Un père militaire décédé, un testament ouvert, un fils curé, la découverte de l’existence de deux demi-frères de sang et un long périple semé d'embûches : voilà le récit d'un Trio infernal qui s'amorce par une quête, un voyage initiatique de trois ruraux limousins : un éleveur athée, un bistrotier jovial, et de ce fils curé (poète à ses heures).
Un père militaire décédé, un testament ouvert, un fils curé, la découverte de l’existence de deux demi-frères de sang et un long périple semé d'embûches : voilà le récit d'un Trio infernal qui s'amorce par une quête, un voyage initiatique de trois ruraux limousins : un éleveur athée, un bistrotier jovial, et de ce fils curé (poète à ses heures).
Un père militaire décédé, un testament ouvert, un fils curé, la découverte de l’existence de deux demi-frères de sang et un long périple semé d'embûches : voilà le récit d'un Trio infernal qui s'amorce par une quête, un voyage initiatique de trois ruraux limousins : un éleveur athée, un bistrotier jovial, et de ce fils curé (poète à ses heures).
Un monde de 2013, 2014 et 2015 dangereux, explosif raconté à travers des histoires courtes relatant les grands événements de cette période. Un florilège de spasmes, de mots ajoutés à un grain de folie, salés avec une pointe d’humour nommé Spasmotsfolies…
EXTRAIT du roman « Benzos » de Noël BoudouTaurnada
4e de couverture : Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller avec cette sensation de déjà-vu ? Sauriez-vous faire la différence entre le vrai et le faux ? Avez-vous une confiance absolue en vos proches ? Nick semble mener une vie tranquille, entouré de sa femme et de ses voisins. Pourtant, le jour où des amis de longue date arrivent, son existence tout entière va basculer dans l'étrange et l'impensable. Réalité ? Psychose ? Quelle preuve avez-vous finalement de votre réalité ? (Disponible le 14 novembre 2019, papier et numérique.)
4e de couverture : Une petite fille aux étranges pouvoirs vient au monde. Autour d'elle, c'est l'Espagne du Moyen Âge, barbare autant que raffinée, à la fois religieuse et brutale, où la reine Isabelle la Catholique s'apprête à chasser tous les Juifs du royaume. La petite Alma, celle qui parle avec Dieu, deviendra-t-elle le guide dont son peuple a besoin, ou bien sera-t-elle comme tant d'autres balayée par le vent mauvais de l'Histoire ? L'épouvante se mêle au comique, les destins s'enchevêtrent, aussi grandioses que pitoyables, dans un récit haletant, à la force d'une légende.
Une mission humanitaire tellement pas comme les autres, où les imprévisibles se fracassent avec les plus intenses et riches rencontres et moments dans les contrées de Boko Haram.
EXTRAIT du roman « Les Prières de sang » de Jean-Marc DhainautTaurnada
4e de couverture : Alan Lambin, spécialiste en paranormal, est appelé à enquêter dans un vieux monastère ayant accueilli autrefois quatre templiers en fuite. Depuis, ses murs semblent dissimuler un lourd secret solidement gardé par des âmes hostiles. Les parchemins ne mentent pas, ni ces cris que chacun peut entendre la nuit dans les sombres couloirs du monastère. Et dire que tout a commencé parce qu'une étudiante a acheté un jour une armoire ayant appartenu aux moines. Une armoire qui n'avait pas perdu la mémoire…
Un monde de 2013, 2014 et 2015 dangereux, explosif raconté à travers des histoires courtes relatant les grands événements de cette période. Un florilège de spasmes, de mots ajoutés à un grain de folie, salés avec une pointe d’humour nommé Spasmotsfolies…
EXTRAIT du roman « Benzos » de Noël BoudouTaurnada
4e de couverture : Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller avec cette sensation de déjà-vu ? Sauriez-vous faire la différence entre le vrai et le faux ? Avez-vous une confiance absolue en vos proches ? Nick semble mener une vie tranquille, entouré de sa femme et de ses voisins. Pourtant, le jour où des amis de longue date arrivent, son existence tout entière va basculer dans l'étrange et l'impensable. Réalité ? Psychose ? Quelle preuve avez-vous finalement de votre réalité ? (Disponible le 14 novembre 2019, papier et numérique.)
4e de couverture : Une petite fille aux étranges pouvoirs vient au monde. Autour d'elle, c'est l'Espagne du Moyen Âge, barbare autant que raffinée, à la fois religieuse et brutale, où la reine Isabelle la Catholique s'apprête à chasser tous les Juifs du royaume. La petite Alma, celle qui parle avec Dieu, deviendra-t-elle le guide dont son peuple a besoin, ou bien sera-t-elle comme tant d'autres balayée par le vent mauvais de l'Histoire ? L'épouvante se mêle au comique, les destins s'enchevêtrent, aussi grandioses que pitoyables, dans un récit haletant, à la force d'une légende.
Une mission humanitaire tellement pas comme les autres, où les imprévisibles se fracassent avec les plus intenses et riches rencontres et moments dans les contrées de Boko Haram.
EXTRAIT du roman « Les Prières de sang » de Jean-Marc DhainautTaurnada
4e de couverture : Alan Lambin, spécialiste en paranormal, est appelé à enquêter dans un vieux monastère ayant accueilli autrefois quatre templiers en fuite. Depuis, ses murs semblent dissimuler un lourd secret solidement gardé par des âmes hostiles. Les parchemins ne mentent pas, ni ces cris que chacun peut entendre la nuit dans les sombres couloirs du monastère. Et dire que tout a commencé parce qu'une étudiante a acheté un jour une armoire ayant appartenu aux moines. Une armoire qui n'avait pas perdu la mémoire…
Este documento describe las instrucciones para configurar el navegador Mozilla Firefox en la computadora de un estudiante de la Universidad Nacional de Chimborazo en Ecuador. Las instrucciones incluyen capturar la dirección IP, el proxy del navegador, configurar la página de inicio como la página de la universidad, cambiar la carpeta de descargas y capturar el historial del navegador. También instruye al navegador a buscar solo páginas en francés.
NeoFocus-Acquisitions et JV au Brésil: pourquoi et comment procéder ?Jerome Kelber
Est-ce que le Brésil est toujours un pays prometteur ou est-ce que son développement s’essouffle ? Faut-il encore investir au Brésil ou est-il trop tard ? Quel va être l’impact sur le Brésil des prochaines élections présidentielles, dont le 2e tour a lieu le 26 octobre ?
Le Brésil a un intérêt à long terme à inciter des entreprises étrangères à investir et à produire sur son sol et s’est organisé en conséquence pour y parvenir.
Les entreprises étrangères ont aujourd’hui des opportunités exceptionnelles d’acquérir, de créer des JVs ou de s’associer avec des entreprises brésiliennes.
Voici pourquoi.
Este documento describe la realidad aumentada, incluyendo su definición como la mezcla del entorno real con lo virtual. Explica que la realidad aumentada se puede usar en dispositivos como computadoras y teléfonos inteligentes. También detalla los componentes clave de la realidad aumentada como monitores, cámaras web, software y marcadores. Finalmente, menciona algunos ejemplos de software y aplicaciones de realidad aumentada disponibles.
Este documento presenta una introducción al discurso argumentativo. Define la argumentación como dar razones para defender u oponerse a una opinión con el fin de persuadir a otros. Explica que un discurso argumentativo busca convencer a través de estrategias de persuasión sobre un tema polémico donde existen diferentes puntos de vista. Finalmente, resume algunas características clave del discurso argumentativo como tener un objetivo controversial, un emisor con una posición, un carácter dialógico y la finalidad de lograr adherencia.
Este documento presenta una actividad de conversación diseñada para estudiantes de español de niveles B1-B2. La actividad tiene como objetivos repasar el vocabulario relacionado con los sentimientos y practicar el uso del presente de subjuntivo con verbos que expresan sentimientos. Los estudiantes se dividen en grupos y asumen roles ficticios para describir sus gustos y disgustos usando dicho vocabulario y estructuras gramaticales.
Les jeux sont faits et les lits sont défaits. Rien ne va plus dans cet entre-deux. D'un côté la poésie. De l'autre la turpitude sociale, culturelle et S*******. La censure des mots sensibles est naturelle dans notre société de liberté. La version ici est non censurée et étendue par rapport à la version sur les sites vendeurs. Ici on peut appeler un appendce pénien par son simple nom de pénis et arrêter de parler du pen-club de l'amour ou du penne de la serrure virginale ou du Le Pen de la virilité frivole et lubrique, azvec ou sans jeu de mot sur les articles bégayants en genre comme le Le pen ou la Le Pen. C'est plus simple en anglais, The Pen and that's all.
Extrait sur les traces de la haine 73 pages Pierre ST VincentPierre ST Vincent
Le président de la plus grosse multinationale mondiale ERT, pense qu’il a réuni tous les éléments scientifiques pour se lancer dans une folle aventure à la recherche de ses ancêtres…
Cette quête, au centre de la haine de ce monde inhospitalier, vous transportera au fil des pages dans un voyage au-delà du possible, vers une recherche de l’Eden au coeur de la Terre.
Si la faim progresse pendant les décennies à venir, s’il n’y a plus d’amour l’apocalypse est aux portes du monde.
Dans cette période à venir Pierre Vincent ingénieur dans une multinationale livre un combat industriel pour faire régresser la faim. Arrivera-t-il à son but au milieu des embûches de la politique, du capitalisme forcené et de sa propre passion pour Nike la belle Africaine.
Une aventure qui va vous guider à travers l’Afrique et le reste du monde et nous conduire à l’Apocalypse...
Facebook and friend comp face anglais Pierre ST VincentPierre ST Vincent
This document discusses the benefits of computers, the internet, social media, and online tools for connecting people across barriers and bringing together a community of shared knowledge and ideas. It highlights how these technologies allow for communication, sharing of information and media, self-expression, and bringing awareness to important issues and events through discussions among a global community of users. The document also touches on how online translation tools help overcome language barriers and cultural differences to further facilitate this connected community.
Chronicles of a seeker in medicines Pierre st VincentPierre ST Vincent
The document describes the author's lifelong struggle with illness and their dissatisfaction with allopathic or conventional medicine. It traces their journey from relying solely on doctors and medications that did not cure the root issues, to searching for alternative approaches. This led the author to explore Eastern medicines, homeopathy, and other holistic therapies working on the body as a whole, which they found to be more effective. The author believes medicine should seek to cure the causes of disease rather than just treat symptoms. They also criticize the current medical system for being limited in its approach and focused on financial interests over patient care and progress.
Life source quest cervoclonis chapitre 27 à 42 Pierre ST VincentPierre ST Vincent
Bien que l’aventure commence en 2080, elle prend réellement ses racines... 62 millions d'années avant. Ce livre éclaire, grâce aux découvertes de cette fin de 21éme siècle, des événements ayant eu lieu au plus profond de la genèse humaine.
Le Mont Laoshan où se situe cette odyssée, abrite bien la demeure des
immortels. Il n'y a aucun doute !!!...
Un étrange vieillard rencontré sur ce lieu, raconte une épopée invraisemblable... Faut-il le croire ?
Son incroyable histoire conforte la quête du personnage principal, « Le Président », dont le but est de découvrir ses lointains aïeux depuis qu’il a inventé cet invraisemblable « ordinateur cerveau biochimique » baptisé : Cervoclonis .
Le chemin sera long et les surprises de tailles...
Jusqu’où ira le Président pour connaître ses racines ? Peut-être jusqu’à la source de l’Humanité.
Extrait 6 ch16 fb Life Source Quest Cervoclonis Pierre ST Vincent.Pierre ST Vincent
avant. Ce livre éclaire, grâce aux découvertes de cette fin de 21éme siècle, des événements ayant eu lieu au plus profond de la genèse humaine.
Le Mont Laoshan où se situe cette odyssée, abrite bien la demeure des
immortels. Il n'y a aucun doute !!!...
Un étrange vieillard rencontré sur ce lieu, raconte une épopée invraisemblable... Faut-il le croire ?
Son incroyable histoire conforte la quête du personnage principal, « Le Président », dont le but est de découvrir ses lointains aïeux depuis qu’il a inventé cet invraisemblable « ordinateur cerveau biochimique » baptisé : Cervoclonis .
Le chemin sera long et les surprises de tailles...
Jusqu’où ira le Président pour connaître ses racines ? Peut-être jusqu’à la source de l’Humanité.
3. PENSEES
La Terre n'appartient à personne !
Il faut juste penser qu'elle est en vie par notre présence.
Elle vit ses pulsations que nous ne comprenons pas,
Elle ignore les nôtres...
Nos échanges sont faits par rapport à nous humains.
Nous pensons qu'elle, la Terre, pourrait nous supporter éternel-lement...
Nous sommes liés à elle par des liens du temps...
Nos racines ne sont que le fait du hasard...
Nos territoires et nos maisons ne sont bâtis que sur le sang de
nos ancêtres...
Si la terre nous rejette c'est parce que nous y vivons...
Tout n'est pas immuable et établi...
Nous sommes des nomades et rien de plus à l'aune du temps.
4.
5. Chapitre 1 Cuite mémorable.
« Bon dieu qu’est-ce qu’ils leur ont mis, j’ai cru que le
stade… ! ».
René s’arrête brusquement, titube en pénétrant dans Le Char-roux,
le seul troquet à 100 lieues à la ronde, les mains enserrant sa
tête, le regard malicieux, la truffe vermeille du paysan qui a passé sa
vie au soleil et au vent.
« Putain mais qu’est ce qui t’arrive Curé, que fais-tu au bistro si
tôt ! Je suis sûr…».
François, le prêtre de la paroisse est accoudé, le regard vide, sa
bonne panse coloniale en avant, habillé à l’ancienne, vieille soutane
élimée, sa coiffe de fidèle au bon vieux sacerdoce, de travers.
Le cabaretier fait un signe à René un doigt sur la bouche lui assi-gnant
par un geste théâtral de s’asseoir à sa place habituelle en se
taisant.
René, interrogatif, immobile soudain, fronce les sourcils, regarde
à nouveau le curé et le tenancier sans comprendre.
Georges le bistrotier lève les mains, menaçantes, le regard rouge
de retenue, marmonnant au fond de lui :
« Assied-toi et ferme ta grande gueule… ».
René ne comprend plus : pourquoi l’empêche-t-on, lui, René,
consommateur assidu du zinc de ne pas laisser exprimer la verve
naturelle !
Il se retourne titubant et vivement fait un geste significativement
désagréable à Georges…
Tout s’est fait en 30 secondes, le temps au curé de faire un signe
incitant le patron à lui resservir un cognac…
6. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 10
« Encore un ! Mais vous êtes déjà plus saoul qu’un polonais…
sauf votre respect mon père ! ».
Il tend la main droite vers la bouteille laissée sur le comptoir, et
comme pour être pardonné par le Dieu des tenanciers, tente de re-prendre
la conversation espérant provoquer une réaction d’intérêt du
monseigneur.
« Ma femme vous a préparé votre linge de corps et votre belle
soutane, dans l’état où je vous vois, je pensais que vous vouliez
vous changer… ».
Pas de réaction. Le regard plus vide que la bourse du poivrot qui
venait de ressortir en râlant, le père curé siphonnait son 10ème co-gnac,
à 10 heures du matin, au moment de la messe !
Craignant sa colère, le tenancier reprend son travail, le plus dé-sagréable
: tremper les verres laissés sur le comptoir, les essuyer
tout en surveillant l’ecclésiastique du coin de l’oeil.
Tout en faisant cette dure besogne, il surveille l’entrée du café,
où, comme d’habitude, les consommateurs ne se précipitaient pas.
Le curton commençait franchement à le gonfler !
Il allait encore lui dire en partant, prenant le ton de Fernandel et
le pointant du doigt.
« Georges, ta femme est une sainte, mais toi tu es un mécréant !
As-tu payé le denier du culte ? ».
Il le regardait partir et pour ne pas perdre l’argent non reçu du
curé, il rajoutait de l’eau dans les boissons au point que celles-ci
devenaient des cauchemars pour les autres. Georges rougissait lors-qu’ils
lui disaient.
« Georges eh ! Il est en vacances notre Don Camillo ? ».
Ça voulait tout dire, ce que les gens ne voulaient pas dire par pur
humanisme : ton vin est bizarre, ton cognac, c’est de la bibine°!
*
7. 11 Un trio infernal
Ce matin, il lui avait filé son cognac à 30° (déjà baptisé avec
l’eau du robinet) puis à 25° béni (avec l’eau bénite du Don Camillo)
puis il avait arrêté, regardant avec tristesse ses bénéfices
s’effondrer.
Si sa femme n’avait pas été la fille du droguiste, ami du curé, il
aurait sans problème viré ce pochtron, envoyé de Dieu de mes deux,
comme il se plaisait à le marmonner, quand ce dernier sortait.
Georges n’était courageux qu’en paroles, comme tous les gens
en dessous du 43ème parallèle !
*
Ce matin-là, personne de la paroisse ne pouvait deviner ce que la
mort de son père avait déclenché en ce brave prêtre ! Personne, car
il n’avait, et il le disait bien fort dans ses sermons, que des ouailles
sans âme et sans culture aucune, qu’il évitait dans la rue… Seul lui
restait Georges comme confident, mais pour d’autres raisons !
Sa mère était morte la première, mais un serviteur de Dieu ne
pouvait pas dire ce qu’il pensait, Jésus était son maître ! Il ne pou-vait
pleurer et surtout en parler à son père…
*
Quarante ans auparavant il avait choisi d’être séminariste après
un premier chagrin d’amour.
Il aurait aimé que son père le guide sur d’autres voies, mais ce
qu’il savait c’est que jamais il n’aurait embrassé la carrière militaire
de son vieux, bien trop attaché qu’il était à ses amis d’enfance et à
sa terre natale…
Alors, il était devenu prêtre, un bon curé de campagne, poète à
ses heures, un excellent poète. Il passait ses poèmes sur Facebook.
Qui aurait deviné qu’il était curé ?
Il n’avait eu hélas que sa mère comme confidente de ses poésies
parfois surprenantes… et ses amis virtuels. Mais la destinée avait
décidé qu’elle devait partir la première.
8. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 12
Et il avait commencé à boire puis à continuer de boire et de
s’arrêter par foi (parfois) un jour avant sa messe. Puis les choses
avaient évolué, il avait récupéré plusieurs paroisses. Plusieurs
messes…Impossible de s’arrêter avant l’une plutôt que l’autre… Il
s’était fâché avec son père qui l’avait traité de sous ecclésiastique
sans aucune volonté !
Et la vie s’était écoulée, messe après messe, prière après prière,
cognac après cognac, ciboire après ciboire, kermesse, après ker-messe
où souvent on le reconduisait chez lui… ivre mort.
Son père venait de mourir et étrangement il se sentait moins seul,
il s’était donné le droit d’aller au bistro du coin quand il n’avait plus
pu payer sa chopine, mais surtout, depuis que les pandores avaient
siégé près des supermarchés.
Alors au bistro il y allait à pied, et savait que le retour pouvait
être assisté, notamment par René, snobé ce matin.
Personne ne pourrait comprendre ce que le notaire lui avait ra-conté
et ce qu’il avait appris à la lecture du testament de Germain
Ramier, son père.
Son esprit embué au naturel avait besoin de ce choc alcoolique
pour revenir vers une réalité qui bafouait tout ce qu’il avait appris à
l’école et surtout et ensuite, la réalité de sa foi !
Et là tout à coup, au 11ème cognac, il avait imaginé ce qu’il fallait
faire.
9. Chapitre 2 Introduction testamentaire.
La vie étant traîtresse, je vais mentionner mon nom pour ne pas
tomber dans l’oubli. Je suis celui qui a écrit ces mémoires. Elles
doivent être confiées à la famille Ramier et à sa descendance.
Retraité, ancien officier supérieur de réserve de l’armée de terre,
mon nom est Germain Ramier, 95 ans, je pense avoir toute ma tête.
Je le sais, mes enfants sont en vie, mais hélas celles que j’ai aimées
sont en haut à m’attendre ! Elles ne pourront certifier ce que j’ai dé-jà
écrit, mais ces histoires sont véridiques !
Ces mémoires (partiellement de guerre) ne sont à faire lire à mes
enfants que lors de mon dernier départ… Ma vie a été faite princi-palement
de départs et de retours.
J’ai écrit ces souvenirs au fil de ma vie, semaine après semaine,
car cette carrière de militaire était dangereuse, la vie étant une dé-couverte
quotidienne qui pouvait conduire à une mort brutale, im-prévue...
Dans les dernières semaines de ma vie (que j’imagine, car j’ai
une carcasse à toute épreuve) j’ai modifié certaines réflexions.
Cette année, où je modifie mes mémoires, peut-être la dernière,
sachez que ma vie a été un long fleuve d’abnégations, de men-songes
et de déconvenues à cause de mon fils François l’aîné qui est
devenu curé et à qui je ne pouvais raconter tout.
J’ai eu deux autres enfants, que ma femme légitime épousée en
1949 n’a pas voulu reconnaître. Lorsque j’ai appris ces naissances,
évidemment je les ai reconnues. L’un est né à Hanoï en novembre
1947, l’autre à Alger en 1955. J’ai reçu de leurs nouvelles jusqu’à
10. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 14
ce que ces colonies soient cédées par la France, ma patrie. Les cour-riers
échangés et des photos sont joints à ce testament.
François mon fils officiel est né en 1948 en décembre. Me voici
donc titulaire de 3 destinées dont une seule aura été officielle !
Quand les remords vous envahissent et que vous ne pouvez in-verser
le temps, que vous reste-t’il sinon à donner une image de
vous, exacte, pas toujours belle, mais qui remet les choses à leur
place ?
A partir de ces lignes je laisse ouvertes mes mémoires. Maître
Arnault expliquera au fur et à mesure mes dépôts testamentaires.
Bonne lecture mon fils François. Le notaire te transmettra les dos-siers
à propos de ce document, de l’argent sera à ta disposition dans
les différentes phases de mes souhaits. A la fin une somme ronde-lette
te sera donnée ainsi qu’à tes frères, à partager évidemment en
trois. Je compte sur toi. Merci François.
11. Chapitre 3 Hanoï 1946 Suite.
Hanoï, 1946. Un an après le dernier combat en France. Pas
d’enfants encore, pas de femme ! Qui voudrait d’un militaire tuant
son prochain ? Combien de fois me suis-je demandé pourquoi je
m’étais laissé aller encore dans un autre conflit ?
A chaque médaille gagnée dans l’ordre des conflits, je ressentais
la confiance de mes supérieurs et j’acceptais d’autres missions plus
périlleuses. A chaque fois je gagnais un grade… A quel prix ? Celui
de ma vie !
J’étais militaire et la patrie en ce temps-là comptait beaucoup. Je
ne sais pas dans quel état je pourrais conter la suite de mes autres
souvenirs ? Vif encore, vivant handicapé, mort à demi ?
Existons d’abord, à ma manière, dangereusement et que mes en-fants,
si j’en ai un jour, découvrent un père qu’ils auront peu connu.
*
Affectation 23 novembre 1946 Hanoï.
Arrivée sur place le 20 Décembre après un voyage aérien très
long, bruyant et secoué. Ce jour d’arrivée, le soir, les pistes liées à
la négociation d’un retrait des troupes françaises venaient de se
rompre, suite à une lettre soi-disant égarée. Cette lettre d’Ho Chi
Minh acceptait une négociation mais avec une date limite, à l’issue
de laquelle le feu s’abattrait sur la ville.
Nous sommes arrivés le jour de la réception à Paris de la réponse
de Ho Chi Minh aux propositions de négociation de Léon Blum.
Trop tard pour nous les combattants des causes perdues. Trop
tard pour les négociations…
12. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 16
Pour nous qui arrivions dans un pays inconnu dans la nuit la plus
complète, le challenge nous apparaissait terriblement risqué.
Putain de guerre, gouvernement incompétent, et nous pauvres
soldats et encadrements dans une tourmente qui n’a pas tardé à se
déclencher, pendant 8 ans.
*
Nous ne connaissions pas l’issue de ce conflit stupide qui aurait
pu se régler à l’amiable si ces bureaucrates parisiens n’avaient été si
lents…
D’autres raisons bien plus stupides pouvaient avoir été à
l’origine de la perte de cette lettre ! Elles sont dans les interroga-tions
de la grande Histoire.
Prise de positions le 21 Décembre 1946 avec des ordres
d’attaque immédiate sur le Vietminh. Plus d’eau et d’électricité sur
la ville d’Hanoï !
Nous nous sommes positionnés là où les dirigeants locaux nous
avaient demandé de le faire.
Ils savaient qu’en nous donnant ces positions ils nous envoyaient
à l’abattoir ! Les troupes françaises locales, non préparées au der-nier
ordre reçu, croyaient auparavant en un retrait quasi évident !
Rêves de ceux qui suggéraient ce Vietnam français utopique… Ils
seraient restés avec leurs femmes locales et leurs souvenirs de la
métropole.
Il pensait donc que tenant compte de notre arrivée, nous savions
quoi faire !
En tout cas, sanitairement, les brigades locales étaient à moitié
décimées par la dysenterie et le palu. Certains soldats avaient trouvé
refuge chez les filles locales, qui par ce biais, récupéraient des nour-ritures
plus facilement. Elles étaient belles et pas aussi farouches
que nos Françaises éduquées dans la religion, ou certaines bour-geoises
rigides !
13. 17 Un trio infernal
Inutile de décrire le bordel qui régnait parmi les troupes sur
place ! Un ordre pour une bataille de 2 mois (celle de Hanoï), nous
le saurons plus tard… Un détail, certes comparé à la précédente
guerre ! Mais quel désastre dans Hanoï et… pour moi…
*
Porté disparu depuis cette mission du 21 décembre, perdu pour la
patrie !
Néanmoins une bonne fée veillait sur moi… une famille viet
ayant compris que cette guerre n’était qu’un prémice à des désola-tions
bien plus grandes entre le nord et le sud du Vietnam et que les
ennemis n’étaient pas seulement Français… mais Chinois, Améri-cains...
Ils pourraient monnayer mon départ, mais je restais désespéré-ment
dans le coma depuis 4 mois… Jusqu’à ce baiser sur ma joue :
le hasard surprenant d’une pensée de moribond… avec
l’effleurement de la peau d’une magnifique jeune fille !
Fini mon absence du monde, bribes de conscience retrouvée
dans une hutte de feuillage que j’ai devinée dans une brume au tra-vers
des cheveux de Thiêu Hoa, ma fleur printanière, bienveillante
au-dessus de moi !
Cet abri avait été bâti pour mon seul usage ; j’ai appris au fil des
jours que c’était elle seule qui l’avait construit autour de mon
corps, alors criblé de centaines d’éclats d’obus.
Thiêu Hoa était venu chaque jour pour me soigner, et humecter
mes lèvres, d’eau et de bouillies vitaminées… Mon corps, désespé-rément
se cramponnait à un souffle de vie…
4 longs mois où mon destin ne s’était accroché qu’à un fil ténu ;
la ténacité de celle que j’appellerai Thia…
Ce baiser « fraternel » venait de se percuter avec les songes que
je vivais au ralenti… Mon corps voulait un contact avec le palpable,
je l’avais eu !
14. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 18
Ce contact fraternel ou autre, venait de rompre mes liens avec
l’invisible, cet espace virtuel où vivent ceux qui doivent partir…
Rien n’aurait pu m’empêcher de survivre après ce baiser surgi du
néant de la réalité !
J’aurais voulu faire des gestes mais ne le pouvais pas, j’aurais
voulu parler : impossible… Mes pensées fumeuses ne voyaient que
cette voûte de verdure, dans laquelle filtrait la vie… Oui c’est ça…
la vie.
Ce mot restait fixé immobile dans mon espace de pensée avec un
point d’interrogation, à côté… le mot guerre… point
d’interrogation… les mots : souffrance, conscience, et « ouverture
de mes paupières » comme seul ordre surgissant de mon néant.
Ceci est ma première renaissance de ce long vide peuplé de rêves
inaccessibles, de ce chemin inextricable qui brassait des montagnes
d’impuissance au tréfonds de mon moi.
Tout ceci n’était que la première étape d’un long parcours semé
d’embûches, d’impatience et de désolation, de persévérance…
Mais cette halte dans la conscience serait suivie d’autres et
d’autres encore, jusqu’à la compréhension de la signification de ce
baiser, de cet effleurement, de cette caresse à mon premier signe
d’éveil.
Comme il paraît élémentaire de se lever après une nuit de som-meil
! Comme il est simple de passer d’une situation horizontale à
verticale ! Pour moi c’était impossible !
Pour réparer l’essentiel, refermer mes blessures physiques, cica-triser
mes plaies traumatiques, mon organisme s’était engourdi aux
limites de son pouvoir d’hibernation, en limite de conscience.
*
Non je vivrais ! J’étais devenu, depuis peu, de la race des vain-queurs,
chaque cellule qui recevait de la nourriture désormais trans-formait
cette substance en énergie, microseconde par microseconde,
instant de vie après instant de vie.
15. 19 Un trio infernal
Chaque parcelle de ma mémoire resurgissait du passé et
s’arrêtait à ce bruit immense, cette déflagration qui me reconduisait
sans cesse vers ce vide, dont j’avais été extrait par ce baiser frater-nel.
Chaque jour d’un effort de conscience, m’éloignait de ce préci-pice
où l’on m’avait jeté…
J’ai franchi les étapes qui m’avaient conduit à remarcher, puis à
courir à nouveau.
Quelques données me manquaient ! Où étais-je né ? Dans quel
pays ? Car je le comprenais en regardant les gens qui m’entouraient,
et dans une glace. Je n’étais pas de leur couleur, je n’étais pas des
leurs !
*
Un jour j’ai compris qui j’étais en retrouvant mes habits lacérés
de militaire : j’étais sergent de l’armée de terre française. Mon
nom : Germain Ramier, comme le pigeon… Mon corps avait volé
au-dessus d’un impact d’obus de l’armée ennemie menée par Ho chi
Minh !
Fin de la bataille d’Hanoï : 18 Février 1947, ils avaient détruit
l’institut Pasteur ! Il y avait eu 267 morts… moins moi.
*
Je suis sorti quelques mois après la fin de la bataille de cette pro-tection
bienfaisante et amoureuse et me suis rendu en claudiquant
légèrement vers les centres administratifs locaux.
La guerre n’était pas finie pour la France, loin de là, mais au vu
de mon état, je n’étais plus apte aux besoins physiques des sous-officiers
d’encadrement…
J’ai été réaffecté en garnison en France en juin 1947 où j’ai suivi
les EOA : je suis passé brillamment sous-lieutenant. J’avais alors 28
ans.
En novembre 1947 dans les courriers que je recevais par voie
militaire (de celle que j’aimais à l’autre bout du monde et qui
16. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 20
m’avait sauvé la vie), je percevais des signes de détresse ! La guerre
locale, l’insécurité, le manque de nourriture, d’argent ?
J’étais loin de penser à ce qu’allait m’annoncer la lettre qui m’a
consacré papa d’un jeune bébé mâle, le 2 novembre 1947 !
Etre caserné en France à la Rochelle être jeune, à nouveau plein
de sève me rendait irritable et associable. Cette annonce m’avait
abasourdie dans un premier temps, car je n’étais pas préparé à une
telle information, mais m’avait insufflé un courage jamais revenu
depuis mon départ de Hanoï.
Je suis parti là-bas par la navette postale de l’armée. Un long
voyage.
Cong Minh, mon fils, un mois d’existence, m’attendait dans la
maison des parents de ma fiancée, car j’étais devenu le fiancé.
Chồng chưa cưới c, (fiancé) ce mot était nouveau pour moi, et je
le répétais car le père me pointait du doigt en le prononçant… Sui-vait
« hôn nhân » (mariage)…
Je regardais Thiêu Hoa, elle souriait et je souriais moi aussi et
tout le monde remuait la tête, un sourire forcé et je riais en répétant
ces mots, bêtement ! J’étais heureux, ivre de Rượu trắng.
Ils prenaient le bébé et me le donnaient en disant « Cha », et je
souriais à nouveau en l’embrassant. Quelques mots me revenaient à
la bouche, cảm ơn các bạn rất nhiều (merci beaucoup), Bầu trời
hôm nay đẹp (le temps est beau aujourd’hui).
Nous sommes allés enregistrer la naissance sous administration
française.
Cong Minh Ramier était devenu franco-vietnamien né à Hanoï
de moi, son père Germain Ramier et de Thiêu Hoa…
*
Hélas la guerre n’était pas finie et j’étais militaire en garnison de
la Rochelle. Il fallait que je revienne à la fin de ma permission et le
mariage avec une Vietnamienne était très mal vu à Hanoï.
17. 21 Un trio infernal
Je pense que mon fils de là-bas a été le dernier inscrit sur un re-gistre
de naissance français, à Hanoï.
Plus sûrement que ne l’aurait fait une séparation, la fin de la
guerre en1954, nous a fait rompre toutes les relations écrites que je
cultivais. Je n’avais jamais osé dire à Thiêu Hoa que je m’étais ma-rié
et François était né en décembre 1948.
Je rajoute ce souhait à la fin de ma vie : François, je sais que ce
geste sera dur pour toi mon fils curé bien-aimé : il faut que tu ren-contres
ton demi-frère Cong Minh et que tu l’informes qu’une part
d’héritage l’attend : il est peut-être encore à Hanoï.
Maître Arnault te pourvoira en frais de déplacement…
Que ton Dieu, celui qui t’habite chaque jour, au point d’avoir
laissé ton vieux père, te guide dans ce grand pays longiligne où ma
vie n’a pas voulu m’abandonner.
Demande lui aussi de m’accorder ton pardon, maintenant que je
suis aux portes du paradis…
18.
19. Chapitre 4 Décisions.
François était toujours accoudé au comptoir du « Charroux »,
unique troquet du coin et n’arrivait pas à sortir de la catalepsie pro-voquée
par ses émotions et l’alcool conjugué !
Le père François, curé de la paroisse de Bosmie-l’Aiguille, obs-cure
commune limousine, sentait qu’il était arrivé à la fin de ses ré-flexions
saumâtres et mortelles.
Encore une fois Dieu, sans alcool ne lui avait donné que des so-lutions
dont les besoins matérialistes étaient absents; une fois de
plus il allait se commettre avec ce mécréant de Georges.
Il avait fallu qu’il meure, Germain son vieux, pour écrire des
choses à son attention et pour lui demander de l’absoudre auprès de
Dieu…
Plusieurs fois devant la croix, il avait fait appel au divin pour le
guider.
« Ton chemin est tracé, avait-il répondu ! ».
François à 66 ans, n’avait jamais eu de retours pertinents en
s’adressant à lui, sauf quand il était en limite d’ébriété, alors là, le
Seigneur était prolifique !
Petit détail : pour avoir la totalité d’une réponse, le lendemain il
devait retrouver le fil en buvant !
Au bout d’un moment il s’était aperçu que René et Georges lui
apportaient des réponses, qui, après quelques cognacs, seulement 4
ou 5, le satisfaisaient pour la journée.
René lui amenait des oeufs, la femme de Georges lui faisait des
petits plats, le tenancier fournissait le liquide.
20. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 24
Oui mais dans ce cas qui l’avait amené à boire 11 cognacs, le
problème n’était pas terre à terre, il était d’un autre ordre. Sa vie
s’était écoulée sans ambages, dans un monde facile, ordonné où ses
désirs, exprimés poliment, devenaient des ordres à ceux qui les re-cevaient…
Exemple : « Il y a plus d’argent dans le tronc, qu’en pensez-vous
?
Ce matin, plus d’hosties, plus de vin… ».
Par miracle, son équipe pourvoyait…
Oui mais, depuis la mort de son père, il avait un problème qui ne
pouvait être confié qu’à Georges, à la rigueur René. Il connaissait
Georges et Georges le connaissait…
Comment aborder le problème avec lui ? Le bistrotier allait pen-ser
tout de suite qu’il n’allait pas payer ses 5 cognacs supplémen-taires
à sa ration journalière « mutuellement acceptée ».
*
Là il se trompait, mais il ne fallait surtout pas s’écrouler, en pen-sant
astucieusement que Georges allait noyer le cognac au fur et à
mesure !
Sauf que là il n’avait pas imaginé que Georges n’allait pas rajou-ter
l’eau… D’où son état avancé !
Au fond de lui, notre père curé se demandait pourquoi il était
abandonné aujourd’hui par Georges représentant le terre à terre et
l’autre, père des Cieux, comme son nom l’indiquait…
Il aurait dû causer à René qui était son support, son étai quand
son corps le lâchait, mais alors là, ivre mort il avait toute sa verve et
son esprit, ce matin il sentait qu’il pouvait communiquer avec René,
Georges et Dieu ! Il était à point !
« Putain j’en tiens une sévère, mais il faut que je puisse causer à
Georges et à Dieu en même temps, là je suis mûr. ».
A ce stade il bredouille à Georges :
21. 25 Un trio infernal
« Dis à René qu’il revienne… ».
Georges qui l’observe se dit que sa conscience revient et qu’il va
enfin lui avouer son problème. Il court pour rattraper le fermier et
revient triomphant en disant :
« Il m’attendait pour que je m’excuse… et bien je l’ai fait ».
Le curé en voyant réapparaître René :
« Bon maintenant vous êtes tous là, viens René, tu fais comme
d’habitude, tu me soutiens physiquement, comme quand je rentre à
la cure, sauf que là je ne rentre pas avant de vous avoir tout dit ! »
La coiffe du père tombe, Georges la ramasse et dit en se rele-vant
:
« Bon alors tu nous le dis, oui ou non, qu’est ce qui t’a rendu
comme ça au point que tu dises pas bonjour aux amis ! ».
René sent le corps de son ami de beuverie qui se lâche soudain.
« Georges, viens, aide-moi, il y a quelque chose qui a pété dans
ses guiboles ! »
François reprend alors ses esprits et hoquetant comme le dernier
des poivrots, le doigt pointé vers Georges et se retournant vers Re-né,
déblatère 3 mots…
« J’ai deux frères… ».
Puis il sort de l’argent de ses poches et le pose sur le zinc en di-sant
:
« Tu vois ça, c’est pour payer mes onze cognacs et pour que l’un
de vous vienne avec moi au Vietman, non…Au Vietnam, oui ! Là-bas
en Indo…Chine ? Là où y a des Bouddhas et des roule…ttes de
printemps… ».
Il se reprend et dit qu’il va leur faire un poème.
René regarde Georges l’air égrillard :
« Si on le balançait dans le Boulou, ça l’éclaircirait un peu, là il
est gris… mais sombre, tu vois… je dirais anthracite ! ».
Georges regarde René :
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« Si on fait ça et que ça se sache, il est fini mon commerce, tu te
rends compte un curé à la baille ! ».
Le curé les entend en baissant la tête, et leur dit toujours hoque-tant
:
« Je ne plaisante pas mais mon père m’a fait deux demi-frère…
et légué un tas d’argent »
René rigole en poussant Georges…
« Il a deux demi-frère et dire qu’on disait que son père faisait
jamais les choses à moitié. ».
Les trois compères s’esclaffent tellement fort que la femme de
Georges entre.
« Vous ne le saviez pas, mais depuis sa mort à Germain, tout le
monde sait que le militaire avait la pointe vive dans sa jeunesse. ».
Georges qui pouffait de rire se relève :
« Bon, allez Maria, tu vas à la cuisine, nous on continue la con-versation
entre hommes, hein père curé ? ».
*
Il va derrière la caisse, enfourne l’argent du comptoir, calcule
rapidement et déclare souriant :
« Bon alors on est quitte, plus de dettes divines entre nous ! On
part quand curé chercher tes frères ? Tu es sérieux au moins, moi je
suis partant, comme ça je vais bien trouver quelques boissons là-bas,
que je serai le seul à vendre en France et bonjour le pognon !».
Se mettant en face de René :
« Un demi ? C’est la maison qui régale… »
René hochant de la tête, regarde François qui s’est écroulé au
pied du comptoir :
« Putain ! Il en avait gros sur la patate ! Tu te rends compte ! 2
demi-frères ! Et de le savoir à la soixantaine bien sonnée, avec la
moitié des gens au courant, ça va jaser dans les chaumières. Beh au
23. 27 Un trio infernal
fait… On en a des asiatiques ici, il pouvait pas se servir sur place ?
».
.
24.
25. Chapitre 5 Premier Départ.
Tout allait être prêt dans le gros Toyota de Georges ; Maria pré-parait
les sandwiches. Il n’attendait plus que le père et René qui fi-nalement
ayant réalisé la réalité de l’histoire de François avait
décidé de se joindre à eux.
Un gros bruit venant de la cure alerte Georges. François arrive
avec jean délavé et chemisette à carreau, le ventre emballé dans
l’avant du pantalon, tirant avec peine une valise des années 50 po-sée
sur un chariot fixé par des sandows.
René, la cinquantaine, rouge et veiné, arrive à son tour, cas-quette
de gaucho en équilibre sur le front, la cigarette à moitié fu-mée
au bec. Il regarde le curé éberlué :
« Elle était plutôt amincissante ta soutane, tu avais encore de la
place, tu es sûr que tu vas pas grossir encore ! ».
René s’examine en écartant les genoux, brossant de la main en
descendant jusqu’aux Santiags, son look de gaucho méridional.
« T’as vu la classe ? Les petites Viets elles ont intérêt à se cram-ponner
! ».
Georges les observe avec un sourire moqueur.
« On dirait jamais un curé en vadrouille et un vacher en re-cherche
d’aventures ! », murmure-t-il !
Maria juge les uns et les autres et déclare :
« Eh beh, tu vois quand tu n’as plus ton tablier et que tu
t’habilles comme je te le dis, je regrette pas de t’avoir choisi ! ».
26. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 30
Fier, Georges tourne sur place et remercie, souriant à sa con-jointe,
se lissant sa moustache à demi grisonnante de la quarantaine
largement passée.
Maria sourit de ce geste puéril, reprenant une conversation de la
veille avec Georges :
« Je vous signale qu’on est au 21ème siècle et que la charrue
c’est bien finie… ».
François qui rangeait sa valise, lui dit sans se retourner :
« Qu’est-ce qu’elle nous bassine ! Il t’a dit Maria que des avions
cargos ça coûtait la peau des fesses et nous on n’est pas pressé. ».
Maria indignée se dirige vers le bar :
« Tu seras moins fier quand il faudra repasser tes chemises, cu-ré
! ».
François, qui n’a pas encore bu de la matinée sinon son café cal-vados,
rétorque :
« Je te plains Georges, dis-lui que si on prend le bateau à Mar-seille
c’est parce qu’on prend le Toyota et qu’on a le temps
d’arriver là-bas au Vietnam, d’accord ! ».
Maria s’éloigne de dépit, la rage au coeur…
Georges se précipite.
« Maria, c’est le manque, tu le connais, je sais bien que tu as
compris. Il ne nous faudra pas plus de 2… ou 3 mois pour revenir.
Je sais, tu voulais venir, mais il faut quelqu’un pour tenir le bistro,
mais nos plus gros consommateurs sont avec moi ; alors il n’y aura
pas trop de boulot ! ».
René qui juge la scène, murmure :
« Je regrette pas d’être célibataire, les chèvres c’est bien plus
calme… ».
Georges revenu, entend la dernière partie de la phrase prononcée
par René.
27. 31 Un trio infernal
« Qui insultes-tu dans ta moustache ? Maria ? Tu vas pas revenir
dessus, Maria et toi c’est du passé OK ! ».
Le curé les rejoint et leur demande si tout est prêt pour les pa-piers
de transit, les visas… Ils acquiescent.
« Alors pas de regrets les gars, vous m’acceptez même sans sou-tane
! Bon tu mets en route la charrue Georges comme dirait ta
femme… Bises là, et reviens vers nous sans regrets. Go on y va
d’accord. On verra bien où on pourra faire des prières, même là-bas.
».
28.
29. Chapitre 6 Bonjour aventure !
La moitié de la France venait d’être traversée, le 6 cylindres
tournait comme une horloge, les 3 compères parlaient abondam-ment
des nombreux paysages qu’ils voyaient car aucun d’entre eux
dans leur vie n’avaient dépassé Brive ou Périgueux ou St Léonard…
Georges était le plus étonné, car aller à Limoges était sa plus
grande virée.
On avait déplacé le père curé à Brive, mais il avait tellement était
oppressé de ne plus voir sa mère que l’évêque avait décidé de le ra-patrier
à la suite du décès de son successeur, dans sa paroisse de
L’Aiguille-Bosmie.
La discussion allait bon train, les esprits s’échauffant à
l’occasion de mini casse-croûtes arrosés aux équivalents des bou-teilles
étoilées, autant dire d’infâmes bibines dont Georges connais-sait
la provenance… Bio, il était bio son vin !
Quand il disait ça, René en rajoutait :
« Sans pesticides tes vins d’accord, mais bio, c’est pas possible.
D’abord, elles sont où tes vignes ? En Chine ? ».
Georges rétorquait
« Oui en Chine ! Et tes vaches au cul mou, elles viennent
d’où ? ».
Et la discussion reprenait de plus belle…
« Du cul de leur mère ! » répondait René, « Elles ont le cul mou,
mais leur lait est bon pour la santé sans pesticides… ».
Le curé conduisait le regard fixe, décomposé… Un jour sans
boire, sans messe, sans…
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Il ne les écoutait pas, et il savait pourquoi parce que s’ils lui po-saient
la question piège… Il bafouillerait, parce qu’il savait que
Georges avait le don de le déstabiliser quand il s’agissait de reli-gion.
Georges avait la foi des gens élevés dans la religion mais dont
les parents n’allaient plus à la messe.
René était bouseux et athée.
Mais lui François qui était en 15 jours, passé de la soutane au
jeans, de la toque à rien, de 5 cognacs journalier à 1 café calva au
petit-déjeuner…
Ce testament l’avait vraiment tourneboulé, abasourdi, surpris !
Son père était un héros qui avait été emporté par le fleuve de la
vie, balayé comme un fétu de paille…
Toutes ses décorations posées sur son drap mortuaire : médaille
militaire, croix de guerre 1939-1945, croix de la valeur militaire,
Légion d’honneur, l’avaient ému, mais découvrir les mémoires de
son père dans lesquelles il avait 2 frères !
Parce qu’il avait choisi la prêtrise, son père avait dû lui mentir
jusqu’à sa mort…
Il l’avait nommé comme son fils curé préféré, lui demandant
d’absoudre tout ce qui avait pu le choquer. Quand on meurt à 95 ans
on a pu avoir 9 tranches de vies surtout chez un militaire, donc
beaucoup de choses à réhabiliter !
Quelques larmes traîtresses coulent maintenant, alors qu’il
aborde l’autoroute A9 en direction de Marseille.
Il ne pouvait lui reprocher d’avoir fait un enfant à une Vietna-mienne…
Oui, mais maintenant cet inconnu était son frère, à moitié
bien sûr, et il remuerait ciel et terre au Vietnam pour le trouver ce
frangin demi-sang. Ses amis, joyeux lurons, allaient l’aider à réduire
ses beuveries, mais pas seulement…
Et l’autre frère sur lequel il ne savait rien et surtout pas où il était
né… Celui-ci avait été fait sans autorisation de sa mère, mais en
31. 35 Un trio infernal
quel endroit de cette terre. S’il réfléchissait un peu il devinait que
c’était en Algérie… Un frère Musulman quel drôle de surprise de la
destinée !
Une tape sur l’épaule le sort de ses pensées.
« Eh ! Tu penses à quoi curé, à ton Jésus ? Tu sais qu’où on va, il
fait pas bon être chrétien, ton père le savait, c’est pour ça qu’il ne
t’en a pas parlé du p’tiot Viet ! ».
« Non je pensais à ce que j’ai lu dans le testament, finalement
mon père, je ne voulais pas le croire, mais … c’était un héros…
J’avais 2 héros à la maison. Un sur une croix, mort pour que le
monde vive, que je n’ai jamais vu et mon père, mort désormais, que
je n’ai pas connu. J’ai très envie de voir mes frères pour le revoir
jeune sur des photos qu’ils auraient gardées. ».
Georges, compatissant, lui enserre l’épaule droite :
« Tu pleures François ! Toi le curé imperturbable, arrogant, ra-rement
marrant, tu nous fais du lacrymal… Va, tu peux pleurer,
mais alors donne-moi le volant, il nous reste combien à faire en
France ? ».
« On est à Nîmes ; 150 kms à vue d’oeil ! ».
*
François s’arrête sur une aire de repos et tout le monde descend
pour se dégourdir les jambes.
Georges en profite pour discuter seul à seul avec François :
« T’aurais pas fait une connerie dont tu ne peux pas encore par-ler
? Genre… ».
René arrive des toilettes, en fermant les boutons de sa braguette.
« C’est bien beau les pantalons en cuir, c’est résistant, etc…
Mais alors pour pisser je te dis pas. »
Georges en riant lui rétorque :
« T’as pas un sujet plus intéressant, par hasard ! ».
René est vexé :
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« Tu me cherches Georges ou quoi ? ».
« Non, mais j’imagine le prochain problème avec la grosse
commission ! ».
René se ferme, se r’enculotte et se dirige rapidement vers la voi-ture
en maugréant :
« Mes vaches, elles ne me jugent pas, elles ! ».
33. Un trio infernal.
Chapitre 7 Embarquement.
François en pénétrant sur le cargo qui allait les transporter vers
l’île de la Réunion, puis le Vietnam, pensait qu’il devrait se blinder
mentalement face aux choix qu’il avait faits…
Germain Ramier, son père, n’imaginait pas la révélation que ce
voyage allait faire sur son fils. Tout d’abord la prise en compte des
souffrances subis par son père sur le plan physique, puis sur le plan
de ses secrets de famille cachés à cause du statut de prêtre que lui,
François, avait choisi un peu contre son avis.
La découverte que son père l’aimait comme son seul fils auprès
de qui il avait vécu, la religion les ayant séparés ! Quelle histoire !
Cette espèce de jeu où il devait replonger dans le passé de son père.
Maître Arnault ne devait dévoiler la suite du testament que phase
après phase… Etait-ce un amusement de son âge ?
Enfin quelque chose de différent se passait, mais là un mort
l’obligeait, par respect à sortir de son environnement religieux.
*
Encore une fois, en pénétrant dans cet immense navire, au début
de ce long voyage en mer de 45 jours, il ressentait cette angoisse qui
l’oppressait en préparant ce futur voyage terrestre vers Hanoï à par-tir
du port d’Hai Phong.
A sa manière, François expérimentait ce que la vie lui avait em-pêché
de faire pendant son sacerdoce…
Il avait caché à ses compères que le coût du voyage avait été di-visé
par deux car ils voyageaient et dormaient dans le carré
d’équipage avec pour mission, des corvées secondaires comme la
34. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 38
plonge, les repassages d’habits, les corvées de nettoyage (à une ca-dence
évidemment inférieure à celle des membres de l’équipage)…
Ce qui était parfait, était que seuls les membres de l’encadrement
parlaient français, certains étaient Vietnamiens. Ils étaient donc iso-lés
et tranquilles.
René était aux anges de découvrir les conditions de son voyage,
Georges n’était pas surpris de la manière dont son prêtre les avait
piégés.
*
Les corvées commençaient à faire leur effet sur le sommeil des
compères et ils n’avaient que rarement l’occasion de se chamail-ler…
Plusieurs semaines venaient de se passer et ils commençaient à
devenir des auxiliaires aguerris…
*
Georges tournait autour du pot depuis une dizaine de jours, mais
François ne disait rien de ce que voulait entendre « son ami », car le
travail les avaient tous rapprochés comme les trois mousquetaires.
Ils voulaient mieux se connaître. Les parties de cartes se terminaient
souvent avec une bonne cuite ! Peu à peu ils reprenaient leurs
vieilles habitudes !
L’ennui du voyage et la mer, toujours l’eau, les avaient conduits
à nouveau sur les chemins d’autres liquides, alcoolisés ceux-là. Le
capitaine les avait prévenus que s’ils continuaient, il n’aurait
d’autres solutions que de les déposer à l’une de leurs escales.
Ces semonces à répétitions les avaient conduit à se séparer de la
moitié des bouteilles consommées, puis encore la moitié...
Ivres, le temps n’avait pas de signification en termes d’ennui. A
jeun le temps se traînait.
Jusqu’au jour où Georges avait mis les pieds dans le plat.
35. 39 Life Source Quest. Complotseden
« François, mon curé, pourquoi as-tu laissé tomber ta soutane,
ton couvre-chef, j’aperçois à peine la croix, que s’est-il passé ? On
est copain maintenant, alors on veut savoir ? ».
François se lève, pathétique :
«Mes amis, j’ai été défroqué, l’alcool avait fait de moi une
loque. J’ai été convoqué et semoncé. On m’a enlevé ma cure.
La mort de mon père a été la goutte de trop et le catalyseur de
mes débordements. Que pouvais-je faire sinon accepter. Une mise
en retraite forcée somme toute, 66 balais, avec pour objectif la perte
de mon addiction à l’alcool.
Encore une fois à cause de l’alcool, nous avons eu des remarques
cette semaine !
Nous devons devenir raisonnables ? Nous avons l’âge pour
l’être ! ».
*
Ce long voyage en mer donnait à chacun le droit de s’exprimer
de découvrir les zones d’ombres qu’ils n’auraient jamais pu éclair-cir
dans leurs beuveries de comptoir.
Georges continuait :
« C’est pas possible ? Ils auraient dû me demander, l’évêché ! Je
suis le centre économique de Charroux ! Avant y avait le forgeron
et l’épicier, maintenant si je disparais, fini le village. Plus de poste,
ils m’ont demandé de faire dépôt de timbres, et de courrier. Me faire
disparaître nôtre curé, c’était me faire trépasser, moi ; ils y ont
même pas pensé ! ».
René intervient à ce moment en se pointant du doigt :
« Eh oh Georges, et moi je compte pour du beurre ? ».
Georges sourit et continu :
« Bien sûr que tu comptes mais admets que tu n’avais pas le Bon
Dieu avec toi, et lui François, j’étais sûr qu’il l’avait. ».
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François, le regard pétillant baissé préparant un acte de contri-tion,
répond moqueur :
« Ouais Georges, mais toi il t’a pas écouté Jésus, ni moi…
D’ailleurs, je comprends toujours pas, quand j’étais un peu chargé,
il me causait j’en suis sûr ! Remarque, vu que je suis défroqué, je
me demande ce qu’il en pense. Là par exemple ces derniers temps
que j’avais repris l’alcool…rien ! Rien ! Nada… ».
René qui écoutait avec intérêt ayant le front froncé dans une pro-fonde
réflexion, l’interrompt.
« François, moi je sais ! ».
Georges et François étonnés le regarde avec interrogation et ré-pondent
ensemble :
« Tu sais, toi, une réponse à un problème religieux ! ».
François reprend : « Alors tu nous dis… ! ».
René surpris de l’intérêt de François, répond du tac au tac :
« Le cognac ! ».
« Quoi le cognac ? ».
« Putain, mais vous comprenez rien ! Le cognac, oui, François,
ça fait combien de temps que tu ne bois plus tes 5 Martel 3 étoiles ?
Georges… je te signale qu’il les noyait à l’eau bénite. ».
Georges commence à s’énerver…
« Dis René tes vaches, tes chèvres et ton lait, j’ai jamais contrôlé
ce que tu faisais ! Mon cognac béni, M le curé causait au bon Dieu
après, et moi j’étais fier ! C’est pour cela que je le lui offrais… Bon
on va pas s’énerver ! ».
François reprend l’avantage :
« Tu sais René, je le savais qu’il le bénissait son cognac ! Si
j’avais su qu’il le faisait avec mon eau bénite ça m’aurait expliqué
beaucoup de chose… De toute manière je suis défroqué maintenant
si le seigneur veut me causer, il le fera, d’ailleurs je ne le compre-nais
pas souvent. ».
37. 41 Life Source Quest. Complotseden
Georges et René commencent à bailler de concert :
« Si on se faisait une petite sieste… ».
René reprend :
« P….. Ça fait plaisir de se dire tout entre amis… pas vrai
Georges, tu n’imaginais quand même pas que c’était l’eau bé-nite
? ».
Ils partent tous d’un grand éclat de rire.
François profite de cet instant pour placer son petit commen-taire
:
« Saviez-vous que je suis aussi poète mes amis ! ».
René et Georges qui avaient engagé quelques pas pour rejoindre
leur couche se retournent. Georges rétorque sarcastique :
« Un curé poète ! C’est pas possible, il ne nous manquait plus
que ça !!! ».
« Dommage, j’avais un poème sur l’amitié, et comme on était
devenus amis ! ».
René reprend :
« Tu as fait un poème sur notre amitié ? ».
« Non plus globalement. Allez je vous le fais…».
François se lève et déclame son poème, regardant ses amis les
bras tendus vers eux.
« Amitié,
Serait-ce l’amour ?
Peut-être…
La passion ?
La tendresse
La folie ?
Que nenni !
38. Error! Use the Home tab to apply Titre 1 to the text that you want to appear here. 42
L’amitié se construit,
Elle est la goutte d’eau
Qui deviendra ruisseau…
Elle est subtile
Se glisse dans les coeurs
Sans jalousie
Ni rancoeur
Infinie et rare
Confiante et généreuse
Inaltérable
Inusable
Réconfortante et partagée
Ici, réside son secret !
Plus rare que l’amour,
Plus forte que le temps,
Raisonnable dans l’instant
Amitié
Tu es la semence qui ne meurt jamais,
Tu es l’appui à jamais respecté,
Tu es la cohérence,
La fleur de l’existence…
Tu es la pierre angulaire
D’une vie où règne le partage.
39. 43 Life Source Quest. Complotseden
Tu es un joyau précieux
Aussi pur que nos yeux…
Tu es,
Deux coeurs en osmoses !
Un lien démesuré
Qui traverse le temps
Durant infiniment… ».
René qui commençait à se marrer au début, semblait très ému à
la fin…
Georges interpellé par cette ode, reste muet quelques secondes,
puis reprenant le dessus lui dit d’une voix vibrante :
« Tu m’aurais dit que tu étais poète, je serais venu à la messe et
t’aurais eu droit en plus de tes cognacs à mon vin bio ! Maria était
au courant ? Non, je préfère. Là tu me bluffes François ! Sur ce,
bonne sieste à tous. ».
*
Qu’il était long ce voyage, long et ennuyeux : le père curé et ses
poèmes, René et ses vaches (il en rêvait chaque nuit), Georges qui
pensait à sa Maria et surtout à sa recette, sa caisse et sa monnaie et
les soirs de fêtes quelques billets de 200€ !
Le pire c’était l’époque de la kermesse, plus de curé, et plus de
clients. Il n’y avait pas que des chrétiens dans la commune mais à la
kermesse le prix du vin était ridicule, alors ils y allaient tous.
François qui n’officiait plus, écrivait des poèmes sur les femmes
qu’il n’avait pas eues et surtout sur celle qu’il aurait pu avoir… et
sur tous les sujets qui lui passaient par la tête.
Quand il osait, il leur déclamait un poème philosophique sur la
vérité, sur la colère, sur la guerre d’Ukraine qui battait son plein, sur
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Gaza qui mourait sous les bombes ennemies, sur les images qu’il
voyait sur Facebook au temps où il était sur terre et dans sa cure.
Il ne les faisait pas trop compliqués, car il connaissait son audi-toire…
Il avait réussi à intéresser ses amis sur un poème sur une île
qu’il avait vu au large d’une terre et puis sur Éole, le Dieu du
vent…
Chaque soir Georges lui disait par fraternité, depuis le poème sur
l’amitié :
« Tu nous as fait quoi comme chef d’oeuvre ce soir ? ».
Le curé répondait par exemple : « Eole ! ».
« Quoi Eole ? ».
« Eole le dieu grec du vent dans la mythologie! ».
Georges répondait « Ah bon ! Encore un que je connaissais pas ?
Alors vas-y ! ».
Alors François vibrait de tout son corps, le vent agitait ses bras et
il vivait son poème :
« Eole…
Du plus petit zéphyr au simoun brûlant,
Du plus petit pet qui caresse l’instant,
A de terribles et puissants déchaînements,
Ton arsenal de destruction est… ahurissant.
L’homme t’observe, cherchant obstinément
D’où viennent tes racines de dément…
Une conclusion simple s’impose résolument ;
Tu t’appuies sur du vent… évidemment !
Et la boucle est bouclée, peu importe ses clones,
41. 45 Life Source Quest. Complotseden
Ceux que l’homme a déclenchés avec ses bombes,
Comme ses champignons, tachés de tant de tristes tombes…
Il continue sa route bordée de doux cyclones…
Vents du nord, rafales d’ouest ou d’orient,
Ne soyez pas en reste… soupirez ardemment !
Votre père de pensées, Eole, est parti à l’école,
Ses amis soufflants lui ont appris, un nouveau protocole…
Du froid du vent du nord, aux vents catabatiques,
Des vents ardents du sud, à ceux de l’antarctique,
Il apprend de nouvelles versions brûlantes de folies ;
Cyclones enlacés, typhons endiablés, terrifiants tsunamis !
La terre les entraîne dans sa rotation perpétuelle !
De voies tracées très droites, le vent dévie des siennes,
S’enfonçant dans la tourmente de cimes de gratte-ciel,
S’enlaçant… dans les pales blanches de femmes éoliennes…
Souffle vent de tempête, de l’amour ou de la guerre
Qui peut arrêter ta course affolante ?
Ta destruction impressionnante ?
Sinon l’attente, de ta fin de colère… ».
Ensuite Georges l’envoyait à sa femme par la poste du bateau.
« Ce soir j’ai vu une île mais j’ai pas pu t’inviter dessus car
c’était une île de gardien, mais lis, c’est beau, ton absence me trans-cende
Maria.
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Mon île…
Je te regarde au loin affleurant de rochers
Battue de vagues folles par la mer sans arrêt
Eblouissante et forte au milieu des marées,
Etrange et solitaire au coeur de tes attraits…
Une île un peu comme une araignée
Qui tisse sa toile de brumes isolées,
Dont l’ancre sans fond, cramponnée à la terre
Annonce tant de voiles et d’histoires de mystères
Tu resplendis au loin dans ton coffret d’airain…
Lorsque brille ton dieu Râ, qui là-bas te rejoint,
Tes barrières de brisants se nacrent en embruns,
Reflétant tes couleurs de granits et de bruns…
Je suis un vieux marin perclus de tant d’années,
Bien trop souvent passées, sur tes flancs démontés
Surveillant, dans ce phare, de tes pierres bâties,
Le regard souvent tourné…
Vers cette terre… où tu me vois assis… ».
Georges écrivait, écrivait, sombrant dans l’ennui.
« Récemment le père curé s’y est mis lui aussi. Seul René pleure
en pensant à ses vaches. Des fois on ne peut pas s’empêcher d’avoir
une larme. Ce voyage me fait connaître des trucs Maria tu ne peux
pas savoir, j’ai l’impression de sentir mon cerveau gonfler !
Tiens je te donne le texte de François, maintenant on est ami,
plus de soutane entre nous…
43. 47 Life Source Quest. Complotseden
Il continuait à écrire inlassablement !
Alors le voilà j’en ai fait une photocopie c’est un peu compliqué
mais c’est beau. Je te cache pas que j’avais jamais vu la vie sous cet
aspect :
Carpe diem… La vie
Vivons le jour !
Vivons l’instant !
La vie est une fleur regardant le temps.
Elle est un mouchoir de larmes, s’agitant !
Il faut l’accueillir et puis la recueillir.
Il faut la cueillir face au néant.
L’aimer dans sa brutalité,
L’aider dans sa complexité,
La cajoler dans sa diversité…
Lorsqu’elle ouvre les yeux
Les brumes se dissipent,
Les rêves s’estompent…
Les pensées s’effilent en pelote,
Puis s’affinent…
Les idées défilent…
Les synapses épurent le levant.
Les sentiments réveillent
Les pensées du couchant,
S’habillant du moment…
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Le corps s’anime !
Fin du sommeillant !
Les bras s’étirent dans l’espace
Comme les corolles d’une fleur …
L’aurore se défile.
Le jour revient,
Carpe Diem…
C’est beau même si tu n’en comprends pas la moitié, ici François
nous a expliqué. Je te jure que c’est beau. Déjà Carpe diem c’est
magique. Bon à demain. »
*
« Ah oui, aujourd’hui ton Georges s’est fendu en pensant à toi
ma douce, là-bas au Charroux en train de causer peut être de nous et
déclamant nos poèmes, mais celui-ci il sera rien que pour nous
deux… Là c’est vraiment ma poésie profonde, tu le sens hein ma
mie, tu vois de quoi je parle :
Le vrai chemin
Tu m’as donné l'amour, je vis auprès de toi…
Tu es ma femme, mon amie, ma compagne.
Les jours avec toi sont sans peine et sans hargne…
Ce soir dans mon sommeil,
Je m'en irai par les chemins bénis de la tendresse
Je briserai le temps qui nous séparerait,
J’enfermerai nos instants de folies,
45. 49 Life Source Quest. Complotseden
Dans l’espace clos de la mélancolie,
Je pénétrerai dans l’iris de tes yeux,
Pour y cueillir les instants merveilleux…
Je caresserai nos pensées insondables,
J’enfoncerai, mes voeux dans les sillons du sable,
Longuement labouré de nos folles ivresses.
Je m’effondrerai, grisé d’un bonheur ineffable
Sur les braises ardentes de nos tendres caresses…
J’écouterai les cieux, empreints de tes longs spasmes
Accompagnant mes cris, délirants de fantasmes…
Je m’apaiserai enfin sur les bords du rivage
Conduisant calmement à la fin de nos âges…
Tout ceci est rêverie, images et chimères,
Notre vie fut très sage, parsemée de misères
Bordée de la présence douce de nos tendres enfants
Et de ces songes insensés de mes pensées d’amant…
Ce soir dans mon sommeil,
Je m'en irai par les vrais chemins bénis… de la tendresse… ».
« Bon aujourd’hui on arrive à Hai Phong paraît-il avant 18 h, je
te laisse, car il va falloir tout rassembler et c’est là que commence
l’aventure. Salut ma Maria ! Je suis totalement excité de voir tout
ça.
Encore un avant de débarquer ! Là le curé a fait très fort, mais,
celle-là parce qu’on commençait à franchement s’ennuyer !
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« Mélancolie.
Instant de tristesse,
Moment de solitude,
Une larme traîtresse
Coule sur ma quiétude…
Étrangère à ce monde,
Incomprise de tous
Univers inconnu,
Voilà, j'y suis perdu…
Je plonge et me meurs
Là où les fées m'effleurent,
Là où vibrent les fleurs
Et où sèchent mes pleurs…
Hors de moi, incertitudes !
Loin de moi, inquiétudes !
Quelques jours dans la vie
Tu m’envahis… mélancolie... ».