EL BAROUNI HICHAM . Diagnostic des potentialités territoriales pour un développement durable . étude de cas : province AL HAOUZ

DIAGNOSTIC DES POTENTIALITÉS TERRITORIALES POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE.
ETUDE DE CAS : PROVINCE AL HAOUZ
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Dr. Brahim ELMORCHID
Professeur à la faculté des sciences juridiques
économiques et sociales
Université Cadi Ayyad
Dr. Mustapha ZIKY
Dr. Ahmed EL MOUTAOUASSET

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"Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants."
Antoine de St Exupéry

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Mes remerciements vont de prime abord à mon Professeur Dr Brahim EL MORCHID qui m’a
encadré, et orienté durant la réalisation de ce travail. Je le remercie vivement et je salue sa
tolérance et ses exigences pour avoir un meilleur résultat.
Mes remerciements vont également aux Professeurs Dr. Ahmed EL MOUTAOUASSET et
Dr. Mustapha ZIKY pour m’avoir honorer de leur assistance en tant que membres du jury.
Je n’oublierai pas de remercier vivement l’ensemble du corps professoral de l’Université Cadi
Ayyad qui a participer à animer et assurer la formation des étudiants du DESS ‘Management
Economique du Territoire et Entrepreneuriat’ avec à sa tête Dr Ahmed EL
MOUTAOUASSET chef du ‘Laboratoire de Recherche sur les Territoires et
l’Entrepreneuriat’
Je remercie également le ‘Centre de Développement de la Région Tensift’ en la personne de
son président Mr Ahmed CHAHBOUNI et Professeur Dr. Fatima ARIB pour m’avoir permis
de participer au projet de diagnostic des AGR dans la Région Marrakech –Tensift- Al Haouz
et qui a fait la base de ce mémoire.
Enfin j'exprime toute ma reconnaissance à mes parents et à toute ma famille qui a été d’un
grand soutien pour moi. Ma mère ma source d’affection, mon frère Youssef qui a toujours fait
confiance dans ma volonté, et mes cousines qui continuent de m’encourager. Ainsi que tous
mes ami(e) s et collègues.

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Résumé
Dans un monde globalisé, le local requiert le global. C’est ainsi que les
territoires sont en compétition, le temps des avantages comparatifs est révolu,
la répartition internationale du travail n’est plus. Aujourd’hui chaque territoire
dispose de ses propres potentialités qu’il faudrait mettre en valeur pour
acquérir une place de choix dans ce monde. Cela ne se fait pas sans atteinte au
territoire avec toutes ses composantes (population, économie, environnement,
culture, identité…) ; en effet, rendre un territoire plus compétitif c’est exploiter
ses ressources et mettre en synergie les efforts de ses acteurs pour plus
d’attractivité. Dans cet ordre d’idée notre mémoire vient couronner un travail
de terrain qui consistait à faire un diagnostic territorial des potentialités de la
région Al Haouz pour un développement durable.
Ce mémoire est un mélanges entre portée théorique du développement en
général, et du développement durable en particulier, et portée pratique de
réalisation d’un diagnostic territorial et d’exploitation de ses résultats pour
dresser des actions de développement de la région, basée sur la portée
théorique du développement durable.

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Introduction générale
Cette présentation a pour objectif de faire le point sur le sujet choisi comme thème de
recherche en réflexion au stage qu’on a d’effectué au sein du Centre de développement de la
Région Tensift (CDRT). En fait, le sujet a été soumis à la réflexion en intégrant une équipe
de recherche composée d’imminents Professeurs et Professionnels membres du CDRT,
menant un projet de "Diagnostic Territorial des filières des Activités Génératrices de Revenu
(AGR) dans la Région Marrakech-Tensift-AL Haouz (MTH) " au profit du Fonds Régional
pour la Promotion de l’Emploi (FREPE) et de l’Agence de Développement Social (ADS).
Le projet en question porte alors sur ce diagnostic dans une perspective de développement,
ainsi les termes de références dispose que : " les cinq provinces de la région MTH dispose
d’importants produits ruraux valorisables, notamment les produits agricoles, forestiers et
d’artisanats dont la valorisation peut constituer un facteur important de développement pour
les différents terroirs de la région. C’est dans ce cadre que le FREPE engage un diagnostic
territorial en vue, d’établir un état des lieux des différentes activités économiques existantes
en adoptant une approche filière. L'objectif général assigné à l’étude est de bien connaître le
territoire en question dans toutes ses dimensions tout en insistant sur la dimension
économique".
C’est ainsi que notre équipe aura pour objectif final, toujours selon les termes de référence,
de:
Etablir un état des lieux sur les différentes activités économiques existantes ;
Identifier les axes stratégiques à développer et les filières porteuses à l’échelle
régionale ;
Arrêter une liste d’activités facilitatrices par filière potentielle ;
Elaborer des fiches projets par activité potentielle à promouvoir (niches) avec une
liste des acteurs et des formations qui leur sont indispensables.
En intégrant alors cette équipe, on a songé au thème de recherche déjà cité. Il sera alors
question de profiter de ce travail d’équipe très intéressant pour dresser un diagnostic des

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activités économiques d’une partie de ce vaste espace, objet dudit projet, en l’occurrence la
province AL Haouz, et ce dans une perspective de développement durable.
Le lien avec le développement durable n’est pas fortuit ; sans perdre de vue l’importance du
développement durable qu’on verra par la suite, on peut citer quelques raisons :
D’abord un diagnostic n’est pas une fin en soi ; c’est une aide à la décision qui doit déboucher
sur un ensemble d’actions à entreprendre pour réussir le développement.
Ensuite et d’après nos lectures, un diagnostic territorial est souvent l’occasion de se poser les
questions en terme de développement durable.
Une autre raison toute aussi importante, c’est que notre diagnostic se veut participatif ; c’est
dire que c’est une manière de construire une vision multipartite et consensuelle du
développement. Les perceptions des différents acteurs sont alors prises en compte ce qui
débouchera forcément sur des pistes de réflexion portant sur les trois piliers d’un
développement durable à savoir l’économique, le social et l’environnemental, une approche
systémique s’impose alors.
Enfin une autre raison mérite d’être citée, et qui ne sera nullement la dernière puisque les
sujets sur le développement durable suscitent beaucoup d’intérêts à travers le monde. Cette
raison est en rapport avec des rencontres avec différents acteurs qu’on a eu la chance de
visiter tout au long de la première étape du projet de diagnostic (étape consistant dans la
collecte des données et documents existants et qu’on verra en détail dans ce qui suit). Durant
ces visites, alors, on a fait le constat que la plupart de ces acteurs ne prennent pas en compte
les trois dimensions du développement durable dans leurs actions de développement, de plus
que _ grave encore_ certains ont une perception erronée du concept du développement
durable et on l’assimile souvent à la durabilité dans le temps.
L’importance du sujet est ainsi claire, notre territoire dispose de potentialités énormes :
ressources naturelles, économie locale sociale et solidaire, une diversité culturelle et une
société civile très organisée. Toutes ces composantes font que toute politique de
développement doit les prendre en compte. Les acteurs du territoire ont fait preuve de la

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bonne volonté, mais les efforts doivent être mis en synergie. Un diagnostic révèle les AFOM1
d’un territoire, c’est dans ce sens que notre travail aura le mérite de faire le point sur ces
AFOM pour dresser un bilan capable de nous guider, et aider les différents acteurs à la prise
de décision, pour la conception d’un projet de développement territorial qui sera durable. On
essaiera à travers ce sujet d’apporter une petite contribution au processus de développement
de la région, en conciliant approche théorique (les approches de développement, une revue de
littérature sur le développement durable, un tour d’horizon des différentes méthodes d’un
diagnostic territorial), et approche pratique (travail de terrain, rencontres avec la
population…).
Sans vouloir reprendre ce qui a été avancé, il faudrait situer notre étude pour formuler notre
problématique. En effet une question une question simple se pose chaque fois qu’on entame
une étude, en l’occurrence "pourquoi le faire ? ". Dans notre cas en adoptant une approche
territoriale, et en plus des raisons déjà citées, il serait légitime de mener un diagnostic pour
connaître notre territoire ; ses atouts/opportunités, ses limites/risques et menaces. En fait dans
un contexte de compétitivité internationale, qui n’est plus une affaire d’entreprises ou de
multinationales mais, et surtout, elle est devenue territoriale, Connaître notre territoire serait la
première arme pour en faire face. Cependant connaître le territoire n’est pas notre seul
objectif, à ce stade on peut évoquer des concepts qui feront l’objet de notre étude : un
diagnostic participatif, une vision prospective et perspective de notre territoire, une
planification stratégique territoriale, des scénarios et projets/actions de territoire, un
développement durable…ces concepts clés qui sont très riches d’enseignements seront notre
guide pour identifier les leviers d’actions susceptibles de faire avancer notre territoire dans la
voie d’un développement durable.
Notre problématique est alors un ensemble de questions, qu’on ne cessera de développer,
formulées comme suit :
Par rapport aux potentialités dégagées par le diagnostic, quels sont les enjeux durable
de notre territoire (province Al Haouz) ?
Est-ce que l’exploitation de ces potentialités se fait dans une perspective de
développement durable ?
1
Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces

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La dimension durable (en fait il s’agit ici des trois piliers : économique, social et
environnemental) est-elle présente dans les projets de développement de la région ? Et
constitue-t-elle un état d’esprit chez les différents acteurs du développement de ce
territoire ?
Enfin, quels sont les produits, niches, actions, formations qu’on peut introduire pour
un développement durable de notre territoire.
Le sujet sera traiter en quatre chapitres comme suit :
Chapitre 1 : Le concept de développement : revue de littérature et concepts voisins
Chapitre 2 : Le développement durable : positionnement épistémologique et contours
conceptuels
Chapitre 3 : Diagnostic et territoire : concepts et méthodes
Etude de cas : diagnostic des potentialités de la région AL Haouz pour un développement
durable : contexte, consistance et méthodologie du diagnostic territorial
Chapitre 4 : Bilan du diagnostic, enjeux et scénarios/actions pour un développement
durable de la région AL Haouz.

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Chapitre 1. Le concept de développement : revue de littérature et concepts voisins
Ce chapitre vise à approcher la définition du développement, le concept doit être cerné. Il
s’agit en fait de définir le développement ainsi que certains concepts l’incluant. En effet le
développement requiert plusieurs définitions en empruntant à plusieurs disciplines et courants
théoriques, ce qui a donné une diversité des définitions et même des contradictions. Cette
ambiguïté a justifié le fait de joindre des qualificatifs au concept du développement afin de
mieux le cerner.
1-Le Développement : un processus de changement
1-1. Définitions
Dans le dictionnaire économique et des sciences sociales, le développement est : "l’ensemble
des transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent l’apparition et la
prolongation de la croissance économique ainsi que l’élévation de niveau de vie. "
Selon F.Perroux le développement "c’est l’ensemble des changements des structures
mentales et des habitudes sociales qui permettent la croissance du produit réel global ". Cet
auteur fait ainsi allusion au concept de croissance du fait que ce sont les changements de
structure et des modifications sociales qui conditionnent la croissance, de même que le
développement ne peut exister sans la croissance. Perroux les rassemble comme suit : "La
croissance est définie comme un accroissement durable de la dimension d’une unité
économique simple ou complexe, réalisé dans les changements de structures et
éventuellement de système et accompagné de progrès économiques variables. Le
développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui
la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global"
[Perroux 1991]. Cela suppose alors l’existence de deux champs distincts de l’économie mais
qui mènent l’un vers l’autre ; une économie de développement liée au changement dans la
société et des mentalités et une économie de la croissance lié au changement dans le système
économique .
Une autre vision développement repose sur la notion des besoins fondamentaux et du
minimum vital ; elle suppose que le sous-développement pourra être compris comme "la
situation dans laquelle involontairement les besoins fondamentaux de l’homme ne peuvent
être satisfaits", car "tout ou partie de la population n’accède pas au minimum vital". Le
développement sera alors " l’évolution au cours de laquelle les besoins fondamentaux de
l’homme sont progressivement satisfaits " et donc le sous-développement comme un "état

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auto-entretenu d’insatisfaction des besoins fondamentaux"2
. Cette conception du
développement a le mérite de rejoindre ce qu’on a avancé sur le duel
croissance/développement du fait que les besoins fondamentaux ne sont exhaustifs ; un besoin
une fois satisfait un autre apparaît et le seuil n’est jamais acquis, la machine de la croissance
se met en marche à la recherche du mieux être.
Une autre définition toute aussi intéressante est celle du Professeur BOUKHARI Mohamed,
pou qui le développement "est un processus de changement de:
L’environnement (aménagement et équipement) ;
des mentalités ou CAP (connaissances, attitudes et pratiques.) ;
des moyens et méthodes de travail ;
des institutions et organisations"3
.
En somme le développement est un changement d’une situation insatisfaisante à une situation
meilleure, il est aussi un état d’esprit qui implique des changements de mentalités vers plus de
rationalité.
1-2. Origine du concept
La deuxième guerre mondiale a donné naissance à la notion de développement dans les
relations économiques internationales. Cette notion apparaît précisément dans le discours sur
l’état de l’Union prononcé le 20 janvier 1949 par le président américain Harry Truman
[Pauline Bend]. C’est plus exactement la notion de "sous-développement"4
, qui sera utilisée
dans ce discours pour caractériser les nations défavorisées auxquelles il allait falloir étendre,
après le Plan Marshall qu’avait connu l’Europe, l’aide jusque là accordée à quelques pays
d’Amérique Latine.
2
GUILLAUMONT Patrick, « Economie du développement. Le sous-développement ». Tome 1, 1985. Paris :
PUF.
3
BOUKHARI Mohamed, « Le développement humain durable, INDH », Août 2005, doc. Pdf 35 p, site :
consulté le 20/01/2008.
4
« Nous devons nous engager, expliquait alors Harry Truman, dans un nouveau programme audacieux, et utiliser
notre avance scientifique et notre savoir-faire industriel pour favoriser l’amélioration des conditions de vie et la
croissance économique dans les régions sous-développées »

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Latouche situe encore l’origine du concept dès l’entre-deux-guerres dans la littérature des
experts de la Société des Nations5
.
La notion est à ce moment très proche de celle de civilisation avec, plus qu’une dimension
économique, une forte connotation sociale et culturelle. La dimension économique considérée
comme moins condescendante, commence à prendre de la valeur depuis les années 50 avec
l’apparition de la littérature sur le développement consacré aux pays appelés dorénavant les
pays du tiers monde .
Dans un souci d’éclaircissement, des qualificatifs sont joints au concept du développement
débouchant sur _si on ose dire_ des typologies de développement selon les domaines
d’intervention.
2-Le développement participatif
Nourri de l’approche participative, il sous entend une angle de vue du développement qui
privilégie l’implication des différents acteurs à la définition des problèmes locaux, à
l’identification des solutions et à leur mise en œuvre afin d’aboutir à l’efficacité, l’efficience
et la durabilité des résultats. C’est ainsi que "…la participation, c’est penser et faire avec et
non pour, c’est la responsabilisation la concertation et la négociation"6
.
L’importance de la démarche nous amène a parler encore davantage de celle-ci.
2-1. L’approche participative
Elle est devenue ces dernières années une pièce maîtresse dans toute construction ou tout
projet qui a pour vocation le développement territorial.
Quels sont alors les contours de ce concept ? Et quels sont les points forts et les limites de
l’approche ?
Avant de répondre à ces questions il faudrait insister sur la relation étroite entre l’approche et
le développement durable, c’est ainsi que l’approche participative permet une meilleure
description des tâches des agents de développement à tous les niveaux (économique, social et
5
LATOUCHE Serge, « Contribution à l’histoire du concept de développement. Pour une histoire du
développement. Etats, sociétés, développement », L’Harmattan 1988 Paris, P. 41-60.
6
BOUKHARI Mohamed et ENA MEKNES: «Quelle organisation pour quelle participation ? », in
http://membres.lycos.fr/boukharih, consulté le 27/07/2007.

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environnemental)7
. C’est un outil pour aboutir à une meilleure construction durable a travers
la responsabilisation et conscientisation des acteurs.
Pour déceler les contours du concept il faudrait clarifier le terme "participation" qui constitue
la clé de réussite de toute démarche de développement participatif.
2-2. Le terme "participation"
La participation est le processus social qui permet de restituer à la population le pouvoir
d’initiative et de décision dans la définition et la mise en œuvre des actions et programmes qui
concernent son propre avenir. Cette population est alors considérée comme un acteur de
mobilisation, de changement ou comme un partenaire à part entière aux autres acteurs (ce
n’est plus le cas des cibles et des moyens de mise en œuvre des décisions)8
. La participation
suppose alors un partenariat et des rapports contractuels entre différents acteurs. L’échange se
fera dans un cadre de respect mutuel entre les acteurs ; un respect basé sur la valorisation du
savoir et savoir faire ce qui suppose alors un diagnostic concerté (le cas de notre projet
d’étude) qui aura pour finalité la réalisation des orientations en prenant en compte les
aspirations, les objectifs et les contraintes de différentes parties.
Ceci dit l’approche participative requiert plusieurs formes ou plus exactement la participation
peut revêtir différentes formes ; on parle alors des niveaux de la participation9
:
Participation passive : c’est une participation dite rudimentaire ou les populations sont
simplement des bénéficiaires (exemple : un programme d’aide alimentaire).
Participation physique : dans ce niveau les populations sont considérées comme
moyen ou instrument ; l’exemple donnée est celui des travaux d’infrastructure
(construction d’une école par exemple) ou la population est amené à participer par
l’effort (apport en main d’œuvre ou en matériaux) ;
Participation consultative : ici la population est source d’information ; elle aide à
identifier et se prononcer sur les différents problèmes de son territoire (besoins
analysés et traités pour en tirer le contenu d’un projet, d’un programme ou d’un plan
d’action) ;
7
Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité, « Boite à outils du développement social »,
2007.
8
Idem.
9
Idem.

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Participation décisionnelle : c’est une participation large ; en effet c’est la population
qui identifie, analyse, décide, planifie, exécute et évalue son projet. elle est reconnue
par son caractère comme étant difficile à atteindre.
De ce qui précède des concluions doivent être tirées sur cette fameuse participation ;
La participation consiste en un échange, un partage et une valorisation du savoir et du
savoir faire de la population, ce n’est plus un transfert à la population des taches et des
charges matérielle et financières découlant des décisions prises en dehors d’elle.
A travers la démarche participative on ne vise pas à rechercher l’accord ou l’adhésion
de la population à des programmes, actions ou projets élaborés de façon unilatérale par
des intervenants extérieurs.
La participation n’est pas réservée seulement aux zones les plus difficiles ni aux seules
catégories sociales les plus démunies, elle est une approche globale pour atteindre une
efficacité et une efficience de toutes action de développement.
Enfin on voudrait se poser la question sur les points forts et les limites de l’approche
participative ce qui nous aidera sûrement dans l’utilisation de celle-ci dans notre projet.
2-3. Avantages et limites de l’approche participative
On n’a pas trouvé mieux que le tableau ci-dessous pour exprimer les points forts et les limites
de l’approche participative ; ce tableau est pris de la boite à outils du développement social,
développée par le ministère du développement social, de la famille et de la solidarité en 2007 :

- 14 -
[Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité 2007]

- 15 -
[Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité 2007]

- 16 -
3- Le développement rural
3-1. Définitions
C’est une transformation positive et durable de l’espace rural en faveur de l’Homme et des
différentes activités dans ledit espace pour un autre développement dit agricole.
"Le développement rural consiste à améliorer tout l’environnement de l’agriculteur, considéré
cette fois comme le principal bénéficiaire. Il porte à la fois sur les routes, les villages, la santé,
l’éducation et sur tous les services économiques et sociaux susceptibles d’améliorer non
seulement la fonction productive, mais aussi le bien être social"10
.
Aujourd'hui au Maroc comme à travers le monde, on ne peut plus associer la ruralité à
l'agriculture. Jadis, l'agriculture familiale, qui visait pratiquement l'autosubsistance, avait pour
fonction principale d'organiser l'espace, d'occuper le territoire. Dans un contexte où
l'agriculture n'est plus l'activité dominante en milieu rural, la composition et la structuration
des territoires ruraux est à redéfinir.
Le développement rural consiste donc à mettre en valeur le potentiel des communautés rurales
en favorisant l'implication des citoyens, la concertation et le partenariat entre les différents
acteurs d'un territoire rural, et ça sera notre objectif à travers ce travail. Les ruraux deviennent
alors en partie responsables de l'évolution et du développement de leur municipalité et acteurs
importants de la scène rurale en jouant un rôle de premier plan.
3-2. Le défi d’un développement rural
Il s’agit ici de favoriser un meilleur équilibre des opportunités économiques et des situations
sociales à l’échelon du territoire, en combinant judicieusement les mécanismes du marché et
les mécanismes non marchands de manière à améliorer les performances de l’économie
nationale tout en préservant et en développant les aspects essentiels du patrimoine rural.
La situation générale dans de nombreuses zones rurales, notamment la situation de la
population, est préoccupante ; l’écart entre les communautés rurales et de nombreuses
communautés urbaines se creuse au regard de plusieurs critères touchant le bien-être
économique et social.
Un grand nombre de zones rurales restent fortement tributaire du secteur primaire, en
particulier de l’agriculture, pour ce qui est des activités économiques et des emplois.
10
MORIZE Jean, « Manuel pratique de vulgarisation agricole », vol.1, Maisonneuve et Larose, Paris 1992.

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Toutefois, la part de l’emploi dans ces zones n’a cessé de se contracter depuis plusieurs
décennies. Les emplois nouveaux, qui ont empêché ou retardé le dépeuplement des zones
rurales, se trouvent dans d’autres secteurs, en particulier ceux des services aux
consommateurs, de la construction ou des loisirs.
Fondamentalement, le défi de la politique rurale consiste à promouvoir un meilleur équilibre
des opportunités économiques et des situations sociales à l’échelon national sans pour autant
détruire les importants aspects du patrimoine rural et sans éliminer les forces du marché
conduisant à une performance accrue de l’économie nationale.11
3-3. Pourquoi une politique de développement rural
Une politique de développement rural n’est pas fortuite, des objectifs sont assignés à
n’importe quelle politique de développement.
Une politique de développement rural tourne autour d’une vision de développement
économique équitable, on cite entre autres des éléments de cette vision :
Renforcer la compétitivité des zones rurales de manière à ce qu’elles contribuent au
développement économique national ;
Offrir aux populations rurales un meilleur niveau de vie ;
Assurer aux populations rurales un accès satisfaisant aux services de base essentiels ;
Préserver le tissu social ;
Protéger des éléments clés du patrimoine national construit ou naturel tels que les
parcs nationaux, les forêts, les réserves naturelles, les monuments historiques.
En définitive on peut dire que le développement rural est aussi un processus de changement
socio-économique s’intéressant davantage a garantir au paysan un meilleur cadre de vie
(environnement sain, économie compétitive, société cohérente).
4- Le développement local
Dans un contexte de mondialisation parler du local semble être un paradoxe, mais
l’expérience mondiale a montré le contraire. En effet le global requiert le local, Anthony
Giddens définit la mondialisation de la façon suivante : "Un processus par lequel tout ce qui
11
HUILLET Christian, « Grandes tendances et évolution des approches du développement rural (dans les pays
membres de l'OCDE) », CIHEAM (Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes),
Cahiers Options Méditerranéennes ; v. 2, n°4, 1994.

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est global devient important au niveau local et dans une moindre mesure tout ce qui est local
présente un intérêt pour le système mondial"12
. C’est ainsi que l’effort mondial de
développement se concentre au niveau local de chaque territoire en témoigne les actions de la
plupart des acteurs (Etats, collectivités territoriales, ONG et même parfois entreprises) qui ont
développé des stratégies pour mettre en valeur des territoires locaux.
4-1. Définitions et origine
La complexité de la définition des deux concepts "développement" et "local" et la multitudes
des acceptions donnés à ceux-ci, a rendu l’essai d’une définition fine du développement local
un exercice assez difficile pour un nombre important de théoriciens ou de praticien.
Améziane Ferguène affirme que l’émergence de l’approche locale a donné lieu à la naissance
d’une autre approche de développement "approche territorialisée aux terme de laquelle le
développement est le fait d’une multiplicité d’acteurs organisés en réseaux _formels et
informels_ et entretenant entre eux des relations intenses et économiquement féconde "13
. En
effet l’idée qui prévalait jusqu’aux années 70 est que le développement économique des
nations incombait aux grands ensembles industriels comme le confirmait F.Perroux dans ses
"pôles de croissance ". L’expérience a montré le contraire, selon Courlait "si la stratégie des
pôles industriels a déclenché un processus d’industrialisation, elle n’a pas permis en revanche
la promotion d’un développement régional authentique. A l’inverse de ce que prévoyait la
théorie, les effets amont/aval attendus ne se sont pas réellement produits, la promotion de
pôles industriels semble avoir accru les déséquilibres économiques et sociaux dans l’espace
environnant ; la non articulation entre agriculture et industrie a nourri la désertification rurale,
le déclin du tissu économique traditionnel local s’est accéléré, les migrations se sont
généralisée "14
. Cet échec a donné naissance à une nouvelle donne c’est une nouvelle logique
du développement c’est un "développement local par le bas" ou l’importance revient aux
acteurs de base à savoir les institutions sociales, les pouvoirs publics locaux, et surtout les
PME ; c’est une forme de développement qui est endogène et territorialisée15
, ainsi Courlet
défini le développement local "comme un processus multidimensionnel qui concerne toutes
12
Cité par ARNAUD Michel dans « Les ressources du développement local », Actes de la journée de l’ADP
(Association De Professionnels-Développement urbain et coopération), 10/09/2004, in
http://www.adp.asso.fr/pdf/ressources_developpement_local.pdf consulté le 20/12/2007.
13
FERGUENE Améziane, « Les systèmes productifs locaux, une nouvelle logique de développement pour le
Maroc ? », Critique économique n°14, Automne 2004, p7.
14
COURLET Claude, « Territoire et régions : les grands oubliés du développement économique », l’Harmattan,
Paris 2001, p17.
15
ABDELMALKI, COURLET, « Les nouvelles logiques du développement », l’Harmattan, Paris 1996.

- 19 -
les composantes de la société locale. Il se déroule dans le temps long et dans un espace de
taille limitée. C’est un processus de mobilisation et de valorisation des ressources locales…
plus qu’une théorie, le développement local est une démarche inductive qui s’attache à
analyser les conditions d’intervention, les modalités de mise en œuvre et l’ingénierie sur
laquelle elles reposent "16
. Dans le même ordre d’idées Professeur EL BAYED rejoint les
Professeurs Courlet et Ferguène "le développement local est une démarche globale de mise en
mouvement, en synergie, mais aussi et surtout en réseaux, des acteurs locaux pour la
valorisation des ressources humaines et matérielles d’un territoire déterminé, en relation
négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux, culturels et
politiques dans lesquels ils se situent "17
.
Une politique de développement local vise la compétitivité et l'efficacité afin de donner au
territoire la possibilité de s'adapter aux conjonctures et aux contraintes macroéconomiques.
Xavier Greffe en ajoute un souci d’égalité et d’équité, il insiste sur le lien à établir entre la
création d’activités et la répartition équitable des effets tout en assurant la durabilité par la
reconstitution des ressources18
.
Une autre dimension s’impose ici, en effet s’agissant d’une démarche d’acteurs19
le
développement local relève essentiellement d'une question de gouvernance et de gestion des
territoires. Cette gouvernance aura le mérite de fédérer les acteurs et d'établir des dialogues
basés sur un système de régulation des rapports entre eux afin de coordonner leurs actions. La
coordination locale en développement est importante pour réguler le jeu d’acteurs.
4-2. Les aspects de la "démarche développement local"
Comme nous l’avons déjà présenté le développement local est une démarche. Celle-ci
présente un certain nombre de caractéristiques ;
une démarche globale et transversale : le développement local prend en compte tous
les aspects de la vie collective, un projet dans ce sens met en valeur les richesses
16
COURLET Claude, « Les systèmes productifs locaux, une nouvelle logique de développement pour le
Maroc ? », Critique économique n°14, Automne 2004, p33, 34.
17
EL BAYED Hicham, Dynamique territoriale et développement local : Quelques enseignements pour un
tourisme durable au Maroc, Communication dans les Premières Journées Scientifiques du FEM-GREF Faculté
des Sciences Juridiques économiques et Sociales Marrakech, 28 et 29 avril 2006.
18 Ça sera notre objectif par excellence à travers notre étude de cas qui sera traité en 3ème et 4ème chapitres de
ce travail.
19 C’est une volonté politique de certains acteurs de changer la situation du territoire sur lequel ils vivent en
entamant un processus et des actions en vue de construire par leurs efforts conjoints avec le reste de la
population, un projet d’avenir à ce territoire en intégrant les différentes composantes économique, sociale et
culturelle, en articulation constante avec les autres niveaux de décisions. (Paul Houée).

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humaines, naturelles et économiques locales du territoire pour faire face aux
contraintes externes.
Une démarche territorial : partant de l’idée déjà cité dans le point précédent (le
développement local est une approche qui mise sur la valorisation des ressources
locales), la notion du territoire doit être mise en valeur a travers des actions de
développement, du fait qu’il s’agit d’une construction sociale entre acteurs, et que un
espace a potentiellement des capacités à faire émerger. La question est de déterminer
l’approche à suivre en distinction entre l’urbain et le rural ; plus précisément dans un
territoire donné doit on avoir une approche séparée du développement rural et du
développement urbain ? Selon Michel Arnaud, l’économie d’un pays peut s’interpréter
comme une congruence d’économies locales de petites régions constituées par un
centre urbain et son hinterland rural ; c’est au sein de ces petites régions urbano-
centrées qu’apparaissent les principales innovations en matière de système de
production et d’échange mais aussi de transformation des rapports sociaux20
. Une
complémentarité existe donc entre le rural et l’urbain qui nécessite ce qu’on peut
appeler une approche urbano-ruale21
de développement.
Une démarche partenariale : une politique de développement local ne peut pas vivre en
autarcie. Le partenariat est alors une nécessité ; tous les acteurs locaux, nationaux,
publics ou privés doivent intervenir pour réussir cette démarche. Dans ce cadre on
assiste à une refonte des rôles des différents acteurs ; s’agissant de l’Etat son
intervention consiste désormais dans la redistribution, la médiation, la coordination
mais aussi l’assistanat et le contrôle. Les collectivités locales doivent avoir le rôle
d’initiateur des projets de développement local, elles ont la double casquette à la fois
de représenter la population et d’être une entité Etatique locale. La société civile et les
organisations professionnelles sont d’un grand soutien aux projets de développement
local, elles représentent la population mais plus encore elles l’encadrent et réussissent
à avoir une synergie des efforts pour la réalisation des projets soit initiés par l’Etat soit
par ces mêmes organisations.
20
ARNAUD Michel dans « Les ressources du développement local », Actes de la journée de l’ADP (Association
De Professionnels-Développement urbain et coopération), 10/09/2004, in
21
Notre territoire d’étude en l’occurrence la région Al Haouz pourrait être une illustration de ces petites régions
urbano-centrées du fait qu’elle est constituée par des petits centres ‘urbain’ et son hinterland rural.

- 21 -
Enfin on pourra estimer que le développement local est une démarche théoriquement
abordable mais pratiquement difficile à la cadrer ou à en donner une recette bien détaillée
avec des méthodes précises pour la réussir.
4-3. Les limites du développement local
On pourrait parler ici de contraintes plus que des limites ; tout d’abord concernant le
localisme d’un tel développement il faut insister sur l’existence et le maintien d’une certaine
articulation avec le national et le mondial, une politique de développement local n’est pas
isolée22
ni dans l’espace ni dans le temps, "Il faut se demander comment ce développement
peut cohabiter avec une insertion accélérée dans l’économie mondiale, comment il peut
cohabiter avec les déséquilibres macroéconomiques et sociaux que connaissent les Etats "23
.
Ensuite le financement constitue une contrainte/limite du développement local par
méconnaissance des potentialités du territoire susceptibles d’être exploitées pour générer des
fonds pour financer des projets de développement24
. Enfin, et sans vouloir être exhaustif,
s’agissant d’une démarche qui se veut être participative, une démarche d’acteurs sa limite
vient de ce qualificatif ; en fait elle suppose une synergie d’acteurs qui n’est pas facile à
entreprendre, de plus que la démarche proprement dite est difficile à contextualiser et les
modalités d’application du développement local sont diverses et controversées.
Enfin on a voulu intégrer la notion des acteurs du développement dans un sous point, mais
l’importance de celle-ci nous impose de la traiter séparément dans quatrième point vu la
richesse de cette notion et le rôle principal des acteurs dans une démarche de développement
local.
5- Les acteurs du développement
5-1. Revue de littérature
François Perroux mets l’accent sur la dynamique des acteurs pour atteindre une œuvre
collective susceptible de favoriser un développement local. En fait selon Perroux tout se joue
22
C’est une caractéristique du développement local au Maroc, l’absence d’articulation entre le local, le régional
et le national est flagrant, ce qui a souvent provoqué des redondances et des contraintes de financement de
certains projets de développement local.
23
ARNAUD Michel dans « Les ressources du développement local », Actes de la journée de l’ADP (Association
De Professionnels-Développement urbain et coopération), 10/09/2004, in
24
EL KADIRI Nacer, « Eléments d’analyse sur le développement territorial, aspect théoriques et empiriques »,
l’Hramattan, Paris, et Economie Critiques, Rabat, 2007.

- 22 -
sur la notion de proximité25
selon laquelle tous les acteurs de l'environnement local portent
une part de responsabilité quant au développement et à la vie économique et sociale locale26
.
Pour Hirschman, l’acteur est plus individuel et moins stratégique que chez Perroux, il le met
dans son cadre social et distingue dans son ouvrage "Exit, Voice and Loyalty (1970) " trois
types de comportements de l’acteur social à savoir :
la défection (exit) :
la contestation (voice) :
la loyauté (loyalty) : lorsqu’il est satisfait, il peut exprimer sa loyauté.
5-2. La diversité des acteurs de développement local
Comme on l’a signalé à mainte reprise le développement local est une démarche qui relève de
plusieurs institutions publiques et privées. Sur un territoire on trouve :
des acteurs politiques ;
des acteurs institutionnels ;
des acteurs économiques ;
des acteurs sociaux et culturels27
.
Pour ce qui est des acteurs politiques : deux types interviennent au niveau local à
savoir les élus locaux, et les acteurs désignés.28
Pour ce qui est des acteurs institutionnels : (chambres professionnelles, services
déconcentrés…) ces institutions ont pour rôle de réunir, animer et coordonner l’action
des différents acteurs du territoire, de même qu’elles assurent le suivi des projets29
.
25
Selon Perroux deux types de proximité existent :
La proximité géonomique qui résulte des contraintes naturelles et de constructions humaines
La proximité économique qui reflète la similitude et/ou la complémentarité entre les acteurs, les
organisations et les institutions dans le cadre de finalités d'ordre technologique, industriel, financier ou même
social.
26
PROULX Marc-Urbain, GAUTHIER Josée, DARHOUANI Lahcen, DOUBI Ali, « Stratégies des acteurs du
développement local et régional par les TIC », Cefrio, février 2003, in :
http://www.cefrio.qc.ca/rapports/Strategies_des_acteurs_du_developpement.pdf, consulté le 20/12/2007.
27
EL KADIRI Nacer, « Eléments d’analyse sur le développement territorial, aspect théoriques et empiriques »,
l’Hramattan, Paris, et Economie Critiques, Rabat, 2007.
28
On fait allusion ici aux walis et gouverneurs dans le cas marocain. De ce fait on cite l’article 1 de la charte
communale marocaine de 2002 qui exprime expressément cette relation entre les acteurs politiques : « …dans le
respect des attributions dévolues aux autres collectivités locales, de contribuer au développement économique,
social et culturel de la collectivité régional, le cas échéant, en collaboration avec l’Etat et lesdites collectivités »
29
Idem.
S’il est mécontent, l’acteur social peut soit
faire défection soit exprimer ses doléances.

- 23 -
Pour ce qui est des acteurs économiques : (exploitants agricoles, entreprises
industrielles, artisans…) ils jouent un rôle primordial dans les projets de
développement local. Ils sont représentés au niveau local et national par des
assemblées élues, des fédérations ou des associations, de ce fait ils ont un poids de
décision important. On peut résumer leur rôle dans le développement comme suit30
:
Créer des emplois et distribuer ainsi des revenus au niveau local pouvant être
réinvestis ou dépensés localement ;
financer les collectivités territoriales par les impôts et taxes qu’elles sont amenées à
verser ;
valoriser des ressources physiques locales (utilisation des savoir-faire spécifiques
locaux, écosystème, matières premières, paysages, infrastructures locales, etc.) ;
répondre à des besoins très localisés de produits et de services, en se substituant aux
produits en provenance d’autres régions ;
aménager le territoire par les phénomènes de localisation, de stabilisation des
populations et d’occupation de l’espace, et promouvoir sa notoriété et son image.
Pour ce qui est des acteurs sociaux et culturels : ce sont surtout des ONG locales,
nationales ou internationales qui oeuvrent dans le domaine de développement. Elles
sont très sollicités par les autres acteurs, elles ont la capacité d’encadrer la population
et ont la vocation d’œuvrer pour le bien commun.
On peut appuyer cette présentation par le modèle de John Friedman (1992)31
présentant les
quatre sphères d’activités de la communauté territoriale et qui nous paraissent en parfaite
adéquation avec la classification des acteurs :
30
31
Cité par PROULX Marc-Urbain, GAUTHIER Josée, DARHOUANI Lahcen, DOUBI Ali, « Stratégies des
acteurs du développement local et régional par les TIC », Cefrio, février 2003, in :

- 24 -
Enfin il est à mentionner ici que d’autres classifications des acteurs sont données, elles sont à
la fois générales, pertinentes et offrent une possibilité d’intégration des différents acteurs
abstraction faite de leurs appartenances au public ou au privé. C’est ainsi qu’on présente les
acteurs comme :
Des gestionnaires : de la desserte de biens, de services et de programmes
gouvernementaux, qu’ils soient publics ou privés32
32
Le cas par exemple des gestionnaires privés de la chose publique dans le cadre des concessions ou de la
gestion déléguée.

- 25 -
Les acteurs stratégiques : ils ont la vocation de soutenir l’économie d’un territoire ; Ce
sont des acteurs directement concernés par la technologie, la connaissance et
l’innovation dans les activités économiques33
.
Les acteurs tactiques : ce sont des animateurs de développement34
qui font bouger le
milieu, brasser les idées et faire émerger les initiatives et les promoteurs de celles-ci35
.
Les acteurs sont aussi présentés en deux grandes catégories :
Les acteurs individuels ;
Les acteurs collectifs.
5-3. Les acteurs : groupes d’intérêt et parties prenantes
Dans une démarche de développement local les acteurs expriment des tendances différentes :
coopération, agressivité, intérêts, forte implication…
On distingue quatre catégories de groupes de pression, cette distinction est très importante du
fait qu’elle permet de reconnaître une réalité qui n’est autre que la lutte entre les acteurs, cette
dernière peut bloquer des projets de développement du territoire. Les acteurs sont tellement
nombreux, ils cherchent à tirer profit des projets de développement et à minimiser les pertes36
.
De ce fait la distinction des quatre catégories revêt une importance de taille :
Les sympathisants dynamiques : ils ont un fort pouvoir et bénéficient du soutien du
pouvoir de l’Etat et des institutions internationales, et leurs gains sont importants.
Les sympathisants passifs : ils ont en commun avec les sympathisants dynamiques
leurs gains considérables, par contre ils ne disposent de fort pouvoir d’intervention ; ce
sont des cavaliers clandestins.
Les opposants passifs : ils ont plus à perdre qu’à gagner, de ce fait ils expriment cette
opposabilité mais ils n’ont pas un pouvoir d’action.
33
Cette catégorie d’acteurs est représentée par les centres de transfert de technologie, les centres de R&D ou de
recherche appliquée, les centres d’incubation, d’essaimage ou d’entrepreneuriat, les universités.
34
35
Regroupements d’entreprises, chambres de commerce, associations, groupes professionnels, agences
d’animation socio-économique, unions et syndicats.
36
EL MORCHID Brahim, « Ajustement des réformes en Afrique : la condition d’un développement réussi,
Communication dans les Premières Journées Scientifiques du FEM-GREF Faculté des Sciences Juridiques
économiques et Sociales Marrakech, 28 et 29 avril 2006.

- 26 -
Les opposants redoutables : ils bloquent tout projet dont leurs gains sont minimes, on
suggère de leur donner des gages ou des contreparties pour atténuer leur opposition.
Enfin Professeur ElMorchid synthétise par la construction de la matrice suivante et qui
résume pertinemment ce qui a été avancé :
En définitif une étude des acteurs d’un territoire s’avère nécessaire pour un projet de
développement, les acteurs sont le levier du développement local et global ; le futur pour le
territoire est le développement d'une capacité collective des acteurs, capable d'intégrer les
stratégies et de représenter les différents intérêts en cherchant les opportunités de
convergence.
Opposants
Redoutables
Opposants
Passifs
Sympathisants
Passifs
Sympathisants
Dynamiques
Forte capacité
d’intervention
Faible capacité
d’intervention
PerdantsGagnants

- 27 -
6- Développement humain
Toujours dans le cadre de notre objectif de cerner le concept du développement en faisant le
tour des différents concepts renfermant cette notion, on essaiera dans ce point de voir le
concept de développement humain, ces contours et aspects.
6-1. Les acceptions du développement humain
Pour mieux appréhender cette forme de développement il faudrait la situer dans son contexte
historique. En fait depuis la fin de la deuxième guerre mondiale quatre grandes tendances, en
matière de développement, se sont succédées, parfois de façon antagoniste. On les cite comme
suit :
Au cours des années 50 et 60, l’accent a été mis sur l’accumulation du capital
physique et financier. Le sort des populations pauvres ne constitue pas une
préoccupation du développement.
Dans les années 70, est apparue une nécessité d’investir dans le capital humain pour
optimiser la productivité et ce au moyen de santé et d’éducation.
Au cours des années 80, les événements des années 70 ont marqué cette période
(chocs pétroliers, crises économiques et monétaires, inflation…), un retour de
l’importance de la croissance économique était évident.
Enfin, dans les années 90, de nouveaux indicateurs de développement ont été instauré ;
on parle alors de l’Etat de droit ou`il y a une garantie des droits humains
fondamentaux, des libertés politiques et civiles, de l’équité à l’intérieur des
générations (lutte contre la pauvreté, es inégalités et l’exclusion) et entre les
générations (développement durable), de l’équité entre les genres, du respect de
l’environnement et de la bonne gouvernance. Cette période avait aussi le mérite de
faire une grande sortie médiatique du concept du développement humain à travers le
premier rapport mondial sur le développement humain publié par le Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Essayons maintenant de définir le concept. Le premier rapport mondial sur le développement
humain publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement en donne la
définition suivante : " Le développement humain est un processus qui conduit à
l'élargissement des possibilités offertes à chacun. Vivre long' temps et en bonne santé, être

- 28 -
instruit et avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d'un niveau de vie convenable
sont les plus importantes. S'y ajoutent la liberté politique, la jouissance des droits de l'homme
et le respect de soi – ce qu'Adam Smith appelle la capacité de se mêler aux autres, sans
craindre de 'paraître en public'37
."
De même le Rapport Arabe sur le Développement Humain de 2002 définit ce type de
développement comme suit : "Le développement humain peut être défini simplement comme
un processus d’élargissement des choix. Chaque jour, chaque être humain fait toute une série
de choix, d’ordre économique, social, politique ou culturel… Le développement humain est à
la fois un processus et un résultat. Il concerne tant les processus par lesquels les choix sont
accrus que les résultats de ces choix "38
Pour ainsi résumer on peut dire que le développement humain est une autre facette du
développement qui mise sur l’être humain qui a le droit de :
Vivre longtemps et en bonne santé.
Accéder au savoir dans ses différentes dimensions.
Disposer de ressources matérielles suffisantes pour mener une vie décente.
Participer librement à la vie communautaire et publique.
De ces quatre droits / aspirations fondamentales découle directement la logique de l’indice de
développement humain (IDH), instrument vedette de mesure du développement humain dans
les pays. La quatrième étant difficilement quantifiable, l’IDH focalise sur les trois premières
dimensions.
6-2. Mesure du développement humain
Cette mesure se fait via des indicateurs dont le plus célèbre est l’Indice de Développement
Humain (IDH), c'est un indicateur qui fait la synthèse39
de trois séries de données :
Santé et longévité mesurées par l’espérance de vie à la naissance,
Savoir mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation
combiné du primaire, du secondaire et du supérieur,
Niveau de vie décent mesuré par le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat en
dollars US (PPA).
37
PNUD, « Rapport mondial sur le développement humain 1990 », Economica 1990.
38 PNUD et Fonds Arabe de Développement Economique et Social, «Rapport Arabe sur le Développement
Humain de 2002 », 2002.
39
On l'appelle indicateur composite ou synthétique.

- 29 -
Chaque variable reçoit une note allant de "0" à "1". La moyenne arithmétique de ces trois
variables donne l'IDH qui est lui même échelonné de « 0 » à »1 », plus l'I.D.H. se rapproche
de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé.
Cet indice a fait l’objet de plusieurs critiques telle que la difficulté de mesurer certain aspect
non quantifiable de la vie d’un être humain tel le degré de participation à la vie
communautaire et publique. C’est pour cette raison que l’IDH a été complété par tout un
panel d’autres indices ou indicateurs40
. Le rapport mondial sur le développement humain de
2004 en fournit une description synthétique41
:
Indice Longévité Savoir Niveau de vie
décent
Participation
ou exclusion
Indice de
développement
humain (IDH)
Espérance de
vie à la
naissance
Taux
d’alphabétisation
taux brut de
scolarisation
combiné dans le
primaire,
le secondaire et le
supérieur
PIB/habitant
(PPA)
----------------
Indice de
pauvreté
économique
humaine pour
les
pays en
développement
(IPH-1)
Probabilité à la
naissance de ne
pas atteindre 40
ans
Taux
des adultes
Privation de
revenu mesurée
par :
* Pourcentage
de la population
privée d’accès
durable à un
point d’eau
-----------------
40
GREFT-Alami et Ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité du Maroc,
« Comprendre le développement humain », 2006.
41
PNUD, « Rapport mondial sur le développement humain 2004 », Economica 2004.

- 30 -
aménagé.
* Pourcentage
d’enfants de
moins
de 5 ans
souffrant
d’insuffisance
pondérale.
Indice de
pauvreté
humaine pour
les pays de
l’OCDE
à revenu élevé
(IPH-2)
Probabilité à la
naissance de ne
pas atteindre 60
ans
Pourcentage des
adultes ayant des
difficultés à
comprendre un
texte suivi
Pourcentage de
la population
vivant en deçà
du seuil de
pauvreté.
Taux de
chômage de
longue durée
(12 mois ou
plus)
Taux de
chômage de
longue durée
(12 mois ou
plus)
Indicateur
sexo-spécifique
du
développement
humain
(ISDH)
Espérance de
vie des
hommes et des
femmes à la
naissance
* Taux
des hommes et
des
femmes
* Taux brut de
scolarisation
combiné des
hommes et
femmes dans le
* Revenu estimé
du travail des
hommes
--------------

- 31 -
primaire,
le secondaire et le
supérieur
PNUD, 2004
A ajouter aussi l’Indice de Participation des Femmes (IPF) qui mesure la part active que
prennent les femmes à la vie économique et politique (nombre de femmes parlementaires,
cadres politiques et économiques, différence de revenus entre les sexes censés refléter
l’inégalité des chances entre genres).
Les indices se multiplient avec les changements que connaît la scène internationale, on en a
présenté les principaux sans vouloir être exhaustif.
Conclusion chapitre 1:
Il apparaît donc, à travers cette présentation, que le développement change d’acception selon
les périodes et selon le degré territorial concerné (local ou global). Une réalité s’impose, le
développement au niveau local doit être par le bas. Certes le développement est un processus
de changement, ce dernier ne peut être acquis qu’en faisant participer les acteurs locaux dans
la conception d’un plan de développement.
D’autre part un plan de développement est un processus de mobilisation et de valorisation des
ressources d’un territoire, pour s’adapter aux conjonctures, et pour face à la compétitivité,
d’abord, des territoires avoisinants, et par la suite la compétitivité internationale. Cette
mobilisation des ressources doit se faire dans un souci d’égalité et d’équité entre générations
présentes et génération futures, une répartition équitable des effets du développement est
souhaitable et s’impose avec force. On fait allusion à la notion de développement durable,
qu’on n’a pas traité dans ce chapitre avec les concepts incluant le développement, et pour
cause l’importance de cette notion qui constitue une pierre angulaire dans ce mémoire. Un
plan de développement durable est un objectif majeur de ce travail.
On verra donc dans ce qui suit les contours conceptuels du développement durable afin
d’acquérir une base conceptuelle solide quid à nous permettre de concevoir un plan de
développement durable pour notre territoire d’étude.

- 32 -
Chapitre 2. Le développement durable : Positionnement épistémologique et contours
conceptuels
Le développement durable fait la une dans les différents discours des acteurs et des
institutions à la fois nationaux et internationaux. Dans cette perspective ce type de
développement suscite des questions relatives au cadre conceptuel et à l’apparition d’un tel
développement. C’est ainsi que pour élaborer des actions de développement durable pour
notre territoire, on essaiera à travers ce chapitre de positionner le concept et d’en déceler les
contours conceptuels, ainsi que les critiques adressées à ce type de développement.
1- Positionnement épistémologique de la durabilité
1-1 Le terme "durable"
Le champ sémantique du terme renferme une multitude de significations mais qui vont dans le
même sens.
Il faut d’abord préciser que c’est un qualificatif qui a pour sens général "pérenne", et avec
plus de précision, et suivant le terme anglais "sustainable" signifie "que l’on peut maintenir".
Dans le contexte ou il est souvent utilisé, un développement est dit "durable" si au regard d’un
point de vue économique, écologique et social il peut être maintenu dans le temps mais aussi
dans l’espace ; ici le terme devient de plus en plus précis du fait qu’on avait déjà préciser qu’il
signifie "que l’on peut maintenir", ce qualificatif ne perd pas donc de sens mais se précise et a
une dimension temporelle et spatiale.
De même et plus étroitement et par extension on peut dire qu’une "ville", un "tourisme", ou
une "agriculture" sont durables s’ils sont à même de se maintenir dans le temps, ou sont
généralisable dans l’espace compte tenu des paramètres déjà cités (économique, écologique et
social)42
.
42
ZUINDEAU Bertrand, « Développement durable et territoire : normes, formes, évaluation », Presses
Universitaires du Septentrion, 2000, p 11 et S.

- 33 -
1-2 La durabilité objet des investigations théoriques
La durabilité a fait l’objet de plusieurs investigations théoriques fondées pour l’essentiel sur la
définition des degrés dans la durabilité ;
Kerry Turner : les degrés de la durabilité : Kerry Turner (1993) mentionne que la
durabilité est dite très faible, faible, forte, ou très forte. Selon cet auteur, la durabilité
est de plus en lus faible lorsque les exigences à satisfaire tendent à se limiter à des
règles économiques. Par contre elle est de plus en plus forte quand s’y ajoutent (à
l’économique) et même s’y substituent des contraintes propres à l’environnement.
De ce qui a été avancé deux points sont à prendre en considération :
1. en premier lieu la durabilité plus ou moins faible ou plus ou moins forte serait un
qualificatif qui servira à caractériser des systèmes économiques, et on cite comme
exemple un pays qui affaiblit sa durabilité en vendant ses matières premières épuisables
et ce en contrepartie d’une compensation économique (entrée de devises par exemple).
2. En deuxième lieu la durabilité est aussi une norme à satisfaire, on verra plus loin qu’on
est allé jusqu’à instituer des normes de qualité à satisfaire pour obtenir le logo d’une
forte durabilité.
Fabrice Hatem : Pôle "écocentré" et pôle "anthropocentré" :
1. Pour ce qui est du pôle "anthropocentré" il est tiré de l’approche néoclassique de la
croissance soutenable et basé sur l’Homme du fait que l’utilité individuelle est un critère
de durabilité. C’est ainsi que selon une règle appelée "règle de Pezzey" l’économie est
considérée comme durable si l’utilité individuelle est décroissante dans le temps ; une
hypothèse de substituabilité explique cette règle (un capital technique peut remplacer un
capital naturel, de même qu’un bien matériel peut remplacer un bien naturel).
2. Le pôle "écocentré" basé sur la nature contredit le pôle "anthropocentré" ; c’est ainsi que
le courant de l’écologie profonde "deep ecology" (Naess, Stowe, Stone) estime que
l’environnement n’est pas un bien qui serait identique à tout autre bien par l’Homme : la
substituabilité ici est nulle alors que la durabilité est très forte43
.
On verra dans ce qui suit d’autres soubassements théoriques traitant plus encore de la
durabilité à travers le développement durable.
43

- 34 -
1-3. Durabilité norme Vs durabilité fait
Il s’agit ici d’un long débat de distinction entre économie positive et économie normative et
qui a eu des répercussions sur la notion de durabilité.
Sans entrer dans les détails de ce débat on se limitera à une vision sommaire de ce deux
courants, notre objectif principal ici est de dégager l’entremêlement qui existe entre plan
positif et plan normatif au niveau de la durabilité.
Concernant d’abord l’économie positive et l’économie normative, on pourrait dire
sommairement qu’il s’agit d’une distinction donnée vers la deuxième moitié du XIXè Siècle,
et selon laquelle l’économie positive se rapporte aux faits alors que l’économie normative se
rapporte aux valeurs. Jean Neville Keynes donnait la répartition tripartite suivante : "la
science positive […] corps de savoir systématisé concernant ce qui est ; la science normative
ou régulatrice […] corps de savoir systématisé discutant les critères de ce qui devrait être ;
l’art […] système de règles pour l’obtention d’une fin donnée " [Jean Neville Keynes, 1895].
Pour ce qui est de la durabilité, notre point de départ serait l’exemple suivant : si on se dit « ce
système économique est (ou n’est pas) durable », le référent de l’affirmation ou non de la
durabilité tient-il davantage de l’économie positive ou de l’économie normative ? On peut
obtenir une première réponse on se mettant du côté de la durabilité pure ou de la durabilité
élargie ; en fait la durabilité pure désigne une forme minimale de durabilité garantissant le
préservation dans le temps et dans l’espace des sociétés humaines, alors que la durabilité
élargie complète la précédente en instaurant le respect de différentes normes constitutives de
la valeur d’équité44
. Les exemples pour expliquer une telle distinction ne manquent pas, on
peut dire que pour la durabilité pure il s’agit surtout de couvrir les besoins les plus
fondamentaux de l’Homme, au fil du temps et suivants les différents territoires, il s’agit aussi
d’éviter des problèmes écologiques graves et/ou irréversibles…alors que pour ce qui est de la
durabilité élargie le souci principal serait de résorber les inégalités intertemporelles ou
interterritoriales de revenus ou plus largement d’équité.
Pour revenir à notre premier souci on peut dire que quand le champ de la durabilité se
restreint à la forme minimale qu’est la durabilité pure, la part des contraintes objectives dans
l’enjeu de durabilité devient dominante, tandis que si la durabilité s’ouvre vers une forme plus
44

- 35 -
élargie, la dimension normative est prééminente. De plus encore que sur un plan spatial, la
durabilité pure prend sens plus particulièrement à l’échelon global. En revanche, sur un
territoire limité, l’enjeu de durabilité renvoie essentiellement à des normes sociales45
. Cela
s’explique ; sur le plan global le constat est que les menaces susceptibles de mettre en péril la
pérennité de l’Homme et de la planète sont des problèmes globaux tels la pollution
transfrontière, la déforestation massive, disparition d’espèces animales ou végétales à
l’échelle planétaire, risque nucléaire…la durabilité ici renvoie à une logique de contraintes
objectives et non de normes sociales. Alors que dans un territoire limité on assiste à
l’intervention d’une nouvelle donne à savoir la problématique du choix qui diffère d’un
territoire à un territoire ; et qui consiste à faire des choix suivant des valeurs, des intérêts e
surtout des normes .
Ce qui précède peut être schématisé comme suit :
Durabilité
2-Durabilité, cités et convention
Il s’agit ici de se poser des questions si elles existent des conventions de durabilité ? Et est ce
que la durabilité est une véritable convention ?
Pour répondre à ces questions un détour par la théorie des conventions et par la notion de cité,
s’avère nécessaire.
45
Idem.
Echelon global
Durabilité pure
Echelon local
Durabilité élargie
Champ positif Champ normatif

- 36 -
2-1. Théorie des conventions
Le rapprochement a été initié par Olivier Godard46
dans ces travaux pour caractériser les
fondements de l’approche du développement durable à l’aune des "cités".
Avant d’expliciter la relation durabilité / "cités ", on dira un mot sur la théorie des
conventions ; en effet l’économie des conventions a fait l’objet de plusieurs investigations
théoriques et pour l’essentiel Pierre-Yves Gomez avait établit deux classifications
successives47
:
L’approche à l’américaine des conventions : traitant les conventions comme mode de
coordination interindividuel, elle est très liée à la théorie des jeux ;
L’approche à la française : l’accent est mis sur la dimension sociale des règles
auxquelles sont subordonnés les comportements individuels.
D’une manière générale ses investigations théoriques avaient pour objectif de déceler les
principaux modes de justification fondant les pratiques sociales et d’identifier des principes
supérieurs communs au travers desquels les Hommes peuvent s’accorder les uns les autres. Le
rôle des "cités" est alors d’aider à l’explication des conventions, des compromis et même des
conflits sociaux.
2-2. La relation durabilité / cités
Dans ce sens on verra comment la notion de durabilité se rattache à la notion de "cité" à
travers une présentation des différentes "cités" existantes et comment on peut y imprégner la
notion de durabilité pour voir si :
La durabilité relève d’une ou de plusieurs cités particulières ;
La durabilité serait à l’origine d’une cité supplémentaire.
Voyons alors les rapports liant la notion de « cité » à celle de durabilité :
"Cité inspiré" : ou cité vouée à dieu, pourrait être apparenté à une certaine vision de
la durabilité, en l’occurrence celle de la « deep ecology » conduisant à une
sacralisation de la Terre et de ses diverses manifestations ;
46
GODARD Olivier, « Développement soutenable et processus de justification des choix en univers
controversé », communication au colloque : « Modèles de développement soutenable. Des approches exclusives
ou complémentaires de la soutenabilité ? », Paris 1994.
47
GOMEZ Pierre-Yves, « Qualité et théorie des conventions », Economica, collection recherche en gestion,
Paris 1994, p 78 et 82.

- 37 -
"Cité civique" : l’apparence ici à la durabilité se confirme par l’exigence commune
d’un "bien commun" c’est que "dans le monde civique, on accède à la grandeur en
sacrifiant les intérêts particuliers et immédiats" 48
;
Olivier Godard mettait l’accent sur les trois autres cités – domestique, industrielle, et
marchande – comme ayant des rapports plus étroits avec la notion de durabilité49
:
"Cité domestique" : elle a avec la durabilité comme point commun un même
attachement à la notion de « patrimoine » à transmettre, malgré la différence quant
au rapport avec le temps ; la durabilité tient compte de l’avenir, alors que la cité
domestique regarde vers le passé (tradition, propriété familiale à faire
transmettre…) .
"Cité industrielle" : ici on vise un intérêt commun. dans la cité industrielle, l’intérêt
commun est associé à la satisfaction des besoins et constitue donc un supérieur
commun. Alors que pour la durabilité on ne peut oublier qu’il a pour objectif
principal qu’est la couverture des besoins humains actuels et futurs.
"Cité marchande " : elle se fonde sur le droit qu’aurait chacun de maximiser son
intérêt privé au travers l’échange. La notion de durabilité critique cette vision et ce
mode de légitimation en mettant l’accent sur les effets négatifs d’une telle norme,
notamment, les atteintes à l’environnement. Cela n’empêche que suivant la
conception néoclassique de substituabilité des facteurs et des biens, un lien est
possible entre cité marchande et durabilité du fait de la compensation et
environnement dans une perspective intertemporelle ; cela s’explique en effet, le
manque à gagner en t+1 par la réduction de ressources naturelles en t est compensé
grâce aux rentes dégagées sur l’exploitation des ressources naturelles.
En définitive il s’avère que la durabilité est à l’étroit dans chacune des cités, sa logique est
bien conforme à bon nombre d’éléments propres aux différents modèles, mais aucune de ces
cités n’est en parfaite adéquation avec elle. De ce fait des auteurs envisagent la durabilité en
tant que principe supérieur commun puisque celle-ci a été élevée au rang de principe de
légitimation ; elle en va de l’intérêt de la planète et de ses habitants.
48
49
Idem.

- 38 -
3- Genèse du développement durable : du capitalisme au développement durable
L’objectif de ce point est de faire un tour d’horizon sur l’évolution du capitalisme et qui a
amené de nombreux auteurs à se poser des questions de fond sur les contradictions que
pourrait entraîner la dynamique capitaliste, soit la surexploitation des ressources tant
humaines que naturelles, soit un ralentissement de la croissance.
3-1. Evolution du capitalisme : quelle place pour le développement durable ?
3-1-1. Le bien être via l’accumulation du capital
L’idée de base du capitalisme commençait à émerger avec les économistes classiques et a
continué à dominer jusqu’à la fin du XIX è Siècle, celle-ci veut que l’amélioration des
conditions de vie passe avant tout par l’accumulation du capital. Le paradoxe subsiste alors
dans la mauvaise répartition des richesses et dans la lutte entre les classes qui en résulterait.
Les auteurs classiques avaient confiance dans la régulation marchande pour assurer
l’harmonisation des intérêts et allouer au mieux les ressources rares 50
A une échelle plus grande, David Ricardo développe la thèse des ‘avantages comparatifs’ et
qui enseigne que les pays trouvent avantage au commerce international en se spécialisant dans
la production et l’échange des biens dans lesquels ils sont les plus efficaces51
[David Ricardo,
1977], ainsi une division internationales du travail serait le fondement même de
l’enrichissement des nations mais à quel prix ? La question des ressources, surtout naturelles,
commence à prendre position.
3-1-2. De l’état stationnaire vers un capitalisme en crise
On commence à prendre en compte les contraintes naturelles dans la pensée des classiques, on
ne parle pas encore d’environnement mais plutôt de démographie et de fertilité des sol mis en
culture. Un couplage est fait entre la thèse de Thomas Maltus et David Ricardo ; le premier
travaillait sur la population et avait déduit que la population augmente fortement et nécessite
de produire des quantités de plus en plus grande de nourriture52
[ Thomas Maltus 1992]. Le
second avait conclu qu’à mesure que la mesure de la population croit une rente différentielle,
perçue par les propriétaires fonciers, grignote le profit des capitalistes jusqu’à la réduire à
zéro. L’incitation à investir disparue, l’accumulation du capital doit cesser, l’emploi et la
50
BOISVERT Valérie, VIVIEN Franck-Dominique, « Le développement durable, enjeux politiques,
économiques et sociaux », La documentation française, Paris 2006.
51
Cité par MUCCHIELLI Jean-Loius, MAYER Thierry, « Economie internationale », Dalloz 2005.
52
Cité par BOISVERT Valérie, VIVIEN Franck-Dominique, « Le développement durable, enjeux politiques,
économiques et sociaux », La documentation française, Paris 2006, p 17.

- 39 -
population ouvrière correspondante, doivent se stabiliser, le nombre de bouche à nourrir et la
quantité de terres à mettre en culture doivent devenir fixes ; on parle alors de l’état
stationnaire53
.
Karl Marx et Friedrich Engels ont cherché à mettre en évidence les contradictions de
l’accumulation capitaliste dont ils observent les effets ; c’est pour cette raison que K.Marx
écrivait dans son célèbre ouvrage ‘ le capital’ en 1867 : "chaque progrès de l’agriculture
capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans
l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un
progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du nord
de l’Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce progrès
de destruction s’accomplit rapidement". Karl Marx faisait alors allusion à l’allocution des
ressources et on peut même en déduire que c’était une prémisse de la notion du
développement durable, il avait ainsi cette notion dans ces écrits ; il écrivait avec éloquence :
"le droit de propriété de certains individus sur des parties du globe paraîtra tout aussi absurde
que le droit de propriété sur son prochain. Une société entière, une nation et même toutes les
sociétés contemporaines réunies ne sont pas propriétaires de la terre, elles n’en sont que les
possesseurs, elles n’en ont que la jouissance et doivent la léguer aux générations futures après
l’avoir améliorée en boni patres familias " [Karl Marx, 1974]. On commence alors à parler de
la création des institutions collectives susceptibles de pouvoir "maîtriser notre maîtrise" de la
nature54
.
Le capitalisme se trouve ainsi en crise face aux exigences du développement, de la répartition
équitable des richesses et de la maîtrise de l’utilisation de la nature. Des alternatives
s’imposent, on verra l’entrée sur la scène internationale de la notion de développement
durable.
3-2. Enfin la notion de développement durable dans la scène internationale
A partir des années soixante-dix des événements se suivent et se multiplient : des écarts dans
la répartition des richesses, des dégâts dans le domaine de l’environnement, augmentation du
prix du pétrole…ces événements ont été des précurseurs de l’apparition de la notion de
développement durable.
53
Idem.
54
AUBERTIN Catherine, VIVIEN Franck-Dominique, « Le développement durable, enjeux politiques,
économiques et sociaux », La documentation française, Paris 2006, p 13.

- 40 -
3-2-1. ‘The Limits to Growth’ ou ‘halte à la croissance’
A l’origine de cet intitulé un rapport remis au Club de Rome par des industriels, diplomates et
chercheurs en 1972 appelé "The Limits to Growth" et traduit en français "Halte à la
croissance". Le rapport avait mis l’accent sur les limites de la croissance, et avait fait allusion,
en particulier, à la question d’environnement : "développement et environnement doivent
absolument être traités comme un seul et même problème "55
[Dennis Meadows, 1972].
Le rapport utilise des termes alarmants testant de la grandeur des problèmes crées par la
croissance mondiale ; elle a abouti à l’augmentation de la population qui consomme et pollue
de plus en plus dans un monde fini. La croissance exponentielle que connaît le système
mondial conduit, à terme, à son effondrement. Les auteurs du rapport écrivent : "nous avons la
conviction que la prise de conscience des limites matérielles l’environnement mondial, et des
conséquences tragiques d’une exploitation irraisonnée des ressources terrestres, est
indispensable à l’émergence de nouveaux modes de pensée qui conduiront à une révision
fondamentale à la fois du comportement des hommes, et, par suite, de la structure de la
société actuelle dans son ensemble" [Dennis Meadows, 1972].
Ce rapport constitue ainsi une ouverture du débat sur les questions de croissance et
développement en corrélation la répartition des richesses et l’allocation des ressources.
Dans la foulée et en juin 1972 à Stockholm une conférence de l’ONU s’est tenue sur
l’Homme et son milieu. Une grande importance a été donnée aux questions du développement
et de l’environnement surtout dans les pays en voie de développement, en témoigne le point 4
de son préambule : "dans les pays en voie de développement, la plupart des problèmes de
l’environnement sont causés par le sous développement…leur développement doit tenir
compte des priorités et de la nécessité de préserver et améliorer l’environnement".
Parallèlement un premier organe chargé des questions de l’environnement a vu le jour au sein
de l’ONU, à savoir le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).
3-2-2. L’entrée en scène du développement durable
Les événements se suivent et se ressemblent, c’est ainsi qu’on assiste dans la décennie quatre
vingt à un certain nombre de problèmes, de catastrophes et de paradoxe ; la croissance bat son
plein alors que le sous développement persiste. On cherche alors une forme de développement
susceptible de concilier croissance économique, équité sociale et préservation
55
Cité par BOISVERT Valérie, VIVIEN Franck-Dominique, « Le développement durable, enjeux politiques,
économiques et sociaux », La documentation française, Paris 2006, p 25 et S.

- 41 -
environnementale. Une première approche a été présentée par le rapport Brundtland, et les
acceptions se suivent, on présentera ici les moments fort de ce changement:
⇒ Rapport Brundtland :
Mme Gro Harlem Brundtland présidait en 1983 une Commission Mondiale pour
l’Environnement et le Développement (CMED), crée par l’assemblée générale des Nations
Unies pour établir un diagnostic en matière d’environnement et de développement. Cinq ans
de travail ont abouti en 1987 à la publication du Rapport Brundtland intitulé "Notre avenir à
tous", un rapport alarmant qui faisait le point sur la question de l’environnement et du
développement : "les questions d’environnement et de développement sont considérées de
concert, certains modes de développement dégradent l’environnement et, inversement, un
environnement dégradé peut constituer un obstacle au développement"56
.
Ce rapport avait aussi le mérite de donner une définition du développement durable qui sera
plus tard une référence en la matière : "un type de développement qui permet de satisfaire les
besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire
les leurs".
Une nouvelle ère de croissance est apparue, on parle désormais des trois piliers du
développement durable ; un développement généralisé, une équité sociale entre les
générations et à l’intérieur de celles-ci et un respect des systèmes écologiques.
⇒ Sommet de la terre de Rio :
Il constitue le véritable lancement médiatique de la notion de développement durable. Il s’est
tenu à Rio le 3 et 4 Juin 1992 par la CNUED.
Ce sommet a abouti pour sa part à une réflexion sur les problèmes environnementaux du
développement et de la croissance. La nouveauté du sommet est le plan d’action baptisé
"Agenda 21" ou "Action 21", et qui recense les actions à entreprendre pour que le
développement durable devienne une réalité au XXIè Siècle. Des critiques sont avancées à cet
égard, et qui sont relatives à la valeur juridique des ses actions qui ne sont pas contraignantes,
également à la question de financement de celles-ci surtout dans les pays du Sud.
⇒ Sommet mondial du développement durable de Johannesburg
Organisé à Johannesburg en Afrique du Sud en 2002, il avait pour objectif initial discuter la
concrétisation des engagements pris dix ans plutôt lors de la conférence de Rio. Cet objectif a
été dérobé à cause des crises financières internationales et de la lutte contre le terrorisme après
56
Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement ‘CMED’, « Notre avenir à tous » 1987.

- 42 -
les attaques du 11 septembre en 2001. la principale innovation dans ce sommet était la
présentation des "initiatives de type II" qui sont des partenariats conclus entre des
gouvernements et des acteurs privés comme les entreprises, les ONG, les syndicats…et ce
pour appuyer la mise en œuvre de l’Agenda 21. A cet égard des critiques ont été avancées, on
est allé jusqu’à dire que "le développement durable promu par le entreprises apparaît
simplement comme un nouvel habillage pour gagner des parts de marché"57
.
4- Développement durable : définitions, principes et acteurs
4-1. Une diversité des définitions, et des principes de la bonne gouvernance
A côté de la célèbre définition du rapport Brundtland déjà cité "un type de développement qui
permet de satisfaire les besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les
générations futures de satisfaire les leurs" [CMED, 1987]. On cite ici d’autres définitions de
certains acteurs de la scène internationale58
:
Union internationale pour la conservation de la nature (1980) (UICN) : "un
développement qui prévoit des améliorations réelles de la qualité de la vie des
humains et en même temps conserve la vitalité et la diversité de la Terre. Le but est un
développement qui soit durable. À ce jour, cette notion paraît utopique, et pourtant elle
est réalisable".
UICN, Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), World wild
fondation (WWF) : "un développement améliorant la qualité de la vie humaine en
respectant la capacité de son écosystème".
Conseil de la Terre (Earth Council, 1997) : "Vivre équitablement, en accord avec les
moyens naturels".
Ignacy Sachs : "Les cinq dimensions de la durabilité ou de l’éco- développement sont :
la dimension sociale (autre croissance, autre vision de la société), économique
(meilleure répartition et gestion des ressources, plus grande efficacité), écologique
(minimiser les atteintes aux systèmes naturels), spatiale (équilibre ville-campagne,
aménagement du territoire), culturelle (pluralité des solutions locales qui respectent la
continuité culturelle) ".
57
BOISVERT Vlérie, VIVIEN Franck-Dominique, « Le développement durable, enjeux politiques,
économiques et sociaux », La documentation française, Paris 2006, p 32 et S.
58
Haut Conseil de la Coopération Internationale (HCCI), « Développement durable et solidarité internationale,
Enjeux, bonnes pratiques, propositions pour un développement durable du Sud et du Nord », Juin 2006. Doc.
pdf 140p in : www.hcci.gouv.fr

- 43 -
Union européenne (principes directeurs de l’UE pour le Développement Durable) :
"promouvoir une économie dynamique, le plein emploi, un niveau élevé d’éducation,
de protection de la santé, de cohésion sociale et territoriale, ainsi que de protection de
l’environnement dans un monde en paix et sûr, respectant la diversité culturelle".
Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE, 2001) : "
un ensemble coordonné de processus participatifs permettant de progresser de façon
continue dans les domaines de l’analyse, du débat, du renforcement des capacités, de
la planification et de la mobilisation des ressources et permettant de concilier les
objectifs économiques, sociaux et environnementaux de la société, ou de procéder, le
cas échéant, à des arbitrages".
Association "Les Amis de la Terre" : "quatre composantes essentielles et
indissociables : la préservation du patrimoine naturel et de la biodiversité, le respect de
la diversité culturelle ; l’utilisation viable des ressources naturelles en privilégiant les
énergies renouvelables ; la mise en oeuvre de politiques économiques garantissant le
développement local et le respect des droits sociaux ; la transparence et la participation
des citoyens aux choix de société".
The World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) : "Trois piliers :
croissance économique, équilibre écologique et progrès social. La poursuite du
développement durable est bonne pour le commerce "Business" et le commerce est
bon pour le développement durable".
Ces définitions s’avèrent intéressantes, en effet, en plus de la classique représentation des trois
piliers de développement durable, d’autres acceptions sont mises en valeur. On en déduit ainsi
une quatrième pierre angulaire du développement durable qui n’est autre que la préservation
de la diversité culturelle (préservation des libertés et des droits culturels, des identités, des
savoirs, des langues, respect de modes et de rythmes de développement diversifiés). On en
ajoute également les principes de l’équité et de la bonne gouvernance qui sont les principes
même du développement durable à savoir [conférence de Rio, 1992] :
La responsabilité : elle est individuelle ou collective et se traduit par un processus de
rendre compte. Au niveau international la conférence de Rio59
de 1992 énonce dans
son principe 7 : "étant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de
59
L’ensemble des principes de cette conférence sera présenté dans un document en annexe.

- 44 -
l’environnement mondial, les États ont des responsabilités communes mais
différenciées. Les pays développés admettent la responsabilité qui leur incombe dans
l’effort international en faveur du développement durable"60
;
La solidarité : dans le temps (entre générations présentes et générations futures), et
dans l’espace (entre Nord et Sud61
, entre Régions riches et pauvres, entre milieux
urbain et rural) ;
La participation : basée sur la transparence et l’accès à l’information pour permettre la
mise en place d’un système de consultation et de débat public au niveau local et
international62
; la déclaration de Rio dispose dans ce sens que : "chaque individu doit
avoir dûment accès aux informations relatives à l’environnement…et avoir la
possibilité de participer aux processus de décision … ", de plus Amartya Sen affirme
le lien entre participation des populations et développement au bénéfice de celle-ci :
"il n’y a jamais eu de famine grave dans aucun pays doté d’une forme démocratique
de gouvernement et possédant une presse relativement libre"63
.
La précaution : qui permet face à un risque potentiel de prendre des dispositions en
mesure d’en limiter et d’en effacer les conséquence. L’exemple ici est celui du
Protocole de Carthagène sur la biosécurité (2000) qui autorise le refus d’importation
de produits OVM (organismes vivants modifiés) pour des raisons sanitaires ou
environnementales64
.
La subsidiarité : dans ce sens il faut que les règles internationales soient adaptées aux
contextes locaux et sous-régionaux ; une action de coopération internationale doit
s’intégrer aux politiques décidées et mises en œuvre localement et non s’y substituer65
.
On peut ainsi conclure ce point par des représentations schématiques des différentes
acceptions du développement durable :
60
Ce principe a induit d’autres applications tel le principe des pollueurs-payeurs.
61
On cite comme exemple ici l’Aide Publique au Développement.
62
Les conférences au niveau local ou international ainsi que les projets basés sur l’approche participative (tel que
le notre) constituent une traduction réelle de ce principe.
63
CHASSANDE Pierre, « Développement durable, pourquoi ? Comment ? », Edisud, Aix en province, 2002, p
25 et S.
64
ASSEN Slim, « Le développement durable », Collection Idées reçues, Economie et société 2006, p 119.
65

- 45 -
C’est le schéma classique
représentant le développement
durable comme l’intersection
des trois piliers : l’économique,
le social et l’environnemental.
La partie centrale doit
augmenter au fur et à mesure de
l’intégration des trois piliers.
Source : HCCI, 2006

- 46 -
La représentation précédente peut également être schématisée en forme triangulaire avec plus
de détails :
Économique
Efficacité
Viabilité
Utilité
Satisfaction des besoins
essentiels
Social
Droits humains
Réduction
inégalité/pauvreté
Genre, égalité H/F
Inclusion sociale
Environnemental
Préservation ressources
naturelles
Biodiversité/climat
Prévention des risques
Articulation
Échelles de territoires
Court terme / long terme
Gouvernance démocratique
Solidarité Nord/Sud
Source : HCCI,
2006

- 47 -
Enfin une autre représentation prenant en compte le quatrième pilier à savoir l’élément
culturel :

- 48 -
*Sommet Mondial de Développement
Durable
Source : HCCI, 2006

- 49 -
4-2. Les acteurs du développement durable
Ce point s’avère nécessaire pour nous, du fait que la reconnaissance des acteurs de
développement durable dans notre territoire d’étude facilitera la mise en place d’une
démarche de développement appropriée, et qui recevra application et soutien66
.
Sans vouloir reprendre ce qui a été présenté auparavant, l’objectif ici est de spécifier ces
acteurs et parfois les nommer quand il s’agira de certaines institutions à caractère national ou
local.
◙ Les institutions internationales : elles ont un rôle important dans la gestion
des ressources et surtout dans l’application des programmes et le financement de ceux-ci.
Elles sont multilatérales, régionales, ou locales. Au niveau international on cite67
:
La Commission du Développement Durable (CDD) : créée en 1993 par le Conseil
économique et social de l’ONU, la CDD, qui compte 53 membres, est chargée du suivi
des engagements pris à Rio puis à Johannesburg, notamment la mise en oeuvre des
Agendas 21, et du renforcement de la coopération internationale en matière
d’environnement et de développement. En 2003, elle a adopté un programme pour
douze ans, qui se décline par cycles de deux ans : une session d’examen des progrès en
matière d’engagements au développement durable, une session sur les décisions à
prendre pour surmonter les difficultés. La thématique 2006-2007 porte sur les
changements climatiques, l’énergie et le développement industriel.
Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement : basé à Nairobi au Kenya, le
PNUE a pour objectifs une veille de la situation de l’environnement dans le monde, la
promotion de la coopération environnementale internationale, la formulation et le suivi
de politiques.
Le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) Coordonné par le PNUE, le PNUD et
la Banque mondiale, constitue le mécanisme financier des conventions internationales
sur la biodiversité, le changement climatique, les polluants organiques persistants, la
désertification. Il appuie les politiques et projets des pays et des acteurs de la société
civile dans ces domaines.
66
Il est opportun de rappeler ici ce qui a été dit sur les acteurs du développement comme groupe d’intérêt ou
partie prenante, approche développée pertinemment par Pr ElMorchid (Cf. chapitre 1 du présent travail).
67

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