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Camille Morel, Sébastien Poulain
1
Gouvernanceinclusiveetalliancesinéditespourunterritoire plus
innovant:le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges
Référence : Avec CamilleMorel, «Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations
sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire
CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et
PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018,
https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf (actes non publiés)
Présentation de la journée d’étude :
Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires
The transformative capactites of networks in the creation of territories
Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s
Young researchers' workshop
* * *
Publié le mercredi 07 novembre 2018 par Anastasia Giardinelli
RÉSUMÉ
Les doctorant.e.s du laboratoire Pacte (Université Grenoble Alpes) et du laboratoire Citeres (Université de Tours)
s’associent pour organiser à Grenoble une journée d’étude à destination des jeunes chercheurs et chercheuses. Intitulée
« Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », celle -ci s’articulera autour de deux axes :
« Rôle des interactions sociales dans la production d’une transformation territoriale » et « Influence des réseaux
techniques et infrastructurels dans la transition territoriale ».
ANNONCE
Programme
Cette journée se tiendra le 15 novembre 2018 à la Cité des Territoires de Grenoble.
Introduction
8h30 : Accueil des participants
8h45 : Mot d’introduction – Laurent CAILLY (MCF en géographie, Université de Tours, Laboratoire CITERES) & Gilles
DEBIZET (MCF en aménagement et urbanisme, Université Grenoble Alpes, laboratoire Pacte).
Session 1
Camille Morel, Sébastien Poulain
2
Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires
durable ?
Sous session 1
Animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES)
9h : Nina AUBRY (doctorante en géographie, Université Angers, laboratoire ESO).
Explorer les réseaux d’acteurs de l’innovation territoriale et leur rôle(s) dans la fabrique des territoires
9h15 : Marion MATHE (doctorante en géographie, Université de Poitiers, laboratoire Ruralités).
L'émergence et la consolidation progressive d'un réseau d'acteurs locaux : l'exemple du projet agri -alimentaire «
Mon'Plateau » en territoire montmorillonnais (86).
9h30 : Camille MOREL (docteure en urbanisme et aménagement, post-doctorante chez Crois/Sens, chercheuse
associée au Lab’Urba, Université Paris-Est) & Sébastien POULAIN (docteur en sciences de l’information, post-doctorant
chez Crois/Sens, chercheur associé au laboratoire Mica, Université Bordeaux Monta igne). Gouvernance inclusive et
alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges
9h45 : Discussion / débats
10h20 : Pause
Sous-session 2
Animée par Fatemeh Ghalehnoee (laboratoire CITERES) et Hégra Bèdéba Kataka (laboratoire CITERES)
10h50 : Carlyne BERTHOT (doctorante en sociologie, Université Grenoble Alpes, laboratoire PACTE, CIFRE avec Ville de
Grenoble).
La démarche « Grenoble, Ville amie des aînés », support à une conception renouvelée de la transformation territoriale ?
11h05 : Christophe DURAND (doctorant en géographie, Université Grenoble Alpes, laboratoire PACTE).
Le laboratoire récréatif : un espace de médiation territoriale créateur d’une dynamique de développement local.
11h20 : Raoul MUMA-TANZEY (doctorant en économie territoriale, Université Grenoble Alpes, laboratoire Pacte).
Efficacité des relais traditionnels de mobilisation dans le réseau associatif territorial : Le cas du territoire métropolitai n de
Lomé.
11h35 : Discussion / débats
12h15 – 13h45 : Pause déjeuner
13h45 : Intervention de Anne-Laure AMILHAT-SZARY (Professeure des universités en géographie, Université
Grenoble-Alpes, Directrice du laboratoire Pacte)
Session 2
Les avancées des réseaux techniques dans l'accompagnement de la transition des territoires vers une
gestion durable.
Animée par Cécile Forgue (laboratoire CITERES) et Yannick Ronzoni (laboratoire CITERES).
14h00 : Julien CREVANT (doctorant en géographie, Université Bourgogne Franche-Comté, laboratoire ThéMA, CIFRE
avec GRDF).
Exploration des intérêts potentiels d’un réseau de connaissances sur la fabrique d’un territoire plus durable : illustration
par l’exemple de la scénarisation du développement de l’écomobilité.
14h15 : Victor BAYARD (doctorant en urbanisme et aménagement, Université Paris-Est Marne-la-Vallée, laboratoire
LAB’URBA, CIFRE avec EVESA).
Prégnance du réseau d’éclairage public dans les processus de transition urbaine.
14h30 : Juste RAIMBAULT (docteur en géographie, post-doctorant Institut des Systèmes Complexes de Paris Ile-de-
France).
Modélisation des interactions entre réseaux de transport et territoires : une approche par la co -évolution.
14h45 : Céline CUVILLER (doctorante en urbanisme et aménagement du territoire, Université Aix-Marseille, laboratoire
LIEU).
Camille Morel, Sébastien Poulain
3
Articulation entre infrastructure routière et territoire au prisme du projet de paysage.
15h00 : Discussion / débats
Conclusion
15h50 : Conclusion de la journée – Kirsten KOOP (MCF en géographie, Université Grenoble Alpes, Laboratoire Pacte)
& José SERRANO (MCF en agronomie, Polytech Tours, Laboratoire CITERES)
16h10 : Fin de la journée
Comité scientifique
 H. Baptiste
 L. Beauguitte
 L. Cailly
 G. Debizet
 C. Demaziere
 K.Koop
 A. Lammoglia
 J. Serrano
 M. Talandier
Comité d’organisation
 C. Forgue
 T. Fonteneau
 F. Galenhoee
 N. Hakimi
 H-B. Kataka
 I. Randrianasolo
 Y. Ronzoni
CATÉGORIES
 Géographie (Catégorie principale)
 Sociétés > Sociologie
 Sociétés > Économie > Développement économique
 Sociétés > Études urbaines
 Sociétés > Sociologie > Sociologie urbaine
 Sociétés > Économie
LIEUX
 Salle des Actes, Premier étage du bâtiment Géographie - Cité des Territoires, 14 rue Marie Reynoard, 38100
Grenoble
Grenoble, France (38)
DATES
 jeudi 15 novembre 2018
FICHIERS ATTACHÉS
Camille Morel, Sébastien Poulain
4
 20181115_Programme_Journée_Jeunes_Chercheurs_2018.pdf
 Appel_à_com_JJC_PACTE-CITERES_VERSION FINALE_2_Prolongation.pdf
MOTS-CLÉS
 réseaux, fabrique, transformation, territoires, réseaux sociaux, réseaux infrastructurels
CONTACTS
 Thibaut Fonteneau
courriel : cjcpacteciteres [at] gmail [dot] com
URLS DE RÉFÉRENCE
 Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires
SOURCE DE L'INFORMATION
 Thibaut Fonteneau
courriel : cjcpacteciteres [at] gmail [dot] com
POUR CITER CETTE ANNONCE
« Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », Journée d'étude, Calenda, Publié le
mercredi 07 novembre 2018, https://calenda.org/504475
Camille Morel, Sébastien Poulain
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Titre : Gouvernance inclusiveetalliancesinéditespour un territoireplusinnovant :le
cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges
Auteurs : Camille Morel, Sébastien Poulain
Le territoire prend une importance accrue dans les processus économiques au point que les
économistes ont forgé le concept de « capital territorial »1. Les territoires, parce qu’ils
constituent des lieux où différents types d’acteurs publics et privés, associatifs et lucratifs, sont
ancrés et maillés en réseaux, peuvent être des lieux privilégiés d’innovation. La proximité et le
partage de valeurs communes instaurent une confiance entre des partenaires et leur permet de
réduire les incertitudes qui fragilisent la capacité d’innovation. La notion d’écosystème local
d’innovation introduit l’idée que le succès de l'innovation ne dépend pas uniquement de la
capacité d'innovation d’un acteur, mais également de sa capacité à rendre acceptable son
innovation dans le système d’acteurs dans lequel il s’inscrit territorialement.
Ainsi,c’est par leconstat que lesacteurs innovants et les projets existaientmaisqu’ils n’étaientpas
suffisamment relayés et mis en valeur qu’est née l’idée de la structuration d’une Société
Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) à Mirecourt, petite ville de 6 000 habitants située dans la
plaine des Vosges. En effet, depuis 2016, l'ouverture d'un café associatif a permis d’organiser de
nombreux débats et évènements lors desquels différents acteurs du territoire se sont rencontrés
et présenter les initiatives locales dont ils étaient porteurs. Cette première structurea permis la
mise en réseau mais l’ambition plus grande d’agir pour le développement économique du
territoire est vite arrivée dans l’objectif de porter de nouveaux projets d’intérêtcollectif. La SCIC
Citeomix Mirecourt a ainsi été créée en 2017 dans le but de donner une structuration juridique
et une forme de gouvernance innovante à ces projets dans lequel pourront être intégrés à terme
des financeurs publics et privés. Siègent dans des collèges à part égales citoyens bénévoles,
associations locales, entreprises classiques ou ESS, élus et ou/collectivités et chercheurs (en
cours de structuration).
Les membres de la SCIC se sont imposés un cadre d’action global : identifier les besoins des
citoyens pour concevoir des services utiles sur le territoire afin d’améliorer les conditions de vie
globales de tous, ce qu’ils nomment le « bien-vivre maintenant ». Pour cela, ilsexpérimentent le
« protocole pour un territoire innovant »2, méthodologie d’action pensée et rédigée par l’un des
sociétaires qui a souhaité améliorer et tester ces théories sur son propre territoire de vie. Il s’agit
en résumé de concevoir un développement économique à partir des ressources disponibles
localement et à destination des citoyens donc répondant à des besoinspréalablement identifiés
par des débats citoyens. L’objectif est donc de faire participer l’ensemble des acteurs locaux
(élus, associations, acteurs privés, chercheurs, citoyens vulnérables…) à des actions collectives en
faveur de leur bien-vivre. Le territoire vosgien étant fortement en déclin, les problématiques
identifiées lors des débats touchent à la santé et l’alimentation (via l’agriculture) et doivent
intégrer une nécessité de renforcement du lien social (via l’insertion et l’emploi). L’un des projets
principaux de la SCIC, après avoir organisé en
1 OECD, 2001 in Enjolras, Bernard. 2005. « Économiessociale et solidaire et régimes de gouvernance », Revue internationale
de l’économie sociale: Recma, n° 296, p. 56.
2 Desforges, Marc, Cordoba, Vanessa et Gilli, Frédéric. 2013. Territoires et innovation, La Documentation Française, Paris :.
Camille Morel, Sébastien Poulain
6
2018 un festival de sensibilisation et d’échanges autour du bien-vivre dans le territoire, est le
montage d’un projet de légumerie à destination de la restauration collective/ scolaire.
Mais, ces idées (innovantes) ont soulevé de nouvelles problématiques dans le territoire, ne
faisant pas qu’amener des réponses aux problèmes préexistants mais en posant de nouveaux,
en particulier en matière de structuration des réseaux locaux. En effet, en recherchant
justement à créer ou structurer de nouveaux réseaux de l’innovation, certains acteurs ont été
bousculées dans leur fonctionnement, leur financement ou leur système de valeurs. A un
niveau plus global, le remplacement des formes classiques de « gouvernement » par des
structures de « gouvernance » plus souples ou mouvantes questionne le rôle de la puissance
publique (facilitateur,leadership,coordinateur,incitateur,partenaire,collaborateur) etl’oblige
à s’imbriquer dans des réseaux d’acteurs divers3 : les réseaux de politique publique4. Dans ce
nouveau mode de gouvernance - qualifié de « régime de gouvernance partenariale »5 par
Bernard Enjolras, les acteurs de l’ESS ont pour atout d’être davantage démocratiques et
fondées sur la réciprocité et l’engagement volontaire – constituant ainsi des « périmètres de
solidarité »6. Pour autant, dès lors que la création d’écosystèmes est nécessaire, se pose la
question de la gestion des conflits d’intérêts, de partage de valeurs, d’échanges de pratiques,
de mutualisation de coûts/d’investissement, qui compliquent la mise en œuvre de l’innovation
territoriale.
Pour répondre aux problématiques d’inclusion des citoyens dans les processus de décision et
de nécessité d’inventer des modèles économiques plus inclusifs, de nouveaux modes de
gestion apparaissent. Les Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (prés de 700 en France7) en
sont l’un des exemples, plaçant le multisociétariat au cœur de leur modèle juridique8. En
principe, les sociétaires travaillent ensemble à la définition d’un intérêt collectif et d’objectifs
partagés dès la constitution de l’organisation9, même si des finalités divergentes peuvent
émerger dans lesdifférents groupes organisationnels qui disposent d’un pouvoir distribué10.La
diversité des sociétaires doit permettre à ces coopératives de représenter la diversité des
besoins présents sur le territoire et de créer une synergie entre les différentes parties
prenantes de la Scic11 pour mettre en place des projets d’innovation sociale alternatifs palliant
les défaillances des organisations existantes et améliorant leurs pratiques.
3 SALAMON, L. M. (ed.) (2002), The tools ofgovernment, Oxford, Oxford UniversityPress
4 RHODES, R. A. W. (1997; 2001), Understanding governance, Buckingham, OpenUniversityPress
5 ENJOLRAS Bernard, « Économies sociale et solidaire et régimes de gouvernance », Revue internationale de l'économie
sociale, Issue296, Mai, 2005, p. 56–69
6 MONNIER, L.et THIRY, B.(eds) (1997), Mutations structurelles et intérêt général, Paris, De Boeck.
7 692 SCICen aout 2017 d’après http://www.les-scic.coop/ l
8 MARGADO A., 2002, « Scic, société coopérative d’intérêt collectif », Recma, n° 284, p. 19-30 ; SIBILLE H., 2012, « Contexte
et genèse de La créationdes sociétéscoopératives d’intérêt collectif(Scic) », Recma, n° 324, p.110-117 ; THOMAS F., 2008,
« Scic et agriculture : le temps desdéfricheurs », Revue internationale de l'économie sociale :Recma, (310), p.17-30.
9 MANOURY L., BURRINI A., 2001, « L’opportunité d’un nouveau type de société à vocation sociale: la société coopérative
d’intérêt collectif », Recma, n°281, p.108-134
10 DENIS J.L., LANGLEY A., ROULEAU L., 2007, « Strategizing inpluralistic contexts: Rethinking theoretical frames », Human
Relations, 60(1), 179-215.
11 SIBILLE H., 2012, « Contexte et genèse de La création des sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic)», Recma, n° 324,
p.110-117 ; HUET J., 2013, « Quel(s) apport(s) des Sociétés coopératives d’intérêt collectif dans la gestion de l’eau ? »,
Camille Morel, Sébastien Poulain
7
Une SCIC, en permettant de construire des réseaux de réseaux, représente à la fois un atout
pour le territoire parce qu’elle permet de mutualiser les ressources entre les membres, mais
dans quelle mesure représente-t-elle un risque de rupture en complexifiant les
interrelations entre les acteurs du territoire ? Dans ce type de territoire en difficulté
économique, démographique et sociale, quels sont les modes de gouvernance les plus
susceptibles de construire des écosystèmes de l’innovation et de les faire perdurer ? Ce type
de structure peut-il permettre de recréer du lien en permettant de mutualiser des
compétences et en (re)structurant les réseaux en les maillant plus solidement entre eux ? La
structuration juridique en SCIC va-t-elle permettre à Citeomix Mirecourt de dépasser les
problématiques inhérentes à ce type de dynamique locale ?
La méthodologie mise en place pour réaliser cette enquête est conditionnée par l’implication
des deux auteurs dans l’une des entreprises sociétaires de la SCIC et ont de ce fait suivi de près
sa constitution. CamilleMorel,salariéedecette entreprise,est égalementchercheure associée
en participation citoyenne au Lab’urba et au laboratoire EVS : elle a mené de nombreux
entretiens avec les membres du café Utopic et a fait de l’observation participante de plusieurs
évènements menantà la constitution de la SCIC (débats au café Utopic, réunions d’information,
festival Utopic, …).Ellea aussi ponctuellement conseilléle café et la SCIC en proposant un appui
méthodologique sur la gouvernance, la formation des salariés (« Entrepreneurs du Bien
Vivre »), et l’organisation du festival participatif. Avec Sébastien Poulain, salarié de la même
entreprise et chercheur associé en InfoCom au laboratoire MICA, ils ont réalisé des entretiens
en action des participants au festival en juin 2018, ce qui leur a permis d’observer les relations
et conflits in situ. Sébastien a contribué à la communication numérique du festival et participé
aux formations des salariés. L’enquête menée entre septembre et novembre 2018 s’est
appuyée sur cette connaissance préalable du terrain. 8 personnes ont été interviewées, parmi
lesquelles des membres de la SCIC et de personnalités extérieures ayant un lien avec la SCIC,
pour mieux comprendre les controverses permettant de cerner les enjeux politiques et
organisationnelle de l’innovation citoyenne sur plusieurs territoires. Cet article fait donc partie
d’une démarche de recherche-action puisque ses auteurs s’inspirent de leurs résultats de
recherche pour en tirer des préconisations et des méthodologies d’actions réplicables sur
d’autres territoires.
Nous montrerons d’abord en quoi l’arrivée de ce « réseau de réseaux » représente une
innovation pour le territoire en termes de socialisation de l’ensemble des acteurs, et plus
particulièrement des « leaders » ou représentants des organisations locales. Puis nous
montrerons comment le développement de cette SCIC peut être freiné par les problématiques
portées par chacun des acteurs qui déteignent sur l’ensemble du réseau.
Mémoire de M2 Management-Ressources Humaines, Développement Social, Université Montpellier III ;MARGADO A., 2005,
« La Scic, une coopérative encore en devenir », Recma, n° 295, p.38-49
Camille Morel, Sébastien Poulain
8
I. Une SCIC comme « réseau de réseaux » susceptible de tisser de
nouveaux liens dans un territoire en difficulté
A. Une SCIC comme outil de création de liens au sein de la population
L’un des partis pris de cette SCIC est son ambition démocratique et participative c’est pourquoi
le café a été mis en place un an avant que soit lancée la SCIC, comme on peut le voir dans la
chronologie ci-dessous (Figure 1). Le café Utopic est pensé par les membres de la SCIC comme
lepoint de départ puisque s’y sont rencontrés la plupart de ses membres.Il joue le rôle de point
d’appui démocratique à l’ensemble des activités de la SCIC, conçue pour représenter la
diversitédes acteursdu territoire(aveclesatouts et les difficultés que cela comporte) pour que
chacun puisse s’y identifier et donc lui donner de la légitimité : les citoyens, les chercheurs, les
entrepreneurs, les collectivité territoriales… Les adhérents du café ont ainsi été présents aux
différentes étapes de la constitution de la SCIC.
Mais c’est surtout grâce aux débats organisés les jeudi soir au café que les futurs membres de
la SCIC ont pu se rencontrer, se présenter, créer des liens ou les renforcer. Par exemple, le
directeur de l’Institut du Beau-Joly qui s’est formé en micro-nutrition, qui est le représentant
du collège « chercheur » au sein de la SCIC, a fait une conférence sur la naturopathie au café
UtopiC pour faire connaitre les expérimentations menées sur ses patients. C’est notamment à
partir de ses premièresréussites thérapeutiques et de leur présentation lors des débats au café
que la structuration de la SCIC s’est orientée vers la santé via l’agriculture et l’alimentation. La
volonté de faire partager à plus grande échelle les résultats tirés de cette première
expérimentation a donné un objectif socio-économique au développement territorial
recherché par les porteurs de projets locaux. Le postulat étant que le « bien-vivre individuel »
(par l’alimentation, activité physique…) a des effets sur le « bien-vivre collectif » (socialisation,
création d’emploi…) et réciproquement. De la même manière, c’est la rencontre avec le
Directeur de la Bouée qui a fait de l’inclusion des personnes vulnérables l’une des conditions
de réussite de la SCIC et de sa légitimité sur le territoire.
Camille Morel, Sébastien Poulain
9
Figure 1 Chronologie de la création du café Utopic à la création de la SCIC
La SCIC a été rapidement soutenu financièrement par lescollectivitéspuisqu’elle a reçu plus de
50 000 euros dès sa première année12. Ce sont ces financements qui ont permis de lancer les
premiers projets en plus de recruter des salariés -spécialistes d’alimentation, d’agriculture et
d’animationterritoriale-pour mettre en action la SCIC : « les entrepreneurs du bien-vivre » (en
l’occurrence 5 femmes). Leur mission est d’« [a]nimer le territoire auquel [elles sont
rattaché[es] (Bordeaux,ouLille,ou Lyon) afinde sensibiliser ses habitants au concept de « bien-
vivre », contribuer à faire émerger les projets qui peuvent en découler, contribuer à
accompagner les dits projets », d’après l’offre d’emploi à laquelle elles ont répondu13.
12
Dispositif Montant
Dispositif« AMI Initiatives territoriales » lancé par la RégionGrand Est 21 600 €
Subvention du programme LEADER de l’Ouest desVosges pour le projet de festival Utopic & Co 27 000 €
Subventions de la communauté de communes Mirecourt-Dompaire et de la commune de Mirecourt pour
le projet de festival Utopic
1 500 €
Subventions de la commune de Mirecourt pour le projet de festival Utopic 1 500 €
13 L’annonce précise le détailde leurs missions :« Effectuer dans [son] territoire de rattachement un état des lieux des
initiatives dans les thématiques alimentation / agriculture / santé / participationcitoyenne etc. ;élaborer une cartographie
des acteurs locaux ;Mettre enplace desdébats avec leshabitants et les élus afinde faire émerger les besoins, les envies e t
les enjeux ;Organiser des évènements et ateliers participatifs afind’identifier des problématiques duterritoire ;Contribuer à
l’animation des supports de communication oud’échange digitaux (blog, réseaux sociaux, plate-forme d’échanges) ;
Construire des projets autour du bienvivre ;Identifier les leaders qui relayeront les changements de comportement ;
Identifier les entrepreneurs qui pourront porter des boucles de service autour de l’alimentation, la mobilité etc. »
Camille Morel, Sébastien Poulain
10
Le premier projet financé a été le festival « Utopic & Co » intitulé « Fêtons ensemble le bien-
vivre » du 4 au 8 juillet 2018. Son programme diversifié avait pour objectif de sensibiliser et
mobiliser différents types de population : expositions, ateliers créatifs, tables-rondes, cinés-
débats, repas bios et pédagogiques... Le Festival a permis l’implication de 200 bénévoles en
amont, 100 pendant, 45 porteur de projets, 15 associations, 14 institutions et la participation
de populations très diverses : des femmes au foyers avec leurs enfants, des retraités, des
étudiants ou jeunes actifs, une famille dont le père sortait tout juste de prison, des jeunes
enfants accueillis à l’IME ayant des troubles du comportement… On a donc vu s’impliquer se
rencontrer, s’observer, échanger, entrer en tension, collaborer des personnes avec des statuts
socio-économiques différents.
A cette occasion, on a pu observer l’engagement essentiel des bénévoles (ponctuels ou
permanents) aux côtés des membres de la SCIC et des « entrepreneurs du bien vivre » qui a
également montré une forme de coopération entre engagement bénévole, travail salarié et
mise à disposition de compétences et de réseaux. De nombreux exemples illustrent cette
coopération entre personnes aux statuts, compétences, capital socio-culturel très variés :
Certains bénévoles comme Maryvonne ont par exemple passé 5 jours dans la cuisine du café
UtopiC à préparer les plats pour les repas, Matéo a dormi sous une tente pour protéger le
matériel et les œuvres artistiques installés en extérieur. Deux artistes, embauchées par la SCIC
comme prestataires, ont collaboré avec des migrants accompagnés par « La Vie ensemble » et
des personnes en réinsertion de « La Bouée » pour construire, dans le « Jardin Mandala » de
« La Vie ensemble », un « totem » constitué de blocs de béton cellulaire gravées par des élèves
d’écoles environnantes. Des personnes issues de classes populaires, vivant à quelques mètres
du café UtopiC pour lesquelles le café semble trop « intellectuel » (beaucoup de débats,
conférences y étant organisés), s’en sont rapprochées à l’occasion des ateliers organisés
pendant le festival. Des personnes qui résident dans les logements sociaux de l’autre côté de
la ville ont également participé alors qu’elles viennent peu aux activités du café. La mixité
sociale qui existait déjà au sein du café UtopiC a donc été accentuée permettant à chacun
d’apporter sa pierreà l’édifice,dedévelopper des compétences, d’apprendre et de se valoriser.
Avancement
Festival
Actions misesen placegénératricesdesocialisation
Préparation Conception du Festival ; Mise en relation avec les acteurs susceptibles
d’aider ;créationcollectivedesdécors du Festival via des ateliers, notamment
au sein de La Bouée ; organisation de débats publics pour informer sur la
préparation et inciter à la participation à l’organisation
Pendant Rencontre de personnes hétérogènes ; mixité sociale dans la créativité, la
danse, l’alimentation ; valorisation de soi pour des personnes en difficulté
Après Emergence ou consolidation de projets locaux ; renforcement des liens des
membres de la SCIC ; bilans critiques sur ce qui a été réalisé
avant/pendant/après le Festival ; approfondissement de la réflexion sur les
potentiels de la ville de Mirecourt
Tableau 1 Chronologie de la socialisation lors du projet Festival UtopiC
Camille Morel, Sébastien Poulain
11
En outre, l’objectif de multi-localisation (Voir le plan du Festival ci-dessous) qui visait à créer
des liens entre les différents espaces pour que des populations hétérogènes les fréquentent a
également contribué à favoriser cette mixité :
- les « hauts » de Mirecourt sont proches des logements sociaux et dispositifs d’accueil des
migrants,
- les bords du Madon sont des milieux naturels peu fréquentés,
- la place Chantaire est devant le café et cherchait donc à le faire connaitre…
Figure 2 Plan du Festival UtopiC 2018 dans le centre de Mirecourt
Les Mirecurtiens en général et les personnes qui ont participé au Festival seront attentifs aux
prochains projets (création d’une légumerie) et à l’éventuel renouvellement du Festival.
B. Une SCIC comme outil de création de liens entre des représentants locaux
La SCIC Citéomix Mirecourt a été initiée formellement à partir de la rencontre de plusieurs
représentants d’organisations locales habitant (le Président de l’une de l’entreprise sociétaire
de la SCIC),travaillant(ledirecteur del’IBJ)ou s’engageantbénévolement sur le territoire. Nous
qualifionsici de « leaderslocaux » car la plupartdes membresde la SCIC sont au minimum dans
le Conseil d’administration de l’organisation qu’ils représentent au sein de la SCIC. Travaillant
sur le « territoire innovant » depuis plusieurs années et co-auteur d’une publication qu’il a
souhaité expérimenter sur son propre territoire, le président de l’entreprise a joué dans ce
réseau le rôle de « leader de leaders », lui qui se présente comme « expert en développement
territorial depuis 30 ans ». Également co-fondateur du café associatif UtopiC, il a proposé de
constituer cette SCIC comme continuité des projets émergents dans ce dernier et des
rencontres qui s’y sont produites. Chaque organisation de la SCIC intervient dans le secteur
Camille Morel, Sébastien Poulain
12
économique, social, culturel ou politique et la SCIC, en tant que réseau de réseaux, permet de
construireet consolider des relationsentre ces différents secteurs. On peut voir dans le tableau
ci-dessous en quoi la SCIC crée des liaisons trans-sectorielles14 entre les organisations
sociétaires de la SCIC :
Organismes/
présentation
Café UtopiC Crois-sens La Boué Ville de
Mirecourt
La vie
ensemble
Institut du
Beau-Jolly
Collèges dans
la SCIC
« Volontaires » « Entreprises
et financeurs
responsables »
« Acteurs
bienveillants »
« Institutions
publiques »
« Acteurs
bienveillants »
« Acteurs de la
recherche et
du bien
commun »
Secteurs
d’activités
Socio-culturel
(Rencontres,
débats,
concerts)
Economique
(Développement
socio-
économique
territorial)
Social
(Insertion
professionnelle)
Politique
(publique
locale)
Social
(Insertion
sociale et aide
aux migrants)
Socio-culturel
(Education,
santé)
Mode de
fonctionnem
ent interne
Bénévolat
animé par un
CA
Salariat dans
une entreprise
Salariat dans
une
association
Salariat et
fonctionnariat
dans une
institution
publique
Salariat dans
une
association
Salariat dans
un
établissement
public
Nb de
bénévoles ou
salariés
A atteint 2000
adhésions en
une année
10 salariés et
dirigeants
10,4 ETP soit
14 salariés ; 2 à
3 bénévoles ;
20 aine de
contrats
signés/an
69 salariés, le
maire
représente
plus de 5 000
habitants
49 salariés / 57
ETP
Tableau 2 Présentation des principales caractéristiques des membres de la SCIC
En partageant leurs compétences et leurs réseaux, on observe une forme de socialisation dans
un premier cercle interne aux leaders sociétaires fondateurs. Ensuite, ce premier cercle a
délégué le pilotage opérationnel au comité de pilotage (COPIL) pour l’organisation du Festival,
ce qui constitue un second cercle de socialisation et agrandit la forme de gouvernance en
théorie. Ce second cercle a pu s’appuyer sur les membres de la SCIC et les forces vives qu’ils
représentent. Ce COPIL rassemblait les cinq Entrepreneurs du Bien-Vivre, deux artistes
embauchés comme prestataires pour l’accompagnement artistique du Festival, et une
représentante du café,a ainsi bénéficiédu réseaudes sociétaires.Par leur intermédiaire,ilsont
permis une socialisation « en cascade » auprès des salariés, bénévoles et bénéficiaires des
organisations composant la SCIC,mais égalementauprès de la population localeen général. En
effet, le projet de la SCIC est basé sur faire compenser la limitation du capital économique par
le capital social territorial et nécessite donc cet agrandissement successif des cercles de
socialisation, comme le montre les tableaux ci-dessous.
14 Carroll 2001 in ENJOLRAS Bernard, « Économies sociale et solidaire et régimes de gouvernance », Revue internationale
de l'économie sociale, Issue296, Mai, 2005, p. 56–69
Camille Morel, Sébastien Poulain
13
Niveaux de
socialisation
Acteurs Actions
1 Membres de la SCIC Réflexion stratégique, Mise en relation, ingénierie
pour obtenir le financement, information et
formation au sein des organisations qu’ils
représentant
2 Entrepreneurs du Bien
Vivre
Copilotage opérationnel de tout le Festival
3 Salariés et bénévoles
des organisations de la
SCIC / prestataires de
la SCIC / porteurs de
projets
Implication variable mais toujours plus accrue à
l’approche du festival
4 Bénéficiaires des
services des
organisations de la
SCIC
Participation ponctuelle lors d’ateliers pour
préparer une programmation et présence lors du
Festival
5 Population locale /
journalistes
Présence, voire participation active, lors des
événements de préparation et du Festival
Tableau 3 de socialisation « en cascade » mise en mouvement par la SCIC
Au final, ce premier projet a permis aux personnes qui y ont participé de développer leurs
capitaux sociaux, culturels, économiques… comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous :
Type de
capitaux
développés
Exemples
Sociaux Rencontres, socialisation depersonnes issues dedifférents âges, professions,milieux,
genres, institutions…; travail d’intégration sociale pour des personnes en difficulté
sociale (alcool, drogue, solitude, problèmes psychologiques)ouétrangères
Culturels Une forte dimension pédagogique (pour les écoliers mais aussi les autres
générations) sur la manière de s’alimenter, de prendre soin de soi, de prendre en
compte son environnement ; apprentissage de la langue pour les immigrés ;
apprentissageartistique (musique, danse, théâtre, peinture…) pour les membres de
la Bouée et le public
Politiques Une légitimation de la SCIC, et ses sociétaires à travers elle, comme nouvel acteur
local ; développement de la démocratie locale ; le maire a fait part de sa volontéde
reproduire ce type d’événement
Economiques Recrutement desentrepreneurs dubien-vivre;prestations d’artistes, producteurset
entrepreneurs locaux ; de l’auto-financement du Festival via de la restauration ;
Développement de compétences logistiques, organisationnelles et gestionnaires de
la SCIC ; des idées de projets ont émergé ou ont été renforcées
Symboliques Unnouvelévénementlocalquimontreunenouvelleformede dynamismelocal; une
valorisation de l’image des acteurs qui ont participé à sa mise en œuvre et qui ont
développé de nouvelles compétences ; prise de consciences des acteurs de leurs
Camille Morel, Sébastien Poulain
14
envies, de leurs potentiels et de celui de leur ville ; revalorisation de lieux qui ne
servaientplus commel’ancienne scierie
Figure 4 présentant les différents capitaux développés grâce au Festival
Pour autant, même si des relations se sont créées et les formes de socialisation multipliées, on
observe un certain nombre de freins qui ont nui au développement du réseau comme nous
allons le voir dans la deuxième partie.
II. …mais freinée par la complexité de son organisation et les difficultés
du territoire
La participation citoyenne à la conception des politiques publiques et à l’innovation socio-
économique est souvent un objectif annoncé mais souvent difficile à obtenir alors même
qu’elleest de plus en plus considérée commenécessaire par les différents acteurs du territoire
pour pouvoir lancer de nouvelles idées, de nouveaux projets. Il s’agit de faire en sorte que tous
les acteurs du territoire participent tout à la fois à la conception, à la délibération et à la mise
en place. Cet idéal de redémocratisation de la démocratie se confronte à de nombreuses
difficultés sociales, économiques, techniques, politiques que soulignent régulièrement les
chercheurs spécialistes de démocratie participative15 comme les acteurs politiques et
économiques qui promeuvent cette participation. Les membres de la SCIC, pourtant conscient
de ce défi et des difficultés sous-jacentes, n’ont pourtant pu éviter de tomber dans certains
pièges. En effet, si la gouvernance en réseau représentent une opportunité de développement
pour le territoire, plusieurs risques et difficultés ont été mis en avant par les membres de la
SCIC eux-mêmes et les acteurs externes.
A. La SCIC comme outil de mise en relation à plusieurs niveaux très complexe
Le modèle socio-juridique de la SCIC, qui demeure peu connu par rapport à celui des
associations, collectivités territoriales, ou des entreprises privées, est souvent mal compris, y
comprispour les membresde la SCIC eux-mêmes.Les statuts de la SCIC Citeomix illustrent bien
cette complexité avec pas moins de 34 pages ! Si ce modèle permet d’associer au sein d’une
même structure juridique des organisations au statuts complètements différents, il est obligé
de composer avec leur caractéristiques propres qui ne sont pas (toutes) solubles dans cette
méta-structure.
Il s’agit donc d’une structure à plusieurs étages qui regroupe à la fois des individus et des
organisations qui ont désigné l’un de leurs membres pour les représenter au sein de la SCIC. La
Mairie a ainsi désigné l’une de ses adjointes qui trouve que « les enjeux sont compliqués », le
Maire assistant souvent lui-même aux réunions. Le CA du Café Utopic a également désigné
l’une de ses membres comme porte-parole qui avoue ne pas bien savoir comment se
positionner lors des prises de décision à la SCIC. Elle estime avoir un mandat impératif (bien
que ce ne soit pas clairement défini) et ne vote qu’après en avoir discuté avec le CA du café,
pourtant elles’exprime plutôt librement lors des délibérations de la SCIC et prend plutôt partie
pour la SCIC lors des conseils d’administration du café. Pour ce qui est des individus, on compte
15 Blondiaux, Loic. Le Nouvel esprit de la démocratie, Paris, Le Seuil, 2008.
Camille Morel, Sébastien Poulain
15
le directeur de l’IME, sociétaire à titre personnel puisqu’il était trop compliqué au moment de
la création de la SCIC d’engager sa structure dépendante de règlements publics.
D’autres acteurs ont également plusieurs casquettes comme le premier président de la SCIC
qui a aujourd’hui déménagé et quitté l’ensemble de ses postes. Ancien membre du Conseil
d’Administration du Café Utopic, il était également chef de projet au PETR des Vosges. Son
multi-positionnement aurait pu être un atout pour le partage d’information mais a pu être
perçu comme un conflit d’intérêt et a suscité des craintes vis-à-vis de l’extérieur. Autrement
dit, les acteurs ont différents niveaux de liberté d’intervention selon les postes qu’ils occupent,
et leur polyvalence peut compliquer leur positionnement selon la distance qu’ils prennent vis-
à-vis de l’une ou l’autre de leurs « casquettes ». De la même manière, les organisations ne
constituent pas des entités homogènes mais des associations d’acteurs humains et non-
humains comme le signale Bruno Latour16. Ainsi, dans une institution comme l’INRA, qui est
présente dans la ville et a été approchée pour faire partie de la SCIC, si certaines personnes
sont particulièrementopposées et virulentesface aux développements de la SCIC ce n’est sans-
doute pas le cas de tous ses membres.
Enfin, dans les statuts de la SCIC figurent les prémisses de la création d’un réseau de SCIC
Citeomix anticipantd’autres structures SCIC localesà l’échelle nationale, dont l’ambition est de
donner une envergure plus large aux actions locales par l’effet d’entrainement ou de
démonstration. Ce réseaude réseaux de réseaux,qui incluraitdes chercheurs (dont les auteurs
de cet article font partie) et autres acteurs d’envergure nationale comme des financiers,
contribue à la fois à éloigner le projet de sa base active et favorise ainsi la méfiance ou
l’incompréhension. Aujourd’hui, les membres de la SCIC ne comprennent pas tous les enjeux
sous-jacents mais ont le sentiment que l’effet démultiplicateur peut leur apporter des
avantages. Mais le revers de la médaille est que les détracteurs de la SCIC lui prêtent des
intentions « multinationales » ou éloignées des enjeux réels du territoire.
B. Un outil de gouvernance paradoxal
La pluralité des statuts des sociétaires de la SCIC est en soi un défi pour la gouvernance et la
mise en œuvre des actions. Les compétences variées de chaque membre sont souvent
complémentaires et permettent ainsi d’aller plus loin quand la confiance et la répartition des
tâches se fait bien. Pour autant, le décalage de capital culturel et social entre les membres
complexifie parfois la compréhension entre eux et peut être susceptible de créer à terme des
tensions ou de la méfiance. Par ailleurs, même si le regroupement de ces structures au sein
d’une méta-structure repose sur un partage d’objectifs et de valeurs communes, les stratégies
et les capitaux pour les mettre en œuvre ne sont pas totalement partagés (logiquement) et
s’entrechoquent parfois (cf. tableau).
Ainsi, comme le montre le tableau, les effets attendus et les fonctionnements internes sont
parfois contradictoires : par exemple, le rapport au temps n’est pas le même pour une
entreprise privée soumise à des contraintes budgétaires et pour une collectivité qui doit faire
avec le tempo institutionnel. En outre, l’une fonctionne sur une logique verticale de
16Latour Bruno, Changer de société, refaire de la sociologie, Editions la Découverte, 2006.
Camille Morel, Sébastien Poulain
16
management entrepreneuriale tandis que l’autre, tout comme les associations, est soumise à
une logique plus horizontale (démocratique), dans le sens où le maire est soumis à l’enjeu de
son élection et doit donc se conformer aux attentes citoyennes, même s’il a le dernier mot
durant son mandat. La rencontre de ces critères n’est pas vraiment régie par les statuts ni
solutionnée par les collèges et chaque acteur porte sa voix dans les délibérations jusqu’au vote
à la majorité qui clôture ce processus de décision.
Organismes/effets
attendus
Economiques Sociopolitiques Symboliques
Café UtopiC Directs : Financer des
projets plus importants
Indirects: Accueillir
d’autres adhérents
pouranimer le café
Directs :
Reconnaissancelocale
Crois-sens Indirects : Obtenir des
missions de conseil,
développer une école, se
développer
Directs :
Reconnaissance
institutionnelle pour
viser d’autres
territoires
Directs : Validation
d’uneméthodeBVM au
niveau national
Institut du Beau
Jolly
Indirects :
développement du
territoire pour se
maintenir
Directs :
Reconnaissance
institutionnelle
Directs : Validation
scientifique d’une
méthode de soin
La Bouée Directs : création
d’emplois
Directs :
Reconnaissance
institutionnelle
Directs :
Reconnaissance de
l’utilité
Ville deMirecourt Directs : Développement
économique de
Mirecourt = création de
projets et d’emplois
Indirects : Réussite
potentielle en vue
d’élections
Directs :
Reconnaissance
institutionnelle
Directs :
Reconnaissancelocale
d’une ville dynamique
et du bien vivre
La vieensemble Directs : développement
de compétences
Indirects: recherche
d’emploi pour les
personnes en insertion
Directs : Intégration
sociale, apprentissage
de la langue et de la
culture
Directs :
Reconnaissancelocale
Tableau 5 des effets attendus par les différents membres de la SCIC
Par ailleurs, les atouts et les difficultés de chaque organisation se reflètent au sein de la SCIC
qui en tire parti ou en pâtit, mais c’est leur complémentarité qui a fait le lien entre les
sociétaires qui ont compris qu’ils avaient intérêts à travailler ensemble comme on le voit dans
le tableau ci-dessous :
Camille Morel, Sébastien Poulain
17
Organismes/
présentation
Café UtopiC Crois-
sens
La Boué Ville de
Mirecourt
La vie
ensemble
Institutdu
BeauJolly
Atouts Bénévoles actifs
et motivés
Ingénierie
pour les
AAP,
réactivité
Légitimité
locale /
compétences
disponibles
pour des
projets
Tiers de
confiance
Légitimité
locale /
compétences
disponibles
pour des
projets
Personnel
important
et jeunes
Difficultés Fonctionnement
démocratique
qui nécessite
information,
pédagogie,
lenteur
Manque
de
légitimité
sur le
territoire
Population
en difficulté,
fragile
Médiation,
équilibre
territorial
Barrière
socioculturelle
Population
en
difficulté,
fragile
Tableau 6 Atouts et difficultés des membres de la SCIC
Si les conflits internes sont pour l’instant limités par le partage d’objectifs communs, les
rapports avec les acteurs externes à la SCIC ont été largement complexifiés par la construction
du Projet Alimentaire de Territoire17 (PAT) au premier semestre 2017 dans lequel la SCIC
souhaitait être partie prenante. Les reproches portent d’une part sur la méthode : pas assez
transparente et participative malgré un affichageorienté sur ce point. Elles portent aussi sur le
fond : la critique de la recherche de bénéfices économiques a fragilisé sa structuration interne.
En outre, les conflits internes au café Utopic qui portaient sur ces sujets ont déteint sur le reste
du territoire par effet de domino via les réseaux dans lesquels les membres du CA étaient déjà
impliqués (ces structures auraient pu être intégrées à la SCIC : INRA, Foyers Ruraux, …),
entrainantlepositionnement de l’ensembledes acteurs pressentis pour le PAT, à se positionner
en faveur ou contre l’inclusion de la SCIC dans le PAT à l’été 2018 (cf. Figure 6).
17 Prévus dans la loi d’avenir pour l’agriculture,l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 (Art 39), les projets
alimentaires territoriaux s'appuientsur un diagnostic partagéfaisantun état des lieux de la production agricole
et alimentaire locale, du besoin alimentaire du bassin de vie et identifiant les atouts et contraintes socio-
économiques et environnementales du territoire. sont élaborés de manière concertée à l’initiative des acteurs
d'un territoire. Ils visent à donner un cadre stratégique et opérationnel, à des actions partenariales répondant
aux enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé.
Camille Morel, Sébastien Poulain
18
Figure 3 Schéma du réseau d’acteurs internes et externes à la SCIC
Ces conflits s’ajoutent aux habituelles querelles interpersonnelles, et il faut noter que le
positionnement du Président de l’entreprise en leader naturel du café puis de la SCIC a
constitué un point de crispation important. Cette personnalitéforte par son caractèreet de par
sa posture revendiquée d’expert du territoire a été clivante. II a fait l’objet de rumeurs et de
critiques concernant sa gestion de la séparation entre sa vie personnelle et son activité
professionnelle18. Ces attaques personnelles, à la limite de la diffamation, lancées par ses
détracteurs ont contribué à délégitimer ses idées au détriment de l’ensemble du processus.
Cette entreprise de dénigrement est allée jusqu’à son exclusion du CA du café, et il n’a pas
souhaité se présenter au bureau de la SCIC pour lui permettre de regagner la confiance des
autresacteursdu territoire.Autrementdit, on observe une forme de leadership qui se retourne
contre le leader quand il catalyse du ressentiment, s’il a permis de créer le réseau il le met en
même temps en difficulté par sa personnalité.
Par ailleurs,il faut noter que ses expériences professionnelles ont pu lui permettrede maitriser
le domaine des politiques publiques, du conseil et de l’ingénierie de projet, ce qui a été très
utile à la SCIC. Cependant, sa méconnaissance du monde associatif, académique et de
l’Economie Sociale et solidaires, de ses habitudes19 ont pu lui faire défaut au départ
occasionnant plusieurs malentendus. De la même manière, la méconnaissance du monde de
l’entreprise, à laquelle la SCIC appartient puisque c’est une société par action simplifiée,
complique l’ambition de transparence et de démocratie des fondateurs de la SCIC. D’autres
expériences suggèrent que « Finalement, il revient aux dirigeants des Scic eux-mêmes
d’organiser en internedes contre-pouvoirs et des relaisà leurs visions et actions. »20Ils peuvent
18 Sa femme étant présidente ducafé et sa fille, salariée de la SCIC
19 Véronique Bordes, Christophe Dansac. Peut-on accompagner le renouvellement de la gouvernance dans les associations
d’éducation populaire ?. 6ème Colloque du Réseau International de l’Animation, Oct 2013, Paris, France.
20 Picri PAP Scic Groupe, « Les Scic, entreprises de demain. Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion », RECMA,
2016/2 (N° 340), p. 52-64
Camille Morel, Sébastien Poulain
19
même « être amenés à réduire les niveaux de participation pour pouvoir agir au quotidien »,
ce qui serait une remise en cause de l’un des partis-pris de la SCIC mais lui permettrait peut-
être de perdurer.
C. La SCIC, entre rupture et continuité écosystémique locale
Dans un territoire en difficulté comme Mirecourt, nous avons été surpris de constater que de
nombreuses initiatives locales existent et tentent de s’installer avec les moyens réduits dont
elles disposent. Les équilibres sont donc difficiles à trouver et la SCIC semble représenter soit
une opportunité soit une concurrence pour les partenaires. En effet, la constitution du PAT se
poursuit actuellement sans la SCIC mais avec ses membres individuellement, c’est-à-dire que
leregroupement d’organisationsa été exclu temporairement du fait de sa méthode qui n’a pas
été jugéesatisfaisante(et peut-être du faitde la participationdel’entreprise en question), mais
que ses membres (La Bouée,l’IME,la Vieensembleou lecafé)pourraientcontinuer à participer
en leur nom propre à sa constitution.
Au-delà des reprochesqui lui sont faitsdu point de vue de la gouvernanceet de la transparence,
on peut se demander si ce n’est pas l’arrivéed’un nouvel acteur puissant dans un champ stable
rétrécissant, autrement dit l’innovation elle-même que constitue ce « réseau de réseaux » qui
pose problème. En effet, la SCIC bouscule les équilibres précaires qui se sont constitués
difficilement dans des situations difficiles : faibles financements, inertie des politiques
publiques, engagement des citoyens à initier … Ces organisations qui ont le sentiment d’avoir
accompli un effort difficile voient d’un mauvais œil cet acteur nouveau dont elles n’ont pas
beaucoup entendu parler etqu’ellesperçoiventcommeconcurrentielle sur le plan économique
(subventions publiques limitées) et de la mobilisationcitoyenne, mêmesi réduite. En revanche,
elles ont le sentiment qu’il ne maitrise pas les sujets de fond (agriculture) et ne voient pas du
tout les complémentarités que pourraient engendrer leur partenariat : mutualisation de la
recherche de financement, de la mobilisation citoyenne, de la communication, de l’ingénierie
de projet… La complexité pour la survie de la SCIC réside donc dans sa définition même : la
création de nouveaux réseaux passe obligatoirement par la remise en cause de positions
établies et éventuellement la destruction de liens/relations précédentes. Selon Larpin, « la
complexité apparente du sociétariat a plutôt aidé les porteurs à affiner leur projet et régler
leurs priorités. »21, reste à savoir si cela s’appliquera à la SCIC. La coopération « donne une
légitimité aux acteurs pour défendre des projets sortant des cadres et présentant un potentiel
de transformation sociale »22, et favorise « l’implication des acteurs institutionnels dans le
développement de projets risqués et sortir de leur logique de prudence gestionnaire à l’égard
de l’innovation sociale »23.
Enfin, la SCIC sera confronté à d’autres difficultés liées à l’inertie socio-économique locale qui
mettra en doute son efficacité ou lui mettront la pression des résultats :
21 LarpinE., 2011, « 10 ans de Scic: Unbilan positif et porteur de perspectives », Revue Participer, 641, 11-14.
22 Picri PAP Scic Groupe, « Les Scic, entreprises de demain. Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion», RECMA, 2016/2 (N°
340), p. 52-64. DOI : 10.7202/1037402ar. URL : https://www.cairn.info/revue-recma-2016-2-page-52.htm
23ibid
Camille Morel, Sébastien Poulain
20
- Un territoire en difficulté et des inégalités sociales maintenues à moyen à moyen terme : 20%
des habitants avec les minimas sociaux
- la part importante de personnes en difficultés sur le territoire qui nécessitent un besoin
d’encadrement important comme la montrée la coopération limitée entre artiste et bénévole
lors de la confection du totem
- Une imagetropintellectuelleetpeu accessibledu caféet du festival qui provoque un décalage
avec le capital socio-culturel moyen des personnes ciblées sur le territoire : les bénéficiaires de
la Bouée ne participent pas aux activités du café, donc des instances de représentations
démocratiques à repenser.
Conclusion :
Les acteurs de la SCIC sont unanimes à reconnaitre l’intérêt de la SCIC et souhaitent que
d’autres acteurs y participent. Mais ils veulent améliorer les relations entre eux, avec les
membres de chacun des réseaux et avec les autres acteurs du territoire. La question de la
confiance et la construction de codes unanimement partagés semblent être un préalable
auquel vont devoir se confronter les membres de la SCIC pour solidifier le réseau et lui
permettre de s’agrandir sans risquer de le fragiliser davantage.
La question est maintenant de savoir si la SCIC va vraiment permettre les échanges
démocratiques entre tous les membres et la représentation de leur diversité. S’ils ont compris
en interne l’intérêt de chacun à travailler ensemble, leur logique et objectif variés vont-t-ils
permettre cette mutualisation de moyens nécessaire ? Dans d’autres étude de cas de SCIC24,
celles-ci n’associentpour la plupart que des acteurs au statut similaire, dont la mise en relation
est plus évidente. Il s’agit souvent de regroupement d’associations ou d’individus, gérées de
façon assumée par un leader avec une hiérarchie relativement verticale. En ce sens, cette SCIC
est un modèle complétement nouveau qui hybride plusieurs domaines : différents échelons
territoriaux, multiacteurs et multisectoriels. Elle y ajoute l’idéal de légitimité démocratique en
voulant y associer les citoyens. C’est l’auto-imposition de cet objectif qui lerend très ambitieux
mais également très compliqué. Il s’agit d’appliquer un modèle théorique innovant, qui
nécessite la pratique du temps, de la confiance,de l’ouverture d’esprit, de la collaboration... en
cours de construction. La SCIC n’a qu’un an et notre étude aussi donc « affaire à suivre ».
En tous les cas, la SCIC a réussi à transformer Mirecourt en un lieu d’attractivité, d’animation
via les nouvelles relations qui se sont créées depuis le montage du café et de la SCIC. La
multiplication des conflits à Mirecourt peut être vue comme la preuve d’une vivacité du
territoire et le signal d’une bonne santé démocratique locale. En effet, comme le signale
Chantale Mouffe, l’agonistique politique ou l’affrontement et la rencontre des opinions est
l’une des condition de la démocratie25. Aussi, le conflit serait finalement le signe qu’une
24 Picri PAP Scic Groupe, « Les Scic, entreprises de demain. Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion», RECMA, 2016/2 (N°
340), p. 52-64 ; EYNAUD, P., & LAURENT, A. (2017). « Articuler communs et économie solidaire : une question de gouvernance
? », RECMA, (3), 27-41
25 Mouffe, Chantal. 2010. « Politique et agonisme », Rue Descartes, vol. 67, n° 1
Camille Morel, Sébastien Poulain
21
pluralité d’opinion peut s’exprimer dans l’espace public26, et donc de vitalitépolitique. Dans ce
cas, on peut se rassurer sur la santé politique de Mirecourt !
26 Compris comme l’espace public politique d’Habermas. Morel, Camille, 2016. L’aménagement de l’espace public :objet de
débat et d’antagonismes. Le cas des parcs Lezama et Micaela Bastidas à Buenos Aires, Université Paris-Est, 433p.

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Gouvernance inclusive et alliances inédites

  • 1. Camille Morel, Sébastien Poulain 1 Gouvernanceinclusiveetalliancesinéditespourunterritoire plus innovant:le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges Référence : Avec CamilleMorel, «Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018, https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf (actes non publiés) Présentation de la journée d’étude : Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires The transformative capactites of networks in the creation of territories Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s Young researchers' workshop * * * Publié le mercredi 07 novembre 2018 par Anastasia Giardinelli RÉSUMÉ Les doctorant.e.s du laboratoire Pacte (Université Grenoble Alpes) et du laboratoire Citeres (Université de Tours) s’associent pour organiser à Grenoble une journée d’étude à destination des jeunes chercheurs et chercheuses. Intitulée « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », celle -ci s’articulera autour de deux axes : « Rôle des interactions sociales dans la production d’une transformation territoriale » et « Influence des réseaux techniques et infrastructurels dans la transition territoriale ». ANNONCE Programme Cette journée se tiendra le 15 novembre 2018 à la Cité des Territoires de Grenoble. Introduction 8h30 : Accueil des participants 8h45 : Mot d’introduction – Laurent CAILLY (MCF en géographie, Université de Tours, Laboratoire CITERES) & Gilles DEBIZET (MCF en aménagement et urbanisme, Université Grenoble Alpes, laboratoire Pacte). Session 1
  • 2. Camille Morel, Sébastien Poulain 2 Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? Sous session 1 Animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES) 9h : Nina AUBRY (doctorante en géographie, Université Angers, laboratoire ESO). Explorer les réseaux d’acteurs de l’innovation territoriale et leur rôle(s) dans la fabrique des territoires 9h15 : Marion MATHE (doctorante en géographie, Université de Poitiers, laboratoire Ruralités). L'émergence et la consolidation progressive d'un réseau d'acteurs locaux : l'exemple du projet agri -alimentaire « Mon'Plateau » en territoire montmorillonnais (86). 9h30 : Camille MOREL (docteure en urbanisme et aménagement, post-doctorante chez Crois/Sens, chercheuse associée au Lab’Urba, Université Paris-Est) & Sébastien POULAIN (docteur en sciences de l’information, post-doctorant chez Crois/Sens, chercheur associé au laboratoire Mica, Université Bordeaux Monta igne). Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges 9h45 : Discussion / débats 10h20 : Pause Sous-session 2 Animée par Fatemeh Ghalehnoee (laboratoire CITERES) et Hégra Bèdéba Kataka (laboratoire CITERES) 10h50 : Carlyne BERTHOT (doctorante en sociologie, Université Grenoble Alpes, laboratoire PACTE, CIFRE avec Ville de Grenoble). La démarche « Grenoble, Ville amie des aînés », support à une conception renouvelée de la transformation territoriale ? 11h05 : Christophe DURAND (doctorant en géographie, Université Grenoble Alpes, laboratoire PACTE). Le laboratoire récréatif : un espace de médiation territoriale créateur d’une dynamique de développement local. 11h20 : Raoul MUMA-TANZEY (doctorant en économie territoriale, Université Grenoble Alpes, laboratoire Pacte). Efficacité des relais traditionnels de mobilisation dans le réseau associatif territorial : Le cas du territoire métropolitai n de Lomé. 11h35 : Discussion / débats 12h15 – 13h45 : Pause déjeuner 13h45 : Intervention de Anne-Laure AMILHAT-SZARY (Professeure des universités en géographie, Université Grenoble-Alpes, Directrice du laboratoire Pacte) Session 2 Les avancées des réseaux techniques dans l'accompagnement de la transition des territoires vers une gestion durable. Animée par Cécile Forgue (laboratoire CITERES) et Yannick Ronzoni (laboratoire CITERES). 14h00 : Julien CREVANT (doctorant en géographie, Université Bourgogne Franche-Comté, laboratoire ThéMA, CIFRE avec GRDF). Exploration des intérêts potentiels d’un réseau de connaissances sur la fabrique d’un territoire plus durable : illustration par l’exemple de la scénarisation du développement de l’écomobilité. 14h15 : Victor BAYARD (doctorant en urbanisme et aménagement, Université Paris-Est Marne-la-Vallée, laboratoire LAB’URBA, CIFRE avec EVESA). Prégnance du réseau d’éclairage public dans les processus de transition urbaine. 14h30 : Juste RAIMBAULT (docteur en géographie, post-doctorant Institut des Systèmes Complexes de Paris Ile-de- France). Modélisation des interactions entre réseaux de transport et territoires : une approche par la co -évolution. 14h45 : Céline CUVILLER (doctorante en urbanisme et aménagement du territoire, Université Aix-Marseille, laboratoire LIEU).
  • 3. Camille Morel, Sébastien Poulain 3 Articulation entre infrastructure routière et territoire au prisme du projet de paysage. 15h00 : Discussion / débats Conclusion 15h50 : Conclusion de la journée – Kirsten KOOP (MCF en géographie, Université Grenoble Alpes, Laboratoire Pacte) & José SERRANO (MCF en agronomie, Polytech Tours, Laboratoire CITERES) 16h10 : Fin de la journée Comité scientifique  H. Baptiste  L. Beauguitte  L. Cailly  G. Debizet  C. Demaziere  K.Koop  A. Lammoglia  J. Serrano  M. Talandier Comité d’organisation  C. Forgue  T. Fonteneau  F. Galenhoee  N. Hakimi  H-B. Kataka  I. Randrianasolo  Y. Ronzoni CATÉGORIES  Géographie (Catégorie principale)  Sociétés > Sociologie  Sociétés > Économie > Développement économique  Sociétés > Études urbaines  Sociétés > Sociologie > Sociologie urbaine  Sociétés > Économie LIEUX  Salle des Actes, Premier étage du bâtiment Géographie - Cité des Territoires, 14 rue Marie Reynoard, 38100 Grenoble Grenoble, France (38) DATES  jeudi 15 novembre 2018 FICHIERS ATTACHÉS
  • 4. Camille Morel, Sébastien Poulain 4  20181115_Programme_Journée_Jeunes_Chercheurs_2018.pdf  Appel_à_com_JJC_PACTE-CITERES_VERSION FINALE_2_Prolongation.pdf MOTS-CLÉS  réseaux, fabrique, transformation, territoires, réseaux sociaux, réseaux infrastructurels CONTACTS  Thibaut Fonteneau courriel : cjcpacteciteres [at] gmail [dot] com URLS DE RÉFÉRENCE  Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires SOURCE DE L'INFORMATION  Thibaut Fonteneau courriel : cjcpacteciteres [at] gmail [dot] com POUR CITER CETTE ANNONCE « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », Journée d'étude, Calenda, Publié le mercredi 07 novembre 2018, https://calenda.org/504475
  • 5. Camille Morel, Sébastien Poulain 5 Titre : Gouvernance inclusiveetalliancesinéditespour un territoireplusinnovant :le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges Auteurs : Camille Morel, Sébastien Poulain Le territoire prend une importance accrue dans les processus économiques au point que les économistes ont forgé le concept de « capital territorial »1. Les territoires, parce qu’ils constituent des lieux où différents types d’acteurs publics et privés, associatifs et lucratifs, sont ancrés et maillés en réseaux, peuvent être des lieux privilégiés d’innovation. La proximité et le partage de valeurs communes instaurent une confiance entre des partenaires et leur permet de réduire les incertitudes qui fragilisent la capacité d’innovation. La notion d’écosystème local d’innovation introduit l’idée que le succès de l'innovation ne dépend pas uniquement de la capacité d'innovation d’un acteur, mais également de sa capacité à rendre acceptable son innovation dans le système d’acteurs dans lequel il s’inscrit territorialement. Ainsi,c’est par leconstat que lesacteurs innovants et les projets existaientmaisqu’ils n’étaientpas suffisamment relayés et mis en valeur qu’est née l’idée de la structuration d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) à Mirecourt, petite ville de 6 000 habitants située dans la plaine des Vosges. En effet, depuis 2016, l'ouverture d'un café associatif a permis d’organiser de nombreux débats et évènements lors desquels différents acteurs du territoire se sont rencontrés et présenter les initiatives locales dont ils étaient porteurs. Cette première structurea permis la mise en réseau mais l’ambition plus grande d’agir pour le développement économique du territoire est vite arrivée dans l’objectif de porter de nouveaux projets d’intérêtcollectif. La SCIC Citeomix Mirecourt a ainsi été créée en 2017 dans le but de donner une structuration juridique et une forme de gouvernance innovante à ces projets dans lequel pourront être intégrés à terme des financeurs publics et privés. Siègent dans des collèges à part égales citoyens bénévoles, associations locales, entreprises classiques ou ESS, élus et ou/collectivités et chercheurs (en cours de structuration). Les membres de la SCIC se sont imposés un cadre d’action global : identifier les besoins des citoyens pour concevoir des services utiles sur le territoire afin d’améliorer les conditions de vie globales de tous, ce qu’ils nomment le « bien-vivre maintenant ». Pour cela, ilsexpérimentent le « protocole pour un territoire innovant »2, méthodologie d’action pensée et rédigée par l’un des sociétaires qui a souhaité améliorer et tester ces théories sur son propre territoire de vie. Il s’agit en résumé de concevoir un développement économique à partir des ressources disponibles localement et à destination des citoyens donc répondant à des besoinspréalablement identifiés par des débats citoyens. L’objectif est donc de faire participer l’ensemble des acteurs locaux (élus, associations, acteurs privés, chercheurs, citoyens vulnérables…) à des actions collectives en faveur de leur bien-vivre. Le territoire vosgien étant fortement en déclin, les problématiques identifiées lors des débats touchent à la santé et l’alimentation (via l’agriculture) et doivent intégrer une nécessité de renforcement du lien social (via l’insertion et l’emploi). L’un des projets principaux de la SCIC, après avoir organisé en 1 OECD, 2001 in Enjolras, Bernard. 2005. « Économiessociale et solidaire et régimes de gouvernance », Revue internationale de l’économie sociale: Recma, n° 296, p. 56. 2 Desforges, Marc, Cordoba, Vanessa et Gilli, Frédéric. 2013. Territoires et innovation, La Documentation Française, Paris :.
  • 6. Camille Morel, Sébastien Poulain 6 2018 un festival de sensibilisation et d’échanges autour du bien-vivre dans le territoire, est le montage d’un projet de légumerie à destination de la restauration collective/ scolaire. Mais, ces idées (innovantes) ont soulevé de nouvelles problématiques dans le territoire, ne faisant pas qu’amener des réponses aux problèmes préexistants mais en posant de nouveaux, en particulier en matière de structuration des réseaux locaux. En effet, en recherchant justement à créer ou structurer de nouveaux réseaux de l’innovation, certains acteurs ont été bousculées dans leur fonctionnement, leur financement ou leur système de valeurs. A un niveau plus global, le remplacement des formes classiques de « gouvernement » par des structures de « gouvernance » plus souples ou mouvantes questionne le rôle de la puissance publique (facilitateur,leadership,coordinateur,incitateur,partenaire,collaborateur) etl’oblige à s’imbriquer dans des réseaux d’acteurs divers3 : les réseaux de politique publique4. Dans ce nouveau mode de gouvernance - qualifié de « régime de gouvernance partenariale »5 par Bernard Enjolras, les acteurs de l’ESS ont pour atout d’être davantage démocratiques et fondées sur la réciprocité et l’engagement volontaire – constituant ainsi des « périmètres de solidarité »6. Pour autant, dès lors que la création d’écosystèmes est nécessaire, se pose la question de la gestion des conflits d’intérêts, de partage de valeurs, d’échanges de pratiques, de mutualisation de coûts/d’investissement, qui compliquent la mise en œuvre de l’innovation territoriale. Pour répondre aux problématiques d’inclusion des citoyens dans les processus de décision et de nécessité d’inventer des modèles économiques plus inclusifs, de nouveaux modes de gestion apparaissent. Les Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (prés de 700 en France7) en sont l’un des exemples, plaçant le multisociétariat au cœur de leur modèle juridique8. En principe, les sociétaires travaillent ensemble à la définition d’un intérêt collectif et d’objectifs partagés dès la constitution de l’organisation9, même si des finalités divergentes peuvent émerger dans lesdifférents groupes organisationnels qui disposent d’un pouvoir distribué10.La diversité des sociétaires doit permettre à ces coopératives de représenter la diversité des besoins présents sur le territoire et de créer une synergie entre les différentes parties prenantes de la Scic11 pour mettre en place des projets d’innovation sociale alternatifs palliant les défaillances des organisations existantes et améliorant leurs pratiques. 3 SALAMON, L. M. (ed.) (2002), The tools ofgovernment, Oxford, Oxford UniversityPress 4 RHODES, R. A. W. (1997; 2001), Understanding governance, Buckingham, OpenUniversityPress 5 ENJOLRAS Bernard, « Économies sociale et solidaire et régimes de gouvernance », Revue internationale de l'économie sociale, Issue296, Mai, 2005, p. 56–69 6 MONNIER, L.et THIRY, B.(eds) (1997), Mutations structurelles et intérêt général, Paris, De Boeck. 7 692 SCICen aout 2017 d’après http://www.les-scic.coop/ l 8 MARGADO A., 2002, « Scic, société coopérative d’intérêt collectif », Recma, n° 284, p. 19-30 ; SIBILLE H., 2012, « Contexte et genèse de La créationdes sociétéscoopératives d’intérêt collectif(Scic) », Recma, n° 324, p.110-117 ; THOMAS F., 2008, « Scic et agriculture : le temps desdéfricheurs », Revue internationale de l'économie sociale :Recma, (310), p.17-30. 9 MANOURY L., BURRINI A., 2001, « L’opportunité d’un nouveau type de société à vocation sociale: la société coopérative d’intérêt collectif », Recma, n°281, p.108-134 10 DENIS J.L., LANGLEY A., ROULEAU L., 2007, « Strategizing inpluralistic contexts: Rethinking theoretical frames », Human Relations, 60(1), 179-215. 11 SIBILLE H., 2012, « Contexte et genèse de La création des sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic)», Recma, n° 324, p.110-117 ; HUET J., 2013, « Quel(s) apport(s) des Sociétés coopératives d’intérêt collectif dans la gestion de l’eau ? »,
  • 7. Camille Morel, Sébastien Poulain 7 Une SCIC, en permettant de construire des réseaux de réseaux, représente à la fois un atout pour le territoire parce qu’elle permet de mutualiser les ressources entre les membres, mais dans quelle mesure représente-t-elle un risque de rupture en complexifiant les interrelations entre les acteurs du territoire ? Dans ce type de territoire en difficulté économique, démographique et sociale, quels sont les modes de gouvernance les plus susceptibles de construire des écosystèmes de l’innovation et de les faire perdurer ? Ce type de structure peut-il permettre de recréer du lien en permettant de mutualiser des compétences et en (re)structurant les réseaux en les maillant plus solidement entre eux ? La structuration juridique en SCIC va-t-elle permettre à Citeomix Mirecourt de dépasser les problématiques inhérentes à ce type de dynamique locale ? La méthodologie mise en place pour réaliser cette enquête est conditionnée par l’implication des deux auteurs dans l’une des entreprises sociétaires de la SCIC et ont de ce fait suivi de près sa constitution. CamilleMorel,salariéedecette entreprise,est égalementchercheure associée en participation citoyenne au Lab’urba et au laboratoire EVS : elle a mené de nombreux entretiens avec les membres du café Utopic et a fait de l’observation participante de plusieurs évènements menantà la constitution de la SCIC (débats au café Utopic, réunions d’information, festival Utopic, …).Ellea aussi ponctuellement conseilléle café et la SCIC en proposant un appui méthodologique sur la gouvernance, la formation des salariés (« Entrepreneurs du Bien Vivre »), et l’organisation du festival participatif. Avec Sébastien Poulain, salarié de la même entreprise et chercheur associé en InfoCom au laboratoire MICA, ils ont réalisé des entretiens en action des participants au festival en juin 2018, ce qui leur a permis d’observer les relations et conflits in situ. Sébastien a contribué à la communication numérique du festival et participé aux formations des salariés. L’enquête menée entre septembre et novembre 2018 s’est appuyée sur cette connaissance préalable du terrain. 8 personnes ont été interviewées, parmi lesquelles des membres de la SCIC et de personnalités extérieures ayant un lien avec la SCIC, pour mieux comprendre les controverses permettant de cerner les enjeux politiques et organisationnelle de l’innovation citoyenne sur plusieurs territoires. Cet article fait donc partie d’une démarche de recherche-action puisque ses auteurs s’inspirent de leurs résultats de recherche pour en tirer des préconisations et des méthodologies d’actions réplicables sur d’autres territoires. Nous montrerons d’abord en quoi l’arrivée de ce « réseau de réseaux » représente une innovation pour le territoire en termes de socialisation de l’ensemble des acteurs, et plus particulièrement des « leaders » ou représentants des organisations locales. Puis nous montrerons comment le développement de cette SCIC peut être freiné par les problématiques portées par chacun des acteurs qui déteignent sur l’ensemble du réseau. Mémoire de M2 Management-Ressources Humaines, Développement Social, Université Montpellier III ;MARGADO A., 2005, « La Scic, une coopérative encore en devenir », Recma, n° 295, p.38-49
  • 8. Camille Morel, Sébastien Poulain 8 I. Une SCIC comme « réseau de réseaux » susceptible de tisser de nouveaux liens dans un territoire en difficulté A. Une SCIC comme outil de création de liens au sein de la population L’un des partis pris de cette SCIC est son ambition démocratique et participative c’est pourquoi le café a été mis en place un an avant que soit lancée la SCIC, comme on peut le voir dans la chronologie ci-dessous (Figure 1). Le café Utopic est pensé par les membres de la SCIC comme lepoint de départ puisque s’y sont rencontrés la plupart de ses membres.Il joue le rôle de point d’appui démocratique à l’ensemble des activités de la SCIC, conçue pour représenter la diversitédes acteursdu territoire(aveclesatouts et les difficultés que cela comporte) pour que chacun puisse s’y identifier et donc lui donner de la légitimité : les citoyens, les chercheurs, les entrepreneurs, les collectivité territoriales… Les adhérents du café ont ainsi été présents aux différentes étapes de la constitution de la SCIC. Mais c’est surtout grâce aux débats organisés les jeudi soir au café que les futurs membres de la SCIC ont pu se rencontrer, se présenter, créer des liens ou les renforcer. Par exemple, le directeur de l’Institut du Beau-Joly qui s’est formé en micro-nutrition, qui est le représentant du collège « chercheur » au sein de la SCIC, a fait une conférence sur la naturopathie au café UtopiC pour faire connaitre les expérimentations menées sur ses patients. C’est notamment à partir de ses premièresréussites thérapeutiques et de leur présentation lors des débats au café que la structuration de la SCIC s’est orientée vers la santé via l’agriculture et l’alimentation. La volonté de faire partager à plus grande échelle les résultats tirés de cette première expérimentation a donné un objectif socio-économique au développement territorial recherché par les porteurs de projets locaux. Le postulat étant que le « bien-vivre individuel » (par l’alimentation, activité physique…) a des effets sur le « bien-vivre collectif » (socialisation, création d’emploi…) et réciproquement. De la même manière, c’est la rencontre avec le Directeur de la Bouée qui a fait de l’inclusion des personnes vulnérables l’une des conditions de réussite de la SCIC et de sa légitimité sur le territoire.
  • 9. Camille Morel, Sébastien Poulain 9 Figure 1 Chronologie de la création du café Utopic à la création de la SCIC La SCIC a été rapidement soutenu financièrement par lescollectivitéspuisqu’elle a reçu plus de 50 000 euros dès sa première année12. Ce sont ces financements qui ont permis de lancer les premiers projets en plus de recruter des salariés -spécialistes d’alimentation, d’agriculture et d’animationterritoriale-pour mettre en action la SCIC : « les entrepreneurs du bien-vivre » (en l’occurrence 5 femmes). Leur mission est d’« [a]nimer le territoire auquel [elles sont rattaché[es] (Bordeaux,ouLille,ou Lyon) afinde sensibiliser ses habitants au concept de « bien- vivre », contribuer à faire émerger les projets qui peuvent en découler, contribuer à accompagner les dits projets », d’après l’offre d’emploi à laquelle elles ont répondu13. 12 Dispositif Montant Dispositif« AMI Initiatives territoriales » lancé par la RégionGrand Est 21 600 € Subvention du programme LEADER de l’Ouest desVosges pour le projet de festival Utopic & Co 27 000 € Subventions de la communauté de communes Mirecourt-Dompaire et de la commune de Mirecourt pour le projet de festival Utopic 1 500 € Subventions de la commune de Mirecourt pour le projet de festival Utopic 1 500 € 13 L’annonce précise le détailde leurs missions :« Effectuer dans [son] territoire de rattachement un état des lieux des initiatives dans les thématiques alimentation / agriculture / santé / participationcitoyenne etc. ;élaborer une cartographie des acteurs locaux ;Mettre enplace desdébats avec leshabitants et les élus afinde faire émerger les besoins, les envies e t les enjeux ;Organiser des évènements et ateliers participatifs afind’identifier des problématiques duterritoire ;Contribuer à l’animation des supports de communication oud’échange digitaux (blog, réseaux sociaux, plate-forme d’échanges) ; Construire des projets autour du bienvivre ;Identifier les leaders qui relayeront les changements de comportement ; Identifier les entrepreneurs qui pourront porter des boucles de service autour de l’alimentation, la mobilité etc. »
  • 10. Camille Morel, Sébastien Poulain 10 Le premier projet financé a été le festival « Utopic & Co » intitulé « Fêtons ensemble le bien- vivre » du 4 au 8 juillet 2018. Son programme diversifié avait pour objectif de sensibiliser et mobiliser différents types de population : expositions, ateliers créatifs, tables-rondes, cinés- débats, repas bios et pédagogiques... Le Festival a permis l’implication de 200 bénévoles en amont, 100 pendant, 45 porteur de projets, 15 associations, 14 institutions et la participation de populations très diverses : des femmes au foyers avec leurs enfants, des retraités, des étudiants ou jeunes actifs, une famille dont le père sortait tout juste de prison, des jeunes enfants accueillis à l’IME ayant des troubles du comportement… On a donc vu s’impliquer se rencontrer, s’observer, échanger, entrer en tension, collaborer des personnes avec des statuts socio-économiques différents. A cette occasion, on a pu observer l’engagement essentiel des bénévoles (ponctuels ou permanents) aux côtés des membres de la SCIC et des « entrepreneurs du bien vivre » qui a également montré une forme de coopération entre engagement bénévole, travail salarié et mise à disposition de compétences et de réseaux. De nombreux exemples illustrent cette coopération entre personnes aux statuts, compétences, capital socio-culturel très variés : Certains bénévoles comme Maryvonne ont par exemple passé 5 jours dans la cuisine du café UtopiC à préparer les plats pour les repas, Matéo a dormi sous une tente pour protéger le matériel et les œuvres artistiques installés en extérieur. Deux artistes, embauchées par la SCIC comme prestataires, ont collaboré avec des migrants accompagnés par « La Vie ensemble » et des personnes en réinsertion de « La Bouée » pour construire, dans le « Jardin Mandala » de « La Vie ensemble », un « totem » constitué de blocs de béton cellulaire gravées par des élèves d’écoles environnantes. Des personnes issues de classes populaires, vivant à quelques mètres du café UtopiC pour lesquelles le café semble trop « intellectuel » (beaucoup de débats, conférences y étant organisés), s’en sont rapprochées à l’occasion des ateliers organisés pendant le festival. Des personnes qui résident dans les logements sociaux de l’autre côté de la ville ont également participé alors qu’elles viennent peu aux activités du café. La mixité sociale qui existait déjà au sein du café UtopiC a donc été accentuée permettant à chacun d’apporter sa pierreà l’édifice,dedévelopper des compétences, d’apprendre et de se valoriser. Avancement Festival Actions misesen placegénératricesdesocialisation Préparation Conception du Festival ; Mise en relation avec les acteurs susceptibles d’aider ;créationcollectivedesdécors du Festival via des ateliers, notamment au sein de La Bouée ; organisation de débats publics pour informer sur la préparation et inciter à la participation à l’organisation Pendant Rencontre de personnes hétérogènes ; mixité sociale dans la créativité, la danse, l’alimentation ; valorisation de soi pour des personnes en difficulté Après Emergence ou consolidation de projets locaux ; renforcement des liens des membres de la SCIC ; bilans critiques sur ce qui a été réalisé avant/pendant/après le Festival ; approfondissement de la réflexion sur les potentiels de la ville de Mirecourt Tableau 1 Chronologie de la socialisation lors du projet Festival UtopiC
  • 11. Camille Morel, Sébastien Poulain 11 En outre, l’objectif de multi-localisation (Voir le plan du Festival ci-dessous) qui visait à créer des liens entre les différents espaces pour que des populations hétérogènes les fréquentent a également contribué à favoriser cette mixité : - les « hauts » de Mirecourt sont proches des logements sociaux et dispositifs d’accueil des migrants, - les bords du Madon sont des milieux naturels peu fréquentés, - la place Chantaire est devant le café et cherchait donc à le faire connaitre… Figure 2 Plan du Festival UtopiC 2018 dans le centre de Mirecourt Les Mirecurtiens en général et les personnes qui ont participé au Festival seront attentifs aux prochains projets (création d’une légumerie) et à l’éventuel renouvellement du Festival. B. Une SCIC comme outil de création de liens entre des représentants locaux La SCIC Citéomix Mirecourt a été initiée formellement à partir de la rencontre de plusieurs représentants d’organisations locales habitant (le Président de l’une de l’entreprise sociétaire de la SCIC),travaillant(ledirecteur del’IBJ)ou s’engageantbénévolement sur le territoire. Nous qualifionsici de « leaderslocaux » car la plupartdes membresde la SCIC sont au minimum dans le Conseil d’administration de l’organisation qu’ils représentent au sein de la SCIC. Travaillant sur le « territoire innovant » depuis plusieurs années et co-auteur d’une publication qu’il a souhaité expérimenter sur son propre territoire, le président de l’entreprise a joué dans ce réseau le rôle de « leader de leaders », lui qui se présente comme « expert en développement territorial depuis 30 ans ». Également co-fondateur du café associatif UtopiC, il a proposé de constituer cette SCIC comme continuité des projets émergents dans ce dernier et des rencontres qui s’y sont produites. Chaque organisation de la SCIC intervient dans le secteur
  • 12. Camille Morel, Sébastien Poulain 12 économique, social, culturel ou politique et la SCIC, en tant que réseau de réseaux, permet de construireet consolider des relationsentre ces différents secteurs. On peut voir dans le tableau ci-dessous en quoi la SCIC crée des liaisons trans-sectorielles14 entre les organisations sociétaires de la SCIC : Organismes/ présentation Café UtopiC Crois-sens La Boué Ville de Mirecourt La vie ensemble Institut du Beau-Jolly Collèges dans la SCIC « Volontaires » « Entreprises et financeurs responsables » « Acteurs bienveillants » « Institutions publiques » « Acteurs bienveillants » « Acteurs de la recherche et du bien commun » Secteurs d’activités Socio-culturel (Rencontres, débats, concerts) Economique (Développement socio- économique territorial) Social (Insertion professionnelle) Politique (publique locale) Social (Insertion sociale et aide aux migrants) Socio-culturel (Education, santé) Mode de fonctionnem ent interne Bénévolat animé par un CA Salariat dans une entreprise Salariat dans une association Salariat et fonctionnariat dans une institution publique Salariat dans une association Salariat dans un établissement public Nb de bénévoles ou salariés A atteint 2000 adhésions en une année 10 salariés et dirigeants 10,4 ETP soit 14 salariés ; 2 à 3 bénévoles ; 20 aine de contrats signés/an 69 salariés, le maire représente plus de 5 000 habitants 49 salariés / 57 ETP Tableau 2 Présentation des principales caractéristiques des membres de la SCIC En partageant leurs compétences et leurs réseaux, on observe une forme de socialisation dans un premier cercle interne aux leaders sociétaires fondateurs. Ensuite, ce premier cercle a délégué le pilotage opérationnel au comité de pilotage (COPIL) pour l’organisation du Festival, ce qui constitue un second cercle de socialisation et agrandit la forme de gouvernance en théorie. Ce second cercle a pu s’appuyer sur les membres de la SCIC et les forces vives qu’ils représentent. Ce COPIL rassemblait les cinq Entrepreneurs du Bien-Vivre, deux artistes embauchés comme prestataires pour l’accompagnement artistique du Festival, et une représentante du café,a ainsi bénéficiédu réseaudes sociétaires.Par leur intermédiaire,ilsont permis une socialisation « en cascade » auprès des salariés, bénévoles et bénéficiaires des organisations composant la SCIC,mais égalementauprès de la population localeen général. En effet, le projet de la SCIC est basé sur faire compenser la limitation du capital économique par le capital social territorial et nécessite donc cet agrandissement successif des cercles de socialisation, comme le montre les tableaux ci-dessous. 14 Carroll 2001 in ENJOLRAS Bernard, « Économies sociale et solidaire et régimes de gouvernance », Revue internationale de l'économie sociale, Issue296, Mai, 2005, p. 56–69
  • 13. Camille Morel, Sébastien Poulain 13 Niveaux de socialisation Acteurs Actions 1 Membres de la SCIC Réflexion stratégique, Mise en relation, ingénierie pour obtenir le financement, information et formation au sein des organisations qu’ils représentant 2 Entrepreneurs du Bien Vivre Copilotage opérationnel de tout le Festival 3 Salariés et bénévoles des organisations de la SCIC / prestataires de la SCIC / porteurs de projets Implication variable mais toujours plus accrue à l’approche du festival 4 Bénéficiaires des services des organisations de la SCIC Participation ponctuelle lors d’ateliers pour préparer une programmation et présence lors du Festival 5 Population locale / journalistes Présence, voire participation active, lors des événements de préparation et du Festival Tableau 3 de socialisation « en cascade » mise en mouvement par la SCIC Au final, ce premier projet a permis aux personnes qui y ont participé de développer leurs capitaux sociaux, culturels, économiques… comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous : Type de capitaux développés Exemples Sociaux Rencontres, socialisation depersonnes issues dedifférents âges, professions,milieux, genres, institutions…; travail d’intégration sociale pour des personnes en difficulté sociale (alcool, drogue, solitude, problèmes psychologiques)ouétrangères Culturels Une forte dimension pédagogique (pour les écoliers mais aussi les autres générations) sur la manière de s’alimenter, de prendre soin de soi, de prendre en compte son environnement ; apprentissage de la langue pour les immigrés ; apprentissageartistique (musique, danse, théâtre, peinture…) pour les membres de la Bouée et le public Politiques Une légitimation de la SCIC, et ses sociétaires à travers elle, comme nouvel acteur local ; développement de la démocratie locale ; le maire a fait part de sa volontéde reproduire ce type d’événement Economiques Recrutement desentrepreneurs dubien-vivre;prestations d’artistes, producteurset entrepreneurs locaux ; de l’auto-financement du Festival via de la restauration ; Développement de compétences logistiques, organisationnelles et gestionnaires de la SCIC ; des idées de projets ont émergé ou ont été renforcées Symboliques Unnouvelévénementlocalquimontreunenouvelleformede dynamismelocal; une valorisation de l’image des acteurs qui ont participé à sa mise en œuvre et qui ont développé de nouvelles compétences ; prise de consciences des acteurs de leurs
  • 14. Camille Morel, Sébastien Poulain 14 envies, de leurs potentiels et de celui de leur ville ; revalorisation de lieux qui ne servaientplus commel’ancienne scierie Figure 4 présentant les différents capitaux développés grâce au Festival Pour autant, même si des relations se sont créées et les formes de socialisation multipliées, on observe un certain nombre de freins qui ont nui au développement du réseau comme nous allons le voir dans la deuxième partie. II. …mais freinée par la complexité de son organisation et les difficultés du territoire La participation citoyenne à la conception des politiques publiques et à l’innovation socio- économique est souvent un objectif annoncé mais souvent difficile à obtenir alors même qu’elleest de plus en plus considérée commenécessaire par les différents acteurs du territoire pour pouvoir lancer de nouvelles idées, de nouveaux projets. Il s’agit de faire en sorte que tous les acteurs du territoire participent tout à la fois à la conception, à la délibération et à la mise en place. Cet idéal de redémocratisation de la démocratie se confronte à de nombreuses difficultés sociales, économiques, techniques, politiques que soulignent régulièrement les chercheurs spécialistes de démocratie participative15 comme les acteurs politiques et économiques qui promeuvent cette participation. Les membres de la SCIC, pourtant conscient de ce défi et des difficultés sous-jacentes, n’ont pourtant pu éviter de tomber dans certains pièges. En effet, si la gouvernance en réseau représentent une opportunité de développement pour le territoire, plusieurs risques et difficultés ont été mis en avant par les membres de la SCIC eux-mêmes et les acteurs externes. A. La SCIC comme outil de mise en relation à plusieurs niveaux très complexe Le modèle socio-juridique de la SCIC, qui demeure peu connu par rapport à celui des associations, collectivités territoriales, ou des entreprises privées, est souvent mal compris, y comprispour les membresde la SCIC eux-mêmes.Les statuts de la SCIC Citeomix illustrent bien cette complexité avec pas moins de 34 pages ! Si ce modèle permet d’associer au sein d’une même structure juridique des organisations au statuts complètements différents, il est obligé de composer avec leur caractéristiques propres qui ne sont pas (toutes) solubles dans cette méta-structure. Il s’agit donc d’une structure à plusieurs étages qui regroupe à la fois des individus et des organisations qui ont désigné l’un de leurs membres pour les représenter au sein de la SCIC. La Mairie a ainsi désigné l’une de ses adjointes qui trouve que « les enjeux sont compliqués », le Maire assistant souvent lui-même aux réunions. Le CA du Café Utopic a également désigné l’une de ses membres comme porte-parole qui avoue ne pas bien savoir comment se positionner lors des prises de décision à la SCIC. Elle estime avoir un mandat impératif (bien que ce ne soit pas clairement défini) et ne vote qu’après en avoir discuté avec le CA du café, pourtant elles’exprime plutôt librement lors des délibérations de la SCIC et prend plutôt partie pour la SCIC lors des conseils d’administration du café. Pour ce qui est des individus, on compte 15 Blondiaux, Loic. Le Nouvel esprit de la démocratie, Paris, Le Seuil, 2008.
  • 15. Camille Morel, Sébastien Poulain 15 le directeur de l’IME, sociétaire à titre personnel puisqu’il était trop compliqué au moment de la création de la SCIC d’engager sa structure dépendante de règlements publics. D’autres acteurs ont également plusieurs casquettes comme le premier président de la SCIC qui a aujourd’hui déménagé et quitté l’ensemble de ses postes. Ancien membre du Conseil d’Administration du Café Utopic, il était également chef de projet au PETR des Vosges. Son multi-positionnement aurait pu être un atout pour le partage d’information mais a pu être perçu comme un conflit d’intérêt et a suscité des craintes vis-à-vis de l’extérieur. Autrement dit, les acteurs ont différents niveaux de liberté d’intervention selon les postes qu’ils occupent, et leur polyvalence peut compliquer leur positionnement selon la distance qu’ils prennent vis- à-vis de l’une ou l’autre de leurs « casquettes ». De la même manière, les organisations ne constituent pas des entités homogènes mais des associations d’acteurs humains et non- humains comme le signale Bruno Latour16. Ainsi, dans une institution comme l’INRA, qui est présente dans la ville et a été approchée pour faire partie de la SCIC, si certaines personnes sont particulièrementopposées et virulentesface aux développements de la SCIC ce n’est sans- doute pas le cas de tous ses membres. Enfin, dans les statuts de la SCIC figurent les prémisses de la création d’un réseau de SCIC Citeomix anticipantd’autres structures SCIC localesà l’échelle nationale, dont l’ambition est de donner une envergure plus large aux actions locales par l’effet d’entrainement ou de démonstration. Ce réseaude réseaux de réseaux,qui incluraitdes chercheurs (dont les auteurs de cet article font partie) et autres acteurs d’envergure nationale comme des financiers, contribue à la fois à éloigner le projet de sa base active et favorise ainsi la méfiance ou l’incompréhension. Aujourd’hui, les membres de la SCIC ne comprennent pas tous les enjeux sous-jacents mais ont le sentiment que l’effet démultiplicateur peut leur apporter des avantages. Mais le revers de la médaille est que les détracteurs de la SCIC lui prêtent des intentions « multinationales » ou éloignées des enjeux réels du territoire. B. Un outil de gouvernance paradoxal La pluralité des statuts des sociétaires de la SCIC est en soi un défi pour la gouvernance et la mise en œuvre des actions. Les compétences variées de chaque membre sont souvent complémentaires et permettent ainsi d’aller plus loin quand la confiance et la répartition des tâches se fait bien. Pour autant, le décalage de capital culturel et social entre les membres complexifie parfois la compréhension entre eux et peut être susceptible de créer à terme des tensions ou de la méfiance. Par ailleurs, même si le regroupement de ces structures au sein d’une méta-structure repose sur un partage d’objectifs et de valeurs communes, les stratégies et les capitaux pour les mettre en œuvre ne sont pas totalement partagés (logiquement) et s’entrechoquent parfois (cf. tableau). Ainsi, comme le montre le tableau, les effets attendus et les fonctionnements internes sont parfois contradictoires : par exemple, le rapport au temps n’est pas le même pour une entreprise privée soumise à des contraintes budgétaires et pour une collectivité qui doit faire avec le tempo institutionnel. En outre, l’une fonctionne sur une logique verticale de 16Latour Bruno, Changer de société, refaire de la sociologie, Editions la Découverte, 2006.
  • 16. Camille Morel, Sébastien Poulain 16 management entrepreneuriale tandis que l’autre, tout comme les associations, est soumise à une logique plus horizontale (démocratique), dans le sens où le maire est soumis à l’enjeu de son élection et doit donc se conformer aux attentes citoyennes, même s’il a le dernier mot durant son mandat. La rencontre de ces critères n’est pas vraiment régie par les statuts ni solutionnée par les collèges et chaque acteur porte sa voix dans les délibérations jusqu’au vote à la majorité qui clôture ce processus de décision. Organismes/effets attendus Economiques Sociopolitiques Symboliques Café UtopiC Directs : Financer des projets plus importants Indirects: Accueillir d’autres adhérents pouranimer le café Directs : Reconnaissancelocale Crois-sens Indirects : Obtenir des missions de conseil, développer une école, se développer Directs : Reconnaissance institutionnelle pour viser d’autres territoires Directs : Validation d’uneméthodeBVM au niveau national Institut du Beau Jolly Indirects : développement du territoire pour se maintenir Directs : Reconnaissance institutionnelle Directs : Validation scientifique d’une méthode de soin La Bouée Directs : création d’emplois Directs : Reconnaissance institutionnelle Directs : Reconnaissance de l’utilité Ville deMirecourt Directs : Développement économique de Mirecourt = création de projets et d’emplois Indirects : Réussite potentielle en vue d’élections Directs : Reconnaissance institutionnelle Directs : Reconnaissancelocale d’une ville dynamique et du bien vivre La vieensemble Directs : développement de compétences Indirects: recherche d’emploi pour les personnes en insertion Directs : Intégration sociale, apprentissage de la langue et de la culture Directs : Reconnaissancelocale Tableau 5 des effets attendus par les différents membres de la SCIC Par ailleurs, les atouts et les difficultés de chaque organisation se reflètent au sein de la SCIC qui en tire parti ou en pâtit, mais c’est leur complémentarité qui a fait le lien entre les sociétaires qui ont compris qu’ils avaient intérêts à travailler ensemble comme on le voit dans le tableau ci-dessous :
  • 17. Camille Morel, Sébastien Poulain 17 Organismes/ présentation Café UtopiC Crois- sens La Boué Ville de Mirecourt La vie ensemble Institutdu BeauJolly Atouts Bénévoles actifs et motivés Ingénierie pour les AAP, réactivité Légitimité locale / compétences disponibles pour des projets Tiers de confiance Légitimité locale / compétences disponibles pour des projets Personnel important et jeunes Difficultés Fonctionnement démocratique qui nécessite information, pédagogie, lenteur Manque de légitimité sur le territoire Population en difficulté, fragile Médiation, équilibre territorial Barrière socioculturelle Population en difficulté, fragile Tableau 6 Atouts et difficultés des membres de la SCIC Si les conflits internes sont pour l’instant limités par le partage d’objectifs communs, les rapports avec les acteurs externes à la SCIC ont été largement complexifiés par la construction du Projet Alimentaire de Territoire17 (PAT) au premier semestre 2017 dans lequel la SCIC souhaitait être partie prenante. Les reproches portent d’une part sur la méthode : pas assez transparente et participative malgré un affichageorienté sur ce point. Elles portent aussi sur le fond : la critique de la recherche de bénéfices économiques a fragilisé sa structuration interne. En outre, les conflits internes au café Utopic qui portaient sur ces sujets ont déteint sur le reste du territoire par effet de domino via les réseaux dans lesquels les membres du CA étaient déjà impliqués (ces structures auraient pu être intégrées à la SCIC : INRA, Foyers Ruraux, …), entrainantlepositionnement de l’ensembledes acteurs pressentis pour le PAT, à se positionner en faveur ou contre l’inclusion de la SCIC dans le PAT à l’été 2018 (cf. Figure 6). 17 Prévus dans la loi d’avenir pour l’agriculture,l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 (Art 39), les projets alimentaires territoriaux s'appuientsur un diagnostic partagéfaisantun état des lieux de la production agricole et alimentaire locale, du besoin alimentaire du bassin de vie et identifiant les atouts et contraintes socio- économiques et environnementales du territoire. sont élaborés de manière concertée à l’initiative des acteurs d'un territoire. Ils visent à donner un cadre stratégique et opérationnel, à des actions partenariales répondant aux enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé.
  • 18. Camille Morel, Sébastien Poulain 18 Figure 3 Schéma du réseau d’acteurs internes et externes à la SCIC Ces conflits s’ajoutent aux habituelles querelles interpersonnelles, et il faut noter que le positionnement du Président de l’entreprise en leader naturel du café puis de la SCIC a constitué un point de crispation important. Cette personnalitéforte par son caractèreet de par sa posture revendiquée d’expert du territoire a été clivante. II a fait l’objet de rumeurs et de critiques concernant sa gestion de la séparation entre sa vie personnelle et son activité professionnelle18. Ces attaques personnelles, à la limite de la diffamation, lancées par ses détracteurs ont contribué à délégitimer ses idées au détriment de l’ensemble du processus. Cette entreprise de dénigrement est allée jusqu’à son exclusion du CA du café, et il n’a pas souhaité se présenter au bureau de la SCIC pour lui permettre de regagner la confiance des autresacteursdu territoire.Autrementdit, on observe une forme de leadership qui se retourne contre le leader quand il catalyse du ressentiment, s’il a permis de créer le réseau il le met en même temps en difficulté par sa personnalité. Par ailleurs,il faut noter que ses expériences professionnelles ont pu lui permettrede maitriser le domaine des politiques publiques, du conseil et de l’ingénierie de projet, ce qui a été très utile à la SCIC. Cependant, sa méconnaissance du monde associatif, académique et de l’Economie Sociale et solidaires, de ses habitudes19 ont pu lui faire défaut au départ occasionnant plusieurs malentendus. De la même manière, la méconnaissance du monde de l’entreprise, à laquelle la SCIC appartient puisque c’est une société par action simplifiée, complique l’ambition de transparence et de démocratie des fondateurs de la SCIC. D’autres expériences suggèrent que « Finalement, il revient aux dirigeants des Scic eux-mêmes d’organiser en internedes contre-pouvoirs et des relaisà leurs visions et actions. »20Ils peuvent 18 Sa femme étant présidente ducafé et sa fille, salariée de la SCIC 19 Véronique Bordes, Christophe Dansac. Peut-on accompagner le renouvellement de la gouvernance dans les associations d’éducation populaire ?. 6ème Colloque du Réseau International de l’Animation, Oct 2013, Paris, France. 20 Picri PAP Scic Groupe, « Les Scic, entreprises de demain. Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion », RECMA, 2016/2 (N° 340), p. 52-64
  • 19. Camille Morel, Sébastien Poulain 19 même « être amenés à réduire les niveaux de participation pour pouvoir agir au quotidien », ce qui serait une remise en cause de l’un des partis-pris de la SCIC mais lui permettrait peut- être de perdurer. C. La SCIC, entre rupture et continuité écosystémique locale Dans un territoire en difficulté comme Mirecourt, nous avons été surpris de constater que de nombreuses initiatives locales existent et tentent de s’installer avec les moyens réduits dont elles disposent. Les équilibres sont donc difficiles à trouver et la SCIC semble représenter soit une opportunité soit une concurrence pour les partenaires. En effet, la constitution du PAT se poursuit actuellement sans la SCIC mais avec ses membres individuellement, c’est-à-dire que leregroupement d’organisationsa été exclu temporairement du fait de sa méthode qui n’a pas été jugéesatisfaisante(et peut-être du faitde la participationdel’entreprise en question), mais que ses membres (La Bouée,l’IME,la Vieensembleou lecafé)pourraientcontinuer à participer en leur nom propre à sa constitution. Au-delà des reprochesqui lui sont faitsdu point de vue de la gouvernanceet de la transparence, on peut se demander si ce n’est pas l’arrivéed’un nouvel acteur puissant dans un champ stable rétrécissant, autrement dit l’innovation elle-même que constitue ce « réseau de réseaux » qui pose problème. En effet, la SCIC bouscule les équilibres précaires qui se sont constitués difficilement dans des situations difficiles : faibles financements, inertie des politiques publiques, engagement des citoyens à initier … Ces organisations qui ont le sentiment d’avoir accompli un effort difficile voient d’un mauvais œil cet acteur nouveau dont elles n’ont pas beaucoup entendu parler etqu’ellesperçoiventcommeconcurrentielle sur le plan économique (subventions publiques limitées) et de la mobilisationcitoyenne, mêmesi réduite. En revanche, elles ont le sentiment qu’il ne maitrise pas les sujets de fond (agriculture) et ne voient pas du tout les complémentarités que pourraient engendrer leur partenariat : mutualisation de la recherche de financement, de la mobilisation citoyenne, de la communication, de l’ingénierie de projet… La complexité pour la survie de la SCIC réside donc dans sa définition même : la création de nouveaux réseaux passe obligatoirement par la remise en cause de positions établies et éventuellement la destruction de liens/relations précédentes. Selon Larpin, « la complexité apparente du sociétariat a plutôt aidé les porteurs à affiner leur projet et régler leurs priorités. »21, reste à savoir si cela s’appliquera à la SCIC. La coopération « donne une légitimité aux acteurs pour défendre des projets sortant des cadres et présentant un potentiel de transformation sociale »22, et favorise « l’implication des acteurs institutionnels dans le développement de projets risqués et sortir de leur logique de prudence gestionnaire à l’égard de l’innovation sociale »23. Enfin, la SCIC sera confronté à d’autres difficultés liées à l’inertie socio-économique locale qui mettra en doute son efficacité ou lui mettront la pression des résultats : 21 LarpinE., 2011, « 10 ans de Scic: Unbilan positif et porteur de perspectives », Revue Participer, 641, 11-14. 22 Picri PAP Scic Groupe, « Les Scic, entreprises de demain. Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion», RECMA, 2016/2 (N° 340), p. 52-64. DOI : 10.7202/1037402ar. URL : https://www.cairn.info/revue-recma-2016-2-page-52.htm 23ibid
  • 20. Camille Morel, Sébastien Poulain 20 - Un territoire en difficulté et des inégalités sociales maintenues à moyen à moyen terme : 20% des habitants avec les minimas sociaux - la part importante de personnes en difficultés sur le territoire qui nécessitent un besoin d’encadrement important comme la montrée la coopération limitée entre artiste et bénévole lors de la confection du totem - Une imagetropintellectuelleetpeu accessibledu caféet du festival qui provoque un décalage avec le capital socio-culturel moyen des personnes ciblées sur le territoire : les bénéficiaires de la Bouée ne participent pas aux activités du café, donc des instances de représentations démocratiques à repenser. Conclusion : Les acteurs de la SCIC sont unanimes à reconnaitre l’intérêt de la SCIC et souhaitent que d’autres acteurs y participent. Mais ils veulent améliorer les relations entre eux, avec les membres de chacun des réseaux et avec les autres acteurs du territoire. La question de la confiance et la construction de codes unanimement partagés semblent être un préalable auquel vont devoir se confronter les membres de la SCIC pour solidifier le réseau et lui permettre de s’agrandir sans risquer de le fragiliser davantage. La question est maintenant de savoir si la SCIC va vraiment permettre les échanges démocratiques entre tous les membres et la représentation de leur diversité. S’ils ont compris en interne l’intérêt de chacun à travailler ensemble, leur logique et objectif variés vont-t-ils permettre cette mutualisation de moyens nécessaire ? Dans d’autres étude de cas de SCIC24, celles-ci n’associentpour la plupart que des acteurs au statut similaire, dont la mise en relation est plus évidente. Il s’agit souvent de regroupement d’associations ou d’individus, gérées de façon assumée par un leader avec une hiérarchie relativement verticale. En ce sens, cette SCIC est un modèle complétement nouveau qui hybride plusieurs domaines : différents échelons territoriaux, multiacteurs et multisectoriels. Elle y ajoute l’idéal de légitimité démocratique en voulant y associer les citoyens. C’est l’auto-imposition de cet objectif qui lerend très ambitieux mais également très compliqué. Il s’agit d’appliquer un modèle théorique innovant, qui nécessite la pratique du temps, de la confiance,de l’ouverture d’esprit, de la collaboration... en cours de construction. La SCIC n’a qu’un an et notre étude aussi donc « affaire à suivre ». En tous les cas, la SCIC a réussi à transformer Mirecourt en un lieu d’attractivité, d’animation via les nouvelles relations qui se sont créées depuis le montage du café et de la SCIC. La multiplication des conflits à Mirecourt peut être vue comme la preuve d’une vivacité du territoire et le signal d’une bonne santé démocratique locale. En effet, comme le signale Chantale Mouffe, l’agonistique politique ou l’affrontement et la rencontre des opinions est l’une des condition de la démocratie25. Aussi, le conflit serait finalement le signe qu’une 24 Picri PAP Scic Groupe, « Les Scic, entreprises de demain. Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion», RECMA, 2016/2 (N° 340), p. 52-64 ; EYNAUD, P., & LAURENT, A. (2017). « Articuler communs et économie solidaire : une question de gouvernance ? », RECMA, (3), 27-41 25 Mouffe, Chantal. 2010. « Politique et agonisme », Rue Descartes, vol. 67, n° 1
  • 21. Camille Morel, Sébastien Poulain 21 pluralité d’opinion peut s’exprimer dans l’espace public26, et donc de vitalitépolitique. Dans ce cas, on peut se rassurer sur la santé politique de Mirecourt ! 26 Compris comme l’espace public politique d’Habermas. Morel, Camille, 2016. L’aménagement de l’espace public :objet de débat et d’antagonismes. Le cas des parcs Lezama et Micaela Bastidas à Buenos Aires, Université Paris-Est, 433p.