Résilience d’un quartier populaire : enjeux d’un community management territorial. Retour sur expérience : programme Mocida, quartier de Fontaine d'Ouche, Dijon (Bourgogne, France). Comment mobiliser les citoyens aux comportements éco-responsables ? Cyril Masselot
1. Résilience d’un quartier populaire :
enjeux d’un community management territorial
Retour sur expérience :
quartier de Fontaine d'Ouche, Dijon (Bourgogne, France)
Cyril Masselot
Cimeos - Information and Communication Sciences
1
2. Cadre de la recherche :
VeT (Villes en Transition)
2
Comment mobiliser
les citoyens
aux comportements
éco-responsables ?
Rob Hopkins, The Transition Handbook, 2008
4. Conception du dispositif socio-technique expérimental
Notre communication se fonde sur l’axe 4 de ce projet, regroupant 4
chercheurs (+ copil) :
Objectif de l’axe 4 : rôle des outils de communications 2.0 dans la
mobilisation et l’accompagnement des habitants du quartier
populaire de la Fontaine d’Ouche à Dijon vers des pratiques de
consommation durable
1.Quels dispositifs de communication permettraient de mobiliser et
d’accompagner les futurs éco-citoyens dans une logique d’action ?
2.Comment les citoyens usagers vont-ils s’approprier ces dispositifs
et donc participer au débat public ?
https://www.facebook.com/foentransition
5. Créer une communauté ?
« L’objectif stratégique de ce dispositif est de constituer LA
communauté de pratique et d’apprentissage sur le développement
durable et la consommation éco-responsable du quartier. »
(Galibert et al. 2015).
« You don’t start communities.
Communities already exist.
They’re already doing what they want to do. The question you should
ask is how you can help them to do that better? »
(M. Zuckerberg)
observer, sur de prétendus processus d’appropriation, l’influence
des pratiques du community management dans leurs dimensions
marketing.
5
8. Méthodologie d’analyse du discours
Enregistrement des réunions d’élaboration de la stratégie digitale
communautaire, extraits :
« On est plongé dans la recherche action, c’est-à-dire qu’on est des
acteurs et qu’il faut prendre du recul.
(…) je pense que l’enregistrement est nécessaire et puis qu’on puisse
éventuellement dans trois ou quatre mois reprendre tout ça et se dire «
bah, tiens, on a hésité là-dessus ou là il y a quelque chose d’intéressant »
» (Octobre 2012, démarrage)
Corpus : 5 réunions de travail, 12h, 63 pages retranscrites
Corpus significatif, exploitable et acceptable selon les critères de
B. Pincemin :
Les + = Pertinent et cohérent, représentatif et régulier
Les - = Manque de complétude et de volume
10. Des profils de discours « tranchés »
60855 occurrences
3288 formes
1413 hapax
11. Community management,
quartier en transition, et sensibilisation
isotopie du
community
management
isotopie de la
sensibilisation
du grand
public
isotopie du
territoire en
transition
(légère TSE)
14. Pistes d’évolution du dispositif
• compréhension des besoins des habitants
• co-construction d’une résilience et d’une transition socio-
écologique
• dispositifs info-communicationnels facilitateurs et non normatifs
ou rationnalisant
• avec un community management intégrant les divers types de
relations nécessaires.
• éviter l’injonction participative, et les modèles normatifs
évoqués,
• co-construire la combinaison des objectifs socio et écologiques de
la transition, dans une dynamique de résilience,
• penser les procédures informationnelles
• concevoir les procédures communicationnelles adéquates où la
reliance est primordiale
• accompagner les changements, pratiques et usages
This investigation is in the framework of the Transition Towns project called Movida about consumption and sustainable lifestyle.
Partenaires financiers et institutionnels
Ministère de l’Environnement, du Développement Durable, des Transports et du Logement
Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME)
Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté
Ville de Dijon
5 Laboratoires
Maison des Sciences de l’Homme de Dijon (MSH) ; CESAER (AgroSup Dijon); THéMA ; CIMEOS ; SPMS
19 chercheurs
Démarche pluridisciplinaire : Information – communication ; Géographie ; droit de l’environnement ; Économie; psychologie sociale ; la sociologie ; architecture ; histoire; informatique
PROJET MOVIDA : Les villes en transition : de nouveaux terrains de recherche interdisciplinaire - le cas de la Fontaine d'Ouche
Réponse à l’appel à projets du programme MOVIDA visant à accompagner le changement pour les consommations et les modes de vie durable
Objectif du projet VeT: Comprendre l’évolution des modes de consommation des habitants du quartier de la Fontaine-d’Ouche (Dijon)
Tous les détails du proejt, tous les résultats analysés et commentés sont à retrouver dans cet ouvrage :
Olivier Galibert, Francis Aubert, Mohamed Hilal, Jean-Jacques Girardot, Cyril Masselot, et al.. Territoires urbains en transition. Monographie d’un quartier populaire en résilience écologique, Editions Universitaires de Dijon, décembre 2015. Editions universitaires de Dijon, http://eud.u-bourgogne.fr/468-territoires-urbains-en-transition-9782364411562.html, 2015, Sociétés, 978-2-36441-156-2. <http://eud.u-bourgogne.fr/>. <halshs-01251061>
4 axes de recherche
Mobilité résidentielle et mobilité quotidienne
Loisirs
Mode de consommation
La démocratie électronique locale comme levier d’une (in)formation éco-citoyenne
Questionnaires
Focus groupes
Conception et animation d’une page Facebook expérimentale : « Fontaine d’Ouche en Transition » (signalée par la suite par son sigle « page F(e)T ») : https://www.facebook.com/foentransition
ALLERS-RETOURS entre Enquête et page FB
Il est important d’y faire référence ici car le propos de cet article n’est pas de présenter tous les résultats du projet, mais d’en explorer plus particulièrement un des volets : la conception du dispositif socio-technique expérimental dont la structuration interroge les modalités d’engagement des citoyens en ligne.
Aucune activité de terrain autour de l'éco-consommation dans le quartier.
Créer une communauté dans laquelle «l'ensemble du district» (d'intérêt commun) est le plus important que le thème «éco-consommation» (intérêts non encore commun) lui-même
Strat de comm digitale + Comité de pilotage + Terrains nombreux + Animations + Jeux + Focus Group + enregistrement des sessions internes de travail (cf. revue Communiquer)
No grassroot activities around eco-consumptions in the neighborhood.
Create a community in which « the whole district » (common interest) is most important than the theme « eco-consumptions » (not yet common interest) itself
AVANTAGES :
Nouvel élan local auprès des associations
LIMITES :
Ne démultiplie pas l’engagement
CADRE : Injonction participative « électronique » et modèle de la communauté virtuelle
recherche-action, d’observation en action, nous situant dès le début du projet comme l’égal des acteurs du terrain concerné, positionnement assumé
tout en réfléchissant collectivement aux diverses stratégies communautaires possibles, tout en travaillant ensemble aux divers aspects de l’animation de la page F(e)t, nous avons tenu à enregistrer nos échanges
QUE réunions pas autres échanges donc manque de complétude
Signifiance : le corpus a été constitué dans l’objectif de son étude dans le cadre du projet, et porte sur un objet particulier, il répond ici aux critères de pertinence et de cohérence.
Acceptabilité : il est une « représentation fidèle » (ibid.) de l’exhaustivité des échanges, et ne subit pas de « contraintes externes » (représentativité et régularité). En revanche, on peut objecter que ce corpus ne présente pas la complétude suffisante, « l’ampleur et un niveau de détail adaptés au degré de finesse et à la richesse attendue en résultat de l’analyse » (ibid.), dans la mesure où les 12h d’échanges, représentant 63 pages de texte, sont le fruit des réunions d’étapes, et ne tient pas compte de toutes les interactions quotidiennes et hebdomadaires qui ont structuré les activités au fil du temps. Il s’agit donc de moments forts, stratégiques ; les échanges qui prévalent aux décisions et actes du quotidien ne sont ici pas intégrés dans le corpus.
Exploitabilité : la forme même de chacune de ces réunions a suivi les mêmes règles d’unité de temps et d’espace, ainsi que de composition. L’homogénéité du corpus obtenu est valable. Cependant, dans la suite logique du critère de complétude, les mêmes critiques peuvent être adressées au volume, c’est ici le revers de la médaille : ne conserver les traces que des réunions stratégiques établit une cohérence qui dans le même temps nuit au volume du corpus en résultant.
une analyse factorielle de correspondance,
une classification hiérarchique descendante,
et une analyse de similitude.
positionnement initial surtout théorique
théoriciens de la participation dans l’espace public (J. Habermas, B. Miège, L. Monnoyer-Smith…),
données officielles de l’Insee et d’autres sources avérées,
nouvelles modalités de gouvernance propres à la transition socio-écologique apportées par J. Rifkin, R. Hopkins, B. Miedes et J.J. Girardot,
écrits récents analysant les pratiques et usages du numérique, de l’animation de communautés en ligne,
pratiques de l’intelligence collective territoriale telles que décrites par P. Lévy, V. Meyer, C. Masselot,
ainsi que les attitudes des individus face aux changements de comportement qu’impliquent l’éco-citoyenneté (éco-gestes par exemple), avec les études et modélisation de R. Hopkins et C. DiClemente.
+ EVALUATION comportement page
phase d’observation ethnologique des interactions sur la page fait apparaître un besoin fort d’ancrage territorial
Il devient alors évident qu’il nous faut travailler cette proximité qu’internet ne favorise pas autant que les médias le donnent à croire
PTIT DEJ
3708 formes (termes différents) exprimés en 41030 occurrences
représente les résultats des calculs statistiques d’analyse factorielle des correspondances et de classification descendante hiérarchique, méthodes d’analyse des données éprouvées et stables.
L’axe 1 organise la plus grande dispersion : les termes (ou groupes de termes) qui sont les plus éloignés dans les discours, que l’on rencontre ensemble (cooccurrence) le moins souvent, vont être physiquement éloignés également le long de l’axe 1 sur ce graphe. Ainsi, la classe de termes en bleu dans lequel on voit apparaître « page » et « facebook » de manière plus prononcée, est clairement distincte car éloignée de la classe violette avec « fontaine ouche » et « quartier » par exemple. L’axe 2 organise le second niveau de dispersion
Les termes qui sont représentés en caractère plus grands sont à la fois très présents dans leur classe, et par la fréquence de leur association (« page facebook »), ils contribuent fortement à constituer une classe homogène avec les autres termes qui les entourent.
Classe bleue, en bas à gauche : apparaissent nettement ici les termes « page » et « facebook » ; il s’agit à proprement parler du discours du community management de la page facebook, et de la stratégie digitale en général. On y retrouve : compte, administrer et administrateur, membre, intervenir, publier, contact, twitter, numérique, d’expérimental…
Classe violette, à droite : apparaissent nettement ici les termes « fontaine ouche» et « quartier» ; sont ici regroupés les termes ayant trait aux aspects territoriaux : quartier, Fontaine d’Ouche, Dijon, ville, maison, centre, région, urbain… On y retrouve aussi les traces moins fortes mais tout de même nettement présentes des termes liés à la thématique générale : consommation, bio, jardin, éco, solidaire, écolo, amap, changement, politiquement, mobilité, loisir, etc. C’est également dans cette classe que l’on pointe les repères éthiques de l’animation : comité, conseil, pilotage, médiateur.
Groupe constitué des classes grises, verte et rouge, du milieu vers le haut : apparait nettement ici le terme « gens » ; ces trois classes, bien que présentant des spécificités qui les départagent, se retrouvent regroupées ici car elles ont en commun le fait d’être fortement différentes des deux précédentes, et que ce point commun l’emporte sur leurs différences. On y trouve d’ailleurs qu’un seul terme vraiment saillant, « gens », et la multiplicité des termes qui composent ce groupe n’en donne pas une lecture instantanée. Certains termes pourraient appartenir aux classes bleu (communauté, animation, bandeau, charte, modération, charte…) ou violette (transition, initiative, territoire, durable…). Ces termes ont en commun le fait que leurs relations avec les autres concepts ne sont pas assez marquées. Ils constituent ainsi un groupe où sont en débat les questions de la sensibilisation, de la conviction du grand public.
Cette figure représente graphiquement sous la forme d’un arbre les liaisons lexicales des textes étudiés. C’est une autre manière de représenter « la proximité et les relations entre les éléments » d’un corpus (C. Flament, 1981). Pour des questions de lisibilité, nous avons ici conservé les 95 termes les plus fréquents.
On y retrouve le lien fort entre page et facebook, les premiers nœuds remarquables sur la branche principale (identifiée par son épaisseur), et avec la sphère autour du terme « mettre » qui concerne également des éléments publiés sur la page facebook.
Une branche plus petite mais isolée en haut regroupe à nouveau les termes ayant trait au quartier : fontaine, ouche, dijon, maison, habitant, sociale et réseau.
En bas, on retrouve une branche spécifique dont le premier nœud reste la forme « gens » comme dans l’AFC précédente. La petite branche « coup » est en fait une trace idiomatique de l’expression « du coup » présente106 fois dans le texte. En revanche, la branche formée par le nœud « donner » et constituée ici de : trouver, moment, partir, info, et commencer est intéressante : elle indique que nous avons aussi exploré la piste du don – contre-don (Mauss) et ce qui a été nommé le « modèle normatif de la communauté virtuelle » (Galibert 2015).
Concevoir un DISTIC :
dont l’élément central soit la compréhension des besoins des habitants d’un quartier populaire,
qui permette la co-construction d’une résilience et d’une transition socio-écologique en fonction de ces besoins,
dont les dispositifs info-communicationnels soient facilitateurs au lieu d’être normatifs ou rationnalisant, avec un community management intégrant les divers types de relations nécessaires.
éviter l’injonction participative, et les modèles normatifs évoqués,
co-construire la combinaison des objectifs socio et écologiques de la transition, dans une dynamique de résilience,
penser les procédures informationnelles partagées (notions de sources, de structuration des accès et des usages, de construction de l’information),
concevoir les procédures communicationnelles adéquates où la reliance est primordiale (Auteur 2012),
accompagner les changements, pratiques et usages, par une évaluation régulière et une formation aux diverses étapes de cristallisation, dans le respect de l’individu, des groupes, et des évolutions sociales.