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2019 — Mutations — 2020
PROJETS ET HORIZONS
Quelque chose
a changé en 2019
3
Par Julien Villalongue,
Directeur de Leonard
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
n 2019, l’environnement devient la première
préoccupation des Français. Au cours des
derniers mois, la succession d’interpellations et
d’initiatives a considérablement sensibilisé les
citoyens et les acteurs économiques. Si les rapports
du GIEC confirment année après année le diagnos-
tic des scientifiques, ce sont des pans entiers de
la société qui se saisissent aujourd’hui de l’enjeu.
D’abord, les étudiants : avec leur Manifeste pour
un réveil écologique, ils entendent peser dans les
stratégies des entreprises ; ensuite, les citoyens :
au-delà des manifestations dans l’ensemble des
régions du monde, la France a inauguré la Conven-
tion citoyenne pour le climat, exercice original pour
tracer la route d’une transition écologique, prenant
en compte les enjeux sociaux. Ce sont également
les politiques qui ont pris des dispositions, avec
par exemple le Plan Climat de l’Union européenne,
qui doit accompagner les États membres dans
la concrétisation de leurs politiques et enfin, les
entreprises qui, par leurs engagements volontaires
prennent le chemin de la neutralité carbone en
2050 et pointent les risques liés à l’inaction.
Parce qu’elle concerne des enjeux systémiques et
une transition inéluctable irrésistible cette dyna-
mique s’inscrit dans la décennie qui s’ouvre. Elle
verra les entreprises y jouer un rôle fondamental
car elles devront penser, construire et mettre en
œuvre les solutions pour les territoires, les villes,
les habitants.
C’est donc naturellement que l’enjeu de la transi-
tion écologique s’est imposé comme structurant
pour l’ensemble des activités de Leonard.
Par notre capacité de veille et d’interpellation
nous donnons la parole à ceux qui pensent et
font le futur des villes et des infrastructures ;
par notre activité de prospective, nous mettons
en cohérence des visions pour dessiner des
futurs enthousiasmants ; par nos programmes
innovants, nous accompagnons entrepreneurs
et innovateurs, pour construire ensemble les
solutions que la situation exige.
Ce yearbook est un exercice de rétrospective ; il
donne à voir les réalisations des mois passés
– projets intrapreneuriaux, programmes start-up,
expérimentations ou bien encore explorations
prospectives – ainsi que les transformations à
l’œuvre dans les métiers et les marchés des villes
et des infrastructures (innovations, nouveaux
usages et nouvelles attentes). Il donne un aperçu
de la dynamique de la communauté de Leonard
et du foisonnement des projets qu’elle construit.
Mais ce yearbook a un objectif pour la période qui
s’ouvre : celui d’appeler les acteurs du futur des
villes et des infrastructures à contribuer à cette
aventure exigeante et enthousiasmante, ouverte
par Leonard.
J’espère que la lecture de ces pages vous en
convaincra.
E
R E T O U R S U R 2 0 1 9
2019 : 12 dates pour bâtir
le futur des villes
et des infrastructures
16 AVRIL
Après l’incendie de la cathédrale
Notre-Dame de Paris, vers quelle
reconstruction ?
Dans la nuit du 15 au 16 avril, Notre-Dame
de Paris a perdu dans les flammes sa toiture
médiévale et l’emblématique flèche créée
par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe
siècle. Le
reste de l’édifice, fragilisé, a pu être sauvé par
les soldats du feu. « Nous reconstruirons Notre-
Dame », a d’emblée annoncé le président de
la République. Les soutiens ont afflué – VINCI
proposant un mécénat de compétences. Pour
quelle reconstruction ? La charte de Venise et
le code du patrimoine fixent un cadre ouvert
à interprétation : reconstruction fidèle, moder-
nisation... Les débats sont vifs. Une certitude :
la technologie du XXIe siècle jouera un rôle
décisif.Lesinspectionspardronescomplètent
lescanintégraldelastructure,réalisédès2010
par l’historien Andrew Tallon et que complète
une maquette BIM de la cathédrale effectuée
par ArtGP. La modélisation acoustique aussi
est mobilisée : en 2013, l’enregistrement de
concerts a permis de produire un modèle
acoustique 3D de l’édifice, utile pour appré-
henderleschoixdegéométrieoudematériaux.
28 MAI
Le boulevard périphérique de Paris se
cherche un nouveau destin
Dans son rapport sur le devenir du périphé-
rique parisien, la Mission d’information et
d’évaluation du Conseil de Paris préconise de
ramener la vitesse maximale à 50 km/h, de
réduire drastiquement la circulation, de libérer
une voie pour les transports en commun…
L’idée maîtresse : faire de ces 35 km de voies
rapidesnonplusunerocadesaturée,polluante
et coupant l’hypercentre des autres aires du
Grand Paris, mais un boulevard urbain, ouvert
sur la ville. À l’orée des élections municipales,
adapter cette infrastructure née pour l’au-
tomobile aux exigences environnementales
et urbanistiques de la métropole parisienne
fait désormais consensus. Et s’inscrit dans
une perspective tout aussi transformatrice,
à l’échelle du Grand Paris. En réponse à la
consultation internationale organisée par le
Forum Métropolitain du Grand Paris, Leonard
et ses partenaires, avec le projet « New Deal
pourlesvoiesrapidesduGrandParis », proposent
ainsi de réduire de 50 % le trafic sur les voies
rapides de l’agglomération à l’horizon 2050,
tout en déplaçant plus de voyageurs sur des
voies dédiées aux transports collectifs.
25 SEPTEMBRE
Le plus grand terminal aéroportuaire
du monde ouvre au public
Avec 100 millions de passagers par an, l’aé-
roport de Pékin (2e
fréquentation mondiale)
saturait. Au sud de la capitale, le terminal 1
du nouvel aéroport de Daxin prend la relève,
avec une capacité de 45 millions de passagers
par an. Le complexe, fruit du travail d’ADP
Ingénierie, de l’architecte Zaha Hadid et du
Beijing Institute of Architectural Design, a été
construit en 4 ans. Un temps record pour faire
surgir, en rase campagne, 700 000 mètres
carrés d’un bâtiment couvert d’un toit d’un
seul tenant (et affichant une façade de 5 km),
4 pistes et 268 places de stationnement
d’avions. Pour réduire les temps de parcours
des voyageurs, la desserte des différents
terminaux s’effectue verticalement, sur 7
niveaux, limitant à 600 mètres maximum la
distance séparant le cœur du terminal d’une
porte d’embarquement. Une gare souterraine
de métro et de train assure les arrêts en
centre-ville en une vingtaine de minutes.
27 SEPTEMBRE
Le Sénat dit « oui » à une responsabilité
élargie des producteurs pour le bâtiment
Le projet de loi « contre le gaspillage et
pour une économie circulaire », prévoit 6
nouvelles filières de responsabilité élargie
du producteur (REP). Le BTP est l’une d’elles.
L’enjeu ? Améliorer le taux de valorisation
de ses déchets. Il atteignait 61 % (déchets
inertes) en 2014 selon l’Ademe – sachant que
41,6 millions de déchets ont été produits au
total en 2018. Après son vote définitif par le
Parlement, la filière pourra compter, à partir
de janvier 2022, sur la collecte gratuite des
déchets de chantier triés et valorisables.
Contrepartie : les producteurs devront s’ac-
quitter d’une écotaxe. Éco-organismes, pro-
ducteurs et artisans débattent des modalités
possibles. Une start-up issue du programme
Intrapreneurs Leonard, Waste Marketplace,
fait avancer le sujet : elle connecte d’ores
et déjà les chefs de chantier aux centres
de gestion spécialisés, simplifiant ainsi la
prise en charge des déchets et le reporting,
et en permettant, au passage, de faire 15 %
d’économies en moyenne. En 2019, Waste
Marketplace a traité 20 000 tonnes de
déchets, assurant 80 % de valorisation.
4 5
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
R E T O U R S U R 2 0 1 9
30 SEPTEMBRE
La licorne du coworking WeWork rate
son entrée en Bourse
Initialement tourné vers les indépendants,
aujourd’hui prisé par les grands groupes, le
coworking s’est imposé comme l’une des
réponses aux mutations du travail. WeWork,
licorne américaine financée notamment
par SoftBank, promettait de le faire entrer
dans une nouvelle ère, alliant technologies
de pointe et hauts niveaux de service. Les
promesses et les visions ébouriffantes de
son fondateur et CEO, l’exubérant Adam
Neumann, et ses pratiques de gestion opa-
ques, ont fini par refroidir les investisseurs,
alarmés par les résultats et les perspectives
réelles annoncées par l’entreprise. L’échec
de l’introduction en Bourse dessine en tout
cas les limites d’un secteur par ailleurs extrê-
mement dynamique… et donc susceptible de
faire tourner les têtes.
9 OCTOBRE
L’Île-de-France lance son projet MaaS
En 2020, Île-de-France Mobilités entend
mettre à disposition des voyageurs une
application unique pour planifier et payer son
trajet, et en proposant plusieurs options de
transport : transports en commun, vélos, taxis,
VTC, covoiturage, véhicules partagés…). Cette
solution « Mobility as a Service » (MaaS), selon
l’autorité des transports d’Île-de-France,
passera par la constitution d’une plateforme
d’informations multimodale « neutre et
ouverte ». La RATP pourrait être le premier
opérateur à l’expérimenter, avec une offre
« MaaX » (Mobility as an eXperience) ouverte
à 2 000 Franciliens et intégrant une dizaine
de fournisseurs de services de mobilité.
29 OCTOBRE
À Venise, l’acqua alta met habitants et
patrimoine à l’épreuve
156 cm d’eau relevés à la station d’observa-
tion de la pointe de la Salute. Pareil niveau
n’avait pas été atteint depuis décembre 2008.
À l’époque, déjà, la fragilité de la Cité des
Doges, noyée quand les grandes marées fran-
chissent les 3 passes naturelles de la lagune,
faisait regretter que les 78 digues mobiles
du projet MOSE (Modulo Sperimentale
Elettromeccanico), censées protéger plus de
15 % de la ville en cas d’inondation impor-
tante, ne soient pas opérationnelles. Las,
en 2019, le chantier est loin d’être achevé.
L'agglomération doit composer avec l’inexo-
rable montée des eaux. Plus que jamais, cette
année, la capacité de résilience de Venise et
des Vénitiens a été mise à l’épreuve.
1ER
NOVEMBRE
New Delhi retient sa respiration
Dans certains quartiers, la pollution de l’air
atteint 20 fois le maximum admis par l’Orga-
nisation mondiale de la Santé. Les autorités
de New Delhi décrètent l’urgence sanitaire
dans la capitale indienne. Les chantiers
s’arrêtent, la circulation est limitée et des
milliers d’écoles sont fermées. Les épisodes
critiques de pollution de l’air affectent régu-
lièrement d’autres métropoles indiennes : le
continent compterait 15 villes parmi les 20
plus polluées au monde. Les brûlis, les gaz
d’échappement et les poussières de chantier
en sont les premières causes. Les autorités
ont développé un large réseau de métro, une
autoroute périphérique censée limiter le trafic
des poids lourds en centre-ville ; taxis et bus
sont invités à se passer du diesel et la circu-
lation alternée est régulièrement pratiquée.
Des efforts immenses, mais toujours pas à la
mesure de la croissance des métropoles et
de l’économie indienne.
6 7
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
3 NOVEMBRE
Lancement officiel du chantier
des Jeux olympiques
À Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le Premier
ministre a lancé officiellement le chantier du
village des Jeux olympiques et paralympiques
2024, qui accueillera plus de 15 000 athlètes
sur 52 ha. Ce qui a compté dans le choix de
Paris pour accueillir les JO ? Son engagement
à privilégier des chantiers sobres en énergie
et en matériaux (respectant la trajectoire de
neutralité carbone en 2050), à concevoir des
structures réutilisables, à développer des
solutions de mobilité pérennes bénéficiant
aux habitants de la métropole, ainsi que des
aménagements propices à la protection de
la biodiversité. Le village, après les Jeux, sera
converti en logements, commerces, équipe-
ments et espaces verts.
7 NOVEMBRE
Le triangle de Gonesse
n’accueillera pas EuropaCity
Le projet de centre de loisirs et de commerces
qui devait accueillir 30 millions de visiteurs
par an dès 2027 dans le Val-d’Oise ne sortira
pas de terre. En dépit des promesses de créa-
tion d’emplois dans ce territoire défavorisé et
des engagements des promoteurs à com-
penser intégralement les terres artificialisées,
l’Élysée a fini par y reconnaître un symbole de
la consommation de masse en contradiction
avec les aspirations de l’époque. Les 80 ha de
cultures céréalières ne seront pas remplacés
par cet ensemble d’équipements de loisirs,
d’hôtels et de commerces. Leur sort n’en est
pas moins suspendu au devenir, désormais
incertain, de la ZAC, dont EuropaCity était la
figure de proue. L’abandon de ce très grand
projet pourrait également avoir un impact sur
le tracé de la futur ligne 17 du Grand Paris et
le destin de la gare de Gonesse, dont la mise
en service est prévue en 2027.
7 NOVEMBRE
23 000 tonnes de béton prêtes à
accueillir la fusion nucléaire
À Cadarache (Bouches-du-Rhône), le gros
œuvre du chantier d’ITER est terminé. En
5 ans, VINCI et ses partenaires ont donné
le jour à l’infrastructure qui accueillera un
« tokamak », ce réacteur révolutionnaire en
forme de tore capable de confiner un plasma
de 150 millions de degrés et produit par la
fusion de noyaux d’hydrogène. Les 35 pays
qui portent ce très ambitieux projet prévoient
de mener les premiers tests du réacteur en
2025. L’objectif : prouver qu’il est possible de
produire davantage de puissance électrique
(500 MW) qu’il n’en faut pour « allumer » le
plasma (50 W).
15 NOVEMBRE
Sidewalk Labs détaille son smart
quartier pour Toronto
Sur un peu moins de 5 ha, les quais de
Toronto sont le terrain d’expérimentations
le plus avancé de Sidewalk Labs, la branche
« smart city » d’Alphabet. Le quartier se veut
un modèle d’économie d’énergie, de gestion
des déchets, de fluidité dans les transports
et de services intelligents grâce au numé-
rique. Waterfront Toronto, le consortium
représentant les collectivités territoriales,
a obtenu de Sidewalk Labs qu’il revoie ses
ambitions à la baisse – la surface concernée
passant notamment de 77 à 5 ha – et qu’il
donne des garanties sur la préservation
des données personnelles des citoyens. La
nouvelle copie de Sidewalk Labs confirme
enfin que l’infrastructure, « sensible » et active,
contribuera à protéger l’environnement, tout
en améliorant la qualité de vie.
R E T O U R S U R 2 0 1 9
8 9
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
S O M M A I R E
212
Réalisations
88
Prédictions
42
Trans-
formations
14
Parcours intrapreneurs :
cap sur les projets à
impact
20
Start-up et scale-up,
à chacun son programme
30
« Le futur des mobilités
se joue sur les
infrastructures »
34
L’intelligence artificielle
s’intègre au sein
des métiers avec le
parcours IA
38
New Deal : le patrimoine
des voies rapides du
Grand Paris au service
des mobilités de demain
40
Building Beyond #2 : un
voyage inspirant à travers
toutes les échelles des
villes et des territoires
1 3
10 11
44
Les dix mots dont
on parlera demain
48
L’environnement s‘invite
dans toutes les équations
54
Villes mutantes : le bâti
et les infrastructures
s'adaptent
62
Travail 3.0 : la grande
mutation des lieux
et des liens
68
Quand le futur fait
appel aux matériaux
traditionnels
74
IA et open data :
le système nerveux
des villes fait sa mue
80
Construction Tech :
les machines,
compagnons
indispensables sur
les chantiers
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S & T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
Réalisa-
tions
1
Illustration :RaulAguiar
Parcours intrapreneurs :
cap sur les projets à impact
14 15
R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
Parcours intrapreneurs :
cap sur les projets à impact
Pour la 4e
année, le parcours intrapreneurs
de Leonard mobilise la créativité des col-
laborateurs des entreprises de VINCI. En
2020, 9 projets sont entrés en incubation,
pour tester leur viabilité et leur potentiel
d’impact.
Quatremoisd’incubationetquatremoisd’ac-
célérationpourtransformeruneidéeenprojet
viableets’approprierpleinementl’espritetles
méthodes des entrepreneurs : c’est le pari du
parcours Intrapreneurs de Leonard. Peu après
leur admission au parcours, les projets sont
exposés aux retours et analyses des pairs
et mentors pendant la « rush week ». Un
comité d’accélération sélectionne, au terme
de 4 mois d’incubation, les projets qui seront
dotésdesmoyensd’atteindrerapidementune
capacité opérationnelle. Année après année,
le programme s’affirme comme un puissant
« booster » pour les projets et les parcours des
talentsporteursdesolutionsinnovantes,dans
tous les métiers du Groupe.
Le 10 septembre 2019, le comité de sélection
a retenu 9 projets, parmi 70 candidatures.
Les projets en devenir
7 projets liés aux activités du Groupe ont
été sélectionnés pour être accompagnés
en phase d’incubation. Cette 4e
promotion
s’est emparée en particulier, d’enjeux liés à la
décarbonation, la protection de la ressource
en eau et l’économie circulaire. Un projet, à
dimension sociale et solidaire, voué à devenir
une Joint Venture sociale complète cette
promotion. Ainsi, « La ressourcerie du BTP »
vise à proposer une solution pour faciliter le
diagnostic, la dépose propre et la valorisation
des matériaux en fin de chantier, en privilé-
giant l’insertion professionnelle.
Les nouvelles offres déployées
via le parcours intrapreneurs,
sur le marché en 2020
Parmi les business qui ont finalisé leur phase
d’accélération,« Synapse »,portéparAlexandre
Cousin, propose d'optimiser la résolution des
problèmes d'ingénierie grâce à la création
d'outils numériques basés sur le « genera-
tive design ». Que ce soit sur l’implantation
des fondations ou sur l’aménagement des
espacesdansunhôpitaloudeslogements,en
passant par le choix des tracés linéaires, ces
solutions permettent de réduire l’empreinte
environnemental du bâti.
« SunMind », porté par Maxime Varin et
Barbara Kemmat, développe et finance votre
centrale photovoltaïque en autoconsomma-
tion, et vous fait bénéficier d'une électricité
compétitive. Si vous souhaitez « libérer votre
potentiel solaire », n’hésitez pas à faire appel
à eux via www.sunmind.co !
Enfin, la Joint-venture sociale « TIM », créée
entreVINCIFacilitiesetVitamine-t,permettra
àtouteentreprisedefaireappelàdescompé-
tencesdemainteneurtechnique,danslecadre
d’un parcours en insertion professionnelle.
Ces business viennent compléter le porte-
feuille de projets accompagnés par Leonard
via le parcours intrapreneurs de VINCI :
Resallience, le bureau d’études dédié à la
résilience au changement climatique des
infrastructures (resallience.com) ;
Waste MarketPlace, une application qui per-
met à tout chef de chantier de commander
rapidementunebennepourl’évacuationdes
déchets (wastemarketplace.fr) ;
Rehalib propose des visites virtuelles inte-
ractives de logement (rehalib.fr) ;
AVUS, l'application pour visualiser en réalité
augmentée les réseaux enterrés et réaliser
le recollement (avus.tech) ;
Trust [In] : le cabinet de recrutement digital
intégré au groupe VINCI, qui lance en 2020
une offre dédiée aux sportifs de haut niveau.
Rétro-vision 2017-2019
4 promotions d’intrapreneurs
32 projets accompagnés
8 créations de business units
ou d’activités nouvelles
32 mentors internes et
32 mentors externes mobilisés
Le parti pris de Leonard
est d’accompagner
les projets portés par
des collaborateurs qui
s’inscrivent dans une
trajectoire de neutralité
carbone ou avec un fort
impact social.
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
« Ne pas se dire
queceprogramme
n’est pas fait
pour soi »
« Tous les jours,
j’utilise une
compétence dont
je me croyais
dépourvu »
« Contribuer
activement
à la transition
énergétique »
Quel a été le moment
le plus important du
programme ?
K. SELOUANE Le moment
le plus important fut
la dernière étape de
validation après la phase
d’accélération.
J. DE TOMASI Pierrick
Bouffaron, lors de la
première journée de
lancement de l’incubation,
nous a annoncé que nous
devions contacter au moins
70 personnes pour recueillir
leur avis sur le projet.
Ca m’a paru totalement
inatteignable. Avec le recul,
je crois que c’est ce jour-là
que j’ai pris conscience que
l’exercice allait être très
exigeant. Et il l’est !
Quelles ont été les
évolutions marquantes
de votre projet ?
K. SELOUANE Les évolutions
marquantes ont été
l’internationalisation des
contrats et des projets en
Afrique, Europe, Caraïbes et
Asie... Mais également une
visibilité et des sollicitations
dans le monde entier,
notamment auprès des
Nations Unies.
M. VARIN SunMind est né de
la volonté de contribuer
activement à la transition
énergétique des entreprises,
en leur permettant de
libérer leur potentiel solaire.
À travers son offre de
On-Site PPA (Power Purchase
Agreement), SunMind
propose à ses clients
de développer, financer,
construire et maintenir des
centrales photovoltaïques
en autoconsommation
sur leurs surfaces non
valorisées (toiture, parking,
etc.) ; en contrepartie, ils
s’engagent sur le long
terme à acheter l’intégralité
de l’électricité produite à un
tarif compétitif et garanti
sur le long terme, défini lors
de la signature du contrat.
Quelles questions
déterminantes le
programme vous a-t-il
invité à vous poser ?
K. SELOUANE Le programme
m’a interrogé sur la capacité
d’intégration de mon projet
au sein de l’écosystème
VINCI.
J. DE TOMASI Est-ce que
j’en ai envie ? J’ai 25 ans
d’expérience, je crois être
reconnu à mon poste. Ai-je
16 17
Karim Selouane,
fondateur de Resallience
Jérôme de Tomasi,
fondateur de Waste
MarketPlace
Maxime Varin, fondateur
de SunMind
envie de tout recommencer
à 0 ? Et bien oui parce que
lorsqu’on y prend goût, les
missions du poste d’avant
paraissent bien fades.
M. VARIN Parmi toutes
les questions que nous
avons été amenés à nous
poser, je pense que la plus
importante fut : « votre
produit correspond-il à un
besoin réel du marché ? ».
Avec quelles personnes
clés avez-vous été mis en
contact ?
K. SELOUANE Plusieurs  :
Blaise Rapior, directeur
général adjoint chez VINCI
Autoroutes ; Pierre Landau,
responsable des cellules
transverses chez VINCI
Autoroutes ; Jean-Serge
Boissavit, directeur du
développement de VINCI
Construction ; Jérôme
Stubler, président de VINCI
Construction, avec le
support étroit de Nathalie
Martin-Sorvillo, directrice
des programmes innovants
chez Leonard.
R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
18 19
R É A L I S A T I O N S
évidemment dans la
stratégie du Groupe.
J. DE TOMASI Le programme
est un formidable
accélérateur. Je n’aurais
jamais réussi à en être
là sans la méthode du
début, très importante
et le support ensuite.
Cela évite la solitude de
l’entrepreneur et ça change
tout.
M. VARIN Leonard nous a
permis de rencontrer de
nombreuses start-up, et
je retiens que la plupart
des start-up à succès -
au-delà de la « bonne
idée originale » - ont une
capacité à exécuter leur
roadmap de manière très
efficace.
Comment votre
quotidien de
collaborateur de VINCI
a-t-il changé ?
K. SELOUANE J’ai gagné
en interaction avec des
responsables d'entités
extrêmement divers
et variés, au sein de
l'ensemble du groupe
VINCI, en France et à
l’international.
des collègues avec des
projets, des parcours et des
perspectives totalement
différents animés par la
même volonté de pousser
à fond des idées et des
projets pour le Groupe qui
leur tiennent à cœur.
J. DE TOMASI Le programme
m’a amené à prendre
conscience que je pouvais
faire autre chose que ce
que je savais faire. Je cultive
les contacts et le réseau
comme je ne l’ai jamais fait.
Tous les jours ou presque
j’utilise une compétence
dont je me croyais
dépourvu.
M. VARIN Le programme m’a
tout d’abord permis de me
lancer dans cette aventure :
« avance, et le chemin
apparaît », dit le proverbe.
Leonard nous tend la main
pour faire le premier pas, et
sert de garde-fou afin que
l’on ne s’égare pas.
Et à votre projet ?
K. SELOUANE La légitimité
de pouvoir développer
pleinement un projet à la
fois technique et business
qui n’était pas forcément
J. DE TOMASI Un mentor
externe très éloigné (c’est
ce que je croyais) de mon
projet. Et pourtant, c’est
elle qui m’a dit qu’il fallait
simplifier, m’a fait prendre
conscience que c’était
vital. Le programme m’a
aussi aidé à oser aborder
Xavier Huillard sur le thème
de l’intrapreneuriat. J’ai
échangé quelques phrases
à deux reprises et sa
réponse a été par deux fois
la même : opiniâtreté. Il a
sacrément raison !
M. VARIN Le programme m’a
mis en relation avec des
interlocuteurs de VINCI
Energies, notamment au
sein d'Omexom, qui sont
aujourd’hui des partenaires
clés de SunMind. Plus
généralement, le programme
m’a permis de rencontrer
de nombreux collaborateurs
des différentes filiales du
Groupe, que je n’aurais pas
rencontrés sans Leonard.
Qu’est-ce que
le programme
vous a apporté
personnellement ?
K. SELOUANE Le programme
m’a permis de rencontrer
J. DE TOMASI Tout a changé :
j’étais à la tête d’une
équipe de 50 personnes,
j’ai commencé seul et nous
sommes 5 en comptant les
stagiaires un an après. Je
me consacrais à ma mission
au sein d’une organisation,
je suis maintenant
multitâches et quand ce
n’est la tâche de personne,
ce qui arrive tous les jours,
c’est la mienne. Le projet
est devenu une société, je
ne peux pas me permettre
de me considérer comme
un collaborateur VINCI,
j’agis comme si c’était ma
société.
M. VARIN J’ai effectué ma
période d’accélération
en partageant mon
temps entre la création
de SunMind et mon
emploi de Responsable de
Projets à la direction du
développement de VCCS à
50/50.
Quelle est la prochaine
étape marquante de
votre projet ?
K. SELOUANE Créer une entité
juridique au sein de VINCI
afin d’accélérer notre
développement.
J. DE TOMASI Une levée de
fonds externe pour financer
le développement national
et voir VINCI Construction
devenir un actionnaire
minoritaire.
M. VARIN Parmi les prochaines
étapes, nous avons pour
objectifs de finaliser la
phase de « permitting » de
notre premier projet cette
année, de structurer une
équipe dédiée, et d’accélérer
notre développement
commercial sur notre offre
d’autoconsommation avec
tiers financement (On-Site
PPA).
Nous souhaitons également
bâtir une offre de « centrales
solaires mutualisées » :
concrètement, il s’agit de
développer des centrales
au sol de grande ampleur
dont l’intégralité de la
production sera revendue
à des entreprises sur le
long terme à travers des «
Off-Site Corporate PPA ». Ces
contrats n’en sont encore
qu’à leur balbutiement
dans l’hexagone, mais nous
sommes persuadés qu’ils
vont activement contribuer
à la forte croissance
attendue du photovoltaïque
dans les années à venir.
Que diriez-vous à un
collaborateur de VINCI
qui hésite à candidater
au programme ?
K. SELOUANE Je lui
conseillerais de bien
creuser son projet et
de réfléchir aux enjeux
business, puis de contacter
l’équipe Leonard pour
en discuter. En tout cas,
de ne pas se dire que ce
programme n’est pas fait
pour elle ou lui.
J. DE TOMASI N’hésite
surtout pas, l’expérience
est épanouissante,
rafraichissante, et même
souvent déstabilisante et
ébouriffante mais qu’est-ce
que c’est bon !
M. VARIN Je lui dirai de
prendre un A4 dès qu’il
a fini de lire ce yearbook,
et d’écrire quelques
lignes sur le projet qu’il a
en lui mais qu’il n’a pas
encore formalisé. Enfin, je
l’inviterai à en parler autour
de lui dès demain, et à
documenter son idée. Enfin,
s’il est toujours convaincu
par son idée, je lui dirai de
candidater au programme
d’intrapreunariat !
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
20 21
Un incubateur porté
par une major :
est-ce la formule
dont les marchés
de la construction,
de l’immobilier, de
l’énergie, ont besoin
aujourd’hui pour
s’adapter aux enjeux de
notre époque ?
Des innovations de
rupture émergent de plus
en plus régulièrement à
l’initiative de start-up dans
les métiers historiques
de VINCI - c’est un
phénomène qu’on a
pu bien observer sur la
thématique énergétique
depuis des années, mais
qui concernait encore peu
les secteurs de l’immobilier
ou de la construction
jusque très récemment.
Ce qui frappe aujourd’hui,
c’est l’explosion du
nombre de start-up qui
créent des solutions
pour la planification, la
construction et l’opération
des bâtiments ou des
infrastructures. Pour
prendre l’exemple de la
ConTech (construction
technology), qui se
concentre sur le
processus constructif,
l’investissement mondial
a doublé de 2017 à 2018
pour atteindre plus de
6 milliards de dollars et
devrait dépasser les 10
milliards de dollars en
2019. Les programmes
portés par Leonard
permettent de capter et de
déployer ces innovations
qu’elles viennent de nos
collaborateurs aussi bien
que start-up externes au
Groupe.
Qu’est-ce qui a
motivé la création des
programmes SEED et
CATALYST ?
Depuis sa création, Leonard
assure la détection,
l’accompagnement ainsi
que le déploiement de
start-up externes au
Groupe.
« Des innovations de
rupture émergent sur nos
marchés »
Guillaume Bazouin,
Open Innovation  Startups
at Leonard
R É A L I S A T I O N S
Start-up et scale-up,
à chacun son programme
Leonard a lancé cet automne le premier
accélérateur européen dédié aux start-up
et scale-up spécialisées dans la construc-
tion, la mobilité, l’immobilier, le retail et
les villes intelligentes et durables pour
faireémergerlesleadersentrepreneuriaux
européens de demain.
À partir du 9 décembre, Leonard a accueilli
6 start-up « early stage » dans le cadre du
programme SEED. Elles bénéficient :
d’un accompagnement sur mesure pour
accélérer leur business et en particulier du
soutiendu CenterforProfessionalDevelopment
de l’Université de Stanford,
d’un réseau de mentors et d’experts propice
au développement de leur activité
de contacts avec les collaborateurs des
entreprises de VINCI.
Une semaine plus tard, 11 entreprises ont
rejoint le programme CATALYST, destiné à
accélérer les coopérations entre VINCI et les
start-upouscale-upenphasededéploiement
commercial, elles bénéficieront :
d’un interlocuteur privilégié au sein de
l’équipe de Leonard pour interagir avec les
entités de VINCI depuis la prise de contact
jusqu’à la contractualisation,
d’unaccèsprivilégiéauxdécideursdeVINCI,
d’une intégration au cycle événementiel de
Leonard,
pour les start-up internationales, des
meilleures conditions d’accès aux marchés
français et européen.
Leonardaopérécettesélectionens’appuyant
sur ses partenaires investisseurs, institution-
nels et académiques en France et à l’étranger,
en particulier en Espagne, en Allemagne, au
Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis
tout au long de l’année 2019.
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
programme en entrant au
capital de chaque start-up
SEED.
CATALYST, à l’inverse,
n’est pas un programme
d’investissement,
mais un programme
d’accompagnement pour
des start-up, scale-up
ou PME qui développent
des offres pertinentes,
parvenues à maturité et
scalables pour le groupe
VINCI. Les start-up que
nous visons sont très en
demande d’un acteur
leur permettant de leur
faciliter les mises en
relations et les premières
phases d’échange avec les
bons acteurs au sein d’un
Groupe aussi décentralisé
que le nôtre. Nous leur
donnons ces clés et leur
permettons d’économiser
un temps précieux.
Quels sont les avantages
pour les start-up
accompagnées ? Et pour
VINCI ?
Le programme SEED permet
d’ancrer le groupe VINCI
au cœur de l’écosystème
des nouveaux acteurs qui
inventent le futur des villes
et des infrastructures. Nous
remplissons un vide sur
le marché mondial avec
une offre permettant à des
start-up « early stage » de
confronter leurs offres à nos
opérationnels en amont de
leur première levée. Ces
start-up n’ont pas de lien
exclusifs avec VINCI, mais
auront grandi avec nous
- et nous aurons grandi
avec elles.
Le programme CATALYST
a lui pour ambition
d’accélérer et de fluidifier le
lancement de partenariats
entre des start-up et le
groupe VINCI. Pour VINCI,
c’est un accès aux meilleurs
produits et aux meilleurs
services développés par des
start-up à travers le monde
pour renforcer nos propres
offres ou en développer des
nouvelles.
Quels sont les objectifs
des deux programmes
pour cette année ?
L’objectif de 2019 était
bien le lancement de
ces programmes. Pour
2020, il s’agira de montrer
une traction en externe,
auprès des start-up, et
en interne, auprès de nos
collaborateurs.
Pour SEED, cette traction
sera au rendez-vous si
les start-up que nous
accompagnons parviennent
à lever auprès de fonds
d’investissement en capital
risque pour continuer leur
aventure.
Pour CATALYST, il s’agira de
montrer que les produits
et services portés par les
start-up qui intègrent
le programme sont
largement adoptées par nos
collaborateurs. A l’échelle
du CAC40, moins de 5%
des projets pilotes avec une
startup se concrétisent en
relation de long terme. Avec
CATALYST, nous souhaitons
transformer l’essai dans
50% des cas !
22 23
R É A L I S A T I O N S
Les programmes SEED
et CATALYST viennent
apporter une structuration
respectivement autour
d’un accélérateur de
start-up en phase
d'amorçage pour SEED et
autour d’un programme
de collaboration pour
start-up en déploiement
commercial pour CATALYST.
Comment se fait la
sélection des start-up
participantes ?
Plus de 400 start-up à
travers le monde ont
candidaté aux programmes
SEED et CATALYST pour
leur première édition.
Les équipes de Leonard
ont tout d’abord évalué
la qualité des start-
up candidates en se
concentrant sur leur
viabilité, la qualité de
leur équipe, leur niveau
de maturité ainsi que
la robustesse de leur
financement. Dans un
deuxième temps, la
sélection s’est faite
dans l’échange avec de
nombreux spécialistes
du Groupe qui nous ont
permis de déterminer la
pertinence des projets
portés dans leur application
à nos métiers.
Quels liens existe-
t-il entre ces deux
programmes et
le programme
Intrapreneurs de
Leonard ?
L’intrapreneuriat permet à
tout collaborateur du Groupe
de proposer un projet de
business qu’il ou elle pourra
in fine porter au sein d’une
nouvelle activité. Très
souvent, les sujets identifiés
par nos intrapreneurs sont
aussi identifiés par des start-
up externes au Groupe (et
vice versa). Ce phénomène
de co-émergence est
d’ailleurs un bon indicateur
de la pertinence d’une idée.
Ces chevauchements sont
autant d’opportunités de
collaborations et de co-
développements internes/
externes à explorer afin
de maximiser les chances
d’émergence d’une
innovation de rupture. Si l’on
en croit Thomas Edison, le
génie, c'est 1 % d'inspiration
et 99 % de transpiration...
Quelles sont les
spécificités de SEED et
CATALYST par rapport à
d’autres programmes
d’incubation ?
Le nerf de la guerre pour
ce type de programme
c’est la qualité du sourcing,
et donc l’attractivité de
l’offre. Pour être compétitif
au sein de la myriade des
accélérateurs, incubateurs
et autres start-up studio,
cette offre doit être claire
et différenciée.
Pour SEED, nous
permettons à des start-up
récemment formées de
valider leur proposition
de valeur auprès des
collaborateurs VINCI qui
pourraient devenir leurs
clients à l’avenir. Nous
leur offrons une formation
à l’entrepreneuriat en
partenariat avec l’Université
de Stanford en Californie
pour les préparer au mieux
à leur première levée,
et nous les hébergeons
pendant six mois dans nos
locaux. Chaque start-up
reçoit de plus 30 000 €
pour soutenir ses premiers
mois de croissance.
Leonard valorise son
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
HOLOBUILDER (États-Unis) – solutions de
capture de réalité pour l’analyse des progrès
et la gestion de projet de construction
Immobilier
SPACEMAKER (Norvège) – solution
permettant de développer un projet
immobilier et d'en orienter la
programmation et la conception vers un
optimum spatial, réglementaire et d'usage
Sécurité des compagnons
KENZEN (États-Unis) – plateforme de suivi
biométrique qui s’appuie sur un wearable
intelligent pour prévenir les troubles liés
à la chaleur et aux efforts excessifs dans
l’industrie et le BTP
SMARTVID.IO (États-Unis) – prédiction
et prévention des risques d’accident de
chantier à travers l’analyse d’images et de
flux vidéo captés sur le chantier
Robotique
CIVDRONE (Israël) – solutions de marquage
rapides embarquées sur des véhicules sans
pilote
Infrastructure
DIREXYON (Canada) – plateforme de
modélisation fonctionnelle et financière des
actifs et infrastructures complexes (réseaux
électriques, autoroutes, chemins de fers et
autres)
24 25
R É A L I S A T I O N S
SEED :
6 jeunes pousses
pour grandir
avec nous
Construction
BUILD2B – 1e
marketplace des freelances
du BTP et de l’immobilier
CUBEEN – l’élément constructif universel
pour réaliser des espaces outdoor
modulaires et démontables
SOLIQUID – un procédé unique
d’impression 3D grande échelle hors-site
destiné à la préfabrication sans limite et
optimisée pour l’industrie AEC
Mobilités
EP TENDER – une offre de batteries « as a
service », pour une approche modulaire et
accessible de la mobilité électrique
VANO – solution de VTC quotidienne
partagée, inclusive et écologique, pour les
communes moyennes et zones de moyenne
densité
Énergies
HOMEYS – solution d’analyse des données
de température pour optimiser la facture
d’énergie des bâtiments équipés de
chauffage collectif
CATALYST :
11 partenaires
privilégiés
en quête de
croissance
Mobilités
WAYCARE (États-Unis) – plateforme cloud
d’analyse des données d’usage pour la
gestion des incidents dédiée aux opérateurs
d’infrastructures routières
Construction
AOS (France) – logiciel d’optimisation de
l’ensemble du processus de consultations de
sous-traitants dans le secteur du BTP
COMBO SOLUTIONS (France) – éditeur de
Vizcab, une solution d’analyse du cycle de
Vie automatisé pour la maîtrise des objectifs
énergie et carbone
CONVERGE (Royaume-Uni) – intégration de
l’intelligence artificielle et des données de
capteurs pour digitaliser la construction
HIBOO (France) – application SaaS qui aide
les acteurs de la construction à optimiser
le pilotage des opérations menées sur le
terrain
17 partenaires
de la transformations
des métiers
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
Comment l’inspiration,
l’envie de vous lancer
dans l’aventure
entrepreneuriale est-
elle venue ?
L’idée de développer
une solution de batteries
modulables, sur
abonnement, m’est venue
comme utilisateur potentiel
de véhicule électrique,
et alors que j’avais
l’opportunité de me lancer
dans l’entrepreneuriat
après 26 ans dans l’Asset
Management.
« Leonard est une ruche
foisonnante d’activités
d’innovation qui échappe
à l’effet bocal de
certains incubateurs
en combinant
collaborateurs du groupe
et start-up en un même
lieu »
Jean-Baptiste Segard, fondateur de EP Tender
26 27
En quoi le programme
SEED était-il adapté à
votre projet ?
EP Tender est à la croisée
de l’infrastructure, de
l’énergie et de l’automobile.
VINCI est acteur des
deux premiers secteurs et
partenaire du troisième !
Le programme SEED m’a
semblé très pragmatique,
réaliste et une aide
concrète pour développer
des expérimentations au
sein du Groupe et avec ses
partenaires.
villes moyennes en mode
expérimental.
Qu’espérez-vous avoir
appris d’ici 6 mois ?
Une connaissance
précise des usages et des
typologies d’utilisateurs,
l’optimisation des process
opérationnels du service…
Et donc la fiabilisation des
paramètres du business
model.
Quelle sera la prochaine
étape clé de votre projet ?
Ouvrir des nouvelles villes
proactivement suite à
une étude d’opportunité,
et pour ce faire réaliser
une levée de fond
permettant de financer
les investissements
nécessaires.
Où vous voyez-vous dans
2 ans ?
Autour de 10 villes en
exploitation, plusieurs
millions de chiffre d’affaires.
R É A L I S A T I O N S
« SEED est un programme
très complet qui répond
aux besoins prioritaires
des jeunes start-up »
Comment l’inspiration
et l’envie de vous
lancer dans l’aventure
entrepreneuriale est-
elle venue ?
Habitant d’une ville
moyenne, j’en connais
les problématiques de
mobilité quotidienne.
Ma connaissance du
secteur digital m’a permis
d’identifier des nouvelles
solutions technologiques
disponibles à moindre coût,
qui permettent d’apporter
une nouvelle solution à
ces territoires.
Pourquoi le programme
SEED était-il adapté à
votre projet ?
Leonard Seed est un
programme très complet
qui répond aux besoins
prioritaires des jeunes
start-up : un financement
permettant d’avancer
vers la réalisation du
premier prototype, un
hébergement dans un
lieu propice à l’innovation
et aux interactions
fructueuses en particulier
autour des thématiques
de la ville durable, un
Hugues Hansen, fondateur de VanO
accompagnement par le
groupe VINCI qui apporte
ses compétences métiers,
sa crédibilité auprès des
décideurs et la possibilité
de partenariat, et enfin
un accompagnement et
une formation par des
experts externes français
ou internationaux, pour
apprendre de l’expérience
des autres. Capitaliser sur
toutes ces expériences
complémentaires permet
de prendre le plus
rapidement possible les
bonnes décisions.
Qu’espérez-vous réaliser
d’ici 6 mois ?
Proposer le service VanO
au sein d’une ou deux
Témoignages
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
« Nous travaillons avec de grandes
entreprises américaines et
commençons notre expansion
internationale »
Josh Kanner, fondateur de Smartvid.io
Qu’est-ce qui a inspiré
votre projet ?
Notre équipe mobilise un
éventail de technologies
dans le secteur de la
construction depuis 15
ans, ce qui nous a permis
d’identifier le potentiel
qu’avait l’IA à améliorer la
sécurité dans le secteur.
Comment avez-vous
découvert le programme
CATALYST ?
J’ai rencontré Ludivine
Serrière, l’une des
représentantes du
programme, lors de la
conférence BuiltWorks
à Los Angeles. Nous
travaillons avec de grandes
entreprises américaines
et commençons notre
expansion internationale.
Que vous apporte
le fait d’intégrer
une communauté
d’innovateurs autour
de VINCI ?
Nous avons hâte
d’apprendre de cette
communauté la
meilleure manière de
travailler en Europe. Plus
particulièrement avec les
équipes de Leonard et
de VINCI, nous espérons
avoir de fructueuses
conversations au sujet
de la manière dont est
appréhendée la sécurité au
niveau personnel, et à partir
des photos de chantier.
28 29
Qu’espérez-vous réaliser
d’ici 6 mois ?
Nous aimerions rencontrer
des responsables
d’opérations et des
directeurs en charge
du risque pour explorer
comment nos modules
prédictifs peuvent
s’intégrer aux dispositifs
de VINCI. Nous voulons
lancer des projets de
démonstration, pour
montrer que notre IA,
« Vinnie », peut aider
VINCI à réduire le risque
d’accident sur ses
chantiers. Nous aimerions
aussi trouver un nom en
Français pour « Vinnie » !
R É A L I S A T I O N S
Nous avions déjà eu
l’occasion de réaliser
un premier petit Proof of
Concept avec Renault et
VINCI. SEED est une très
bonne façon de prolonger
et transformer cet essai.
Être intégré à
une communauté
d’innovateurs, dans le
champ des métiers de
VINCI, en quoi est-ce
important ?
Je suis impressionné
d’observer la ruche
Leonard, foisonnante
d’activités d’innovation
et combinant les
collaborateurs du Groupe
et de start-up en un même
lieu. Les incubateurs
risquent le travers du
« bocal » à vocation de
communication. Le côté
immersif de Leonard
échappe à ce risque et
devient une condition de
succès.
Qu’espérez-vous réaliser
d’ici 6 mois ?
Un consensus sur notre
business plan/model et un
plan d’action opérationnel
pour des tests pilotes.
Qu’espérez-vous avoir
appris d’ici 6 mois ?
Une excellente
connaissance de VINCI
Autoroutes et VINCI
Energies, la capacité
opérationnelle à coopérer
avec un grand groupe,
et une equity story
convaincante !
Quelle sera la prochaine
étape clé de votre
projet ?
Finaliser le business plan
et déposer un dossier
de financement EIC
Accelerator en mai 2020
pour la réalisation de
pilotes incluant des acteurs
majeurs de la filière (dont
bien entendu VINCI).
Où vous voyez-vous dans
2 ans ?
Nous serons aux tous
débuts de la production
industrielle et du
lancement commercial
grand public, avec
le soutien actif des
constructeurs, et nous
l’espérons VINCI comme
partenaire industriel.
Notre principal problème
sera alors de satisfaire
une demande potentielle
considérable et de disposer
d’une structure capable
d’accompagner une
croissance vertigineuse en
cas de succès.
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
L’intelligence artificielle
s’intègre au sein des
métiers avec le parcours IA
Pour VINCI, l’intelligence artificielle (IA)
n’estplusunetendancedonttoutlemonde
parle, mais un outil à mobiliser sur tous les
fronts, grâce à l’appui d’un programme et
d’experts animés par Leonard.
L’intelligence artificielle, toujours objet
de recherche, s’impose aussi aujourd’hui
comme un élément susceptible d’apporter
de la valeur à un éventail toujours plus large
d’activités. Logique : avec la démocratisation
de la puissance de calcul et la commoditi-
sation des algorithmes, des infrastructures
et des modèles, miser sur l’IA devient une
option accessible et agile pour améliorer un
business, optimiser un procédé ou anticiper
une transformation du marché.
À condition cependant de savoir bien qua-
lifier le cas d’usage envisagé et de disposer
des données adéquates. Comment être
certain que l’IA sera l’outil adapté ? Comment
évaluer la qualité et la quantité des données
nécessaires ? Vers quel type de modèle
s’orienter ?
Les réponses les plus sûres à ces questions
sont celles des spécialistes de l’IA. Mais elles
ne prennent toute leur valeur qu’à condition
que développeurs et experts du traitement
de données travaillent au plus près avec les
experts métiers. En effet, comment s’assurer
que l’IA mise en œuvre délivre des informa-
tions pertinentes, fiables et transparentes ?
Seuls les experts métiers sont capables de
répondre à cette question.
C’est la raison d’être du parcours IA : offrir, 5
mois durant, un accompagnement spécialisé
aux collaborateurs des différentes entités de
VINCI qui pensent que l’IA peut leur apporter
des relais de croissance.
Piloté par Bruno Daunay et Quentin Panissod,
inspiré par les conclusions de la mission
prospective sur l’IA conduite en 2018 par
Leonard, le programme, qui fait le pari de
l’effort collaboratif et des synergies entre
projets,s’appuiesurdeséchangesrapprochés
entre des équipes projets restant dans les
entités opérationnelles de VINCI, et des data
scientistsconfirmésjouantlerôledecoaches.
30
Le parcours, en pratique :
Candidature (2,5 mois)
+ Qualification (1 mois)
Un ou plusieurs collaborateurs identifient
un cas d’usage pouvant intégrer de l’IA et
disposent de données exploitables ou, du
moins, accessibles – le potentiel du projet
est évalué par les experts IA de Leonard qui
aideront à préciser le cas d’usage. Pendant
le premier mois, les équipes projets, avec
l’appui des équipes de Leonard :
réaliseront :
•	une étude de marché sur les solutions
existantes,
•	une étude de l’état de l’art sur les
modèles existants,
•	une étude approfondie des infrastruc-
tures pour développer la solution,
•	une synthèse sur l’intérêt de développer,
ou non, eux-mêmes la solution ;
suivront une formation (théorique et
pratique) sur des thématiques de l’in-
telligence artificielle afin d’augmenter
leur niveau de compétences ;
maîtriseront une première base de don-
nées structurée pouvant être présentée à
un algorithme d’IA.
« Le parcours IA
est conçu pour
faire monter en
compétences tous
les collaborateurs de
VINCI, qu’ils aient des
compétences relatives
à cette technologie ou
non et quel que soit
leur projet. Et c’est
parce que les solutions
sont développées par
les équipes terrain que
l’IA peut être mieux
comprise et se diffuser
dans le Groupe.
À chaque fin de
parcours, plusieurs
équipes sont formées
et autonomes sur la
technologie. C’est
le meilleur moyen
d’assurer l’avenir de
VINCI dans son modèle
décentralisé. »
—
Bruno Daunay,
co-directeur du parcours
intelligence artificielle
de Leonard
31
R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
Incubation (4 mois)
L’équipe projet est accompagnée au quoti-
dien par un coach afin de réaliser son idée.
Les premiers modèles sont implémentés et
les paramètres sont précisés en fonction
des objectifs à réaliser. Des sprints hebdo-
madaires de développement permettent
d’atteindre les buts fixés par les coaches.
Si les compétences de l’équipe projet ne
sont pas suffisantes, des cours suivis de
travaux dirigés sont dispensés afin d’assurer
la montée en compétences. Enfin, l’équipe
projet accède aux réseaux d’experts issus du
Groupe et aux infrastructures et événements
de Leonard. À la fin du parcours, les modèles,
l’infrastructure et la pertinence économique
sont affinés. Il ne reste plus à l’équipe projet
qu’à industrialiser sa solution suivant le plan
préétabli en lien avec le coach, car elle est
désormais autonome.
Implémentation au sein du Groupe
En 2019, l’IA a été mobilisée pour :
… la maintenance prédictive des voies de
LGV (Lisea-Mesea) / VINCI Concessions
… l’optimisation du temps de taxi des avions
/ VINCI Airports
… la caractérisation de la satisfaction des
visiteurs dans les aéroports / VINCI Airports
… le design génératif pour l’installation
de réseaux d’extinction incendie / VINCI
Energies
… le design génératif pour la construction /
VINCI Construction - Synapse
… la maintenance prédictive des autoroutes
allemandes / VIA-IMC
… la génération automatique de plans pour
les monuments historiques / Pateu et Robert
… l’analyse de la performance des chantiers
/ Dodin Campenon Bernard.
Intégrer l’intelligence artificielle dans les pratiques
32 33
R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9R É A L I S A T I O N S
« Le futur des mobilités se
joue sur les infrastructures »
L’enthousiasme pour
les projets de voiture
autonome a pu donner
l’impression d’une
arrivée imminente de
ces véhicules dans les
rues des villes. Les
constructeurs s’en
tiennent cependant,
aujourd’hui, à des
annonces prudentes.
Le signe d’un
essoufflement ?
Je ne partage pas ce
constat, même si les
challenges sont réels.
Les investissements
continuent à aller bon train,
nombre de constructeurs
s’engageant à hauteur de
plusieurs milliards d’euros.
La presse généraliste peut
donner une impression
trompeuse, quand elle
voit, après l’accident fatal
d’un véhicule d’Uber, la
véhicule de niveau 3 est
vendu depuis octobre
2019.
L’apport de l’infrastructure
sera un élément clé dans
l’atteinte de ces objectifs,
surtout pour le niveau 4.
Où vont rouler ces
véhicules autonomes
de niveaux 3 et 4 ?
L’avenir du véhicule
autonome individuel
va d’abord se jouer
sur autoroute. C’est un
environnement contrôlé,
maîtrisé, sans intersections
délicates, où les vitesses
sont, usuellement, assez
homogènes. Il faut compter
aussi avec les navettes à
basse vitesse, en site dédié
ou encadré. La France, avec
Navya et EasyMile, est bien
placée dans ce domaine.
Des déploiements pilotes
existent un peu partout
dans le monde ; on
en compte plus d’une
centaine.
VINCI contribue
au consortium
« SAM » (Sécurité
et Acceptabilité de
la conduite et de la
Mobilité autonome),
qui a répondu à
un appel à projets
d’expérimentations
national.
De quoi s’agit-il ?
L’appel à projets EVRA
(Expérimentions du
véhicule routier autonome)
a pour but d’accélérer
les expérimentations de
véhicules autonomes en
France pour soutenir la
filière française.
Le consortium SAM,
lauréat de cet appel
à projets, mènera 13
expérimentations en
France, entre 2019 et 2022.
VINCI Autoroutes, avec PSA
et Renault, est impliquée
dans une expérience
dédiée à la conduite
autonome sur route à
chaussée séparée. Mais
nous avons commencé les
essais avant le lancement
de cet appel à projets. En
partenariat avec PSA, VINCI
Autoroutes teste, depuis
2017, la coopération entre
véhicules autonomes
et autoroutes, en
particulier dans les cas de
« singularités de parcours » :
barrière de péage, tunnel,
objet sur la chaussée,
travaux, arrêt d’urgence…
De telles tentatives sont
susceptibles d’intéresser
de nombreuses
entités de VINCI, car
elles mobilisent des
combinaisons d’expertises.
Leonard joue le rôle
de « kickstarter » pour
ces sujets, qui peuvent
donc être transférés vers
les différentes entités
opérationnelles du groupe
VINCI.
Des capteurs en
bord de voie peuvent
fournir une perception
complémentaire à
celle des véhicules
autonomes, améliorant
leur compréhension de
leur environnement, ainsi
que la sûreté globale du
système. Explications de
Pierre Delaigue, directeur
des projets de mobilité
autonome, connectée et
électrique à Leonard.
fin du rêve du véhicule
autonome ; mais rappelons
qu’Uber a repris ses essais
dès la fin 2018.
Certaines des difficultés
du véhicule autonome,
tant techniques
qu’économiques, ont
pu être sous-estimées.
Mais ce qu’on observe
actuellement est
une accélération des
constructeurs ou grands
acteurs du secteur
pour tenir leurs feuilles
de route plutôt qu’un
ralentissement, notamment
via l’investissement ou la
consolidation capitalistique
pour mutualiser leurs
efforts. La plupart des
constructeurs envisagent
à présent des véhicules de
niveau 3, commercialisés
autour de 2020-2021,
et de niveau 4 autour de
2025. Au Japon, le premier
34 35
L’avenir du
véhicule autonome
individuel va
d’abord se jouer
sur autoroute.
Pierre Delaigue, Directeur
des projets de mobilité
autonome, connectée et
électrique
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
Qu’apporte
l’infrastructure au
véhicule autonome ?
Aujourd’hui, le véhicule
autonome rend la
main au conducteur
quand il est face à une
situation spécifique.
Mais l’infrastructure
peut caractériser la
singularité en amont et
assister le véhicule pour
qu’il anticipe et reste
en mode autonome,
offrant à l’utilisateur une
expérience plus sûre et
continue. C’est cela que
nous expérimentons.
En juillet 2019, nous en
avons apporté la preuve
sur l’A11 dans des cas de
contournement d’une zone
de travaux et de freinage
d’urgence.
Dans le cadre de SAM,
nous allons capitaliser
sur ces premiers
développements et
commencer également
à travailler avec Renault.
L’idée est de concevoir une
« perception débarquée »,
prise en charge par
l’infrastructure.
Les capteurs embarqués
dans les véhicules ne voient
que jusqu’à 200 mètres
environ ; à 130 km/h, c’est
trop peu pour prendre
les bonnes décisions ou
anticiper les manœuvres
adéquates. Nous concevons
donc des solutions de
perception en bord de
route – une perception
« étendue » au-delà de
l’horizon de vision du
véhicule lui-même, quand
elle s’inscrit à l’échelle d’un
tronçon d’autoroute.
Comment
l’infrastructure met-
elle en place cette
perception débarquée ?
Nous mettons à
contribution les
équipements présents : les
caméras déjà installées sur
le réseau, dont les images
sont analysées en vision
par ordinateur grâce aux
compétences de
Cyclope.ai, une filiale
spécialisée de VINCI
Autoroutes. L’enjeu étant
de transmettre au véhicule
des informations qualifiées,
avec de hauts niveaux de
confiance. Cela pourrait
commencer par certains
points particuliers du
réseau, comme les entrées
et les sorties d’autoroute.
La perception débarquée
interviendrait dans ces
situations, où il faut
négocier une insertion ou
lorsqu’une courbe peut
masquer d’autres véhicules.
L’infrastructure a-t-elle
besoin de la 5G pour
assister le véhicule ?
La 5G apporte une vraie
valeur pour certains
services qui ont, par
exemple, des besoins de
latence réduite et de bande
passante large. Mais nos
expérimentations actuelles
fonctionnent sans la 5G ;
plusieurs technologies de
communication, courtes et
longues distances, existent
et peuvent être exploitées
aujourd’hui. Cela dépend
de l’application souhaitée.
Si l’on vise du « remote
driving », où l’infrastructure
pilote littéralement les
véhicules, alors la 5G
sera probablement un
atout pour envoyer des
consignes aux voitures
avec des latences très
faibles, dans des bandes
de fréquences dédiées et à
haut niveau de service.
En pratique, nous sommes
agnostiques à l’égard
des technologies de
communication. De la
même manière, nous
souhaitons développer des
solutions interopérables
entre constructeurs et, à
terme, entre opérateurs
d’autoroutes.
L’infrastructure
contribuera-t-elle
à démocratiser les
véhicules autonomes ?
Oui, parce qu’elle va
aider à relever deux
défis. Celui de la sûreté,
d’abord : l’infrastructure,
grâce à la connectivité
et à la perception
débarquée, facilitera
l’atteinte des niveaux
de sûreté nécessaires
au déploiement des
systèmes de niveau 4, qui
ne peuvent pas s’appuyer
sur le conducteur
comme backup en cas de
problème. Le système de
conduite global véhicule-
infrastructure sera plus
sûr. Ensuite, le coût : les
technologies à embarquer
dans les véhicules sont
aujourd’hui onéreuses,
notamment pour le niveau
4. En débarquer une partie
sur l’infrastructure, en
s’appuyant notamment
sur les expertises de VINCI
Energies et d’Eurovia,
permettrait de mutualiser
partiellement ces coûts,
rendant la mobilité
autonome globalement
accessible au plus grand
nombre.
36 37
R É A L I S A T I O N S
(source : iStockPhoto)
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
New Deal : Le patrimoine
des voies rapides
du Grand Paris au service
des mobilités de demain
Le « New Deal pour les voies rapides du
Grand Paris », un projet associant urba-
nistes, architectes, ingénieurs, experts de
l’environnement et des mobilités, propose
de réduire le trafic automobile, tout en
accroissant le nombre de personnes
transportées sur le réseau autoroutier
francilien, et de restituer une part de la
voirieauxespacespublicsetauxmobilités
douces. Une révolution réaliste pour l’in-
frastructure autoroutière d’Île-de-France.
À l’approche des élections municipales de
2020, institutions et candidats multiplient
les suggestions plus ou moins radicales pour
l’avenir du boulevard périphérique parisien,
une infrastructure aussi vitale que mal aimée.
Cet afflux de propositions souligne l’urgence
de réinventer le destin de la voie rapide qui
ceinture la capitale, devenue au fil des années
unparangondecongestion,depollutionetde
coupure urbaine, souvent présentée de ce fait
comme un anachronisme — alors même que
les besoins de mobilité de la région capitale
n’ont jamais été aussi importants !
Mais on ne saurait mener une réflexion
prospective utile sans l’étendre au-delà du
trop fameux périphérique. Rien ne chan-
gera sur cet anneau tant que les 250 000
conducteurs seuls au volant (« autosolistes »),
qui parcourent chaque jour entre 10 et 40 km
pour se rendre dans le cœur de la région
capitale,nedisposerontpasd’offrealternative
satisfaisante de transport en commun. Pour
offrir un nouveau plan de mobilité routière à
Paris, il faut revoir le devenir de l’ensemble
des voies rapides franciliennes.
Un projet pensé
des périphéries au centre
Quel avenir imaginer pour les 1 000 km de
réseau autoroutier francilien structurant ?
C’est pour répondre à cette question que le
ForummétropolitainduGrandParisalancé,en
2018, une consultation internationale. Quatre
équipes ont été choisies pour nourrir le débat.
Parmielles,leNewDealpourlesvoiesrapides
GrandParis,associantLeonard,l’agenceSeura
de l’architecte et urbaniste David Mangin,
les urbanistes et paysagistes barcelonais
de Jornet Llop Pastor et Carlo Ratti Associati
(au MIT, Carlo Ratti dirige le Senseable City
Lab). Une équipe largement pluridisciplinaire
regroupanturbanistes,architectes,ingénieurs,
experts des mobilités, de l’environnement et
de l’analyse du trafic… pour une révolution
réaliste à rebours des idées reçues.
Son idée-force ? Réinventer le rôle du réseau
d’autoroutes depuis les confins du Grand
Paris vers la capitale plutôt que d’imposer
aux périphéries les conséquences de res-
trictions de circulation adoptées intra-muros.
Une vision originale, doublée d’une ambition
forte, puisque l’équipe New Deal du Grand
Paris vise 50 % de réduction du trafic routier
d’ici à 2050, tout en augmentant la capacité
totale de mobilité et en libérant la moitié de
la superficie des voies rapides.
Trois étapes, de 2020 à 2050
Comment  ? En mettant l’infrastructure
routière au service des mobilités partagées
et en la connectant au réseau ferré actuel et
futur, en trois étapes.
Entre 2020 et 2024, quelque 200 lignes de
cars articuleront le réseau routier avec les
réseaux du Grand Paris Express et du RER,
via des hubs – en pratique, de vraies places,
ancrées dans les territoires – accueillant
services de mobilité, commerces, bureaux…
Ensuite, jusqu’en 2030, des réseaux de trans-
ports collectifs (cars, navettes, covoiturage)
sur route pourront être déployés sur des
voies dédiées sur la Francilienne, l’A86 et les
principales radiales, permettant d’accéder
aux gares via 24 terminaux d’interconnexion
avec le réseau ferré du Grand Paris Express.
À l’horizon 2050, le trafic des voies « New
Deal » pourra être largement optimisé grâce
à des flottes de véhicules autonomes, libérant
ainsiunepartiedelasuperficieoccupéeparla
voirie. Le périphérique pourrait ainsi se trans-
former en boulevard apaisé, accueillant pro-
menade, véloroute, espaces publics arborés…
Proposition de Carlo Ratti Associati (source : New Deal)
38 39
R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
Building Beyond #2 : un
voyage inspirant à travers
toutes les échelles des
villes et des territoires
Face aux défis technologiques, écolo-
giques, sociaux et économiques, villes et
territoires interrogent leurs échelles de
pensée, de conception et d’interaction.
Experts, artistes et entrepreneurs sont
venus éclairer toutes les dimensions de
la ville et des infrastructures lors de la
deuxième édition de ce festival unique
en son genre.
Temps, espace, populations… Cités, territoires
et infrastructures s’inventent et évoluent à
toutes les échelles, chacune porteuse de son
histoire et de ses défis émergents à relever.
L’historien, l’architecte, l’urbaniste ou le
designer les pratiquent au quotidien, sépa-
rément ou conjointement. Mais le géologue,
lecréateurdejeuvidéoouencorel’auteurede
science-fiction ont le pouvoir de les éclairer
de regards inédits, parfois provocateurs, mais
toujours enrichissants.
Tel était le pari des 24 rencontres organisées
dans le cadre du festival Building Beyond,
mêlant explorations prospectives, pitchs de
solutions innovantes, débats d’experts et
ateliers ludiques. Un pari réussi puisque plus
de 1 000 personnes se sont pressées pour
échanger avec les 50 intervenants réunis par
Leonard, La Fabrique de la Cité et la Fondation
VINCI pour la Cité. Le programme, dense, a
fait se croiser les regards initiés et profanes
autour des questions des limites mouvantes
delaville,desespacesàconquérir,del’impact
écologique et climatique du tissu urbain…
Florilège :
Sénamé Koffi Agbodjinou, architecte togo-
lais, fondateur de L’Africaine d’architecture
a revendiqué une « sagesse d’articu-
lation entre le tout et les parties,
où le système s’adapte et nourrit
le milieu dans lequel il s’insère ».
« Les méthodologies des archéo-
logues s’appliquent aujourd’hui
à la construction », a fait valoir Yves
Ubelmann, cofondateur de la start-up
Iconem, spécialisée dans la préser-
vation numérique des sites grâce à la
photogrammétrie.
40
Intervention : La paléo-inspiration,
socle des constructions du futur ?,
avec Loïc Bertrand, fondateur et directeur
d’IPANEMA, le premier laboratoire entiè-
rement dédié à ce domaine de recherche.
Aux dires de Marian Goodell, CEO de
Burning Man, le festival culte du désert du
Nevada et Ubisoft ont le même objectif :
« Créer des mondes pour ceux qui
n’en ont pas. »
Intervention  : Du Burning Man à
Assassin’s Creed : inventer la ville, avec
Raphaël Lacoste, directeur artistique chez
Ubisoft.
« Autant la prospective est basée
sur ce qui est prévisible, autant la
science-fictionestpriéed’inventer
un imprévisible », a affirmé Catherine
Dufour, auteure de science-fiction et
membre du collectif d’écrivains Zanzibar.
Intervention  : De la prospective à
l’action : quand la science-fiction
aideàinventerl’urbain,avecMathieu
Baudin, directeur de l’Institut des Futurs
souhaitables, et Catherine Dufour.
« Le sous-sol est un réservoir
d’opportunités pour repositionner
les infrastructures qui nécessitent
des emprises importantes et pour
relocaliser la production », a rappelé
Achille Bourdon, cofondateur de l’atelier
d’architecture Syvil (à l’origine du projet
« L’Immeuble inversé »).
Intervention : Sous terre ou dans les
airs, faut-il choisir ou construire ?
Didier Mignery, fondateur de Upfactor,
Patrick Supiot, DG de VINCI Immobilier,
Bruno Barocca, maître de conférences à
l’université Paris-Est Marne-la-Vallée,
et Marion Girodo, architecte à l’Agence
Seura et auteure de l’ouvrage Mangroves
urbaines.
« Paris n’est pas vouée à être
une ville minérale, […] elle doit
pouvoir devenir tout autre, par
exemple, si l’on dépave les cours
pour en faire des jardins », a insisté
Marion Waller, directrice adjointe du
cabinet de Jean-Louis Missika, en charge
l’urbanisme à la mairie de Paris.
Intervention : Quelle ville à l’heure
de l’anthropocène ? avec Bastien
Kerspern, fondateur du studio de design
Design Friction, et Jean-Marc Fourès,
doctorant en géographie au Ladyss et
spécialiste de la road ecology.
41
L’immeuble inversé de l’atelier Syvil
(source : site web de l’atelier)
R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S  T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9
Trans-
formations
2
Illustration :ArielDavis
Leave-
no-trace
Voici 15 ans que les participants au festival
Burning Man sont invités à ne rien laisser
derrière eux. Cette consigne de « leave-no-
trace » est un défi : les 80 000 festivaliers
doivent séjourner dans un désert aride, le
Black Rock, dans l’État du Nevada. Et pour-
tant : « Black Rock City », ville éphémère de
logements et d’infrastructures provisoires,
retourne à la poussière chaque année.
Preuve fragile – les « Burners » ne vivent
que quelques jours sur place – qu’une
agglomération légère et temporaire (mais
pas forcément sobre en ressources) est
possible.
D E M A I N
44
Climate fiction
Dans la catégorie des sous-genres de
la fiction propres à faire plonger dans le
quotidien de villes situées à quelques
encablures dans le futur, il y eut la hard-
SF, le cyberpunk, le steampunk… Voici
que s’impose en catégorie constituée la
« cli-fi », en cette décennie dominée par
l’enjeu climatique. Les romans de Kim
Stanley Robinson y figurent en références
incontournables, tandis que les nouvelles
de l’Américain Paolo Bacigalupi donnent
le ton des œuvres les plus récentes.
Contrepoints de la collapsologie, les
littératures de l’imaginaire climatique
aident chacun à s’approprier, sans être
tétanisés – et parfois même avec jubilation
–, les trajectoires de vie de personnages
changés par quelques degrés de plus.
Les dix mots dont
on parlera demain
Sa somptueuse charpente et sa flèche parties en fumée,
Notre-Dame de Paris se retrouve, à nouveau, drapée dans
les échafaudages où s’activent aujourd’hui les compagnons,
garants de l’intégrité de sa structure. D’autres chantiers
suivront, pour donner matière et forme à son nouveau
visage. Restaurer ? Interpréter ? Innover ? Le destin de la
cathédrale déchaîne les passions, et les technologies de
pointe (lidar, drones, acoustique 3D…) explorent le passé
pour préparer un futur qui s’écrira des années durant.
Design
génératif
Les moteurs de recherche
et autres comparateurs
en ligne avaient déjà leurs
filtres et leurs algorithmes
de recommandation.
Les architectes et les
designers ont désormais
les leurs. Ou, plus
précisément, des logiciels
de conception automatisés,
explorant des dizaines de
paramètres (contraintes
de terrain, consommation
énergétique,
ensoleillement,
performances
structurelles…) et puisant
dans les données de
projets passés pour
accélérer le travail des
humains. Lesquels n’ont
plus qu’à choisir dans un
éventail d’options resserré
et à affiner les options
d’exécution.
Anthropo-
cène
Notre-
Dame
de Paris
Les villes cristallisent la réalité de l’anthropocène. Agrégats
d’inventions techniques, espaces anthropisés par définition,
elles contribuent à inscrire toujours plus profondément
l’empreinte des hommes dans l’environnement naturel,
au point de faire des humains une force de transformation
géologique – ce qu’exprime l’idée d’anthropocène.
Mais les villes sont aussi susceptibles de contribuer à
alléger l’empreinte des activités humaines sur la planète,
en se rendant plus sobres, plus durables. Le concept
d’anthropocène peut alors être le guide d’une relation
apaisée entre l’urbain et la nature.
45
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
D E M A I N
Congestion, pollution, émissions de
gaz à effet de serre… Les autoroutes, les
voies rapides et le périphérique parisien
empoisonnent le futur de la métropole
du Grand Paris. À moins de les réinventer
en profondeur. Un défi proposé par
les élus du Forum métropolitain du
Grand Paris et relevé par les équipes de
Leonard, l'agence Seura (David Mangin),
Jornet Llop Pastor et Carlo Ratti Associati
avec leur projet « New Deal ». Ils
proposent de transformer le patrimoine
routier de la métropole en trois étapes
entre 2020 et 2050, pour réduire in fine
de 50 % le trafic automobile, compléter,
via la route, l’offre de mobilité du Grand
Paris Express et rendre une partie de
l’emprise routière aux usages « doux ».
Les zombies sont bien
plus que des monstres de
celluloïd ou de pixels. Deux
films infestés de morts
vivants se sont fait, il y a
peu, une place au festival
de Cannes. Et les revenants
intéressent de longue date
les anthropologues. Mais
il se pourrait bien qu’ils
trouvent aussi à s’employer
au service de la résilience
des villes. Les invasions de
zombies et les comporte-
ments qu’elles induisent
ont inspiré des modélisa-
tions mathématiques fort
utiles, dont se sert, par
exemple, le Centre pour le
contrôle et la prévention
des maladies, aux États-
Unis. Et les ressorts de la
survie offrent un axe de
réflexion pertinent pour
interroger les infrastruc-
tures et les organisations
humaines sur leur capacité
à traverser épisodes cli-
matiques extrêmes ou
catastrophes industrielles.
Zombies
New Deal
46
Protéger, canaliser, évacuer…
Le rapport des villes eaux de
pluie et de surface tient d’or-
dinaire du réflexe défensif. Le
concept de « ville-éponge »,
imaginé dès les années 1970
et porté par un programme
national en Chine depuis
2014, vise plutôt l’accepta-
tion. Il faut concevoir la ville
et ses infrastructures vertes
de manière à absorber les
précipitations exception-
nelles, à disposer de zones
et de matériaux destinés
à accueillir, provisoirement
au moins, le trop-plein.
Jardins pluviaux et autres
revêtements poreux doivent
absorber, d’ici à 2030, 70 %
des pluies torrentielles dans
les aires urbaines locales.
Une inspiration suivie depuis
des Caraïbes à Copenhague.
La « spongification » a de
l’avenir.
Noise
Manage-
ment
Ville-
éponge
Bio-
inspiration
« Scrute la nature, c’est là qu’est ton futur », disait déjà Léonard
de Vinci. Le concept de biomimétisme est ancien. Mais sa
mise en application dans la construction est en plein essor.
Au-delà de l’inspiration esthétique ou métaphorique (l’Helix
Bridge de Singapour, par exemple, arbore une forme de brin
d’ADN ; l’Arbre blanc à Montpellier s’inspire de pétales de
fleurs), la nature guide architectes, ingénieurs et urbanistes
pour concevoir procédés et écosystèmes artificiels. Le but :
mobiliser formes et matériaux de manière à se rapprocher
des performances de certains systèmes vivants (fleurs,
colonies de termites…) afin d’économiser matière et énergie,
d’améliorer la résistance à la chaleur, de mieux conserver
l’humidité, de fluidifier les déplacements...
Le bruit peut être nuisance. Pour l’aménageur urbain, le
bâtisseur ou l’opérateur d’infrastructure, il se fait aussi,
désormais, précieuse source d’information. Des capteurs
acoustiques bien placés, sur un chantier, disséminés dans
un quartier ou le long d’un réseau routier, peuvent alerter
d’un danger, prévenir un accident, évaluer les effets d’une
modification. C’est ce que démontre un nombre croissant
d’expérimentations et de projets associant acoustique, IoT et
machine learning.	
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T R A N S F O R M A T I O N S
48
L’environnement s‘invite
dans toutes les équations
Réduire
l’empreinte
carbone
Le défi
Les villes abritent la moitié de la population
mondiale et produisent 75 % des gaz à effet
de serre (GES) liés à l’énergie. Entre 2020 et
2050, l’urbanisation sera plus importante que
dans toute l’histoire humaine. En France, les
émissions des villes comptent pour 67 %
des émissions nationales. Les 10 premières
métropoles en représentent à elles seules
16  %, dont 33 % sont issues du bâtiment, 17 %
de l’industrie et 16 % du transport, selon le
rapport « Le défi climatique des villes », publié
conjointement par EcoAct et le WWF France.
De manière générale, la facture carbone du
BTP et de la construction reste considérable
en raison des émissions de CO2
résultant de
la production et du transport des matériaux.
Produire 1 tonne de clinker, constituant du
ciment, génère 0,89 tonne de CO2
, tandis
qu’une tonne d’acier engendre 1,32 tonne
Urgence climatique, pics
de pollution, submersions
records… Le tissu urbain
fait face à des défis
environnementaux
à l’ampleur et aux
conséquences potentielles
inédites en cas d’inaction.
Mais un peu partout dans
le monde, la résistance
s’organise et transforme
la façon dont on conçoit et
opère villes et infrastructures.
Les villes produisent 75 % des
gaz à effet de serre (GES) liés à
l’énergie (source : Unsplash)
49
de CO2
(source : Zero Waste). Voilà qui pointe
l’enjeu du recyclage et du réemploi pour
un secteur qui, en 2015, selon l’ADEME, en
France, est à l’origine de 227,6 millions de
tonnes de déchets.
Les réponses
Lesréalisationsestampilléesbascarbonesont
plus souvent observables dans les projets de
constructions nouvelles que dans ceux de
réhabilitation. Pourtant, le bilan carbone d’un
bâtiment rénové peut être meilleur que celui
d’unbâtimentneuf,rappelleArmelleLanglois,
directrice du pôle Performance Durable chez
VINCI Construction France. Avec l’appui de
la méthode ACV, la réutilisation du gros
œuvre dans les bâtiments rénovés écono-
mise environ 300 kg équivalent carbone par
mètre carré. Sachant que le mode de calcul
du bilan carbone applicable à un projet de
réhabilitation est sensiblement le même que
pour un bâtiment neuf, selon Hélène Genin,
déléguée générale de l’Association pour le
développement du bâtiment bas carbone, qui
délivre le label BBCA. Ce label tient compte
de l’empreinte carbone de l’exploitation
(chauffage, climatisation) et des capacités de
stockageduCO2
etderéemploidesmatériaux
– point clé de la rénovation. En 2018, il avait
été attribué à une quarantaine de bâtiments,
et 3 opérations avaient bénéficié du label
spécifique « BBCA Rénovation ».
Pour se conformer à ces nouvelles exigences,
constructeurs et maîtres d’ouvrage s’asso-
cient pour changer les pratiques et favoriser
un réemploi plus vertueux et raisonnable
des matériaux. L’association Circolab, dont
VINCI Construction France est membre fon-
dateur, rassemble les maîtres d’ouvrage pour
exploiter et revaloriser les déchets du BTP. Les
modalités de calcul du bilan carbone d’une
opération favorisent aussi ce changement de
paradigme : tout remplacement d’éléments
(moquettes, parquets…) alourdit désormais
le diagnostic, qui doit intégrer l’empreinte
carbone des nouveaux matériaux, le temps
d’amortissement des matériaux remplacés
et les déchets produits. Reste à prouver que
le réemploi peut être compétitif par rapport à
l’usagedematériauxneufsouencoreàmodé-
rer les craintes des assureurs, qui rechignent
à garantir les matériaux réutilisés malgré leur
traçabilité.
Mais avant de penser le réemploi, l’effort de
réduction de l’empreinte carbone se joue dès
la conception et la sélection des matériaux.
Les données exactes manquent encore pour
effectuer les meilleurs choix au moment de
la construction ou de la rénovation. Les FDES
(fiches de déclaration environnementale et
sanitaire) de nombreux produits informent
uniquement des valeurs théoriques. BBCA
milite déjà en faveur de la publication de
données précises pour mesurer au plus près
l’empreintecarboned’unbâtiment.Simplicité
et lisibilité : voici les futurs mots d’ordre qui
devront orienter les acteurs du secteur !
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
Se protéger de la
montée des eaux
Le défi
Ces dernières années, inondations, érosion
côtière, tempêtes et ouragans ont affecté de
très nombreuses collectivités. Ces événe-
ments locaux s’inscrivent dans une perspec-
tive plus globale, susceptible d’en renforcer
leseffets :celledelamontéeduniveaumoyen
de la mer, que le dernier rapport du GIEC éva-
lue entre +26 et +77 cm à l’horizon 2100,
selon le scénario le plus optimiste – voire
plus encore si le fameux objectif du « +1,5 °C »
n’était pas tenu, ce qui est le plus probable.
Les assureurs rapportent que la « sinistralité
climatique » a atteint des sommets en 2018
dans l’Hexagone. Et l’on attend une facture
deux fois plus importante d’ici à 2040.
De New York à Miami, de Bangkok à Calcutta,
en passant par Lagos ou Jakarta, le risque
de submersion ou d’inondation va devenir
de plus en plus conséquent pour les villes
côtières, petites ou grandes, lesquelles
hébergent d’ores et déjà un quart de la popu-
lation mondiale.
Les réponses
Face à la menace, les territoires s’organisent
pour renforcer leur capacité à résister et à
s’adapter aux chocs. Mais encore faut-il trou-
verdesfinancements.Plusieursorganisations,
T R A N S F O R M A T I O N S
50
Paroles d’urgence (1/2)
« En France, avec les technologies
que nous connaissons aujourd’hui,
on peut atteindre la neutralité car-
boned’icià2050.Maiscelaimplique
une transformation massive de la
société, qui sera très différente de
celle qu’on connaît aujourd’hui ! »
-
David Laurent, responsable du pôle
Climat et Ressources d’Entreprises
pour l’Environnement.
«  Comment produire un shift
auprès des États et des entreprises ?
Les activistes usent avec efficacité
dunameandshame.Lesentiment
defiertépeutégalementproduirede
bons résultats »
-
Cynthia Fleury, philosophe.
14 octobre, ouverture du cycle de ren-
contres sur l’environnement.
51
comme le Deep South Challenge néo-zé-
landais, ont commencé à réfléchir au sujet, et
plus particulièrement au rôle que pourraient
endosser les compagnies d’assurances. Dans
leszonestrèsexposéesàl’élévationduniveau
delamer,lesassureursdeviennentplussélec-
tifs sur les types de risques couverts.
Les politiques publiques se saisissent éga-
lement de la question. En France, dans la
Normandie de l’après-Xynthia, a déjà été
mis en œuvre un vaste (et coûteux) éventail
de mesures de renforcement des protections
via le Plan de prévention des risques littoraux.
Lessolutionsdéveloppéespourlesinfrastruc-
tures, quant à elles, se déploient selon deux
principaux axes : celui de l’atténuation (éviter
ou amoindrir les effets d’événements a priori
ingérables) et celui de l’adaptation (gérer au
mieuxcessituationsinévitables :renforcerles
protections,tellesquelesdigues,neplusbâtir
en zone inondable, aménager des habitats
faits pour résister aux aléas climatiques ou
planifier ex ante la reconstruction).
D’un point de vue technique, comme le sug-
gère l’Island Institute, l’amélioration du bâti
par des approches traditionnelles (murs de
rétention, élévation de niveau, augmentation
du diamètre des conduits) ne suffisant pas,
la recherche de solutions innovantes s’avère
bien souvent déterminante. C’est dans ce
but que le bureau d’études Resallience a été
créé en 2018 afin d’adapter les projets, les
infrastructures et leurs usages au change-
ment climatique.
En Europe, Rotterdam est l’une des capitales
de la résilience. Le premier port du conti-
nent a développé une stratégie lui assurant
de devenir « climate proof » à l’horizon 2025.
Et, contrairement à la protection que consti-
tue son impressionnant barrage anti-tem-
pête construit dès 1997, la ville a changé de
paradigme : elle cherche désormais à « faire
avec » son environnement, comme le révèle
son iconique « ferme flottante » construite sur
l’eau,premièreémergencedetoutunquartier
flottant.ÀSanFrancisco,lapaysagisteKristina
Hill propose également, pour adapter la Bay
Area à la montée des eaux, des logements
sur des fondations « empilées » se servant des
secteurshumidesetdesplagescommezones
tampons. Son message : les infrastructures
doiventseconformerauxsystèmesvivants,et
non l’inverse. Cela permet, au passage, d’ali-
gner les intérêts des développeurs immobi-
liers et des écologistes.
Pour relever ce défi, il faudra innover : dans
le domaine de l’aménagement urbain, dans
les audaces architecturales (voir, à Belfast, les
persiennes pivotantes et les matériaux résis-
tant à l’eau), mais aussi dans la protection des
infrastructures routières (chaussée réservoir
d’Eurovia), dans le conseil à l’adaptation du
bâtiexistant,danslareconstructionouencore
dans la supervision proactive des bâtiments
et des infrastructures (Sixense).
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
Améliorer la
qualité de l’air
Le défi
Particules fines, monoxyde de carbone, épi-
sodes de pollution à répétition… La pollution
de l’air est un enjeu sanitaire, mais également
une problématique éminemment urbaine, la
concentration du trafic automobile favori-
sant la multiplication des épisodes de crise.
Responsablede48000à67000mortsparan
en France, la pollution de l’air est considérée
par la Commission européenne comme le
« problème numéro un de santé lié à l’environ-
nement ». Un constat qui ne se limite pas aux
rues noyées dans le smog des métropoles
mondiales, car l’air intérieur est tout aussi
pollué, voire plus, et serait la cause de 20 000
décès prématurés en France.
Les réponses
Mesurer et purifier l’air intérieur
Lamia Mallet, ingénieur chimiste, spécialiste
de la qualité de l’air, est fondatrice de Cozy Air.
Cette start-up propose un appareil intégrant
un capteur pour chaque polluant et chaque
gaz non directement nocif, mais susceptible
de provoquer des troubles, comme le CO2
.
Cet appareil vise les espaces de bureaux où,
connectés à d’autres équipements – notam-
ment les systèmes de climatisation –, il per-
met de détecter les polluants pour adapter
la ventilation et la maintenance en fonction
d’un éventail d’indicateurs.
Modéliser les circulations
des polluants
« Le problème de l’air, c’est qu’il est invisible,
rappelle Frédéric Mahé, responsable Innovation
d’Aria Technologies, société de modélisation, qui
nourrit en données l’ensemble des acteurs se
penchant sur la qualité de l’air. L’entreprise est
l’un des acteurs du Projet DIAMS de la métro-
pole Aix-Marseille. Mais grâce à la modélisation,
non seulement on peut le rendre visible, mais on
peut aussi le rendre compréhensible. » Les rues
risquent donc d’être plus polluées en raison
de la proximité des bâtiments, empêchant
la dispersion de la pollution et formant ainsi
un « effet canyon » aisément repérable par les
outils d’analyse d’Aria Technologies.
Dépolluer l’air avec une station de
traitement
Jaouad Zemmouri, ancien professeur de phy-
sique, a créé Starklab, une société de dépollu-
tion de l’air. Son produit, le « Terroa », dépollue
l’air en le mettant en contact avec de l’eau
portée à ébullition. Les particules passent
d’une masse d’air polluée peu contrôlable à
un faible volume d’eau traitable. Cette tech-
nique permet également de récupérer des
matériaux précieux, tels que des particules
d’or. Cette station peut ainsi traiter la fumée,
recycler certains produits, voire réinjecter
l’eau purifiée dans l’industrie. Le produit,
actuellementenphased’expérimentation,est
T R A N S F O R M A T I O N S
52
capable de traiter jusqu’à 1 million de mètres
cubes pour une surface de 15 m sur 2 m.
Filtrer les polluants à l’aide de
micro-organismes
La solution de MVAW Technologies, société
fondée par le Français Vincent Fesquet, pro-
pose un procédé de traitement de l’air exploi-
tant un substrat rempli de micro-organismes,
capable de filtrer également les particules
fines. Il peut être déployé sur du mobilier ou
en façade, puis végétalisé.
Sensibiliser
Jean-Louis Fréchin, designer et fondateur du
cabinet NoDesign, a pris le parti d’alimenter
le débat grâce à AirO, un badge composé de
capteurs et d’un écran. Quand les capteurs
repèrent une pollution de l’air trop consé-
quente, l’écran affiche des messages aussi
étonnants qu’éloquents : « Ça pue », « on suf-
foque », « fuis ! »… Ce dispositif a pour objectif
d’amener le débat sur la place publique. Il
se double d’une application qui recense les
niveaux de pollution autour des porteurs du
badge, avec une explication de ce qui est
mesuré. L’idée est de créer une carte évo-
lutive de la pollution de l’air, autant intérieur
qu’extérieur.
Paroles d’urgence (2/2)
« Les collectivités publiques ont un
effet direct sur environ 20 % des
émissions seulement. Il faut donc
toucherles80  %restants,enmobili-
santhabitants,propriétairesdubâti,
usagers privés… »
-
Karine Bidart, DG Agence parisienne
du Climat.
« L’engagement des métropoles
pour le climat peut devenir un argu-
ment de marketing territorial. Pour
cela, il faut qu’émerge une métho-
dologie commune pour organiser
la mesure de ces engagements et
créer un effet d’entraînement mon-
dial. »
-
Cécile Maisonneuve, présidente de La
Fabrique de la Cité.
18 novembre, table ronde « Les villes
peuvent-elles relever le défi clima-
tique ? »
53
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
T R A N S F O R M A T I O N S
Villes mutantes : le bâti
et les infrastructures
s'adaptent
L’infrastructure
s’essaie à
l’éphémère
Une ville peut-elle être éphémère, se
construire et s’effacer au gré des besoins ? Le
fait même qu’une agglomération repose sur
des infrastructures, pensées le plus souvent
pour la permanence, la continuité, semble
défier pareille hypothèse. Et pourtant.
Kerry Rohrmeier, géographe à l’université de
San José, Raphaël Coutin, designer en charge
de la communication du projet Plug-in-City
(Eindhoven), et Antoine Aubinais, fondateur
du collectif Bellastock, ont chacun fait l’expé-
rience d’un tissu urbain impermanent, léger
et éphémère. Ils sont venus évoquer leurs
découvertes lors du festival Building Beyond.
Kerry Rohrmeier, universitaire spécialiste du
festival Burning Man, a partagé sa vision de la
constructionetdel’impactdeBlackRockCity,
cette ville temporaire qui rassemble chaque
annéeprèsde80000personnes.L’événement
Et si les villes étaient
changeantes, mouvantes,
le bâti s’allégeant pour être
facilement déplacé, modérant
ainsi son empreinte sur
l’environnement ? Et si la
voirie se mettait au service
de la mobilité autonome ?
Et si tours et souterrains se
rejoignaient enfin ? Autant
d’hypothèses qui voient
muter le tissu urbain, autant
d’expérimentations, explorées
ou mises en débat par
Leonard.
54
Projet Plug in city
(source : le site web du projet)
a lieu dans le désert de Black Rock (Nevada),
particulièrement aride. Parmi les règles d’or
que chaque festivalier est invité à respecter
et à faire respecter figure la condition de ne
laisser aucune trace du passage du festival
(le fameux « leave-no-trace »). Le défi est de
taille : construire une ville au milieu de nulle
part, dans des conditions extrêmes.
Le festival Burning Man conserve, depuis sa
création,lavolontédecréerunecommunauté
éphémère. « C’est un lieu pour habiter et camper
ensemble », résume Kerry Rohrmeier. En pra-
tique, Black Rock City est une ville de toile, qui
se transforme au gré des efforts individuels et
collectifs menés par sa population provisoire
–majoritairementmasculine,éduquée,autour
de la trentaine et qui tend à reproduire son
mode de vie habituel.
Éphémère,maispassansimpact
Même si l’impératif du « leave-no-trace » est
respecté, l’empreinte écologique de Black
Rock City n’est pas nulle. « Ce n’est pas une
ville sans impact, fait observer Kerry Rohrmeier.
Le vendredi, lors du pic de population, on observe
des effets de chaleur urbains. »
Une statue édifiée à Black Rock City, la ville éphémère du Burning Man construite au coeur
du désert du Nevada aux Etats Unis (source : Wikicommons)
55
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
T R A N S F O R M A T I O N S
56
Penser des aménagements urbains
temporaires peut toutefois aller de pair
avec la volonté de réduire le plus possible
leur influence sur l’environnement. C’est
l’approche qui prévaut pour la « maison de
quartier » Plug-in-City qu’a fait naître Raphaël
Coutin dans une friche d’Eindhoven (Pays-
Bas), à partir de conteneurs et de matériaux
de réemploi. Allier le caractère éphémère à
la sobriété est aussi ce qui guide le collectif
d’architectes Bellastock, spécialisé dans la
construction à partir de matériaux recyclés.
Pour Raphaël Coutin et Antoine Aubinais,
fondateurs de Bellastock, le succès de leurs
projetspasse,d’abord,parlacollaborationavec
les acteurs sociaux locaux qui leur permet de
mettreenapplicationleursidées.Plug-in-City
est ainsi devenu la première structure modu-
lable utilisée en tant que logement social,
installée dans des conteneurs aménagés, aux
Pays-Bas.LesexpérimentationsdeBellastock
s’appuient, pour leur part, sur un festival
d’architecture expérimentale : Melting Botte.
Pendant 4 jours, architectes et professionnels
œuvrent ensemble pour construire et habiter
des structures provisoires constituées à partir
de bottes de foin, thème de l’année 2019.
L’infrastructure légère
est d’abord sociale
L’entraideetlacohésionquesuscitentcespro-
jets sont bien plus que de simples sous-pro-
duits de leurs interventions. Bellastock
s’emploie à activer les relations entre ses
projets et leur voisinage pour impliquer les
Festival Melting Bottes - 2019
(source : site web de Bellastock)
individus dans les démarches responsables
de la conception des espaces urbains. « Le
réemploi peut progresser techniquement, mais si
l’on n’avance pas culturellement en parallèle, on
se retrouvera au pied du mur », prévient Antoine
Aubinais. Pour Plug-in-City, il s’agit de rendre
service à l’environnement et au quartier en
créant des espaces de vie partagés dans
d’anciennes friches dépeuplées. Même si le
caractère temporaire a permis d’ouvrir la voie,
Raphaël Coutin et son équipe n’entendent
pas s’y limiter : « On réfléchit, au-delà des deux
ou trois ans expérimentés jusqu’ici, à l’évolution
de ces espaces dans le futur de la construction. »
En plein désert ou au milieu de bottes de foin,
les expérimentations éphémères contribuent
à une sensibilisation aux techniques de l’édi-
fication,susceptiblederesponsabiliseracteurs
de la construction et citoyens, et d’impacter
durablement leur comportement. Autant de
leçonspourlarésiliencedesvillesàlongterme.
Le véhicule
autonome ouvre
ses voies
Les voies dédiées – ou, du moins, prioritaires
– sont, de longue date, un outil efficace pour
favoriser certains modes de mobilité, qu’il
s’agisse de les réserver aux véhicules élec-
triques (récemment envisagés en France) ou
au covoiturage (les fameuses « high-occu-
pancy lanes » ou encore « carpool lanes »).
En matière de mobilité autonome, les pro-
jets oscillent entre petits pas et grands sauts
futuristes. Déjà, en 2017, tandis qu’en France
unevoitureautonomefaisaitladémonstration
d’un passage au péage autoroutier de Saint-
Arnoult, dans le cadre d’un partenariat entre
VINCI et PSA, deux étudiants de l’université
Berkeley remportaient le challenge de design
Infrastructure Vision 2050 avec le concept
futuriste de « hyperlane ». Cette « plateforme
autoroutière » parallèle, d’une largeur de
quatre voies, serait réservée uniquement aux
véhicules autonomes. Ce projet-concept, ins-
piré du réseau ad hoc créé au Japon pour le
Shinkansen, nourrit le rêve de voitures sans
chauffeur pilotant à toute vitesse des usagers
et des marchandises, et ce, sans le moindre
obstacle, ni embouteillage. Ne manque, à
écouter les deux penseurs du concept et
d’autres défenseurs des voies réservées, que
des financements.
En Chine, les autorités ont commandité un
nouveau tronçon d’autoroute, dont deux
des huit voies (une dans chaque sens)
seront réservées aux véhicules autonomes.
Ce segment doit relier, courant 2020, Pékin
à la ville nouvelle de Xiongan, au sein de ce
qui est connu comme la mégalopole la plus
urbanisée du nord chinois. D’une longueur de
100 km,cetteportion,oùlavitesseseralimitée
à120km/h,voireà100km/h,inclut,selonson
développeur,desfonctionnalitésintelligentes,
dont ses péages. L’infrastructure connectée,
pensée pour « acquérir des données-véhicule et
desinformationsliéesàlaroute », va améliorer le
traficetlasécurité,maiségalementpermettre
un accès plus rapide à Xiongan.
Au Canada, un candidat politique local a
promis l’ouverture de voies dédiées à l’ex-
périmentation, puis à la circulation « réelle »
de véhicules autonomes entre Calgary et
Edmonton. Dans le Wisconsin, au nord de
Chicago, un projet entend réaménager les
bandes d’arrêt d’urgence de quelques tron-
çons de la célèbre Interstate 94, autoroute
construite dans les années 1950, longue de
plus de 2 500 km, afin de les réserver à la cir-
culation de poids lourds autonomes. Ceux-ci
pourraient ainsi relier l’aéroport voisin à la
méga-usine d’écrans plats que Foxconn
construit dans la région de Milwaukee, ne
cachant pas ses rêves de platooning.
57
2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
Yearbook 2019 - Leonard
Yearbook 2019 - Leonard
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Yearbook 2019 - Leonard

  • 1. 2019 — Mutations — 2020 PROJETS ET HORIZONS
  • 2.
  • 3. Quelque chose a changé en 2019 3 Par Julien Villalongue, Directeur de Leonard 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S n 2019, l’environnement devient la première préoccupation des Français. Au cours des derniers mois, la succession d’interpellations et d’initiatives a considérablement sensibilisé les citoyens et les acteurs économiques. Si les rapports du GIEC confirment année après année le diagnos- tic des scientifiques, ce sont des pans entiers de la société qui se saisissent aujourd’hui de l’enjeu. D’abord, les étudiants : avec leur Manifeste pour un réveil écologique, ils entendent peser dans les stratégies des entreprises ; ensuite, les citoyens : au-delà des manifestations dans l’ensemble des régions du monde, la France a inauguré la Conven- tion citoyenne pour le climat, exercice original pour tracer la route d’une transition écologique, prenant en compte les enjeux sociaux. Ce sont également les politiques qui ont pris des dispositions, avec par exemple le Plan Climat de l’Union européenne, qui doit accompagner les États membres dans la concrétisation de leurs politiques et enfin, les entreprises qui, par leurs engagements volontaires prennent le chemin de la neutralité carbone en 2050 et pointent les risques liés à l’inaction. Parce qu’elle concerne des enjeux systémiques et une transition inéluctable irrésistible cette dyna- mique s’inscrit dans la décennie qui s’ouvre. Elle verra les entreprises y jouer un rôle fondamental car elles devront penser, construire et mettre en œuvre les solutions pour les territoires, les villes, les habitants. C’est donc naturellement que l’enjeu de la transi- tion écologique s’est imposé comme structurant pour l’ensemble des activités de Leonard. Par notre capacité de veille et d’interpellation nous donnons la parole à ceux qui pensent et font le futur des villes et des infrastructures ; par notre activité de prospective, nous mettons en cohérence des visions pour dessiner des futurs enthousiasmants ; par nos programmes innovants, nous accompagnons entrepreneurs et innovateurs, pour construire ensemble les solutions que la situation exige. Ce yearbook est un exercice de rétrospective ; il donne à voir les réalisations des mois passés – projets intrapreneuriaux, programmes start-up, expérimentations ou bien encore explorations prospectives – ainsi que les transformations à l’œuvre dans les métiers et les marchés des villes et des infrastructures (innovations, nouveaux usages et nouvelles attentes). Il donne un aperçu de la dynamique de la communauté de Leonard et du foisonnement des projets qu’elle construit. Mais ce yearbook a un objectif pour la période qui s’ouvre : celui d’appeler les acteurs du futur des villes et des infrastructures à contribuer à cette aventure exigeante et enthousiasmante, ouverte par Leonard. J’espère que la lecture de ces pages vous en convaincra. E
  • 4. R E T O U R S U R 2 0 1 9 2019 : 12 dates pour bâtir le futur des villes et des infrastructures 16 AVRIL Après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, vers quelle reconstruction ? Dans la nuit du 15 au 16 avril, Notre-Dame de Paris a perdu dans les flammes sa toiture médiévale et l’emblématique flèche créée par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Le reste de l’édifice, fragilisé, a pu être sauvé par les soldats du feu. « Nous reconstruirons Notre- Dame », a d’emblée annoncé le président de la République. Les soutiens ont afflué – VINCI proposant un mécénat de compétences. Pour quelle reconstruction ? La charte de Venise et le code du patrimoine fixent un cadre ouvert à interprétation : reconstruction fidèle, moder- nisation... Les débats sont vifs. Une certitude : la technologie du XXIe siècle jouera un rôle décisif.Lesinspectionspardronescomplètent lescanintégraldelastructure,réalisédès2010 par l’historien Andrew Tallon et que complète une maquette BIM de la cathédrale effectuée par ArtGP. La modélisation acoustique aussi est mobilisée : en 2013, l’enregistrement de concerts a permis de produire un modèle acoustique 3D de l’édifice, utile pour appré- henderleschoixdegéométrieoudematériaux. 28 MAI Le boulevard périphérique de Paris se cherche un nouveau destin Dans son rapport sur le devenir du périphé- rique parisien, la Mission d’information et d’évaluation du Conseil de Paris préconise de ramener la vitesse maximale à 50 km/h, de réduire drastiquement la circulation, de libérer une voie pour les transports en commun… L’idée maîtresse : faire de ces 35 km de voies rapidesnonplusunerocadesaturée,polluante et coupant l’hypercentre des autres aires du Grand Paris, mais un boulevard urbain, ouvert sur la ville. À l’orée des élections municipales, adapter cette infrastructure née pour l’au- tomobile aux exigences environnementales et urbanistiques de la métropole parisienne fait désormais consensus. Et s’inscrit dans une perspective tout aussi transformatrice, à l’échelle du Grand Paris. En réponse à la consultation internationale organisée par le Forum Métropolitain du Grand Paris, Leonard et ses partenaires, avec le projet « New Deal pourlesvoiesrapidesduGrandParis », proposent ainsi de réduire de 50 % le trafic sur les voies rapides de l’agglomération à l’horizon 2050, tout en déplaçant plus de voyageurs sur des voies dédiées aux transports collectifs. 25 SEPTEMBRE Le plus grand terminal aéroportuaire du monde ouvre au public Avec 100 millions de passagers par an, l’aé- roport de Pékin (2e fréquentation mondiale) saturait. Au sud de la capitale, le terminal 1 du nouvel aéroport de Daxin prend la relève, avec une capacité de 45 millions de passagers par an. Le complexe, fruit du travail d’ADP Ingénierie, de l’architecte Zaha Hadid et du Beijing Institute of Architectural Design, a été construit en 4 ans. Un temps record pour faire surgir, en rase campagne, 700 000 mètres carrés d’un bâtiment couvert d’un toit d’un seul tenant (et affichant une façade de 5 km), 4 pistes et 268 places de stationnement d’avions. Pour réduire les temps de parcours des voyageurs, la desserte des différents terminaux s’effectue verticalement, sur 7 niveaux, limitant à 600 mètres maximum la distance séparant le cœur du terminal d’une porte d’embarquement. Une gare souterraine de métro et de train assure les arrêts en centre-ville en une vingtaine de minutes. 27 SEPTEMBRE Le Sénat dit « oui » à une responsabilité élargie des producteurs pour le bâtiment Le projet de loi « contre le gaspillage et pour une économie circulaire », prévoit 6 nouvelles filières de responsabilité élargie du producteur (REP). Le BTP est l’une d’elles. L’enjeu ? Améliorer le taux de valorisation de ses déchets. Il atteignait 61 % (déchets inertes) en 2014 selon l’Ademe – sachant que 41,6 millions de déchets ont été produits au total en 2018. Après son vote définitif par le Parlement, la filière pourra compter, à partir de janvier 2022, sur la collecte gratuite des déchets de chantier triés et valorisables. Contrepartie : les producteurs devront s’ac- quitter d’une écotaxe. Éco-organismes, pro- ducteurs et artisans débattent des modalités possibles. Une start-up issue du programme Intrapreneurs Leonard, Waste Marketplace, fait avancer le sujet : elle connecte d’ores et déjà les chefs de chantier aux centres de gestion spécialisés, simplifiant ainsi la prise en charge des déchets et le reporting, et en permettant, au passage, de faire 15 % d’économies en moyenne. En 2019, Waste Marketplace a traité 20 000 tonnes de déchets, assurant 80 % de valorisation. 4 5 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 5. R E T O U R S U R 2 0 1 9 30 SEPTEMBRE La licorne du coworking WeWork rate son entrée en Bourse Initialement tourné vers les indépendants, aujourd’hui prisé par les grands groupes, le coworking s’est imposé comme l’une des réponses aux mutations du travail. WeWork, licorne américaine financée notamment par SoftBank, promettait de le faire entrer dans une nouvelle ère, alliant technologies de pointe et hauts niveaux de service. Les promesses et les visions ébouriffantes de son fondateur et CEO, l’exubérant Adam Neumann, et ses pratiques de gestion opa- ques, ont fini par refroidir les investisseurs, alarmés par les résultats et les perspectives réelles annoncées par l’entreprise. L’échec de l’introduction en Bourse dessine en tout cas les limites d’un secteur par ailleurs extrê- mement dynamique… et donc susceptible de faire tourner les têtes. 9 OCTOBRE L’Île-de-France lance son projet MaaS En 2020, Île-de-France Mobilités entend mettre à disposition des voyageurs une application unique pour planifier et payer son trajet, et en proposant plusieurs options de transport : transports en commun, vélos, taxis, VTC, covoiturage, véhicules partagés…). Cette solution « Mobility as a Service » (MaaS), selon l’autorité des transports d’Île-de-France, passera par la constitution d’une plateforme d’informations multimodale « neutre et ouverte ». La RATP pourrait être le premier opérateur à l’expérimenter, avec une offre « MaaX » (Mobility as an eXperience) ouverte à 2 000 Franciliens et intégrant une dizaine de fournisseurs de services de mobilité. 29 OCTOBRE À Venise, l’acqua alta met habitants et patrimoine à l’épreuve 156 cm d’eau relevés à la station d’observa- tion de la pointe de la Salute. Pareil niveau n’avait pas été atteint depuis décembre 2008. À l’époque, déjà, la fragilité de la Cité des Doges, noyée quand les grandes marées fran- chissent les 3 passes naturelles de la lagune, faisait regretter que les 78 digues mobiles du projet MOSE (Modulo Sperimentale Elettromeccanico), censées protéger plus de 15 % de la ville en cas d’inondation impor- tante, ne soient pas opérationnelles. Las, en 2019, le chantier est loin d’être achevé. L'agglomération doit composer avec l’inexo- rable montée des eaux. Plus que jamais, cette année, la capacité de résilience de Venise et des Vénitiens a été mise à l’épreuve. 1ER NOVEMBRE New Delhi retient sa respiration Dans certains quartiers, la pollution de l’air atteint 20 fois le maximum admis par l’Orga- nisation mondiale de la Santé. Les autorités de New Delhi décrètent l’urgence sanitaire dans la capitale indienne. Les chantiers s’arrêtent, la circulation est limitée et des milliers d’écoles sont fermées. Les épisodes critiques de pollution de l’air affectent régu- lièrement d’autres métropoles indiennes : le continent compterait 15 villes parmi les 20 plus polluées au monde. Les brûlis, les gaz d’échappement et les poussières de chantier en sont les premières causes. Les autorités ont développé un large réseau de métro, une autoroute périphérique censée limiter le trafic des poids lourds en centre-ville ; taxis et bus sont invités à se passer du diesel et la circu- lation alternée est régulièrement pratiquée. Des efforts immenses, mais toujours pas à la mesure de la croissance des métropoles et de l’économie indienne. 6 7 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 6. 3 NOVEMBRE Lancement officiel du chantier des Jeux olympiques À Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le Premier ministre a lancé officiellement le chantier du village des Jeux olympiques et paralympiques 2024, qui accueillera plus de 15 000 athlètes sur 52 ha. Ce qui a compté dans le choix de Paris pour accueillir les JO ? Son engagement à privilégier des chantiers sobres en énergie et en matériaux (respectant la trajectoire de neutralité carbone en 2050), à concevoir des structures réutilisables, à développer des solutions de mobilité pérennes bénéficiant aux habitants de la métropole, ainsi que des aménagements propices à la protection de la biodiversité. Le village, après les Jeux, sera converti en logements, commerces, équipe- ments et espaces verts. 7 NOVEMBRE Le triangle de Gonesse n’accueillera pas EuropaCity Le projet de centre de loisirs et de commerces qui devait accueillir 30 millions de visiteurs par an dès 2027 dans le Val-d’Oise ne sortira pas de terre. En dépit des promesses de créa- tion d’emplois dans ce territoire défavorisé et des engagements des promoteurs à com- penser intégralement les terres artificialisées, l’Élysée a fini par y reconnaître un symbole de la consommation de masse en contradiction avec les aspirations de l’époque. Les 80 ha de cultures céréalières ne seront pas remplacés par cet ensemble d’équipements de loisirs, d’hôtels et de commerces. Leur sort n’en est pas moins suspendu au devenir, désormais incertain, de la ZAC, dont EuropaCity était la figure de proue. L’abandon de ce très grand projet pourrait également avoir un impact sur le tracé de la futur ligne 17 du Grand Paris et le destin de la gare de Gonesse, dont la mise en service est prévue en 2027. 7 NOVEMBRE 23 000 tonnes de béton prêtes à accueillir la fusion nucléaire À Cadarache (Bouches-du-Rhône), le gros œuvre du chantier d’ITER est terminé. En 5 ans, VINCI et ses partenaires ont donné le jour à l’infrastructure qui accueillera un « tokamak », ce réacteur révolutionnaire en forme de tore capable de confiner un plasma de 150 millions de degrés et produit par la fusion de noyaux d’hydrogène. Les 35 pays qui portent ce très ambitieux projet prévoient de mener les premiers tests du réacteur en 2025. L’objectif : prouver qu’il est possible de produire davantage de puissance électrique (500 MW) qu’il n’en faut pour « allumer » le plasma (50 W). 15 NOVEMBRE Sidewalk Labs détaille son smart quartier pour Toronto Sur un peu moins de 5 ha, les quais de Toronto sont le terrain d’expérimentations le plus avancé de Sidewalk Labs, la branche « smart city » d’Alphabet. Le quartier se veut un modèle d’économie d’énergie, de gestion des déchets, de fluidité dans les transports et de services intelligents grâce au numé- rique. Waterfront Toronto, le consortium représentant les collectivités territoriales, a obtenu de Sidewalk Labs qu’il revoie ses ambitions à la baisse – la surface concernée passant notamment de 77 à 5 ha – et qu’il donne des garanties sur la préservation des données personnelles des citoyens. La nouvelle copie de Sidewalk Labs confirme enfin que l’infrastructure, « sensible » et active, contribuera à protéger l’environnement, tout en améliorant la qualité de vie. R E T O U R S U R 2 0 1 9 8 9 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 7. S O M M A I R E 212 Réalisations 88 Prédictions 42 Trans- formations 14 Parcours intrapreneurs : cap sur les projets à impact 20 Start-up et scale-up, à chacun son programme 30 « Le futur des mobilités se joue sur les infrastructures » 34 L’intelligence artificielle s’intègre au sein des métiers avec le parcours IA 38 New Deal : le patrimoine des voies rapides du Grand Paris au service des mobilités de demain 40 Building Beyond #2 : un voyage inspirant à travers toutes les échelles des villes et des territoires 1 3 10 11 44 Les dix mots dont on parlera demain 48 L’environnement s‘invite dans toutes les équations 54 Villes mutantes : le bâti et les infrastructures s'adaptent 62 Travail 3.0 : la grande mutation des lieux et des liens 68 Quand le futur fait appel aux matériaux traditionnels 74 IA et open data : le système nerveux des villes fait sa mue 80 Construction Tech : les machines, compagnons indispensables sur les chantiers 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 8. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S & T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 Réalisa- tions 1 Illustration :RaulAguiar
  • 9. Parcours intrapreneurs : cap sur les projets à impact 14 15 R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S Parcours intrapreneurs : cap sur les projets à impact Pour la 4e année, le parcours intrapreneurs de Leonard mobilise la créativité des col- laborateurs des entreprises de VINCI. En 2020, 9 projets sont entrés en incubation, pour tester leur viabilité et leur potentiel d’impact. Quatremoisd’incubationetquatremoisd’ac- célérationpourtransformeruneidéeenprojet viableets’approprierpleinementl’espritetles méthodes des entrepreneurs : c’est le pari du parcours Intrapreneurs de Leonard. Peu après leur admission au parcours, les projets sont exposés aux retours et analyses des pairs et mentors pendant la « rush week ». Un comité d’accélération sélectionne, au terme de 4 mois d’incubation, les projets qui seront dotésdesmoyensd’atteindrerapidementune capacité opérationnelle. Année après année, le programme s’affirme comme un puissant « booster » pour les projets et les parcours des talentsporteursdesolutionsinnovantes,dans tous les métiers du Groupe. Le 10 septembre 2019, le comité de sélection a retenu 9 projets, parmi 70 candidatures. Les projets en devenir 7 projets liés aux activités du Groupe ont été sélectionnés pour être accompagnés en phase d’incubation. Cette 4e promotion s’est emparée en particulier, d’enjeux liés à la décarbonation, la protection de la ressource en eau et l’économie circulaire. Un projet, à dimension sociale et solidaire, voué à devenir une Joint Venture sociale complète cette promotion. Ainsi, « La ressourcerie du BTP » vise à proposer une solution pour faciliter le diagnostic, la dépose propre et la valorisation des matériaux en fin de chantier, en privilé- giant l’insertion professionnelle. Les nouvelles offres déployées via le parcours intrapreneurs, sur le marché en 2020 Parmi les business qui ont finalisé leur phase d’accélération,« Synapse »,portéparAlexandre Cousin, propose d'optimiser la résolution des problèmes d'ingénierie grâce à la création d'outils numériques basés sur le « genera- tive design ». Que ce soit sur l’implantation des fondations ou sur l’aménagement des espacesdansunhôpitaloudeslogements,en passant par le choix des tracés linéaires, ces solutions permettent de réduire l’empreinte environnemental du bâti. « SunMind », porté par Maxime Varin et Barbara Kemmat, développe et finance votre centrale photovoltaïque en autoconsomma- tion, et vous fait bénéficier d'une électricité compétitive. Si vous souhaitez « libérer votre potentiel solaire », n’hésitez pas à faire appel à eux via www.sunmind.co ! Enfin, la Joint-venture sociale « TIM », créée entreVINCIFacilitiesetVitamine-t,permettra àtouteentreprisedefaireappelàdescompé- tencesdemainteneurtechnique,danslecadre d’un parcours en insertion professionnelle. Ces business viennent compléter le porte- feuille de projets accompagnés par Leonard via le parcours intrapreneurs de VINCI : Resallience, le bureau d’études dédié à la résilience au changement climatique des infrastructures (resallience.com) ; Waste MarketPlace, une application qui per- met à tout chef de chantier de commander rapidementunebennepourl’évacuationdes déchets (wastemarketplace.fr) ; Rehalib propose des visites virtuelles inte- ractives de logement (rehalib.fr) ; AVUS, l'application pour visualiser en réalité augmentée les réseaux enterrés et réaliser le recollement (avus.tech) ; Trust [In] : le cabinet de recrutement digital intégré au groupe VINCI, qui lance en 2020 une offre dédiée aux sportifs de haut niveau. Rétro-vision 2017-2019 4 promotions d’intrapreneurs 32 projets accompagnés 8 créations de business units ou d’activités nouvelles 32 mentors internes et 32 mentors externes mobilisés Le parti pris de Leonard est d’accompagner les projets portés par des collaborateurs qui s’inscrivent dans une trajectoire de neutralité carbone ou avec un fort impact social.
  • 10. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 « Ne pas se dire queceprogramme n’est pas fait pour soi » « Tous les jours, j’utilise une compétence dont je me croyais dépourvu » « Contribuer activement à la transition énergétique » Quel a été le moment le plus important du programme ? K. SELOUANE Le moment le plus important fut la dernière étape de validation après la phase d’accélération. J. DE TOMASI Pierrick Bouffaron, lors de la première journée de lancement de l’incubation, nous a annoncé que nous devions contacter au moins 70 personnes pour recueillir leur avis sur le projet. Ca m’a paru totalement inatteignable. Avec le recul, je crois que c’est ce jour-là que j’ai pris conscience que l’exercice allait être très exigeant. Et il l’est ! Quelles ont été les évolutions marquantes de votre projet ? K. SELOUANE Les évolutions marquantes ont été l’internationalisation des contrats et des projets en Afrique, Europe, Caraïbes et Asie... Mais également une visibilité et des sollicitations dans le monde entier, notamment auprès des Nations Unies. M. VARIN SunMind est né de la volonté de contribuer activement à la transition énergétique des entreprises, en leur permettant de libérer leur potentiel solaire. À travers son offre de On-Site PPA (Power Purchase Agreement), SunMind propose à ses clients de développer, financer, construire et maintenir des centrales photovoltaïques en autoconsommation sur leurs surfaces non valorisées (toiture, parking, etc.) ; en contrepartie, ils s’engagent sur le long terme à acheter l’intégralité de l’électricité produite à un tarif compétitif et garanti sur le long terme, défini lors de la signature du contrat. Quelles questions déterminantes le programme vous a-t-il invité à vous poser ? K. SELOUANE Le programme m’a interrogé sur la capacité d’intégration de mon projet au sein de l’écosystème VINCI. J. DE TOMASI Est-ce que j’en ai envie ? J’ai 25 ans d’expérience, je crois être reconnu à mon poste. Ai-je 16 17 Karim Selouane, fondateur de Resallience Jérôme de Tomasi, fondateur de Waste MarketPlace Maxime Varin, fondateur de SunMind envie de tout recommencer à 0 ? Et bien oui parce que lorsqu’on y prend goût, les missions du poste d’avant paraissent bien fades. M. VARIN Parmi toutes les questions que nous avons été amenés à nous poser, je pense que la plus importante fut : « votre produit correspond-il à un besoin réel du marché ? ». Avec quelles personnes clés avez-vous été mis en contact ? K. SELOUANE Plusieurs  : Blaise Rapior, directeur général adjoint chez VINCI Autoroutes ; Pierre Landau, responsable des cellules transverses chez VINCI Autoroutes ; Jean-Serge Boissavit, directeur du développement de VINCI Construction ; Jérôme Stubler, président de VINCI Construction, avec le support étroit de Nathalie Martin-Sorvillo, directrice des programmes innovants chez Leonard. R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 11. 18 19 R É A L I S A T I O N S évidemment dans la stratégie du Groupe. J. DE TOMASI Le programme est un formidable accélérateur. Je n’aurais jamais réussi à en être là sans la méthode du début, très importante et le support ensuite. Cela évite la solitude de l’entrepreneur et ça change tout. M. VARIN Leonard nous a permis de rencontrer de nombreuses start-up, et je retiens que la plupart des start-up à succès - au-delà de la « bonne idée originale » - ont une capacité à exécuter leur roadmap de manière très efficace. Comment votre quotidien de collaborateur de VINCI a-t-il changé ? K. SELOUANE J’ai gagné en interaction avec des responsables d'entités extrêmement divers et variés, au sein de l'ensemble du groupe VINCI, en France et à l’international. des collègues avec des projets, des parcours et des perspectives totalement différents animés par la même volonté de pousser à fond des idées et des projets pour le Groupe qui leur tiennent à cœur. J. DE TOMASI Le programme m’a amené à prendre conscience que je pouvais faire autre chose que ce que je savais faire. Je cultive les contacts et le réseau comme je ne l’ai jamais fait. Tous les jours ou presque j’utilise une compétence dont je me croyais dépourvu. M. VARIN Le programme m’a tout d’abord permis de me lancer dans cette aventure : « avance, et le chemin apparaît », dit le proverbe. Leonard nous tend la main pour faire le premier pas, et sert de garde-fou afin que l’on ne s’égare pas. Et à votre projet ? K. SELOUANE La légitimité de pouvoir développer pleinement un projet à la fois technique et business qui n’était pas forcément J. DE TOMASI Un mentor externe très éloigné (c’est ce que je croyais) de mon projet. Et pourtant, c’est elle qui m’a dit qu’il fallait simplifier, m’a fait prendre conscience que c’était vital. Le programme m’a aussi aidé à oser aborder Xavier Huillard sur le thème de l’intrapreneuriat. J’ai échangé quelques phrases à deux reprises et sa réponse a été par deux fois la même : opiniâtreté. Il a sacrément raison ! M. VARIN Le programme m’a mis en relation avec des interlocuteurs de VINCI Energies, notamment au sein d'Omexom, qui sont aujourd’hui des partenaires clés de SunMind. Plus généralement, le programme m’a permis de rencontrer de nombreux collaborateurs des différentes filiales du Groupe, que je n’aurais pas rencontrés sans Leonard. Qu’est-ce que le programme vous a apporté personnellement ? K. SELOUANE Le programme m’a permis de rencontrer J. DE TOMASI Tout a changé : j’étais à la tête d’une équipe de 50 personnes, j’ai commencé seul et nous sommes 5 en comptant les stagiaires un an après. Je me consacrais à ma mission au sein d’une organisation, je suis maintenant multitâches et quand ce n’est la tâche de personne, ce qui arrive tous les jours, c’est la mienne. Le projet est devenu une société, je ne peux pas me permettre de me considérer comme un collaborateur VINCI, j’agis comme si c’était ma société. M. VARIN J’ai effectué ma période d’accélération en partageant mon temps entre la création de SunMind et mon emploi de Responsable de Projets à la direction du développement de VCCS à 50/50. Quelle est la prochaine étape marquante de votre projet ? K. SELOUANE Créer une entité juridique au sein de VINCI afin d’accélérer notre développement. J. DE TOMASI Une levée de fonds externe pour financer le développement national et voir VINCI Construction devenir un actionnaire minoritaire. M. VARIN Parmi les prochaines étapes, nous avons pour objectifs de finaliser la phase de « permitting » de notre premier projet cette année, de structurer une équipe dédiée, et d’accélérer notre développement commercial sur notre offre d’autoconsommation avec tiers financement (On-Site PPA). Nous souhaitons également bâtir une offre de « centrales solaires mutualisées » : concrètement, il s’agit de développer des centrales au sol de grande ampleur dont l’intégralité de la production sera revendue à des entreprises sur le long terme à travers des « Off-Site Corporate PPA ». Ces contrats n’en sont encore qu’à leur balbutiement dans l’hexagone, mais nous sommes persuadés qu’ils vont activement contribuer à la forte croissance attendue du photovoltaïque dans les années à venir. Que diriez-vous à un collaborateur de VINCI qui hésite à candidater au programme ? K. SELOUANE Je lui conseillerais de bien creuser son projet et de réfléchir aux enjeux business, puis de contacter l’équipe Leonard pour en discuter. En tout cas, de ne pas se dire que ce programme n’est pas fait pour elle ou lui. J. DE TOMASI N’hésite surtout pas, l’expérience est épanouissante, rafraichissante, et même souvent déstabilisante et ébouriffante mais qu’est-ce que c’est bon ! M. VARIN Je lui dirai de prendre un A4 dès qu’il a fini de lire ce yearbook, et d’écrire quelques lignes sur le projet qu’il a en lui mais qu’il n’a pas encore formalisé. Enfin, je l’inviterai à en parler autour de lui dès demain, et à documenter son idée. Enfin, s’il est toujours convaincu par son idée, je lui dirai de candidater au programme d’intrapreunariat ! 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 12. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 20 21 Un incubateur porté par une major : est-ce la formule dont les marchés de la construction, de l’immobilier, de l’énergie, ont besoin aujourd’hui pour s’adapter aux enjeux de notre époque ? Des innovations de rupture émergent de plus en plus régulièrement à l’initiative de start-up dans les métiers historiques de VINCI - c’est un phénomène qu’on a pu bien observer sur la thématique énergétique depuis des années, mais qui concernait encore peu les secteurs de l’immobilier ou de la construction jusque très récemment. Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’explosion du nombre de start-up qui créent des solutions pour la planification, la construction et l’opération des bâtiments ou des infrastructures. Pour prendre l’exemple de la ConTech (construction technology), qui se concentre sur le processus constructif, l’investissement mondial a doublé de 2017 à 2018 pour atteindre plus de 6 milliards de dollars et devrait dépasser les 10 milliards de dollars en 2019. Les programmes portés par Leonard permettent de capter et de déployer ces innovations qu’elles viennent de nos collaborateurs aussi bien que start-up externes au Groupe. Qu’est-ce qui a motivé la création des programmes SEED et CATALYST ? Depuis sa création, Leonard assure la détection, l’accompagnement ainsi que le déploiement de start-up externes au Groupe. « Des innovations de rupture émergent sur nos marchés » Guillaume Bazouin, Open Innovation Startups at Leonard R É A L I S A T I O N S Start-up et scale-up, à chacun son programme Leonard a lancé cet automne le premier accélérateur européen dédié aux start-up et scale-up spécialisées dans la construc- tion, la mobilité, l’immobilier, le retail et les villes intelligentes et durables pour faireémergerlesleadersentrepreneuriaux européens de demain. À partir du 9 décembre, Leonard a accueilli 6 start-up « early stage » dans le cadre du programme SEED. Elles bénéficient : d’un accompagnement sur mesure pour accélérer leur business et en particulier du soutiendu CenterforProfessionalDevelopment de l’Université de Stanford, d’un réseau de mentors et d’experts propice au développement de leur activité de contacts avec les collaborateurs des entreprises de VINCI. Une semaine plus tard, 11 entreprises ont rejoint le programme CATALYST, destiné à accélérer les coopérations entre VINCI et les start-upouscale-upenphasededéploiement commercial, elles bénéficieront : d’un interlocuteur privilégié au sein de l’équipe de Leonard pour interagir avec les entités de VINCI depuis la prise de contact jusqu’à la contractualisation, d’unaccèsprivilégiéauxdécideursdeVINCI, d’une intégration au cycle événementiel de Leonard, pour les start-up internationales, des meilleures conditions d’accès aux marchés français et européen. Leonardaopérécettesélectionens’appuyant sur ses partenaires investisseurs, institution- nels et académiques en France et à l’étranger, en particulier en Espagne, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis tout au long de l’année 2019. 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 13. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 programme en entrant au capital de chaque start-up SEED. CATALYST, à l’inverse, n’est pas un programme d’investissement, mais un programme d’accompagnement pour des start-up, scale-up ou PME qui développent des offres pertinentes, parvenues à maturité et scalables pour le groupe VINCI. Les start-up que nous visons sont très en demande d’un acteur leur permettant de leur faciliter les mises en relations et les premières phases d’échange avec les bons acteurs au sein d’un Groupe aussi décentralisé que le nôtre. Nous leur donnons ces clés et leur permettons d’économiser un temps précieux. Quels sont les avantages pour les start-up accompagnées ? Et pour VINCI ? Le programme SEED permet d’ancrer le groupe VINCI au cœur de l’écosystème des nouveaux acteurs qui inventent le futur des villes et des infrastructures. Nous remplissons un vide sur le marché mondial avec une offre permettant à des start-up « early stage » de confronter leurs offres à nos opérationnels en amont de leur première levée. Ces start-up n’ont pas de lien exclusifs avec VINCI, mais auront grandi avec nous - et nous aurons grandi avec elles. Le programme CATALYST a lui pour ambition d’accélérer et de fluidifier le lancement de partenariats entre des start-up et le groupe VINCI. Pour VINCI, c’est un accès aux meilleurs produits et aux meilleurs services développés par des start-up à travers le monde pour renforcer nos propres offres ou en développer des nouvelles. Quels sont les objectifs des deux programmes pour cette année ? L’objectif de 2019 était bien le lancement de ces programmes. Pour 2020, il s’agira de montrer une traction en externe, auprès des start-up, et en interne, auprès de nos collaborateurs. Pour SEED, cette traction sera au rendez-vous si les start-up que nous accompagnons parviennent à lever auprès de fonds d’investissement en capital risque pour continuer leur aventure. Pour CATALYST, il s’agira de montrer que les produits et services portés par les start-up qui intègrent le programme sont largement adoptées par nos collaborateurs. A l’échelle du CAC40, moins de 5% des projets pilotes avec une startup se concrétisent en relation de long terme. Avec CATALYST, nous souhaitons transformer l’essai dans 50% des cas ! 22 23 R É A L I S A T I O N S Les programmes SEED et CATALYST viennent apporter une structuration respectivement autour d’un accélérateur de start-up en phase d'amorçage pour SEED et autour d’un programme de collaboration pour start-up en déploiement commercial pour CATALYST. Comment se fait la sélection des start-up participantes ? Plus de 400 start-up à travers le monde ont candidaté aux programmes SEED et CATALYST pour leur première édition. Les équipes de Leonard ont tout d’abord évalué la qualité des start- up candidates en se concentrant sur leur viabilité, la qualité de leur équipe, leur niveau de maturité ainsi que la robustesse de leur financement. Dans un deuxième temps, la sélection s’est faite dans l’échange avec de nombreux spécialistes du Groupe qui nous ont permis de déterminer la pertinence des projets portés dans leur application à nos métiers. Quels liens existe- t-il entre ces deux programmes et le programme Intrapreneurs de Leonard ? L’intrapreneuriat permet à tout collaborateur du Groupe de proposer un projet de business qu’il ou elle pourra in fine porter au sein d’une nouvelle activité. Très souvent, les sujets identifiés par nos intrapreneurs sont aussi identifiés par des start- up externes au Groupe (et vice versa). Ce phénomène de co-émergence est d’ailleurs un bon indicateur de la pertinence d’une idée. Ces chevauchements sont autant d’opportunités de collaborations et de co- développements internes/ externes à explorer afin de maximiser les chances d’émergence d’une innovation de rupture. Si l’on en croit Thomas Edison, le génie, c'est 1 % d'inspiration et 99 % de transpiration... Quelles sont les spécificités de SEED et CATALYST par rapport à d’autres programmes d’incubation ? Le nerf de la guerre pour ce type de programme c’est la qualité du sourcing, et donc l’attractivité de l’offre. Pour être compétitif au sein de la myriade des accélérateurs, incubateurs et autres start-up studio, cette offre doit être claire et différenciée. Pour SEED, nous permettons à des start-up récemment formées de valider leur proposition de valeur auprès des collaborateurs VINCI qui pourraient devenir leurs clients à l’avenir. Nous leur offrons une formation à l’entrepreneuriat en partenariat avec l’Université de Stanford en Californie pour les préparer au mieux à leur première levée, et nous les hébergeons pendant six mois dans nos locaux. Chaque start-up reçoit de plus 30 000 € pour soutenir ses premiers mois de croissance. Leonard valorise son 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 14. HOLOBUILDER (États-Unis) – solutions de capture de réalité pour l’analyse des progrès et la gestion de projet de construction Immobilier SPACEMAKER (Norvège) – solution permettant de développer un projet immobilier et d'en orienter la programmation et la conception vers un optimum spatial, réglementaire et d'usage Sécurité des compagnons KENZEN (États-Unis) – plateforme de suivi biométrique qui s’appuie sur un wearable intelligent pour prévenir les troubles liés à la chaleur et aux efforts excessifs dans l’industrie et le BTP SMARTVID.IO (États-Unis) – prédiction et prévention des risques d’accident de chantier à travers l’analyse d’images et de flux vidéo captés sur le chantier Robotique CIVDRONE (Israël) – solutions de marquage rapides embarquées sur des véhicules sans pilote Infrastructure DIREXYON (Canada) – plateforme de modélisation fonctionnelle et financière des actifs et infrastructures complexes (réseaux électriques, autoroutes, chemins de fers et autres) 24 25 R É A L I S A T I O N S SEED : 6 jeunes pousses pour grandir avec nous Construction BUILD2B – 1e marketplace des freelances du BTP et de l’immobilier CUBEEN – l’élément constructif universel pour réaliser des espaces outdoor modulaires et démontables SOLIQUID – un procédé unique d’impression 3D grande échelle hors-site destiné à la préfabrication sans limite et optimisée pour l’industrie AEC Mobilités EP TENDER – une offre de batteries « as a service », pour une approche modulaire et accessible de la mobilité électrique VANO – solution de VTC quotidienne partagée, inclusive et écologique, pour les communes moyennes et zones de moyenne densité Énergies HOMEYS – solution d’analyse des données de température pour optimiser la facture d’énergie des bâtiments équipés de chauffage collectif CATALYST : 11 partenaires privilégiés en quête de croissance Mobilités WAYCARE (États-Unis) – plateforme cloud d’analyse des données d’usage pour la gestion des incidents dédiée aux opérateurs d’infrastructures routières Construction AOS (France) – logiciel d’optimisation de l’ensemble du processus de consultations de sous-traitants dans le secteur du BTP COMBO SOLUTIONS (France) – éditeur de Vizcab, une solution d’analyse du cycle de Vie automatisé pour la maîtrise des objectifs énergie et carbone CONVERGE (Royaume-Uni) – intégration de l’intelligence artificielle et des données de capteurs pour digitaliser la construction HIBOO (France) – application SaaS qui aide les acteurs de la construction à optimiser le pilotage des opérations menées sur le terrain 17 partenaires de la transformations des métiers 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 15. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 Comment l’inspiration, l’envie de vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale est- elle venue ? L’idée de développer une solution de batteries modulables, sur abonnement, m’est venue comme utilisateur potentiel de véhicule électrique, et alors que j’avais l’opportunité de me lancer dans l’entrepreneuriat après 26 ans dans l’Asset Management. « Leonard est une ruche foisonnante d’activités d’innovation qui échappe à l’effet bocal de certains incubateurs en combinant collaborateurs du groupe et start-up en un même lieu » Jean-Baptiste Segard, fondateur de EP Tender 26 27 En quoi le programme SEED était-il adapté à votre projet ? EP Tender est à la croisée de l’infrastructure, de l’énergie et de l’automobile. VINCI est acteur des deux premiers secteurs et partenaire du troisième ! Le programme SEED m’a semblé très pragmatique, réaliste et une aide concrète pour développer des expérimentations au sein du Groupe et avec ses partenaires. villes moyennes en mode expérimental. Qu’espérez-vous avoir appris d’ici 6 mois ? Une connaissance précise des usages et des typologies d’utilisateurs, l’optimisation des process opérationnels du service… Et donc la fiabilisation des paramètres du business model. Quelle sera la prochaine étape clé de votre projet ? Ouvrir des nouvelles villes proactivement suite à une étude d’opportunité, et pour ce faire réaliser une levée de fond permettant de financer les investissements nécessaires. Où vous voyez-vous dans 2 ans ? Autour de 10 villes en exploitation, plusieurs millions de chiffre d’affaires. R É A L I S A T I O N S « SEED est un programme très complet qui répond aux besoins prioritaires des jeunes start-up » Comment l’inspiration et l’envie de vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale est- elle venue ? Habitant d’une ville moyenne, j’en connais les problématiques de mobilité quotidienne. Ma connaissance du secteur digital m’a permis d’identifier des nouvelles solutions technologiques disponibles à moindre coût, qui permettent d’apporter une nouvelle solution à ces territoires. Pourquoi le programme SEED était-il adapté à votre projet ? Leonard Seed est un programme très complet qui répond aux besoins prioritaires des jeunes start-up : un financement permettant d’avancer vers la réalisation du premier prototype, un hébergement dans un lieu propice à l’innovation et aux interactions fructueuses en particulier autour des thématiques de la ville durable, un Hugues Hansen, fondateur de VanO accompagnement par le groupe VINCI qui apporte ses compétences métiers, sa crédibilité auprès des décideurs et la possibilité de partenariat, et enfin un accompagnement et une formation par des experts externes français ou internationaux, pour apprendre de l’expérience des autres. Capitaliser sur toutes ces expériences complémentaires permet de prendre le plus rapidement possible les bonnes décisions. Qu’espérez-vous réaliser d’ici 6 mois ? Proposer le service VanO au sein d’une ou deux Témoignages 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 16. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 « Nous travaillons avec de grandes entreprises américaines et commençons notre expansion internationale » Josh Kanner, fondateur de Smartvid.io Qu’est-ce qui a inspiré votre projet ? Notre équipe mobilise un éventail de technologies dans le secteur de la construction depuis 15 ans, ce qui nous a permis d’identifier le potentiel qu’avait l’IA à améliorer la sécurité dans le secteur. Comment avez-vous découvert le programme CATALYST ? J’ai rencontré Ludivine Serrière, l’une des représentantes du programme, lors de la conférence BuiltWorks à Los Angeles. Nous travaillons avec de grandes entreprises américaines et commençons notre expansion internationale. Que vous apporte le fait d’intégrer une communauté d’innovateurs autour de VINCI ? Nous avons hâte d’apprendre de cette communauté la meilleure manière de travailler en Europe. Plus particulièrement avec les équipes de Leonard et de VINCI, nous espérons avoir de fructueuses conversations au sujet de la manière dont est appréhendée la sécurité au niveau personnel, et à partir des photos de chantier. 28 29 Qu’espérez-vous réaliser d’ici 6 mois ? Nous aimerions rencontrer des responsables d’opérations et des directeurs en charge du risque pour explorer comment nos modules prédictifs peuvent s’intégrer aux dispositifs de VINCI. Nous voulons lancer des projets de démonstration, pour montrer que notre IA, « Vinnie », peut aider VINCI à réduire le risque d’accident sur ses chantiers. Nous aimerions aussi trouver un nom en Français pour « Vinnie » ! R É A L I S A T I O N S Nous avions déjà eu l’occasion de réaliser un premier petit Proof of Concept avec Renault et VINCI. SEED est une très bonne façon de prolonger et transformer cet essai. Être intégré à une communauté d’innovateurs, dans le champ des métiers de VINCI, en quoi est-ce important ? Je suis impressionné d’observer la ruche Leonard, foisonnante d’activités d’innovation et combinant les collaborateurs du Groupe et de start-up en un même lieu. Les incubateurs risquent le travers du « bocal » à vocation de communication. Le côté immersif de Leonard échappe à ce risque et devient une condition de succès. Qu’espérez-vous réaliser d’ici 6 mois ? Un consensus sur notre business plan/model et un plan d’action opérationnel pour des tests pilotes. Qu’espérez-vous avoir appris d’ici 6 mois ? Une excellente connaissance de VINCI Autoroutes et VINCI Energies, la capacité opérationnelle à coopérer avec un grand groupe, et une equity story convaincante ! Quelle sera la prochaine étape clé de votre projet ? Finaliser le business plan et déposer un dossier de financement EIC Accelerator en mai 2020 pour la réalisation de pilotes incluant des acteurs majeurs de la filière (dont bien entendu VINCI). Où vous voyez-vous dans 2 ans ? Nous serons aux tous débuts de la production industrielle et du lancement commercial grand public, avec le soutien actif des constructeurs, et nous l’espérons VINCI comme partenaire industriel. Notre principal problème sera alors de satisfaire une demande potentielle considérable et de disposer d’une structure capable d’accompagner une croissance vertigineuse en cas de succès. 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 17. L’intelligence artificielle s’intègre au sein des métiers avec le parcours IA Pour VINCI, l’intelligence artificielle (IA) n’estplusunetendancedonttoutlemonde parle, mais un outil à mobiliser sur tous les fronts, grâce à l’appui d’un programme et d’experts animés par Leonard. L’intelligence artificielle, toujours objet de recherche, s’impose aussi aujourd’hui comme un élément susceptible d’apporter de la valeur à un éventail toujours plus large d’activités. Logique : avec la démocratisation de la puissance de calcul et la commoditi- sation des algorithmes, des infrastructures et des modèles, miser sur l’IA devient une option accessible et agile pour améliorer un business, optimiser un procédé ou anticiper une transformation du marché. À condition cependant de savoir bien qua- lifier le cas d’usage envisagé et de disposer des données adéquates. Comment être certain que l’IA sera l’outil adapté ? Comment évaluer la qualité et la quantité des données nécessaires ? Vers quel type de modèle s’orienter ? Les réponses les plus sûres à ces questions sont celles des spécialistes de l’IA. Mais elles ne prennent toute leur valeur qu’à condition que développeurs et experts du traitement de données travaillent au plus près avec les experts métiers. En effet, comment s’assurer que l’IA mise en œuvre délivre des informa- tions pertinentes, fiables et transparentes ? Seuls les experts métiers sont capables de répondre à cette question. C’est la raison d’être du parcours IA : offrir, 5 mois durant, un accompagnement spécialisé aux collaborateurs des différentes entités de VINCI qui pensent que l’IA peut leur apporter des relais de croissance. Piloté par Bruno Daunay et Quentin Panissod, inspiré par les conclusions de la mission prospective sur l’IA conduite en 2018 par Leonard, le programme, qui fait le pari de l’effort collaboratif et des synergies entre projets,s’appuiesurdeséchangesrapprochés entre des équipes projets restant dans les entités opérationnelles de VINCI, et des data scientistsconfirmésjouantlerôledecoaches. 30 Le parcours, en pratique : Candidature (2,5 mois) + Qualification (1 mois) Un ou plusieurs collaborateurs identifient un cas d’usage pouvant intégrer de l’IA et disposent de données exploitables ou, du moins, accessibles – le potentiel du projet est évalué par les experts IA de Leonard qui aideront à préciser le cas d’usage. Pendant le premier mois, les équipes projets, avec l’appui des équipes de Leonard : réaliseront : • une étude de marché sur les solutions existantes, • une étude de l’état de l’art sur les modèles existants, • une étude approfondie des infrastruc- tures pour développer la solution, • une synthèse sur l’intérêt de développer, ou non, eux-mêmes la solution ; suivront une formation (théorique et pratique) sur des thématiques de l’in- telligence artificielle afin d’augmenter leur niveau de compétences ; maîtriseront une première base de don- nées structurée pouvant être présentée à un algorithme d’IA. « Le parcours IA est conçu pour faire monter en compétences tous les collaborateurs de VINCI, qu’ils aient des compétences relatives à cette technologie ou non et quel que soit leur projet. Et c’est parce que les solutions sont développées par les équipes terrain que l’IA peut être mieux comprise et se diffuser dans le Groupe. À chaque fin de parcours, plusieurs équipes sont formées et autonomes sur la technologie. C’est le meilleur moyen d’assurer l’avenir de VINCI dans son modèle décentralisé. » — Bruno Daunay, co-directeur du parcours intelligence artificielle de Leonard 31 R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 18. Incubation (4 mois) L’équipe projet est accompagnée au quoti- dien par un coach afin de réaliser son idée. Les premiers modèles sont implémentés et les paramètres sont précisés en fonction des objectifs à réaliser. Des sprints hebdo- madaires de développement permettent d’atteindre les buts fixés par les coaches. Si les compétences de l’équipe projet ne sont pas suffisantes, des cours suivis de travaux dirigés sont dispensés afin d’assurer la montée en compétences. Enfin, l’équipe projet accède aux réseaux d’experts issus du Groupe et aux infrastructures et événements de Leonard. À la fin du parcours, les modèles, l’infrastructure et la pertinence économique sont affinés. Il ne reste plus à l’équipe projet qu’à industrialiser sa solution suivant le plan préétabli en lien avec le coach, car elle est désormais autonome. Implémentation au sein du Groupe En 2019, l’IA a été mobilisée pour : … la maintenance prédictive des voies de LGV (Lisea-Mesea) / VINCI Concessions … l’optimisation du temps de taxi des avions / VINCI Airports … la caractérisation de la satisfaction des visiteurs dans les aéroports / VINCI Airports … le design génératif pour l’installation de réseaux d’extinction incendie / VINCI Energies … le design génératif pour la construction / VINCI Construction - Synapse … la maintenance prédictive des autoroutes allemandes / VIA-IMC … la génération automatique de plans pour les monuments historiques / Pateu et Robert … l’analyse de la performance des chantiers / Dodin Campenon Bernard. Intégrer l’intelligence artificielle dans les pratiques 32 33 R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 19. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9R É A L I S A T I O N S « Le futur des mobilités se joue sur les infrastructures » L’enthousiasme pour les projets de voiture autonome a pu donner l’impression d’une arrivée imminente de ces véhicules dans les rues des villes. Les constructeurs s’en tiennent cependant, aujourd’hui, à des annonces prudentes. Le signe d’un essoufflement ? Je ne partage pas ce constat, même si les challenges sont réels. Les investissements continuent à aller bon train, nombre de constructeurs s’engageant à hauteur de plusieurs milliards d’euros. La presse généraliste peut donner une impression trompeuse, quand elle voit, après l’accident fatal d’un véhicule d’Uber, la véhicule de niveau 3 est vendu depuis octobre 2019. L’apport de l’infrastructure sera un élément clé dans l’atteinte de ces objectifs, surtout pour le niveau 4. Où vont rouler ces véhicules autonomes de niveaux 3 et 4 ? L’avenir du véhicule autonome individuel va d’abord se jouer sur autoroute. C’est un environnement contrôlé, maîtrisé, sans intersections délicates, où les vitesses sont, usuellement, assez homogènes. Il faut compter aussi avec les navettes à basse vitesse, en site dédié ou encadré. La France, avec Navya et EasyMile, est bien placée dans ce domaine. Des déploiements pilotes existent un peu partout dans le monde ; on en compte plus d’une centaine. VINCI contribue au consortium « SAM » (Sécurité et Acceptabilité de la conduite et de la Mobilité autonome), qui a répondu à un appel à projets d’expérimentations national. De quoi s’agit-il ? L’appel à projets EVRA (Expérimentions du véhicule routier autonome) a pour but d’accélérer les expérimentations de véhicules autonomes en France pour soutenir la filière française. Le consortium SAM, lauréat de cet appel à projets, mènera 13 expérimentations en France, entre 2019 et 2022. VINCI Autoroutes, avec PSA et Renault, est impliquée dans une expérience dédiée à la conduite autonome sur route à chaussée séparée. Mais nous avons commencé les essais avant le lancement de cet appel à projets. En partenariat avec PSA, VINCI Autoroutes teste, depuis 2017, la coopération entre véhicules autonomes et autoroutes, en particulier dans les cas de « singularités de parcours » : barrière de péage, tunnel, objet sur la chaussée, travaux, arrêt d’urgence… De telles tentatives sont susceptibles d’intéresser de nombreuses entités de VINCI, car elles mobilisent des combinaisons d’expertises. Leonard joue le rôle de « kickstarter » pour ces sujets, qui peuvent donc être transférés vers les différentes entités opérationnelles du groupe VINCI. Des capteurs en bord de voie peuvent fournir une perception complémentaire à celle des véhicules autonomes, améliorant leur compréhension de leur environnement, ainsi que la sûreté globale du système. Explications de Pierre Delaigue, directeur des projets de mobilité autonome, connectée et électrique à Leonard. fin du rêve du véhicule autonome ; mais rappelons qu’Uber a repris ses essais dès la fin 2018. Certaines des difficultés du véhicule autonome, tant techniques qu’économiques, ont pu être sous-estimées. Mais ce qu’on observe actuellement est une accélération des constructeurs ou grands acteurs du secteur pour tenir leurs feuilles de route plutôt qu’un ralentissement, notamment via l’investissement ou la consolidation capitalistique pour mutualiser leurs efforts. La plupart des constructeurs envisagent à présent des véhicules de niveau 3, commercialisés autour de 2020-2021, et de niveau 4 autour de 2025. Au Japon, le premier 34 35 L’avenir du véhicule autonome individuel va d’abord se jouer sur autoroute. Pierre Delaigue, Directeur des projets de mobilité autonome, connectée et électrique 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 20. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 Qu’apporte l’infrastructure au véhicule autonome ? Aujourd’hui, le véhicule autonome rend la main au conducteur quand il est face à une situation spécifique. Mais l’infrastructure peut caractériser la singularité en amont et assister le véhicule pour qu’il anticipe et reste en mode autonome, offrant à l’utilisateur une expérience plus sûre et continue. C’est cela que nous expérimentons. En juillet 2019, nous en avons apporté la preuve sur l’A11 dans des cas de contournement d’une zone de travaux et de freinage d’urgence. Dans le cadre de SAM, nous allons capitaliser sur ces premiers développements et commencer également à travailler avec Renault. L’idée est de concevoir une « perception débarquée », prise en charge par l’infrastructure. Les capteurs embarqués dans les véhicules ne voient que jusqu’à 200 mètres environ ; à 130 km/h, c’est trop peu pour prendre les bonnes décisions ou anticiper les manœuvres adéquates. Nous concevons donc des solutions de perception en bord de route – une perception « étendue » au-delà de l’horizon de vision du véhicule lui-même, quand elle s’inscrit à l’échelle d’un tronçon d’autoroute. Comment l’infrastructure met- elle en place cette perception débarquée ? Nous mettons à contribution les équipements présents : les caméras déjà installées sur le réseau, dont les images sont analysées en vision par ordinateur grâce aux compétences de Cyclope.ai, une filiale spécialisée de VINCI Autoroutes. L’enjeu étant de transmettre au véhicule des informations qualifiées, avec de hauts niveaux de confiance. Cela pourrait commencer par certains points particuliers du réseau, comme les entrées et les sorties d’autoroute. La perception débarquée interviendrait dans ces situations, où il faut négocier une insertion ou lorsqu’une courbe peut masquer d’autres véhicules. L’infrastructure a-t-elle besoin de la 5G pour assister le véhicule ? La 5G apporte une vraie valeur pour certains services qui ont, par exemple, des besoins de latence réduite et de bande passante large. Mais nos expérimentations actuelles fonctionnent sans la 5G ; plusieurs technologies de communication, courtes et longues distances, existent et peuvent être exploitées aujourd’hui. Cela dépend de l’application souhaitée. Si l’on vise du « remote driving », où l’infrastructure pilote littéralement les véhicules, alors la 5G sera probablement un atout pour envoyer des consignes aux voitures avec des latences très faibles, dans des bandes de fréquences dédiées et à haut niveau de service. En pratique, nous sommes agnostiques à l’égard des technologies de communication. De la même manière, nous souhaitons développer des solutions interopérables entre constructeurs et, à terme, entre opérateurs d’autoroutes. L’infrastructure contribuera-t-elle à démocratiser les véhicules autonomes ? Oui, parce qu’elle va aider à relever deux défis. Celui de la sûreté, d’abord : l’infrastructure, grâce à la connectivité et à la perception débarquée, facilitera l’atteinte des niveaux de sûreté nécessaires au déploiement des systèmes de niveau 4, qui ne peuvent pas s’appuyer sur le conducteur comme backup en cas de problème. Le système de conduite global véhicule- infrastructure sera plus sûr. Ensuite, le coût : les technologies à embarquer dans les véhicules sont aujourd’hui onéreuses, notamment pour le niveau 4. En débarquer une partie sur l’infrastructure, en s’appuyant notamment sur les expertises de VINCI Energies et d’Eurovia, permettrait de mutualiser partiellement ces coûts, rendant la mobilité autonome globalement accessible au plus grand nombre. 36 37 R É A L I S A T I O N S (source : iStockPhoto) 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 21. New Deal : Le patrimoine des voies rapides du Grand Paris au service des mobilités de demain Le « New Deal pour les voies rapides du Grand Paris », un projet associant urba- nistes, architectes, ingénieurs, experts de l’environnement et des mobilités, propose de réduire le trafic automobile, tout en accroissant le nombre de personnes transportées sur le réseau autoroutier francilien, et de restituer une part de la voirieauxespacespublicsetauxmobilités douces. Une révolution réaliste pour l’in- frastructure autoroutière d’Île-de-France. À l’approche des élections municipales de 2020, institutions et candidats multiplient les suggestions plus ou moins radicales pour l’avenir du boulevard périphérique parisien, une infrastructure aussi vitale que mal aimée. Cet afflux de propositions souligne l’urgence de réinventer le destin de la voie rapide qui ceinture la capitale, devenue au fil des années unparangondecongestion,depollutionetde coupure urbaine, souvent présentée de ce fait comme un anachronisme — alors même que les besoins de mobilité de la région capitale n’ont jamais été aussi importants ! Mais on ne saurait mener une réflexion prospective utile sans l’étendre au-delà du trop fameux périphérique. Rien ne chan- gera sur cet anneau tant que les 250 000 conducteurs seuls au volant (« autosolistes »), qui parcourent chaque jour entre 10 et 40 km pour se rendre dans le cœur de la région capitale,nedisposerontpasd’offrealternative satisfaisante de transport en commun. Pour offrir un nouveau plan de mobilité routière à Paris, il faut revoir le devenir de l’ensemble des voies rapides franciliennes. Un projet pensé des périphéries au centre Quel avenir imaginer pour les 1 000 km de réseau autoroutier francilien structurant ? C’est pour répondre à cette question que le ForummétropolitainduGrandParisalancé,en 2018, une consultation internationale. Quatre équipes ont été choisies pour nourrir le débat. Parmielles,leNewDealpourlesvoiesrapides GrandParis,associantLeonard,l’agenceSeura de l’architecte et urbaniste David Mangin, les urbanistes et paysagistes barcelonais de Jornet Llop Pastor et Carlo Ratti Associati (au MIT, Carlo Ratti dirige le Senseable City Lab). Une équipe largement pluridisciplinaire regroupanturbanistes,architectes,ingénieurs, experts des mobilités, de l’environnement et de l’analyse du trafic… pour une révolution réaliste à rebours des idées reçues. Son idée-force ? Réinventer le rôle du réseau d’autoroutes depuis les confins du Grand Paris vers la capitale plutôt que d’imposer aux périphéries les conséquences de res- trictions de circulation adoptées intra-muros. Une vision originale, doublée d’une ambition forte, puisque l’équipe New Deal du Grand Paris vise 50 % de réduction du trafic routier d’ici à 2050, tout en augmentant la capacité totale de mobilité et en libérant la moitié de la superficie des voies rapides. Trois étapes, de 2020 à 2050 Comment  ? En mettant l’infrastructure routière au service des mobilités partagées et en la connectant au réseau ferré actuel et futur, en trois étapes. Entre 2020 et 2024, quelque 200 lignes de cars articuleront le réseau routier avec les réseaux du Grand Paris Express et du RER, via des hubs – en pratique, de vraies places, ancrées dans les territoires – accueillant services de mobilité, commerces, bureaux… Ensuite, jusqu’en 2030, des réseaux de trans- ports collectifs (cars, navettes, covoiturage) sur route pourront être déployés sur des voies dédiées sur la Francilienne, l’A86 et les principales radiales, permettant d’accéder aux gares via 24 terminaux d’interconnexion avec le réseau ferré du Grand Paris Express. À l’horizon 2050, le trafic des voies « New Deal » pourra être largement optimisé grâce à des flottes de véhicules autonomes, libérant ainsiunepartiedelasuperficieoccupéeparla voirie. Le périphérique pourrait ainsi se trans- former en boulevard apaisé, accueillant pro- menade, véloroute, espaces publics arborés… Proposition de Carlo Ratti Associati (source : New Deal) 38 39 R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 22. Building Beyond #2 : un voyage inspirant à travers toutes les échelles des villes et des territoires Face aux défis technologiques, écolo- giques, sociaux et économiques, villes et territoires interrogent leurs échelles de pensée, de conception et d’interaction. Experts, artistes et entrepreneurs sont venus éclairer toutes les dimensions de la ville et des infrastructures lors de la deuxième édition de ce festival unique en son genre. Temps, espace, populations… Cités, territoires et infrastructures s’inventent et évoluent à toutes les échelles, chacune porteuse de son histoire et de ses défis émergents à relever. L’historien, l’architecte, l’urbaniste ou le designer les pratiquent au quotidien, sépa- rément ou conjointement. Mais le géologue, lecréateurdejeuvidéoouencorel’auteurede science-fiction ont le pouvoir de les éclairer de regards inédits, parfois provocateurs, mais toujours enrichissants. Tel était le pari des 24 rencontres organisées dans le cadre du festival Building Beyond, mêlant explorations prospectives, pitchs de solutions innovantes, débats d’experts et ateliers ludiques. Un pari réussi puisque plus de 1 000 personnes se sont pressées pour échanger avec les 50 intervenants réunis par Leonard, La Fabrique de la Cité et la Fondation VINCI pour la Cité. Le programme, dense, a fait se croiser les regards initiés et profanes autour des questions des limites mouvantes delaville,desespacesàconquérir,del’impact écologique et climatique du tissu urbain… Florilège : Sénamé Koffi Agbodjinou, architecte togo- lais, fondateur de L’Africaine d’architecture a revendiqué une « sagesse d’articu- lation entre le tout et les parties, où le système s’adapte et nourrit le milieu dans lequel il s’insère ». « Les méthodologies des archéo- logues s’appliquent aujourd’hui à la construction », a fait valoir Yves Ubelmann, cofondateur de la start-up Iconem, spécialisée dans la préser- vation numérique des sites grâce à la photogrammétrie. 40 Intervention : La paléo-inspiration, socle des constructions du futur ?, avec Loïc Bertrand, fondateur et directeur d’IPANEMA, le premier laboratoire entiè- rement dédié à ce domaine de recherche. Aux dires de Marian Goodell, CEO de Burning Man, le festival culte du désert du Nevada et Ubisoft ont le même objectif : « Créer des mondes pour ceux qui n’en ont pas. » Intervention  : Du Burning Man à Assassin’s Creed : inventer la ville, avec Raphaël Lacoste, directeur artistique chez Ubisoft. « Autant la prospective est basée sur ce qui est prévisible, autant la science-fictionestpriéed’inventer un imprévisible », a affirmé Catherine Dufour, auteure de science-fiction et membre du collectif d’écrivains Zanzibar. Intervention  : De la prospective à l’action : quand la science-fiction aideàinventerl’urbain,avecMathieu Baudin, directeur de l’Institut des Futurs souhaitables, et Catherine Dufour. « Le sous-sol est un réservoir d’opportunités pour repositionner les infrastructures qui nécessitent des emprises importantes et pour relocaliser la production », a rappelé Achille Bourdon, cofondateur de l’atelier d’architecture Syvil (à l’origine du projet « L’Immeuble inversé »). Intervention : Sous terre ou dans les airs, faut-il choisir ou construire ? Didier Mignery, fondateur de Upfactor, Patrick Supiot, DG de VINCI Immobilier, Bruno Barocca, maître de conférences à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, et Marion Girodo, architecte à l’Agence Seura et auteure de l’ouvrage Mangroves urbaines. « Paris n’est pas vouée à être une ville minérale, […] elle doit pouvoir devenir tout autre, par exemple, si l’on dépave les cours pour en faire des jardins », a insisté Marion Waller, directrice adjointe du cabinet de Jean-Louis Missika, en charge l’urbanisme à la mairie de Paris. Intervention : Quelle ville à l’heure de l’anthropocène ? avec Bastien Kerspern, fondateur du studio de design Design Friction, et Jean-Marc Fourès, doctorant en géographie au Ladyss et spécialiste de la road ecology. 41 L’immeuble inversé de l’atelier Syvil (source : site web de l’atelier) R É A L I S A T I O N S 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 23. V E R S D E S V I L L E S D É S I R A B L E S E T R É S I L I E N T E S - R É A L I S A T I O N S T R A N S F O R M A T I O N S 2 0 1 9 Trans- formations 2 Illustration :ArielDavis
  • 24. Leave- no-trace Voici 15 ans que les participants au festival Burning Man sont invités à ne rien laisser derrière eux. Cette consigne de « leave-no- trace » est un défi : les 80 000 festivaliers doivent séjourner dans un désert aride, le Black Rock, dans l’État du Nevada. Et pour- tant : « Black Rock City », ville éphémère de logements et d’infrastructures provisoires, retourne à la poussière chaque année. Preuve fragile – les « Burners » ne vivent que quelques jours sur place – qu’une agglomération légère et temporaire (mais pas forcément sobre en ressources) est possible. D E M A I N 44 Climate fiction Dans la catégorie des sous-genres de la fiction propres à faire plonger dans le quotidien de villes situées à quelques encablures dans le futur, il y eut la hard- SF, le cyberpunk, le steampunk… Voici que s’impose en catégorie constituée la « cli-fi », en cette décennie dominée par l’enjeu climatique. Les romans de Kim Stanley Robinson y figurent en références incontournables, tandis que les nouvelles de l’Américain Paolo Bacigalupi donnent le ton des œuvres les plus récentes. Contrepoints de la collapsologie, les littératures de l’imaginaire climatique aident chacun à s’approprier, sans être tétanisés – et parfois même avec jubilation –, les trajectoires de vie de personnages changés par quelques degrés de plus. Les dix mots dont on parlera demain Sa somptueuse charpente et sa flèche parties en fumée, Notre-Dame de Paris se retrouve, à nouveau, drapée dans les échafaudages où s’activent aujourd’hui les compagnons, garants de l’intégrité de sa structure. D’autres chantiers suivront, pour donner matière et forme à son nouveau visage. Restaurer ? Interpréter ? Innover ? Le destin de la cathédrale déchaîne les passions, et les technologies de pointe (lidar, drones, acoustique 3D…) explorent le passé pour préparer un futur qui s’écrira des années durant. Design génératif Les moteurs de recherche et autres comparateurs en ligne avaient déjà leurs filtres et leurs algorithmes de recommandation. Les architectes et les designers ont désormais les leurs. Ou, plus précisément, des logiciels de conception automatisés, explorant des dizaines de paramètres (contraintes de terrain, consommation énergétique, ensoleillement, performances structurelles…) et puisant dans les données de projets passés pour accélérer le travail des humains. Lesquels n’ont plus qu’à choisir dans un éventail d’options resserré et à affiner les options d’exécution. Anthropo- cène Notre- Dame de Paris Les villes cristallisent la réalité de l’anthropocène. Agrégats d’inventions techniques, espaces anthropisés par définition, elles contribuent à inscrire toujours plus profondément l’empreinte des hommes dans l’environnement naturel, au point de faire des humains une force de transformation géologique – ce qu’exprime l’idée d’anthropocène. Mais les villes sont aussi susceptibles de contribuer à alléger l’empreinte des activités humaines sur la planète, en se rendant plus sobres, plus durables. Le concept d’anthropocène peut alors être le guide d’une relation apaisée entre l’urbain et la nature. 45 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 25. D E M A I N Congestion, pollution, émissions de gaz à effet de serre… Les autoroutes, les voies rapides et le périphérique parisien empoisonnent le futur de la métropole du Grand Paris. À moins de les réinventer en profondeur. Un défi proposé par les élus du Forum métropolitain du Grand Paris et relevé par les équipes de Leonard, l'agence Seura (David Mangin), Jornet Llop Pastor et Carlo Ratti Associati avec leur projet « New Deal ». Ils proposent de transformer le patrimoine routier de la métropole en trois étapes entre 2020 et 2050, pour réduire in fine de 50 % le trafic automobile, compléter, via la route, l’offre de mobilité du Grand Paris Express et rendre une partie de l’emprise routière aux usages « doux ». Les zombies sont bien plus que des monstres de celluloïd ou de pixels. Deux films infestés de morts vivants se sont fait, il y a peu, une place au festival de Cannes. Et les revenants intéressent de longue date les anthropologues. Mais il se pourrait bien qu’ils trouvent aussi à s’employer au service de la résilience des villes. Les invasions de zombies et les comporte- ments qu’elles induisent ont inspiré des modélisa- tions mathématiques fort utiles, dont se sert, par exemple, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, aux États- Unis. Et les ressorts de la survie offrent un axe de réflexion pertinent pour interroger les infrastruc- tures et les organisations humaines sur leur capacité à traverser épisodes cli- matiques extrêmes ou catastrophes industrielles. Zombies New Deal 46 Protéger, canaliser, évacuer… Le rapport des villes eaux de pluie et de surface tient d’or- dinaire du réflexe défensif. Le concept de « ville-éponge », imaginé dès les années 1970 et porté par un programme national en Chine depuis 2014, vise plutôt l’accepta- tion. Il faut concevoir la ville et ses infrastructures vertes de manière à absorber les précipitations exception- nelles, à disposer de zones et de matériaux destinés à accueillir, provisoirement au moins, le trop-plein. Jardins pluviaux et autres revêtements poreux doivent absorber, d’ici à 2030, 70 % des pluies torrentielles dans les aires urbaines locales. Une inspiration suivie depuis des Caraïbes à Copenhague. La « spongification » a de l’avenir. Noise Manage- ment Ville- éponge Bio- inspiration « Scrute la nature, c’est là qu’est ton futur », disait déjà Léonard de Vinci. Le concept de biomimétisme est ancien. Mais sa mise en application dans la construction est en plein essor. Au-delà de l’inspiration esthétique ou métaphorique (l’Helix Bridge de Singapour, par exemple, arbore une forme de brin d’ADN ; l’Arbre blanc à Montpellier s’inspire de pétales de fleurs), la nature guide architectes, ingénieurs et urbanistes pour concevoir procédés et écosystèmes artificiels. Le but : mobiliser formes et matériaux de manière à se rapprocher des performances de certains systèmes vivants (fleurs, colonies de termites…) afin d’économiser matière et énergie, d’améliorer la résistance à la chaleur, de mieux conserver l’humidité, de fluidifier les déplacements... Le bruit peut être nuisance. Pour l’aménageur urbain, le bâtisseur ou l’opérateur d’infrastructure, il se fait aussi, désormais, précieuse source d’information. Des capteurs acoustiques bien placés, sur un chantier, disséminés dans un quartier ou le long d’un réseau routier, peuvent alerter d’un danger, prévenir un accident, évaluer les effets d’une modification. C’est ce que démontre un nombre croissant d’expérimentations et de projets associant acoustique, IoT et machine learning. 47 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 26. T R A N S F O R M A T I O N S 48 L’environnement s‘invite dans toutes les équations Réduire l’empreinte carbone Le défi Les villes abritent la moitié de la population mondiale et produisent 75 % des gaz à effet de serre (GES) liés à l’énergie. Entre 2020 et 2050, l’urbanisation sera plus importante que dans toute l’histoire humaine. En France, les émissions des villes comptent pour 67 % des émissions nationales. Les 10 premières métropoles en représentent à elles seules 16  %, dont 33 % sont issues du bâtiment, 17 % de l’industrie et 16 % du transport, selon le rapport « Le défi climatique des villes », publié conjointement par EcoAct et le WWF France. De manière générale, la facture carbone du BTP et de la construction reste considérable en raison des émissions de CO2 résultant de la production et du transport des matériaux. Produire 1 tonne de clinker, constituant du ciment, génère 0,89 tonne de CO2 , tandis qu’une tonne d’acier engendre 1,32 tonne Urgence climatique, pics de pollution, submersions records… Le tissu urbain fait face à des défis environnementaux à l’ampleur et aux conséquences potentielles inédites en cas d’inaction. Mais un peu partout dans le monde, la résistance s’organise et transforme la façon dont on conçoit et opère villes et infrastructures. Les villes produisent 75 % des gaz à effet de serre (GES) liés à l’énergie (source : Unsplash) 49 de CO2 (source : Zero Waste). Voilà qui pointe l’enjeu du recyclage et du réemploi pour un secteur qui, en 2015, selon l’ADEME, en France, est à l’origine de 227,6 millions de tonnes de déchets. Les réponses Lesréalisationsestampilléesbascarbonesont plus souvent observables dans les projets de constructions nouvelles que dans ceux de réhabilitation. Pourtant, le bilan carbone d’un bâtiment rénové peut être meilleur que celui d’unbâtimentneuf,rappelleArmelleLanglois, directrice du pôle Performance Durable chez VINCI Construction France. Avec l’appui de la méthode ACV, la réutilisation du gros œuvre dans les bâtiments rénovés écono- mise environ 300 kg équivalent carbone par mètre carré. Sachant que le mode de calcul du bilan carbone applicable à un projet de réhabilitation est sensiblement le même que pour un bâtiment neuf, selon Hélène Genin, déléguée générale de l’Association pour le développement du bâtiment bas carbone, qui délivre le label BBCA. Ce label tient compte de l’empreinte carbone de l’exploitation (chauffage, climatisation) et des capacités de stockageduCO2 etderéemploidesmatériaux – point clé de la rénovation. En 2018, il avait été attribué à une quarantaine de bâtiments, et 3 opérations avaient bénéficié du label spécifique « BBCA Rénovation ». Pour se conformer à ces nouvelles exigences, constructeurs et maîtres d’ouvrage s’asso- cient pour changer les pratiques et favoriser un réemploi plus vertueux et raisonnable des matériaux. L’association Circolab, dont VINCI Construction France est membre fon- dateur, rassemble les maîtres d’ouvrage pour exploiter et revaloriser les déchets du BTP. Les modalités de calcul du bilan carbone d’une opération favorisent aussi ce changement de paradigme : tout remplacement d’éléments (moquettes, parquets…) alourdit désormais le diagnostic, qui doit intégrer l’empreinte carbone des nouveaux matériaux, le temps d’amortissement des matériaux remplacés et les déchets produits. Reste à prouver que le réemploi peut être compétitif par rapport à l’usagedematériauxneufsouencoreàmodé- rer les craintes des assureurs, qui rechignent à garantir les matériaux réutilisés malgré leur traçabilité. Mais avant de penser le réemploi, l’effort de réduction de l’empreinte carbone se joue dès la conception et la sélection des matériaux. Les données exactes manquent encore pour effectuer les meilleurs choix au moment de la construction ou de la rénovation. Les FDES (fiches de déclaration environnementale et sanitaire) de nombreux produits informent uniquement des valeurs théoriques. BBCA milite déjà en faveur de la publication de données précises pour mesurer au plus près l’empreintecarboned’unbâtiment.Simplicité et lisibilité : voici les futurs mots d’ordre qui devront orienter les acteurs du secteur ! 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 27. Se protéger de la montée des eaux Le défi Ces dernières années, inondations, érosion côtière, tempêtes et ouragans ont affecté de très nombreuses collectivités. Ces événe- ments locaux s’inscrivent dans une perspec- tive plus globale, susceptible d’en renforcer leseffets :celledelamontéeduniveaumoyen de la mer, que le dernier rapport du GIEC éva- lue entre +26 et +77 cm à l’horizon 2100, selon le scénario le plus optimiste – voire plus encore si le fameux objectif du « +1,5 °C » n’était pas tenu, ce qui est le plus probable. Les assureurs rapportent que la « sinistralité climatique » a atteint des sommets en 2018 dans l’Hexagone. Et l’on attend une facture deux fois plus importante d’ici à 2040. De New York à Miami, de Bangkok à Calcutta, en passant par Lagos ou Jakarta, le risque de submersion ou d’inondation va devenir de plus en plus conséquent pour les villes côtières, petites ou grandes, lesquelles hébergent d’ores et déjà un quart de la popu- lation mondiale. Les réponses Face à la menace, les territoires s’organisent pour renforcer leur capacité à résister et à s’adapter aux chocs. Mais encore faut-il trou- verdesfinancements.Plusieursorganisations, T R A N S F O R M A T I O N S 50 Paroles d’urgence (1/2) « En France, avec les technologies que nous connaissons aujourd’hui, on peut atteindre la neutralité car- boned’icià2050.Maiscelaimplique une transformation massive de la société, qui sera très différente de celle qu’on connaît aujourd’hui ! » - David Laurent, responsable du pôle Climat et Ressources d’Entreprises pour l’Environnement. «  Comment produire un shift auprès des États et des entreprises ? Les activistes usent avec efficacité dunameandshame.Lesentiment defiertépeutégalementproduirede bons résultats » - Cynthia Fleury, philosophe. 14 octobre, ouverture du cycle de ren- contres sur l’environnement. 51 comme le Deep South Challenge néo-zé- landais, ont commencé à réfléchir au sujet, et plus particulièrement au rôle que pourraient endosser les compagnies d’assurances. Dans leszonestrèsexposéesàl’élévationduniveau delamer,lesassureursdeviennentplussélec- tifs sur les types de risques couverts. Les politiques publiques se saisissent éga- lement de la question. En France, dans la Normandie de l’après-Xynthia, a déjà été mis en œuvre un vaste (et coûteux) éventail de mesures de renforcement des protections via le Plan de prévention des risques littoraux. Lessolutionsdéveloppéespourlesinfrastruc- tures, quant à elles, se déploient selon deux principaux axes : celui de l’atténuation (éviter ou amoindrir les effets d’événements a priori ingérables) et celui de l’adaptation (gérer au mieuxcessituationsinévitables :renforcerles protections,tellesquelesdigues,neplusbâtir en zone inondable, aménager des habitats faits pour résister aux aléas climatiques ou planifier ex ante la reconstruction). D’un point de vue technique, comme le sug- gère l’Island Institute, l’amélioration du bâti par des approches traditionnelles (murs de rétention, élévation de niveau, augmentation du diamètre des conduits) ne suffisant pas, la recherche de solutions innovantes s’avère bien souvent déterminante. C’est dans ce but que le bureau d’études Resallience a été créé en 2018 afin d’adapter les projets, les infrastructures et leurs usages au change- ment climatique. En Europe, Rotterdam est l’une des capitales de la résilience. Le premier port du conti- nent a développé une stratégie lui assurant de devenir « climate proof » à l’horizon 2025. Et, contrairement à la protection que consti- tue son impressionnant barrage anti-tem- pête construit dès 1997, la ville a changé de paradigme : elle cherche désormais à « faire avec » son environnement, comme le révèle son iconique « ferme flottante » construite sur l’eau,premièreémergencedetoutunquartier flottant.ÀSanFrancisco,lapaysagisteKristina Hill propose également, pour adapter la Bay Area à la montée des eaux, des logements sur des fondations « empilées » se servant des secteurshumidesetdesplagescommezones tampons. Son message : les infrastructures doiventseconformerauxsystèmesvivants,et non l’inverse. Cela permet, au passage, d’ali- gner les intérêts des développeurs immobi- liers et des écologistes. Pour relever ce défi, il faudra innover : dans le domaine de l’aménagement urbain, dans les audaces architecturales (voir, à Belfast, les persiennes pivotantes et les matériaux résis- tant à l’eau), mais aussi dans la protection des infrastructures routières (chaussée réservoir d’Eurovia), dans le conseil à l’adaptation du bâtiexistant,danslareconstructionouencore dans la supervision proactive des bâtiments et des infrastructures (Sixense). 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 28. Améliorer la qualité de l’air Le défi Particules fines, monoxyde de carbone, épi- sodes de pollution à répétition… La pollution de l’air est un enjeu sanitaire, mais également une problématique éminemment urbaine, la concentration du trafic automobile favori- sant la multiplication des épisodes de crise. Responsablede48000à67000mortsparan en France, la pollution de l’air est considérée par la Commission européenne comme le « problème numéro un de santé lié à l’environ- nement ». Un constat qui ne se limite pas aux rues noyées dans le smog des métropoles mondiales, car l’air intérieur est tout aussi pollué, voire plus, et serait la cause de 20 000 décès prématurés en France. Les réponses Mesurer et purifier l’air intérieur Lamia Mallet, ingénieur chimiste, spécialiste de la qualité de l’air, est fondatrice de Cozy Air. Cette start-up propose un appareil intégrant un capteur pour chaque polluant et chaque gaz non directement nocif, mais susceptible de provoquer des troubles, comme le CO2 . Cet appareil vise les espaces de bureaux où, connectés à d’autres équipements – notam- ment les systèmes de climatisation –, il per- met de détecter les polluants pour adapter la ventilation et la maintenance en fonction d’un éventail d’indicateurs. Modéliser les circulations des polluants « Le problème de l’air, c’est qu’il est invisible, rappelle Frédéric Mahé, responsable Innovation d’Aria Technologies, société de modélisation, qui nourrit en données l’ensemble des acteurs se penchant sur la qualité de l’air. L’entreprise est l’un des acteurs du Projet DIAMS de la métro- pole Aix-Marseille. Mais grâce à la modélisation, non seulement on peut le rendre visible, mais on peut aussi le rendre compréhensible. » Les rues risquent donc d’être plus polluées en raison de la proximité des bâtiments, empêchant la dispersion de la pollution et formant ainsi un « effet canyon » aisément repérable par les outils d’analyse d’Aria Technologies. Dépolluer l’air avec une station de traitement Jaouad Zemmouri, ancien professeur de phy- sique, a créé Starklab, une société de dépollu- tion de l’air. Son produit, le « Terroa », dépollue l’air en le mettant en contact avec de l’eau portée à ébullition. Les particules passent d’une masse d’air polluée peu contrôlable à un faible volume d’eau traitable. Cette tech- nique permet également de récupérer des matériaux précieux, tels que des particules d’or. Cette station peut ainsi traiter la fumée, recycler certains produits, voire réinjecter l’eau purifiée dans l’industrie. Le produit, actuellementenphased’expérimentation,est T R A N S F O R M A T I O N S 52 capable de traiter jusqu’à 1 million de mètres cubes pour une surface de 15 m sur 2 m. Filtrer les polluants à l’aide de micro-organismes La solution de MVAW Technologies, société fondée par le Français Vincent Fesquet, pro- pose un procédé de traitement de l’air exploi- tant un substrat rempli de micro-organismes, capable de filtrer également les particules fines. Il peut être déployé sur du mobilier ou en façade, puis végétalisé. Sensibiliser Jean-Louis Fréchin, designer et fondateur du cabinet NoDesign, a pris le parti d’alimenter le débat grâce à AirO, un badge composé de capteurs et d’un écran. Quand les capteurs repèrent une pollution de l’air trop consé- quente, l’écran affiche des messages aussi étonnants qu’éloquents : « Ça pue », « on suf- foque », « fuis ! »… Ce dispositif a pour objectif d’amener le débat sur la place publique. Il se double d’une application qui recense les niveaux de pollution autour des porteurs du badge, avec une explication de ce qui est mesuré. L’idée est de créer une carte évo- lutive de la pollution de l’air, autant intérieur qu’extérieur. Paroles d’urgence (2/2) « Les collectivités publiques ont un effet direct sur environ 20 % des émissions seulement. Il faut donc toucherles80  %restants,enmobili- santhabitants,propriétairesdubâti, usagers privés… » - Karine Bidart, DG Agence parisienne du Climat. « L’engagement des métropoles pour le climat peut devenir un argu- ment de marketing territorial. Pour cela, il faut qu’émerge une métho- dologie commune pour organiser la mesure de ces engagements et créer un effet d’entraînement mon- dial. » - Cécile Maisonneuve, présidente de La Fabrique de la Cité. 18 novembre, table ronde « Les villes peuvent-elles relever le défi clima- tique ? » 53 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 29. T R A N S F O R M A T I O N S Villes mutantes : le bâti et les infrastructures s'adaptent L’infrastructure s’essaie à l’éphémère Une ville peut-elle être éphémère, se construire et s’effacer au gré des besoins ? Le fait même qu’une agglomération repose sur des infrastructures, pensées le plus souvent pour la permanence, la continuité, semble défier pareille hypothèse. Et pourtant. Kerry Rohrmeier, géographe à l’université de San José, Raphaël Coutin, designer en charge de la communication du projet Plug-in-City (Eindhoven), et Antoine Aubinais, fondateur du collectif Bellastock, ont chacun fait l’expé- rience d’un tissu urbain impermanent, léger et éphémère. Ils sont venus évoquer leurs découvertes lors du festival Building Beyond. Kerry Rohrmeier, universitaire spécialiste du festival Burning Man, a partagé sa vision de la constructionetdel’impactdeBlackRockCity, cette ville temporaire qui rassemble chaque annéeprèsde80000personnes.L’événement Et si les villes étaient changeantes, mouvantes, le bâti s’allégeant pour être facilement déplacé, modérant ainsi son empreinte sur l’environnement ? Et si la voirie se mettait au service de la mobilité autonome ? Et si tours et souterrains se rejoignaient enfin ? Autant d’hypothèses qui voient muter le tissu urbain, autant d’expérimentations, explorées ou mises en débat par Leonard. 54 Projet Plug in city (source : le site web du projet) a lieu dans le désert de Black Rock (Nevada), particulièrement aride. Parmi les règles d’or que chaque festivalier est invité à respecter et à faire respecter figure la condition de ne laisser aucune trace du passage du festival (le fameux « leave-no-trace »). Le défi est de taille : construire une ville au milieu de nulle part, dans des conditions extrêmes. Le festival Burning Man conserve, depuis sa création,lavolontédecréerunecommunauté éphémère. « C’est un lieu pour habiter et camper ensemble », résume Kerry Rohrmeier. En pra- tique, Black Rock City est une ville de toile, qui se transforme au gré des efforts individuels et collectifs menés par sa population provisoire –majoritairementmasculine,éduquée,autour de la trentaine et qui tend à reproduire son mode de vie habituel. Éphémère,maispassansimpact Même si l’impératif du « leave-no-trace » est respecté, l’empreinte écologique de Black Rock City n’est pas nulle. « Ce n’est pas une ville sans impact, fait observer Kerry Rohrmeier. Le vendredi, lors du pic de population, on observe des effets de chaleur urbains. » Une statue édifiée à Black Rock City, la ville éphémère du Burning Man construite au coeur du désert du Nevada aux Etats Unis (source : Wikicommons) 55 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S
  • 30. T R A N S F O R M A T I O N S 56 Penser des aménagements urbains temporaires peut toutefois aller de pair avec la volonté de réduire le plus possible leur influence sur l’environnement. C’est l’approche qui prévaut pour la « maison de quartier » Plug-in-City qu’a fait naître Raphaël Coutin dans une friche d’Eindhoven (Pays- Bas), à partir de conteneurs et de matériaux de réemploi. Allier le caractère éphémère à la sobriété est aussi ce qui guide le collectif d’architectes Bellastock, spécialisé dans la construction à partir de matériaux recyclés. Pour Raphaël Coutin et Antoine Aubinais, fondateurs de Bellastock, le succès de leurs projetspasse,d’abord,parlacollaborationavec les acteurs sociaux locaux qui leur permet de mettreenapplicationleursidées.Plug-in-City est ainsi devenu la première structure modu- lable utilisée en tant que logement social, installée dans des conteneurs aménagés, aux Pays-Bas.LesexpérimentationsdeBellastock s’appuient, pour leur part, sur un festival d’architecture expérimentale : Melting Botte. Pendant 4 jours, architectes et professionnels œuvrent ensemble pour construire et habiter des structures provisoires constituées à partir de bottes de foin, thème de l’année 2019. L’infrastructure légère est d’abord sociale L’entraideetlacohésionquesuscitentcespro- jets sont bien plus que de simples sous-pro- duits de leurs interventions. Bellastock s’emploie à activer les relations entre ses projets et leur voisinage pour impliquer les Festival Melting Bottes - 2019 (source : site web de Bellastock) individus dans les démarches responsables de la conception des espaces urbains. « Le réemploi peut progresser techniquement, mais si l’on n’avance pas culturellement en parallèle, on se retrouvera au pied du mur », prévient Antoine Aubinais. Pour Plug-in-City, il s’agit de rendre service à l’environnement et au quartier en créant des espaces de vie partagés dans d’anciennes friches dépeuplées. Même si le caractère temporaire a permis d’ouvrir la voie, Raphaël Coutin et son équipe n’entendent pas s’y limiter : « On réfléchit, au-delà des deux ou trois ans expérimentés jusqu’ici, à l’évolution de ces espaces dans le futur de la construction. » En plein désert ou au milieu de bottes de foin, les expérimentations éphémères contribuent à une sensibilisation aux techniques de l’édi- fication,susceptiblederesponsabiliseracteurs de la construction et citoyens, et d’impacter durablement leur comportement. Autant de leçonspourlarésiliencedesvillesàlongterme. Le véhicule autonome ouvre ses voies Les voies dédiées – ou, du moins, prioritaires – sont, de longue date, un outil efficace pour favoriser certains modes de mobilité, qu’il s’agisse de les réserver aux véhicules élec- triques (récemment envisagés en France) ou au covoiturage (les fameuses « high-occu- pancy lanes » ou encore « carpool lanes »). En matière de mobilité autonome, les pro- jets oscillent entre petits pas et grands sauts futuristes. Déjà, en 2017, tandis qu’en France unevoitureautonomefaisaitladémonstration d’un passage au péage autoroutier de Saint- Arnoult, dans le cadre d’un partenariat entre VINCI et PSA, deux étudiants de l’université Berkeley remportaient le challenge de design Infrastructure Vision 2050 avec le concept futuriste de « hyperlane ». Cette « plateforme autoroutière » parallèle, d’une largeur de quatre voies, serait réservée uniquement aux véhicules autonomes. Ce projet-concept, ins- piré du réseau ad hoc créé au Japon pour le Shinkansen, nourrit le rêve de voitures sans chauffeur pilotant à toute vitesse des usagers et des marchandises, et ce, sans le moindre obstacle, ni embouteillage. Ne manque, à écouter les deux penseurs du concept et d’autres défenseurs des voies réservées, que des financements. En Chine, les autorités ont commandité un nouveau tronçon d’autoroute, dont deux des huit voies (une dans chaque sens) seront réservées aux véhicules autonomes. Ce segment doit relier, courant 2020, Pékin à la ville nouvelle de Xiongan, au sein de ce qui est connu comme la mégalopole la plus urbanisée du nord chinois. D’une longueur de 100 km,cetteportion,oùlavitesseseralimitée à120km/h,voireà100km/h,inclut,selonson développeur,desfonctionnalitésintelligentes, dont ses péages. L’infrastructure connectée, pensée pour « acquérir des données-véhicule et desinformationsliéesàlaroute », va améliorer le traficetlasécurité,maiségalementpermettre un accès plus rapide à Xiongan. Au Canada, un candidat politique local a promis l’ouverture de voies dédiées à l’ex- périmentation, puis à la circulation « réelle » de véhicules autonomes entre Calgary et Edmonton. Dans le Wisconsin, au nord de Chicago, un projet entend réaménager les bandes d’arrêt d’urgence de quelques tron- çons de la célèbre Interstate 94, autoroute construite dans les années 1950, longue de plus de 2 500 km, afin de les réserver à la cir- culation de poids lourds autonomes. Ceux-ci pourraient ainsi relier l’aéroport voisin à la méga-usine d’écrans plats que Foxconn construit dans la région de Milwaukee, ne cachant pas ses rêves de platooning. 57 2 0 1 9 — M U T A T I O N S — 2 0 2 0 — P R O J E T S E T H O R I Z O N S