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CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE
RAYAN NEZZAR
Industrie et compétitivitéSéance 10
3. L’avenir des politiques industrielles
1. Les notions fondamentales
2. Les modèles de compétitivité
Industrie et compétitivitéSéance 10
Les notions fondamentales
 La tertiarisation des économies avancées
 L’évolution comparée des trois secteurs des économies avancées (agriculture, industrie,
services) met en évidence plusieurs étapes du développement : phase d’expansion du
secteur secondaire (production de biens par la transformation de matières premières),
puis du secteur tertiaire (Rostow, 1960)
 Ex. en France : la VA industrielle a progressé de +6% entre 1950 et 1974 vs. seulement +1,4% entre
1974 et 2014 (+2,4% pour les services marchands dans la même période)
 Désindustrialisation = diminution de la part de l’industrie dans le PIB et dans l’emploi total
 En France : la part de l’industrie dans le PIB a diminué de 10 PP entre 1980 et 2010 (à 17%) et les
effectifs ont diminué de 45% (soit -2,5M d’emplois)
 D’autres pays européens ont su maintenir leur industrie : ex. Allemagne (22%) ou Italie (20%).
*Chiffres INSEE
Les notions fondamentales
 Causes et conséquences de la désindustrialisation
 Trois causes principales expliquent que le phénomène de désindustrialisation concerne
toutes les économies avancées mais à de inégaux
 L’externalisation de la consommation de services par les entreprises industrielles (25%
des suppressions d’emplois)
 La modification de la structure de la consommation des ménages en faveur des
services (30%) : élasticité-revenu élevée de la demande de services (Engel, 1857)
 La spécialisation industrielle sur les avantages comparatifs de la France (40%) pour
répondre à la concurrence internationale (plus du fait de partenaires UE que de pays
émergents). Ex. dans le textile : division par 2 du nb d’emplois sauf sur les produits à
haute VA (ex. maroquinerie).
 Les incidences socio-économiques de la désindustrialisation apparaissent contrastées
dans les pays avancés (non exhaustif)
 Diminution des gains de productivité et donc de la croissance potentielle (Baumol, 1966)
 Diminution du taux d’emploi dans les zones en reconversion industrielle ainsi que dans
le secteur des services (effet de second tour) lié à l’effet multiplicateur des emplois
industriels (*3 à 4)
 MAIS modification de la structure des emplois et amélioration de l’espérance de vie en
bonne santé
Les notions fondamentales
 Le rôle de l’investissement dans la croissance économique
 Investissement = augmentation de la capacité productive par l’acquisition ou le
remplacement d’équipements
 En comptabilité d’entreprise, la FBCF accroît le stock de capital productif en quantité et/ou en qualité
 La décision d’investir s’apprécie sur le moyen terme car il existe un délai avant
l’accroissement effectif de la capacité productive. Deux conditions pour investir (loi de
Wicksell, 1898) :
 Confiance en des débouchés pérennes (« les carnets de commandes sont remplis »)
 Profitabilité positive (profitabilité = rentabilité – taux d’intérêt nominal, càd que l’on n’investit davantage si la
rentabilité est élevée et si les taux d’intérêt sont faibles)
 C’est pourquoi la contribution de l’investissement à la croissance est
particulièrement volatile (ex. -12% en 2009)
 Ex. formation de la bulle Internet fin 90s car profitabilité anticipée des NTIC surévaluée (effet Averch-
Johnson, 1962). Après l’éclatement de la bulle, les entreprises provisionnent des dépréciations d’actifs
et remboursent leurs dettes => contraction de l’investissement qui justifie l’intervention publique
 Ex. reprise du cycle d’investissement en 2015 car faibles taux d’intérêt, redressement des marges
(baisse du prix des intrants et des CSU) et dépréciation de l’€ (-20% par rapport à l’USD)
 Les leviers d’investissement sont multiples pour une entreprise : (i) l’autofinancement,
(ii) l’augmentation de capital (levée de fonds) et (iii) l’endettement (si accès au crédit,
càd hors credit crunch ou flight to quality)
Les notions fondamentales
*Chiffres INSEE
Les notions fondamentales
 Compétitivité et attractivité, deux notions voisines
 Compétitivité = capacité du secteur productif à répondre à la demande intérieure et
étrangère tout en offrant aux résidents un niveau vie croissant et soutenable
 Déterminants de la compétitivité-prix : CSU, taux de marge (EBE/VA), prix de l’énergie et du foncier
 Déterminants de la compétitivité hors-prix : niveau de gamme, qualification de la main-d’œuvre,
qualité des infrastructures
 MAIS les deux approches sont liées (faible compétitivité-prix = faibles marges = moindre
investissement = moindre innovation). C’est pourquoi les stratégies de montée en gamme
commencent par le rétablissement des marges des entreprises.
 Attractivité = capacité à attirer des activités nouvelles et des facteurs de production
mobiles (K et L qualifié) sur le territoire afin d’améliorer compétitivité et niveau de vie
 Déterminants de l’attractivité : environnement fiscal, qualité des infrastructures, qualification de la
main-d'œuvre, prix et droit du travail
 La France reçoit 17% des IDE à destination du marché UE (dont 2/3 depuis des partenaires UE et
19% depuis les USA), derrière l’UK mais devant l’AL. 20k entreprises étrangères emploient 2M de
salariés en France et représentent 27% de la R&D.
 Compétitivité et attractivité sont des notions voisines bien qu’elles ne se recoupent pas
Indicateurs pertinents : parts de marché des exportations dans le commerce international
(compétitivité) et rang parmi les pays UE en IDE reçus (attractivité)
Les notions fondamentales
 Les outils de la politique industrielle
 Politique industrielle = ensemble des actions visant à modifier l’allocation des ressources
dans le secteur productif par rapport à celles qui résulteraient spontanément des
mécanismes de marché
 Approches horizontales (corrections des imperfections de marché) vs. sectorielles (« picking
the winners » mais information aussi imparfaite pour les décideurs publics : Rodrik, 2005)
 Les justifications de la politique industrielle font appel à des conceptions différentes du
rôle de l’intervention publique dans l’économie :
 Internalisation des externalités positives : R&D publique (effet multiplicateur de 0,9 sur la R&D
privée selon Falk, 2004), incitations fiscales, investissement dans le K humain, y compris par la
concentration spatiale des activités ex. formation de clusters (Krugman, 1991) => Etat stratège
 Correction des imperfections de marché et des asymétries d’information (ex. facilitation de l’accès au
crédit), levée des barrières à l’entrée et lutte contre la formation de monopoles naturels pour éviter
les trappes à sous-investissement => Etat mécano
 Sauvegarde d’industries stratégiques en difficulté ou en reconversion => Etat brancardier
Ex. de politiques industrielles ces dernières années : création de 71 Pôles de compétitivité en
2005 (DGCIS, 2013 : +2% CA et +4% R&D dans les PME concernées), PIA après le
Grand Emprunt de 2009, création de la BPI par fusion d’Oséo, de la CDC entreprises et du
FSI en 2012, création des 34 plans de reconquête de la Nouvelle France industrielle en 2013
Les notions fondamentales
1. Les notions fondamentales
3. L’avenir des politiques industrielles
2. Les modèles de compétitivité
Industrie et compétitivitéSéance 10
Les modèles de compétitivité
 Le Made in Germany, modèle de compétitivité hors-prix ?
 Une montée en gamme et une spécialisation réussies
 La compétitivité prix, élément déclencheur : modération salariale (+2% pouvoir d’achat
des salariés entre 1991 et 2011 vs. +26% du PIB/hab), faible coût des intrants immobiliers
=> croissance absorbée par les exportations (29% du PIB en 1991 vs. 50% en 2011)
 Effort de R&D proche de l’objectif de la stratégie de Lisbonne (2,9% vs. 3%), forte
capacité d’innovation pour repousser la frontière technologique (70 brevets triadiques
déposés par million d’habitants vs. 50 aux USA et 35 en FR) et tournant de la
robotisation : 19 000 achats par an (vs. 4 600 en IT et 3 300 en FR)
 La différenciation par la qualité permet aux entreprises allemandes de garder une latitude
dans la fixation de leurs prix de vente (faible élasticité-prix des exportations : 0,3 vs. 0,9
en FR), améliore leur profitabilité, ce qui leur permet de maintenir un niveau élevé
d’investissement et donc un haut niveau de gamme, sur le modèle d’un cercle vertueux
 MAIS le modèle de compétitivité allemand tient aussi à d’autres facteurs
 Tissu industriel (Mittelstand, v. Simon, 1998) et concentration spatiale des activités (350
000 PME actives à l’exportations vs. 100 000 en France) : héritage historique du
fédéralisme et de l’absence d’empire colonial (Duval, 2012)
 Faibles coûts de l’immobilier, vieillissement de la population active (effet Noria) et
modèle de codétermination dans l’entreprise ont rendu possible modération salariale
Les modèles de compétitivité
 La réindustrialisation américaine par la compétitivité-prix
 Entre 2010 et 2012, 500 000 emplois industriels créés liés à deux facteurs de
compétitivité-prix (+35% par rapport à l’UE) :
 Compression des CSU : baisse de 4% des W réels depuis 2008, distorsion de la
répartition de la VA au profit du facteur K (+3PP), réduction de l’écart des CSU avec le
Mexique ou la Chine (moins de délocalisations)
 Diminution du prix des intrants énergétiques : pic d’exploitation des hydrocarbures non
conventionnels en 2012 (1/3 de la production de gaz vs. 2% en 2002) => baisse de
moitié du prix du gaz naturel (4* inférieur aux prix UE et 5* aux prix JAP car le gaz
n’est pas un marché mondial contrairement au pétrole)
 Fin des déficits jumeaux aux USA ? (Morris, 2013) Redeviennent exportateur net de
produits pétroliers (première fois depuis 1949)
 MAIS les prix de l’énergie constituent aussi un signal-prix pour orienter l’offre et la
demande vers des sources d’énergie renouvelables (v. séance 12)
 Par ailleurs, la distorsion de la répartition de la VA accroit les inégalités de revenus
(Stiglitz, 2012) => problématique de l’augmentation du salaire minimum fédéral
 Enfin, on n’observe pas de réindustrialisation des secteurs fortement intensif en travail,
ex. textile vers Vietnam & Indonésie => limite l’incidence sur l’emploi industriel (Artus,
2014)
Les modèles de compétitivité
 Les politiques de dévaluations internes dans l’UE
 Dans les pays périphériques, la compression des CSU a permis de réduire les déficits
commerciaux (ES et IT : excédent de 1,5% PIB) mais n’a pas encore entrainé une
montée en gamme des produits exportés (donc forte sensibilité au prix)
 En outre, ces politiques sont très coûteuses en emploi (24% de chômage en ES, 13% au
PT), cf. CEPII, 2012 (« Peut-on dévaluer sans dévaluer ? »)
 En France, la politique de restauration des marges des entreprises peine encore à
produire ses effets
 Suppression de la taxe professionnelle assise sur les immobilisations corporelles, création
du CIR, allègements de cotpat sur les bas salaires (jusque 1,6 SMIC), création du CICE
 Baisse des cotisations famille au 1er avril entre 1,6 et 3,5 SMIC (de 5,25% à 3,45%)
 Prochaines étapes PRS : suppression de la C3S, diminution de l’IS (28% à horizon 2020)
 Remontée des marges à 31,3% en 2015 vs. 29,7% en 2014 et 32,7% en 2007
 Mais ces politiques demeurent limitées parce qu’elles se concurrencent (jeu à somme nulle)
Les modèles de compétitivité
1. Les notions fondamentales
3. L’avenir des politiques industrielles
2. Les modèles de compétitivité
Industrie et compétitivitéSéance 10
L’avenir des politiques industrielles
 A quoi ressemblera l’industrie du futur ?
 Rapport du CAS sur la nouvelle croissance (2012) : le potentiel d’innovation
technologique n’est pas épuisé (ex. médicaments de biosynthèse, soins
électromagnétiques, création numérique, technologies environnementales, etc)
 « 3ème révolution industrielle » = économie décarbonée et smart grids (Rifkin, 2012)
 Enjeux de l’usine du futur : lignes de production reconfigurables pour gagner en agilité
(ex. chez Sogefi), fabrication additive en production (ex. impressions 3D chez Siemens),
utilisation de robots intelligents, d’objets connectés et de technologies de réalité
augmentée (ex. vérification des chantiers chez Airbus), insertion dans une logique
d’efficience environnementale et d’économie circulaire (ex. chez Schneider),
problématiques de bien-être et de qualification continue des salariés
 Projet « Industrie du Futur » dans le cadre de la seconde phase de la NFI :
 Développement de l’offre technologique (orientation de la R&D publique)
 Soutien fiscal et accompagnement par Bpifrance à la modernisation des capacités de production
 Incitation à la formation continue des salariés (création d’une chaire de l’IdF)
 Partenariat avec la plateforme allemande « Industrie 4.0 » pour des projets pilotes
 Promotion à l’international de 15 projets vitrines avec Business France
L’avenir des politiques industrielles
L’avenir des politiques industrielles
 La « colocalisation », stratégie d’avenir pour la France ?
 Constat d’une mauvaise spécialisation géographique des exportations françaises
(60% vers l’UE, seulement 10% vers l’Asie du Sud-Est) => elles ne profitent pas de la
croissance mondiale
 Les secteurs qui ont résisté sont les plus intégrés à l’internationale (ex. aéronautique)
ou à haute valeur ajoutée (ex. produits pharmaceutique) => question ajd d’étendre cette
stratégie au secteur automobile par ex (usine Renault à Tanger)
 Imitation ici du modèle allemand d’intégration des chaines de valeur en Europe
centrale et orientale => externalisation des étapes du processus industriel les plus
intensives en travail pour réaliser des gains de compétitivité-prix. Cette
interdépendance génère des gains de profitabilité pour les entreprises, qui peuvent
maintenir les sites nationaux (Pfaffermayr, 1994)
=> La France pourrait mener une telle politique de colocalisation avec les pays du Maghreb
(seulement 1,7% des IDE français) : faibles coûts de transport, proximité linguistique de la
main-d’œuvre, stabilité géopolitique hors Tunisie
MAIS risque d’un effet négatif à court terme
sur l’emploi national industriel
L’avenir des politiques industrielles
 Peut-on construire des champions industriels européens ?
 Le modèle d’Airbus est-il duplicable ?
 Né en 2000 du rapprochement du français Aérospatiale Matra, de l’allemand DASA et
de l’espagnol CASA
 240 Md€ de CA en 2012, 1 503 commandes en 2013 vs. 1 355 pour Boeing)
 Les champs possibles sont nombreux (transport ferroviaire, automobile, défense,
télécoms, chantiers navals) mais les freins qui s’y opposent également
 Pas de consensus en Europe sur les politiques industrielles (choix des services notamment
financiers en UK et aux NL)
 Logique de concurrence entre les champions nationaux existants qui rend difficile la
conclusion d’alliances (ex. Alstom vs. Siemens dans l’énergie et le ferroviaire => rachat
de la branche énergie d’Alstom par General Electrics en 2014 ; idem échec du
rapprochement France Télécom – Deutsche Telekom en 1999)
 Question de la répartition des sites, des emplois et équilibre des pactes d’actionnaires
(ex. opposition de l’Allemagne à la fusion BAE – EADS en 2012)
 Des choix stratégiques divergents au niveau micro-économique (ex. modèles différents de
production d’énergie)
 Les freins à la création de champions industriels européens (« Airbus de l’énergie ») sont
plus d’ordre politique que juridique (droit de la concurrence de l’UE)
FIN DE LA SÉANCE
Industrie et compétitivitéSéance 10

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Séance 10 industrie et compétitivité

  • 1. CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE RAYAN NEZZAR Industrie et compétitivitéSéance 10
  • 2. 3. L’avenir des politiques industrielles 1. Les notions fondamentales 2. Les modèles de compétitivité Industrie et compétitivitéSéance 10
  • 3. Les notions fondamentales  La tertiarisation des économies avancées  L’évolution comparée des trois secteurs des économies avancées (agriculture, industrie, services) met en évidence plusieurs étapes du développement : phase d’expansion du secteur secondaire (production de biens par la transformation de matières premières), puis du secteur tertiaire (Rostow, 1960)  Ex. en France : la VA industrielle a progressé de +6% entre 1950 et 1974 vs. seulement +1,4% entre 1974 et 2014 (+2,4% pour les services marchands dans la même période)  Désindustrialisation = diminution de la part de l’industrie dans le PIB et dans l’emploi total  En France : la part de l’industrie dans le PIB a diminué de 10 PP entre 1980 et 2010 (à 17%) et les effectifs ont diminué de 45% (soit -2,5M d’emplois)  D’autres pays européens ont su maintenir leur industrie : ex. Allemagne (22%) ou Italie (20%). *Chiffres INSEE
  • 4. Les notions fondamentales  Causes et conséquences de la désindustrialisation  Trois causes principales expliquent que le phénomène de désindustrialisation concerne toutes les économies avancées mais à de inégaux  L’externalisation de la consommation de services par les entreprises industrielles (25% des suppressions d’emplois)  La modification de la structure de la consommation des ménages en faveur des services (30%) : élasticité-revenu élevée de la demande de services (Engel, 1857)  La spécialisation industrielle sur les avantages comparatifs de la France (40%) pour répondre à la concurrence internationale (plus du fait de partenaires UE que de pays émergents). Ex. dans le textile : division par 2 du nb d’emplois sauf sur les produits à haute VA (ex. maroquinerie).  Les incidences socio-économiques de la désindustrialisation apparaissent contrastées dans les pays avancés (non exhaustif)  Diminution des gains de productivité et donc de la croissance potentielle (Baumol, 1966)  Diminution du taux d’emploi dans les zones en reconversion industrielle ainsi que dans le secteur des services (effet de second tour) lié à l’effet multiplicateur des emplois industriels (*3 à 4)  MAIS modification de la structure des emplois et amélioration de l’espérance de vie en bonne santé
  • 5. Les notions fondamentales  Le rôle de l’investissement dans la croissance économique  Investissement = augmentation de la capacité productive par l’acquisition ou le remplacement d’équipements  En comptabilité d’entreprise, la FBCF accroît le stock de capital productif en quantité et/ou en qualité  La décision d’investir s’apprécie sur le moyen terme car il existe un délai avant l’accroissement effectif de la capacité productive. Deux conditions pour investir (loi de Wicksell, 1898) :  Confiance en des débouchés pérennes (« les carnets de commandes sont remplis »)  Profitabilité positive (profitabilité = rentabilité – taux d’intérêt nominal, càd que l’on n’investit davantage si la rentabilité est élevée et si les taux d’intérêt sont faibles)  C’est pourquoi la contribution de l’investissement à la croissance est particulièrement volatile (ex. -12% en 2009)  Ex. formation de la bulle Internet fin 90s car profitabilité anticipée des NTIC surévaluée (effet Averch- Johnson, 1962). Après l’éclatement de la bulle, les entreprises provisionnent des dépréciations d’actifs et remboursent leurs dettes => contraction de l’investissement qui justifie l’intervention publique  Ex. reprise du cycle d’investissement en 2015 car faibles taux d’intérêt, redressement des marges (baisse du prix des intrants et des CSU) et dépréciation de l’€ (-20% par rapport à l’USD)  Les leviers d’investissement sont multiples pour une entreprise : (i) l’autofinancement, (ii) l’augmentation de capital (levée de fonds) et (iii) l’endettement (si accès au crédit, càd hors credit crunch ou flight to quality)
  • 7. Les notions fondamentales  Compétitivité et attractivité, deux notions voisines  Compétitivité = capacité du secteur productif à répondre à la demande intérieure et étrangère tout en offrant aux résidents un niveau vie croissant et soutenable  Déterminants de la compétitivité-prix : CSU, taux de marge (EBE/VA), prix de l’énergie et du foncier  Déterminants de la compétitivité hors-prix : niveau de gamme, qualification de la main-d’œuvre, qualité des infrastructures  MAIS les deux approches sont liées (faible compétitivité-prix = faibles marges = moindre investissement = moindre innovation). C’est pourquoi les stratégies de montée en gamme commencent par le rétablissement des marges des entreprises.  Attractivité = capacité à attirer des activités nouvelles et des facteurs de production mobiles (K et L qualifié) sur le territoire afin d’améliorer compétitivité et niveau de vie  Déterminants de l’attractivité : environnement fiscal, qualité des infrastructures, qualification de la main-d'œuvre, prix et droit du travail  La France reçoit 17% des IDE à destination du marché UE (dont 2/3 depuis des partenaires UE et 19% depuis les USA), derrière l’UK mais devant l’AL. 20k entreprises étrangères emploient 2M de salariés en France et représentent 27% de la R&D.  Compétitivité et attractivité sont des notions voisines bien qu’elles ne se recoupent pas Indicateurs pertinents : parts de marché des exportations dans le commerce international (compétitivité) et rang parmi les pays UE en IDE reçus (attractivité)
  • 8. Les notions fondamentales  Les outils de la politique industrielle  Politique industrielle = ensemble des actions visant à modifier l’allocation des ressources dans le secteur productif par rapport à celles qui résulteraient spontanément des mécanismes de marché  Approches horizontales (corrections des imperfections de marché) vs. sectorielles (« picking the winners » mais information aussi imparfaite pour les décideurs publics : Rodrik, 2005)  Les justifications de la politique industrielle font appel à des conceptions différentes du rôle de l’intervention publique dans l’économie :  Internalisation des externalités positives : R&D publique (effet multiplicateur de 0,9 sur la R&D privée selon Falk, 2004), incitations fiscales, investissement dans le K humain, y compris par la concentration spatiale des activités ex. formation de clusters (Krugman, 1991) => Etat stratège  Correction des imperfections de marché et des asymétries d’information (ex. facilitation de l’accès au crédit), levée des barrières à l’entrée et lutte contre la formation de monopoles naturels pour éviter les trappes à sous-investissement => Etat mécano  Sauvegarde d’industries stratégiques en difficulté ou en reconversion => Etat brancardier Ex. de politiques industrielles ces dernières années : création de 71 Pôles de compétitivité en 2005 (DGCIS, 2013 : +2% CA et +4% R&D dans les PME concernées), PIA après le Grand Emprunt de 2009, création de la BPI par fusion d’Oséo, de la CDC entreprises et du FSI en 2012, création des 34 plans de reconquête de la Nouvelle France industrielle en 2013
  • 10. 1. Les notions fondamentales 3. L’avenir des politiques industrielles 2. Les modèles de compétitivité Industrie et compétitivitéSéance 10
  • 11. Les modèles de compétitivité  Le Made in Germany, modèle de compétitivité hors-prix ?  Une montée en gamme et une spécialisation réussies  La compétitivité prix, élément déclencheur : modération salariale (+2% pouvoir d’achat des salariés entre 1991 et 2011 vs. +26% du PIB/hab), faible coût des intrants immobiliers => croissance absorbée par les exportations (29% du PIB en 1991 vs. 50% en 2011)  Effort de R&D proche de l’objectif de la stratégie de Lisbonne (2,9% vs. 3%), forte capacité d’innovation pour repousser la frontière technologique (70 brevets triadiques déposés par million d’habitants vs. 50 aux USA et 35 en FR) et tournant de la robotisation : 19 000 achats par an (vs. 4 600 en IT et 3 300 en FR)  La différenciation par la qualité permet aux entreprises allemandes de garder une latitude dans la fixation de leurs prix de vente (faible élasticité-prix des exportations : 0,3 vs. 0,9 en FR), améliore leur profitabilité, ce qui leur permet de maintenir un niveau élevé d’investissement et donc un haut niveau de gamme, sur le modèle d’un cercle vertueux  MAIS le modèle de compétitivité allemand tient aussi à d’autres facteurs  Tissu industriel (Mittelstand, v. Simon, 1998) et concentration spatiale des activités (350 000 PME actives à l’exportations vs. 100 000 en France) : héritage historique du fédéralisme et de l’absence d’empire colonial (Duval, 2012)  Faibles coûts de l’immobilier, vieillissement de la population active (effet Noria) et modèle de codétermination dans l’entreprise ont rendu possible modération salariale
  • 12. Les modèles de compétitivité  La réindustrialisation américaine par la compétitivité-prix  Entre 2010 et 2012, 500 000 emplois industriels créés liés à deux facteurs de compétitivité-prix (+35% par rapport à l’UE) :  Compression des CSU : baisse de 4% des W réels depuis 2008, distorsion de la répartition de la VA au profit du facteur K (+3PP), réduction de l’écart des CSU avec le Mexique ou la Chine (moins de délocalisations)  Diminution du prix des intrants énergétiques : pic d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels en 2012 (1/3 de la production de gaz vs. 2% en 2002) => baisse de moitié du prix du gaz naturel (4* inférieur aux prix UE et 5* aux prix JAP car le gaz n’est pas un marché mondial contrairement au pétrole)  Fin des déficits jumeaux aux USA ? (Morris, 2013) Redeviennent exportateur net de produits pétroliers (première fois depuis 1949)  MAIS les prix de l’énergie constituent aussi un signal-prix pour orienter l’offre et la demande vers des sources d’énergie renouvelables (v. séance 12)  Par ailleurs, la distorsion de la répartition de la VA accroit les inégalités de revenus (Stiglitz, 2012) => problématique de l’augmentation du salaire minimum fédéral  Enfin, on n’observe pas de réindustrialisation des secteurs fortement intensif en travail, ex. textile vers Vietnam & Indonésie => limite l’incidence sur l’emploi industriel (Artus, 2014)
  • 13. Les modèles de compétitivité  Les politiques de dévaluations internes dans l’UE  Dans les pays périphériques, la compression des CSU a permis de réduire les déficits commerciaux (ES et IT : excédent de 1,5% PIB) mais n’a pas encore entrainé une montée en gamme des produits exportés (donc forte sensibilité au prix)  En outre, ces politiques sont très coûteuses en emploi (24% de chômage en ES, 13% au PT), cf. CEPII, 2012 (« Peut-on dévaluer sans dévaluer ? »)  En France, la politique de restauration des marges des entreprises peine encore à produire ses effets  Suppression de la taxe professionnelle assise sur les immobilisations corporelles, création du CIR, allègements de cotpat sur les bas salaires (jusque 1,6 SMIC), création du CICE  Baisse des cotisations famille au 1er avril entre 1,6 et 3,5 SMIC (de 5,25% à 3,45%)  Prochaines étapes PRS : suppression de la C3S, diminution de l’IS (28% à horizon 2020)  Remontée des marges à 31,3% en 2015 vs. 29,7% en 2014 et 32,7% en 2007  Mais ces politiques demeurent limitées parce qu’elles se concurrencent (jeu à somme nulle)
  • 14. Les modèles de compétitivité
  • 15. 1. Les notions fondamentales 3. L’avenir des politiques industrielles 2. Les modèles de compétitivité Industrie et compétitivitéSéance 10
  • 16. L’avenir des politiques industrielles  A quoi ressemblera l’industrie du futur ?  Rapport du CAS sur la nouvelle croissance (2012) : le potentiel d’innovation technologique n’est pas épuisé (ex. médicaments de biosynthèse, soins électromagnétiques, création numérique, technologies environnementales, etc)  « 3ème révolution industrielle » = économie décarbonée et smart grids (Rifkin, 2012)  Enjeux de l’usine du futur : lignes de production reconfigurables pour gagner en agilité (ex. chez Sogefi), fabrication additive en production (ex. impressions 3D chez Siemens), utilisation de robots intelligents, d’objets connectés et de technologies de réalité augmentée (ex. vérification des chantiers chez Airbus), insertion dans une logique d’efficience environnementale et d’économie circulaire (ex. chez Schneider), problématiques de bien-être et de qualification continue des salariés  Projet « Industrie du Futur » dans le cadre de la seconde phase de la NFI :  Développement de l’offre technologique (orientation de la R&D publique)  Soutien fiscal et accompagnement par Bpifrance à la modernisation des capacités de production  Incitation à la formation continue des salariés (création d’une chaire de l’IdF)  Partenariat avec la plateforme allemande « Industrie 4.0 » pour des projets pilotes  Promotion à l’international de 15 projets vitrines avec Business France
  • 17. L’avenir des politiques industrielles
  • 18. L’avenir des politiques industrielles  La « colocalisation », stratégie d’avenir pour la France ?  Constat d’une mauvaise spécialisation géographique des exportations françaises (60% vers l’UE, seulement 10% vers l’Asie du Sud-Est) => elles ne profitent pas de la croissance mondiale  Les secteurs qui ont résisté sont les plus intégrés à l’internationale (ex. aéronautique) ou à haute valeur ajoutée (ex. produits pharmaceutique) => question ajd d’étendre cette stratégie au secteur automobile par ex (usine Renault à Tanger)  Imitation ici du modèle allemand d’intégration des chaines de valeur en Europe centrale et orientale => externalisation des étapes du processus industriel les plus intensives en travail pour réaliser des gains de compétitivité-prix. Cette interdépendance génère des gains de profitabilité pour les entreprises, qui peuvent maintenir les sites nationaux (Pfaffermayr, 1994) => La France pourrait mener une telle politique de colocalisation avec les pays du Maghreb (seulement 1,7% des IDE français) : faibles coûts de transport, proximité linguistique de la main-d’œuvre, stabilité géopolitique hors Tunisie MAIS risque d’un effet négatif à court terme sur l’emploi national industriel
  • 19. L’avenir des politiques industrielles  Peut-on construire des champions industriels européens ?  Le modèle d’Airbus est-il duplicable ?  Né en 2000 du rapprochement du français Aérospatiale Matra, de l’allemand DASA et de l’espagnol CASA  240 Md€ de CA en 2012, 1 503 commandes en 2013 vs. 1 355 pour Boeing)  Les champs possibles sont nombreux (transport ferroviaire, automobile, défense, télécoms, chantiers navals) mais les freins qui s’y opposent également  Pas de consensus en Europe sur les politiques industrielles (choix des services notamment financiers en UK et aux NL)  Logique de concurrence entre les champions nationaux existants qui rend difficile la conclusion d’alliances (ex. Alstom vs. Siemens dans l’énergie et le ferroviaire => rachat de la branche énergie d’Alstom par General Electrics en 2014 ; idem échec du rapprochement France Télécom – Deutsche Telekom en 1999)  Question de la répartition des sites, des emplois et équilibre des pactes d’actionnaires (ex. opposition de l’Allemagne à la fusion BAE – EADS en 2012)  Des choix stratégiques divergents au niveau micro-économique (ex. modèles différents de production d’énergie)  Les freins à la création de champions industriels européens (« Airbus de l’énergie ») sont plus d’ordre politique que juridique (droit de la concurrence de l’UE)
  • 20. FIN DE LA SÉANCE Industrie et compétitivitéSéance 10