 la population a doublé pour
      atteindre 2 milliards. Depuis le rythme d’accroissement s’est accéléré : 3 milliards en
      1960, 4 en 1974, 5 en 1987, 6,5 aujourd’hui, probablement 7 en 2013 et 9 en 2054.
      La population mondiale se stabilisera-t-elle ensuite autour de 10 milliards ?

      - Des rythmes différents selon les pays
      Derrière cette montée vertigineuse s’opère une révolution silencieuse qui est celle de
      la transition démographique, c'est-à-dire le processus par lequel une société passe d’un
      régime démographique où forte natalité et forte mortalité s’équilibrent, à un régime
      marqué par une faible natalité et une faible mortalité elles aussi approximativement
      équilibrées. Des différences existent dans les soldes naturels. L’accroissement de la
      population est essentiellement fortement localisé en Afrique, au Moyen Orient et en
      Inde. La hausse est plus modérée en Amérique du Sud, et globalement en Asie (Chine).
      Les soldes naturels sont par ailleurs négatifs dans certains pays : Allemagne, PECO,
      Russie. Ces soldes naturels peuvent provoquer une baisse de la population (Russie)
      s’ils ne sont pas compensés par des flux migratoires (Allemagne), avec des incidences
      économiques et politiques.

      - Cette diversité des dynamiques démographiques est en rapport avec : le niveau de vie
      (relation entre l’indice synthétique de fécondité et l’espérance de vie à la naissance),
      l’efficacité plus ou moins grande des politiques de limitation des naissances (rôle
      des gouvernements, résistances religieuses, culturelles…) avec parfois des effets
      secondaires importants (déséquilibres H/F dans plusieurs pays d’Asie). Les migrations
      de population peuvent modifier ces rapports (différences entre les EUA, l’Europe occi-
      dentale et le Japon).


      B. Un phénomène massif, le vieillissement de la population mondiale
      - Un processus quasi universel
      Trois phénomènes successifs touchent progressivement tous les pays du monde : la
      baisse de la mortalité infantile, la baisse de la fécondité et l’augmentation de l’espé-
      rance de vie modifient l’équilibre des groupes d’âges et entraînent un vieillissement
      quasi universel de la population mondiale. Selon les statistiques centralisées par l’ONU

       EPREUVES SPECIFIQUES
220                                                 annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE            SUJET                CORRIGE                RAPPORT



      (rapport « Vieillissement de la population mondiale : 1950-2050 »), il y a aujourd’hui
      650 millions d’êtres humains de plus de 60 ans dans le monde. Ils seront trois fois plus
      nombreux en 2050 : 2 milliards. Les seniors représentaient 8 % de la population mon-
      diale en 1950, 10 % en 2000. Ils formeront 21 % de l’humanité en 2050. La popula-
      tion des plus de 60 ans s’accroît de 2 % chaque année, beaucoup plus rapidement que
      la population dans son ensemble. En 2050, les sexagénaires pourraient, dans le
      monde, être plus nombreux que les moins de 15 ans.
      Il est aujourd’hui de 26 ans, en 2050, selon les projections de l’ONU, l’âge moyen de
      la population mondiale sera de 36 ans.
      Depuis 1950, l’espérance de vie a gagné 20 ans, passant de 46 à 66 ans. La moyenne
      planétaire masque évidemment des disparités régionales considérables et croissantes.

      - Les diversités du vieillissement
      Le Nord : le vieillissement n'est pas nouveau en soi, mais il est appelé à s'accélérer.
      Des pays développés, comme les Etats-Unis, ont “vieilli” d'une année en moyenne par
      décennie au siècle dernier, nous sommes actuellement sur un régime de deux années
      par décennie. L'Europe des 27 comptera plus de 120 millions de personnes âgées de
      plus de 65 ans en 2030 contre 85 millions aujourd'hui. Grâce à l'apport migratoire,
      l'Union européenne dans son ensemble évitera le déclin démographique, mais pas
      l'accentuation de son vieillissement. La France connaîtra une augmentation de sa
      population par le haut de la pyramide des âges, avec un vieillissement lié aux classes
      d'âge surnuméraires du baby-boom.
      Le Sud : l’ONU insiste également avec raison sur le fait que le vieillissement de la
      population est encore perçu à tort comme un phénomène propre aux pays industria-
      lisés. Or, en 2050, 80 % des plus de 60 ans vivront dans les pays en développement.
      En Chine la part des personnes âgées (65 ans et plus) est passée de 3.6% en 1964, à
      10.5% en 2000. Non seulement le phénomène ne ralentit pas, mais il surprend les
      spécialistes par son intensité et son accélération : exemple des villes du Maghreb.
      On observe une grande diversité entre villes et campagnes, entre les grands domaines
      religieux et culturels. Le cas de l’Afrique montre de grandes différences entre les caté-
      gories socio-professionnelles.


      C. Les conséquences économiques, sociales et géopolitiques du vieillissement et
      de la croissance démographique
      - L’impact économique : une crise économique mondiale de la vieillesse ?
      On montrera ici les incidences sur la croissance économique, l’épargne, l’investissement,
      la consommation, le marché du travail, le financement des retraites, la prise en charge
      des maladies liées à l’âge et des personnes dépendantes (Alzheimer).
      Le rapport : actifs/inactifs. De 1950 à 2000, le nombre de personnes âgées de 15 à
      64 ans pour une personne âgée de plus de 65 ans est passé de 12 à 9. En 2050, ce
      chiffre devrait passer à 4 en moyenne dans le monde. L’évolution de ce rapport
      aura une incidence majeure sur les systèmes de sécurité sociale s’ils existent, ou
      sur leur mise en place s’ils n’existent pas. Comment assurer un niveau de santé élevé
                                                                                                  >>
                                                                      EPREUVES SPECIFIQUES
                          annales officielles                                                     221
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

>>    ESPRIT DE L’EPREUVE          SUJET               CORRIGE               RAPPORT



      aux populations vieillissantes, dans un contexte de mise sous tension des finances
      publiques ?

      - L’impact sur les solidarités sociales
      Comment éviter les conflits entre les générations dus aux inégalités de revenu et
      de patrimoine. Le coefficient de charge parentale : en 1950, on dénombrait deux
      personnes de plus de 85 ans pour cent personnes âgées de 50 à 64 ans. En 2000,
      ce rapport est de 4 %. Il passera à 11 % en 2050. L’espérance de vie supérieure
      des femmes (à 80 ans, 4 femmes pour un homme) fait que le vieillissement s’accom-
      pagne d’une féminisation de la population mondiale.

      - Des problèmes géopolitiques majeurs : gérer l’explosion démographique du Sud et le
      péril gris au Nord
      Les rapports Nord-Sud. La population des pays du Sud progressera plus longtemps en
      effectifs. Six pays du Sud contribuent à la moitié de l’accroissement annuel mondial :
      l’Inde pour 21%, la Chine pour 12%, le Pakistan pour 5%, le Bangladesh pour 4% et
      l’Indonésie pour 3%. On peut mesurer ici le poids respectif des grands ensembles
      démographiques avec un renforcement du Sud. Les pays du Sud seront cependant
      confrontés à des difficultés spécifiques. Une prise de conscience et une véritable
      coopération sur le plan international seront indispensables (G20). La directrice de
      l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), résume bien la situation : “Les pays
      développés sont devenus riches avant de devenir vieux, les pays en développement
      seront vieux avant de devenir riches”.
      Sur les rapports Nord-Nord. Modification des rapports de force au sein de la triade :
      un renforcement des USA par rapport à l’UE “vieux continent de vieux” ou le “qua-
      trième âge” comprenant les personnes âgées de plus de 80 ans sera trois fois plus
      important qu’aujourd’hui et du Japon qui est déjà le pays le plus vieux du monde avec
      un âge moyen de 41 ans. La France est en meilleure posture du fait d’un indice de
      fécondité (2) élevé pour l’Europe.
      Sur les rapports Sud-Sud : rapports de force Chine/Inde ? La Chine et l’Inde repré-
      sentent déjà plus de la moitié de l’humanité avec des populations plus jeunes
      aussi, malgré le vieillissement. La population indienne dépassera la population
      chinoise du fait d’une natalité bien supérieure ? Qu’adviendra-t-il de l’Afrique
      noire (800 millions d’habitants en 2009 et 2 milliards en 2050 ?) confrontée à une
      croissance démographique supérieure à la croissance économique. Quelle sera
      l’incidence du Sida en Afrique ?



      II. LES DYNAMIQUES MIGRATOIRES INTERNATIONALES

      A. Les migrations “économiques”
      - mondialisation et mouvements de population
      La mondialisation économique a fait reculer la pauvreté et le sous développement dans

       EPREUVES SPECIFIQUES
222                                                annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE             SUJET                 CORRIGE                RAPPORT



      certaines parties du monde. Elle renforce aussi les écarts de revenus entre les pôles de
      richesses et les espaces périphériques, facilite les transports, les informations (TIC),
      renouvelle les imaginaires. La constante augmentation du nombre de migrants est un
      bon révélateur du processus de mondialisation. Certains auteurs ont parlé de “réponse
      migratoire” pour qualifier les mouvements de population qui sont guidés par la volonté
      d’accéder à une vie meilleure. Le nombre de migrants (personnes ayant quitté leur pays
      pour vivre et se fixer dans un autre pays pour au moins un an) dans le monde est estimé
      200 millions de personnes soit environ 3% de la population mondiale. L’arrivée de
      migrants est-elle une solution pour compenser le vieillissement des populations du
      Nord ?

      - les flux de main d’œuvre des régions jeunes et pauvres vers les régions vieilles et riches
      Il existe de grandes disparités entre les pays : 63% des migrants résident dans les
      pays développés et 34% dans les pays en développement. Dans certains pays, les
      migrants représentent plus de 60% de la population (Emirats arabes). Les femmes
      représentent 48% de la population migrante. La migration est concentrée sur un
      nombre restreint de pôles récepteurs tels que l’Europe, les Etats-Unis, le Moyen Orient
      pétrolier. Parmi les principaux pays d'origine des migrants on trouve désormais la Chine
      et l'Inde. On estime que l'argent injecté dans les pays d'origine en provenance des pays
      d'accueil (“remises”) est au moins égal si ce n'est très supérieur à la quantité d'aides
      financières apportées par les pays dits “riches” aux pays plus pauvres. Les migrations
      seront une importante variable d'ajustement d'ici 2050, échéance à laquelle 2 ou 3
      milliards d'individus supplémentaires sont attendus sur la planète, alors que les effets
      des modifications climatiques se feront probablement déjà sentir et que certaines zones
      ne pourront plus nourrir une population supplémentaire.

      - Les migrations de compétences
      La fuite des cerveaux, c'est-à-dire des travailleurs qualifiés, a un impact négatif sur le
      pays de départ: baisse du potentiel de production, perte de l'investissement de forma-
      tion. Elle pose un véritable problème en Afrique. Cependant, il semble que l'émigration
      favoriserait l'éducation dans les pays d'origine. En effet, la perspective de pouvoir
      migrer inciterait les populations à étudier même si elles n'ont pas la certitude de pou-
      voir partir.
      La mobilité étudiante s’accélère. Pour la période 1960-2000, les effectifs d'étudiants
      expatriés ont crû de 7 % annuellement. Il ya 2.5 millions d’étudiants étrangers dans le
      monde. Une immense majorité est issue du Sud, à destination du Nord et principale-
      ment des Etats-Unis.


      B. Les migrations politiques : réfugiés, déplacés et demandeurs d’asile
      - Les réfugiés ou déplacés fuient les persécutions
      Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies estime à 33 millions le nombre
      de personnes relevant de son mandat. Les personnes réfugiées, c'est-à-dire qui
      trouvent refuge au-delà des frontières nationales sont au nombre de 10 millions. Les
                                                                                                     >>
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                           annales officielles                                                       223
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      personnes déplacées qui fuient les persécutions à l’intérieur de leur propre pays sont
      au nombre de 20 millions. Dans certains cas, la situation est plus complexe : les réfu-
      giés se mêlant aux déplacés. C’est le cas du Soudan, de la République démocratique
      du Congo, de l’Ouganda ou de la Serbie (Gildas Simon). Les chiffres varient d’une
      année à l’autre en fonction des conflits.

      - “Une géographie des guerres et des conflits”
      Faire la cartographie des réfugiés c’est dresser la carte des principaux pays en conflit.
      Deux principaux foyers apparaissent. Le Moyen-Orient, avec la persistance du conflit
      Afghan et de la guerre en Irak. L’Afrique avec les conflits du Darfour, de Somalie, de
      la guerre civile en RDC et en Côte d’Ivoire. Les flux se dirigent la plupart du temps
      vers des pays proches : Iran et Pakistan pour l’Afghanistan, Syrie et Jordanie pour les
      Irakiens, Tchad pour le Darfour, Kenya pour la Somalie, Equateur et Venezuela pour
      les populations fuyant les FARC en Colombie, Thaïlande pour le Myanmar, Inde pour le
      Sri Lanka.

      - Le statut de réfugié est défini par la Convention de Genève de 1951.
      Une partie des réfugiés cherche asile au Nord où le statut de réfugié défini par la
      convention de Genève est difficile à obtenir. Il est de plus, malaisé pour de nombreux
      Etats de faire la différence entre les réfugiés “politiques” menacés dans les pays d’ori-
      gine et les personnes principalement motivées par des raisons économiques. Les pays
      du Nord accueillent des réfugiés et demandeurs d’asile (environ 1 million aux EUA,
      700.000 en Allemagne, 300.000 au Royaume-Uni, 200.000 en France) et ne comptent
      pas de déplacés internes.
      La plupart des réfugiés viennent ou se dirigent vers des pays pauvres qui doivent faire
      face, pour les uns à des déperditions importantes en adultes et, pour les autres à des
      dépenses insurmontables (pays d’Afrique subsaharienne). L’aide internationale est
      alors indispensable.
      Les camps de réfugiés, sortes de “ghettos urbains” en milieu rural, évoluent en
      fonction de la situation politique dans le pays d’origine. On estime à plusieurs
      millions le nombre de réfugiés qui sont rentrés chez eux ces dix dernières années.


      C. Un monde en réseaux : diasporas et mobilités choisies
      - Les diasporas, issues de la mobilité des hommes
      Le mot est d’origine grecque et il signifie disperser. Historiquement le mot a été
      appliqué à la diaspora juive, aujourd’hui il est utilisé pour désigner des communautés
      dispersées dans le monde et partageant une même identité. Les diasporas sont orga-
      nisées en réseaux qui continuent à générer des déplacements de populations.
      La diaspora juive joue un rôle primordial dans les relations entre les Etats-Unis et
      Israël qui a accueilli une bonne partie des 3 millions de juifs vivant dans l’ex-URSS.
      La diaspora chinoise reste la plus importante numériquement (40 millions). Ancienne,
      elle a repris depuis la fin de la guerre du Vietnam et la fin de l’ère maoïste. Cette
      diaspora constitue un facteur important du décollage de la Chine.

       EPREUVES SPECIFIQUES
224                                                  annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE           SUJET               CORRIGE              RAPPORT



      La diaspora libanaise est constituée de départs qui n’ont pas cessé depuis deux
      siècles, mais la guerre du Liban (1975-1990) a accéléré les migrations de population
      qui concernent désormais toutes la “mosaïque” libanaise. Elle assure la survie des
      communautés locales et contribue à entretenir la guerre en armant les milices qui
      dévastent le pays.
      La diaspora turque parfois qualifiée de “nouvelle diaspora” est constituée de plus de
      6 millions de personnes vivant essentiellement en Europe (2.5 millions en Allemagne)
      entretient des relations étroites avec la Turquie.

      - “La planète nomade”
      Alors que les flux de populations du Sud vers le Nord connaissent de nombreuses
      restrictions, les mobilités du Nord vers le Sud explosent. On comptait environ
      170 millions de touristes internationaux en 1970, on en compte près de 900 millions
      aujourd’hui. C’est un secteur en pleine croissance (5% par an) surtout vers l’Asie et
      l’Afrique. Le tourisme contribue à la mise en réseau du monde.
      Si les pays du Nord restent les grands pourvoyeurs de touristes, certains pays du Sud
      comme la Chine, l’Inde, le Mexique, le Brésil sont appelés à jouer un rôle de plus en
      plus important. Les échanges sont essentiellement intra-régionaux : entre pays
      européens, entre pays asiatiques et dans le continent américain entre l’Amérique du
      Nord et les caraïbes. Les flux sont sujets à de grands changements annuels liés
      aux difficultés économiques dans les pays du Nord (crise, chômage), aux tensions
      géopolitiques (attentats, conflits armés) et aux risques (SRAS, tsunamis).
      Le tourisme représente près de 10% du PIB mondial et emploie 8% de la population
      mondiale. Les grands acteurs économiques du Nord accaparent les transports, les
      chaînes hôtelières (Holidays Inn, Accor). Le tourisme est néanmoins une source de
      devises inestimable pour un certain nombre de pays en développement (Maroc,
      Tunisie, Egypte, Kenya, Île Maurice, Jordanie…). Les recettes touristiques sont loin
      d’être négligeables pour ces pays, mais le tourisme apporte aussi des déséquilibres
      (nouveaux modes de vie, destruction de sites, exploitation sexuelle des enfants). Un
      éco-tourisme, plus respectueux des cultures des pays d’accueil est aujourd’hui prôné
      par certaines ONG.



      III. LES DYNAMIQUES INTERNES

      A. Un phénomène planétaire: la métropolisation du monde
      - L’urbanisation est un aspect majeur des évolutions du monde contemporain
      Le monde comptait 276 agglomérations de plus de 1 million d’habitants en 1990,
      il y en avait 400 en 2000 et il y en aura sans doute 550 en 2015. La moitié de
      la population mondiale est urbaine, les deux tiers en 2030. L’époque actuelle se
      caractérise par une métropolisation accrue. A côté des grandes villes des pays
      occidentaux surgissent des très grandes villes dans les pays en développement. La
      moitié des villes millionnaires sont en Asie, en Amérique latine et en Afrique qui
                                                                                              >>
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                         annales officielles                                                  225
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      comptent aussi la majorité des grandes métropoles mondiales. La poussée urbaine
      est ralentie au Nord, elle est très forte au Sud. L’Asie est en cours d’urbanisation
      accélérée et, en 2020 une dizaine de mégapoles avoisineront les 20 millions d’ha-
      bitants. En Afrique d’énormes agglomérations se forment comme Lagos qui avait
      2 millions d’habitants en 1975 et plus de 11 millions aujourd’hui. On estime que
      la population urbaine pourrait y doubler dans les vingt prochaines années, cela
      s’explique en grande partie par un fort exode rural.

      - Les transformations des espaces urbains
      L’urbanisation est une concentration de population qui se mesure quantitativement
      mais elle transforme les territoires et les individus. Les métropoles drainent les
      populations rurales, organisent, dominent. On assiste à un renforcement des méga-
      poles comme celle qui s’étend de Boston à Washington, celle qui va de Tokyo à
      Hiroshima ou de la mégapole d’Europe occidentale moins continue.
      Développement des façades maritimes.
      Les bidonvilles (slums, favelas, kampongs) abritent déjà plus d’un citadin sur trois.
      Ils coexistent avec les “enclaves résidentielles” des “gated communities”. Les villes
      connaissent une évolution vers une urbanité discriminante et un repli identitaire.

      Défi écologique avec la généralisation de la voiture.

      - Dynamiques urbaines et tensions ethniques
      Les communautés ethniques qui se constituent dans les grandes métropoles
      s’affrontent parfois comme ce fut le cas au Royaume-Uni. L’exemple de Los Angeles
      fournit un bon exemple des recompositions ethniques où les “Blancs” qui la
      peuplaient à 92% sont minoritaires dès 1990. La proportion des Hispaniques est
      passée en 30 ans de 2% à 33%, celle des Asiatiques de 2% à 10% (C. Manzagol).
      Ces changements révèlent la nature des tensions inter-raciales. Le ghetto noir se
      sent menacé et cerné par les quartiers hispaniques. Hispaniques et Asiatiques
      réclament au conseil municipal une représentation plus conforme à leur nombre.


      B. Les diversités des dynamiques démographiques à l’échelle des pays esquissent
      de nouveaux rapports de force
      - La situation dans les pays de la Triade
      Le vieillissement de la population européenne du fait de l’effondrement de la
      fécondité est entrain de provoquer un véritable choc démographique. L’UE
      doit trouver une réponse au financement des retraites (augmentation des cotisations,
      allongement de la durée du temps de travail, réduction des prestations,
      développement des fonds de pension), et trouver un financement pour les nouvelles
      dépenses de santé. Les défis sont multiples : vieillissement, tensions sur les systèmes
      de protection sociale, diversité des marchés intérieurs, modèle de consommation inex-
      tensible à l’ensemble de la planète. Les réponses lorsqu’elles existent restent souvent
      nationales.

       EPREUVES SPECIFIQUES
226                                                 annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE            SUJET                CORRIGE                RAPPORT



      Au Japon le vieillissement de la population risque de lui faire perdre sa puissance
      économique. Les retraites sont menacées mais également toute la hiérarchie de la
      société (salaires au mérite, fin des trois générations vivant dans le même foyer,
      nécessité d’augmenter le taux d’activité des femmes et recul de l’âge de la retraite).
      Aux Etats-Unis le vieillissement est moins important du fait d’une politique d’immi-
      gration active qui renoue avec les grandes périodes du passé mais l’avenir des
      différents régimes de retraite est d’autant plus menacé qu’il est largement financé
      par la capitalisation.

      - Dans les pays émergents : le poids du nombre
      La relation entre la maîtrise de la croissance démographique et la croissance éco-
      nomique est ici capitale (différence Chine / Inde). Le rôle des gouvernements et les
      politiques mises en place sont donc essentiels. On retrouve encore la problématique
      du développement/sous-développement. A terme le poids de la population chinoise
      est un atout fort face aux EUA à niveau de développement égal (idem pour l’Inde).
      La jeunesse de la population et la faible mortalité nécessitent de forts besoins édu-
      catifs et sanitaires. La question du vieillissement va néanmoins se poser très vite
      alors que les systèmes de protection sociale (systèmes de retraites) sont faibles.

      - Dans les PMA : l’accroissement naturel handicape encore le développement
      Pays où la croissance démographique (même si le nombre de pays d’Afrique noire
      connaissent désormais un ralentissement de l’accroissement naturel) handicape
      encore largement le développement, pérennisant les plus mauvais indicateurs
      (mortalité infantile, IDH…) mais la situation s’améliore hors des zones de conflit,
      sauf dans les pays où l’incurie de l’Etat favorise l’extension du SIDA.
      Difficultés à financer les besoins en “investissements démographiques” Les campagnes
                                                                              .
      du continent le plus rural de la planète se vident dans des mégapoles. Les zones
      d’habitations informelles se développent et c’est ici que se préparent d’après l’ONU,
      “les conflits du futur”. La tentation de l’émigration en Afrique prive les Etats de leurs
      forces vives.


      C. Quelles politiques de la population ?
      - L’impact des politiques démographiques sur l’avenir des populations
      Il reste des populations encore jeunes mais comme on l’a vu le vieillissement des
      populations est une tendance lourde. Les populations qui connaissent une politique
      efficace de limitation des naissances vieillissent plus vite : c’est le cas de la Chine
      dans un terme assez proche. La politique drastique de l’enfant unique a aussi
      des effets “collatéraux” comme la forte masculinisation de la population qui va
      provoquer un problème de célibat pour des millions de jeunes. La chute de la fécon-
      dité fait que le renouvellement des populations n’est plus assuré.
      Deux facteurs peuvent freiner le vieillissement au niveau des Etats : les migrations
      de populations qui permettent, à travers un dynamisme démographique accru un
      rajeunissement (différence entre les EUA, l’Europe occidentale et le Japon), ou bien
                                                                                                  >>
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Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      des politiques de soutien à la natalité (France tout au long du XX ème siècle).

      - Statut et identité du “migrant”
      Un premier exemple peut être pris à partir de l’intégration des étrangers dans l’UE.
      L’UE compte environ 25 millions d’étrangers essentiellement concentrés dans quatre
      pays : Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni. La convention de Schengen
      règlementer la circulation des personnes qui n’est pas totale dans l’UE. La question
      de l’intégration des étrangers reste le fait de politiques et de traditions nationales.
      On oppose généralement de modèle républicain français d’assimilation, aujourd’hui
      en crise, au modèle de la société multiethnique du Royaume-Uni. L’Allemagne a
      modifié son Code de la nationalité pour tenir compte du droit du sol et se rappro-
      cher de la législation des autres pays de l’UE.
      Aux Etats-Unis le nombre de personnes d’origine hispanique atteint désormais
      le chiffre de 45 millions. Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050. Les hispaniques
      représentent le tiers de la population de la Californie et du Texas, plus de 40%
      au Nouveau Mexique. Défi hispanique, voire “cauchemar hispanique” pour S.
      Huntington. Le pays est-il en passe d’évoluer vers deux peuples dotés de deux
      cultures ?

      - Les problématiques induites par les dynamiques démographiques. Comment gérer
      l’explosion démographique et le développement durable ? On retrouve la relations
      entre le nombre et le niveau de vie (Malthus, Meadows, Brundtland). D’ici 2050 les
      besoins alimentaires devraient doubler. Comment nourrir les hommes ? Avec quel
      productivisme, quel mode de vie, quel “impact écologique” ? La crise écologique
      (sols pollués, épuisés, eau gaspillée, réchauffement de la planète) s’ajoute à la
      crise sociale (émeutes de la faim). Les défis pour les Etats sont multiples, leurs
      résolutions dépendront de réponses globales mais aussi locales.


      Conclusion
      Les dynamiques démographiques et leurs incidences économiques, sociales, géopo-
      litiques témoignent des niveaux de développement comme de la plus ou moins
      grande efficacité des politiques publiques.
      Mais, et c’est un des atouts de la démographie, ces dynamiques permettent de
      dresser l’esquisse d’un tableau des populations d’ici quelques temps à l’échelle du
      monde (9 milliards d’habitants vers 2050 ?) ou des pays (rapidité du vieillissement,
      besoin de migrants, système éducatif) et de définir des mesures aptes à répondre
      aux problèmes qui s’annoncent. En “signant l’état du monde” elles posent
      clairement la question du devenir de notre planète dans la mondialisation.


      Croquis
      Les migrations internationales de population au début du XXIème siècle.


       EPREUVES SPECIFIQUES
228                                                 annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE           SUJET                 CORRIGE              RAPPORT



      Principaux points à cartographier :
      Représenter et hiérarchiser les principaux flux de migrants par des flèches

      Les migrations économiques
          . pays de départ
          . pays d’arrivée
          . Corridors migratoires et zones de tension migratoire (Méditerranée, frontière
            Mexique / EUA)
          . pays de transit : Mexique, Maroc, Libye, Turquie…
          . espace Schengen
          . envoi des “remises”

      Les migrations politiques
          . zones de troubles fuies par les populations
          . principales zones de réfugiés

      Les migrations climatiques
          . avancées des déserts et déplacement des populations (Sahel)
          . régions à risques pour les populations (littoraux très bas… Pays-Bas,
            Maldives)




      SUJET 2

                                       Analyse du sujet

      Le thème proposé à la réflexion des candidats n’est pas déroutant mais la crise éco-
      nomique qui frappe les Etats-Unis actualise et renouvelle le questionnement sur un
      sujet en apparence classique. Les candidats ne pouvant pas ignorer les aspects récents
      de la question, doivent néanmoins les replacer dans un contexte historique plus vaste
      dans le seul but d’apporter une réponse à la question posée.
      L’analyse du libellé doit permettre d’éviter toute confusion avec des problématiques
      proches. Il faut d’abord préciser ce qu’il faut entendre par le mot empire qui désigne
      traditionnellement un ensemble de territoires sous l’autorité ou la dépendance
      d’un pouvoir. L’empire américain qualifie la domination, voire l’influence exercée par
      les Etats-Unis au plan mondial. L’originalité est ici, que contrairement aux autres
      empires qui se sont succédés dans l’histoire, les Etats-Unis ne cherchent pas à annexer
      des territoires mais à les contrôler.
      Les Etats-Unis première puissance économique, militaire, de la planète ont pour
      ambition déclarée de faire triompher, y compris par les armes, les valeurs de la démo-
      cratie et du libéralisme partout dans le monde. Ils se déclarent “l’empire du bien”.
      Le sujet est posé sous une forme interrogative ce qui doit amener les candidats à
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Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      apporter des réponses qui peuvent différer d’un devoir à l’autre sur “la fin de l’empire“.
      L’évaluation ne se fera pas à partir d’une réponse attendue, mais de la capacité des
      candidats à faire un devoir démonstratif à partir de faits signifiants couvrant tout le
      champ du sujet (aspects géoéconomiques, géopolitiques, culturels).


                                            Plan proposé

      L’effondrement de l’URSS, la fin de la Guerre froide et le triomphe de l’économie de
      marché en République populaire de Chine ont fait des Etats-Unis d’Amérique “l’hyper-
      puissance” (H. Védrine) de la fin du XXe siècle. La domination américaine semble sans
      partage, assiste-t-on alors à “la fin de l’Histoire” ? (Francis Fukuyama). L’extraordinaire
      rebond économique des années 1990, le recul du chômage, le succès des “start-up”
      américaines, faisait que l’on parlait de New-Age. Le XXIe siècle serait américain.
      Les attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center de New York montraient
      de manière singulière et symbolique (c’est la première fois que les Etats-Unis sont tou-
      chés sur leur territoire) la vulnérabilité d’une hégémonie contestée par une partie du
      monde. En réalité la décomposition du système américain avait fait l’objet de nom-
      breuses analyses dès les années 1980. Depuis lors, les difficultés liées à l’enlisement
      militaire en Irak, puis à la crise des “subprimes” n’ont fait qu’accélérer le processus
      de décomposition, annonçant la fin de l’hégémonie américaine.
      Mais le déclin américain n’est-il pas relatif et grandement lié à un phénomène de
      rattrapage des autres puissances ? Les Etats-Unis ne sont-ils plus que la première
      puissance d’un monde multipolaire et multiculturel ? La récente élection de Barack
      Obama ne montre-elle pas aussi, l’extraordinaire capacité de rebond des Etats-
      Unis en préfigurant une “nouvelle donne” pour l’Amérique et pour les relations
      internationales ?



      I. UN EMPIRE ÉBRANLÉ

      A. La décomposition du système américain
      - La puissance américaine peut-elle soutenir un empire global ? L’ouvrage d’Emmanuel
      Todd, Après l’empire, paru en 2002, analyse la décomposition du système américain
      qui n’est plus capable selon lui de dominer seul le nouveau siècle. Les Etats-Unis
      jusqu’à une période récente étaient facteur d’ordre mondial, ils apparaissent de plus
      en plus comme facteur de désordre. L’Amérique en serait réduite à attaquer des adver-
      saires insignifiants, ce qui n’est pas une manière de se définir de façon convaincante
      comme fort, pour prétendre rester la puissance indispensable au monde. E. Todd
      reprend la thèse du “micromilitarisme théâtral”, en fait c’est l’Amérique qui ne peut
      plus se passer du monde, projetant son désordre interne sur la planète. Dès lors
      l’Amérique maintien son activité guerrière au sein de l’Eurasie pour maintenir sa “cen-
      tralité” financière.


       EPREUVES SPECIFIQUES
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ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      - Le déficit du commerce extérieur est “un gouffre sans fond”. Le creusement du défi-
      cit résulte des effets de la concurrence asiatique dans les industries traditionnelles
      mais il concerne aussi structurellement la haute technologie. Pour enrayer cette
      dégradation les Etats-Unis manipulent le dollar, multiplient les barrières non
      tarifaires et les subventions. Le crédit et la surconsommation des ménages favorisent
      une bulle spéculative génératrice de désordres planétaires.

      - L’ampleur du déficit budgétaire, dopé après le 11 septembre par l’exercice de la
      puissance militaire. A cela s’ajoute les déficits des Etats et des collectivités territoriales.

      - “L’Amérique en faillite ?” L’ampleur de l’endettement américain (dette publique, dette
      des ménages, dette des entreprises) atteint des proportions abyssales et pèse sur les
      grands équilibres mondiaux. Les Etats-Unis sont en position de débiteur net vis-à-vis
      du reste du monde, mais la dette étant libellée en dollars, ce sont les prêteurs qui
      assument les risques de change.


      B. L’empire défié : le choc du 11 septembre 2001
      - Depuis la fin de la guerre froide, les Etats-Unis “gendarmes du monde”, agissent par-
      tout dans le monde au nom des valeurs de la démocratie libérale visant à instaurer un
      “nouvel ordre mondial” Ils interviennent dans le conflit Yougoslave, en Afrique (Zaïre,
                              .
      Somalie, Libéria), en Afghanistan, mènent la guerre du golfe en 1991 pour chasser
      Saddam Hussein du Koweït. Les attentats du 11 septembre 2001 entraînent un
      changement profond. Les Etats-Unis touchés sur leur propre territoire par les atten-
      tats menés par AL-Qaïda semblent vulnérables face au terrorisme. Ils lancent alors
      une véritable croisade contre les “Etats voyous” et interviennent en Irak en mars
      2003, contre l’avis des Nation-Unies, en violation du droit international. La perte de
      légitimité est flagrante.

      - Les actions menées en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) par la première
      puissance militaire du monde s’enlisent dans une guerre sans front faite de guérilla et
      d’attentats. L’image des Etats-Unis est ternie, les intérêts américains et ceux de leurs
      alliés sont partout menacés dans le monde comme le montrent les attentats d’Aden,
      de Djedda, de Riyad, du Sinaï, de Sharm el-Sheik, de Karachi, de Casablanca, des
      Philippines, de Madrid et de Londres.

      - Les Etats-Unis ont multiplié, sans grand succès, les sanctions contre les pays
      ennemis. Elles vont de l’embargo général, à des mesures spécifiques telles que
      le blocage des avoirs dans les banques aux Etats-Unis. Elles nourrissent partout
      l’anti-américanisme qui se manifeste lors des réunions de l’OMC ou du G8.
      - Les Etats-Unis sont pris dans le piège de jeux contradictoires : ils soutiennent les
      monarchies pétrolières du golfe et défendent leur allié Israélien, ils tentent de se

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      rapprocher des anciennes républiques d’Asie centrale au risque de mécontenter la
      Russie qui se sent encerclée. Leur intervention en Irak semble contre productive dans
      la mesure où elle fait le jeu de l’Iran chiite. Barack Obama, nouvellement élu, vient de
      décider le retrait des troupes de l’Irak.


      C. La crise des subprimes : la fin de l’hégémonie américaine ?
      - La crise des subprimes porte-t-elle en germe la fin de l’hégémonie américaine ? Pour
      Laurent Carroué (Images Economiques du Monde 2009) il faut réinscrire cette crise
      dans toutes ses dimensions sociales, territoriales et géopolitiques. La crise interroge
      sur le devenir de la puissance des Etats-Unis car elle “apparaît bien comme une
      crise systémique qui s’inscrit dans un cadre plus large avec la chute du dollar, la crise
      énergétique et l’impasse stratégique des bourbiers Irakiens et Afghan. Elle signe une
      fin de cycle historique du fait des contradictions accumulées en interrogeant le cœur
      même du modèle de développement états-unien”.

      - La crise qui secoue l’économie mondiale est la plus grave que le monde ait connue
      depuis 1929. Elle est née aux Etats-Unis à l’été 2007 sur le marché des crédits hypo-
      thécaires à risques, les subprimes. L’augmentation des taux de remboursement ruine
      5 millions de ménages américains et fait peser des risques d’implosion sociale. La
      crise immobilière devient financière entraînant la nationalisation des deux agences
      de crédits hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac. A l’automne 2007 elle se géné-
      ralise au cœur du système financier américain pour s’étendre du fait des liens
      financiers transcontinentaux tissés entre les pôles dominants (début de l’année 2008)
      à l’ensemble des places financières, notamment européennes.

      - La faillite de la banque Lehman Brothers le 15 septembre 2008 peut être comparée
      pour son importance au jeudi noir de 1929, elle clôt le cycle dominé par l’ouverture
      des frontières et la dérégulation, mais aussi la suprématie absolue des Etats-Unis et
      de l’Occident dans le pilotage de l’économie de marché (N. Baverez). La crise menace
      toute l’économie du capitalisme mondialisé. Des secteurs clés comme celui de l’auto-
      mobile sont particulièrement touchés. L’Europe et le Japon sont plongés dans la
      récession. La crise s’étend aussi aux pays émergents. Le taux de chômage s’envole ;
      Les Etats sont appelés au secours, aux Etats-Unis Citigroup et Bank of América sont
      de facto nationalisés. Le sommet du G20 à Londres en appelle au moins verbalement,
      à l’esquisse d’une gouvernance mondiale légitime et donne plus de moyens au FMI.
      Est-ce la fin du mythe de l’autorégulation et de l’hyperpuisssance américaine ?



      II. LA RÉSISTANCE DE LA RÉPUBLIQUE IMPÉRIALE

      Le déclin des Etats-Unis d’Amérique est souvent présenté comme irrémédiable, il
      préfigurerait la fin de l’empire. Force est de constater que par bien des aspects la

       EPREUVES SPECIFIQUES
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ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      puissance américaine se manifeste plus que jamais sur l’ensemble de la planète.

      A. Une hégémonie économique confortée par la mondialisation
      - Avec seulement 5 % de la population mondiale les Etats-Unis disposent de près du
      tiers de la richesse mondiale.

      - La domination américaine est particulièrement forte dans le secteur des hautes
      technologies. Les Etats-Unis sont passés maîtres dans le processus qui mène de
      l’innovation à la production et à la diffusion de nouveaux produits à l’échelle mon-
      diale. Ils sont à la pointe dans les technologies de l’information, des nanotechnolo-
      gies, du génie biologique, des machines outils, de l’avionique, des moteurs (G. Dorel).

      - Les FMN américaines exercent un pouvoir économique mondial, elles représentent le
      tiers des sociétés du top 100. Parmi les firmes multinationales on citera : Général
      Motors, Ford, Général Electric, Exxon, Chevron, IBM, Texas Instruments, Dell, HP, Intel.

      - L’industrie aéronautique (Boeing, Lookheed et Raytheon) malgré la concurrence
      d’Airbus reste la première du monde.

      - Microsoft, Cisco, Google règnent sur la cyberplanète.

      - Wal-Mart est le premier groupe mondial de la grande distribution.

      - Les IDE américains dans le monde se sont considérablement développés avec la mon-
      dialisation. Les implantations sur le marché européen, les délocalisations des indus-
      tries de main d’oeuvre vers les pays émergents (Chine) ou l’Amérique latine (Mexique)
      participent à la mise en place de la nouvelle DIT.

      - La puissance de l’agro industrie et l’arme alimentaire. La diffusion des OGM dans le
      monde (Monsanto).

      - Le choix du libre échange généralisé que le gouvernement essaie d’imposer (négo-
      ciations au sein de l’OMC) et la suprématie du dollar principale monnaie de réserve des
      banques centrales et monnaie des échanges internationaux.

      - Le rôle du NYSE (40% de la capitalisation boursière mondiale) et du Nasdaq. Les
      fonds de pension.


      B. Une puissance militaire globale
      - Le budget américain de la défense représente à lui seul près de la moitié des
      dépenses militaires de la planète. Les commandes de l’Etat fédéral font vivre un gig a n-
      tesque complexe militaro-industriel (Lookheed Martin, Boeing, Raytheon, General

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      Dynamics) qui mobilise les hautes technologies et accorde une part importante à
      la recherche donnant à l’armée américaine un avantage technologique. Le système
      échelon constitué entre autres par un réseau de satellites permet d’intercepter les
      télécopies, les communications téléphoniques ou les courriels sur toute la planète.

      - La dissuasion nucléaire, le “bouclier antimissile” qui sanctuarise le territoire, la lutte
      antiterroriste et la capacité de déploiement de forces partout dans le monde consti-
      tuent les piliers de la stratégie américaine de défense.

      - Le dispositif d’emploi des forces armées américaines est mondial. Il repose sur une
      structure d’états-majors dont cinq sont à vocation géographique et quatre à vocation
      fonctionnelle. Les Etats-Unis peuvent ainsi déployer 400 000 soldats sur des terrains
      d’opérations lointains, contre 60 000 pour la Russie.

      - La puissance militaire américaine s’appuie sur un réseau d’alliances mis en place
      durant la guerre froide. L’OTAN créée en 1949 pour faire face à l’URSS en est l’exemple
      le plus achevé. L’OTAN s’est continuellement élargie : à la Grèce, à la Turquie, à la RFA,
      à l’Espagne puis après la chute du mur de Berlin aux pays d’Europe centrale et orien-
      tale (Pologne, Tchéquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, pays Baltes).
      L’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie ont fait leur demande pour intégrer l’OTAN. La
      récente intervention Russe en Géorgie est à replacer dans ce contexte. Les Etats-Unis
      recherchent aussi des coalitions limitées pour la phase militaire des guerres (guerre
      du Golfe, Afghanistan, Irak).


      C. . Hard power et soft power
      - Dans les années 1990, le secrétaire adjoint à la défense Joseph S. Nye propose une
      nouvelle définition de la puissance américaine. Si le “hard power” utilise les moyens
      politiques, militaires, économiques pour imposer par la coercition voire par la force sa
      puissance au reste du monde, le soft power au contraire met l’accent sur la capacité
      de séduction du modèle américain. C’est par la puissance douce, c'est-à-dire la capa-
      cité de convaincre autant que de vaincre, que les Etats-Unis imposent au reste du
      monde leurs normes, leurs valeurs (démocratie, libéralisme économique…), notam-
      ment par des produits culturels comme le cinéma d’Hollywood. L’American way of life,
      l’américanisation du monde, tant décriée par ailleurs, se diffuse dans le monde en
      utilisant le levier de la mondialisation.

      - Pour Joseph S. Nye le cinéma américain apparaît comme un élément fondamental du
      soft power. Le monde entier est inondé de films américains (85% du marché mondial)
      qui diffusent le bonheur consumériste des Etats-Unis. Les accords Blum-Byrnes (1946)
      ouvraient déjà les écrans français au cinéma américain contre une annulation partielle
      de la dette de guerre. Aujourd’hui, les séries télévisées, les blockbusters, la musique,
      les parcs de loisirs (Disneyland) diffusent une culture de masse américaine.


       EPREUVES SPECIFIQUES
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ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      - Pour les Etats-Unis les produits culturels étant considérés comme une marchandise,
      doivent être soumis à la libre concurrence (cycle de Doha ouvert en 2001). La France
      essaie de s’y opposer en mettant en avant l’exception culturelle.

      - Le soft power s’exprime à travers les produits et les “marques” comme Coca-Cola, Mc
      Donald’s, Levis Strauss, American Express, Microsoft, You Tube, Intel, Disney…

       - Le pouvoir attractif des Etats-Unis se mesure enfin au nombre d’étudiants étrangers
      présents sur le territoire national (plus du tiers des 3 millions d’étudiants à l’étranger
      dans le monde). Ceux-ci, une fois les diplômes acquis, diffusent aussi le modèle
      américain partout dans le monde et notamment en Asie.

      Cette puissance américaine sans rivale, qui combine aussi bien le hard power que le
      soft power doit être nuancée.



      III LA FIN DES ILLUSIONS : LEADERSHIP PLUS QU’EMPIRE

      A. L’érosion de la superpuissance américaine dans la phase actuelle de la
      mondialisation
      - Les déficits américains “jumeaux” sont “surfinancés” par l’étranger. Certes la
      machine américaine “recycle” cet apport extérieur, soit aux USA, soit en réintégrant
      une partie des bons du trésor financés par la Chine ou le Japon vers des IDE. On parle
      d’un “équilibre des déséquilibres”. En valeur, les exportations de marchandises améri-
      caines sont au 3e rang mondial. Les Etats-Unis ont été dépassés par l’Allemagne en
      2003, puis par la Chine en 2007. La puissance financière vient d’être considérablement
      affaiblie par la crise actuelle. La surconsommation économique comme substitut de
      puissance ne peut se poursuivre éternellement.

      - Plusieurs débats importants peuvent contribuer à fragiliser dans un premier temps
      les Etats-Unis : les inégalités et la redistribution interne de la richesse (40 millions
      d’américains sans protection sociale), une certaine perte de confiance dans la dette
      américaine, la tournure des évènements en Afghanistan et en Irak faisant peser des
      doutes sur la supériorité stratégique absolue.

      - Un risque de repli sur l’Etat-Nation : c’est ce dernier qui démontre pour l’instant la
      solidité de ses structures si l’on ne parvenait pas à consolider les instances de régu-
      lation supranationales et que l’espace économique mondial se fragmentait. Les “Big
      Three” menacés de disparition font appel à l’intervention publique pour éviter le
      naufrage. La crise pose à la nouvelle administration américaine des défis de politique
      publique et industrielle inédits.

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Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

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      - Indice ambigu : l’entreprise. Si l’on prend en considération le classement des 500
      premières entreprises mondiales par leur capitalisation depuis 1998 on constate que
      la part des Etats-Unis est passée de 58% à 41%, celle de l’Europe est restée stable
      (1/3 du total), tandis que la part du capital des pays émergents est passée de 2% à
      20%. Cependant, en comparant les entreprises européennes et américaines dans le
      top 500, on se rend compte que les européennes sont bien plus vieilles. En Europe,
      3 ont été créées après 1975, contre 26 aux Etats-Unis. Ceci montre l’importance de
      l’innovation technologique, la force du lien entre les entreprises et les meilleures uni-
      versités, le rôle aussi du brain drain. Le tout aboutissant à une économie américaine
      toujours plus schumpétérienne où la “destruction créatrice” semble plus opérante
      qu’en Europe, donc mieux à même de relever les défis.


      B. L’évolution de la posture internationale des Etats-Unis
      - L’essor économique des années 1990 avait nourri aux USA un “complexe du
      vainqueur”, et une tendance à l’unilatéralisme. Cependant l’administration Clinton
      promouvait encore l’idée assez positive que la mondialisation (globalisation) et la
      démocratisation marchaient de concert, même si les salariés étaient inquiets pour
      leurs emplois, que les inégalités ne régressaient guère, et que le terrorisme se
      montrait de plus en plus menaçant.

      - L’administration Bush a rompu avec l’idée d’une “approche coopérative” de la globa-
      lisation. Les attentats du 11 septembre lui font désigner un nouvel ennemi, elle
      estime avoir droit à la guerre préventive, le tout avec l’intériorisation du concept de
      “choc des civilisations”. Les Etats-Unis pensent être en droit d’exporter la démocratie
      (et le marché) par la force.

      - Le nouveau pouvoir, celui d’Obama, même s’il manifeste la plus grande prudence et
      un vrai souci de continuité, est également soucieux d’une meilleure image extérieure
      des Etats-Unis, et va sans doute faire preuve d’une bien meilleure capacité d’écoute
      et de dialogue. Cependant la gravité de la crise économique est un élément dont il
      faut aussi tenir le plus grand compte : il n’est pas exclu que dans le but de protéger
      les secteurs économiques menacés, la nouvelle administration fasse preuve d’unilaté-
      ralisme, voire de protectionnisme ou de nationalisme.

      - En participant au sommet du G 20 à Londres le 2 avril 2009 les Etats-Unis d’Obama
      ont accepté l’idée d’une gouvernance mondiale légitime et partagée. Américains,
      Russes, Chinois, Brésiliens, Européens se sont accordés sur une lecture commune de
      la crise et ont décidé d’injecter jusqu’à 1350 milliards de dollars pour relancer l’éco-
      nomie mondiale. L’accord reste flou sur le financement mais il montre bien que les
      Etats-Unis ne sont plus les seuls maîtres à bord. Le “grand gagnant” a été le Fonds
      monétaire international dont les ressources vont tripler.

      - Les désordres financiers, la crise alimentaire, l’inégal développement, le réchauffement

       EPREUVES SPECIFIQUES
236                                                  annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE            SUJET                 CORRIGE                RAPPORT



      climatique, les conflits régionaux, la prolifération nucléaire, l’aggravation des tensions
      Nord-Sud appellent des normes et des régulations communes. L’action américaine sera
      décisive mais elle nécessitera plus de multilatéralisme.


      C. La première puissance parmi d’autres
      Le nouveau positionnement américain est le résultat d’une évolution due à plusieurs
      causes. Pierre Hassner, directeur de recherches au CERI résume bien la situation.

      - D’abord le bilan désastreux de George W. Bush, notamment en Irak, ce qui à entraîné
      la chute de popularité des Etats-Unis chez leurs alliés traditionnels (Allemagne,
      Turquie) et la méfiance chez les autres.

      - De façon plus structurelle la montée en puissance de pays émergents et le partage
      de la puissance notamment avec la Chine et la Russie qui annoncent la fin du “pré-
      tendu moment unipolaire”. La Chine est le “grand challenger” tandis que la proliféra-
      tion nucléaire désigne de nouveaux pôles de puissance, tel l’Iran.

      - Le changement même de la nature de la puissance dans les relations internationales.
      La première puissance militaire du monde à du mal à triompher des forces de guérilla,
      de terroristes nationalistes ou religieux. Il faut aussi gagner la bataille de l’opinion
      (Guantanamo) et financer la reconstruction (Irak) pour exercer toutes les formes de la
      puissance. Ce qui paraît de plus en plus irréalisable comme le montre la permanence
      de l’opposition altermondialiste dans le monde qui exprime aussi le rejet de la “culture
      américaine”.

      - Le dernier facteur qui contribue à dissiper l’illusion de la toute puissance américaine
      est celui de la crise économique, écologique et sociale. Les Etats-Unis absorbent à eux
      seuls 20% de la consommation énergétique mondiale et sont les principaux pollueurs.
      Ils font figure d’accusés et jusqu’ici l’administration Bush s’est montrée dépassée ou
      peu coopérative.

      - Il reste pourtant aux Etats-Unis le capital humain. Celui d’une population relativement
      jeune et qui profite du brain drain.


      Conclusion
      Les Etats-Unis n’ont pas été dévorés par le Japon comme on le croyait dans les années
      1980. Seront-ils demain dépassés par la Chine ? Le pays a choisi un modèle de
      croissance qui vient de s’effondrer. Leur rôle dans la mondialisation reste ambigu. Le
      leadership américain demeure dans bien des domaines ; mais les Etats-Unis devront
      partager leur puissance dans un monde désormais multipolaire. Ils devront accepter que
      des intérêts différents des leurs soient satisfaits et faire évoluer leur mode de vie vers
      un développement plus durable. Ici on peut considérer que “l’Empire” américain a vécu.
                                                                                                   >>
                                                                       EPREUVES SPECIFIQUES
                           annales officielles                                                     237
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

>>    ESPRIT DE L’EPREUVE           SUJET                CORRIGE               RAPPORT




                                             RAPPORT

      COMMENTAIRES
      La moyenne générale est de 10.30 et l’écart type de 3.39. Plus des deux tiers des can-
      didats ont choisi le sujet sur la fin de l’empire américain qui a été mieux traité que le
      sujet 1 portant sur la démographie.
      Synthèse des principales remarques faites par les correcteurs.


      SUJET 1
      Le sujet a semble-t-il été choisi par des candidats qui ont voulu se rassurer avec
      les documents fournis et la carte à réaliser. C’est ici que l’on trouve les moins
      bonnes copies, avec des candidats se contentant d’une paraphrase servile des tex-
      tes sans définir convenablement les termes du sujet et ne connaissant pas les
      notions démographiques élémentaires. Ce n’est que très rarement que les copies
      abordent l’ensemble des problématiques : l’inégale croissance démographique
      et ses implications, le vieillissement, les migrations, l’urbanisation, leurs consé-
      quences de toute nature... Trop de plans ressemblent à des catalogues de remarques,
      décalquant littéralement le libellé du sujet. Des compositions parfois très courtes
      et incomplètes. Le sujet s’est révélé difficile. Nous avons trouvé ici un lot de copies
      particulièrement faibles.

      Les notes n’ont pas été relevées par les croquis jugés insuffisants, incomplets,
      imprécis, s’éloignant du thème proposé. De nombreux candidats ont tenté de
      compenser leurs faiblesses par des légendes inutilement bavardes (les cartes sont
      parfois réduites à des légendes). De nombreuses localisations d’Etats sont sans
      rapport avec le sujet, les flux pas hiérarchisés, les bassins émetteurs et récepteurs
      sont souvent ignorés, les mouvements de réfugiés absents…

      Les croquis réalisés ne sont la plupart du temps que la simple duplication, plus ou
      moins réussie d’une carte apprise en cours. Ce type d’exercice sera abandonné par
      ECRICOME pour le prochain concours et remplacé par un commentaire de carte.


      SUJET 2
      Sujet plébiscité par la majorité des candidats avec un niveau plus relevé. L’impression
      prévaut que les meilleurs candidats ont plutôt choisi ce sujet. Quelques défauts
      récurrents : la notion d’empire n’est pas définie, ni interrogée, des problématiques
      sont détournées et traitent du modèle américain, du capitalisme américain ou de la
      place des Etats-Unis dans le monde. La formation de l’empire américain est souvent
      développée, alors que sa remise en cause qui est le cœur du sujet est envisagée
      brièvement. Les correcteurs ont été frappés par le bon niveau des connaissances
      laissant apparaître l’intérêt des étudiants pour ce thème. Certains correcteurs

       EPREUVES SPECIFIQUES
238                                                  annales officielles
ain    Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

      ESPRIT DE L’EPREUVE            SUJET                CORRIGE                RAPPORT



      signalent le plaisir qu’ils ont eu à corriger le sujet. Un sujet qui finalement a été
      sélectif au niveau de l’actualité certains ont fait l’impasse sur la crise actuelle et de
      ses enchaînements. La dimension géopolitique a été bien traitée dans les très bonnes
      copies.

      Au total l’impression générale qui prédomine est que les candidats ont beaucoup
      appris mais qu’ils doivent aussi mieux valoriser leurs savoirs.

      Des corrigés sont présentés à titre d’exemples, nous souhaitons qu’ils puissent aider
      les futurs candidats dans leur préparation.




                                                                                                  ■
                                                                      EPREUVES SPECIFIQUES
                          annales officielles                                                     239

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  • 1. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT ESPRIT GENERAL Cette épreuve vise à vérifier que les candidats disposent des repères nécessaires à la compréhension du monde dans lequel ils devront agir. L'étendue de l'étude, aussi bien dans l'espace que dans le temps, indique que le programme doit être abordé à partir d'une vision plus synthétique qu'analytique. Des sujets vastes, précis dans leur formulation, privilégiant la réflexion seront propo- sés aux candidats. EVALUATION Elle prendra en compte : - la capacité du candidat à définir le sujet, à le délimiter et à en dégager une problématique pertinente. - l'organisation des idées selon une démarche logique (plan). Il n'existe pas de plan préétabli, mais des plans plus ou moins efficaces, plus ou moins difficiles à mettre en œuvre pour répondre à la question posée. - l'aptitude des candidats à sélectionner des exemples concrets, significatifs, démonstratifs. - les qualités d'exposition (syntaxe et orthographe). ESPRIT DE L’EPREUVE Nouveau : évolution de l’épreuve d’HGGMC pour le concours 2010. L’épreuve d’Histoire, Géographie et Géopolitique du monde contemporain comprendra toujours deux sujets au choix des candidats, dont un sujet sans carte. Pour le sujet avec carte obligatoire, l’épreuve actuelle sera remplacée par un commen- taire de carte (s) qui comptera pour un quart de la note finale. Les cartes qui seront proposées pourront être en couleur. La carte aura un rapport avec la dissertation. Tout type de carte est susceptible d’être présenté : cartes géoéconomiques, géopolitiques, historiques, mise en cartographie de données quantitatives… Les cartes à très grande échelle sur des lieux géopolitiques majeurs permettront aux candidats de saisir des enjeux locaux, nationaux et internationaux, avec si c’est utile quelques rapides jalons historiques. On pourra proposer deux cartes (au maximum) dont la comparaison invitera le candidat à saisir des évolutions, des redistributions de rapports de force. Le titre problématisé dans l’intitulé du sujet de la carte donnera l’indication du thème à privilégier dans le commentaire. Des questions accompagnant la ou les cartes proposée(s) pourraient être envisagées mais pas obligatoirement. EPREUVES SPECIFIQUES 216 annales officielles
  • 2. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT Le commentaire de carte ne doit pas être une nouvelle dissertation. Il doit demeurer un exercice court (pas plus d’une page et demie) et être entièrement rédigé. On appré- ciera ici les qualités rédactionnelles, la pertinence de la réflexion, la capacité du candidat à dégager quelques idées forces bien distinctes. Les candidats doivent démontrer qu’ils savent lire, analyser, décrypter les enjeux géo- politiques des cartes, pour une meilleure compréhension de la complexité du monde actuel. ÉPREUVE 2009 Durée : 4 heures Aucun document n'est autorisé. Le candidat traitera au choix l'un des deux sujets suivants. SUJET 1 (sujet avec croquis et documents) Les dynamiques démographiques et leurs incidences économiques, sociales et géopolitiques dans le monde d’aujourd’hui (15 points). Croquis obligatoire (se situe en pages 8 et 9 de votre copie) : les migrations internationales de population au début du XXIe siècle (5 points). Document n°1 : Fécondité et espérance de vie Femmes / Hommes en 2006-2007 Source : Images économiques du monde 2008 et 2009 Fécondité (1) Espérance de vie (2) Afrique 5,1 53/51 Amérique du Nord 2,0 81/75 Amérique Centrale, Caraïbes 2,7 75/69 Amérique du Sud 2,4 76/69 Asie 2,4 70/66 Europe 1,4 79/71 France 2,0 84/77 >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 217
  • 3. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT Fécondité (1) Espérance de vie (2) Allemagne 1,3 82/76 Russie 1,3 72/59 Océanie 2,1 77/73 Monde 2,7 69/65 (1) Nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. (2) Espérance de vie à la naissance (nombre d’années : femmes / hommes). Document n°2 : Vieillissement et compétitivité. “(…) Alors qu’aujourd’hui, les Européens représentent 11% de la population mondiale, ils ne seront plus que 7% en 2050. Le poids économique de l’Europe diminuera en conséquence, sous le double effet des mutations démographiques et de la montée en puissance des économies émergentes (…) Selon diverses prévisions, sans modifica- tion des systèmes européens de protection sociale, le vieillissement démographique se soldera d’ici 2050 par une hausse de près de 8 points de pourcentage du PIB des seules dépenses de santé et de protection vieillesse. La solidarité générationnelle constituera alors une charge très lourde pour les futurs actifs.” Stefanie WAHL, Regards sur l’économie allemande, démographie et compétitivité, dans Problèmes économiques n°2925, La documentation Française, 6 juin 2007-11-02 Document n°4 : démographie et puissance. “Le retour de la puissance russe, c’est une Russie qui va mieux, mais surtout qui se relève de l’humiliation. (…) Tout ceci donne-t-il une nouvelle grande puissance ? Sans doute pas à court terme, en raison de la limitation des moyens, ni à moyen terme, du fait des faiblesses structurelles de l’économie et de la démographie”. Rapport annuel de l’Institut français des relations internationales 2009, p.278 “Un autre atout qui sera décisif pour les Etats-Unis est le formidable dynamisme démographique. Selon l’American Enterprise Institute, la population américaine augmentera de 65 millions d’ici 2030, tandis que le nombre d’Européens, lui stagnera. L’Europe sera à cet horizon un continent vieillissant dont le nombre des plus de 65 ans sera le double de celui des moins de 15 ans (… ) De façon surprenante, de nombreux pays d’Asie (hormis l’Inde) sont dans une situation démographique comparable à celle de l’Europe. (…). Les étudiants étrangers et immigrés représentent aux Etats-Unis 50% des chercheurs en sciences, et, en 2006, 40% des docteurs en sciences et en ingénierie et 65% en informatique.” Problèmes économiques n° 2954 septembre 2008 EPREUVES SPECIFIQUES 218 annales officielles
  • 4. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT SUJET 2 (sujet sans croquis, sans documents) Les Etats-Unis d’Amérique: la fin de “l’Empire” ? (20 points). CORRIGE SUJET 1 Analyse du sujet Les candidats doivent d’abord bien lire le sujet et le définir pour éviter toute dérive. Tous les mots comptent. Il faut donc envisager les dynamiques démogra- phiques et pas la démographie en général. Une confusion fréquente a été faite entre “dynamisme” et “dynamiques”. La dynamique doit être définie comme un processus qui marque une évolution. En géographie, l’analyse dynamique est celle qui introduit le temps dans une analyse géographique et s’oppose à l’analyse statique (J. Lévy, M. Lussault, Dictionnaire de la Géographie). Un système dynamique est implicitement considéré comme animé de mouvements internes. La notion de mouvement, de changement est centrale ici, on doit cependant se garder d’un jugement de valeur qui serait positif sur ce qui bouge et négatif sur ce qui est immobile. L’analyse dynamique concerne aussi bien l’idée développementaliste de croissance que de déclin. Il sera difficile d’être exhaustif sur un tel sujet qui fait appel à la capacité de syn- thèse des candidats. Le sujet fait référence au programme de première année qui aborde le thème principal du sujet et au programme de deuxième année qui met l’accent sur les dynamiques géographiques de chaque continent, ce dernier point sera particulièrement utile pour illustrer le devoir d’exemples concrets indispensables à la démonstration. Plan proposé Les dynamiques caractérisant la démographie dans la mondialisation (solde naturel, âge des populations, migrations diverses…) sont complexes, elles diffèrent grandement sur la planète et reflètent le plus souvent des différences de conditions de vie. Il y a donc un rapport étroit entre la diversité des dynamiques démographiques d’un côté et la diversité des faits économiques, sociaux et géopolitiques. Le sujet doit être envisagé à l’échelle des pays, des continents ou du monde. Les dynamiques démographiques expriment avec force la fracture entre le Nord et le Sud, elles soulignent les divergences entre les pays, mais elles nous rappellent aussi l’unicité de la mondialisation. Les enjeux économiques, sociaux, géopolitiques, seront évalués et spécifiés en fonction de leur importance à partir de trois thèmes majeurs : >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 219
  • 5. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT - La croissance démographique et le vieillissement de la population du monde. - Les dynamiques migratoires internationales. - Les dynamiques internes. I. LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET LE VIEILLISSEMENT DU MONDE A. Un accroissement spectaculaire mais inégal - La croissance de la population : 6.5, bientôt 9 milliards ? Il aura fallu attendre les années 1800 pour atteindre le 1er milliard d’habitants sur la planète, en revanche en 130 ans, de 1800 à 1930 la population a doublé pour atteindre 2 milliards. Depuis le rythme d’accroissement s’est accéléré : 3 milliards en 1960, 4 en 1974, 5 en 1987, 6,5 aujourd’hui, probablement 7 en 2013 et 9 en 2054. La population mondiale se stabilisera-t-elle ensuite autour de 10 milliards ? - Des rythmes différents selon les pays Derrière cette montée vertigineuse s’opère une révolution silencieuse qui est celle de la transition démographique, c'est-à-dire le processus par lequel une société passe d’un régime démographique où forte natalité et forte mortalité s’équilibrent, à un régime marqué par une faible natalité et une faible mortalité elles aussi approximativement équilibrées. Des différences existent dans les soldes naturels. L’accroissement de la population est essentiellement fortement localisé en Afrique, au Moyen Orient et en Inde. La hausse est plus modérée en Amérique du Sud, et globalement en Asie (Chine). Les soldes naturels sont par ailleurs négatifs dans certains pays : Allemagne, PECO, Russie. Ces soldes naturels peuvent provoquer une baisse de la population (Russie) s’ils ne sont pas compensés par des flux migratoires (Allemagne), avec des incidences économiques et politiques. - Cette diversité des dynamiques démographiques est en rapport avec : le niveau de vie (relation entre l’indice synthétique de fécondité et l’espérance de vie à la naissance), l’efficacité plus ou moins grande des politiques de limitation des naissances (rôle des gouvernements, résistances religieuses, culturelles…) avec parfois des effets secondaires importants (déséquilibres H/F dans plusieurs pays d’Asie). Les migrations de population peuvent modifier ces rapports (différences entre les EUA, l’Europe occi- dentale et le Japon). B. Un phénomène massif, le vieillissement de la population mondiale - Un processus quasi universel Trois phénomènes successifs touchent progressivement tous les pays du monde : la baisse de la mortalité infantile, la baisse de la fécondité et l’augmentation de l’espé- rance de vie modifient l’équilibre des groupes d’âges et entraînent un vieillissement quasi universel de la population mondiale. Selon les statistiques centralisées par l’ONU EPREUVES SPECIFIQUES 220 annales officielles
  • 6. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT (rapport « Vieillissement de la population mondiale : 1950-2050 »), il y a aujourd’hui 650 millions d’êtres humains de plus de 60 ans dans le monde. Ils seront trois fois plus nombreux en 2050 : 2 milliards. Les seniors représentaient 8 % de la population mon- diale en 1950, 10 % en 2000. Ils formeront 21 % de l’humanité en 2050. La popula- tion des plus de 60 ans s’accroît de 2 % chaque année, beaucoup plus rapidement que la population dans son ensemble. En 2050, les sexagénaires pourraient, dans le monde, être plus nombreux que les moins de 15 ans. Il est aujourd’hui de 26 ans, en 2050, selon les projections de l’ONU, l’âge moyen de la population mondiale sera de 36 ans. Depuis 1950, l’espérance de vie a gagné 20 ans, passant de 46 à 66 ans. La moyenne planétaire masque évidemment des disparités régionales considérables et croissantes. - Les diversités du vieillissement Le Nord : le vieillissement n'est pas nouveau en soi, mais il est appelé à s'accélérer. Des pays développés, comme les Etats-Unis, ont “vieilli” d'une année en moyenne par décennie au siècle dernier, nous sommes actuellement sur un régime de deux années par décennie. L'Europe des 27 comptera plus de 120 millions de personnes âgées de plus de 65 ans en 2030 contre 85 millions aujourd'hui. Grâce à l'apport migratoire, l'Union européenne dans son ensemble évitera le déclin démographique, mais pas l'accentuation de son vieillissement. La France connaîtra une augmentation de sa population par le haut de la pyramide des âges, avec un vieillissement lié aux classes d'âge surnuméraires du baby-boom. Le Sud : l’ONU insiste également avec raison sur le fait que le vieillissement de la population est encore perçu à tort comme un phénomène propre aux pays industria- lisés. Or, en 2050, 80 % des plus de 60 ans vivront dans les pays en développement. En Chine la part des personnes âgées (65 ans et plus) est passée de 3.6% en 1964, à 10.5% en 2000. Non seulement le phénomène ne ralentit pas, mais il surprend les spécialistes par son intensité et son accélération : exemple des villes du Maghreb. On observe une grande diversité entre villes et campagnes, entre les grands domaines religieux et culturels. Le cas de l’Afrique montre de grandes différences entre les caté- gories socio-professionnelles. C. Les conséquences économiques, sociales et géopolitiques du vieillissement et de la croissance démographique - L’impact économique : une crise économique mondiale de la vieillesse ? On montrera ici les incidences sur la croissance économique, l’épargne, l’investissement, la consommation, le marché du travail, le financement des retraites, la prise en charge des maladies liées à l’âge et des personnes dépendantes (Alzheimer). Le rapport : actifs/inactifs. De 1950 à 2000, le nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans pour une personne âgée de plus de 65 ans est passé de 12 à 9. En 2050, ce chiffre devrait passer à 4 en moyenne dans le monde. L’évolution de ce rapport aura une incidence majeure sur les systèmes de sécurité sociale s’ils existent, ou sur leur mise en place s’ils n’existent pas. Comment assurer un niveau de santé élevé >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 221
  • 7. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT aux populations vieillissantes, dans un contexte de mise sous tension des finances publiques ? - L’impact sur les solidarités sociales Comment éviter les conflits entre les générations dus aux inégalités de revenu et de patrimoine. Le coefficient de charge parentale : en 1950, on dénombrait deux personnes de plus de 85 ans pour cent personnes âgées de 50 à 64 ans. En 2000, ce rapport est de 4 %. Il passera à 11 % en 2050. L’espérance de vie supérieure des femmes (à 80 ans, 4 femmes pour un homme) fait que le vieillissement s’accom- pagne d’une féminisation de la population mondiale. - Des problèmes géopolitiques majeurs : gérer l’explosion démographique du Sud et le péril gris au Nord Les rapports Nord-Sud. La population des pays du Sud progressera plus longtemps en effectifs. Six pays du Sud contribuent à la moitié de l’accroissement annuel mondial : l’Inde pour 21%, la Chine pour 12%, le Pakistan pour 5%, le Bangladesh pour 4% et l’Indonésie pour 3%. On peut mesurer ici le poids respectif des grands ensembles démographiques avec un renforcement du Sud. Les pays du Sud seront cependant confrontés à des difficultés spécifiques. Une prise de conscience et une véritable coopération sur le plan international seront indispensables (G20). La directrice de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), résume bien la situation : “Les pays développés sont devenus riches avant de devenir vieux, les pays en développement seront vieux avant de devenir riches”. Sur les rapports Nord-Nord. Modification des rapports de force au sein de la triade : un renforcement des USA par rapport à l’UE “vieux continent de vieux” ou le “qua- trième âge” comprenant les personnes âgées de plus de 80 ans sera trois fois plus important qu’aujourd’hui et du Japon qui est déjà le pays le plus vieux du monde avec un âge moyen de 41 ans. La France est en meilleure posture du fait d’un indice de fécondité (2) élevé pour l’Europe. Sur les rapports Sud-Sud : rapports de force Chine/Inde ? La Chine et l’Inde repré- sentent déjà plus de la moitié de l’humanité avec des populations plus jeunes aussi, malgré le vieillissement. La population indienne dépassera la population chinoise du fait d’une natalité bien supérieure ? Qu’adviendra-t-il de l’Afrique noire (800 millions d’habitants en 2009 et 2 milliards en 2050 ?) confrontée à une croissance démographique supérieure à la croissance économique. Quelle sera l’incidence du Sida en Afrique ? II. LES DYNAMIQUES MIGRATOIRES INTERNATIONALES A. Les migrations “économiques” - mondialisation et mouvements de population La mondialisation économique a fait reculer la pauvreté et le sous développement dans EPREUVES SPECIFIQUES 222 annales officielles
  • 8. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT certaines parties du monde. Elle renforce aussi les écarts de revenus entre les pôles de richesses et les espaces périphériques, facilite les transports, les informations (TIC), renouvelle les imaginaires. La constante augmentation du nombre de migrants est un bon révélateur du processus de mondialisation. Certains auteurs ont parlé de “réponse migratoire” pour qualifier les mouvements de population qui sont guidés par la volonté d’accéder à une vie meilleure. Le nombre de migrants (personnes ayant quitté leur pays pour vivre et se fixer dans un autre pays pour au moins un an) dans le monde est estimé 200 millions de personnes soit environ 3% de la population mondiale. L’arrivée de migrants est-elle une solution pour compenser le vieillissement des populations du Nord ? - les flux de main d’œuvre des régions jeunes et pauvres vers les régions vieilles et riches Il existe de grandes disparités entre les pays : 63% des migrants résident dans les pays développés et 34% dans les pays en développement. Dans certains pays, les migrants représentent plus de 60% de la population (Emirats arabes). Les femmes représentent 48% de la population migrante. La migration est concentrée sur un nombre restreint de pôles récepteurs tels que l’Europe, les Etats-Unis, le Moyen Orient pétrolier. Parmi les principaux pays d'origine des migrants on trouve désormais la Chine et l'Inde. On estime que l'argent injecté dans les pays d'origine en provenance des pays d'accueil (“remises”) est au moins égal si ce n'est très supérieur à la quantité d'aides financières apportées par les pays dits “riches” aux pays plus pauvres. Les migrations seront une importante variable d'ajustement d'ici 2050, échéance à laquelle 2 ou 3 milliards d'individus supplémentaires sont attendus sur la planète, alors que les effets des modifications climatiques se feront probablement déjà sentir et que certaines zones ne pourront plus nourrir une population supplémentaire. - Les migrations de compétences La fuite des cerveaux, c'est-à-dire des travailleurs qualifiés, a un impact négatif sur le pays de départ: baisse du potentiel de production, perte de l'investissement de forma- tion. Elle pose un véritable problème en Afrique. Cependant, il semble que l'émigration favoriserait l'éducation dans les pays d'origine. En effet, la perspective de pouvoir migrer inciterait les populations à étudier même si elles n'ont pas la certitude de pou- voir partir. La mobilité étudiante s’accélère. Pour la période 1960-2000, les effectifs d'étudiants expatriés ont crû de 7 % annuellement. Il ya 2.5 millions d’étudiants étrangers dans le monde. Une immense majorité est issue du Sud, à destination du Nord et principale- ment des Etats-Unis. B. Les migrations politiques : réfugiés, déplacés et demandeurs d’asile - Les réfugiés ou déplacés fuient les persécutions Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies estime à 33 millions le nombre de personnes relevant de son mandat. Les personnes réfugiées, c'est-à-dire qui trouvent refuge au-delà des frontières nationales sont au nombre de 10 millions. Les >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 223
  • 9. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT personnes déplacées qui fuient les persécutions à l’intérieur de leur propre pays sont au nombre de 20 millions. Dans certains cas, la situation est plus complexe : les réfu- giés se mêlant aux déplacés. C’est le cas du Soudan, de la République démocratique du Congo, de l’Ouganda ou de la Serbie (Gildas Simon). Les chiffres varient d’une année à l’autre en fonction des conflits. - “Une géographie des guerres et des conflits” Faire la cartographie des réfugiés c’est dresser la carte des principaux pays en conflit. Deux principaux foyers apparaissent. Le Moyen-Orient, avec la persistance du conflit Afghan et de la guerre en Irak. L’Afrique avec les conflits du Darfour, de Somalie, de la guerre civile en RDC et en Côte d’Ivoire. Les flux se dirigent la plupart du temps vers des pays proches : Iran et Pakistan pour l’Afghanistan, Syrie et Jordanie pour les Irakiens, Tchad pour le Darfour, Kenya pour la Somalie, Equateur et Venezuela pour les populations fuyant les FARC en Colombie, Thaïlande pour le Myanmar, Inde pour le Sri Lanka. - Le statut de réfugié est défini par la Convention de Genève de 1951. Une partie des réfugiés cherche asile au Nord où le statut de réfugié défini par la convention de Genève est difficile à obtenir. Il est de plus, malaisé pour de nombreux Etats de faire la différence entre les réfugiés “politiques” menacés dans les pays d’ori- gine et les personnes principalement motivées par des raisons économiques. Les pays du Nord accueillent des réfugiés et demandeurs d’asile (environ 1 million aux EUA, 700.000 en Allemagne, 300.000 au Royaume-Uni, 200.000 en France) et ne comptent pas de déplacés internes. La plupart des réfugiés viennent ou se dirigent vers des pays pauvres qui doivent faire face, pour les uns à des déperditions importantes en adultes et, pour les autres à des dépenses insurmontables (pays d’Afrique subsaharienne). L’aide internationale est alors indispensable. Les camps de réfugiés, sortes de “ghettos urbains” en milieu rural, évoluent en fonction de la situation politique dans le pays d’origine. On estime à plusieurs millions le nombre de réfugiés qui sont rentrés chez eux ces dix dernières années. C. Un monde en réseaux : diasporas et mobilités choisies - Les diasporas, issues de la mobilité des hommes Le mot est d’origine grecque et il signifie disperser. Historiquement le mot a été appliqué à la diaspora juive, aujourd’hui il est utilisé pour désigner des communautés dispersées dans le monde et partageant une même identité. Les diasporas sont orga- nisées en réseaux qui continuent à générer des déplacements de populations. La diaspora juive joue un rôle primordial dans les relations entre les Etats-Unis et Israël qui a accueilli une bonne partie des 3 millions de juifs vivant dans l’ex-URSS. La diaspora chinoise reste la plus importante numériquement (40 millions). Ancienne, elle a repris depuis la fin de la guerre du Vietnam et la fin de l’ère maoïste. Cette diaspora constitue un facteur important du décollage de la Chine. EPREUVES SPECIFIQUES 224 annales officielles
  • 10. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT La diaspora libanaise est constituée de départs qui n’ont pas cessé depuis deux siècles, mais la guerre du Liban (1975-1990) a accéléré les migrations de population qui concernent désormais toutes la “mosaïque” libanaise. Elle assure la survie des communautés locales et contribue à entretenir la guerre en armant les milices qui dévastent le pays. La diaspora turque parfois qualifiée de “nouvelle diaspora” est constituée de plus de 6 millions de personnes vivant essentiellement en Europe (2.5 millions en Allemagne) entretient des relations étroites avec la Turquie. - “La planète nomade” Alors que les flux de populations du Sud vers le Nord connaissent de nombreuses restrictions, les mobilités du Nord vers le Sud explosent. On comptait environ 170 millions de touristes internationaux en 1970, on en compte près de 900 millions aujourd’hui. C’est un secteur en pleine croissance (5% par an) surtout vers l’Asie et l’Afrique. Le tourisme contribue à la mise en réseau du monde. Si les pays du Nord restent les grands pourvoyeurs de touristes, certains pays du Sud comme la Chine, l’Inde, le Mexique, le Brésil sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important. Les échanges sont essentiellement intra-régionaux : entre pays européens, entre pays asiatiques et dans le continent américain entre l’Amérique du Nord et les caraïbes. Les flux sont sujets à de grands changements annuels liés aux difficultés économiques dans les pays du Nord (crise, chômage), aux tensions géopolitiques (attentats, conflits armés) et aux risques (SRAS, tsunamis). Le tourisme représente près de 10% du PIB mondial et emploie 8% de la population mondiale. Les grands acteurs économiques du Nord accaparent les transports, les chaînes hôtelières (Holidays Inn, Accor). Le tourisme est néanmoins une source de devises inestimable pour un certain nombre de pays en développement (Maroc, Tunisie, Egypte, Kenya, Île Maurice, Jordanie…). Les recettes touristiques sont loin d’être négligeables pour ces pays, mais le tourisme apporte aussi des déséquilibres (nouveaux modes de vie, destruction de sites, exploitation sexuelle des enfants). Un éco-tourisme, plus respectueux des cultures des pays d’accueil est aujourd’hui prôné par certaines ONG. III. LES DYNAMIQUES INTERNES A. Un phénomène planétaire: la métropolisation du monde - L’urbanisation est un aspect majeur des évolutions du monde contemporain Le monde comptait 276 agglomérations de plus de 1 million d’habitants en 1990, il y en avait 400 en 2000 et il y en aura sans doute 550 en 2015. La moitié de la population mondiale est urbaine, les deux tiers en 2030. L’époque actuelle se caractérise par une métropolisation accrue. A côté des grandes villes des pays occidentaux surgissent des très grandes villes dans les pays en développement. La moitié des villes millionnaires sont en Asie, en Amérique latine et en Afrique qui >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 225
  • 11. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT comptent aussi la majorité des grandes métropoles mondiales. La poussée urbaine est ralentie au Nord, elle est très forte au Sud. L’Asie est en cours d’urbanisation accélérée et, en 2020 une dizaine de mégapoles avoisineront les 20 millions d’ha- bitants. En Afrique d’énormes agglomérations se forment comme Lagos qui avait 2 millions d’habitants en 1975 et plus de 11 millions aujourd’hui. On estime que la population urbaine pourrait y doubler dans les vingt prochaines années, cela s’explique en grande partie par un fort exode rural. - Les transformations des espaces urbains L’urbanisation est une concentration de population qui se mesure quantitativement mais elle transforme les territoires et les individus. Les métropoles drainent les populations rurales, organisent, dominent. On assiste à un renforcement des méga- poles comme celle qui s’étend de Boston à Washington, celle qui va de Tokyo à Hiroshima ou de la mégapole d’Europe occidentale moins continue. Développement des façades maritimes. Les bidonvilles (slums, favelas, kampongs) abritent déjà plus d’un citadin sur trois. Ils coexistent avec les “enclaves résidentielles” des “gated communities”. Les villes connaissent une évolution vers une urbanité discriminante et un repli identitaire. Défi écologique avec la généralisation de la voiture. - Dynamiques urbaines et tensions ethniques Les communautés ethniques qui se constituent dans les grandes métropoles s’affrontent parfois comme ce fut le cas au Royaume-Uni. L’exemple de Los Angeles fournit un bon exemple des recompositions ethniques où les “Blancs” qui la peuplaient à 92% sont minoritaires dès 1990. La proportion des Hispaniques est passée en 30 ans de 2% à 33%, celle des Asiatiques de 2% à 10% (C. Manzagol). Ces changements révèlent la nature des tensions inter-raciales. Le ghetto noir se sent menacé et cerné par les quartiers hispaniques. Hispaniques et Asiatiques réclament au conseil municipal une représentation plus conforme à leur nombre. B. Les diversités des dynamiques démographiques à l’échelle des pays esquissent de nouveaux rapports de force - La situation dans les pays de la Triade Le vieillissement de la population européenne du fait de l’effondrement de la fécondité est entrain de provoquer un véritable choc démographique. L’UE doit trouver une réponse au financement des retraites (augmentation des cotisations, allongement de la durée du temps de travail, réduction des prestations, développement des fonds de pension), et trouver un financement pour les nouvelles dépenses de santé. Les défis sont multiples : vieillissement, tensions sur les systèmes de protection sociale, diversité des marchés intérieurs, modèle de consommation inex- tensible à l’ensemble de la planète. Les réponses lorsqu’elles existent restent souvent nationales. EPREUVES SPECIFIQUES 226 annales officielles
  • 12. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT Au Japon le vieillissement de la population risque de lui faire perdre sa puissance économique. Les retraites sont menacées mais également toute la hiérarchie de la société (salaires au mérite, fin des trois générations vivant dans le même foyer, nécessité d’augmenter le taux d’activité des femmes et recul de l’âge de la retraite). Aux Etats-Unis le vieillissement est moins important du fait d’une politique d’immi- gration active qui renoue avec les grandes périodes du passé mais l’avenir des différents régimes de retraite est d’autant plus menacé qu’il est largement financé par la capitalisation. - Dans les pays émergents : le poids du nombre La relation entre la maîtrise de la croissance démographique et la croissance éco- nomique est ici capitale (différence Chine / Inde). Le rôle des gouvernements et les politiques mises en place sont donc essentiels. On retrouve encore la problématique du développement/sous-développement. A terme le poids de la population chinoise est un atout fort face aux EUA à niveau de développement égal (idem pour l’Inde). La jeunesse de la population et la faible mortalité nécessitent de forts besoins édu- catifs et sanitaires. La question du vieillissement va néanmoins se poser très vite alors que les systèmes de protection sociale (systèmes de retraites) sont faibles. - Dans les PMA : l’accroissement naturel handicape encore le développement Pays où la croissance démographique (même si le nombre de pays d’Afrique noire connaissent désormais un ralentissement de l’accroissement naturel) handicape encore largement le développement, pérennisant les plus mauvais indicateurs (mortalité infantile, IDH…) mais la situation s’améliore hors des zones de conflit, sauf dans les pays où l’incurie de l’Etat favorise l’extension du SIDA. Difficultés à financer les besoins en “investissements démographiques” Les campagnes . du continent le plus rural de la planète se vident dans des mégapoles. Les zones d’habitations informelles se développent et c’est ici que se préparent d’après l’ONU, “les conflits du futur”. La tentation de l’émigration en Afrique prive les Etats de leurs forces vives. C. Quelles politiques de la population ? - L’impact des politiques démographiques sur l’avenir des populations Il reste des populations encore jeunes mais comme on l’a vu le vieillissement des populations est une tendance lourde. Les populations qui connaissent une politique efficace de limitation des naissances vieillissent plus vite : c’est le cas de la Chine dans un terme assez proche. La politique drastique de l’enfant unique a aussi des effets “collatéraux” comme la forte masculinisation de la population qui va provoquer un problème de célibat pour des millions de jeunes. La chute de la fécon- dité fait que le renouvellement des populations n’est plus assuré. Deux facteurs peuvent freiner le vieillissement au niveau des Etats : les migrations de populations qui permettent, à travers un dynamisme démographique accru un rajeunissement (différence entre les EUA, l’Europe occidentale et le Japon), ou bien >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 227
  • 13. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT des politiques de soutien à la natalité (France tout au long du XX ème siècle). - Statut et identité du “migrant” Un premier exemple peut être pris à partir de l’intégration des étrangers dans l’UE. L’UE compte environ 25 millions d’étrangers essentiellement concentrés dans quatre pays : Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni. La convention de Schengen règlementer la circulation des personnes qui n’est pas totale dans l’UE. La question de l’intégration des étrangers reste le fait de politiques et de traditions nationales. On oppose généralement de modèle républicain français d’assimilation, aujourd’hui en crise, au modèle de la société multiethnique du Royaume-Uni. L’Allemagne a modifié son Code de la nationalité pour tenir compte du droit du sol et se rappro- cher de la législation des autres pays de l’UE. Aux Etats-Unis le nombre de personnes d’origine hispanique atteint désormais le chiffre de 45 millions. Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050. Les hispaniques représentent le tiers de la population de la Californie et du Texas, plus de 40% au Nouveau Mexique. Défi hispanique, voire “cauchemar hispanique” pour S. Huntington. Le pays est-il en passe d’évoluer vers deux peuples dotés de deux cultures ? - Les problématiques induites par les dynamiques démographiques. Comment gérer l’explosion démographique et le développement durable ? On retrouve la relations entre le nombre et le niveau de vie (Malthus, Meadows, Brundtland). D’ici 2050 les besoins alimentaires devraient doubler. Comment nourrir les hommes ? Avec quel productivisme, quel mode de vie, quel “impact écologique” ? La crise écologique (sols pollués, épuisés, eau gaspillée, réchauffement de la planète) s’ajoute à la crise sociale (émeutes de la faim). Les défis pour les Etats sont multiples, leurs résolutions dépendront de réponses globales mais aussi locales. Conclusion Les dynamiques démographiques et leurs incidences économiques, sociales, géopo- litiques témoignent des niveaux de développement comme de la plus ou moins grande efficacité des politiques publiques. Mais, et c’est un des atouts de la démographie, ces dynamiques permettent de dresser l’esquisse d’un tableau des populations d’ici quelques temps à l’échelle du monde (9 milliards d’habitants vers 2050 ?) ou des pays (rapidité du vieillissement, besoin de migrants, système éducatif) et de définir des mesures aptes à répondre aux problèmes qui s’annoncent. En “signant l’état du monde” elles posent clairement la question du devenir de notre planète dans la mondialisation. Croquis Les migrations internationales de population au début du XXIème siècle. EPREUVES SPECIFIQUES 228 annales officielles
  • 14. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT Principaux points à cartographier : Représenter et hiérarchiser les principaux flux de migrants par des flèches Les migrations économiques . pays de départ . pays d’arrivée . Corridors migratoires et zones de tension migratoire (Méditerranée, frontière Mexique / EUA) . pays de transit : Mexique, Maroc, Libye, Turquie… . espace Schengen . envoi des “remises” Les migrations politiques . zones de troubles fuies par les populations . principales zones de réfugiés Les migrations climatiques . avancées des déserts et déplacement des populations (Sahel) . régions à risques pour les populations (littoraux très bas… Pays-Bas, Maldives) SUJET 2 Analyse du sujet Le thème proposé à la réflexion des candidats n’est pas déroutant mais la crise éco- nomique qui frappe les Etats-Unis actualise et renouvelle le questionnement sur un sujet en apparence classique. Les candidats ne pouvant pas ignorer les aspects récents de la question, doivent néanmoins les replacer dans un contexte historique plus vaste dans le seul but d’apporter une réponse à la question posée. L’analyse du libellé doit permettre d’éviter toute confusion avec des problématiques proches. Il faut d’abord préciser ce qu’il faut entendre par le mot empire qui désigne traditionnellement un ensemble de territoires sous l’autorité ou la dépendance d’un pouvoir. L’empire américain qualifie la domination, voire l’influence exercée par les Etats-Unis au plan mondial. L’originalité est ici, que contrairement aux autres empires qui se sont succédés dans l’histoire, les Etats-Unis ne cherchent pas à annexer des territoires mais à les contrôler. Les Etats-Unis première puissance économique, militaire, de la planète ont pour ambition déclarée de faire triompher, y compris par les armes, les valeurs de la démo- cratie et du libéralisme partout dans le monde. Ils se déclarent “l’empire du bien”. Le sujet est posé sous une forme interrogative ce qui doit amener les candidats à >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 229
  • 15. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT apporter des réponses qui peuvent différer d’un devoir à l’autre sur “la fin de l’empire“. L’évaluation ne se fera pas à partir d’une réponse attendue, mais de la capacité des candidats à faire un devoir démonstratif à partir de faits signifiants couvrant tout le champ du sujet (aspects géoéconomiques, géopolitiques, culturels). Plan proposé L’effondrement de l’URSS, la fin de la Guerre froide et le triomphe de l’économie de marché en République populaire de Chine ont fait des Etats-Unis d’Amérique “l’hyper- puissance” (H. Védrine) de la fin du XXe siècle. La domination américaine semble sans partage, assiste-t-on alors à “la fin de l’Histoire” ? (Francis Fukuyama). L’extraordinaire rebond économique des années 1990, le recul du chômage, le succès des “start-up” américaines, faisait que l’on parlait de New-Age. Le XXIe siècle serait américain. Les attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center de New York montraient de manière singulière et symbolique (c’est la première fois que les Etats-Unis sont tou- chés sur leur territoire) la vulnérabilité d’une hégémonie contestée par une partie du monde. En réalité la décomposition du système américain avait fait l’objet de nom- breuses analyses dès les années 1980. Depuis lors, les difficultés liées à l’enlisement militaire en Irak, puis à la crise des “subprimes” n’ont fait qu’accélérer le processus de décomposition, annonçant la fin de l’hégémonie américaine. Mais le déclin américain n’est-il pas relatif et grandement lié à un phénomène de rattrapage des autres puissances ? Les Etats-Unis ne sont-ils plus que la première puissance d’un monde multipolaire et multiculturel ? La récente élection de Barack Obama ne montre-elle pas aussi, l’extraordinaire capacité de rebond des Etats- Unis en préfigurant une “nouvelle donne” pour l’Amérique et pour les relations internationales ? I. UN EMPIRE ÉBRANLÉ A. La décomposition du système américain - La puissance américaine peut-elle soutenir un empire global ? L’ouvrage d’Emmanuel Todd, Après l’empire, paru en 2002, analyse la décomposition du système américain qui n’est plus capable selon lui de dominer seul le nouveau siècle. Les Etats-Unis jusqu’à une période récente étaient facteur d’ordre mondial, ils apparaissent de plus en plus comme facteur de désordre. L’Amérique en serait réduite à attaquer des adver- saires insignifiants, ce qui n’est pas une manière de se définir de façon convaincante comme fort, pour prétendre rester la puissance indispensable au monde. E. Todd reprend la thèse du “micromilitarisme théâtral”, en fait c’est l’Amérique qui ne peut plus se passer du monde, projetant son désordre interne sur la planète. Dès lors l’Amérique maintien son activité guerrière au sein de l’Eurasie pour maintenir sa “cen- tralité” financière. EPREUVES SPECIFIQUES 230 annales officielles
  • 16. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT - Le déficit du commerce extérieur est “un gouffre sans fond”. Le creusement du défi- cit résulte des effets de la concurrence asiatique dans les industries traditionnelles mais il concerne aussi structurellement la haute technologie. Pour enrayer cette dégradation les Etats-Unis manipulent le dollar, multiplient les barrières non tarifaires et les subventions. Le crédit et la surconsommation des ménages favorisent une bulle spéculative génératrice de désordres planétaires. - L’ampleur du déficit budgétaire, dopé après le 11 septembre par l’exercice de la puissance militaire. A cela s’ajoute les déficits des Etats et des collectivités territoriales. - “L’Amérique en faillite ?” L’ampleur de l’endettement américain (dette publique, dette des ménages, dette des entreprises) atteint des proportions abyssales et pèse sur les grands équilibres mondiaux. Les Etats-Unis sont en position de débiteur net vis-à-vis du reste du monde, mais la dette étant libellée en dollars, ce sont les prêteurs qui assument les risques de change. B. L’empire défié : le choc du 11 septembre 2001 - Depuis la fin de la guerre froide, les Etats-Unis “gendarmes du monde”, agissent par- tout dans le monde au nom des valeurs de la démocratie libérale visant à instaurer un “nouvel ordre mondial” Ils interviennent dans le conflit Yougoslave, en Afrique (Zaïre, . Somalie, Libéria), en Afghanistan, mènent la guerre du golfe en 1991 pour chasser Saddam Hussein du Koweït. Les attentats du 11 septembre 2001 entraînent un changement profond. Les Etats-Unis touchés sur leur propre territoire par les atten- tats menés par AL-Qaïda semblent vulnérables face au terrorisme. Ils lancent alors une véritable croisade contre les “Etats voyous” et interviennent en Irak en mars 2003, contre l’avis des Nation-Unies, en violation du droit international. La perte de légitimité est flagrante. - Les actions menées en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) par la première puissance militaire du monde s’enlisent dans une guerre sans front faite de guérilla et d’attentats. L’image des Etats-Unis est ternie, les intérêts américains et ceux de leurs alliés sont partout menacés dans le monde comme le montrent les attentats d’Aden, de Djedda, de Riyad, du Sinaï, de Sharm el-Sheik, de Karachi, de Casablanca, des Philippines, de Madrid et de Londres. - Les Etats-Unis ont multiplié, sans grand succès, les sanctions contre les pays ennemis. Elles vont de l’embargo général, à des mesures spécifiques telles que le blocage des avoirs dans les banques aux Etats-Unis. Elles nourrissent partout l’anti-américanisme qui se manifeste lors des réunions de l’OMC ou du G8. - Les Etats-Unis sont pris dans le piège de jeux contradictoires : ils soutiennent les monarchies pétrolières du golfe et défendent leur allié Israélien, ils tentent de se >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 231
  • 17. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT rapprocher des anciennes républiques d’Asie centrale au risque de mécontenter la Russie qui se sent encerclée. Leur intervention en Irak semble contre productive dans la mesure où elle fait le jeu de l’Iran chiite. Barack Obama, nouvellement élu, vient de décider le retrait des troupes de l’Irak. C. La crise des subprimes : la fin de l’hégémonie américaine ? - La crise des subprimes porte-t-elle en germe la fin de l’hégémonie américaine ? Pour Laurent Carroué (Images Economiques du Monde 2009) il faut réinscrire cette crise dans toutes ses dimensions sociales, territoriales et géopolitiques. La crise interroge sur le devenir de la puissance des Etats-Unis car elle “apparaît bien comme une crise systémique qui s’inscrit dans un cadre plus large avec la chute du dollar, la crise énergétique et l’impasse stratégique des bourbiers Irakiens et Afghan. Elle signe une fin de cycle historique du fait des contradictions accumulées en interrogeant le cœur même du modèle de développement états-unien”. - La crise qui secoue l’économie mondiale est la plus grave que le monde ait connue depuis 1929. Elle est née aux Etats-Unis à l’été 2007 sur le marché des crédits hypo- thécaires à risques, les subprimes. L’augmentation des taux de remboursement ruine 5 millions de ménages américains et fait peser des risques d’implosion sociale. La crise immobilière devient financière entraînant la nationalisation des deux agences de crédits hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac. A l’automne 2007 elle se géné- ralise au cœur du système financier américain pour s’étendre du fait des liens financiers transcontinentaux tissés entre les pôles dominants (début de l’année 2008) à l’ensemble des places financières, notamment européennes. - La faillite de la banque Lehman Brothers le 15 septembre 2008 peut être comparée pour son importance au jeudi noir de 1929, elle clôt le cycle dominé par l’ouverture des frontières et la dérégulation, mais aussi la suprématie absolue des Etats-Unis et de l’Occident dans le pilotage de l’économie de marché (N. Baverez). La crise menace toute l’économie du capitalisme mondialisé. Des secteurs clés comme celui de l’auto- mobile sont particulièrement touchés. L’Europe et le Japon sont plongés dans la récession. La crise s’étend aussi aux pays émergents. Le taux de chômage s’envole ; Les Etats sont appelés au secours, aux Etats-Unis Citigroup et Bank of América sont de facto nationalisés. Le sommet du G20 à Londres en appelle au moins verbalement, à l’esquisse d’une gouvernance mondiale légitime et donne plus de moyens au FMI. Est-ce la fin du mythe de l’autorégulation et de l’hyperpuisssance américaine ? II. LA RÉSISTANCE DE LA RÉPUBLIQUE IMPÉRIALE Le déclin des Etats-Unis d’Amérique est souvent présenté comme irrémédiable, il préfigurerait la fin de l’empire. Force est de constater que par bien des aspects la EPREUVES SPECIFIQUES 232 annales officielles
  • 18. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT puissance américaine se manifeste plus que jamais sur l’ensemble de la planète. A. Une hégémonie économique confortée par la mondialisation - Avec seulement 5 % de la population mondiale les Etats-Unis disposent de près du tiers de la richesse mondiale. - La domination américaine est particulièrement forte dans le secteur des hautes technologies. Les Etats-Unis sont passés maîtres dans le processus qui mène de l’innovation à la production et à la diffusion de nouveaux produits à l’échelle mon- diale. Ils sont à la pointe dans les technologies de l’information, des nanotechnolo- gies, du génie biologique, des machines outils, de l’avionique, des moteurs (G. Dorel). - Les FMN américaines exercent un pouvoir économique mondial, elles représentent le tiers des sociétés du top 100. Parmi les firmes multinationales on citera : Général Motors, Ford, Général Electric, Exxon, Chevron, IBM, Texas Instruments, Dell, HP, Intel. - L’industrie aéronautique (Boeing, Lookheed et Raytheon) malgré la concurrence d’Airbus reste la première du monde. - Microsoft, Cisco, Google règnent sur la cyberplanète. - Wal-Mart est le premier groupe mondial de la grande distribution. - Les IDE américains dans le monde se sont considérablement développés avec la mon- dialisation. Les implantations sur le marché européen, les délocalisations des indus- tries de main d’oeuvre vers les pays émergents (Chine) ou l’Amérique latine (Mexique) participent à la mise en place de la nouvelle DIT. - La puissance de l’agro industrie et l’arme alimentaire. La diffusion des OGM dans le monde (Monsanto). - Le choix du libre échange généralisé que le gouvernement essaie d’imposer (négo- ciations au sein de l’OMC) et la suprématie du dollar principale monnaie de réserve des banques centrales et monnaie des échanges internationaux. - Le rôle du NYSE (40% de la capitalisation boursière mondiale) et du Nasdaq. Les fonds de pension. B. Une puissance militaire globale - Le budget américain de la défense représente à lui seul près de la moitié des dépenses militaires de la planète. Les commandes de l’Etat fédéral font vivre un gig a n- tesque complexe militaro-industriel (Lookheed Martin, Boeing, Raytheon, General >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 233
  • 19. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT Dynamics) qui mobilise les hautes technologies et accorde une part importante à la recherche donnant à l’armée américaine un avantage technologique. Le système échelon constitué entre autres par un réseau de satellites permet d’intercepter les télécopies, les communications téléphoniques ou les courriels sur toute la planète. - La dissuasion nucléaire, le “bouclier antimissile” qui sanctuarise le territoire, la lutte antiterroriste et la capacité de déploiement de forces partout dans le monde consti- tuent les piliers de la stratégie américaine de défense. - Le dispositif d’emploi des forces armées américaines est mondial. Il repose sur une structure d’états-majors dont cinq sont à vocation géographique et quatre à vocation fonctionnelle. Les Etats-Unis peuvent ainsi déployer 400 000 soldats sur des terrains d’opérations lointains, contre 60 000 pour la Russie. - La puissance militaire américaine s’appuie sur un réseau d’alliances mis en place durant la guerre froide. L’OTAN créée en 1949 pour faire face à l’URSS en est l’exemple le plus achevé. L’OTAN s’est continuellement élargie : à la Grèce, à la Turquie, à la RFA, à l’Espagne puis après la chute du mur de Berlin aux pays d’Europe centrale et orien- tale (Pologne, Tchéquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, pays Baltes). L’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie ont fait leur demande pour intégrer l’OTAN. La récente intervention Russe en Géorgie est à replacer dans ce contexte. Les Etats-Unis recherchent aussi des coalitions limitées pour la phase militaire des guerres (guerre du Golfe, Afghanistan, Irak). C. . Hard power et soft power - Dans les années 1990, le secrétaire adjoint à la défense Joseph S. Nye propose une nouvelle définition de la puissance américaine. Si le “hard power” utilise les moyens politiques, militaires, économiques pour imposer par la coercition voire par la force sa puissance au reste du monde, le soft power au contraire met l’accent sur la capacité de séduction du modèle américain. C’est par la puissance douce, c'est-à-dire la capa- cité de convaincre autant que de vaincre, que les Etats-Unis imposent au reste du monde leurs normes, leurs valeurs (démocratie, libéralisme économique…), notam- ment par des produits culturels comme le cinéma d’Hollywood. L’American way of life, l’américanisation du monde, tant décriée par ailleurs, se diffuse dans le monde en utilisant le levier de la mondialisation. - Pour Joseph S. Nye le cinéma américain apparaît comme un élément fondamental du soft power. Le monde entier est inondé de films américains (85% du marché mondial) qui diffusent le bonheur consumériste des Etats-Unis. Les accords Blum-Byrnes (1946) ouvraient déjà les écrans français au cinéma américain contre une annulation partielle de la dette de guerre. Aujourd’hui, les séries télévisées, les blockbusters, la musique, les parcs de loisirs (Disneyland) diffusent une culture de masse américaine. EPREUVES SPECIFIQUES 234 annales officielles
  • 20. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT - Pour les Etats-Unis les produits culturels étant considérés comme une marchandise, doivent être soumis à la libre concurrence (cycle de Doha ouvert en 2001). La France essaie de s’y opposer en mettant en avant l’exception culturelle. - Le soft power s’exprime à travers les produits et les “marques” comme Coca-Cola, Mc Donald’s, Levis Strauss, American Express, Microsoft, You Tube, Intel, Disney… - Le pouvoir attractif des Etats-Unis se mesure enfin au nombre d’étudiants étrangers présents sur le territoire national (plus du tiers des 3 millions d’étudiants à l’étranger dans le monde). Ceux-ci, une fois les diplômes acquis, diffusent aussi le modèle américain partout dans le monde et notamment en Asie. Cette puissance américaine sans rivale, qui combine aussi bien le hard power que le soft power doit être nuancée. III LA FIN DES ILLUSIONS : LEADERSHIP PLUS QU’EMPIRE A. L’érosion de la superpuissance américaine dans la phase actuelle de la mondialisation - Les déficits américains “jumeaux” sont “surfinancés” par l’étranger. Certes la machine américaine “recycle” cet apport extérieur, soit aux USA, soit en réintégrant une partie des bons du trésor financés par la Chine ou le Japon vers des IDE. On parle d’un “équilibre des déséquilibres”. En valeur, les exportations de marchandises améri- caines sont au 3e rang mondial. Les Etats-Unis ont été dépassés par l’Allemagne en 2003, puis par la Chine en 2007. La puissance financière vient d’être considérablement affaiblie par la crise actuelle. La surconsommation économique comme substitut de puissance ne peut se poursuivre éternellement. - Plusieurs débats importants peuvent contribuer à fragiliser dans un premier temps les Etats-Unis : les inégalités et la redistribution interne de la richesse (40 millions d’américains sans protection sociale), une certaine perte de confiance dans la dette américaine, la tournure des évènements en Afghanistan et en Irak faisant peser des doutes sur la supériorité stratégique absolue. - Un risque de repli sur l’Etat-Nation : c’est ce dernier qui démontre pour l’instant la solidité de ses structures si l’on ne parvenait pas à consolider les instances de régu- lation supranationales et que l’espace économique mondial se fragmentait. Les “Big Three” menacés de disparition font appel à l’intervention publique pour éviter le naufrage. La crise pose à la nouvelle administration américaine des défis de politique publique et industrielle inédits. >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 235
  • 21. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT - Indice ambigu : l’entreprise. Si l’on prend en considération le classement des 500 premières entreprises mondiales par leur capitalisation depuis 1998 on constate que la part des Etats-Unis est passée de 58% à 41%, celle de l’Europe est restée stable (1/3 du total), tandis que la part du capital des pays émergents est passée de 2% à 20%. Cependant, en comparant les entreprises européennes et américaines dans le top 500, on se rend compte que les européennes sont bien plus vieilles. En Europe, 3 ont été créées après 1975, contre 26 aux Etats-Unis. Ceci montre l’importance de l’innovation technologique, la force du lien entre les entreprises et les meilleures uni- versités, le rôle aussi du brain drain. Le tout aboutissant à une économie américaine toujours plus schumpétérienne où la “destruction créatrice” semble plus opérante qu’en Europe, donc mieux à même de relever les défis. B. L’évolution de la posture internationale des Etats-Unis - L’essor économique des années 1990 avait nourri aux USA un “complexe du vainqueur”, et une tendance à l’unilatéralisme. Cependant l’administration Clinton promouvait encore l’idée assez positive que la mondialisation (globalisation) et la démocratisation marchaient de concert, même si les salariés étaient inquiets pour leurs emplois, que les inégalités ne régressaient guère, et que le terrorisme se montrait de plus en plus menaçant. - L’administration Bush a rompu avec l’idée d’une “approche coopérative” de la globa- lisation. Les attentats du 11 septembre lui font désigner un nouvel ennemi, elle estime avoir droit à la guerre préventive, le tout avec l’intériorisation du concept de “choc des civilisations”. Les Etats-Unis pensent être en droit d’exporter la démocratie (et le marché) par la force. - Le nouveau pouvoir, celui d’Obama, même s’il manifeste la plus grande prudence et un vrai souci de continuité, est également soucieux d’une meilleure image extérieure des Etats-Unis, et va sans doute faire preuve d’une bien meilleure capacité d’écoute et de dialogue. Cependant la gravité de la crise économique est un élément dont il faut aussi tenir le plus grand compte : il n’est pas exclu que dans le but de protéger les secteurs économiques menacés, la nouvelle administration fasse preuve d’unilaté- ralisme, voire de protectionnisme ou de nationalisme. - En participant au sommet du G 20 à Londres le 2 avril 2009 les Etats-Unis d’Obama ont accepté l’idée d’une gouvernance mondiale légitime et partagée. Américains, Russes, Chinois, Brésiliens, Européens se sont accordés sur une lecture commune de la crise et ont décidé d’injecter jusqu’à 1350 milliards de dollars pour relancer l’éco- nomie mondiale. L’accord reste flou sur le financement mais il montre bien que les Etats-Unis ne sont plus les seuls maîtres à bord. Le “grand gagnant” a été le Fonds monétaire international dont les ressources vont tripler. - Les désordres financiers, la crise alimentaire, l’inégal développement, le réchauffement EPREUVES SPECIFIQUES 236 annales officielles
  • 22. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT climatique, les conflits régionaux, la prolifération nucléaire, l’aggravation des tensions Nord-Sud appellent des normes et des régulations communes. L’action américaine sera décisive mais elle nécessitera plus de multilatéralisme. C. La première puissance parmi d’autres Le nouveau positionnement américain est le résultat d’une évolution due à plusieurs causes. Pierre Hassner, directeur de recherches au CERI résume bien la situation. - D’abord le bilan désastreux de George W. Bush, notamment en Irak, ce qui à entraîné la chute de popularité des Etats-Unis chez leurs alliés traditionnels (Allemagne, Turquie) et la méfiance chez les autres. - De façon plus structurelle la montée en puissance de pays émergents et le partage de la puissance notamment avec la Chine et la Russie qui annoncent la fin du “pré- tendu moment unipolaire”. La Chine est le “grand challenger” tandis que la proliféra- tion nucléaire désigne de nouveaux pôles de puissance, tel l’Iran. - Le changement même de la nature de la puissance dans les relations internationales. La première puissance militaire du monde à du mal à triompher des forces de guérilla, de terroristes nationalistes ou religieux. Il faut aussi gagner la bataille de l’opinion (Guantanamo) et financer la reconstruction (Irak) pour exercer toutes les formes de la puissance. Ce qui paraît de plus en plus irréalisable comme le montre la permanence de l’opposition altermondialiste dans le monde qui exprime aussi le rejet de la “culture américaine”. - Le dernier facteur qui contribue à dissiper l’illusion de la toute puissance américaine est celui de la crise économique, écologique et sociale. Les Etats-Unis absorbent à eux seuls 20% de la consommation énergétique mondiale et sont les principaux pollueurs. Ils font figure d’accusés et jusqu’ici l’administration Bush s’est montrée dépassée ou peu coopérative. - Il reste pourtant aux Etats-Unis le capital humain. Celui d’une population relativement jeune et qui profite du brain drain. Conclusion Les Etats-Unis n’ont pas été dévorés par le Japon comme on le croyait dans les années 1980. Seront-ils demain dépassés par la Chine ? Le pays a choisi un modèle de croissance qui vient de s’effondrer. Leur rôle dans la mondialisation reste ambigu. Le leadership américain demeure dans bien des domaines ; mais les Etats-Unis devront partager leur puissance dans un monde désormais multipolaire. Ils devront accepter que des intérêts différents des leurs soient satisfaits et faire évoluer leur mode de vie vers un développement plus durable. Ici on peut considérer que “l’Empire” américain a vécu. >> EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 237
  • 23. Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain >> ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT RAPPORT COMMENTAIRES La moyenne générale est de 10.30 et l’écart type de 3.39. Plus des deux tiers des can- didats ont choisi le sujet sur la fin de l’empire américain qui a été mieux traité que le sujet 1 portant sur la démographie. Synthèse des principales remarques faites par les correcteurs. SUJET 1 Le sujet a semble-t-il été choisi par des candidats qui ont voulu se rassurer avec les documents fournis et la carte à réaliser. C’est ici que l’on trouve les moins bonnes copies, avec des candidats se contentant d’une paraphrase servile des tex- tes sans définir convenablement les termes du sujet et ne connaissant pas les notions démographiques élémentaires. Ce n’est que très rarement que les copies abordent l’ensemble des problématiques : l’inégale croissance démographique et ses implications, le vieillissement, les migrations, l’urbanisation, leurs consé- quences de toute nature... Trop de plans ressemblent à des catalogues de remarques, décalquant littéralement le libellé du sujet. Des compositions parfois très courtes et incomplètes. Le sujet s’est révélé difficile. Nous avons trouvé ici un lot de copies particulièrement faibles. Les notes n’ont pas été relevées par les croquis jugés insuffisants, incomplets, imprécis, s’éloignant du thème proposé. De nombreux candidats ont tenté de compenser leurs faiblesses par des légendes inutilement bavardes (les cartes sont parfois réduites à des légendes). De nombreuses localisations d’Etats sont sans rapport avec le sujet, les flux pas hiérarchisés, les bassins émetteurs et récepteurs sont souvent ignorés, les mouvements de réfugiés absents… Les croquis réalisés ne sont la plupart du temps que la simple duplication, plus ou moins réussie d’une carte apprise en cours. Ce type d’exercice sera abandonné par ECRICOME pour le prochain concours et remplacé par un commentaire de carte. SUJET 2 Sujet plébiscité par la majorité des candidats avec un niveau plus relevé. L’impression prévaut que les meilleurs candidats ont plutôt choisi ce sujet. Quelques défauts récurrents : la notion d’empire n’est pas définie, ni interrogée, des problématiques sont détournées et traitent du modèle américain, du capitalisme américain ou de la place des Etats-Unis dans le monde. La formation de l’empire américain est souvent développée, alors que sa remise en cause qui est le cœur du sujet est envisagée brièvement. Les correcteurs ont été frappés par le bon niveau des connaissances laissant apparaître l’intérêt des étudiants pour ce thème. Certains correcteurs EPREUVES SPECIFIQUES 238 annales officielles
  • 24. ain Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE SUJET CORRIGE RAPPORT signalent le plaisir qu’ils ont eu à corriger le sujet. Un sujet qui finalement a été sélectif au niveau de l’actualité certains ont fait l’impasse sur la crise actuelle et de ses enchaînements. La dimension géopolitique a été bien traitée dans les très bonnes copies. Au total l’impression générale qui prédomine est que les candidats ont beaucoup appris mais qu’ils doivent aussi mieux valoriser leurs savoirs. Des corrigés sont présentés à titre d’exemples, nous souhaitons qu’ils puissent aider les futurs candidats dans leur préparation. ■ EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles 239