Présentation de Nicolas PEIROT (Univ. Bourgogne Franche-Comté), "Gouvernance démocratique et rationalisation algorithmique : les conditions d’un empowerment 2.0 durable", dans l'Atelier 10 "Gouvernance et Economie Sociale et Solidaire" de la XVe Conférence Annuelle Internationale INTI « Économie Sociale et Solidaire dans les territoires », 22-25 novembre 2016, Charleroi et Liège, Belgique.
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
INTI2016 161124 Gouvernance démocratique et rationalisation algorithmique - les conditions d’un empowerment 2.0 durable
1. Gouvernance démocratique et rationalisation
algorithmique : les conditions d’un empowerment
2.0 durable.
« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
NICOLAS PEIROT DOCTORANT EN SCIENCES DE L’INFORMATIONS ET DE LA COMMUNICATION
RÉSEAU TRANSITION DIJON, UNIVERSITÉ DE BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ
1
2. • Un projet de recherche initié en 2015 par le Réseau de Recherche sur la Transition socio-
écologique, cofinancé par le Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté et la société
Synergence.
• Saisir les enjeux de l’animation communautaire au sein de dispositifs socio-écologiques
2.0.
• Mettre en regard le modèle de gouvernance de l’ESS avec les enjeux
algorithmiques du web 2.0 identifiés dans le cadre du projet.
Le projet « Empowerment 2.0 »
2« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
3. 1. Empowerment socio-écologique et web 2.0 : une problématisation empirique de la
question algorithmique
2. Empowerment et rationalisation algorithmique de l’engagement : le cas des
plateformes de la consommation collaborative.
3. Les algorithmes 2.0 : enjeux et perspectives pour l’ESS
>> Conclusion et perspectives de recherche
Gouvernance démocratique et rationalisation algorithmique :
les conditions d’un empowerment 2.0 durable
3« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
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L’émergence des plateformes du « web 2.0 » (O’Reilly, 2005) :
• Un internet entouré d’un imaginaire « révolutionnaire » (éthique hacker).
• Les caractéristiques d’internet : idéal communautaire, coopération, architecture
ouverte, discussion.
Empowerment socio-écologique et web 2.0 : une
problématisation empirique de la question algorithmique
+
Un engagement socio-écologique qui peine à émerger dans le cadre de
dispositifs institutionnalisés :
• 00’s : intégration de la démocratie participative aux politiques
environnementales nationales et surtout locales (Agenda 21).
• Une démocratie participative en échec : contestée par les élus, les experts, les
associations et les citoyens.
« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
5. 5
Trois dispositifsinscritsau sein de territoires« vulnérables» et/ou
« en transition»
Quels dispositifs sociotechniques 2.0 (d’animation communautaire) pour
accompagner l’engagement dans la transition socio-écologique ?
Dijon,
dispositif
« associatif-institutionnel »
Montréal,
dispositif
« alternatif »
Grenoble,
dispositif
« institutionnel »
Moins jeter, la bonne idée Fontaine d’Ouche en Transition Les Incroyables Comestibles
« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
6. 1. Une tendance générale à l’appropriation des plateformes du web 2.0 par les
acteurs de la transition socio-écologique.
» Des pratiques qui mêlent réseaux sociaux et plateformes de l’économie collaborative.
» Des formes d’engagement qui privilégient peu la discussion.
» Une participation qui s’élargit à des dimensions « expressivistes » (Monnoyer-Smith, 2011), au-
delà d’une perspective purement rationaliste de l’engagement.
2. Des stratégies de community management guidées par la nécessité d’émerger
dans le triage algorithmique de l’information :
» « Comment apparaître dans les fils d’actualité ? »
» Les calculateurs 2.0 s’imposent comme des instances de médiation entre les organisations
engagées dans la transition et les usagers contributeurs.
A. Empowerment éco-citoyen et web 2.0 : une
problématisation empirique de la question algorithmique
6« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
7. On retrouve cette rationalisation algorithmique de l’engagement socio-écologique à un niveau
marchand dans le cadre des pratiques de « consommation collaborative » :
x « Un modèle économique basé sur l’échange, le partage, la location de biens et services privilégiant
l’usage sur la propriété » (Botsman et Rogers, 2011).
Les auteurs distinguent trois formes organisationnelles :
x « Product Service System » : partage de l’usage d’un bien sans en avoir la propriété.
x Les systèmes de redistribution : passage d’un bien d’une personne à une autre.
x Les styles de vies collaboratifs : partage de ressources et de compétences (temps, espace,
connaissances).
Des pratiques qui outrepassent les intermédiaires traditionnels pour mettre en relation de
manière automatisée offre et demande.
B. Empowerment et rationalisation algorithmique de
l’engagement
7« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
8. Des pratiques de partage de biens et de ressources qui s’inscrivent de fait dans
une perspective de transition…
Mais des pratiques utilitaristes dans lesquelles les motivations écologiques seraient « réelles mais
non prédominantes » (Robert, Binninger et Ourahmoune, 2014).
Des pratiques qui pourraient alimenter une forme de « turbo-consumérisme » collaboratif
(Lipovetsky, 2006) : accélération des cycles du désir.
Des pratiques qui s’inscrivent bien dans une forme d’empowerment…
Proche de l’idéal-type « néo-libéral » : « une manière de favoriser l'action rationnelle et de
maximiser le bien-être individuel dans un contexte déterminé par l'économie de marché ».
Une « gouvernementalité » foucaldienne : des dispositifs qui orientent sans contraindre.
Une captation des données des utilisateurs sur un mode capitalistique traditionnel qui n’est pas
sans conséquences sur les territoires.
B. Empowerment et rationalisation algorithmique de
l’engagement
8« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
9. B. Empowerment et rationalisation algorithmique de
l’engagement
9
La plateforme en tant que dispositif de médiation algorithmique qui instaure la relation entre
utilisateurs :
1) Niveau réputationnel : injonction à évaluer ses pairs.
2) Niveau prédictif : définition d’un prix, mise en relation, promotion sur la base des traces de navigation.
« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
10. Cette « mise en équation du social » et les objectifs marchands qu’elle sert
questionne l’idéal communicationnel de la communauté en ligne (Galibert, 2015) :
• Logiques de don (Mauss, 1999) : qu’advient-il de la réciprocité des échanges et des formes de
désintéressement ?
• Logiques de reconnaissance (Honneth, 2013) : dans quelle mesure les échanges s’inscrivent-
ils encore dans une logique de lutte contre le mépris gommant les rapports de domination ?
• Ethique de la discussion (Habermas, 1987) : dans quelle mesure cette organisation garantit-ele
encore une argumentation raisonnable et raisonnée entre participants ?
S’agit-il s’adhérer à la perspective de collectifs « n’ayant pas conscience d’eux-
mêmes » (Sarrouy, 2013) ne partageant ni objet, ni identité, ni préoccupation
commune ?
• L’hypothèse de collectifs en ligne « mis en existence » par le traitement algorithmique des
traces des utilisateurs plutôt que par la « force intégrative de la communication » (Habermas,
1987).
Une perspective qui appelle une validation empirique mais qui possède une
dimension heuristique en regard de l’idéal de gouvernance démocratique de l’ESS.
C. Les algorithmes 2.0 : enjeux et perspective pour l’ESS
10« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
11. Une nécessaire réappropriation des enjeux algorithmiques 2.0 par l’ESS :
• Des échanges marchands en ligne préemptés par des modèles « prédateurs » (Lasne, 2015).
• Une « confusion de langage subtilement entretenue » entre économie collaborative et ESS,
selon Hugues Sibille (2016).
Une perspective de société solidaire et démocratique qui permet s’extraire de la « promesse
d’objectivité des algorithmes » (Gillespie, 2012).
Une réappropriation pour mettre en débat les implications politiques des algorithmes et la
manière dont ils représentent la société :
1. Les « choix d’inclusion » : quelles informations de la base de données sont mobilisées ?
2. Les « cycles d’anticipation » : dans quels cas leur capacité de prédiction est-elle légitime ?
3. L’évaluation de la « pertinence » : ouvrir la boîte noire et mettre en discussion les critères qui
légitiment ou non un savoir.
4. Leur « enchevêtrement avec les pratiques » : les calculateurs dessinent des usages, mais les
usages peuvent aussi apparaître comme un moyen de contestation d’un mode de calcul
automatisé.
C. Les algorithmes 2.0 : enjeux et perspective pour l’ESS
11« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
12. C. Les algorithmes 2.0 : enjeux et perspective pour l’ESS
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ESS (radar Cress-Paca / LEST-CNRS) Une perspective « sociale et solidaire » des
algorithmes 2.0
Répondre aux besoins sociaux. Intégration des usagers sur l’ensemble du service
avec leur « consentement éclairé ».
Processus participatifs Une gouvernance participative qui intègre
citoyens, financeurs, collectivités, salariés etc.
Lien au territoire Evaluation de l’impact sur le territoire, des limites
du modèle.
Modèle économique Un modèle économique mixte, intégrant
partenaires publics, privés et contributions non-
monétaires.
Appropriation collective de la valeur Prise en compte de l’usager comme un
producteur de valeur (vs travail gratuit).
Les outils d’analyse de l’ESS permettent de repenser la manière dont nous « voulons être calculés » :
« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
13. » Les algorithmes 2.0 apparaissent comme des objets numériques que les principes de l’ESS
permettent de repenser (sans rejeter les possibilités offertes par les calculateurs).
» Les formes collectives mises en existence par les algorithmes 2.0 au sein de l’économie
collaborative demeurent cependant à interroger.
Peut-on se résoudre aussi simplement à un « effondrement du social » ?
Un programme de recherche 2016-2017, qui entend s’intéresser aux hybridations
possibles entre idéal de la communauté virtuelle et mise en existence algorithmique des
collectifs en ligne :
» Observation netnographique (Kozinets, 2010) de dispositifs paroxystiques : Blablacar,
Change.org.
» Une série d’entretiens individuels avec les publics concernés par l’usage et la conception :
utilisateurs, community managers, data analysts, fondateurs des plateformes.
>> Conclusion et perspectives de recherche
13« Économie sociale et solidaire dans les territoires. Enjeux et perspectives ». INTI – 23, 24 et 25 novembre 2016, Charleroi et Liège.
14. Merci de votre attention.
@ResoTransition
@NicolasAntoineP
14th Annual International Conférence of
Territorial Intelligence – 21, 22.10 2015,
Ouarzazate, Marocco
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Notes de l'éditeur
Dijon a été témoin, juste avant mon départ d’échauffourées en plein centre entre des CRS et des activisites, qui militent contre le remplacement d’une ancienne friche, transformée en jardin partagé en éco-quartier
Perspective TSE du Réseau : préparer et accompagner les changements sociaux et sociétaux en vue d’atteindre un niveau écologique soutenable.
Grenobe : ville historique de l’empowerment, sensibilité au numérique.
Dijon : poursuite du projet MOVIDA.
Montréal : situation dans une zone pionnière de l’empowerment.
Les deux points qui nous intéresse dans le cadre d’une réflexion sur l’ESS :
Malgré l’existence d’un « techno-scepticisme 2.0 » (économique, démocratique, expressive).
Des pratiques ambivalentes.
Hughes Sibille, président du « labo de l’ESS »
Partagez-vous ce constat d’une crise de l’engagemet citoyen et éco-citoyen institutionnel ?