"Les niveaux du narrateur" vous permettra de dévoiler les postures et les positions du narrateur par rapport au récit et à l’histoire. le récit demeure ainsi polyphonique vues la pluralité des instances qui prennent la paroles où qui participent à l'histoire.
3. Comme l'a bien montré Gérard Genette dans son essai Figures III, l'approche
narratologique des oeuvres littéraires s'inscrit dans l'apanage de mettre en oeuvre trois
composantes sine qua non : le récit, l'histoire et la narration.
En ce sens, tout texte laisse transparaître des traces de la narration dont l’examen
permettra d’établir l’organisation du récit. Dans l’Analyse structurale du récit, Todorov souligne
que l’histoire « est une abstraction car elle est toujours perçue et racontée par quelqu’un, et
qu’elle n’existe pas en soi ».
Narration
Voix
Histoire Récit
Modes
Temps
Fig1:Schéma illustrant les composantes des oeuvres littéraires
http://www.unige.ch/lettres/framo/enseignements/methodes/oeuvredramatique/od014000.html
4. L’instance narrative est l’articulation entre (1) la voix narrative (qui parle ?),
(2) le temps de la narration (quand raconte-t-on, par rapport à l’histoire ?) et (3) la
perspective narrative (par qui perçoit-on ?). Comme pour le mode narratif, l’étude de
l’instance narrative permet de mieux comprendre les relations entre le narrateur et
l’histoire à l’intérieur d’un récit donné.
Genette explique que le sujet ayant des rapport avec la voix, n’est pas seulement
celui qui accomplit ou subit l’action, mais aussi celui qui la rapporte, et
éventuellement tous ceux qui participent à cette activité narrative selon les traces
qu’ils ont laissées. Dès lors, tout événement raconté par un récit, est un niveau
diégétique immédiatement supérieur à celui où se situe l'acte narratif producteur de
ce récit. En ce sens, les niveaux narratifs suivants sont à souligner.
5. Le niveau extradiégétique
Est un niveau ayant un narrateur au
premier degré racontant (au lecteur virtuel)
une histoire de laquelle il est absent. Cela
veut dire qu’il est situé à un niveau
hiérarchique ”supérieur” par rapport à
l’histoire.
Le niveau intradiégétique
Ayant un narrateur au second degré
racontant (à d’autres personnages de
l’histoire) une autre histoire dans laquelle il
est présent. C’est le niveau des personnages,
de leurs pensées, de leurs actions.
Qui parle?
6. Niveau métadiégétique ( hypodiégétique):
C’est un récit second ayant un narrateur d’un récit troisième. Autrement
dit, la diégèse contient elle-même une diégèse (enchâssée), par exemple un
personnage-narrateur; le cas typique est Shéhérazade dans les Mille et une nuits.
À noter que ce niveau décline en deux catégories:
Niveau homodiégétique: Au niveau métadiégétique, lorsque le personnage-narrateur
prend lui-même part aux éléments du récit qu'il raconte, il est dit : soit
Homodiégétique : témoin ou Autodiégétique : protagoniste.
Niveau Hétérodiégétique: Lorsqu'il raconte des histoires de laquelle il est
absent, il est dit « hétérodiégétique ».
7. Extra
diégétique
Intra
diégétique
Hétéro
diégétique
Narrateur de premier degré, racontant
(au lecteur virtuel) une histoire de
laquelle il est absent
Narrateur de second degré raconte ( à
d’autres personnages de l’histoire)
une histoire de laquelle il est absent
comme personnage.
Homo
diégétique
Narrateur de premier degré racontant
( au lecteur virtuel) une histoire dans
laquelle il est présent.
Narrateur de second degré racontant
à d’autre personnages) une histoire
dans laquelle il est présent.
8. Roland Barthes, dans Le Degrés zéro de l’écriture, affirme que:« derrière le
passé simple se cache toujours un démiurge, dieu ou récitant; le monde n'est pas
inexpliqué lorsqu'on le récite », («L’écriture du roman», p. 28).
De cette manière, nous obtiendrons l’idée de Boileau qui affirme que le
narrateur est le témoin de ce que le lecteur ne voit pas, ne peut voir, n’a pas pu
voir. C’est via le récit que le point de vue devient explicite.
La prolifération des points de vue ou de la focalisation démontre l'importance
de la position du narrateur et délivre ses divers changements et déplacements
visuels au fil de la diégèse.
Ainsi, pouvons-nous distinguer trois types de focalisation ou de points de vue
selon la terminologie de Jean Pouillon et celle de Todorov:
9. C’est la perspective où le narrateur « sait davantage que ses personnages[…],
ces derniers n’ont pas de secret pour lui.( Tzveztan Todorov, L'Analyse structurale du
récit, «Les Catégories du récit», in Communications 8, p. 147 ).
En ce sens, c’est grâce au foyer de perception de l’instance vocale omnisciente
qu’il nous est facile de pénétrer dans l’univers des personnages. Le narrateur nous
donne à voir sa dimension démiurgique qui témoigne de son ubiquité
omniprésente.
10. Selon Todorov, C'est là où le narrateur
«Possède autant de connaissances que les
personnages […]. D'autre part, les
descriptions d'un même événement nous
permettent de concentrer notre attention sur
le personnage qui le perçoit car nous
connaissons déjà l'histoire».
Gérard Genette souligne que «la
focalisation interne n'est pleinement réalisée
que dans le récit en monologue intérieur».
11. Cette vision se caractérise par le fait
que «Le narrateur en sait moins que
n'importe lequel des personnages». Il peut
nous décrire ce que l’on voit, entend mais
loin d’avoir accès à aucune conscience. Il
ne rapporte que le paraître de l’histoire. Il
tient le lecteur en attente.
12. À dire vrai, les réponses aux questions :Qui parle, par qui perçoit-on via le
récit, s’avèrent labyrinthiques dans la mesure où le récit prolifère en niveaux
narratifs et en points de vue.
Dès lors, le récit devient polyphonique mais aussi pluridimensionnel et la
parole est bel et bien en état de conjonction avec l’une des instances du récit au
détriment de l’autre.
Pour conclure, il nous convient de comprendre que si la voix est le chaînon
assurant, au lecteur, le transfert du récit d’une histoire, le foyer de perception,
quant à lui, lui permet de dévoiler d’autres pistes d’interprétation. Cela dit que le
lecteur devient l’instance qui entre en jeu pour l’aménagement de tous ces
éléments selon son encyclopédie et sa vision du monde.
13. Todorov et « all. », L’Analyse structurale du récit, in Communication 8.
Roland Barthes, Le degré zéro de l’écriture.
Gérard Genette, Figures III.
Gérard Genette, Nouveau discours du récit.
http://www.unige.ch/lettres/framo/enseignements/methodes/oeuvredramatique/od014000.html
http://www.signosemio.com/genette/narratologie.asp
http://fr.wikipedia.org/wiki/Narratologie
http://www.helsinki.fi/ranska/pdf/helkkula/Theorie_du_recit/theorie%20du%20r5%20narration.pdf