En Afrique, la petite Yangba vend des beignets à la porte de l'école.
Mais elle n'a qu'une seule envie : apprendre à lire et à écrire !
Elle veut tellement aller à l’école…
Un jour, elle a pu, enfin, réaliser son rêve. Découvrez comment...
« Moi, je sais où elle est, là-bas… Elle part tous les jours à l’école, avec d’autres filles et des garçons… Qu’elle est heureuse ! Si tu pouvais la voir…Cherche-la. C’est ton amie. Trouve-la. »
Une histoire sur l'Afrique, la pauvreté, le courage, les droits des enfants et la condition féminine !
2. C’est Yangba.
Elle est là, comme
si elle n’était
personne. Mais
c’est quelqu’un !
C’est une petite
fille.
Elle est vendeuse,
là, à la porte de
l’école.
3. Yangba est assise sur son
tabouret. Sa bassine est
posée devant elle. Elle a
sept ans ou huit ans, pas
plus.
Elle, elle reste à la porte de
l’école.
Dèngbè a yé bia : l’école du
lièvre chantant.
Elle vend des beignets de
bananes, des makara ti
ndongo.
4. Yangba a pris la place de sa maman dans le
monde.
Elle habite avec son papa et la femme de son
papa et les filles de la femme de son papa.
Son papa ! Elle ne le voit pas.
Il est veilleur de nuit là-bas, dans la ville.
Quand le jour arrive, il rentre dormir.
Il ne sait rien de la vraie vie de sa petite Yangba.
Oui, Yangba en venant au monde a pris la place
de sa maman dans le monde. C’est comme ça.
C’est pour la femme de son papa, sa marâtre,
qu’elle travaille. Mais c’est pour elle seule que
Yangba veut grandir.
5. Après, maintenant, elle a noué un
morceau de pagne autour de ses
hanches. Elle porte un haut démanché
qui a la couleur de la poussière.
Yangba, c’est un joli nom. On le sait :
la rivière a beau être à sec, elle garde
son joli nom.
Yangba a un ami, c’est un oiseau : un
kaya au ventre jaune. Il est attaché à
un fil qui au poignet de Yangba
ressemble à un bracelet.
Une fois, le kaya se pose sur son
épaule…
Une fois, il se pose sur sa tête…
6. Ce jour-là, elle a vu les enfants
rentrer dans la cour de l’école,
elle a vu les enfants jouer, elle
a vu les enfants se mettre en
rang devant leur classe.
Après, maintenant, elle voit
arriver quelques personnes
avec des blouses blanches.
Toutes portent un sac à la
main ou à l’épaule.
Mais un homme et une femme
portent en plus une glacière.
Ils entrent dans l’école. Ils
vont en classe. Ils sont là pour
vacciner cinq ou dix ou vingt
élèves, peut-être plus.
7. Après, maintenant, arrive une
voiture. Une grosse voiture.
Une voiture-éléphant, ou
hippopotame, ou baobab ! Une
voiture qui fait s’envoler la
poussière devant et derrière
elle.
Une grande dame en descend.
Belle.
Avec un pagne brodé sur les
manches et la poitrine.
Elle passe sans dire bonjour.
Sans même regarder Yangba,
elle entre dans l’école. Elle va
voir la vaccination.
Yangba reste seule.
8. Après, maintenant, la
grande dame sort de l’école.
Elle se met au volant de sa
grosse voiture. Elle fait
tourner le moteur et hop !
marche arrière... Mais...
— Hé ! Aïe !
La grosse voiture-éléphant,
hippopotame, baobab, a
écrasé la bassine et les
beignets de Yangba.
La grande dame sort de sa
voiture. Yangba pleure. La
grande dame crie. C’est
comme ça, un grain de maïs
a toujours tort devant une
poule. La grande dame
repart en marche avant et
roule.
9. Après, maintenant,
c’est déjà le soir.
Yangba n’est pas
rentrée chez sa
marâtre.
Elle ne veut pas être
battue, elle qui a tout
perdu.
Avec son kaya, elle va
dormir dans sa
cachette, un manguier.
Là, au milieu des
branches et des
mangues, elle
s’enveloppe dans une
peau de bœuf qu’on lui
a donnée. Une peau qui
porte encore deux
grandes cornes
pointues.
10. Au milieu de la nuit Yangba s’endort,
mais elle se réveille vite. Au pied du
manguier, des voleurs palabrent. Ils se
disputent. Yangba tremble de peur,
beaucoup… trop même, et elle tombe
au milieu des voleurs avec sa peau de
bœuf et ses cornes. La lune, qui a tout
vu et tout entendu, éclaire un peu.
Alors, les cinq ou six ou sept voleurs
crient leur peur :
— Un sorcier ! Un likundü !
Ils partent en courant se perdre dans la
nuit. Ils laissent là, par terre, dans un
chiffon, huit petits brillants. Yangba
remonte se cacher dans son manguier,
avec sa peau. Elle a trouvé huit petits
brillants… des diamants de la forêt.
11. Le matin est revenu.
Yangba ne vend plus ses
beignets. Dans une
grande rue de la ville, elle
est allée échanger un petit
brillant, un seul. Les
autres, elle les a cachés.
On lui a donné de gros
billets, des billets-
éléphants, hippopotames,
baobabs. Elle s’achète du
rêve : une jolie paire de
chaussures.
12. Après, maintenant, quand elle
rentre au quartier bordé par le
grand fleuve Oubangui, sa
marâtre est là. Elle veut attraper
Yangba et la battre. Mais Yangba,
avec ses chaussures, court plus
vite que le vent et disparaît. Elle
veut tellement aller à l’école…
Après, maintenant, elle est où,
Yangba, dans le monde ?
Au quartier, certains disent que
ses chaussures l’ont fait courir
jusqu’au milieu du ciel et du
monde. D’autres murmurent
qu’elle s’est envolée, de l’autre
côté du fleuve, en tenant son
kaya par un fil. Et qu’elle a pu,
enfin, réaliser son rêve :
apprendre à lire et à écrire !
13. Moi, je sais où elle
est, là-bas… Elle part
tous les jours à
l’école, avec d’autres
filles et des
garçons…. Qu’elle
est heureuse ! Si tu
pouvais la voir….
Cherche-la. C’est ton
amie. Trouve-la.