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FAITS-DIVERS

Subventions : Pipangaï fait un "cartoon"
Clicanoo.com

publi le 5 juin 1998

00h00

La semaine dernière, la SEM Pipangaï, dont la vocation est de produire des dessins animés, fierté
d’Abdéali Goulamaly et du PCR, a obtenu de la commission permanente de la Région le vote
d’une nouvelle subvention destinée à la "modernisation productique" de la boutique. Ce qui porte
à 14,8 MF le butin de Pipangaï en matière d’argent public, subventions et apports en capital
compris. Joli "cartoon", mais pour quel résultat ? Aux dernières nouvelles, pas très fraîches, 3,7
MF de pertes !
Au nombre des grands mythes politiques "pays", il y a la coopération régionale - nous y reviendrons sous peu - l’identité,
et surtout la "création d’emploi". En la matière nos élus ont fait très fort et si l’on devait totaliser l’intégralité des jobs qui
auraient dû être créés, par la grâce des multiples plans concoctés par les uns et les autres, la Réunion importerait de la
main-d’uvre, ou peu s’en faut. La SEM Pipangaï s’inscrit dans ce registre, fantasmatique, pas très loin dans l’absolu des
"écopiperies" de ce brave Tiekie Loots, ou encore des subtilités agricoles de l’Horticole de l’Anse. Belle illustration des
thèses liées au concept d’économie dirigiste, d’emploi décrété et de charité bien ordonnée... Ecopipe devait être la
providence du tuyau, le Paganini de la canalisation. Pipangaï, c’est Walt Disney réinventé, le génie artistique au coin de
la rue et des millions en pagaille. En fait, pour l’heure, le bon plan de Pipangaï réside dans un art consommé de la
chasse à la subvention. Pour le reste... le caractère "artificiel" des emplois créés et entretenus, 157 aux dernières
nouvelles, laisse augurer de douloureuses coliques avant longtemps.
PERDRE DE L’ARGENT
La constitution de cette SEM, exemplaire de par son caractère spectaculaire et innovant, mérite le détour. Si l’on s’en
rapporte à l’audit complaisant réalisé du 15 au 22 juillet 96 par la société LS.L. Communication (Conseils et prestations
audiovisuelles), à la demande de la SEM elle même, c’est à l’association Village Titan, bébé de l’excellent Alain
Séraphine, actuel premier adjoint PCR de la mairie du Port, artiste officiel de cette même commune - comment ignorer
les chefs-d’uvre du rond-point des danseuses ?- que reviendrait l’initiative du lancement de cette SEM. L’idée remonte à
novembre 93. Les finalités officielles formulées à l’époque étaient explicites : "Participer à la résorption du chômage. La
fabrication de séries de dessins animés est, en effet, créatrice de nombreux emplois lorsqu’elle est réalisée selon la
technique traditionnelle de dessins à la main. Elle l’est également lorsqu’elle a recours aux techniques informatisées
dites des "nouvelles technologies". Placer la Réunion dans un secteur industriel peu connu et porteur..." Prolégomènes
qui se sont attiré, de la part des rédacteurs de l’audit de 96, un commentaire délicieusement ironique : "C’était un pari
audacieux que de vouloir créer de toutes pièces une activité ne correspondant à aucune tradition française, ni locale,
dans un secteur d’activité porteur mais monopolisé par les pays du Sud-Est asiatique, connus pour leur compétitivité !
Pour faire un tel pari, il a fallu la rencontre de trois volontés, trois hommes : un créateur soucieux de lutter contre le
chômage dans sa ville et dans son île, Alain Séraphine, un formateur passionné, Pierre Ayma (Ndlr : issu du Centre de
formation technologique des Gobelins), un entrepreneur aux qualités d’industriel depuis longtemps reconnues, Abdéali
Goulamaly..." Nul ne doute en effet, aujourd’hui, des qualités industrieuses d’Abdéali Goulamaly, lequel préside le
conseil d’administration de Pipangaï depuis la création de la SEM... En dépit des vertus de M. Goulamaly et du génie
d’Alain Séraphine, la SEM, portée sur les fonds baptismaux à grand renfort de financements publics - 3 MF sur les 4 du
capital initial ; Région, Département, commune du Port et SIVOMR supportant l’essentiel de l’investissement devant des
privés plus mesurés tels la CGE, la Sodéré, Mauvilac ou Goulamaly en propre, avec 1 part de 500 francs - n’a jamais
cessé de prendre l’eau et donc de perdre de l’argent. (Ndlr : Abdéali Goulamaly est le PDG et principal actionnaire de
Mauvilac).
[GRINCEMENTS DE DENTS]
En mai 96, après huit mois d’activité effective Pipangaï enregistre une perte d’environ 2,3 MF. Son capital de départ s’en
trouve réduit à 1,6 MF. La situation aurait pu être pire encore, Pipangaï ayant un peu oublié d’acquitter ses cotisations
de Sécurité sociale. Un comble pour une SEM au capital de laquelle on trouvait alors le président du conseil
d’administration de la Sécu, Bernard Lenfant... C’est à l’époque Alfred Murcy qui avait été chargé par son président de
remettre de l’ordre - en douceur - dans cette affaire. Ce premier accroc marque mal car la SEM "emploie" une centaine
de personnes depuis sa création. Et le capital a été croqué, subventions des collectivités avec, pour payer les salariés. Il
convient donc pour perpétuer l’activité de remettre au pot. Les collectivités locales sont de nouveau sollicitées. Il faut
trouver la bagatelle de 8 MF pour tenir la route, porter le capital à hauteur de 12 MF. Ce qui est fait. La Région, en dépit
des grincements de dents de la droite et du RPR en particulier y va d’une rallonge d’un million de francs - qui n’était pas
prévue au départ. L’essentiel de l’apport nouveau provenant du providentiel Goulamaly et de Mauvilac qui déboursent
sans frémir 5 millions de francs et deviennent du même coup actionnaires majoritaires avec 44,5% du capital, loin
devant la CGE (2,8%) et la Sodéré (2,5%). Une bonne opération pour Abdéali Goulamaly ? Un plan d’urgence pour faire
plaisir aux petits amis portois auprès desquels il est engagé ? Un geste "humanitaire" peut-être... Fin 96, lors de la
clôture du premier exercice comptable, les comptes laissent paraître une perte nette de 3,7 MF pour un chiffre d’affaires
de 8,6 MF dont 7,9 MF de subventions ! Un rapide coup de fil au siège de la SEM pour en savoir un peu plus quant à
l’état actuel des comptes ne donne pas grand-chose. Le directeur financier, ou administratif, Antoine Pergnolet, déclare
ne pouvoir communiquer de telles données sans l’autorisation de qui de droit... Il faut s’adresser à Goulamaly ou à
Séraphine. Transparence, quand tu nous tiens !

FORCES ET FAIBLESSES D’UNE SEM Pipangaï part de la tête Quelles peuvent être les qualités d’une SEM modèle
pensée par la fine fleur de l’intelligentsia PCR et installée sur le territoire de la capitale de la "Sivomie", l’exemplaire ville
du Port ? L’audit réalisé en 1996 pour rassurer les élus des collectivités locales, fait état "au niveau social" d’aspects
positifs qualifiés de "forces". A savoir, une "bonne formation du personnel ; une grande expérience professionnelle du
personnel d’assistance permettant un respect des plannings de production (...)" Et enfin : " Pas de syndicalisation". Ce
dernier point laisse rêveur ! Surtout quand on sait qu’Alain Séraphine, premier-adjoint du Port, n’est autre que le frère de
l’autre Séraphine, Michel, de la CGTR Ports et Docks. De quoi chanter l’Internationale en breton ! Au nombre des
faiblesses, l’audit souligne : "Absence d’organigramme et de description précise des fonctions au sein de l’entreprise...".
Bref, c’est le souk ou peu s’en faut. "Structure administrative trop légère, pas de dirigeant à plein temps. Pas de
responsable administratif et financier. Pas de responsable du personnel...". Le manque d’organisation perceptible sur
papier est recoupé par une carence équivalente sur le plan humain. Pipangaï manque de cadres et donc de
compétences. Séraphine et Goulamaly, pour être des hommes exceptionnels ne suffisent pas. On s’explique par ailleurs
un peu mieux l’ampleur des pertes jusqu’en 96. "Absence de politique salariale prenant en compte les différents niveaux
de qualification ou de responsabilité du personnel." Ça ce n’est pas bien, surtout quand on prétend lutter contre le

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chômage et pour le développement de la Réunion. Le respect des salariés est tout de même fondamental, à fortiori dans
une entreprise partiellement publique à vocation sociale. "Statut de salariés permanents de la société de la totalité du
personnel". Là, faut pas pousser. Ce statut découle par nature de l’état de ces salariés pour l’embauche desquels la
SEM a perçu quantité de subventions découlant des aides à l’emploi. Moralité, les charges en personnel sont jugées
élevées et l’entreprise apparaît comme étant très lourdement dépendante des aides attribuées pour la poursuite de son
activité. Ce qui en clair veut dire que Pipangaï n’est pas économiquement viable, hors le soutien des collectivités et de
l’Etat. "Manque de discipline et de rigueur dans l’assiduité au travail, la ponctualité et le rendement". Un commentaire
qui n’est pas gentil pour les salariés qui sont soumis aux incohérences de leurs dirigeants et aux carences
organisationnelles de l’entreprise. Enfin, le meilleur pour la fin : "Non respect des obligations légales de représentation
du personnel". Alors là ! Une telle infraction vaut bien une médaille... Pas la Légion d’honneur, le P.D.G. la porte déjà, la
médaille du Travail sans doute. Le fait est qu’il ne s’agit pas d’un oubli car, aujourd’hui encore, près de deux ans après
la remise des conclusions de l’audit, il n’y a chez Pipangaï toujours pas de comité d’entreprise.

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Subventions pipangaï fait un cartoon

  • 1. http://archives.clicanoo.re/spip.php?page=imprimer&id_artic... FAITS-DIVERS Subventions : Pipangaï fait un "cartoon" Clicanoo.com publi le 5 juin 1998 00h00 La semaine dernière, la SEM Pipangaï, dont la vocation est de produire des dessins animés, fierté d’Abdéali Goulamaly et du PCR, a obtenu de la commission permanente de la Région le vote d’une nouvelle subvention destinée à la "modernisation productique" de la boutique. Ce qui porte à 14,8 MF le butin de Pipangaï en matière d’argent public, subventions et apports en capital compris. Joli "cartoon", mais pour quel résultat ? Aux dernières nouvelles, pas très fraîches, 3,7 MF de pertes ! Au nombre des grands mythes politiques "pays", il y a la coopération régionale - nous y reviendrons sous peu - l’identité, et surtout la "création d’emploi". En la matière nos élus ont fait très fort et si l’on devait totaliser l’intégralité des jobs qui auraient dû être créés, par la grâce des multiples plans concoctés par les uns et les autres, la Réunion importerait de la main-d’uvre, ou peu s’en faut. La SEM Pipangaï s’inscrit dans ce registre, fantasmatique, pas très loin dans l’absolu des "écopiperies" de ce brave Tiekie Loots, ou encore des subtilités agricoles de l’Horticole de l’Anse. Belle illustration des thèses liées au concept d’économie dirigiste, d’emploi décrété et de charité bien ordonnée... Ecopipe devait être la providence du tuyau, le Paganini de la canalisation. Pipangaï, c’est Walt Disney réinventé, le génie artistique au coin de la rue et des millions en pagaille. En fait, pour l’heure, le bon plan de Pipangaï réside dans un art consommé de la chasse à la subvention. Pour le reste... le caractère "artificiel" des emplois créés et entretenus, 157 aux dernières nouvelles, laisse augurer de douloureuses coliques avant longtemps. PERDRE DE L’ARGENT La constitution de cette SEM, exemplaire de par son caractère spectaculaire et innovant, mérite le détour. Si l’on s’en rapporte à l’audit complaisant réalisé du 15 au 22 juillet 96 par la société LS.L. Communication (Conseils et prestations audiovisuelles), à la demande de la SEM elle même, c’est à l’association Village Titan, bébé de l’excellent Alain Séraphine, actuel premier adjoint PCR de la mairie du Port, artiste officiel de cette même commune - comment ignorer les chefs-d’uvre du rond-point des danseuses ?- que reviendrait l’initiative du lancement de cette SEM. L’idée remonte à novembre 93. Les finalités officielles formulées à l’époque étaient explicites : "Participer à la résorption du chômage. La fabrication de séries de dessins animés est, en effet, créatrice de nombreux emplois lorsqu’elle est réalisée selon la technique traditionnelle de dessins à la main. Elle l’est également lorsqu’elle a recours aux techniques informatisées dites des "nouvelles technologies". Placer la Réunion dans un secteur industriel peu connu et porteur..." Prolégomènes qui se sont attiré, de la part des rédacteurs de l’audit de 96, un commentaire délicieusement ironique : "C’était un pari audacieux que de vouloir créer de toutes pièces une activité ne correspondant à aucune tradition française, ni locale, dans un secteur d’activité porteur mais monopolisé par les pays du Sud-Est asiatique, connus pour leur compétitivité ! Pour faire un tel pari, il a fallu la rencontre de trois volontés, trois hommes : un créateur soucieux de lutter contre le chômage dans sa ville et dans son île, Alain Séraphine, un formateur passionné, Pierre Ayma (Ndlr : issu du Centre de formation technologique des Gobelins), un entrepreneur aux qualités d’industriel depuis longtemps reconnues, Abdéali Goulamaly..." Nul ne doute en effet, aujourd’hui, des qualités industrieuses d’Abdéali Goulamaly, lequel préside le conseil d’administration de Pipangaï depuis la création de la SEM... En dépit des vertus de M. Goulamaly et du génie d’Alain Séraphine, la SEM, portée sur les fonds baptismaux à grand renfort de financements publics - 3 MF sur les 4 du capital initial ; Région, Département, commune du Port et SIVOMR supportant l’essentiel de l’investissement devant des privés plus mesurés tels la CGE, la Sodéré, Mauvilac ou Goulamaly en propre, avec 1 part de 500 francs - n’a jamais cessé de prendre l’eau et donc de perdre de l’argent. (Ndlr : Abdéali Goulamaly est le PDG et principal actionnaire de Mauvilac). [GRINCEMENTS DE DENTS] En mai 96, après huit mois d’activité effective Pipangaï enregistre une perte d’environ 2,3 MF. Son capital de départ s’en trouve réduit à 1,6 MF. La situation aurait pu être pire encore, Pipangaï ayant un peu oublié d’acquitter ses cotisations de Sécurité sociale. Un comble pour une SEM au capital de laquelle on trouvait alors le président du conseil d’administration de la Sécu, Bernard Lenfant... C’est à l’époque Alfred Murcy qui avait été chargé par son président de remettre de l’ordre - en douceur - dans cette affaire. Ce premier accroc marque mal car la SEM "emploie" une centaine de personnes depuis sa création. Et le capital a été croqué, subventions des collectivités avec, pour payer les salariés. Il convient donc pour perpétuer l’activité de remettre au pot. Les collectivités locales sont de nouveau sollicitées. Il faut trouver la bagatelle de 8 MF pour tenir la route, porter le capital à hauteur de 12 MF. Ce qui est fait. La Région, en dépit des grincements de dents de la droite et du RPR en particulier y va d’une rallonge d’un million de francs - qui n’était pas prévue au départ. L’essentiel de l’apport nouveau provenant du providentiel Goulamaly et de Mauvilac qui déboursent sans frémir 5 millions de francs et deviennent du même coup actionnaires majoritaires avec 44,5% du capital, loin devant la CGE (2,8%) et la Sodéré (2,5%). Une bonne opération pour Abdéali Goulamaly ? Un plan d’urgence pour faire plaisir aux petits amis portois auprès desquels il est engagé ? Un geste "humanitaire" peut-être... Fin 96, lors de la clôture du premier exercice comptable, les comptes laissent paraître une perte nette de 3,7 MF pour un chiffre d’affaires de 8,6 MF dont 7,9 MF de subventions ! Un rapide coup de fil au siège de la SEM pour en savoir un peu plus quant à l’état actuel des comptes ne donne pas grand-chose. Le directeur financier, ou administratif, Antoine Pergnolet, déclare ne pouvoir communiquer de telles données sans l’autorisation de qui de droit... Il faut s’adresser à Goulamaly ou à Séraphine. Transparence, quand tu nous tiens ! FORCES ET FAIBLESSES D’UNE SEM Pipangaï part de la tête Quelles peuvent être les qualités d’une SEM modèle pensée par la fine fleur de l’intelligentsia PCR et installée sur le territoire de la capitale de la "Sivomie", l’exemplaire ville du Port ? L’audit réalisé en 1996 pour rassurer les élus des collectivités locales, fait état "au niveau social" d’aspects positifs qualifiés de "forces". A savoir, une "bonne formation du personnel ; une grande expérience professionnelle du personnel d’assistance permettant un respect des plannings de production (...)" Et enfin : " Pas de syndicalisation". Ce dernier point laisse rêveur ! Surtout quand on sait qu’Alain Séraphine, premier-adjoint du Port, n’est autre que le frère de l’autre Séraphine, Michel, de la CGTR Ports et Docks. De quoi chanter l’Internationale en breton ! Au nombre des faiblesses, l’audit souligne : "Absence d’organigramme et de description précise des fonctions au sein de l’entreprise...". Bref, c’est le souk ou peu s’en faut. "Structure administrative trop légère, pas de dirigeant à plein temps. Pas de responsable administratif et financier. Pas de responsable du personnel...". Le manque d’organisation perceptible sur papier est recoupé par une carence équivalente sur le plan humain. Pipangaï manque de cadres et donc de compétences. Séraphine et Goulamaly, pour être des hommes exceptionnels ne suffisent pas. On s’explique par ailleurs un peu mieux l’ampleur des pertes jusqu’en 96. "Absence de politique salariale prenant en compte les différents niveaux de qualification ou de responsabilité du personnel." Ça ce n’est pas bien, surtout quand on prétend lutter contre le 1 sur 2 22/11/2013 20:28
  • 2. http://archives.clicanoo.re/spip.php?page=imprimer&id_artic... chômage et pour le développement de la Réunion. Le respect des salariés est tout de même fondamental, à fortiori dans une entreprise partiellement publique à vocation sociale. "Statut de salariés permanents de la société de la totalité du personnel". Là, faut pas pousser. Ce statut découle par nature de l’état de ces salariés pour l’embauche desquels la SEM a perçu quantité de subventions découlant des aides à l’emploi. Moralité, les charges en personnel sont jugées élevées et l’entreprise apparaît comme étant très lourdement dépendante des aides attribuées pour la poursuite de son activité. Ce qui en clair veut dire que Pipangaï n’est pas économiquement viable, hors le soutien des collectivités et de l’Etat. "Manque de discipline et de rigueur dans l’assiduité au travail, la ponctualité et le rendement". Un commentaire qui n’est pas gentil pour les salariés qui sont soumis aux incohérences de leurs dirigeants et aux carences organisationnelles de l’entreprise. Enfin, le meilleur pour la fin : "Non respect des obligations légales de représentation du personnel". Alors là ! Une telle infraction vaut bien une médaille... Pas la Légion d’honneur, le P.D.G. la porte déjà, la médaille du Travail sans doute. Le fait est qu’il ne s’agit pas d’un oubli car, aujourd’hui encore, près de deux ans après la remise des conclusions de l’audit, il n’y a chez Pipangaï toujours pas de comité d’entreprise. 2 sur 2 22/11/2013 20:28