SCoT Le Havre Pointe de Caux Estuaire - Etude paysagère et environnementale - Phase propositions - 2009/2014
La Pointe de Caux constitue un territoire à deux étages, la plaine alluviale et le plateau de Caux. II bénéficie d’ouvertures vers le monde par la mer et d’un lien privilégié vers la Capitale : la Seine.
Des complémentarités rares définissent ce vaste espace idéalement situé entre terre et mer qui fait cohabiter : une agriculture puissante sur le plateau, une richesse naturelle marquante au travers de la réserve naturelle et des falaises de la Côté d’Albâtre, une zone industrialo-portuaire d’échelle internationale et la Ville du Havre patrimoine mondial de l’UNESCO.
Au delà du Havre, d’Harfleur ou de Montivilliers, le tourisme trouve aussi un arrière pays rural, un aspect balnéaire et se laisse progressivement séduire par le port et l’industrie. La proximité avec d’autres sites connus comme Etretat, Fécamp, Honfleur et Deauville-Trouville, mais aussi le Parc Naturel des Boucles de la Seine Normande, font de l’ensemble de l’Estuaire une destination intéressante.
Comment faire de tous ces atouts et complémentarités un socle pour développer des projets d’aménagement (espaces publics, nouveaux quartiers d’habitations, franges urbaines, espaces d’activités
économiques...) respectueux des traces du passé, inspirés des spécificités du territoire et résolument tournés vers l’avenir et l’innovation? C’est sur cette équation clé que cet ouvrage guidé par
des élus et techniciens du SCoT vous propose de vous pencher en explorant des pistes d’avenir en faveur de la qualité de vie et de l’attractivité.
<i>Auteurs : Boris Menguy, Violaine Guibert, AURH (Agence d'urbanisme de la région du Havre et de l'Estuaire de la Seine
Date de parution : Juillet 2014)</i>
7. La phase propositions qui clôt l’étude paysagère et environnementale, étude socle pour
l’enrichissement du SCoT (février 2012) et la mise en place d’une Charte Paysagère et
Environnementale (octobre 2011), a été finalisée en 2009.
La dynamique collective engendrée par ces différents travaux autour des questions de paysage,
d’environnement, d’agriculture, de tourisme..., s’est poursuivie depuis. Elle a engendré, dans
une logique d’atelier permanent, de nouvelles idées, de nouvelles propositions pour améliorer
l’attrait et la qualité de vie de la Pointe de Caux ; en somme une « matière » intéressante pour
donner naissance à un site internet dédié www.scot-lhpce.fr (2011-2012) et cet ouvrage - Vers
une plus grande attractivité - qui valorisent un travail collégial et le mettent à disposition du plus
grand nombre.
Cet ouvrage fait la part belle à l’iconographie. Il forme un recueil d’idées pour ceux qui privilé-gient
une consultation par thème. Mais il a fait l’objet d’une construction logique de la stratégie
à ses déclinaisons les plus concrètes pour les lecteurs souhaitant une approche structurée plus
en lien avec les enjeux et les spécificités du territoire (c.f. Sommaire).
Comment définir plus précisément la place envisageable de l’agriculture et de l’environnement
à l’échelle du pays LHPCE en lien avec les dynamiques de développement en cours et à venir?
Quelles sont les manières de donner à voir notre territoire? Quelles sont les thématiques et les
échelles sur lesquelles agir en priorité pour valoriser notre capital paysager et environnemental?
Les pistes de réponses proposées gravitent autour de l’idée centrale d’envisager des stratégies
d’accompagnement du développement attendu sur la Pointe de Caux pour qu’il se fasse au
bénéfice tant économique qu’environnemental et en poursuivant l’amélioration de l’attrait de
cette région.
Le paysage est bien le reflet des interactions des élus, des habitants, des entreprises avec leur
territoire. En cela, il témoigne des dynamiques en cours et des questions en suspens. Il nous
invite parfois à choisir de nouvelles voies plus cohérentes et plus profitables.
8.
9. Les travaux ayant permis de rédiger cet ouvrage ont été encadrés par un groupe de suivi
politique composé, pour CAUX-ESTUAIRE, de MM. CARTEL, CINTRAT, GUEROUT, MAYO et
VASSE et pour la CODAH, de M. BIED CHARRETON, Mme CAHIERRE, M. PALFRAY, M. ROUSSELIN.
Ce même groupe a guidé l’élaboration du Schéma Directeur « Confluence » ainsi que l’Atelier
« Pour de nouvelles rencontres en Pays de Caux » pour lequel il faut ajouter la présence de
M. GASTINNE. Les réunions du SCoT ont été l’occasion de points d’étape et d’arbitrage afin
que tous les élus puissent se prononcer sur les choix.
De nombreux techniciens de la CODAH, de Caux-Estuaire, du CAUE 76, du département de
Seine-Maritime, du SMBV, de la DREAL et de diverses associations ont permi d’enrichir cet
ouvrage par leurs précieux conseils et leurs apports. Au sein de l’AURH, il faut aussi souligner
l’appui important de Jessy OUKOLOFF et Jean-François MARY qui par leur expertise respective
ont pu donner une bonne assise aux différentes pistes de travail.
Enfin, le travail de coordinnation administratif important qu’a nécessité ce travail a été tour
à tour effectué par Mickaëlle REBOUTIER, Stéphanie DESAINT et Bastien RENAULT, les respon-sables
administratifs successifs du Syndicat Mixte du SCoT.
Boris MENGUY – AURH – Chef de projet
Violaine GUIBERT - AURH - Chargée d’étude paysagiste
12. VI-Anticiper les défis à venir 15
16 Saisir l’opportunité du Grand Paris - Le projet Vallée de la Seine
18 Préserver les ressources
20 Limiter les conséquences du réchauffement climatique
22 Créer de nouvelles formes urbaines
II-Un développement en résonance
avec les singularités du territoire 25
III-Multiplier les interactions entre ville,
industrie, agriculture et nature 31
32 Accompagner le développement du pays
36 Elaborer une Trame Verte et Bleue
42 Conforter la place de l’agriculture
IV-Donner à voir un pays attractif 51
52 Soigner les entrées et les grandes traversées du pays
58 Mettre en scène l’activité économique
62 Mettre à profit les situations de belvédère
64 Elargir la notion de tourisme
sommaire
13. V-Agir sur les thématiques clés 69
70 Limite, lisière et structure identitaire - Retrouver des repères
72 Protection de la ressource en eau, lutte contre les inondations et les ruissellements - Défendre une gestion intégrée
78 Place de la nature en ville - Favoriser une présence bienfaisante
88 Espace public - Soigner notre espace commun
VI-Se doter d’outils adaptés 99
100 Enrichir le SCoT
101 Mettre en oeuvre la charte paysagère et environnementale
103 Lancer ou accompagner des dynamiques de projet
Annexes 105
(Etude paysagère détaillée de tous les axes routiers et ferroviaires majeurs du territoire)
sommaire
16. Saisir l’opportunité du Grand Paris - Le projet Vallée de la Seine
Un rendez-vous historique
Avec l’orientation de projet du Grand Paris proposé par Antoine
Grumbach et ses associés, Seine Métropole, notre territoire, se trou-verait
en tête de pont d’une ville linéaire multipolaire, s’étirant le
long de la vallée de la Seine de Paris jusqu’au Havre, son débouché
vers l’international : une manière d’offrir à la capitale son indispen-sable
ouverture maritime, à l’heure où Anvers semble être devenu
son port principal.
La Ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN) qui relierait Paris et Le
Havre constituerait un premier rapprochement emblématique de
la capitale historique avec notre territoire.
Dans cette hypothèse, le pays Le Havre Pointe de Caux Estuaire
deviendrait un point d’ancrage d’un développement plus soutenu
(rôle clé du port) et plus durable. Il deviendrait une terre d’accueil
pour de nouvelles activités et de nouveaux habitants.
Les propositions formulées dans l’étude paysagère et environne-mentale
s’inscrivent dans la logique de la métropole de l’après Kyo-to
et du projet décrit par Antoine Grumbach et ses associés dont les
grands principes sont résumés ci-après.
Extraits - Le Grand Pari 2009 – Equipe Antoine Grumbach&Associés
– Février 2009 :
• « La vallée de la Seine offre l’opportunité d’un développement
métropolitain linéaire et multipolaire, associé à des espaces na-turels
d’une qualité exceptionnelle. L’opposition ville nature est
en passe d’y être révolue. »
• « Ce dispositif inscrit une alternance entre les zones naturelles
(agricoles et paysagères) et les zones d’intensité urbaines et in-dustrielles.
Le grand paysage est valorisé sans minimiser le désir
d’urbanité. »
Grands principes de Seine-Métropole, le projet défendu par l’équipe
Antoine Grumbach et ses associés :
• OUVERTURE - Proposer une façade maritime au Grand Paris ;
• RESEAU - Se relier à l’échelle européenne (voire mondiale) ;
• ANCRAGE TERRITORIAL - Valoriser une identité et une structura-tion
induites par la Seine ;
• ECOLOGIE - S’appuyer sur une ville-territoire inscrite dans la na-ture
(développement durable) ;
• COMPLEMENTARITES / DEVELOPPEMENT DURABLE - Organiser
des alternances Ville/Nature/Industrie/Agriculture ;
• MULTIPOLARITE - Un réseau de villes en chapelet ;
• TERRITOIRE - Développer des solidarités urbain/rural ;
• DEPLACEMENT - Tresser les mobilités.
Un véritable territoire d’accueil à organiser
Si on suivait les hypothèses de croissance liées à ce projet, on pour-rait
imaginer gagner 30 % d’habitants en plus sur le territoire à l’ho-rizon
2040.
Cela suppose de planifier ces changements importants et prépa-rer
des espaces accueillants pour le développement économique
et urbain indispensable mais aussi adapter nos modèles de déve-loppement
: économiser plus l’espace et organiser de meilleures
interactions entre ville - nature - agriculture et industrie à l’échelle
du pays.
Extraits - Le Grand Pari 2009 – Equipe Antoine Grumbach&Associés
– Février 2009 :
• « La ville nature du 21e siècle devra s’appuyer sur des docu-ments
de planification ambitieux et partagés, afin de territoria-liser
de grandes trames vertes et bleues composées d’espaces
naturels et agricoles, capables de qualifier les « limites » à l’ur-banisation
pour maintenir de grands espaces agricoles, valori-
16 Anticiper les défis à venir
17. Extrait du discours de Monsieur Le Président de la République
Inauguration de l’exposition du Grand Pari(s) – 29 avril 2009
« …Pour dessiner l’avenir du Grand Pari(s), commençons d’abord par
regarder Paris de loin face à Londres et à Rotterdam. L’axe principal
du développement économique européen, de Londres à Milan, prend la
France en écharpe par l’Est. Si nous laissons aller les choses, le risque
est de voir Paris décrocher et nos deux grands ports, Le Havre et Mar-seille,
péricliter de façon irrémédiable.»
ser la connexion des couloirs biologiques, créer une agglomération
organique. »
• « Ensemble, ces espaces ouverts où coexistent présence de la
nature, lieux de loisirs et déplacements en modes doux, compo-sent
au sein du territoire métropolitain un système de grands vides
paysagers, un réseau se superposant aux autres réseaux, apte à
structurer Seine Métropole, assurer une cohérence spatiale et tem-porelle
entre différents composants de la métropole discontinue
et multipolaire. Dans ce système d’espaces ouverts structurants, la
Seine occupe une place de choix. »
Depuis l’inauguration de l’exposition du Grand Pari(s) le chef de l’état
s’est rendu au Havre à plusieurs reprises et a fait connaître régulièrement
son intérêt pour un débouché maritime de la capitale. La nomination
d’Antoine Rufenacht à la tête d’un commissariat au développement
de la Vallée de Seine et de la façade maritime de la région capitale a
constitué un témoignage fort dans le sens du projet de la Vallée de la
Seine.
Le comité des élus de l’Estuaire, récemment organisé en association,
qui représente les cinq pays formant la façade maritime s’est mis en
responsabilité et travaille au développement d’un projet de métropole
durable à l’échelle des enjeux.
Anticiper les défis à venir 17
18. Préserver les ressources
Des ressources limitées ou non renouvelables
Après des siècles d’extension et d’abondance, les dernières décen-nies
nous ont sensibilisés à l’idée d’un monde aux dimensions finies
et aux ressources limitées :
1. L’espace
Avec des moyens de transport performants, du pétrole peu cher,
et un foncier plus généreux et moins coûteux hors des limites de la
ville constituée, la tendance s’est orientée à l’extension continue.
La traduction la plus lisible en France est l’étalement urbain et son
corollaire, la baisse constante des surfaces dévolues à l’agriculture
et au patrimoine environnemental.
Or l’espace est limité, les transports sont polluants et désormais plus
coûteux. Fort logiquement, les terres les plus fertiles se trouvent sou-vent
à la périphérie des grandes agglomérations.
Le développement futur, pour tirer le meilleur parti du territoire, doit
nécessairement tenir compte du potentiel du foncier en fonction de
sa localisation et de ses réelles qualités (potentiel agronomique, re-lief,
inondabilité, pollution). De nouvelles formes urbaines inventives
doivent permettre à chacun de bénéficier d’espaces confortables
et conviviaux riches des aménités attendues (proximité, services,
calme, présence de la nature...) mais plus économe d’espace.
Certaines villes en expansion démographique importante par-viennent
à rendre leur cadre de vie agréable, créer des logements
adaptés à la demande en comptant totalement ou majoritaire-ment
sur le renouvellement urbain. De nombreuses friches urbaines
et industrielles polluées mais bien situées n’ont pas été réexploitées
pour des motifs de coût élévé de dépollution. Dans une conception
économe de l’espace, elles représentent un vrai gisement foncier.
L’Ademe s’est d’ailleurs mobilisée sur cette question.
2. L’eau potable
L’eau est une ressource capitale dont la rareté devient source de
conflit à l’échelle mondiale. En France, c’est d’abord le coût crois-sant
de sa dépollution qui nous alerte sur la fragilité. On note éga-lement
les restrictions qui accompagnent les épisodes de canicules
et/ou les années faiblement pluvieuses. Quelques territoires français
mènent des politiques d’acquisitions foncières importantes dans le
but de créer un différentiel compétitif pour leur développement à
venir.
En Seine Maritime, les nappes sont particulièrement sensibles à la
pollution agricole et urbaine ainsi qu’au phénomène de turbidité
(le plateau karstique facilite les infiltrations rapides dans les nappes).
Certaines sources sont abandonnées quand elles atteignent des
seuils de pollution qui nécessitent des coûts de traitement trop éle-vés.
Un travail de fond est à envisager pour diminuer toutes les formes
de pollution à l’échelle globale car on sait que ces efforts portent
leur fruit parfois plusieurs décennies après leur mise en oeuvre. Il
faut mettre en place des stratégies de protection encore plus dra-coniennes
sur les ressources majeures ou les plus préservées au-jourd’hui
afin de gérer un approvisionnement de qualité sur le court
et le moyen terme.
Plus récemment, les captages prioritaires dit « Grenelle » ont été
identifiés afin de hiérarchiser les actions de préservation en pre-mier
lieu sur les ressources capitales. Des stratégies nouvelles ap-paraissent
pour tenter d’agir plus durablement. A titre d’exemple,
l’agglomération Seine Eure a mis en place une démarche de valori-sation/
protection d’un périmètre de captage rapproché par l’agri-culture
biologique.
18 Anticiper les défis à venir
19. 3. Les terres arables (cf conforter la place de l’agriculture p 42)
Si le maintien de surfaces agricoles est capital, leur localisation l’est
tout autant. Une partie des cultures « vivrières » doit pouvoir se faire aux
portes des grandes agglomérations voire dans les tissus urbains (proxi-mité
du bassin de consommation). Une augmentation de population
suppose logiquement une production de denrées alimentaires supé-rieure
et la disponibilité de surface pour les produire.
4. La biodiversité
Avec le constat de l’accélération de l’érosion de la diversité de la faune,
de la flore, du vivant sous toutes ses formes, le thème de la biodiversité
est devenu réellement une question politique donnant ainsi un écho
plus large à un constat scientifique déjà ancien sur les conséquences
de l’intensification de la pression humaine sur l’environnement. On a
compris que la chaîne du vivant était basée sur des équilibres et des
interrelations entre espèces et que la menace qui pesait sur leurs diffé-rents
habitats amenait à des bouleversements écologiques importants
aux conséquences difficilement prévisibles.
Des espèces disparaissent avant même qu’elles aient pu être décrites
et étudiées. Or les scientifiques voient également dans ce patrimoine
génétique autant de pistes pour notre avenir : médecine, alimentation,
industrie verte, biotechnologie...
Cette question de la biodiversité ramène immanquablement à la ques-tion
du partage de l’espace entre les activités humaines et le vivant,
mais plus encore de leur imbrication (cf élaborer une trame verte et
bleue p 36). Elle nous invite à aménager autrement en acceptant une
part de vivant plus important autour de nous (cf place de la nature en
ville p 78), à adapter notre manière de concevoir l’agriculture...
L’écologie intéresse dès lors que l’on intègre l’homme dans la dimen-sion
du vivant. La biodiversité devient alors un indicateur de santé.
5. L’énergie
Au niveau de l’énergie, les grands principes sont connus au moins de-puis
les grandes crises pétrolières du début des années 1970 mais leur
mise en oeuvre se heurte à une organisation très centralisée de la dis-tribution,
aux différents lobbies, à la réglementation et au défi techno-logique.
La première des priorités reste l’économie d’énergie (logement, trans-port,
industrie...). Les lois Grenelle II vont clairement en ce sens et des
pays pilotes ont initié des pistes dont on peut sans doute tirer parti.
La deuxième priorité c’est la diversification des apports énergétiques
en incluant progressivement de plus en plus de ressources renouvela-bles
en fonction des gisements à disposition (vent, énergie liée à la mer,
biomasse, solaire, déchets...). Progressivement les énergies fossiles, le
pétrole, le charbon, le gaz doivent devenir des sources énergétiques
secondaires.
Notre territoire très orienté sur une économie basée sur le pétrole se veut
novateur dans le stockage du carbone afin de diminuer sa contribution
au dégagement de CO2 liée à son importante activité industrielle. Il sou-haite
également s’inscrire dans une démarche d’écologie industrielle
dont le principe de base est de considérer les déchêts des uns comme
des ressources pour les autres. Il s’agit de mettre en place une écono-mie
circulaire mettant en relation toutes les activités du territoire dans
des rapports de complémentarité et de coopération.
Mais c’est sans doute en regardant aussi plus vers la mer que nous dis-poserons
de solutions à long terme à travers les EMR ou Energies Marines
Renouvelables : vent, vagues, eau chaude ou courants. C’est peut-être
également des débouchés pour une mutation vers une industrie verte
sur la ZIP.
Anticiper les défis à venir 19
20. Limiter les conséquences du réchauffement climatique
Une nouvelle donnée à prendre en considération
La communauté scientifique dans sa grande majorité considère le
réchauffement climatique comme un phénomène inconstestable.
Les divergences majeures tiennent aux prévisions : quelle est l’am-pleur
des manifestations attendues ? Quelle temporalité ? Quelles
sont les zones les plus touchées ?
Des prévisions de plus en plus précises sont établies suivant les ré-gions.
Notre département ne devrait pas être parmi les plus touchés
même si une augmentation des températures moyennes est atten-due.
Pour autant les événements climatiques aujourd’hui qualifiés
d’exceptionnels risquent de devenir plus fréquents (tempêtes, pré-cipitations
importantes, épisodes caniculaires...). Il semblerait aussi
que les pluies se répartissent moins régulièrement dans l’année et
soient plus intenses. Ces changements apparemment limités peu-vent
pour autant avoir des conséquences importantes :
• augmentation du niveau de la mer ;
• exposition plus forte aux inondations et aux ruissellements ;
• ilôts de chaleurs urbains ;
• renforcement du vent ;
• déperissement de certains végétaux (ex : le hêtre)...
Agir par anticipation
Sur le fond, une plus grande végétalisation du territoire est souhaita-ble
car elle permet :
• de réduire la vitesse du vent et ses effets ;
• de maintenir une hygrométrie agréable (notamment pour le
confort d’été) et nécessaire pour d’autres végétaux ;
• d’offrir des situations ombragées en été ;
• de protéger les façades sud et les toits des surchauffes (végéta-lisation
de façade et de toiture) ;
• de protéger les sols de l’érosion en limitant le ruissellement.
Cette végétalisation peut prendre plusieurs formes :
• en ville (cf Place de la nature en ville p 78) :
- plantation plus abondante dans les espaces publics ;
- multiplication des squares de proximité ;
- mise en place d’axes verts (liaisons douces) ;
- maintien ou mise en place d’agriculture urbaine ;
- accroissement des surfaces de jardins familiaux ;
- végétalisation des toitures et des façades ;
- végétalisation de certaines clôtures ;
- traitement végétal de certaines surfaces de parkings peu
utilisés... ;
- incitation à la plantation des jardins privatifs ;
- préverdissement des espaces de projet en attente ;
- plantations des friches en attente de projet...
allier confort climatique et agr ément - exemples de fa çades végétalis ées
20 Anticiper les défis à venir
21. Disym étrie des fa çades nord et sud sur un bâtiment
• en lisière de ville (cf Notion de limite de lisière et structure identitaire p
70 et ouvrage SCoT « Pour de nouvelles rencontres en Pays de Caux ») :
- accompagnement végétal des entrées de ville
et d’agglomération ;
- multiplication des squares de proximité ;
- traitement de l’interface ville/campagne ;
- Préverdissement des nouvelles emprises de la ville ;
- Agriculture de proximité et jardins familiaux ;
- Chemins plantés...
• en secteur rural (cf Notion de limite de lisière et structure identitaire) :
- plantation des lisières de village ;
- adaptation et régénération des clos masures existants ;
- renforcement des plantations de coteaux et des secteurs
en rupture de pente ;
- accompagnement végétal des grands équipements et
des espaces d’activités économiques ;
- réflexion sur les plantations de bord de route et chemine
ments verts...
L’imperméabilisation des sols doit être limitée voire réduite car elle accen-tue
le réchauffement et augmente le ruissellement.
En ville, la conception des aménagements d’espace public (voir chapitre
espace public p 88) et des nouveaux bâtiments doit contribuer au confort
climatique par le choix des orientations, des matériaux, de la différencia-tion
de traitement des façades suivant leur orientation, la couleur et la
nature des revêtements et l’accompagnement végétal adéquat.
Anticiper les défis à venir 21
22. Créer de nouvelles formes urbaines
Un modèle un peu exclusif
Si l’habitat pavillonnaire est souvent décrié par les environnementalistes
et les urbanistes c’est surtout parce qu’il n’apparaît pas compatible avec
le développement durable : il est gourmand en espace, peu dense et
donc difficile à desservir en transport en commun. De plus, il amplifie des
logiques de zonage en créant des quartiers mono-fonctionnels dédiés
à la résidence avec une mixité sociale souvent réduite. Pourtant, faute
d’alternatives adaptées, il a répondu à l’aspiration des français à trouver
des m2 moins chers hors des villes depuis plusieurs décennies.
Offrir des alternatives crédibles
Le défi consiste aujourd’hui (cf p 16 «accompagner le développement
du pays») à offrir des logements attractifs en termes de prix, de surfaces
et d’agrément qui évitent les travers de l’habitat pavillonnaire. Qui plus
est, l’adaptation aux spécificités climatiques et environnementales lo-cales,
aux attentes du Grenelle, doit être une source de créativité pour
les architectes et promoteurs pour développer une nouvelle architecture
en rapport avec son site d’implantation et ses données bio-climatiques.
Une part majeure des nouveaux logements devra être proposée en
ville et dans les coeurs de bourgs ruraux pour répondre à cet objectif
d’économie de l’espace. Parallèlement il y aura nécessité de créer des
équipements et des espaces publics facilitant le « vivre ensemble ». Il est
intéressant de décortiquer les fonctions d’une parcelle de pavillon, on
s’aperçoit qu’une part significative des usages pourrait être mutualisée
et faciliter un partage plus profitable de l’espace :
• jeux pour enfant dans son jardin -> jardin public ou collectif ;
• potager individuel -> jardins familiaux ;
• surcroît d’espace pour la quiétude -> les nuisances sonores et vi-suelles
peuvent être réduites par une meilleure conception de l’ha-bitat
et des limites séparatives entre parcelles, l’espace économisé
peut alors être très important et permettre d’accueillir d’autres loge-ments
ou d’autres fonctions ;
CERNAY - PARC des rives de la Thur (ALSACE) - Des espaces de jeux à l’échelle d’un nouveau quartier
Ce qui est difficilement remplaçable, c’est de disposer d’un espace permettant de se mettre
au soleil, de manger à l’extérieur et de disposer d’un espace végétalisé (le contact avec la
terre). Les nouveaux logements doivent donc intégrer cette demande dans tous les types de
logement (collectif, intermédiaire, maisons groupées, maisons individuelles) et les espaces par-tagés
de la vie de quartier. Il faut ici souligner l’importance des balcons, des terrasses et des
petits jardins (Jean Viard, sociologue, parle d’au moins 1/3 du logement qui représenterait un
espace extérieur permettant de répondre aux besoins des habitants). Certaines opérations de
réhabilitation viennent d’ores et déjà greffer sur des bâtiments des balcons généreux créant
de véritables extérieurs pour des logements qui en étaient totalement dépourvus.
Ces dernières années, nous avons surtout vu des exemples intéressants à l’étranger. Peu à
peu les concepts d’éco-quartiers ont gagné notre pays. Mais c’est bien une nouvelle manière
d’habiter et d’organiser les espaces publics à l’échelle du territoire qui se joue.
22 Anticiper les défis à venir
23. Les éco-quartiers apparaissent comme des laboratoires de
modes d’habiter qui pourraient inspirer la conception des
quartiers de demain. Mais quantitativement c’est l’habitat
existant et ses espaces extérieurs qui gagneraient le plus à
évoluer. Aussi certaines équipes du Grand Paris ont mon-tré
le potentiel de renouveau et d’accueil des quartiers
pavillonnaires anciens et des périphéries. Ils parviennent
ainsi à accueillir plus de population dans ces quartiers en
les diversifiant et en leur donnant de nouvelles qualités. Il y
a là sans doute un gisement pour l’avenir.
L’intensité urbaine synonyme de renouveau de la qualité
de vie
La densité est devenue un mot un peu tabou en France
parce qu’il est souvent associé dans les représentations à
l’image des tours et des cités. C’est pour cette raison que
les urbanistes lui préfère le terme d’intensité urbaine, sy-nonyme
d’une manière différente de vivre la ville et de
Anticiper les défis à venir 23
partager l’espace.
Cette intensité n’est pas du tout synonyme d’édification
systématique de tours dont on sait que le bilan énergé-tique
(production des matériaux, construction, fonctionne-ment)
est loin d’être exemplaire. Les tours ne parviennent
pas non plus à répondre à nos attentes de qualité de vie.
Il s’agit plutôt d’une imbrication de différentes formes
d’habitat dans des quartiers plus en adéquation avec les
attentes de proximité des habitants et limitant l’usage et
la place de la voiture. Ces formes doivent naturellement
s’adapter à la complexité des lieux et leur histoire et se
diversifier suivant leur localisation (coeur de ville, secteur
d’intermodalité, bourgs ruraux...).
stockh ölm (su ède )
quartier embl ématique de
hammarby - Sjöstad
un nouvel espace de vie eta -
bli sur une friche industrialo -
portuaire au coeur de la ca -
pitale su édoise .
le quartier est construit les
pieds dans l’eau et offre un
cadre de vie exceptionnel au
quotidien pour 30 000 nou -
veaux habitants . le nombre de
logement S est tr ès important
mais la conception du quar -
tier joue sur une relation a la
nature et à l’eau qui cr ée une
diversit é d’ambiances et d’es -
paces publics remarquable .
Le coeur de stockh ölm peut
être rejoint en quelques mi -
nutes au moyen d’un bac , d’un
tram way ou par les modes
doux .
pont -audemer - zac des étangs
(27)
un quartier de maisons
contemporaines (habitat so -
cial ) de forte densit é offrant
des jardins privatifs et des
espaces publics généreux . la
densit é se conjugue ici aussi
avec la qualit é de vie et le dé-veloppement
durable .
26. Un développement en résonance avec les singularités du territoire
Un espace de développement dynamique
La Pointe de Caux représente de part son positionnement géogra-phique
un espace d’enjeux stratégique. L’ambition de constituer
une métropole maritime internationale mobilise le territoire. La Zone
Industrialo-Portuaire est reconnue comme le moteur et le symbole
de l’activité économique de l’Estuaire.
Carte de perception de l’espace a l’échelle du grand territoire
Ce carrefour international est identifié principalement par son port,
ses terminaux containers et son industrie pétrochimique : une logique
de flux dans une économie mondialisée. Pour autant, ce territoire
fonctionnant sur une dualité plateau/mer-estuaire, dispose d’atouts
complémentaires souvent méconnus et susceptibles de permettre
un ancrage territorial fort et porteur d’attractivité :
- une façade maritime impressionnante (les hautes falaises de la
côte d’Albâtre) ;
- un estuaire recelant une grande richesse écologique (2e roselière
de France) et des espaces spectaculaires (ponts, falaises, Seine...) ;
- un plateau de Caux disposant de terres d’une rare fertilité et d’une
organisation unique au monde (« plaine » et clos-masures) ;
- une ville-port véhiculant une forte identité ;
- des espaces plus intimes au sein des vallées et valleuses ;
- des ciels et des lumières immortalisés par le mouvement impres-sionniste
...
Changer les usages et les perceptions
Finalement, cet espace, qu’on limite parfois à sa dimension indus-trielle,
donne à voir un panel de milieux et une diversité de paysages
qui constituent un cadre de vie original. Le diagnostic de l’étude
a permis d’en identifier les composantes principales (cf carte des
entités paysagères page de droite).
Il s’agit désormais de nous projeter dans l’avenir de manière
constructive. Comment mieux tirer parti des nombreux atouts de ce
territoire ? Comment mieux associer des thématiques que l’on op-pose
le plus souvent : tourisme & industrie, ville & nature, agriculture
& environnement, développement économique & qualité de pay-sage
? Comment tenir compte de la vocation des espaces et de la
qualité des sites qui seront aménagés pour en tirer le meilleur parti ?
En se penchant sur ce que pourrait être la métropole du XXIe siècle,
la métropole de l’après Kyoto, les équipes pluridisciplinaires du
Grand Paris ont plébiscité la « ville-territoire » : « Seule la grande
échelle permet d’atteindre les objectifs de l’après-Kyoto » - Antoine
Grumbach & Associés - Le Grand Pari - Février 2009. Le concept
de développement durable impose en effet une vision solidaire
entre rural et urbain, des imbrications positives entre ville, industrie,
agriculture et nature. De meilleures interactions entre les différentes
composantes du pays apporteraient bien plus de bienfaits qu’une
logique de confrontation ou de zonage : bien-être des popula-tions,
amélioration du bilan carbone, optimisation de la gestion des
26 Un développement en résonance avec les singularités du territoire
28. Un développement en résonance avec les singularités du territoire
ressources et des déchets... « En matière d’aménagement, il s’agit
d’un changement de paradigme, où l’espace agricole n’est plus
un vide ni une variable d’ajustement mais une part du système, aus-si
incontournable que l’espace bâti » - Antoine Grumbach & Asso-ciés
- Le Grand Pari - Février 2009.
A l’occasion d’une conférence organisée dans le cadre du Grenelle
de l’Estuaire (6 mai 2009), Suren Erkman, directeur du groupe «Eco-logie
industrielle» à l’université de Lausanne, nous invitait à aborder
le fonctionnement d’un territoire comme celui d’un être vivant (lo-gique
du métabolisme territorial). Cette manière de penser invite à
considérer les déchets des uns comme des matières premières pour
les autres, à imaginer de nouvelles synergies de fonctionnement et
à évaluer le caractère soutenable de nos activités (quelles sont les
limites à ne pas dépasser ?).
Le paysage et l’environnement ne peuvent s’envisager comme
des rubriques s’ajoutant à une longue liste d’obligations. Ils doivent
s’inscrire dans un processus de réflexion global d’aménagement du
territoire.
Répondre à une attente d’attractivité plus forte
L’attractivité du territoire et le développement du tourisme passent
par une valorisation concrète du cadre de vie : rendre notre pays
plus accueillant, plus agréable à habiter, exprimer ses potentiels.
Le paysage n’est pas un décor, c’est un lieu de vie et de travail qui
évolue au gré des effets combinés d’éléments naturels, humains,
économiques et culturels : il reflète la dynamique du territoire et ré-sulte
de l’ensemble des décisions prises par les élus et les différents
acteurs. Le paysage et l’environnement représentent un patrimoine
commun porteur d’identité.
Aussi, les propositions de l’étude doivent-elles contribuer au projet
de développement du pays en :
• Donnant de nouveaux atouts de développement : la qualité
du paysage et de l’environnement constitue un atout d’attrac-tivité
et de promotion économique et touristique ;
• Renforçant l’identité de notre territoire et en améliorant son
image : assumer, valoriser et mettre en scène ses spécificités ;
• Contribuant à faire des choix adaptés en matière d’aménage-ment
: aménager en fonction des vocations dominantes des
espaces ;
• Préservant et valorisant notre patrimoine commun : transmettre
un capital ;
• Favorisant la création de nouveaux paysages.
Plusieurs niveaux de réponse à envisager
Pour effectuer un travail efficace sur le paysage, l’environnement,
l’agriculture et le tourisme, thématiques attendues dans cette
étude, il faut nécessairement pouvoir agir à différents niveaux :
> à l’échelle du territoire :
• Accompagner le projet du SCoT au travers d’une attention plus
forte autour des questions paysagères et environnementales
(des logiques d’aménagement plus transversales) ;
• Révéler les grandes trames d’organisation et de circulation du
vivant à l’échelle du pays (trame verte et bleue notamment) ;
• Prendre mieux en compte l’agriculture dans l’aménagement
du territoire ;
• Soigner la mise en scène du pays ;
> sur des thèmes à enjeux :
• Elargir la notion de tourisme ;
• Donner une dimension de cadre de vie et d’écologie aux amé-nagements
liés à l’eau (protection de la ressource, gestion des
ruissellements et des inondations...) ;
28 Un développement en résonance avec les singularités du territoire
29. • Structurer les liaisons douces ;
• Travailler sur une meilleure définition des interfaces (ex : transition
entre les extensions urbaines et l’agriculture) ;
• Proposer une évolution des structures paysagères identitaires ;
• Réfléchir à la place de la nature en ville.
> à l’échelle plus locale de la commune et des différents projets :
• Penser le paysage et les espaces publics comme des liants ;
• Disposer le mobilier urbain, la signalétique, les clôtures dans un souci
de cohérence et d’unité ;
• Intégrer les traces du passé dans les aménagements contempo-rains
(arbres remarquables, qualité de sol, petit patrimoine...);
• Offrir du confort aux piétons et aux vélos ;
• Favoriser la présence de la nature (plantations, hydraulique douce,
haies diversifiées...).
> en préparant l’avenir :
• Saisir l’opportunité du Grand Paris / Axe Seine ;
• Garantir la sécurisation alimentaire et la ressource en eau ;
• Anticiper les conséquences du réchauffement climatique...
Un développement en résonance avec les singularités du territoire 29
32. Accompagner le développement du pays
Proposer une relation équilibrée entre l’urbanisation nécessaire et
les attentes de proximité avec l’agriculture et la nature
Ces dernières décennies notre territoire a connu un développe-ment
important de l’habitat, des espaces d’activités économiques
et commerciales et des infrastructures (cf schémas ci-contre). Ce
qui est questionnant c’est que cette croissance importante des sur-faces
bâties gagnées majoritairement sur l’agriculture s’est faite à
population quasi constante et en tenant peu compte de la qualité
des espaces dans laquelle elle se réalisait. Deux tendances lourdes
caractérisent le développement des dernières décennies :
• une urbanisation en tâche d’huile de l’agglomération ;
• une dissémination de l’habitat individuel sur l’ensemble des
communes périphériques et «rurales», en particulier dans les ha-meaux.
L’urbanisation linéaire apparaît comme un trait complémentaire,
l’exemple le plus flagrant étant représenté par la départementale
6015.
Notre SCoT propose un projet ambitieux, il ne s’agit pas d’en limiter
le développement mais d’enrichir certains aspects. Le mode de dé-veloppement
connu jusqu’alors tend à se faire au détriment de no-tre
agriculture, principalement par sa tendance au mitage et offre
une image parfois peu flatteuse de notre territoire.
Si la Manche et la Seine nous imposent des limites à l’Ouest et au
Sud, elles nous offrent en contrepartie des horizons et un cadre de
vie privilégiés (la mer, l’estuaire). Logiquement, ces limites intangi-bles
accentuent la dynamique d’urbanisation vers le Nord-Est. La
DTA donne des éléments d’arbitrage, notamment dans le partage
de l’estuaire entre l’industrie et la réserve naturelle, mais elle ne dé-finit
pas les modalités de développement urbain vis à vis de l’agri-culture
et des espaces de nature plus ordinaires. Dans le respect
du SCoT approuvé, l’étude propose d’accompagner le dévelop-
1975
2003
1997
2008
développement de l’urbanisation du pays de 1975 à 2008
sCHéMATISATION de l’état actuel du développement de la pointe de caux
32 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
33. pement dans le sens d’une imbrication plus importante du bâti, de la
nature, de l’agriculture et de l’industrie.
Un dialogue plus riche entre les différentes composantes du pays
Les schémas ci-contre proposent une orientation vers un scénario pri-vilégiant
les imbrications citées à l’instant. La forme proposée reste
conceptuelle - pour se rapprocher de la réalité, elle devrait prendre
mieux en considération la topographie, les opportunités offertes par
l’arrivée du tramway, de la rocade nord, la question de l’avenir de
l’aéroport... - mais représente néanmoins un premier axe de travail qui
invite à lier d’avantage l’urbanisation à son environnement. La proxi-mité
d’espaces ouverts pour le plus grand nombre permet d’assurer
de vraies alternances ville/agriculture/nature, d’organiser un cadre de
vie agréable et d’accepter une plus forte intensité urbaine au Havre et
dans les communes périphériques.
L’image de la Zone industrialo -portuaire est valoris ée par des rapports ma îtris és
entre les diff érentes activit és et la place de la «nature »
La forêt de Montgeon et le Parc de Rouelles représentent deux bons
exemples de respirations profitables pour les habitants. Dans un autre
registre, la Zone Industrialo Portuaire donne à voir une forme d’imbri-cation
forte entre l’industrie, les terminaux à containers, l’eau (canaux,
bassins, mares) et une nature tantôt maîtrisée, tantôt proche de celle
du reste de l’estuaire. Cette configuration génère une diversité d’am-biances
et de panoramas qui construit l’image d’une zone industrielle
en résonance avec son lieu d’implantation.
Pointe de caux - état actuel
Pointe de caux - état projet é
SCéNARIO CLASSIQUE D’évolution en tache d’huile :
L’urbanisation progresse sans tirer parti des spécificités du territoire et de son environnement.
Elle reste «imperméable» à l’agriculture et à la nature qui se retrouvent repousser toujours
plus loin. Cette configuration n’offre pas d’espace de respiration aux habitants diminuant
de fait l’attrait de leur cadre de vie. Comment maîtriser l’image de ce mode d’urbanisation
diffuse ? Quelle qualité de vie nous procure cette configuration ?
Pointe de caux - état actuel Pointe de caux - état projet é
SCéNARIO d’imbrication entre l’urb Anisation et son environnement :
Une urbanisation ménageant des espaces de partage. L’agriculture et la nature participent
à l’organisation et la structuration de l’urbanisation en apportant de fortes plus-values : es-paces
de proximité variés pour les habitants, diversité de paysages. Les extension urbaines
s’inscrivent dans une logique d’imbrication plus compatible avec le développement dura-ble.
Le Havre et les villes périphériques poursuivent un développement urbain plus intense et
en rapport avec les qualités des sites qui les bordent et les interpénètrent.
sCHéMATISATION de L’évolution possible de la pointe de caux (SUD-OUest du pays )
Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature 33
34. Accompagner le développement du pays
A contrario, la progression en tâche d’huile tendrait à déplacer
toujours plus loin la limite entre l’urbanisation et des espaces plus
ouverts. En ne préservant pas de respirations agricoles ou de nature,
ce type d’urbanisation restreindrait les possibilités de contact avec
ces milieux. Or répondre à la demande de nature et de cadre de vie
des citadins constitue une piste reconnue pour stopper l’étalement
urbain et l’accroissement des déplacements.
Plus précisément, les habitants quittent la ville pour deux raisons :
- le prix du foncier qui leur rend difficile l’acquisition d’un bien suffi-samment
spacieux en ville ;
- leur désir de nature (sauvage et cultivée) insatisfait.
Le sociologue Jean Viard, lors d’une conférence pour le grenelle de
l’estuaire, insistait sur l’importance de cette attente : « les gens ont
envie de proximité parce qu’ils ont besoin de rapport au vivant».
Selon Jean Viard, la figure du pavillon avec son grand jardin est
une aspiration qui pourrait évoluer pour peu qu’une norme pour les
logements de 2/3 d’intérieur pour 1/3 d’extérieur se mette en place.
Elle permettrait à chacun de posséder au moins une terrasse ou un
balcon spacieux. Cet espace extérieur répondrait déjà aux atten-tes
de la plupart des citoyens. « Cette transformation du logement,
notamment populaire, est une des clés, y compris pour que les gens
soient heureux d’habiter en ville. »
Des espaces de qualité et des contraintes à mieux prendre en
compte dans les dynamiques de développement
Sur les espaces de plateau de l’agglomération, à proximité des
grands axes routiers et des secteurs desservis ou qui le seront par
des transports performants (LER, Tramway...), notre territoire subit
logiquement une forte pression foncière. C’est sur ces espaces
que se construit, de manière dynamique, la ville de demain. Les
arbitrages doivent s’y faire prioritairement pour définir le type de
développement souhaité et par extension maîtriser l’image future
UN secteur de pression fonci ère dans lequel on identifie
des espaces d’int érêt paysager et environnemental
UN secteur de pression fonci ère dans lequel Les questions
de gestion de l’eau apparaissent déterminantes
34 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
35. du pays. Quelles limites se donner et à quelle échéance ? Comment
accueillir l’urbanisation dans les meilleures conditions possibles ? Com-ment
conserver une agriculture de proximité ? Comment faire rentrer la
nature dans la ville ? Quelles formes urbaines créer ?
L’étude propose d’indiquer les espaces d’enjeux à prendre en compte,
d’esquisser leur possible évolution, pour maîtriser les futures zones d’in-terface
entre la ville, les activités, la nature et l’agriculture.
Les cartes de cette double page invitent à considérer les atouts et les
contraintes du territoire sur le secteur du pays soumis à la plus forte pres-sion
foncière et d’en tirer des pistes de projet qui seront développées
dans les pages qui suivent. Les vallées de Rouelles et du Saint-Laurent
semblent naturellement se prolonger. Elles proposent un cadre paysa-ger
et un environnement très appréciés des habitants. Cela constitue
les bases possibles d’une continuité verte structurante qui permettrait
de relier la vallée du commerce au littoral. Les ensembles naturels ainsi
mis en réseau prendraient un sens et deviendraient lisibles à l’échelle
du pays.
Le développement attendu de l’urbanisation rend nécessaire de faire
des choix quant aux espaces agricoles à maintenir dans ce secteur
sous forte pression foncière afin de créer une alternance ville / campa-gne
favorable à l’agriculture de proximité et au cadre paysager. Trois
espaces dont les vocations apparaissent complémentaires semblent
prédisposés à ce rôle d’articulation et d’échange entre l’urbanisation
et les espaces de grande culture (cf carte ci-contre) :
• Un espace agricole littoral riche de sa diversité (élevage, maraîcha-ge,
grandes cultures) et garant de la qualité du paysage côtier;
• Un espace compris entre Octeville-sur-Mer, Fontaine-la-Mallet et le
Nord du Havre qui constituera une porte agricole de l’aggloméra-tion
vers les espaces de grande culture du Plateau de Caux ;
• Un espace agricole reprenant en grande partie le périmètre du
bassin d’alimentation de captage du Saint-Laurent, ressource en
eau stratégique pour le territoire.
UNE premi ère perspective int éressante : Structurer une grande continuit é verte de la vall ée
du commerce jusqu ’à la mer pour assurer une respiration a l’échelle du pays
UNE deuxi ème possibilit é : associer des espaces agricoles a enjeux pour cr éer
une premi ère armature verte a l’échelle du pays
Un développement en résonance avec les singularités du territoire 35
36. Elaborer une Trame Verte et Bleue
éléments de la trame bleue
éléments de la trame VERTe
Une première approche écologique
Dès la phase enjeux de l’étude avait été évoqué l’intérêt de révéler
une structuration du pays par ce qui avait été défini comme une
«charpente paysagère et environnementale». En effet, il s’agissait
de rendre lisible à l’échelle du pays un réseau d’espaces de qualité
assurant la cohésion paysagère et environnementale du territoire.
Les termes varient suivant les territoires : charpente ou armature ver-te
pour certains, trame verte et bleue ou infrastructure verte pour
d’autres. En utilisant un terme emprunté au monde du transport cet-te
dernière appellation évoque bien la logique de mise en réseau et
la dynamique d’échanges attendues.
Notre patrimoine environnemental et paysager tend à se fragmen-ter
faute d’une vision globale de son organisation et de son fonc-tionnement.
Au sens du Grenelle de l’environnement, la constitu-tion
d’une trame verte et bleue s’inscrit dans la volonté d’enrayer
la perte de biodiversité nationale, en préservant et restaurant les
continuités écologiques entre les milieux naturels.
La continuité verte Est-Ouest évoquée dans la page précédente
constitue un axe structurant de la trame verte et bleue du Pays Le
Havre Pointe de Caux Estuaire. En assurant d’autres liens (corridors
ou continuités) entre les différents espaces de nature du territoire, il
devient possible d’organiser un réseau propice à la circulation des
espèces. A minima, il s’agit de relier les coeurs de nature c’est à dire
les « réservoirs » principaux de biodiversité entre eux.
Les bases de la trame verte et bleue du pays Le Havre Pointe de
Caux Estuaire
Pour commencer, ont été recensés les éléments susceptibles de
constituer cette trame. Une première définition des éléments de la
trame bleue y intègre la mer, le réseau hydrographique, les canaux,
le littoral repr ésente un réservoir de biodiversit é
la réserve naturelle abrite la 2e roseili ère de france
Parc de Rouelles - importance des Coteaux bois és et prairies
36 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
37. ébauche de la trame verte et bleue
les axes de ruissellement, les périmètres de protection de captage,...,
donnant lieu à la carte « éléments de la trame bleue ». De manière
comparable, les éléments composant la trame verte sont identifiés :
réserve naturelle, espaces remarquables du littoral, espaces naturels
sensibles, ZNIEFF,..., ce qui permet d’établir la deuxième cartographie.
La rapprochement des deux cartes donne une première ébauche de
trame verte et bleue représentée ci-contre. La ZIP en mutation perma-nente
gagnera à se relier au dispositif en définissant une trame verte et
bleue adaptable à son échelle.
Quelques repères sur la prise en compte de la biodiversité
Suite au sommet de Rio en 1992 (convention de la biodiversité), une stratégie
suscitée par L’ONU et le Conseil de l’Europe a été mise en place pour enrayer
la baisse, voire assurer une reconquête de le biodiversité. Elle a été validée
par les 55 pays présents à la Troisième Conférence ministérielle intitulée «
Un environnement pour l’Europe » réunie en octobre 1995 à Sofia (Bulgarie).
Dans les années qui ont suivi, différentes conférences se sont tenues dont la
décision la plus marquante a été celle de mettre en place un réseau écolo-gique
paneuropéen (ou REP) qui couvre toute l’Europe. Il constitue l’un des
principaux objectifs de la Stratégie paneuropéenne pour la protection de
la diversité biologique et paysagère, et permet de mettre en oeuvre la straté-gie
relative à la conservation et la gestion des écosystèmes, des habitats, des
espèces et des paysages dans une perspective de développement soutenable.
Ce réseau doit être subsidiairement mis en place par les états membres, avec
le soutien de l’Europe, et la nécessaire collaboration d’échelons locaux tels
que régions, départements, agglomérations, parcs naturels, pays, communes,
etc..., l’Europe s’occupant subsidiairement des échelles, corridors, sites et
espèces dites d’importance européenne. Aujourd’hui en France, le grenelle de
l’environnement décline plus précisément les choses au travers du concept
de trame verte et bleue.
La Région Haute-Normandie et la DREAL finalisent actuelle le Schéma Ré-gional
de Cohérence Ecologique qui devra être pris en compte dans les SCoT.
Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature 37
40. Optimisation du fonctionnement de la trame verte et bleue du PAYS par des principes de continuit és
Nature des continuités
Fonds de vallées et axes de ruissellement sont par essence propices
à ces continuités, ce qui explique leur localisation dans le schéma
proposé.
Une continuité verte peut se résumer à des éléments modestes
(chemin agricole arboré, axe de ruissellement enherbé, espace vert
de quartier) ou avoir des dimensions plus généreuses (prairies, boise-ments,
parcs publics…).
La trame peut être encore étoffée par l’augmentation des surfaces
enherbées, des plantations adaptées, le rétablissement des conti-nuités
des rives de cours d’eau, des passages à faune, l’adaptation
des ouvrages de rétention d’eaux pluviales, etc.
Elaborer une Trame Verte et Bleue
Deux continuités majeures structureraient le dispositif :
• Une continuité est-ouest de la vallée du commerce jusqu’au
littoral est à établir en reliant les espaces de nature conséquents
(Vallée du commerce, Vallée du Saint-Laurent, Parc de Rouel-les,
Forêt de Montgeon, Littoral)- cf page 19.
• Une continuité nord-sud doit prendre place dans l’axe de la Lé-zarde
qui s’y prête tout particulièrement.
Des continuités complémentaires doivent étoffer le système en
empruntant notamment les vallons et les axes de ruissellement. Les
principales sont cartographiées de manière indicative (cf schéma
de principe ci-contre).
On peut également imaginer que cette trame puisse s’enrichir des
espaces maintenus à l’état de nature ou gérés en prairie dans le
cadre des PPRI et PPRT à venir.
Le Havre - MONTGAILLARD - Les Parcs apparaissent comme des éléments de la trame verte et
bleue proches des habitants , accueillant les liaisons douces
40 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
41. Une trame verte et bleue multifonctionnelle
Identifier et améliorer le fonctionnement d’une « armature écologique
et paysagère » au profit de la biodiversité et du cadre de vie constitue
sans doute une première étape dans l’élaboration de la trame.
Bien entendu, il s’agit de conserver les espaces de grande qualité éco-logique
mais pas seulement. Il apparaît tout aussi important de valoriser
leurs différents potentiels et en faire bénéficier les habitants.
Montivilliers - lézarde et bief - la continuit é hydrographique , est aussi une continuit é éco -
logique - un chemin pi éton -velo agr éable permet de profiter de ces ambiances .
En effet, cette trame doit répondre aux spécificités de notre territoire
et à ses attentes. Elle doit donc participer à son attrait (espaces de na-ture
de proximité, cadre paysager), à l’accueil de liaisons douces et
intégrer une part importante des espaces dévolus à la gestion de l’eau
(bassins de rétention, périmètres de captage…).
Accueillir des liaisons douces
saint -laurent -de -br èvedent - le fond de vall ée du saint -laurent dispose de noues discr ètes et de
prairies inondables favorables à la biodiversit é et offrant un cadre paysager tr ès appr éci é
Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature 41
42. Conforter la place de l’agriculture
L’accélération du recul des surfaces dévolues à l’agriculture rap-pelle
l’importance d’un projet de territoire intégrant plus lisiblement
la dimension agricole
L’agriculture dispose de sols d’une rare fertilité et joue un rôle éco-nomique
certain sur notre territoire. Elle gère également une grande
partie des « espaces de respiration ». Les activités agricoles plus
proches de la ville doivent composer avec des contraintes spéci-fiques
mais peuvent également bénéficier de cette situation en se
diversifiant et en proposant des services de proximité appréciés des
habitants (approvisionnement en circuit-courts, loisirs verts, enrichis-sement
du cadre de vie…).
Le paradoxe de l’agriculture est de susciter toujours plus d’attentes
de la part des citoyens tout en cédant toujours plus de surfaces au
profit d’autres formes de développement (habitat, zones d’activi-tés,
infrastructures). Le comble est que le désir de nature/agriculture
des habitants non assouvi en ville est un des moteurs principaux de
son recul (cf référence à Jean Viard p.18). En effet, en allant s’instal-ler
en milieu rural pour se « mettre au vert » une part de la population
consomme le territoire agricole qui la faisait venir pour construire de
l’habitat individuel. Ces dernières décennies, le mouvement s’est
accéléré, tant et si bien que l’étalement urbain est devenu la pre-mière
préoccupation des spécialistes de la planification et de la
prospective. L’objectif principal de la loi SRU est d’ailleurs l’écono-mie
de l’espace. PLU et SCoT doivent s’y employer.
Aujourd’hui, de nombreuses raisons poussent à limiter la consomma-tion
des terres agricoles : garantir une sécurisation alimentaire des
populations, freiner l’imperméabilisation des sols, assurer une qualité
de cadre de vie et un développement équilibré du territoire. Les ter-res
agricoles participent à équilibrer le bilan carbone de l’industrie,
des transports et de l’habitat, ce qui milite, comme nous l’avons vu
dans les pages précédentes, pour une réelle solidarité urbain-rural.
Deux axes importants sont ici proposés :
• Le premier vise à réduire le mitage sur l’ensemble du pays. Cet-te
dispersion du bâti est particulièrement préjudiciable à l’agri-culture
et notamment aux éleveurs.
• Le deuxième consiste à garantir dans des espaces sous forte
pression foncière, à proximité des populations urbaines, la pé-rennité
d’espaces agricoles variés. Sans garantie sur le foncier,
l’activité agricole peine à s’organiser autour de l’aggloméra-tion
et donne lieu à un paysage d’attente qui semble même
appeler l’urbanisation. Ces espaces rares sont pourtant porteurs
d’enjeux multiples pour l’avenir du pays.
La réduction du mitage : une priorité
En interdisant la création ou l’extension de hameaux nouveaux, le
pays peut régler un des problèmes majeurs de l’agriculture et no-tamment
de l’élevage.
Le diagnostic agricole de la chambre d’agriculture 76 a mis en exer-gue
des éléments clés pour appréhender cette situation :
• Les exploitations ont besoin de maintenir des ensembles parcel-laires
vastes et cohérents pour optimiser leur activité (le morcel-lement
est une forte contrainte);
• Les espaces agricoles en contact avec l’urbanisation ne ces-sent
d’augmenter du fait de l’accroissement de la dispersion
du bâti. Les normes imposent des reculs pour les implantations
de nouveaux bâtiments agricoles et pour les épandages qui
rendent la cohabitation difficile voire impossible avec l’habitat.
Une maison peut mettre en péril le devenir d’une exploitation ;
• Les investissements liés aux mises au norme, au matériel ou
encore aux bâtiments sont très importants dans l’agriculture
traditionnelle. Dès lors, les exploitants ont besoin d’une lisibilité
foncière d’une quinzaine d’années pour adapter leur outil de
production et assurer l’équilibre économique de leur projet.
42 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
43. Extrait d’une note de François Léger - Enseignant-chercheur au
ministère de l’agriculture et à Agro-Paris-Tech
«Les espaces agricoles, cadre de vie ou facteur de production ?»
Cette note tente une synthèse plus ou moins subjective des débats lors des
ateliers « cadre de vie » et « espaces naturels et espaces agricoles » lors de
la phase diagnostic du grenelle de l’estuaire de la Seine.
François Léger – avril 2009
«> Un impératif pour préserver les espaces agricoles : penser l’agricul-ture
dans le territoire et le projet de territoire.
L’enjeu de la préservation des espaces agricoles,..., impose que les activi-tés
agricoles deviennent une composante à part entière d’un projet de ter-ritoire,
qui les envisage dans toutes leurs dimensions, écologiques, écono-miques,
sociales, techniques, à l’échelle du territoire lui-même mais aussi
au-delà de celui-ci.»
Il faut réfléchir en termes de marchés. Si on considère qu’il convient de
privilégier une logique d’approvisionnement local, comment les agricul-teurs
doivent-ils définir leurs systèmes productifs pour s’ancrer durable-ment
dans leur territoire ? ...Si on considère ... (que l’avenir de l’agricul-ture)
ne peut se jouer que dans l’articulation entre local et global, comment
organiser cette articulation et, en particulier, permettre la coexistence de
différents systèmes dont les contraintes et les moyens d’agir seront néces-sairement
différents ?
Les systèmes techniques correspondant existent... mais imposent en effet
des connaissances et des compétences spécifiques, qui ne peuvent s’acqué-rir
du jour au lendemain...
> Un impératif pour penser l’agriculture dans le territoire et le projet de
territoire : préserver les espaces agricoles.
La définition d’un projet agricole pour le territoire, accepté par tous les
acteurs ... apparaît comme une condition impérative à la préservation du-rable
des espaces agricoles... Le problème est qu’un tel projet n’est réali-sable
sur le moyen et le long terme qu’à la condition qu’une politique réso-lue
de préservation de la vocation agricole des espaces agricoles soit mises
en oeuvre dès maintenant... La question foncière demeure un élément clef.
... Le foncier agricole ne bénéficie pas d’un même appareil de protection
légale que les espaces naturels remarquables ou les espaces classés à ris-ques.
La loi d’orientation agricole de 1999 a créé le statut de zone agricole pro-tégée.
Il érige la « vocation agricole » d’un territoire en « servitude d’uti-lité
publique ». Toutefois, cette procédure récente et lourde a été très peu
mise en oeuvre. On a vu que l’un des obstacles principaux à la préservation
des espaces agricoles était lié justement au fait que leur valeur était démul-tipliée
dès lors qu’ils étaient susceptibles de devenir constructibles.
Des débats sont actuellement en cours autour de l’intérêt qu’il y aurait à
dissocier la propriété foncière du droit à construire, comme cela se prati-que
dans d’autres pays européens...»
Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature 43
44. Trois espaces et trois types d’agriculture (cf carte ci-contre) :
• L’agriculture littorale (Cauville-sur-Mer et Octeville-sur-Mer)
Les atouts bio-climatiques du bord de mer, la qualité des sols
et la proximité du bassin de consommation de l’aggloméra-tion
havraise prédisposent ce secteur à la production de den-rées
de qualité en circuits-courts. Le maraîchage et l’élevage
aujourd’hui présents mais en régression par rapport aux gran-des
cultures doivent être encouragés.
octeville -sur -mer - Grandes cultures et Mara îchage
La grande valeur paysagère de ce secteur tient, en grande
partie, aux dégagements vers le littoral qui sont aujourd’hui
entretenus et mis en valeur par des espaces agricoles diversifiés
(importance de la loi littoral). Cette orientation va dans le sens
d’un maintien de la qualité du site, facteur d’attractivité pour le
tourisme (liaison Le Havre – Etretat – Fécamp).
Conforter la place de l’agriculture
Le mitage maîtrisé, le développement du bâti se ferait en lien avec
l’urbanisation des bourgs et des tissus urbains constitués en ne se dis-persant
plus dans l’ensemble du territoire. Les hameaux pourraient
simplement être densifiés.
Seules des opérations exceptionnelles de type pôle-gare ou ha-meau
parfaitement intégrées à l’environnement pourraient voir le
jour en dehors des zones bâties principales.
Préserver des secteurs clés pour assurer la cohérence et la richesse
du territoire de demain
Le type de développement de l’agglomération des dernières dé-cennies
s’est fait au détriment de l’agriculture de proximité (maraî-chage,
élevage laitier…). L’espace intermédiaire entre la ville et les
grandes cultures qui accueillait ces activités très diversifiées a quasi-ment
disparu. Un rapport frontal entre développement urbain et les
espaces de grandes cultures a remplacé cette transition subtile de
l’un à l’autre. Nos paysages s’en sont trouvés appauvris.
L’imbrication ville/agriculture, ville/nature qui présente de nombreux
atouts pour la métropole durable est encore possible pour peu que
l’on préserve des espaces agricoles dans des secteurs stratégiques
sous forte pression foncière. C’est la démarche qui a été proposée
lors des ateliers agriculture/ville entre décembre 2008 et mai 2009 et
croisée ensuite avec les autres thématiques de l’étude paysagère
et environnementale.
Trois espaces agricoles spécifiques ont été proposés pour leurs
qualités actuelles mais également pour leur potentiel dans les pro-chaines
années. Ils seront au coeur et participeront à la qualité du
développement attendu dans l’agglomération et sa périphérie. Les
fondements de la démarche ont été expliqués dans les pages 18 et
19 (constituer une grande respiration agricole et environnementale
à l’échelle du pays - Axe Est-Ouest).
CAUville -sur -mer - Pâtures en bord de falaise
44 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
46. Conforter la place de l’agriculture
• L’agriculture de proximité (compris entre le nord du Havre, le
sud-est d’Octeville-sur-Mer, l’ouest de Fontaine-la-Mallet et le
sud-ouest de Montivilliers)
C’est une « porte » de la ville vers les grands paysages agricoles
du plateau de Caux et inversement une porte agricole vers
Vue depuis la D 31 du secteur en question suivant un axe Nord -est / sud -ouest
l’agglomération. L’arrivée de la rocade Nord et du terminus
tramway va dynamiser le développement du plateau Nord-
Ouest du Havre et des communes voisines. Le maintien d’un es-pace
ouvert conséquent apparaît intéressant pour équilibrer le
développement de la pointe de Caux et éviter une croissance
en tâche d’huile synonyme de perte d’identité pour chacune
des communes concernées. C’est l’opportunité de maintenir
un cadre paysager valorisant pour les populations riveraines et
poursuivre une activité agricole en lien avec les citadins. Ce
secteur est prédisposé au développement de loisirs verts. Avec
une surface comparable, cet espace constituerait le pendant
agricole de la forêt de Montgeon.
• L’agriculture liée au Saint-Laurent (Secteurs encadrant la vallée
du Saint-Laurent)
La vallée du Saint-Laurent et ses pourtours représentent un es-pace
agricole et naturel cohérent. C’est également un site
paysager reconnu. Le SCoT identifie ce secteur comme stra-tégique
pour la préservation de la ressource en eau. En effet,
les sources du Saint-Laurent représentent le troisième gisement
d’approvisionnement en eau du pays après Radicatel et Yport
qui se trouvent à l’extérieur du territoire. La gestion des risques
de ruissellement et d’inondations est également une préoccu-pation
importante sur cet espace.
Vall ée du saint -laurent - un paysage aux multiples facettes
La protection de ce site présente un intérêt agricole, paysager
et environnemental important pour le territoire.
Aller plus loin dans une démarche agricole
Pour nourrir 300 000 habitants en fruits et légumes de saison, popu-lation
envisageable sur le pays, il faudrait disposer d’une réserve de
1500 ha de terres dédiées à la production de ces denrées (maraî-chage,
verger,..). Cela représente moins de 5 % de la surface du
pays. Il serait intéressant de déterminer les surfaces nécessaires pour
également produire les céréales, le lait et la viande pour subvenir
aux besoins de cette population.
46 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
47. D 31 - PlATEAU DE CAUX - PAYSAGE DE GRANDES CULTURES
L’agriculture actuelle du plateau de Caux est majoritairement orientée
vers les marchés mondiaux et privilégie les grandes cultures (céréales,
maïs, pommes de terre, betteraves, lin) comme mode de faire-valoir
des limons du plateau ; il existe dans ce domaine de l’agriculture dite
conventionnelle, un réel savoir-faire. Le taux de mise aux normes est
majeur et l’outil de production performant. Mais L’élevage est de plus
en plus handicapé par l’éloignement des structures de traitement du
lait, des abattoirs et comme partout par les prix. Le modèle embléma-tique
de l’exploitation de polyculture élevage est en perte de vitesse.
Les surfaces maraîchères, les vergers, les élevages diversifiés sont deve-nus
marginaux à l’échelle du pays et on a pu assister progressivement à
une forme de déconnexion entre la consommation des habitants et la
production agricole. On ne mange pratiquement plus aucun produit de
notre territoire alors que nous disposons de terres extrêmement fertiles et
d’un climat permettant d’assurer une grande variété de productions.
La méconnaissance des habitants envers l’agriculture est devenue pré-gnante.
Désormais il faut se rendre sur certains marchés, aller visiter la
Ferme de la Brière ou les Huit fermes, se rendre adhérent à une AMAP
(Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) pour pouvoir
encore consommer localement.
Il est intéressant de dresser un bilan sur les possibilités offertes aujourd’hui
et le potentiel de diversification complémentaire (cf liste ci-dessous).
L’agriculture produit des denrées mais également des services.
Les activités de diversification qui exisent sur le territoire (approche pure-ment
qualitative - ces activités demeurent souvent marginales):
• Maraîchage ( Marché, AMAP, Vente directe, BRAD*)
• Vente de produits locaux (Huit Fermes, Ferme de la Brière, autres ven-tes
directes…)
• Produits du terroir : Pain normand, Cidre du Pays de Caux, Boeuf
Bringé de Normandie, Fromages divers…
• Accueil (accueil à la ferme, ferme pédagogique, fermes auberges et
gîtes ruraux …)
• Fermes équestres
• Horticulture, Jardineries
• Pépinières
• Entreprises de travaux agricoles
• Jardins familiaux
• Ecopâturage (Aquacaux)
• Cueillette de fruits et légumes > 1 projet mis en place en 2011
D’autres activités envisageables :
• Développement d’une filière agriculture biologique
• Production de matériaux de construction (lin, paille, laine, bois…)
• Agroforesterie
• Production d’énergie (filière bois, miscanthus, huiles végétales)
• Accueil / restauration (buffet campagnard)
• Chantier d’insertion via le maraîchage
• Circuits touristiques liés aux spécificités agricoles et patrimoniales lo-cales
(Pays de Caux)
• Gestion différenciée des espaces verts (fauche, pâturage...)
• Formation au jardinage
• Autres activités originales (miel, champignon, élevage spécialisé…)
*BRAD : Les Bons Repas de l’Agriculture Durable
Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature 47
48. Conforter la place de l’agriculture
Il y a des pistes à creuser :
1-Rapprocher agriculteurs et consommateurs
• Une marque de produits, voire de services,
de pays permettrait aux habitants d’identifier
la production locale et d’acheter en circuit-court.
Elle permettrait d’organiser des filières
de distribution et de transformation locales.
• Les collectivités pourraient contractualiser
avec les agriculteurs du pays pour leur ache-ter
une part importante des denrées consom-mées
sur le territoire (cantines, maisons de
retraite, établissements publics). Certaines
communes mettent déjà en oeuvre cette
pratique (Octeville-sur-Mer, Montivilliers, Har-fleur...).
• A l’instar des établissements publics, des en-treprises
pourraient également s’orienter pour
leur restauration collective vers les produits lo-caux.
La même direction serait envisageable
pour les différents modèles de distribution (de
l’épicerie à la grande surface) et les restau-rateurs.
• La promotion d’AMAP ou structures compa-rables
représenterait une piste complémen-taire.
2-Dégager du foncier pour la diversification
• Les collectivités peuvent se rendre proprié-taires
de terrains afin d’y installer d’autres
types d’activités agricoles attendus par les
consommateurs. C’est une manière intéres-sante
d’atténuer le problème d’accès au
foncier pour les nombreux jeunes qui souhai-teraient
s’installer.
• La valorisation de terres « gelées » pour la pro-tection
de l’eau de la ressource en eau (pé-rimètre
de captage) et la gestion des risques
(inondations, ruissellement) - deviendraient
possibles pour de l’agriculture biologique et
l’élevage extensif (cf grenelle de l’environne-ment).
• Des expériences d’achat de foncier solidaire
par des associatifs participent également de
cette même dynamique à l’échelle de la po-pulation.
3-Anticiper le virage environnemental
• Le grenelle de l’environnement, le projet
agricole national Objectif Terres 2020, la poli-tique
agricole du Département de la Seine
ja RDINS fAMILIAUX AU hAVRE
Ferme pédagogique des vimbert à Montiivilliers
écop âturage - falaises - Aquacaux
gîte rural A MANéGLISE
Pâerstu adns al réeersv aeellnrtu Faeegimorr - st .ceinntv -de -aceilmnrs eentv cdeeirt à ceeillotv -SUR-MER
48 Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature
49. Maritime vont dans la même direction et encouragent l’agriculture
à s’adapter à un nouveau contrat sociétal : une meilleure préserva-tion
de l’environnement, le développement d’une agriculture plus
en phase avec son territoire (agronomie, climat, bassin de consom-mation).
• Le défi est important puisque rien que pour l’agriculture biologique
le département 76 accuse un retard énorme. L’agriculture du pla-teau
de Caux est une des plus riches et dynamiques de France et a
sans doute du mal à changer le modèle qui lui a réussi pendant plu-sieurs
décennies mais qui n’apparaît pas durable à moyen terme.
• Pour l’instant, les initiatives viennent plutôt des associations comme
les défis ruraux mais les collectivités et les citoyens ont sans doute un
rôle majeur à jouer afin d’aider à cette mutation incontournable.
4-Permettre au plus grand nombre un contact privilégié avec la terre
et les activités agricoles
• La mise à disposition de jardins familiaux représente un axe impor-tant
notamment en ville où l’activité de jardinage constitue un lien
à la terre autant qu’un lien social. La demande est bien supérieure
à l’offre.
• La reconstitution d’une culture du jardin et des activités agricoles
par les classes vertes, les fermes pédagogiques, les portes ouvertes,
l’accueil à la ferme paraissent également intéressants.
• Une offre de chambres d’étudiants à la ferme dans des communes
rurales bien desservies pourrait aussi participer à véhiculer une
image actualisée des dynamiques et savoir-faire agricoles.
« Ce plan définit les voies possibles d’une agricul-ture
réinventée, conciliant performance économique
et efficacité écologique » - Michel Barnier
5 défis majeurs
• Mieux utiliser une eau qui se raréfie
• Contribuer à la restauration du bon état écologique des eaux
• Contribuer à la richesse de la biodiversité et des paysages
• Protéger les sols agricoles
• Mieux maîtriser l’énergie et lutter contre le réchauffement climatique
5 préconisations
• Réduire l’usage et l’impact des produits phytosanitaires
• Engager chaque entreprise agricole dans le développement durable
• Développer les potentialités de l’agriculture biologique
• Remettre l’agronomie au centre de l’agriculture
• Repenser des pratiques adaptées aux territoires
Projet de nouvelle politique agricole pour la période 2009-2012
Département 76 - Extrait des dispositifs autour de 6 thématiques :
Thème 2 - Foncier :
• Aide à l’achat d’exploitations agricoles par les collectivités territoriales
• Approche de foncier solidaire
• Mise en place de «périmètres de Protection et d’Aménagement des
Espaces Agricoles et Naturels périurbains »
Thème 3 -Filières courtes et vente directe (relocalisation de l’économie) :
• «Bons repas de l’Agriculture Durable haut-normande» dans les collèges,
maisons de retraite ou de personnes handicapées
• Aide à la gestion de la problématique logistique
• Construction d’un réseau de plateformes logistiques multi produits pour
la desserte locale
Citation (Equipe Grumbach & Associés) :
« L’espace agricole va jouer un rôle essentiel dans les métropoles, tant
pour assurer leur alimentation que pour équilibrer leurs émissions de gaz
à effet de serre, pour participer à une économie circulaire, pérenniser les
paysages, développer de nouvelles activités, attirer du tourisme… »
Multiplier les interactions entre ville, industrie, agriculture et nature 49
52. Soigner les entrées et les grandes traversées du pays
Proposer un portrait valorisant les atouts de notre territoire
L’identification des entités paysagères dans la phase diagnostic a
permis de révéler une diversité d’ambiances, de lieux et sans doute
de vocations d’espaces. Leur découverte passe principalement par
la pratique des grands itinéraires routiers et ferroviaires du territoire.
Certains découvrent aussi la pointe de Caux par la mer et l’estuaire
(croisiéristes, amateurs de loisirs nautiques, personnel naviguant)
d’où l’intérêt d’une prise en compte de la physionomie de la côte
suivant ses différents aspects (falaises, plage, ville-port, ZIP, réserve
naturelle) et l’enjeu de valoriser notre entrée maritime (adéquation
avec le projet du Grand Paris).
La pratique des dessertes plus locales, des itinéraires cyclables, pé-destres,
équestres,..., permet d’appréhender le pays plus en profon-deur.
Finalement, la perception du territoire recouvre plusieurs modalités
et se décline à différentes échelles. Les axes majeurs apparaissent
comme les premiers révélateurs de la dynamique du territoire et du
soin porté à la qualité de son aménagement. C’est la raison pour la-quelle,
il apparaît nécessaire de penser ces points de vue privilégiés
et d’accompagner leurs changements.
Maîtriser l’image du territoire depuis les grands axes
Si nous nous focalisons sur les perceptions du plus grand nombre
(routes principales et voies ferrées), il apparaît que l’attrait du Pays
le Havre Pointe de Caux Estuaire dépend d’un travail sur l’amélio-ration
de la lisibilité et une valorisation des différentes composantes
de l’identité du territoire. La carte (à droite) localise un certain
nombre de dispositifs permettant d’appréhender cette démarche
sur la maîtrise de l’image du territoire. Le détail des légendes va
nous conduire à définir les différents dispositifs envisageables :
• Entrée majeure du territoire (A 131)
La qualité de cette entrée constitue un enjeu capital pour l’image
du pays. Cet itinéraire majeur de la métropole maritime, depuis le
pont de Tancarville jusqu’au coeur du Havre, est reconnu pour ces
grandes qualités paysagères. Il permet la découverte progressive
de plusieurs aspects de l’estuaire lors d’un parcours séquencé de
près de 30 km (du plus naturel au plus urbanisé). Calé contre les
falaises majesteuses au Nord et ouvert sur l’estuaire au Sud, l’A 131
permet de révéler successivement : la réserve naturelle, les prairies
agricoles, les industries majeures, les débouchés de vallées et la vil-le-
port. Son évolution future est principalement liée au développe-ment
de l’activité économique (cf DTA), notamment sur le secteur
dit des Herbages.
Sur cette vitrine exceptionnelle, la qualité architecturale et paysa-gère
se doit d’être une exigence majeure. Un enjeu de prestige du
territoire se joue ici et l’intérêt du site pour des activités phares est
évident. Une valorisation réciproque des entreprises et du territoire
doit être imaginée. L’aménagement de cette vitrine doit sans dou-te
être conditionné par un projet global d’aménagement appuyé
sur un cahier des charges adapté tenant compte de la logique de
déroulement de l’axe de jour comme de nuit.
• Coupure d’urbanisation
Classiquement, l’urbanisation a tendance à se développer le long
des axes routiers principaux. Ce phénomène devient contraignant
quand il prend de l’ampleur car il pose des problèmes de gestion
et d’organisation des communes et contribue à atténuer voire faire
disparaître l’alternance ville/campagne (conurbation). On ne dis-tingue
alors plus le passage d’une commune à une autre (perte
d’identité) et on ne bénéficie plus de vues sur l’ensemble du terri-toire
attenant (effet couloir).
L’objectif des coupures d’urbanisation est de maintenir un espace
52 Donner à voir un pays attractif
53. La mise en scène du territoire - Premières propositions 2009
NB : Cette carte est indicative, elle n’a aucune valeur réglementaire
Elle a servi de socle pour la carte du SCoT approuvée en 2012
Voir travail de repérage et de préconisation
axe par axe en annexe du document à partir
de la p 109
Donner à voir un pays attractif 53
54. Soigner les entrées et les grandes traversées du pays
de respiration (arrêt de l’urbanisation linéaire) entre deux secteurs
urbanisés. Ces derniers facilitent l’accès aux territoires agricoles ou
naturels attenants et préservent les identités communales en ren-dant
plus lisible les alternances entre ville et campagne.
D 6015 Coupure d’urbanisation propos ée entre st aubin routot et saint romain de colbosc
• Vue remarquable
Le Pays Le Havre Pointe de Caux Estuaire bénéficie de vues remar-quables
qui constituent autant de repères et d’attraits pour les visi-teurs
ou les habitants. Les espaces ou les territoires perçus à partir
des points de vue évoluent de fait. Les qualités des vues sont liées à
des caractéristiques respectives qu’il conviendrait d’intégrer dans
les évolutions à venir afin d’en préserver les traits marquants et les
aspects les plus valorisants (cf tableau en annexe).
Dix vues ont été répertoriées dont le caractère remarquable peut
tenir à plusieurs aspects :
• Dégagement panoramique permettant d’appréhender une
vaste étendue de paysage ;
• Vue révélant des traits marquants de l’identité du secteur tra-versé
;
• Perspective offrant une vue en profondeur ou sur un repère im-portant
du territoire ;
• Secteur de vues remarquables urbanisable ou mutable dans la
durée du SCoT
Deux secteurs clés offrent des dégagements visuels porteurs de
cohérence et d’attrait pour l’axe en question. En l’attente de nou-veaux
projets structurés l’ouverture devrait être conservée, tant que
possible, pour maintenir la qualité de la vue.
Quand le site sera ap-pelé
à changer, son
urbanisation ou toute
autre évolution mar-quante
serait condi-tionnée
par l’élabora-tion
d’un plan global
d’aménagement pre-nant
en compte toutes
les qualités du site.
le havre - l’arriv ée sur le bassin vauban révèle l’identit é
de la ville -port
• Espace ouvert offrant des qualités paysagères
Espaces de grande qualité (généralement d’environ 1 ha à
quelques ha) perçus depuis les axes principaux du territoire (routes
et voies ferrées), ils sont le plus souvent non ou faiblement bâtis et
participent à l’agrément et à la richesse du cadre de vie. Leur repé-rage
a été réalisé à titre indicatif. Les PLU pourront veiller à maintenir
leur attrait.
D 940 large panorama sur les ondulations du pays de caux au niveau de cauville -sur -mer
Vall ée du saint -laurent - un paysage intime compos é de prairies et de boisements
accompagne la ligne Paris le Havre
54 Donner à voir un pays attractif
55. • Fenêtre paysagère
Cette légende spécifique s’applique à l’autoroute A 29. Le tronçon le
plus au Nord de l’autoroute traverse le secteur du plateau de Caux
essentiellement en creux. Dès lors, les vues y sont rares et prennent
d’autant plus d’importance. Les seules fenêtres importantes sur le pay-sage
traversé sont ici recensées.
Il s’agirait ici de veiller à ne pas obstruer les vues et garantir une per-ception
de paysage de qualité sur les deux tronçons répertoriés sous
cette légende quelque soit la nature de l’évolution du territoire. Cette
attente n’est en aucun cas incompatible avec l’extension ou l’implan-tation
d’activités économiques qui veilleraient à conserver une qualité
à la vitrine dont elles disposent.
• Séquence de vues remarquables liée à une position en hauteur
(pont, remblais)
L’intérêt des vues recensées sous ce poste de légende apparaîtra sans
doute évident aux habitants du territoire (ex : depuis le pont de Nor-mandie).
Leur existence est liée à des infrastructures majeures qui ga-rantissent,
a priori, leur pérennité.
Les jalons nous accrochent à la réalité du territoire et à son histoire
Un zoom sur chacun des axes permet d’identifier des séquences le long
du parcours. Sur le trajet de la ligne Le Havre-Paris par exemple, on
identifie, d’Est en Ouest : une séquence très ouverte sur le plateau de
Caux ponctuée par des clos masures, puis le passage dans la vallée du
Saint-Laurent plus intime et plus arboré pour finir ensuite par une décou-verte
spectaculaire de l’agglomération (vallée de la Lézarde, ZIP et ville
du Havre). Ces séquences délimitent des zones cohérentes à prendre
en compte.
Une analyse par axe amène également à noter des éléments qui
marquent ponctuellement le déroulé de l’axe comme des repères por-teurs
d’identité. Ces jalons sont importants à prendre en compte dans
une logique de réaménagement d’axe, de positionnement d’entrée
de ville... Ils peuvent être de différentes natures : éléments de patri-moine,
clos masure, structures paysagères valorisantes, ...
Quelques exemples sur la D 6015 :
Franchissement du grand canal - un large horizon sur l’es -
tuaire dans toutes ses composantes
Il s’agit ici de recon-naître
simplement leur
rôle important dans la
perception et l’intel-ligibilité
du territoire.
Ce sont des points de
vue privilégiés pour
découvrir un large pa-norama
et suivre son
évolution.
1-gonfreville -l’orcher - le manoir de bévilliers et ses alignements de hêtres
2&3-Gainneville - Au sud un grand dégagement met en sc ène l’église en retrait , au Nord l’an -
cienne mairie marque un carrefour avec l’axe rogerville - saint -martin -du -manoir
4-Gainneville - alignement bâti structurant en bord de voie
5-Saint -romain -de -colbosc - ensemble de villas bourgeoises le long de la voie
6-les Trois pierres - clos masure dit «le ch âteau » en limite du pays
Donner à voir un pays attractif 55
56. Soigner les entrées et les grandes traversées du pays
Une entrée maritime au potentiel croissant
L’identité maritime de notre territoire est au coeur de sa dynamique
de développement et de son attractivité, mais c’est un atout qui
gagnerait encore à être valorisé. Le port du Havre représente une
porte d’entrée fluviale et maritime majeure. Porte de la ville et du
port, de l’agglomération, de la France et de l’Europe, ce point est
symboliquement un lien avec le monde comme nous le rappellent
encore les travaux sur le Grand Paris.
Les entrées de ville constituent les premiers liens entre le visiteur et la
ville : elles doivent avoir un rôle structurant et qualifiant, et nous gui-der.
L’entrée maritime doit, tout particulièrement, permettre de ré-véler
une identité forte et remarquable, de souligner le dynamisme,
d’attiser la curiosité et également annoncer le potentiel touristique
de l’agglomération. Son caractère insolite permet à la ville-port de
se distinguer en valorisant des éléments révélateurs de son âme, de
privilégier une approche « sensible », une dimension imaginaire qu’il
s’agit de rendre plus lisible.
Empruntée par des navires marchands, des ferries, des paquebots
de croisière et des bateaux de plaisance, l’entrée maritime ma-térialise
le premier contact physique et sensoriel avec Le Havre
et la France. Pour des usagers aux origines, motivations et objec-tifs
très divers (tourisme, voyage d’affaire, ...), il s’agit de prolonger
ce contact par la découverte, de créer le désir de visite pour des
voyageurs aujourd’hui encore majoritairement en transit. L’attracti-vité
doit se jouer dès ce premier contact, en suscitant la curiosité du
visiteur à travers l’affirmation d’une identité originale et séduisante.
Il s’agit aussi de véhiculer une image positive à l’extérieur du terri-toire,
image basée sur des points remarquables, une atmosphère
et une ambiance unique. Ainsi, les représentations des grands ports
nous restent en tête : New-York, Sydney, Shangaï, Singapour...
56 Donner à voir un pays attractif
57. Face à d’autres grands ports, Le Havre bénéficie d’une identité faite
d’un assemblage de traces prestigieuses du passé et de projets
contemporains à orchestrer à une échelle adaptée dans un souci de
développement coordonné de la Ville et du Grand Port Maritime du
Havre. L’avenir doit aussi garantir une place de choix aux « habitants
ambassadeurs » et aux nombreux visiteurs à venir dans la cité maritime.
Sans doute cette porte, la porte océane, la silhouette de la ville et du
port perçues depuis la mer peuvent-elles être des sujets de réflexion à
poursuivre. Quelle mise en scène nocturne imaginer ? Comment faire
évoluer ce seuil au fur et à mesure du développement de la métropole
maritime internationale ?
De nombreux projets vont dans cette direction : tour Odyssey 21, projet
d’éclairage de la digue Nord, plan lumière de la ville du Havre...
La perception du territoire depuis l’estuaire et la rive sud : souligner le
rythme des verticales
Le paysage de l’Estuaire se caractérise par d’immenses étendues pla-nes
limitées par des falaises qui en constituent l’horizon au Nord et au
Sud. Depuis la Seine, la rive Sud, ou encore le pont de Normandie ou
celui de Tancarville, seules les verticales apparaissent comme des mar-ques
lisibles : verticales des cheminées industrielles, des grues, des piles
de ponts, des rangées d’arbres ...
Des verticales qui structurent le paysage de l’estuaire
Accentuer la présence de ces verticales repères rythmant le paysage,
constitue sans doute une piste à creuser (travail sur les couleurs, les re-flets,
les formes, les rythmes, l’implantation des futurs équipements). Il
s’agit de penser une scénographie à une très vaste échelle.
Le travail sur le paysage nocturne représente également un axe de ré-flexion
intéressant dont on peut déjà mesurer l’intérêt aux abords de la
ZIP.
Le pay sage ne s’arr ête pas aux limites administratives , Le dynamisme de l’activit é portuaire
et industrielle est ici perceptible depuis notre dame de gr âce au dessus de honfleur
Donner à voir un pays attractif 57
58. Mettre en scène l’activité économique
L’expression incontournable de l’activité économique
La diversité de l’activité économique d’un territoire recouvre diffé-rentes
formes d’organisation : de l’activité agricole qui s’exprime
sur de grandes surfaces aux activités tertiaires qui vont se trouver
souvent intégrées en coeur de ville à proximité des centres d’affaire
et des transports, il existe un large panel de situations.
Aujourd’hui quand on parle activité économique, et c’est sans
doute un signe, on pense souvent par défaut aux zones d’activités
économiques et commerciales qui se sont beaucoup développées
ces dernières décennies dans les périphéries (recherche d’un fon-cier
moins cher, de facilités d’extension et parfois de proximité avec
de grands axes de desserte). Particulièrement visibles, ces zones par-ticipent
de fait à la diversité de notre cadre de vie. D’émergence
rapide, leur présence peut-être valorisante ou dégradante pour
l’image du territoire en fonction de l’attention portée à leur localisa-tion,
au soin apporté à leur conception, la maîtrise de leurs abords,
... En constatant la perte de dynamisme de certains centres-villes,
centres-bourgs on peut s’interroger sur l’opportunité de la délocali-sation
de certaines fonctions (commerce alimentaire, restauration,
cabinets médicaux, professions libérales). On peut aussi se poser la
question de l’intérêt de zones mêlant indifféremment toute activité.
Afin de mieux appréhender les propositions envisageables dans ce
domaine, le propos sera resserré sur les zones d’activités écono-miques
et organiser suivant des zooms successifs. Quelques idées
clés sont proposées en sachant bien que chaque zone d’activité
est unique et doit être pensée comme un projet de lieu de vie à part
entière par un ensemble de concepteurs compétents (urbanistes,
architectes, paysagistes, bureaux d’étude techniques spécialisés).
Ensuite, des enseignements seront tirés de deux cas situés dans des
contextes différents (photos légendées) : la Zone Industrialo-Por-tuaire
de l’Estuaire et le parc Econormandie sur le plateau de Caux.
Un aménagement s’inspirant des traits marquants du paysage et de
ses atouts/contraintes environnementaux et techniques
• Inscrire le périmètre de la nouvelle zone d’activités dans des
limites existantes identifiables (voie, talus, haie, fossés, cours
d’eau, rupture de pente, lignes de crête...)
• S’inspirer des structures paysagères présentes pour créer un site
accueillant (fossés, roselières, haies arborées, bosquets...)
• Tenir compte des contraintes climatiques et environnementales
pour organiser le site (abri du vent, gestion des eaux pluviales,
gestion de la pente,...)
Des abords maîtrisés
• Organiser le recul du bâti depuis la voirie en fonction de l’im-portance
de la voie et de la taille du bâtiment (éviter les effets
d’écrasement)
• Ne pas créer un espace d’activité économique de part et
d’autre d’une grande voie de communication (effet couloir,
difficultés de gestion)
• Maîtriser la publicité sur la voie et les bâtiments (réglementation
de la publicité, charte graphique)
• Préférer des bâtiments aux formes simples ou qui racontent leur
fonction
• Trouver des couleurs adaptées (charte couleur pour les bâti-ments)
• Assurer des transitions avec le paysage environnant
Agir sur la conception de la zone d’activités en elle-même
• Organiser un système de desserte adapté à l’usage de la zone
(contrecarrer la tendance aux surlargeurs de voiries)
• Définir les alignements et les emprises bâties dans un souci de
cohérence et de lisibilité
• Définir les emprises publiques, collectives et privées
• Assurer un préverdissement de la zone qui privilégiera des mo-
58 Donner à voir un pays attractif