SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  1
Télécharger pour lire hors ligne
Travail:cequeveulentlesDRH
▶ Lesentreprisesjugentindispensablesunesimplificationetunemodernisationducodedutravail
Lors de sa conférence de presse,
lundi 7 septembre, François Hol-
lande a promis un projet de loi
pour permettre « une meilleure adapta-
tion du droit du travail à la réalité des en-
treprises ».
Mercredi 9, Jean-Denis Combrexelle,
président de la section sociale du Con-
seil d’Etat, a remis au premier ministre,
Manuel Valls, son rapport et ses quaran-
te-quatre préconisations pour réaliser
cette réforme. Mais qu’attendent vrai-
ment les directeurs des ressources hu-
maines (DRH) de cette réforme ? Pour
nombre d’entre eux, « complexité » et
« rigidité » sont indissociables du code
du travail.
« Après la signature de l’accord du
13 mars 2013, que l’on devait mettre en
œuvre très rapidement, car c’était une
condition de survie pour Renault, on a dû
organiser la consultation coordonnée de
soixante CHSCT et d’une vingtaine de CE,
se souvient Alain Agulhon, DRH France
de Renault. En sachant que derrière cha-
que CHSCT il y avait des enjeux politiques
locaux, avec le risque de désignation d’un
expert qui pouvait tout arrêter. Ça nous a
pris quatre mois. »
Ce type d’accord doit, de par la loi, faire
l’objet d’un avis d’approbation par toutes
les entreprises dans lesquelles il doit
s’appliquer. « Les grands groupes sont ca-
pables de se payer les juristes, les heures de
délégation pour gérer la complexité du
droit du travail, mais ce n’est pas le cas des
PME », ajoute-t-il.
« C’est tellement complexe, qu’on a du
mal à s’y retrouver», témoigne égale-
ment Stéphanie Pauzat, présidente de
Mil Eclair, une société de nettoyage in-
dustriel de 90 salariés.
anne rodier
modifié Eric LEGER →
LIRE LA SUITE PAGE 3
LesDRHperdusdanslemaquisducodedutravail
Alorsquelegouvernementpréparesaréformedudroitdutravail,lesentreprisesattendentplusdesimplicité
«Notre fédération professionnelle
nous envoie des notes juridiques,
on les lit. J’ai un commissaire aux
comptes qui fait un audit de temps
en temps et un avocat externe que
je consulte sur des cas précis, géné-
ralement sur les procédures de li-
cenciement. Mais c’est difficile de
savoir si on est dans les clous »,
ajoutemadamePauzat.Etdedon-
ner un exemple concret. « Nous
avons renoncé à réorganiser le tra-
vail en tenant compte de la saison-
nalité.Toutétaitenplacelorsqu’on
a découvert lors d’un contrôle de
l’inspection du travail que le code
stipule que tous les salariés à
temps plein auraient dû être infor-
més du planning prévisionnel six
mois à l’avance. Impossible ! J’ai
relu l’accord de branche : ça y était.
Mais franchement on ne lit pas
toutes les lignes dans le détail. »
Or le code du travail est très pré-
cis. « Ils ont ainsi codifié l’ha-
billage et le temps de pause des sa-
lariés », déplore Jean-Eudes du
Mesnil du Buisson, secrétaire gé-
néral de la Confédération géné-
rale des PME (CGPME).
Letrop-pleindetextesfaitl’una-
nimité des responsables des res-
sourceshumainesqui,infine,tra-
vaillent à l’aveugle dans les plus
petites entreprises et avec des
équipes de juristes dans les gran-
des. « Le code du travail ne me
donne pas mal la tête, témoigne
Frédéric Gautier, DRH Europe de
Dassault Systèmes, car j’ai la
chance d’être dans une entreprise
qui se porte bien. On a très peu de
litiges aux prud’hommes. Et, si né-
cessaire, je réunis les juristes en
droit social. »
Les juristes concernés précisent
que l’inflation des textes est ag-
gravée par la multitude des sour-
cesnormativesdudroitdutravail.
L’administration produit ses pro-
pres normes qui s’ajoutent à la
complexité de la loi. « Vous ne
pouvez pas faire un PSE [plan de
sauvegardedel’emploi]sansavoir
au préalable examiné les circulai-
res interprétatives du ministère du
travail qui expliquent la mise en
œuvre de la loi », explique Patrick
Thiébart, avocat associé du cabi-
net Jeantet. Ces circulaires sont
utiliséespourapprécierlavalidité
des PSE. « Le chef d’entreprise a un
amoncellementdesourcesnorma-
tives tel qu’il devient compliqué
pour lui de rester dans la loi. Avant
lon. Le problème, c’est l’incerti-
tude juridique. « Sur le temps de
travail, par exemple, le problème,
ce n’est pas les 35 heures, mais la
connaissancedelaréglementation
propre à chaque activité. L’impact
desabsencesmaladiesurl’annuali-
sationdutempsdetravailpourrait
produire 500 pages d’explications.
Et parfois sans apporter de ré-
ponse. »
« Les DRH appréhendent aussi la
charge de travail liée aux négocia-
tions obligatoires », affirme Syl-
vain Niel, avocat associé chez Fi-
dal. « Il y a plus de dix négociations
collectives obligatoires par an. Si
on s’y astreint, il ne reste plus de
tempspourlaviedel’entreprise,les
deux côtés de la table de négocia-
tions sont épuisés et ça demande
unniveaudetechnicité(santé,plan
épargne salariale, prévoyance) que
toutes les organisations syndicales
ne sont pas à même d’assurer », té-
moigne M. Agulhon.
Les grandes entreprises ont évi-
demment renforcé leur départe-
ment ressources humaines. Chez
Dassault Systèmes, par exemple,
l’équipe de juristes en droit social
chargée de toute l’Europe, plus la
Russie et l’Afrique, est constituée
de dix personnes, dont six uni-
quement pour la France.
Mais pour les petites structures,
c’est souvent aux prud’hommes
qu’elles découvrent les textes
qu’elles n’ont pas respectés. Dans
une lettre de licenciement de qua-
tre pages, deux sont remplies par
les mentions obligatoires. Pour la
CGPME, « le code du travail est
vécu comme un outil de répression
alors qu’il devrait être un outil de
régulation », affirme son secré-
taire général, M. du Mesnil du
Buisson. Les jeunes pousses sem-
blent, elles, moins concernées par
la bataille. « En tant que start-up,
on n’a aucun besoin d’ouvrir le
code, estime Paulin Dementhon,
président fondateur de Drivy. Au
début de la vie de l’entreprise, vous
nefaitesquecroître,qu’embaucher
des jeunes. Le taux de problèmes y
est beaucoup plus faible qu’avec
une population plus âgée. » Avec
parfois, quand même, des problé-
matiques bien précises. « On s’est
posé des questions pour installer
un barbecue sur la terrasse et on a
trouvé les infos sur le Net. »
« La surréglementation a créé
une relation malsaine entre em-
ployeurs et salariés, explique Jac-
ques Rivière, président d’Océan,
une société de 65 salariés spéciali-
séedanslagéolocalisation.Cetété,
un de nos salariés qui voulait dé-
missionner a ainsi préféré aller au
conflit pour obtenir un chèque. »
Lajurisprudenceaprisuneplace
prépondérante. Ainsi, « la validité
des forfaits jours est devenue le
problème récurrent numéro un
pour les entreprises. Les cadres les
contestent pour non-conformité
avec la directive européenne sur la
durée du travail », affirme Sylvain
Niel, avocat associé chez Fidal.
« Nous avons de plus en plus de cas
où la loi est faite par la jurispru-
dence, que l’employeur ne suit pas
ou peu », précise M. Thiébart.
Paradoxalement, certains plai-
dent pour un renforcement du
codedutravailafindelemettreen
adéquation avec les évolutions
technologiques et sociologiques.
«Auregarddestransformationsde
nos sociétés, le code du travail est
obsolète. Il n’est adapté ni pour les
salariés ni pour l’entreprise, souli-
gne Frédéric Gautier, de Dassault
Systèmes. La digitalisation a des
conséquences sur les questions
d’organisation et de mode de tra-
vail qui exigent de revisiter les no-
tions de lieu et de temps de travail.
Les collaborateurs d’aujourd’hui
ne sont pas ceux d’hier. »
Aux Entretiens de la cohésion
sociale, mardi 8 septembre, Pierre
Gattaz suggérait de prendre
exemple sur Steve Jobs, cofonda-
teur d’Apple, mort en 2011, qui
avait « caché la complexité dans le
cloud » afin que l’iPhone soit utili-
sable par un enfant de cinq ans. A
quandalors«lecloud»ducodedu
travail pour l’adapter aux nouvel-
les exigences des entreprises et
des salariés ? p
2010, une entreprise sur deux qui
devait reclasser des salariés se fai-
sait condamner », ajoute-t-il.
Paule Viallon, DRH groupe de Fi-
ves, qui compte 8 000 salariés
dont 4 000 en France, déplore
« que les informations sur un sujet
aussi important passent par une
circulaire ministérielle », contrai-
gnant l’entreprise « à passer son
temps à faire de la veille. »
Des surprises aux prud’hommes
«Inutiles»et«obsolètes»sontdes
adjectifs qui reviennent souvent
pour qualifier certaines disposi-
tions. Par exemple, « l’article 20 de
la loi sur le dialogue social qui vise
à lutter contre les dérives sexistes
était déjà traité par l’Accord natio-
nal interprofessionnel du 9 juin
2013, et encore avant par celui du
26 mars 2010 », indique M. Thié-
bart. Les DRH ne savent plus
quelle loi s’applique.
« Un simple projet de fusion sans
suppression d’emplois ni mobilité
géographique nécessite trois mois
de travail rien que pour le comité
de direction, témoigne Mme Vial-
Le temps de trajet devient temps de travail
Les déplacements qu’un travailleur salarié itinérant effectue entre
son domicile et le premier ou le dernier client doivent-ils être comp-
tabilisés comme du temps de travail ? Oui, a tranché la Cour de jus-
tice de l’Union européenne dans un arrêt, jeudi 10 septembre. La
cour était amenée à se prononcer sur la situation d’employés de la
société Tyco en Espagne chargés de l’installation de dispositifs de
sécurité et très souvent sur les routes. En 2011, Tyco a fermé ses bu-
reaux régionaux, les privant de lieu de travail fixe. Pour l’heure, en
France, selon l’article L. 3121-4 du code du travail, le temps de dé-
placement pour se rendre sur le lieu d’exécution du contrat de tra-
vail n’est pas un temps de travail effectif. Mais en cas de dépasse-
ment inhabituel de ce temps, il doit faire l’objet d’une contrepartie.
«Un simple
projet de fusion,
c’est trois mois
de travail
pour le comité
de direction»
PAULE VIALLON
DRH groupe de FivesViallon
0123
DIMANCHE 13 - LUNDI 14 SEPTEMBRE 2015

Contenu connexe

Similaire à Les DRH face au code du travail

Branches Info n°9 - 16 mai 2014
Branches Info n°9 - 16 mai 2014Branches Info n°9 - 16 mai 2014
Branches Info n°9 - 16 mai 2014Société Tripalio
 
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...Fondation iFRAP
 
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...Charlotte Praif
 
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?Fondation iFRAP
 
Bref survol des ordonnances réformant le droit du travail
Bref survol des ordonnances réformant le droit du travailBref survol des ordonnances réformant le droit du travail
Bref survol des ordonnances réformant le droit du travailLextenso
 
#4 Liberté économique à tous les étages
#4 Liberté économique à tous les étages#4 Liberté économique à tous les étages
#4 Liberté économique à tous les étagesJean-François Copé
 
04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travail
04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travail04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travail
04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travailjvanderfeer
 
Branches Info n°14 - 1er septembre 2014
Branches Info n°14 - 1er septembre 2014Branches Info n°14 - 1er septembre 2014
Branches Info n°14 - 1er septembre 2014Société Tripalio
 
Fixez les bases du dialogue social !
Fixez les bases du dialogue social !Fixez les bases du dialogue social !
Fixez les bases du dialogue social !Patrick Namotte
 
CFDT : communiqué sur les ordonnances travail
CFDT : communiqué sur les ordonnances travailCFDT : communiqué sur les ordonnances travail
CFDT : communiqué sur les ordonnances travailSociété Tripalio
 
Découvrir l'univers du monde salarié
Découvrir l'univers du monde salariéDécouvrir l'univers du monde salarié
Découvrir l'univers du monde salariéGeneviève Bourc'his
 
News views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connu
News views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connuNews views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connu
News views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connuRachel Bocher
 
Flexisecurite a la francaise nov 2013
Flexisecurite a la francaise nov 2013Flexisecurite a la francaise nov 2013
Flexisecurite a la francaise nov 2013Abaka Conseil
 
Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...
Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...
Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...ForceOuvriere
 
Refonte du droit du travail - Une négociation sociale collective
Refonte du droit du travail - Une négociation sociale collectiveRefonte du droit du travail - Une négociation sociale collective
Refonte du droit du travail - Une négociation sociale collectiveEric LEGER
 

Similaire à Les DRH face au code du travail (20)

Branches Info n°9 - 16 mai 2014
Branches Info n°9 - 16 mai 2014Branches Info n°9 - 16 mai 2014
Branches Info n°9 - 16 mai 2014
 
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...
Libérer le droit du travail : temps de travail, représentation syndicale, fle...
 
Ani
AniAni
Ani
 
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n’embauche plus ? ...
 
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?
Réglementation du travail : pourquoi la France licencie et n'embauche plus ?
 
Bref survol des ordonnances réformant le droit du travail
Bref survol des ordonnances réformant le droit du travailBref survol des ordonnances réformant le droit du travail
Bref survol des ordonnances réformant le droit du travail
 
#4 Liberté économique à tous les étages
#4 Liberté économique à tous les étages#4 Liberté économique à tous les étages
#4 Liberté économique à tous les étages
 
04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travail
04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travail04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travail
04 11-2015 dossier-de_presse_-_Réforme du code du travail
 
Branches Info n°14 - 1er septembre 2014
Branches Info n°14 - 1er septembre 2014Branches Info n°14 - 1er septembre 2014
Branches Info n°14 - 1er septembre 2014
 
Fixez les bases du dialogue social !
Fixez les bases du dialogue social !Fixez les bases du dialogue social !
Fixez les bases du dialogue social !
 
CFDT : communiqué sur les ordonnances travail
CFDT : communiqué sur les ordonnances travailCFDT : communiqué sur les ordonnances travail
CFDT : communiqué sur les ordonnances travail
 
Découvrir l'univers du monde salarié
Découvrir l'univers du monde salariéDécouvrir l'univers du monde salarié
Découvrir l'univers du monde salarié
 
L'avenir du travail
L'avenir du travailL'avenir du travail
L'avenir du travail
 
News views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connu
News views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connuNews views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connu
News views Syndicalisme Mode d'emploi - Le syndicalisme ce mal connu
 
Flexisecurite a la francaise nov 2013
Flexisecurite a la francaise nov 2013Flexisecurite a la francaise nov 2013
Flexisecurite a la francaise nov 2013
 
Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...
Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...
Lettre des organisations syndicales aux présidents de groupes de l’Assemblée ...
 
Refonte du droit du travail - Une négociation sociale collective
Refonte du droit du travail - Une négociation sociale collectiveRefonte du droit du travail - Une négociation sociale collective
Refonte du droit du travail - Une négociation sociale collective
 
Branches Info n°18
Branches Info n°18Branches Info n°18
Branches Info n°18
 
Unsa mensuel mai 2012
Unsa mensuel mai 2012Unsa mensuel mai 2012
Unsa mensuel mai 2012
 
Unsa mensuel mai 2012
Unsa mensuel mai 2012Unsa mensuel mai 2012
Unsa mensuel mai 2012
 

Plus de Eric LEGER

Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020
Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020
Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020Eric LEGER
 
En finir avec la fatigue
En finir avec la fatigueEn finir avec la fatigue
En finir avec la fatigueEric LEGER
 
Point Economique et Immobilier
Point Economique et ImmobilierPoint Economique et Immobilier
Point Economique et ImmobilierEric LEGER
 
Co-Funding - Modèle économique du futur ?
Co-Funding - Modèle économique du futur ?Co-Funding - Modèle économique du futur ?
Co-Funding - Modèle économique du futur ?Eric LEGER
 
France Strategie - 2017-2017 - Tendances
France Strategie - 2017-2017 - TendancesFrance Strategie - 2017-2017 - Tendances
France Strategie - 2017-2017 - TendancesEric LEGER
 
Robots - Source du Revenu Universel
Robots - Source du Revenu UniverselRobots - Source du Revenu Universel
Robots - Source du Revenu UniverselEric LEGER
 
Pour une posture d'agonisme sociétal !
Pour une posture d'agonisme sociétal !Pour une posture d'agonisme sociétal !
Pour une posture d'agonisme sociétal !Eric LEGER
 
Les MOOC - Education 2.0
Les MOOC - Education 2.0Les MOOC - Education 2.0
Les MOOC - Education 2.0Eric LEGER
 
Medias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et Partenariat
Medias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et PartenariatMedias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et Partenariat
Medias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et PartenariatEric LEGER
 
L'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaises
L'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaisesL'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaises
L'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaisesEric LEGER
 
Les Femmes au temps des Pharaons
Les Femmes au temps des PharaonsLes Femmes au temps des Pharaons
Les Femmes au temps des PharaonsEric LEGER
 
La Femme - Anti-Portrait de Sophie
La Femme - Anti-Portrait de SophieLa Femme - Anti-Portrait de Sophie
La Femme - Anti-Portrait de SophieEric LEGER
 
Bilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et ConcienceBilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et ConcienceEric LEGER
 
Loi du Travail - Contestations
Loi du Travail - ContestationsLoi du Travail - Contestations
Loi du Travail - ContestationsEric LEGER
 
Mort programmée de l'Université ?
Mort programmée de l'Université ?Mort programmée de l'Université ?
Mort programmée de l'Université ?Eric LEGER
 
Partis Politique - Fin d'un Cycle ?
Partis Politique - Fin d'un Cycle ?Partis Politique - Fin d'un Cycle ?
Partis Politique - Fin d'un Cycle ?Eric LEGER
 
L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?
L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?
L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?Eric LEGER
 
Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !
Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !
Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !Eric LEGER
 
Evolution des Réseaux Sociaux d'Entreprise
Evolution des Réseaux Sociaux d'EntrepriseEvolution des Réseaux Sociaux d'Entreprise
Evolution des Réseaux Sociaux d'EntrepriseEric LEGER
 
La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !
La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !
La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !Eric LEGER
 

Plus de Eric LEGER (20)

Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020
Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020
Rapport Guedj - Recommandations Visites en Ehpad - 18 avril 2020
 
En finir avec la fatigue
En finir avec la fatigueEn finir avec la fatigue
En finir avec la fatigue
 
Point Economique et Immobilier
Point Economique et ImmobilierPoint Economique et Immobilier
Point Economique et Immobilier
 
Co-Funding - Modèle économique du futur ?
Co-Funding - Modèle économique du futur ?Co-Funding - Modèle économique du futur ?
Co-Funding - Modèle économique du futur ?
 
France Strategie - 2017-2017 - Tendances
France Strategie - 2017-2017 - TendancesFrance Strategie - 2017-2017 - Tendances
France Strategie - 2017-2017 - Tendances
 
Robots - Source du Revenu Universel
Robots - Source du Revenu UniverselRobots - Source du Revenu Universel
Robots - Source du Revenu Universel
 
Pour une posture d'agonisme sociétal !
Pour une posture d'agonisme sociétal !Pour une posture d'agonisme sociétal !
Pour une posture d'agonisme sociétal !
 
Les MOOC - Education 2.0
Les MOOC - Education 2.0Les MOOC - Education 2.0
Les MOOC - Education 2.0
 
Medias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et Partenariat
Medias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et PartenariatMedias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et Partenariat
Medias Classiques vs Reseaux sociaux - Entre Lutte et Partenariat
 
L'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaises
L'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaisesL'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaises
L'urgence d'une Collaboration entre Grandes Entreprises et StartUp francaises
 
Les Femmes au temps des Pharaons
Les Femmes au temps des PharaonsLes Femmes au temps des Pharaons
Les Femmes au temps des Pharaons
 
La Femme - Anti-Portrait de Sophie
La Femme - Anti-Portrait de SophieLa Femme - Anti-Portrait de Sophie
La Femme - Anti-Portrait de Sophie
 
Bilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et ConcienceBilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
 
Loi du Travail - Contestations
Loi du Travail - ContestationsLoi du Travail - Contestations
Loi du Travail - Contestations
 
Mort programmée de l'Université ?
Mort programmée de l'Université ?Mort programmée de l'Université ?
Mort programmée de l'Université ?
 
Partis Politique - Fin d'un Cycle ?
Partis Politique - Fin d'un Cycle ?Partis Politique - Fin d'un Cycle ?
Partis Politique - Fin d'un Cycle ?
 
L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?
L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?
L'Emploi sera t-il sauvé par les régions ?
 
Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !
Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !
Recouvrer une démocratie libre, collective, volontaire !
 
Evolution des Réseaux Sociaux d'Entreprise
Evolution des Réseaux Sociaux d'EntrepriseEvolution des Réseaux Sociaux d'Entreprise
Evolution des Réseaux Sociaux d'Entreprise
 
La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !
La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !
La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !
 

Les DRH face au code du travail

  • 1. Travail:cequeveulentlesDRH ▶ Lesentreprisesjugentindispensablesunesimplificationetunemodernisationducodedutravail Lors de sa conférence de presse, lundi 7 septembre, François Hol- lande a promis un projet de loi pour permettre « une meilleure adapta- tion du droit du travail à la réalité des en- treprises ». Mercredi 9, Jean-Denis Combrexelle, président de la section sociale du Con- seil d’Etat, a remis au premier ministre, Manuel Valls, son rapport et ses quaran- te-quatre préconisations pour réaliser cette réforme. Mais qu’attendent vrai- ment les directeurs des ressources hu- maines (DRH) de cette réforme ? Pour nombre d’entre eux, « complexité » et « rigidité » sont indissociables du code du travail. « Après la signature de l’accord du 13 mars 2013, que l’on devait mettre en œuvre très rapidement, car c’était une condition de survie pour Renault, on a dû organiser la consultation coordonnée de soixante CHSCT et d’une vingtaine de CE, se souvient Alain Agulhon, DRH France de Renault. En sachant que derrière cha- que CHSCT il y avait des enjeux politiques locaux, avec le risque de désignation d’un expert qui pouvait tout arrêter. Ça nous a pris quatre mois. » Ce type d’accord doit, de par la loi, faire l’objet d’un avis d’approbation par toutes les entreprises dans lesquelles il doit s’appliquer. « Les grands groupes sont ca- pables de se payer les juristes, les heures de délégation pour gérer la complexité du droit du travail, mais ce n’est pas le cas des PME », ajoute-t-il. « C’est tellement complexe, qu’on a du mal à s’y retrouver», témoigne égale- ment Stéphanie Pauzat, présidente de Mil Eclair, une société de nettoyage in- dustriel de 90 salariés. anne rodier modifié Eric LEGER → LIRE LA SUITE PAGE 3 LesDRHperdusdanslemaquisducodedutravail Alorsquelegouvernementpréparesaréformedudroitdutravail,lesentreprisesattendentplusdesimplicité «Notre fédération professionnelle nous envoie des notes juridiques, on les lit. J’ai un commissaire aux comptes qui fait un audit de temps en temps et un avocat externe que je consulte sur des cas précis, géné- ralement sur les procédures de li- cenciement. Mais c’est difficile de savoir si on est dans les clous », ajoutemadamePauzat.Etdedon- ner un exemple concret. « Nous avons renoncé à réorganiser le tra- vail en tenant compte de la saison- nalité.Toutétaitenplacelorsqu’on a découvert lors d’un contrôle de l’inspection du travail que le code stipule que tous les salariés à temps plein auraient dû être infor- més du planning prévisionnel six mois à l’avance. Impossible ! J’ai relu l’accord de branche : ça y était. Mais franchement on ne lit pas toutes les lignes dans le détail. » Or le code du travail est très pré- cis. « Ils ont ainsi codifié l’ha- billage et le temps de pause des sa- lariés », déplore Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire gé- néral de la Confédération géné- rale des PME (CGPME). Letrop-pleindetextesfaitl’una- nimité des responsables des res- sourceshumainesqui,infine,tra- vaillent à l’aveugle dans les plus petites entreprises et avec des équipes de juristes dans les gran- des. « Le code du travail ne me donne pas mal la tête, témoigne Frédéric Gautier, DRH Europe de Dassault Systèmes, car j’ai la chance d’être dans une entreprise qui se porte bien. On a très peu de litiges aux prud’hommes. Et, si né- cessaire, je réunis les juristes en droit social. » Les juristes concernés précisent que l’inflation des textes est ag- gravée par la multitude des sour- cesnormativesdudroitdutravail. L’administration produit ses pro- pres normes qui s’ajoutent à la complexité de la loi. « Vous ne pouvez pas faire un PSE [plan de sauvegardedel’emploi]sansavoir au préalable examiné les circulai- res interprétatives du ministère du travail qui expliquent la mise en œuvre de la loi », explique Patrick Thiébart, avocat associé du cabi- net Jeantet. Ces circulaires sont utiliséespourapprécierlavalidité des PSE. « Le chef d’entreprise a un amoncellementdesourcesnorma- tives tel qu’il devient compliqué pour lui de rester dans la loi. Avant lon. Le problème, c’est l’incerti- tude juridique. « Sur le temps de travail, par exemple, le problème, ce n’est pas les 35 heures, mais la connaissancedelaréglementation propre à chaque activité. L’impact desabsencesmaladiesurl’annuali- sationdutempsdetravailpourrait produire 500 pages d’explications. Et parfois sans apporter de ré- ponse. » « Les DRH appréhendent aussi la charge de travail liée aux négocia- tions obligatoires », affirme Syl- vain Niel, avocat associé chez Fi- dal. « Il y a plus de dix négociations collectives obligatoires par an. Si on s’y astreint, il ne reste plus de tempspourlaviedel’entreprise,les deux côtés de la table de négocia- tions sont épuisés et ça demande unniveaudetechnicité(santé,plan épargne salariale, prévoyance) que toutes les organisations syndicales ne sont pas à même d’assurer », té- moigne M. Agulhon. Les grandes entreprises ont évi- demment renforcé leur départe- ment ressources humaines. Chez Dassault Systèmes, par exemple, l’équipe de juristes en droit social chargée de toute l’Europe, plus la Russie et l’Afrique, est constituée de dix personnes, dont six uni- quement pour la France. Mais pour les petites structures, c’est souvent aux prud’hommes qu’elles découvrent les textes qu’elles n’ont pas respectés. Dans une lettre de licenciement de qua- tre pages, deux sont remplies par les mentions obligatoires. Pour la CGPME, « le code du travail est vécu comme un outil de répression alors qu’il devrait être un outil de régulation », affirme son secré- taire général, M. du Mesnil du Buisson. Les jeunes pousses sem- blent, elles, moins concernées par la bataille. « En tant que start-up, on n’a aucun besoin d’ouvrir le code, estime Paulin Dementhon, président fondateur de Drivy. Au début de la vie de l’entreprise, vous nefaitesquecroître,qu’embaucher des jeunes. Le taux de problèmes y est beaucoup plus faible qu’avec une population plus âgée. » Avec parfois, quand même, des problé- matiques bien précises. « On s’est posé des questions pour installer un barbecue sur la terrasse et on a trouvé les infos sur le Net. » « La surréglementation a créé une relation malsaine entre em- ployeurs et salariés, explique Jac- ques Rivière, président d’Océan, une société de 65 salariés spéciali- séedanslagéolocalisation.Cetété, un de nos salariés qui voulait dé- missionner a ainsi préféré aller au conflit pour obtenir un chèque. » Lajurisprudenceaprisuneplace prépondérante. Ainsi, « la validité des forfaits jours est devenue le problème récurrent numéro un pour les entreprises. Les cadres les contestent pour non-conformité avec la directive européenne sur la durée du travail », affirme Sylvain Niel, avocat associé chez Fidal. « Nous avons de plus en plus de cas où la loi est faite par la jurispru- dence, que l’employeur ne suit pas ou peu », précise M. Thiébart. Paradoxalement, certains plai- dent pour un renforcement du codedutravailafindelemettreen adéquation avec les évolutions technologiques et sociologiques. «Auregarddestransformationsde nos sociétés, le code du travail est obsolète. Il n’est adapté ni pour les salariés ni pour l’entreprise, souli- gne Frédéric Gautier, de Dassault Systèmes. La digitalisation a des conséquences sur les questions d’organisation et de mode de tra- vail qui exigent de revisiter les no- tions de lieu et de temps de travail. Les collaborateurs d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. » Aux Entretiens de la cohésion sociale, mardi 8 septembre, Pierre Gattaz suggérait de prendre exemple sur Steve Jobs, cofonda- teur d’Apple, mort en 2011, qui avait « caché la complexité dans le cloud » afin que l’iPhone soit utili- sable par un enfant de cinq ans. A quandalors«lecloud»ducodedu travail pour l’adapter aux nouvel- les exigences des entreprises et des salariés ? p 2010, une entreprise sur deux qui devait reclasser des salariés se fai- sait condamner », ajoute-t-il. Paule Viallon, DRH groupe de Fi- ves, qui compte 8 000 salariés dont 4 000 en France, déplore « que les informations sur un sujet aussi important passent par une circulaire ministérielle », contrai- gnant l’entreprise « à passer son temps à faire de la veille. » Des surprises aux prud’hommes «Inutiles»et«obsolètes»sontdes adjectifs qui reviennent souvent pour qualifier certaines disposi- tions. Par exemple, « l’article 20 de la loi sur le dialogue social qui vise à lutter contre les dérives sexistes était déjà traité par l’Accord natio- nal interprofessionnel du 9 juin 2013, et encore avant par celui du 26 mars 2010 », indique M. Thié- bart. Les DRH ne savent plus quelle loi s’applique. « Un simple projet de fusion sans suppression d’emplois ni mobilité géographique nécessite trois mois de travail rien que pour le comité de direction, témoigne Mme Vial- Le temps de trajet devient temps de travail Les déplacements qu’un travailleur salarié itinérant effectue entre son domicile et le premier ou le dernier client doivent-ils être comp- tabilisés comme du temps de travail ? Oui, a tranché la Cour de jus- tice de l’Union européenne dans un arrêt, jeudi 10 septembre. La cour était amenée à se prononcer sur la situation d’employés de la société Tyco en Espagne chargés de l’installation de dispositifs de sécurité et très souvent sur les routes. En 2011, Tyco a fermé ses bu- reaux régionaux, les privant de lieu de travail fixe. Pour l’heure, en France, selon l’article L. 3121-4 du code du travail, le temps de dé- placement pour se rendre sur le lieu d’exécution du contrat de tra- vail n’est pas un temps de travail effectif. Mais en cas de dépasse- ment inhabituel de ce temps, il doit faire l’objet d’une contrepartie. «Un simple projet de fusion, c’est trois mois de travail pour le comité de direction» PAULE VIALLON DRH groupe de FivesViallon 0123 DIMANCHE 13 - LUNDI 14 SEPTEMBRE 2015