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REP 2400
    INTERNET ET RELATIONS
          PUBLIQUES
FEP - Certificat de relations publiques
     Professeur : Patrice Leroux




                Titre :
Les baby-boomers à l’ère d’Internet et
         des médias sociaux


        Par Renée Senneville
           SENR31555800
         Le 31 octobre 2011

                                      1
Introduction

« Le but d’un essai1 : écrire pour dire, pour connaître le monde. Écrire pour commenter et
expliquer le réel. Une écriture qui vise une connaissance. Se découvrir en précisant sa
pensée : dans le texte même cela engendrera une forme d’errance, un centre et des
digressions.

Digression (selon www.linternaute.com): développement qui s’écarte du sujet principal.

Voilà en je voulais en venir. Je suis partie avec comme ambition, celle de dresser un
portrait de l’utilisation des médias sociaux par les baby-boomers. En route, j’ai voulu
préciser ce que j’entendais par « baby-boomers», et je me suis un peu éternisée sur le
sujet, très intéressant, des sous-groupes qui forment l’ensemble des baby-boomers : les
jeunes baby-boomers (dont je suis, en toute modestie), nés entre 1955 et 1964, et les
moins jeunes (les véritables « baby-boomers», selon moi, en tout respect), nés entre 1945
et 1955.

Cette exploration générationnelle m’a permis de bien cerner ce que nous sommes, nous,
les jeunes baby-boomers. Nous empruntons certaines de nos qualités aux plus âgés, qui
souvent étaient en ligne de front devant nos parents, alors que pour nous le passage a été
plus facile. Mais nous nous distinguons de nos aînés à plusieurs égards. La première
partie de cet essai se termine donc dans un mode de digression totale…

La seconde partie de cet essai fait du rattrapage. Nous plongeons dans les chiffres, les
statistiques et les données, au point d’en perdre le sens de l’orientation. Il y a tant
d’études et d’enquêtes à consulter, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Mais
comment gérer toute cette information? Par la curation personnelle, bien sûr. J’ai tenté
d’identifier les sources d’information les plus sûres. J’ai tout de même tenté de suivre un
certain fil conducteur pour obtenir ne serait-ce qu’une esquisse de l’utilisation d’Internet
et des médias sociaux par les baby-boomers.

Et en troisième partie, j’identifie ce que je crois être les plus grands obstacles à la
participation des baby-boomers aux réseaux sociaux. Ces obstacles sont en lien direct
avec ce que sont, dans leur essence, les baby-boomers. Donc, finalement, mon « errance»
de la première partie n’aura peut-être pas été vaine.




1
    http://mondeplumes.forumactif.net/t54-qu-est-ce-qu-un-essai

                                                                                             2
Première partie :




Portrait d’une (sous-) génération : les
      « jeunes» baby-boomers




                                          3
Le portrait d’une génération… Une tentative, en tout cas

1er janvier 2011 : la première cohorte des baby-boomers prenait sa retraite. Le New York
Times (NYT), dans sa première édition de la nouvelle année2, rapportait les conclusions
d’un récent sondage réalisé par le Pew Research Center3, au sujet des 10 000 Américains
qui franchiront cette étape, chaque jour, pour les 19 prochaines années. Pour nos voisins
du Sud, on parle de 79 millions de personnes, soit 26 % de la population. Reportons ces
chiffres chez nous. Si on se fie aux dernières données de Statistique Canada4, 8 912 384
Canadiens prendront leur retraite d’ici 2020, au rythme de 1218 départs par jour, soit
444 570 par année.

« Réputés pour leur idéalisme et leur égocentrisme, les membres de la génération des
baby-boomers vivront et travailleront plus longtemps que leurs parents, tout en
nourrissant davantage de regrets sur la façon dont leur vie a tourné», écrit Richard Hétu
dans son blogue du 1er janvier 20115, rapportant les conclusions du sondage du Pew
Research Center. Le désenchantement des baby-boomers serait notamment lié à la
situation économique et aux objectifs irréalisés d’une génération qui, selon une pub
célèbre de 1971, « voulait apprendre au monde entier à chanter en parfaite harmonie,
avant de lui offrir un Coca-Cola… », toujours selon M. Hétu.

Durée de vie plus longue (et les craintes que cela entraîne, notamment sur le plan des
soins de santé), prolongement des années de travail (et les difficultés y reliées, le besoin
de mise à jour, et également le « bumping » dont ils font souvent l’expérience),
désenchantement, désir de jeunesse éternelle (et le Botox qui va avec), regrets, contexte
économique mondial précaire (aujourd'hui les États-Unis et la Grèce, demain l’Italie…
Le Canada tient bon, mais pour combien de temps?), autant de volets dont il est
amplement question dans les médias, lorsque le sujet des baby-boomers est abordé.

Certains tentent de dresser un véritable portrait universel des baby-boomers. D’autres,
dont je suis, sont d’avis qu’il est impossible d’énumérer les caractéristiques les décrivant.
Quelques éléments fondamentaux rapprochent cependant les baby-boomers, ceux du
monde occidental, en tout cas. L’histoire et le contexte sociologique font clairement
partie de ceux-ci.


2
    http://www.nytimes.com/2011/01/01/us/01boomers.html
3
    http://pewresearch.org/pubs/1834/baby-boomers-old-age-downbeat-pessimism
4
    http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/110324/dq110324b-fra.htm
5
    http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/2011/01/01/les-baby-boomers-a-65-ans/

                                                                                               4
Dan Barry, qui signe l’article du NYT susmentionné, écrit : « Previous generations were
raised to speak only when spoken to, and to endure in self-denying silence. But baby
boomers were raised on the more nurturing, child-as-individual teachings of
Dr. Benjamin Spock, and then placed under the spell of television, whose advertisers
marketed their wares directly to children ». M. Barry cite Steven M. Gillon, auteur de
Boomer Nation 6. Ce dernier, lui-même un boomer, nous met en garde contre une
généralisation des caractéristiques de sa génération. Il identifie toutefois des éléments
contextuels qui touchent l’ensemble des boomers : « It created a sense of entitlement that
had not existed before… We became more concerned with our own emotional well-being,
whereas to older generations that was considered soft and fluffy ».

Les baby-boomers n’ont pas créé le rock and roll, mais ont capitalisé sur son potentiel
pour se révolter contre leurs parents. Ils n’ont pas mené le mouvement pour les droits
civils, mais ils y ont souscrit – au moins pour une large partie d’entre eux – et ils en ont
appliqué les principes pour lutter pour les droits des femmes, des gays et des lesbiennes,
selon M. Barry. « They came to expect, even demand, freedom of choice; options in life »,
conclut-il.

Deux générations dans une

Selon l’Encyclopédie canadienne7, les baby-boomers appartiennent à la génération née
entre 1946 et 1966, et la génération X (soit dit en passant un terme popularisé par
Douglas Coupland, un excellent auteur canadien) (1966 à 1974), est celle qui
correspondant à la chute du taux de natalité après le baby-boom, c’est-à-dire le « baby-
bust » d’après 1966. Je revendique un statut particulier pour les « jeunes » baby-boomers,
soit ceux qui sont nés après 1955. Je suis d’avis qu’il faut scinder les baby-boomers en
deux sous-groupes, même si le contexte historique et sociologique dans lequel ils ont été
élevés agit en partie comme un dénominateur commun. Les jeunes baby-boomers et la
génération X ont amorcé leur vie professionnelle en même temps, au cours de la décennie
des années 1980, et ont rencontré les mêmes difficultés, notamment un taux de chômage
très élevé. D’ailleurs, en France, on est même allés jusqu’à élargir le groupe des boomers
aux individus nés entre 1945 et 19698.



6
 Boomer Nation : The largest and Richest Generation Ever and How it changed America, Simon &
Shuster, 2004
7
    http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0000437
8
 Les Baby-Boomers. Une génération (1945–1969), rééd., Hachette Littératures, coll. « Pluriel »Paris, 2007
  re
(1 éd. 2003), 324 p.

                                                                                                        5
Bien sûr, un survol sur Internet permet de constater que, d’une façon générale, un peu
partout au monde, les baby-boomers sont identifiés au groupe des « individus appartenant
à la classe d’âge entre 1946 et 1964», comme l’illustre cette définition tirée du Glossaire
de l’encyclopédie du marketing français9 ou cette définition tirée du site américain
« about.com» ( appartenant au NYT): « The Boomers were born between 1944 and
1964 »10. Mais les réalités des 1946-1955 et des 1955-1964 ne sont pas tout à fait les
mêmes.

Les « jeunes » baby-boomers

La série Star Trek : The Original Series (de 1966 à 1969) les a tous fait rêver. Bobino et
Bobinette (1957 à 1985) les ont initiés, tout-petits, à la télévision. Pendant ce temps, leurs
grandes sœurs et grands frères écoutaient Joan Baez et Bob Dylan. Quant à eux, ils se
sont mis à écouter, un peu plus tard, les Rolling Stones, David Bowie, The Police ou
Madonna.

Richard Hétu nous invite à nous rendre sur un site du NYT qui résume les événements
qui ont marqué la vie des baby-boomers d’un certain âge11. Je n’étais pas née lors du
passage d’Elvis à l’émission d’Ed Sullivan, en 1956. Mais je me souviens très bien des
funérailles de John F. Kennedy en 1963 (j’avais 5 ans et je regardais la télévision en
compagnie de ma mère qui pleurait à chaudes larmes), et du premier homme qui a
marché sur la lune, en 1969 (l’année de la sortie du dernier album des Beatles, Abbey
Road, un événement mémorable). J’étais assez âgée pour suivre l’actualité au moment du
Watergate, et, déjà jeune journaliste, j’ai vu la navette Challenger exploser en direct, le
28 janvier 1986.

(Par contre, le lancement de Windows 95 n’est pas un événement marquant dans ma vie,
ni même celui du premier iPod, le 23 octobre 2001. Le sujet des « technonuls» sera
abordé dans la seconde partie de cet essai).

Repères générationnels

Pour nous, baby-boomers québécois (ou seulement montréalais, peut-être?), les
événements marquants de notre jeunesse sont Expo 67et les olympiques de 1976.
L’équation est très simple. Quiconque n’était pas né en 1967 est plus jeune que nous, et
quiconque n’était pas né en 1976 est beaucoup plus jeune que nous. Il y a pire encore :

9
    http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire-Marketing/Baby-boomer-5805.htm
10
    http://humanresources.about.com/od/glossaryb/g/boomers.htm
11
     http://www.nytimes.com/imagepages/2011/01/01/us/01boomers-graphic.html?ref=us

                                                                                             6
celui ou celle qui ne sait pas que ces deux événements ont eu lieu, dans leur ville. Pour
les « Early » baby-boomers, Expo 67 était un lieu de rencontres internationales, souvent
un tournant dans leur vie de jeune adulte. Pour les « Late boomers », dont je suis, Expo
67 représentait un concours (celui ou celle qui obtiendrait le plus de visas dans son
passeport rouge de l’Expo - un visa par pavillon). Nous étions accompagnés de nos
parents, alors que les plus vieux se retrouvaient souvent entre eux, à la discothèque du
Pavillon de la Tchécoslovaquie. Les olympiques de 1976, pour les Late-boomers, ont été
l’occasion de nous ouvrir sur le monde. Et d’admirer les magnifiques athlètes qui
déambulaient dans les rues de notre ville. Nous avions à peine 20 ans, mais contrairement
aux Early-boomers, nous n’avions pas les moyens de nous acheter des billets pour les
épreuves sportives!

Le sujet des présentes : les jeunes boomers

Cette distinction entre jeunes boomers et les véritables boomers m’apparaît importante
car ma réflexion, dans le cadre de cet essai, porte principalement sur les jeunes baby-
boomers, même si l’ensemble des baby-boomers partagent quelques caractéristiques.
Donc, lorsque je parler de baby-boomers ou de boomers, mon expérience et mes
connaissances feront en sorte que je ferai référence aux personnes qui sont nées entre
1954 et 1966, soit « ma clique ».

D’ailleurs, Steve Gallion est d’accord avec moi. Disons plutôt que je suis d’accord avec
lui(!). Il divise les boomers en deux groupes : ceux qui sont nés entre 1945 et 1957, et
ceux qu’il appelle les Shadow boomers ou Echo boomers, nés entre 1958 et 1963. Neil
Howe et William Strauss (voir The Strauss-Howe generational theory12), historiens et
auteurs du livre Generations13 en 1991, sont également d’avis que les personnes nées
entre 1961 et 1964 représentent des modèles culturels et politiques très semblables à
celles qui sont nées entre 1955 et 1960.

Un défi pour les spécialistes de la communication

Bref, nous, les baby-boomers, sommes nombreux, rêveurs, idéalistes et exigeants. Nous
sommes plus instruits que ne l’étaient nos parents et nous vivrons au moins jusqu’à 80
ans. Nous nous sommes battus pour avoir des choix, nous nous maintenons en bonne
forme physique, nous sommes prudents et nous ne sommes pas dupes. Les baby-boomers
représentent un bon quart de la population actuelle, une masse critique que les
spécialistes des communications ne peuvent pas ignorer, et surtout qu’ils doivent
approcher avec doigté.
12
     http://en.wikipedia.org/wiki/Strauss-Howe_generational_theory
13
     http://en.wikipedia.org/wiki/Generations_(book)

                                                                                           7
Notre génération a joué un rôle déterminant dans le façonnage de l’économie canadienne,
selon Karol J. Krotki et Jacques Henripin, tous deux éminents démographes canadiens.
« À mesure que les boomers prennent de l’âge, les pressions économiques et sociales
sont passées des écoles aux besoins des personnes âgées ainsi qu’au financement des
soins des santé et de la sécurité du revenu, dont la population vieillissante a besoin». 14

Donc, les baby-boomers ont du caractère, et ont l’habitude de changer les choses qui ne
leur plaisent pas. Gare à ceux qui pensent pouvoir les « embarquer» dans quelque
aventure périlleuse!

Tout ça pour en venir au vif de mon sujet… les médias sociaux et les baby-boomers.




14
     http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0000437

                                                                                          8
Seconde partie :




  Internet, médias sociaux et baby-
              boomers




                                      9
Le CEFRIO (Centre francophone d’informatisation des organisations)

Nous avons la chance de pouvoir compter, au Québec, sur l’expertise du CEFRIO (le
Centre francophone d’informatisation des organisations). Le CEFRIO regroupe 150
membres universitaires, industriels et gouvernementaux, et 60 chercheurs associés et
invités15. Sa mission est de contribuer à faire du Québec une société numérique, grâce à
l’usage des technologies comme levier de l’innovation sociale et organisationnelle.

« Des Aînés branchés et de plus en plus compétents avec les TIC» : une étude du
CEFRIO :

En 2010, le CEFRIO publiait une étude intitulée « Des Aînés branchés et de plus en plus
compétents avec les TIC »16. On y dresse l’utilisation régulière d’Internet par les Aînés,
soit les personnes de plus de 55 ans. Certaines informations ont été recueillies par sous-
groupe, notamment le groupe de 55-64 ans, c’est-à-dire la population visée par le présent
document. Il nous est ainsi possible de constater que 68 % de la population dont l’âge se
situe entre 55 ans et 64 ans sont des utilisateurs réguliers d’Internet, une augmentation
notable puisqu’en 2009, ils n’étaient que 63%. L’utilisateur type est un homme de 55-64
ans, vivant en ville, disposant d’un revenu de retraite supérieur, et ayant un niveau
universitaire. On y apprend également que 34 % des 50-55 ans participent à des réseaux
sociaux.

Freins à l’utilisation d’Internet

L’étude identifie les principaux freins à l’utilisation d’Internet, sans toutefois spécifier de
sous-groupe. Ceux-ci sont donc propres à toutes les personnes de 55 ans et plus, sans
distinction pour le groupe de 55-64 ans. Mais je suis d’avis que ces « freins» sont
sensiblement les mêmes pour les jeunes boomers que pour les personnes plus âgées. On y
retrouve notamment : l’inquiétude liée à la sécurité, la résistance au changement, le
manque d’habileté sur le plan technologique, la protection des renseignements
personnels, les transactions en ligne peu sécuritaires pour les achats en ligne ou effectuer
des transactions bancaires. Les femmes sont les plus craintives.

Le niveau de la maîtrise et des connaissances et de la technologie et d’Internet constitue
un élément déterminant dans l’usage des technologies et dans les différentes activités
réalisées sur la Toile.



15
     http://www.cefrio.qc.ca/le-cefrio/notre-mission/
16
     http://www.cefrio.qc.ca/publications/detail-dune-publication/publication/4878/

                                                                                            10
Une étude intéressante, certes, mais compte tenu de son angle « aînés», qui ne rejoint pas
vraiment le sujet des présentes.

Une enquête plus pertinente :

NETendances : l’évolution des grandes tendances d’utilisation du Web et des TIC
(technologies de l’information et des communications) au Québec

En 1999, le CEFRIO lançait l’étude NETendances qui suit l’évolution des grandes
tendances d’utilisation du Web et des TIC au Québec, par le biais d’un sondage
téléphonique. Jusqu’ici, plus de 175 000 Québécois ont répondu aux questions du
sondage, en anglais et en français. « L’engouement pour les médias sociaux au
Québec »17, un fascicule publié dans le cadre de cette étude, est une source précieuse de
statistiques.

On y apprend que les internautes qui font partie du groupe des baby-boomers et des aînés
s’intéressent de plus en plus aux médias sociaux. 69,1 % des internautes de 45-54 ans,
54,7 % internautes de 55-64 ans, et 38,6 % des 65 ans et plus réalisent au moins une
activité par mois sur les médias sociaux. « Il y a donc lieu de croire qu’il y a une réelle
pénétration des médias sociaux chez les baby-boomers et les aînés québécois, et ce,
surtout pour la consultation de contenu, l’interaction avec d’autres et l’entretien d’un
profil », y écrit-on.

L’utilisation des médias sociaux varie donc largement selon l’âge. Selon l’étude du Pew
Research Center susmentionnée, il semble que c’est justement au sein du groupe de baby-
boomers que l’on constate la plus forte progression d’utilisation des médias sociaux,
également en matière de la consultation de contenu, des interactions et de l’entretien d’un
profil . « La création de contenu, par exemple la réalisation d’un blogue, demeure une
activité privilégiée par les cohortes les plus jeunes18 ».

Le blogue du CEFRIO regorge de données de toutes sortes. Ainsi, de mois en mois, on
peut suivre l’utilisation d’Internet et de nouveaux éléments sont mis en lumière. En
octobre 201119, par exemple, on apprend que le taux d’internautes réguliers est de 96,3 %
chez les 18-24 ans, de 86,6 % chez les 25-34 ans, de 87,6 % chez les 35-44 ans et de 82,2
% chez les 45-54 ans . 90,1 % des Québécois qui ont des enfants et 95,1 % des personnes



17
     http://www.cefrio.qc.ca/fileadmin/documents/Publication/NET_1-MediasSociaux_finalavecliens_.pdf
18
     Ibid, page 18
19
     http://blogue.cefrio.qc.ca/2011/10/utilisation-dinternet-au-quebec-en-octobre-2011/

                                                                                                   11
dont le revenu familial est au-dessus de 60 000 $ sont des internautes réguliers, de même
que 95,2 % des professionnels, 93,9 % des étudiants et 89,3 % des cols blancs.

Les baby-boomers : plus observateurs qu’acteurs sur les réseaux sociaux

En juin 2010, le CEFRIO publiait un article sur son blogue, intitulé « Les baby-boomers
et les médias sociaux »20. Selon les chiffres de l’époque (qui pourraient bien avoir changé
depuis un an, au rythme où les tendances se poursuivent), tirés de l’enquête
NETendances, 346 000 aînés québécois seraient présents sur les réseaux sociaux. 23 %
des 55-64 ans et 9% des plus de 65 ans ont fréquenté des sites de réseaux sociaux.
NETendances a révélé des informations très intéressantes à leur sujet : « S’ils sont
présents sur les réseaux sociaux, leurs activités y sont moins évidentes... c’est auprès des
plus de 55 ans qu’on observe les taux d’engagement les moins élevés… les baby-
boomers et les ainés sont plus observateurs qu’acteurs sur les réseaux sociaux». En effet,
les 55 ans et plus se sont inscrits sur Facebook surtout pour « suivre » leurs enfants ou
petits-enfants, voir ce qui y apparaît, ou encore tenter de reprendre contact avec de
vieilles connaissances.

Le portrait des jeunes boomers sur Internet serait le suivant, si on se fie à d’autres
données du CEFRIO 21:

        Ils sont la cohorte la plus représentative de la moyenne québécoise, autant pour
         leur taux d’utilisation d’Internet et de leur matériel, la possession d’une adresse
         courriel que pour le nombre d’heures d’utilisation du Web et du Web 2.0. Les
         jeunes boomers sont donc la génération qui représente le mieux la tendance
         centrale.

        Leur taux d’utilisateurs réguliers d’Internet est en progression (80 %). Ils utilisent
         Internet en moyenne 9,8 heures par semaine à la maison, et 6,7 heures au bureau.
         Quant à l’Internet mobile, ils en font usage 0,4 heure par semaine, beaucoup
         moins que les plus jeunes internautes.

        Recherche d’informations en ligne : 42 % d’entre eux utilisent Internet pour
         obtenir des sources d’informations avant un achat. Leurs sujets de recherche
         préférés sont les conditions météorologiques (73%), l’actualité (70%), la cuisine
         (68 %) et le jardinage et l’entretien de la maison (37 %).

        78 % d’entre eux possèdent une adresse courriel, contre 91 % aux États-Unis.

20
     http://blogue.cefrio.qc.ca/2010/06/les-baby-boomers-et-les-media-sociaux/
21
     http://www.cefrio.qc.ca/fileadmin/documents/Projets/NETendances-Vol1_8_generations_LR.pdf

                                                                                                 12
 Divertissement en ligne et Web 2.0 : Les jeunes boomers se divertissent peu sur
         Internet, sauf pour la consultation de vidéos (36 %). L’activité Web 2.0 la plus
         fréquente est la visite de wikis (46 %). Ils sont moins nombreux à visiter des sites
         de réseautage ou à participer à ces sites (39 %). (Aux États-Unis, ce chiffre est de
         50 %).

        Peu d’entre eux consultent des blogues (32%).

        Ils ont la claire intention d’adhérer aux services bancaires en ligne.

Notons que ces chiffres datent de 2010.

Le marketing sur les médias sociaux destiné aux baby-boomers

Une étude du Pew Research Centre22, menée au printemps 2011, a révélé que 32 % des
personnes de 55-64 ans utilisent l’un des médias sociaux les plus populaires (Facebook,
Linkedin,ou Twitter) sur une base quotidienne. Ce pourcentage, l’année dernière, était de
20%, soit une augmentation de 60 %. Facebook demeure en tête, suivi bien derrière par
Twitter, qui ne rejoint que 11% des adultes internautes de 50-64 ans.

Selon plusieurs analystes, les spécialistes de tout acabit (conseillers financiers,
spécialistes de communication, banquiers) doivent réajuster leur tir, et envisager
sérieusement d’augmenter leur présence sur les médias sociaux s’ils veulent rejoindre
cette masse critique de baby-boomers dont la présence est en nette progression sur le
Web.

Les baby-boomers utilisent les réseaux sociaux pour retrouver leurs anciens amis, pour
garder des liens avec leurs familles, se construire des réseaux personnels et
professionnels, planifier leurs vacances et se trouver du travail ou faire avancer leur
carrière. Nombreux sont ceux qui sont abonnés à des listes d’envoi ou à des infolettres ou
qui recherchent des renseignements liés à la santé. Les réseaux sociaux peuvent aussi
permettre de briser les barrières intergénérationnelles, les connaissances pouvant être
partagées plus facilement.

L’approche et le ton ne peuvent pas être les mêmes qu’avec les internautes plus jeunes.
Les baby-boomers commandent une stratégie de marketing ciblée, qui leur est propre. Ils
sont majoritairement urbains, éduqués, encore actifs, et ont un pouvoir d’achat élevé. Ils
ne font pas partie de la « génération piton», mais ils sont bien présents tout de même, et à
haute vitesse. Ils exigent des services et des contenus mieux adaptés à leurs besoins.


22
     http://www.pewinternet.org/Reports/2011/Social-Networking-Sites.aspx

                                                                                           13
Selon M. René Vézina, du Journal des Affaires23, le point de bascule est atteint, au
Québec : pour la première fois, nous comptons plus de personnes âgées de 55 ans et plus
que de jeunes de 15 ans et moins. Les entreprises doivent s’adapter à cette réalité dans
leur approche du Web 2.0.

Selon le site www.insidefacebook.com, l’âge moyen de l’utilisateur Facebook est de 26
ans, mais le groupe où la plus grande progression est constatée est celui des femmes de
55 et plus (une augmentation de 175 % entre 2008 et 2009), suivi par celui des hommes
du même âge (138 %). Partout dans le monde, des études confirment cette tendance du
virage Web 2.0 des baby-boomers.

Atteindre les baby-boomers sur Internet

Selon le blogueur Mark Miller24, beaucoup de spécialistes du marketing adoptent une
approche plutôt traditionnelle pour atteindre les baby-boomers sur Internet. Ils croient
que ceux-ci ont déjà leurs marques de choix et ne peuvent s’intéresser à ce qui est
nouveau, qu’ils sont résistants au changement, et qu’ils ne s’adaptent pas à la nouvelle
technologie. Ils visent donc, erronément, les consommateurs plus jeunes. Auparavant, la
notion de « client pour la vie» existait. De nos jours, elle est disparue, toujours selon M.
Miller. La vitesse du changement des produits fait en sorte que les consommateurs ne
peuvent être retenus pour longtemps. Les boomers sont tout aussi ouverts aux nouveaux
produits que les plus jeunes. « C’est une génération qui a brisé le moule à chacun des
stages de sa vie. Elle fera de même en atteignant l’âge mûr. En fait, les boomers ont
toujours été au front lorsqu’il fallait adhérer à de nouveaux produits et à de nouvelles
technologies, leur vie entière a été faite de changements »25.



L’évolution des baby-boomers, à l’ère numérique

Un tableau du Pew Resarch Center, « Baby Boomers in the Digital Age »26, permet de
vois l’évolution des baby-boomers, entre 2000 et 2010, à plusieurs égards. En voici un
résumé :


23
  http://www.lesaffaires.com/archives/generale/eveilles-capables-et-productifs-les-
travailleurs-de-55-ans-et-/536162
24
     http://smallbiztrends.com/2007/04/reaching-baby-boomers-on-the-internet.html
25
     Traduction libre tirée de l’article de Mark Miller, ibidem.
26
     http://www.pewinternet.org/Presentations/2010/Mar/Boomers.aspx

                                                                                           14
De 2000 à 2010

Utilisation Internet : de 40% à 74%

Utilisation des téléphones portables : de 34 % à 81 %

Utilisation de « Cloud » : de 10% à 50%

Population d’internautes : de 28% à 34%

Navigation quotidienne : de 24% à 32%

Visite sur Internet une fois par jour : de 24% à 69%

Utilisation du « e-commerce» : même niveau que la génération Millenium (18-29
ans)



Les « surfeurs d’argent »27

La récente étude du Pew Research Center révèle que les adultes américains se connectent
de plus en plus aux réseaux sociaux. C’est la première fois que la moitié de la population
utilise Facebook, Twitter ou Linkedin. L'utilisation des réseaux par les adultes de moins
de 30 ans stagne alors que les plus âgés commencent à s'habituer quotidiennement à les
utiliser. Les baby-boomers deviennent la cible d’un nombre grandissant d’entreprises et
de sites dédiés. Des réseaux sociaux exclusifs leur sont maintenant réservés,
www.eons.com par exemple. De nouvelles technologies voient le jour. La société Care
innovations28 vient de lancer une tablette spécifiquement pour les baby-boomers. »




27
  http://www.portaildudeveloppementcommercial.com/articles/les-baby-boomers-accros-aux-
r%C3%A9seaux-sociaux-.html
28
     http://www.careinnovations.com/

                                                                                          15
Troisième partie :




 Pourquoi les jeunes (et moins jeunes)
baby-boomers hésitent-ils … à envahir
        les réseaux sociaux?




                                     16
À mon avis, deux raisons fondamentales sont à la base de l’hésitation des baby-boomers
vis-à-vis des réseaux sociaux.



Première raison : La technonullité des baby-boomers

La première raison est la « technonullité » d’un grand nombre d’entre eux, qui,
contrairement aux générations qui les suivent, « ne sont pas tombés dedans » quand ils
étaient petits.

Comme moi, ils ont connu le papier carbone et les machines à écrire, les heures
interminables de recherche dans les bibliothèques, par mot clé, dans les milliers de
répertoires et de périodiques qui étaient à notre disposition.

Ça va trop vite pour eux. Ils s’achètent un Blackberry, et le lendemain, on leur dit que
leur téléphone intelligent est très limité.

Selon Julien Pouget, spécialiste français du management intergénérationnel29 , l’adoption
de nouvelles technologies et des réseaux sociaux se fait par strates générationnelles
successives. Les générations qui ont grandi avec le numérique (X et Y) sont des
« adopteurs précoces », et elles sont rejointes ensuite par les générations suivantes, le
temps pour eux d’adopter de nouveaux usages.



Seconde raison : La « traçabilité universelle »

La question de la vie privée est au cœur des hésitations de ce groupe à se rendre sur les
réseaux sociaux. Selon l’étude Génération A (susmentionnée), nombreux sont ceux qui
donnent toujours un faux nom sur Internet et font très attention de ne jamais publier
d’informations personnelles.

René Villemure, fondateur de l’Institut québécois d’éthique appliquée, est éthicien. En
2005, il a été reconnu par la Chaire de management éthique des HEC comme étant l’une
des 120 personnalités internationales qui ont contribué au développement d’une éthique
intégrale. Il enseigne également la gouvernance éthique au Collège des administrateurs de
sociétés de l’Université Laval.




29
     http://lagenerationy.com/2010/03/24/baby-boomers-numerique/

                                                                                            17
Dans un article intitulé « De Big Brother à Big Mother 30 », M. Villemure écrit ce qui
suit :

« Contrairement à la croyance populaire qui voit en les médias sociaux une manière de
s'amuser ou de créer certains liens d'affaires, je crois sage de proposer de faire porter le
regard un peu plus loin et d'anticiper les impacts puis les conséquences de l'usage, parfois
pervers, de ces outils qui peuvent être, avant tout, de formidables outils de surveillance...

En affaire de médias sociaux, il importe de savoir que chacun de nos gestes sur le Web
peut dorénavant être retracé, il suffit d'y mettre le moyen. En 2011, le web représente la
traçabilité universelle, l'omnimémorisation de tout ce qui est consulté ou mis en ligne ».

Selon lui, cette « traçabilité » universelle a déjà rendu obsolète le concept de vie privée
tel que nous le connaissons. Il est vrai que nous sommes très nombreux – parmi les baby-
boomers – à nous être battus pour protéger notre vie privée, à refuser de donner notre
numéro d’assurance sociale à quiconque nous le demandait sans justification. Le Canada
n’a pas de carte d’identité obligatoire, contrairement à la France, par exemple. Nous ne
faisons pas l’objet de « contrôles d’identité » régulièrement, comme nos cousins français.
Comme le dit René Villemure, on avait peur de Big Brother, tous impressionnés que nous
étions, après la lecture du livre 1984 de Georges Orwell, mais « avec les médias sociaux,
nous faisons maintenant face à Big Mother, celle qui garde tout en mémoire... », écrit-il.

Je crois que l’essence de l’hésitation des baby-boomers à participer aux réseaux sociaux
se retrouve dans ces mots de M. Villemure : « La différence entre la réputation et la
notoriété s'illustre par l'incontournable durée nécessaire à la construction de la réputation
versus l'instantanéité ou la spontanéité offerte, par exemple, par les médias sociaux ».

On l’a vu récemment, dans l’événement entourant le départ de Radio-Canada de Pierre
Sormany, directeur des émissions d’affaires publiques de la Télévision. La diffusion
accidentelle dans l’espace public de propos personnels tenus à l’endroit de l’animateur et
analyste Jean Lapierre contrevenait à la politique journalistique de Radio-Canada, qui
gouverne l’utilisation personnelle des médias sociaux et selon laquelle « l’expression
d’opinions personnelles sur des sujets controversés ou d’ordre politique peut miner la
crédibilité du journalisme de Radio-Canada et éroder la confiance du public31 ». Pierre
Sormany avait allégué sur Facebook que Jean Lapierre était lié à l’entrepreneur Tony
Accurso.


30
     http://www.ethique.net/
31
  http://servicesfrancais.radio-canada.ca/communique-et-annonce/annonces/propos-de-pierre-
sormany-sur-facebook/

                                                                                             18
René Villemure termine son article en recommandant de ne pas être alarmiste et que ce
ne sont pas les médias sociaux qui sont « dangereux, pervers ou non-éthique », mais c’est
l’utilisation faite par certains qui défie le bon sens.




                                                                                       19
Conclusion



Force est de constater, en parcourant le Web à la recherche de données relatives aux
baby-boomers et à leur utilisation d’Internet et des médias sociaux, que le sujet est
d’actualité. Évidemment, on en parle beaucoup en ce moment, car les plus âgés viennent
de commencer à prendre leur retraite. Mais ce départ prendra bien du temps. 19 années,
c’est presque la durée d’une génération, d’une demi-génération en tous cas.

Les baby-boomers forment une masse critique. Et contrairement à ce que nombreux
spécialistes du marketing pensaient, jusqu’à récemment, ils sont de plus en plus présents
sur le Web. Ils doivent être courtisés, au même titre que les consommateurs plus jeunes.
Mais pas de la même façon.

Les baby-boomers, jeunes et vieux, ont l’habitude d’obtenir ce qu’ils veulent. Ils
n’aiment pas se faire dicter leurs désirs. Ils exigent le respect. Ils veulent comprendre.

Leur handicap fondamental est la technonullité. Mais, comme il ressort des études
contenues aux présentes, une fois ce handicap surmonté (ça ne sera pas très long, à mon
avis), ils sauront exploiter avec brio le potentiel que leur offre Internet.

Mais pas n’importe comment. Certainement pas au mépris de leurs valeurs, notamment
celui du respect de la vie privée. Ils se sont battus pour gagner ce respect et protéger leur
vie privée, pas question pour eux de se lancer, tête première, dans un océan qui pourrait
bien anéantir en quelques minutes le travail de toute une vie : leur réputation.

L’épisode Sormany en a certainement traumatisé plusieurs. Nous espérons qu’elle en aura
également réveillé d’autres, moins prudents.




                                                                                             20

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  • 2. Introduction « Le but d’un essai1 : écrire pour dire, pour connaître le monde. Écrire pour commenter et expliquer le réel. Une écriture qui vise une connaissance. Se découvrir en précisant sa pensée : dans le texte même cela engendrera une forme d’errance, un centre et des digressions. Digression (selon www.linternaute.com): développement qui s’écarte du sujet principal. Voilà en je voulais en venir. Je suis partie avec comme ambition, celle de dresser un portrait de l’utilisation des médias sociaux par les baby-boomers. En route, j’ai voulu préciser ce que j’entendais par « baby-boomers», et je me suis un peu éternisée sur le sujet, très intéressant, des sous-groupes qui forment l’ensemble des baby-boomers : les jeunes baby-boomers (dont je suis, en toute modestie), nés entre 1955 et 1964, et les moins jeunes (les véritables « baby-boomers», selon moi, en tout respect), nés entre 1945 et 1955. Cette exploration générationnelle m’a permis de bien cerner ce que nous sommes, nous, les jeunes baby-boomers. Nous empruntons certaines de nos qualités aux plus âgés, qui souvent étaient en ligne de front devant nos parents, alors que pour nous le passage a été plus facile. Mais nous nous distinguons de nos aînés à plusieurs égards. La première partie de cet essai se termine donc dans un mode de digression totale… La seconde partie de cet essai fait du rattrapage. Nous plongeons dans les chiffres, les statistiques et les données, au point d’en perdre le sens de l’orientation. Il y a tant d’études et d’enquêtes à consulter, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Mais comment gérer toute cette information? Par la curation personnelle, bien sûr. J’ai tenté d’identifier les sources d’information les plus sûres. J’ai tout de même tenté de suivre un certain fil conducteur pour obtenir ne serait-ce qu’une esquisse de l’utilisation d’Internet et des médias sociaux par les baby-boomers. Et en troisième partie, j’identifie ce que je crois être les plus grands obstacles à la participation des baby-boomers aux réseaux sociaux. Ces obstacles sont en lien direct avec ce que sont, dans leur essence, les baby-boomers. Donc, finalement, mon « errance» de la première partie n’aura peut-être pas été vaine. 1 http://mondeplumes.forumactif.net/t54-qu-est-ce-qu-un-essai 2
  • 3. Première partie : Portrait d’une (sous-) génération : les « jeunes» baby-boomers 3
  • 4. Le portrait d’une génération… Une tentative, en tout cas 1er janvier 2011 : la première cohorte des baby-boomers prenait sa retraite. Le New York Times (NYT), dans sa première édition de la nouvelle année2, rapportait les conclusions d’un récent sondage réalisé par le Pew Research Center3, au sujet des 10 000 Américains qui franchiront cette étape, chaque jour, pour les 19 prochaines années. Pour nos voisins du Sud, on parle de 79 millions de personnes, soit 26 % de la population. Reportons ces chiffres chez nous. Si on se fie aux dernières données de Statistique Canada4, 8 912 384 Canadiens prendront leur retraite d’ici 2020, au rythme de 1218 départs par jour, soit 444 570 par année. « Réputés pour leur idéalisme et leur égocentrisme, les membres de la génération des baby-boomers vivront et travailleront plus longtemps que leurs parents, tout en nourrissant davantage de regrets sur la façon dont leur vie a tourné», écrit Richard Hétu dans son blogue du 1er janvier 20115, rapportant les conclusions du sondage du Pew Research Center. Le désenchantement des baby-boomers serait notamment lié à la situation économique et aux objectifs irréalisés d’une génération qui, selon une pub célèbre de 1971, « voulait apprendre au monde entier à chanter en parfaite harmonie, avant de lui offrir un Coca-Cola… », toujours selon M. Hétu. Durée de vie plus longue (et les craintes que cela entraîne, notamment sur le plan des soins de santé), prolongement des années de travail (et les difficultés y reliées, le besoin de mise à jour, et également le « bumping » dont ils font souvent l’expérience), désenchantement, désir de jeunesse éternelle (et le Botox qui va avec), regrets, contexte économique mondial précaire (aujourd'hui les États-Unis et la Grèce, demain l’Italie… Le Canada tient bon, mais pour combien de temps?), autant de volets dont il est amplement question dans les médias, lorsque le sujet des baby-boomers est abordé. Certains tentent de dresser un véritable portrait universel des baby-boomers. D’autres, dont je suis, sont d’avis qu’il est impossible d’énumérer les caractéristiques les décrivant. Quelques éléments fondamentaux rapprochent cependant les baby-boomers, ceux du monde occidental, en tout cas. L’histoire et le contexte sociologique font clairement partie de ceux-ci. 2 http://www.nytimes.com/2011/01/01/us/01boomers.html 3 http://pewresearch.org/pubs/1834/baby-boomers-old-age-downbeat-pessimism 4 http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/110324/dq110324b-fra.htm 5 http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/2011/01/01/les-baby-boomers-a-65-ans/ 4
  • 5. Dan Barry, qui signe l’article du NYT susmentionné, écrit : « Previous generations were raised to speak only when spoken to, and to endure in self-denying silence. But baby boomers were raised on the more nurturing, child-as-individual teachings of Dr. Benjamin Spock, and then placed under the spell of television, whose advertisers marketed their wares directly to children ». M. Barry cite Steven M. Gillon, auteur de Boomer Nation 6. Ce dernier, lui-même un boomer, nous met en garde contre une généralisation des caractéristiques de sa génération. Il identifie toutefois des éléments contextuels qui touchent l’ensemble des boomers : « It created a sense of entitlement that had not existed before… We became more concerned with our own emotional well-being, whereas to older generations that was considered soft and fluffy ». Les baby-boomers n’ont pas créé le rock and roll, mais ont capitalisé sur son potentiel pour se révolter contre leurs parents. Ils n’ont pas mené le mouvement pour les droits civils, mais ils y ont souscrit – au moins pour une large partie d’entre eux – et ils en ont appliqué les principes pour lutter pour les droits des femmes, des gays et des lesbiennes, selon M. Barry. « They came to expect, even demand, freedom of choice; options in life », conclut-il. Deux générations dans une Selon l’Encyclopédie canadienne7, les baby-boomers appartiennent à la génération née entre 1946 et 1966, et la génération X (soit dit en passant un terme popularisé par Douglas Coupland, un excellent auteur canadien) (1966 à 1974), est celle qui correspondant à la chute du taux de natalité après le baby-boom, c’est-à-dire le « baby- bust » d’après 1966. Je revendique un statut particulier pour les « jeunes » baby-boomers, soit ceux qui sont nés après 1955. Je suis d’avis qu’il faut scinder les baby-boomers en deux sous-groupes, même si le contexte historique et sociologique dans lequel ils ont été élevés agit en partie comme un dénominateur commun. Les jeunes baby-boomers et la génération X ont amorcé leur vie professionnelle en même temps, au cours de la décennie des années 1980, et ont rencontré les mêmes difficultés, notamment un taux de chômage très élevé. D’ailleurs, en France, on est même allés jusqu’à élargir le groupe des boomers aux individus nés entre 1945 et 19698. 6 Boomer Nation : The largest and Richest Generation Ever and How it changed America, Simon & Shuster, 2004 7 http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0000437 8 Les Baby-Boomers. Une génération (1945–1969), rééd., Hachette Littératures, coll. « Pluriel »Paris, 2007 re (1 éd. 2003), 324 p. 5
  • 6. Bien sûr, un survol sur Internet permet de constater que, d’une façon générale, un peu partout au monde, les baby-boomers sont identifiés au groupe des « individus appartenant à la classe d’âge entre 1946 et 1964», comme l’illustre cette définition tirée du Glossaire de l’encyclopédie du marketing français9 ou cette définition tirée du site américain « about.com» ( appartenant au NYT): « The Boomers were born between 1944 and 1964 »10. Mais les réalités des 1946-1955 et des 1955-1964 ne sont pas tout à fait les mêmes. Les « jeunes » baby-boomers La série Star Trek : The Original Series (de 1966 à 1969) les a tous fait rêver. Bobino et Bobinette (1957 à 1985) les ont initiés, tout-petits, à la télévision. Pendant ce temps, leurs grandes sœurs et grands frères écoutaient Joan Baez et Bob Dylan. Quant à eux, ils se sont mis à écouter, un peu plus tard, les Rolling Stones, David Bowie, The Police ou Madonna. Richard Hétu nous invite à nous rendre sur un site du NYT qui résume les événements qui ont marqué la vie des baby-boomers d’un certain âge11. Je n’étais pas née lors du passage d’Elvis à l’émission d’Ed Sullivan, en 1956. Mais je me souviens très bien des funérailles de John F. Kennedy en 1963 (j’avais 5 ans et je regardais la télévision en compagnie de ma mère qui pleurait à chaudes larmes), et du premier homme qui a marché sur la lune, en 1969 (l’année de la sortie du dernier album des Beatles, Abbey Road, un événement mémorable). J’étais assez âgée pour suivre l’actualité au moment du Watergate, et, déjà jeune journaliste, j’ai vu la navette Challenger exploser en direct, le 28 janvier 1986. (Par contre, le lancement de Windows 95 n’est pas un événement marquant dans ma vie, ni même celui du premier iPod, le 23 octobre 2001. Le sujet des « technonuls» sera abordé dans la seconde partie de cet essai). Repères générationnels Pour nous, baby-boomers québécois (ou seulement montréalais, peut-être?), les événements marquants de notre jeunesse sont Expo 67et les olympiques de 1976. L’équation est très simple. Quiconque n’était pas né en 1967 est plus jeune que nous, et quiconque n’était pas né en 1976 est beaucoup plus jeune que nous. Il y a pire encore : 9 http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire-Marketing/Baby-boomer-5805.htm 10 http://humanresources.about.com/od/glossaryb/g/boomers.htm 11 http://www.nytimes.com/imagepages/2011/01/01/us/01boomers-graphic.html?ref=us 6
  • 7. celui ou celle qui ne sait pas que ces deux événements ont eu lieu, dans leur ville. Pour les « Early » baby-boomers, Expo 67 était un lieu de rencontres internationales, souvent un tournant dans leur vie de jeune adulte. Pour les « Late boomers », dont je suis, Expo 67 représentait un concours (celui ou celle qui obtiendrait le plus de visas dans son passeport rouge de l’Expo - un visa par pavillon). Nous étions accompagnés de nos parents, alors que les plus vieux se retrouvaient souvent entre eux, à la discothèque du Pavillon de la Tchécoslovaquie. Les olympiques de 1976, pour les Late-boomers, ont été l’occasion de nous ouvrir sur le monde. Et d’admirer les magnifiques athlètes qui déambulaient dans les rues de notre ville. Nous avions à peine 20 ans, mais contrairement aux Early-boomers, nous n’avions pas les moyens de nous acheter des billets pour les épreuves sportives! Le sujet des présentes : les jeunes boomers Cette distinction entre jeunes boomers et les véritables boomers m’apparaît importante car ma réflexion, dans le cadre de cet essai, porte principalement sur les jeunes baby- boomers, même si l’ensemble des baby-boomers partagent quelques caractéristiques. Donc, lorsque je parler de baby-boomers ou de boomers, mon expérience et mes connaissances feront en sorte que je ferai référence aux personnes qui sont nées entre 1954 et 1966, soit « ma clique ». D’ailleurs, Steve Gallion est d’accord avec moi. Disons plutôt que je suis d’accord avec lui(!). Il divise les boomers en deux groupes : ceux qui sont nés entre 1945 et 1957, et ceux qu’il appelle les Shadow boomers ou Echo boomers, nés entre 1958 et 1963. Neil Howe et William Strauss (voir The Strauss-Howe generational theory12), historiens et auteurs du livre Generations13 en 1991, sont également d’avis que les personnes nées entre 1961 et 1964 représentent des modèles culturels et politiques très semblables à celles qui sont nées entre 1955 et 1960. Un défi pour les spécialistes de la communication Bref, nous, les baby-boomers, sommes nombreux, rêveurs, idéalistes et exigeants. Nous sommes plus instruits que ne l’étaient nos parents et nous vivrons au moins jusqu’à 80 ans. Nous nous sommes battus pour avoir des choix, nous nous maintenons en bonne forme physique, nous sommes prudents et nous ne sommes pas dupes. Les baby-boomers représentent un bon quart de la population actuelle, une masse critique que les spécialistes des communications ne peuvent pas ignorer, et surtout qu’ils doivent approcher avec doigté. 12 http://en.wikipedia.org/wiki/Strauss-Howe_generational_theory 13 http://en.wikipedia.org/wiki/Generations_(book) 7
  • 8. Notre génération a joué un rôle déterminant dans le façonnage de l’économie canadienne, selon Karol J. Krotki et Jacques Henripin, tous deux éminents démographes canadiens. « À mesure que les boomers prennent de l’âge, les pressions économiques et sociales sont passées des écoles aux besoins des personnes âgées ainsi qu’au financement des soins des santé et de la sécurité du revenu, dont la population vieillissante a besoin». 14 Donc, les baby-boomers ont du caractère, et ont l’habitude de changer les choses qui ne leur plaisent pas. Gare à ceux qui pensent pouvoir les « embarquer» dans quelque aventure périlleuse! Tout ça pour en venir au vif de mon sujet… les médias sociaux et les baby-boomers. 14 http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0000437 8
  • 9. Seconde partie : Internet, médias sociaux et baby- boomers 9
  • 10. Le CEFRIO (Centre francophone d’informatisation des organisations) Nous avons la chance de pouvoir compter, au Québec, sur l’expertise du CEFRIO (le Centre francophone d’informatisation des organisations). Le CEFRIO regroupe 150 membres universitaires, industriels et gouvernementaux, et 60 chercheurs associés et invités15. Sa mission est de contribuer à faire du Québec une société numérique, grâce à l’usage des technologies comme levier de l’innovation sociale et organisationnelle. « Des Aînés branchés et de plus en plus compétents avec les TIC» : une étude du CEFRIO : En 2010, le CEFRIO publiait une étude intitulée « Des Aînés branchés et de plus en plus compétents avec les TIC »16. On y dresse l’utilisation régulière d’Internet par les Aînés, soit les personnes de plus de 55 ans. Certaines informations ont été recueillies par sous- groupe, notamment le groupe de 55-64 ans, c’est-à-dire la population visée par le présent document. Il nous est ainsi possible de constater que 68 % de la population dont l’âge se situe entre 55 ans et 64 ans sont des utilisateurs réguliers d’Internet, une augmentation notable puisqu’en 2009, ils n’étaient que 63%. L’utilisateur type est un homme de 55-64 ans, vivant en ville, disposant d’un revenu de retraite supérieur, et ayant un niveau universitaire. On y apprend également que 34 % des 50-55 ans participent à des réseaux sociaux. Freins à l’utilisation d’Internet L’étude identifie les principaux freins à l’utilisation d’Internet, sans toutefois spécifier de sous-groupe. Ceux-ci sont donc propres à toutes les personnes de 55 ans et plus, sans distinction pour le groupe de 55-64 ans. Mais je suis d’avis que ces « freins» sont sensiblement les mêmes pour les jeunes boomers que pour les personnes plus âgées. On y retrouve notamment : l’inquiétude liée à la sécurité, la résistance au changement, le manque d’habileté sur le plan technologique, la protection des renseignements personnels, les transactions en ligne peu sécuritaires pour les achats en ligne ou effectuer des transactions bancaires. Les femmes sont les plus craintives. Le niveau de la maîtrise et des connaissances et de la technologie et d’Internet constitue un élément déterminant dans l’usage des technologies et dans les différentes activités réalisées sur la Toile. 15 http://www.cefrio.qc.ca/le-cefrio/notre-mission/ 16 http://www.cefrio.qc.ca/publications/detail-dune-publication/publication/4878/ 10
  • 11. Une étude intéressante, certes, mais compte tenu de son angle « aînés», qui ne rejoint pas vraiment le sujet des présentes. Une enquête plus pertinente : NETendances : l’évolution des grandes tendances d’utilisation du Web et des TIC (technologies de l’information et des communications) au Québec En 1999, le CEFRIO lançait l’étude NETendances qui suit l’évolution des grandes tendances d’utilisation du Web et des TIC au Québec, par le biais d’un sondage téléphonique. Jusqu’ici, plus de 175 000 Québécois ont répondu aux questions du sondage, en anglais et en français. « L’engouement pour les médias sociaux au Québec »17, un fascicule publié dans le cadre de cette étude, est une source précieuse de statistiques. On y apprend que les internautes qui font partie du groupe des baby-boomers et des aînés s’intéressent de plus en plus aux médias sociaux. 69,1 % des internautes de 45-54 ans, 54,7 % internautes de 55-64 ans, et 38,6 % des 65 ans et plus réalisent au moins une activité par mois sur les médias sociaux. « Il y a donc lieu de croire qu’il y a une réelle pénétration des médias sociaux chez les baby-boomers et les aînés québécois, et ce, surtout pour la consultation de contenu, l’interaction avec d’autres et l’entretien d’un profil », y écrit-on. L’utilisation des médias sociaux varie donc largement selon l’âge. Selon l’étude du Pew Research Center susmentionnée, il semble que c’est justement au sein du groupe de baby- boomers que l’on constate la plus forte progression d’utilisation des médias sociaux, également en matière de la consultation de contenu, des interactions et de l’entretien d’un profil . « La création de contenu, par exemple la réalisation d’un blogue, demeure une activité privilégiée par les cohortes les plus jeunes18 ». Le blogue du CEFRIO regorge de données de toutes sortes. Ainsi, de mois en mois, on peut suivre l’utilisation d’Internet et de nouveaux éléments sont mis en lumière. En octobre 201119, par exemple, on apprend que le taux d’internautes réguliers est de 96,3 % chez les 18-24 ans, de 86,6 % chez les 25-34 ans, de 87,6 % chez les 35-44 ans et de 82,2 % chez les 45-54 ans . 90,1 % des Québécois qui ont des enfants et 95,1 % des personnes 17 http://www.cefrio.qc.ca/fileadmin/documents/Publication/NET_1-MediasSociaux_finalavecliens_.pdf 18 Ibid, page 18 19 http://blogue.cefrio.qc.ca/2011/10/utilisation-dinternet-au-quebec-en-octobre-2011/ 11
  • 12. dont le revenu familial est au-dessus de 60 000 $ sont des internautes réguliers, de même que 95,2 % des professionnels, 93,9 % des étudiants et 89,3 % des cols blancs. Les baby-boomers : plus observateurs qu’acteurs sur les réseaux sociaux En juin 2010, le CEFRIO publiait un article sur son blogue, intitulé « Les baby-boomers et les médias sociaux »20. Selon les chiffres de l’époque (qui pourraient bien avoir changé depuis un an, au rythme où les tendances se poursuivent), tirés de l’enquête NETendances, 346 000 aînés québécois seraient présents sur les réseaux sociaux. 23 % des 55-64 ans et 9% des plus de 65 ans ont fréquenté des sites de réseaux sociaux. NETendances a révélé des informations très intéressantes à leur sujet : « S’ils sont présents sur les réseaux sociaux, leurs activités y sont moins évidentes... c’est auprès des plus de 55 ans qu’on observe les taux d’engagement les moins élevés… les baby- boomers et les ainés sont plus observateurs qu’acteurs sur les réseaux sociaux». En effet, les 55 ans et plus se sont inscrits sur Facebook surtout pour « suivre » leurs enfants ou petits-enfants, voir ce qui y apparaît, ou encore tenter de reprendre contact avec de vieilles connaissances. Le portrait des jeunes boomers sur Internet serait le suivant, si on se fie à d’autres données du CEFRIO 21:  Ils sont la cohorte la plus représentative de la moyenne québécoise, autant pour leur taux d’utilisation d’Internet et de leur matériel, la possession d’une adresse courriel que pour le nombre d’heures d’utilisation du Web et du Web 2.0. Les jeunes boomers sont donc la génération qui représente le mieux la tendance centrale.  Leur taux d’utilisateurs réguliers d’Internet est en progression (80 %). Ils utilisent Internet en moyenne 9,8 heures par semaine à la maison, et 6,7 heures au bureau. Quant à l’Internet mobile, ils en font usage 0,4 heure par semaine, beaucoup moins que les plus jeunes internautes.  Recherche d’informations en ligne : 42 % d’entre eux utilisent Internet pour obtenir des sources d’informations avant un achat. Leurs sujets de recherche préférés sont les conditions météorologiques (73%), l’actualité (70%), la cuisine (68 %) et le jardinage et l’entretien de la maison (37 %).  78 % d’entre eux possèdent une adresse courriel, contre 91 % aux États-Unis. 20 http://blogue.cefrio.qc.ca/2010/06/les-baby-boomers-et-les-media-sociaux/ 21 http://www.cefrio.qc.ca/fileadmin/documents/Projets/NETendances-Vol1_8_generations_LR.pdf 12
  • 13.  Divertissement en ligne et Web 2.0 : Les jeunes boomers se divertissent peu sur Internet, sauf pour la consultation de vidéos (36 %). L’activité Web 2.0 la plus fréquente est la visite de wikis (46 %). Ils sont moins nombreux à visiter des sites de réseautage ou à participer à ces sites (39 %). (Aux États-Unis, ce chiffre est de 50 %).  Peu d’entre eux consultent des blogues (32%).  Ils ont la claire intention d’adhérer aux services bancaires en ligne. Notons que ces chiffres datent de 2010. Le marketing sur les médias sociaux destiné aux baby-boomers Une étude du Pew Research Centre22, menée au printemps 2011, a révélé que 32 % des personnes de 55-64 ans utilisent l’un des médias sociaux les plus populaires (Facebook, Linkedin,ou Twitter) sur une base quotidienne. Ce pourcentage, l’année dernière, était de 20%, soit une augmentation de 60 %. Facebook demeure en tête, suivi bien derrière par Twitter, qui ne rejoint que 11% des adultes internautes de 50-64 ans. Selon plusieurs analystes, les spécialistes de tout acabit (conseillers financiers, spécialistes de communication, banquiers) doivent réajuster leur tir, et envisager sérieusement d’augmenter leur présence sur les médias sociaux s’ils veulent rejoindre cette masse critique de baby-boomers dont la présence est en nette progression sur le Web. Les baby-boomers utilisent les réseaux sociaux pour retrouver leurs anciens amis, pour garder des liens avec leurs familles, se construire des réseaux personnels et professionnels, planifier leurs vacances et se trouver du travail ou faire avancer leur carrière. Nombreux sont ceux qui sont abonnés à des listes d’envoi ou à des infolettres ou qui recherchent des renseignements liés à la santé. Les réseaux sociaux peuvent aussi permettre de briser les barrières intergénérationnelles, les connaissances pouvant être partagées plus facilement. L’approche et le ton ne peuvent pas être les mêmes qu’avec les internautes plus jeunes. Les baby-boomers commandent une stratégie de marketing ciblée, qui leur est propre. Ils sont majoritairement urbains, éduqués, encore actifs, et ont un pouvoir d’achat élevé. Ils ne font pas partie de la « génération piton», mais ils sont bien présents tout de même, et à haute vitesse. Ils exigent des services et des contenus mieux adaptés à leurs besoins. 22 http://www.pewinternet.org/Reports/2011/Social-Networking-Sites.aspx 13
  • 14. Selon M. René Vézina, du Journal des Affaires23, le point de bascule est atteint, au Québec : pour la première fois, nous comptons plus de personnes âgées de 55 ans et plus que de jeunes de 15 ans et moins. Les entreprises doivent s’adapter à cette réalité dans leur approche du Web 2.0. Selon le site www.insidefacebook.com, l’âge moyen de l’utilisateur Facebook est de 26 ans, mais le groupe où la plus grande progression est constatée est celui des femmes de 55 et plus (une augmentation de 175 % entre 2008 et 2009), suivi par celui des hommes du même âge (138 %). Partout dans le monde, des études confirment cette tendance du virage Web 2.0 des baby-boomers. Atteindre les baby-boomers sur Internet Selon le blogueur Mark Miller24, beaucoup de spécialistes du marketing adoptent une approche plutôt traditionnelle pour atteindre les baby-boomers sur Internet. Ils croient que ceux-ci ont déjà leurs marques de choix et ne peuvent s’intéresser à ce qui est nouveau, qu’ils sont résistants au changement, et qu’ils ne s’adaptent pas à la nouvelle technologie. Ils visent donc, erronément, les consommateurs plus jeunes. Auparavant, la notion de « client pour la vie» existait. De nos jours, elle est disparue, toujours selon M. Miller. La vitesse du changement des produits fait en sorte que les consommateurs ne peuvent être retenus pour longtemps. Les boomers sont tout aussi ouverts aux nouveaux produits que les plus jeunes. « C’est une génération qui a brisé le moule à chacun des stages de sa vie. Elle fera de même en atteignant l’âge mûr. En fait, les boomers ont toujours été au front lorsqu’il fallait adhérer à de nouveaux produits et à de nouvelles technologies, leur vie entière a été faite de changements »25. L’évolution des baby-boomers, à l’ère numérique Un tableau du Pew Resarch Center, « Baby Boomers in the Digital Age »26, permet de vois l’évolution des baby-boomers, entre 2000 et 2010, à plusieurs égards. En voici un résumé : 23 http://www.lesaffaires.com/archives/generale/eveilles-capables-et-productifs-les- travailleurs-de-55-ans-et-/536162 24 http://smallbiztrends.com/2007/04/reaching-baby-boomers-on-the-internet.html 25 Traduction libre tirée de l’article de Mark Miller, ibidem. 26 http://www.pewinternet.org/Presentations/2010/Mar/Boomers.aspx 14
  • 15. De 2000 à 2010 Utilisation Internet : de 40% à 74% Utilisation des téléphones portables : de 34 % à 81 % Utilisation de « Cloud » : de 10% à 50% Population d’internautes : de 28% à 34% Navigation quotidienne : de 24% à 32% Visite sur Internet une fois par jour : de 24% à 69% Utilisation du « e-commerce» : même niveau que la génération Millenium (18-29 ans) Les « surfeurs d’argent »27 La récente étude du Pew Research Center révèle que les adultes américains se connectent de plus en plus aux réseaux sociaux. C’est la première fois que la moitié de la population utilise Facebook, Twitter ou Linkedin. L'utilisation des réseaux par les adultes de moins de 30 ans stagne alors que les plus âgés commencent à s'habituer quotidiennement à les utiliser. Les baby-boomers deviennent la cible d’un nombre grandissant d’entreprises et de sites dédiés. Des réseaux sociaux exclusifs leur sont maintenant réservés, www.eons.com par exemple. De nouvelles technologies voient le jour. La société Care innovations28 vient de lancer une tablette spécifiquement pour les baby-boomers. » 27 http://www.portaildudeveloppementcommercial.com/articles/les-baby-boomers-accros-aux- r%C3%A9seaux-sociaux-.html 28 http://www.careinnovations.com/ 15
  • 16. Troisième partie : Pourquoi les jeunes (et moins jeunes) baby-boomers hésitent-ils … à envahir les réseaux sociaux? 16
  • 17. À mon avis, deux raisons fondamentales sont à la base de l’hésitation des baby-boomers vis-à-vis des réseaux sociaux. Première raison : La technonullité des baby-boomers La première raison est la « technonullité » d’un grand nombre d’entre eux, qui, contrairement aux générations qui les suivent, « ne sont pas tombés dedans » quand ils étaient petits. Comme moi, ils ont connu le papier carbone et les machines à écrire, les heures interminables de recherche dans les bibliothèques, par mot clé, dans les milliers de répertoires et de périodiques qui étaient à notre disposition. Ça va trop vite pour eux. Ils s’achètent un Blackberry, et le lendemain, on leur dit que leur téléphone intelligent est très limité. Selon Julien Pouget, spécialiste français du management intergénérationnel29 , l’adoption de nouvelles technologies et des réseaux sociaux se fait par strates générationnelles successives. Les générations qui ont grandi avec le numérique (X et Y) sont des « adopteurs précoces », et elles sont rejointes ensuite par les générations suivantes, le temps pour eux d’adopter de nouveaux usages. Seconde raison : La « traçabilité universelle » La question de la vie privée est au cœur des hésitations de ce groupe à se rendre sur les réseaux sociaux. Selon l’étude Génération A (susmentionnée), nombreux sont ceux qui donnent toujours un faux nom sur Internet et font très attention de ne jamais publier d’informations personnelles. René Villemure, fondateur de l’Institut québécois d’éthique appliquée, est éthicien. En 2005, il a été reconnu par la Chaire de management éthique des HEC comme étant l’une des 120 personnalités internationales qui ont contribué au développement d’une éthique intégrale. Il enseigne également la gouvernance éthique au Collège des administrateurs de sociétés de l’Université Laval. 29 http://lagenerationy.com/2010/03/24/baby-boomers-numerique/ 17
  • 18. Dans un article intitulé « De Big Brother à Big Mother 30 », M. Villemure écrit ce qui suit : « Contrairement à la croyance populaire qui voit en les médias sociaux une manière de s'amuser ou de créer certains liens d'affaires, je crois sage de proposer de faire porter le regard un peu plus loin et d'anticiper les impacts puis les conséquences de l'usage, parfois pervers, de ces outils qui peuvent être, avant tout, de formidables outils de surveillance... En affaire de médias sociaux, il importe de savoir que chacun de nos gestes sur le Web peut dorénavant être retracé, il suffit d'y mettre le moyen. En 2011, le web représente la traçabilité universelle, l'omnimémorisation de tout ce qui est consulté ou mis en ligne ». Selon lui, cette « traçabilité » universelle a déjà rendu obsolète le concept de vie privée tel que nous le connaissons. Il est vrai que nous sommes très nombreux – parmi les baby- boomers – à nous être battus pour protéger notre vie privée, à refuser de donner notre numéro d’assurance sociale à quiconque nous le demandait sans justification. Le Canada n’a pas de carte d’identité obligatoire, contrairement à la France, par exemple. Nous ne faisons pas l’objet de « contrôles d’identité » régulièrement, comme nos cousins français. Comme le dit René Villemure, on avait peur de Big Brother, tous impressionnés que nous étions, après la lecture du livre 1984 de Georges Orwell, mais « avec les médias sociaux, nous faisons maintenant face à Big Mother, celle qui garde tout en mémoire... », écrit-il. Je crois que l’essence de l’hésitation des baby-boomers à participer aux réseaux sociaux se retrouve dans ces mots de M. Villemure : « La différence entre la réputation et la notoriété s'illustre par l'incontournable durée nécessaire à la construction de la réputation versus l'instantanéité ou la spontanéité offerte, par exemple, par les médias sociaux ». On l’a vu récemment, dans l’événement entourant le départ de Radio-Canada de Pierre Sormany, directeur des émissions d’affaires publiques de la Télévision. La diffusion accidentelle dans l’espace public de propos personnels tenus à l’endroit de l’animateur et analyste Jean Lapierre contrevenait à la politique journalistique de Radio-Canada, qui gouverne l’utilisation personnelle des médias sociaux et selon laquelle « l’expression d’opinions personnelles sur des sujets controversés ou d’ordre politique peut miner la crédibilité du journalisme de Radio-Canada et éroder la confiance du public31 ». Pierre Sormany avait allégué sur Facebook que Jean Lapierre était lié à l’entrepreneur Tony Accurso. 30 http://www.ethique.net/ 31 http://servicesfrancais.radio-canada.ca/communique-et-annonce/annonces/propos-de-pierre- sormany-sur-facebook/ 18
  • 19. René Villemure termine son article en recommandant de ne pas être alarmiste et que ce ne sont pas les médias sociaux qui sont « dangereux, pervers ou non-éthique », mais c’est l’utilisation faite par certains qui défie le bon sens. 19
  • 20. Conclusion Force est de constater, en parcourant le Web à la recherche de données relatives aux baby-boomers et à leur utilisation d’Internet et des médias sociaux, que le sujet est d’actualité. Évidemment, on en parle beaucoup en ce moment, car les plus âgés viennent de commencer à prendre leur retraite. Mais ce départ prendra bien du temps. 19 années, c’est presque la durée d’une génération, d’une demi-génération en tous cas. Les baby-boomers forment une masse critique. Et contrairement à ce que nombreux spécialistes du marketing pensaient, jusqu’à récemment, ils sont de plus en plus présents sur le Web. Ils doivent être courtisés, au même titre que les consommateurs plus jeunes. Mais pas de la même façon. Les baby-boomers, jeunes et vieux, ont l’habitude d’obtenir ce qu’ils veulent. Ils n’aiment pas se faire dicter leurs désirs. Ils exigent le respect. Ils veulent comprendre. Leur handicap fondamental est la technonullité. Mais, comme il ressort des études contenues aux présentes, une fois ce handicap surmonté (ça ne sera pas très long, à mon avis), ils sauront exploiter avec brio le potentiel que leur offre Internet. Mais pas n’importe comment. Certainement pas au mépris de leurs valeurs, notamment celui du respect de la vie privée. Ils se sont battus pour gagner ce respect et protéger leur vie privée, pas question pour eux de se lancer, tête première, dans un océan qui pourrait bien anéantir en quelques minutes le travail de toute une vie : leur réputation. L’épisode Sormany en a certainement traumatisé plusieurs. Nous espérons qu’elle en aura également réveillé d’autres, moins prudents. 20