Référence : « "Une autre redevance est possible" : quelles alternatives à la suppression de la Contribution à l'Audiovisuel Public ? », interview de Simon Becquet, RAM 05, 4 juillet 2022, https://ram05.fr/une-autre-redevance-est-possible-quelles-alternatives-a-la-suppression-de-la-contribution-a-laudiovisuel-public
Le benevolat d entreprises sociales une nouvelle forme de benevolat condition...
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1. "Une autre redevance est possible" : quelles
alternatives à la suppression de la Contribution à
l'Audiovisuel Public ?
Référence : « "Une autre redevance est possible" : quelles alternatives à la suppression dela Contribution à l'Audiovisuel Public ? », interview de
Simon Becquet, RAM 05, 4 juillet 2022, https://ram05.fr/une-autre-redevance-est-possible-quelles-alternatives-a-la-suppression-de-la-
contribution-a-laudiovisuel-public
2. Sébastien Poulain, docteur en science de l’information et de la communication de l'Université Bordeaux Montaigne,laboratoire Mica
Partager 4 JUIL 2022 SIMON BECQUET
SO
CI ÉTÉ
"Une autre redevance est possible" : quelles
alternatives à la suppression de la Contribution à
l'Audiovisuel Public ?
Diminution de budget, indépendance affaiblie... les craintes que suscitent la suppression de la redevance sur
l’audiovisuel public [AP] ont mis en grève les trois quarts des journalistes de Radio France mardi 28 juin,
selon le Syndicat National des Journalistes. Cet engagement de campagne d’Emmanuel Macron est selon le
président un moyen de rendre plus juste la contribution des ménages à l’AP. Mesure qui était par ailleurs
soutenue par les candidats Éric Zemmour, Marine Le Pen et Valérie Pécresse. Depuis les foyers équipés d’un
téléviseur paient un impôt de 138€ pour alimenter le budget des chaînes publiques de radios et de télévision
avec toutefois quelques exonérations. ram05 a échangé avec Sébastien Poulain, docteur en sciences de
l’information et de la communication de l’université Bordeaux-Montaigne, sur les enjeux liés autour de cette
suppression.
À l’annonce de cette décision en mars dernier, l’ancien porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait
rapidement balayé les craintes sur une fragilisation de l’indépendance de l’AP. Son budget serait voté pour 5
ans sans dérogation possible, assurait-il à la presse en mars dernier. Sous-entendu, pas de possibilité pour le
politique de faire pression sur l’AP à travers le levier budgétaire. Mais pour l’économiste Julia Cagé, autrice du
rapport pour la Fondation Jean-Jaurès « Une autre redevance est possible », « le vote d’une trajectoire de
dépenses est [certes] plus engageant qu’une renégociation annuelle, mais il ne permet cependant pas d’éviter,
si tel est le choix du Parlement » car « même dans le cadre d’une programmation budgétaire, le principe de
base reste l’annualité budgétaire. ».
Au-delà de la pérennité du financement, le docteur Sébastien Poulain évoque le symbole que représente la
redevance « affectée » au budget de l’AP.
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3. C’est trèssymbolique dans la mesure où il y a un moment dans l’année où vous réfléchissez à l’AP et où vous
vous dites : « il faut que je paye l’AP[…], je [le] finance, ce média m’appartient en partie, il doit me
représenter. Sébastien Poulain, docteur en sciences de l’information et de la communication de
l’université Bordeaux-Montaigne
Et sur le risque d’une fragilisation du budget de l’AP, Sébastien Poulain rappelle que la contribution pouvait
déjà fluctuer au gré des décisions politiques, mais estime qu’en l’intégrant au budget général, les interventions
deviendraient plus discrètes.
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Là, [le budget de l’AP] va être dilué dans l’ensemble du budget de l’Etat
Des réductions de budget qui pourraient être « plus discrètes », c’est aussi ce que souligne Julia Cagé, qui
évoque un précédent en 2009. La publicité après 20h avait été supprimée sur les chaînes de télévision
publiques, et pour garantir des recettes pérennes, l’État « avait promis de prendre en charge financièrement
ce « manque à gagner » […] Il a été compensé le temps de quelques années et puis tout cela a été oublié,
laissant chaque année l’audiovisuel avec un peu moins de moyens pour nous informer. » rappelle
l’économiste.
Alors quelles solutions alternatives existent pour répondre aux enjeux d’indépendance et d’équité liée
à la redevance ?
L’économiste Julia Cagé s’appuie sur trois pays du nord de l’Europe. La Suède, la Norvège et la Finlande, qui
ont tous les trois revu leur mode de financement de l’AP dans les dix dernières années.
En Suède, depuis 2019, les individus de plus de 18 ans paient une « taxe de service public » égale à 1 % du
revenu imposable, plafonné à 126€ par an. Elle a permis de baisser son montant pour les ménages les plus
modestes, tout en augmentant les ressources financières de l’AP.
En France, le taux devrait être de 0,25 % pour maintenir le budget de l’AP au même niveau que la contribution
actuelle, sauf qu’il permettrait, explique Julia Cagé « un important gain de pouvoir d’achat pour tous les
foyers disposant moins de 4 500€ par mois (soit environ 35 millions de foyers fiscaux et un effort
supplémentaires pour les seuls autres ». Pour les foyers fiscaux dont le revenu fiscal se situe entre 0 et 10
000€, la taxe s’élèverait à 10€ contre 138€ aujourd’hui.
Autre possibilité, la « contribution affectéeprogressive en fonctiondu revenu », en vigueur en Norvège depuis
2020. Là-aussi, le montant de la contribution dépend du niveau de vie des ménages, et appliqué à la France,
ce modèle donnerait la fourchette suivante : 10€ pour les revenus fiscaux de 0 à 15 000€, à 200€ pour ceux
qui dépassent 50 000€.
L’économiste cite également la Finlande, où le budget de l’AP est alimenté à la fois par les particuliers et les
entreprises.
Si dans le discours tenu officiellement par la majorité relative rien ne semble indiquer clairement une volonté
de réduire le budget de l’AP, les propos tenus quelques mois après la première élection d’Emmanuel Macron
lors d’une réunion à l’Elysée contrastait avec le discours actuel. Selon l’Express et Telerama le président
aurait assuré devant les députés de La République en Marche et du Modem membres de la commission des
affaires culturelles et de l’éducation : « L’audiovisuel public, c’est une honte pour nos concitoyens, […] en
termes de gouvernance, [...] del’attitude des dirigeants. », et estimé que l’AP « est très cher, pour une absence
de réforme complète depuis que l’entreprise unique [à France Télévisions] existe ; pour une synergie quasi
inexistante entre les différents piliers des entreprises publiques ; pour une production de contenus de qualité
variable »
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