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Présidente d’Honneur : Doris Bensimon ‫זייל‬
L.D.J. Siège social 275 rue des Pyrénées 75020 Paris

Editorial

N° 108 janvier-février 2011

le numéro 2,50 €

Luttes des femmes en Israël

Comment ne pas nous remémorer en cette fin d’année
le grand départ de notre amie Doris que nous avions
accompagnée le 16 décembre 2009 et qui a fait l’objet
de nombreux hommages en 2010 ? Celui de Pauline
Bebe1, le 15 décembre, au cours de sa conférence à
L.D.J, elle qui avait officié lors des obsèques de
Doris; celui de Béatrice Philippe2, prononcé le 15
novembre à la Société des Etudes Juives où Mireille
Hadas-Lebel3 nous avait invités, et le 3 novembre ce
fut un « Hommage à Doris 4», article de Régine Azria
qu’elle lut lors de sa conférence à L.D.J ce jour là.
A Doris, femme moderne et engagée, nous avons
dédié le thème de l’année « Femmes, Judaïsme et
Société ».
Et la vie continue à L.D.J avec dans cette Lettre les
Echos de notre Assemblée générale, des deux
premières conférences et de l’Atelier Cinéma.
Nos membres eux aussi nous parlent de leurs
activités: voyages à Odessa, à Cavaillon ; un film
documentaire de Robert Bober sur Perec au Mémorial
de la Shoah ; l’exposition sur André Kertész au
Musée du Jeu de Paume, et deux articles traitant de
cette terrible période de l’occupation en France avec
une Exposition à la Fondation Rothschild et une
Table ronde à l’Espace Rachi sur l'Exclusion des
médecins juifs en France. Enfin, en guise de « trait
d’union » entre le thème de l’année dernière et celui
de cette année, c’est un texte sur les « Luttes des
Femmes en Israël » d’après un article de Nelly
Las qui vous est proposé.
En vous remerciant pour votre fidélité et votre soutien
à L.D.J en renouvelant votre adhésion ou abonnement
à la Lettre de L.D.J, nous vous souhaitons, chers amis
lecteurs, une belle et lumineuse année 2011.
Marlène Celermajer
1) Rabbin de la communauté juive libérale, Centre Maayan
2) Professeur émérite des Universités, collègue à l'Inalco de Doris
Bensimon.
3) Professeur des Universités – Présidente de la Société des Etudes Juives.
4) Régine Azria "Hommage à Doris». Archives de sciences sociales des
religions [en ligne] ,149/2010 mis en ligne le 08 juin 2010.URL :
http://assr.org/21997

Trait d’union entre le thème de l’année dernière sur
Israël et celui de cette année sur les femmes, il
pouvait être intéressant d’évoquer ce qu’avait de
spécifique la situation des femmes israéliennes.
La représentation que l’on en a hésite souvent entre
deux visions aussi partielles l’une que l’autre.
La première se référant à l’héritage des pionnières du
sionisme et aux acquis d’un état démocratique
présente les Israéliennes comme des femmes libres à
l’instar des sociétés occidentales. La seconde mettant
l’accent sur l’emprise du fait religieux sur l’état civil
et sur la vie quotidienne montre des femmes prises
dans des contraintes archaïques dont elles n’arrivent
pas à se débarrasser.
Ces deux visions correspondent bien aux deux visages
d’Israël, mais elles dissimulent une réalité beaucoup
plus complexe et beaucoup moins connue, qui a été
décrite dans un article de Nelly Las paru dans
« Femmes et Judaïsme aujourd’hui », actes du
colloque qui s’est tenu sur ce thème en 2004.
Nelly Las est historienne, chercheuse, elle travaille à
l’Université hébraïque de Jérusalem.
Son article porte sur le féminisme en Israël.
Dans un rapide historique elle évoque d’abord les
débuts héroïques de l’état d’Israël. Les pionniers
sionistes cherchaient à créer un homme nouveau,
opposé à celui jugé trop passif de la diaspora, mais
cette idéologie impliquait une certaine primauté
masculine. Les femmes avaient gagné le droit de
faire les mêmes travaux physiques que les hommes,
mais devaient se battre pour obtenir le droit de vote à
l’Assemblée représentative du Yishouv !
En 1948, le nouvel état assure « une égalité de droit à
tous les citoyens sans distinction de croyance de race
ou de sexe », mais une loi votée en 1953 stipule que le
statut personnel des citoyens serait soumis au droit
religieux. « Le principe de l’égalité des sexes restera
donc subordonné aux valeurs religieuses basées sur
une conception patriarcale du rôle de la femme »
Mais les premières années du jeune état étaient
marquées par les difficultés que l’on connaît et le

1
statut de la femme ne faisait pas partie des priorités.
Le féminisme en Israël fit ses débuts dans les années
1970, comme produit d’importation américaine et ce
n’est qu’à partir des années 1980 qu’il se manifesta
d’une façon visible.
A cette époque Israël rencontrait des difficultés
grandissantes sur les plans politique et social
(Guerres du Kippour et du Liban, première et
deuxième Intifada) et ces difficultés avaient des
répercussions directes sur les femmes.
Les luttes menées par les femmes israéliennes,
qu’elles soient féministes déclarées ou seulement
concernées, découlent de cette situation spécifique et
portent sur plusieurs plans.
La lutte pour la paix.
Depuis la guerre du Liban on constate une
participation grandissante des femmes dans le camp
de la paix. Elles inventent des méthodes nouvelles.
« Les femmes en noir » est un mouvement de femmes
né après la première Intifada. Tous les vendredis à la
même heure des femmes de tous âges vêtues de noir
se rassemblent portant des panneaux disant : Halte à
l’occupation. Elles ne se posent pas en tant que mères
ou épouses, mais en citoyennes, estimant que ce
problème est crucial pour la résolution de tous les
autres. Ce mouvement est marginal, les femmes sont
souvent injuriées et traitées de traître. Son importance
est symbolique. Il a même donné naissance à un
contre mouvement : « les femmes en vert », qui
crient : Israël c’est notre cœur.
Un autre mouvement de femmes pour la paix est celui
des « Quatre mères » (référence aux quatre
matriarches de la Bible). Les femmes cette fois se
posent en tant qu’épouses et mères. Le mouvement
est plus populaire, plus médiatisé et a eu un impact
sur la question de l’occupation du sud Liban.

ce type de revendications, mais des actions sur le plan
social se développent car les besoins sont grands.
Un féminisme religieux ?
Quelques questions posées par les féministes arrivent
jusque dans les milieux religieux les plus
traditionalistes. Certaines femmes, habitant souvent
dans les territoires occupés, cherchent à faire
progresser le statut des femmes juives. Elles
revendiquent l’accès aux études - études talmudiques
et de droit rabbinique- souhaitent changer les
programmes des manuels scolaires des écoles
religieuses dans une perspective égalitaire et
cherchent des solutions face au problème des agounot.
Leurs luttes se font strictement dans le cadre de la
halakha, faute de quoi elles seraient exclues de la
communauté.
Les luttes des femmes en Israël ne sont donc pas
seulement des revendications qui s’adressent au
judaïsme, elles se confrontent à tous les grands
problèmes du pays et s’adressent également à l’état.
D’importantes divergences existent parmi les
mouvements, ceux-ci sont souvent marginaux, mais
des actions communes peuvent être trouvées
concernant les agounot, la pauvreté, les violences
faites aux femmes ; par ailleurs les femmes
deviennent prépondérantes dans la lutte pour la paix.

Au moment où j’écrivais cet article, Nelly Las prenait
contact avec LDJ en rappelant son amitié avec Doris
Bensimon qui avait été son directeur de thèse, et sa
sympathie pour nos activités. Un de ses livres sortira
prochainement en France et nous aurons peut-être le
plaisir de la rencontrer à cette occasion.
Qu’elle en soit remerciée.
Irène Wekstein

______________
Mon amie

Dialogue avec les femmes arabes israéliennes et les
femmes palestiniennes
Depuis la première Intifada, les femmes arabes
israéliennes ont créé des organisations féministes.
Leurs objectifs sont sociaux et culturels : elles visent à
améliorer le statut des femmes arabes par l’éducation,
les études, elles luttent contre les mariages de très
jeunes filles et contre les crimes d’honneur.
Luttes sociales et identitaires.
L’hégémonie culturelle et économique des
Ashkénazes sur les Juifs venus d’Orient est toujours
d’actualité. La réaction s’est exprimée sur le plan
politique et vise à instaurer une affirmation
identitaire. Celle-ci se manifeste aussi dans certains
mouvements féministes où les femmes expriment leur
frustration et dénoncent la domination ashkénaze. Il
semble que le mouvement féministe soit partagé sur

Elle disait, si je reviens
J'écrirai des romans
Elle disait, si je reviens
J'apprendrai le violon
Elle disait, si je reviens
J'aurai beaucoup d'enfants
Il n'y aura
Ni enfants
Ni violon
Ni roman
Gisèle Guillemot
Gisèle Guillemot, arrêtée pour fait de résistance par la
Gestapo fut déportée à Ravensbrück, puis à Mauthausen.
Elle fut libérée en 1945.

2
Voyage
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Ca
availlon, v
vous conn
naissez ?
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vous pensez : "melons".
Ou bien sûr, mais il a d'a
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hébraïque".
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Isidor Jacubowie
re
ez.

3
Vu, Lu,

Entendu

L'exclusion des médecins juifs
en France sous l'Occupation
Le 18 novembre avait lieu une table ronde sur le sujet à
l'Espace Rachi, sous l’égide du F.S.J.U. et de l'A.M I F
(Association des Médecins Israélites de France), à
l’occasion du 70ème anniversaire de l’exclusion de
médecins juifs en France.
Autour de Paule-Henriette Lévy, journaliste et
rédactrice en chef de R.C.J., étaient réunis: Tal
Bruttmann, historien et chercheur auprès de la
Commission d'enquête de la ville de Grenoble sur les
spoliations de biens juifs; Bruno Halioua, médecin et
historien de la médecine; Colette Brull-Ullmann,
médecin et ancienne externe à l'hôpital Rothschild
jusqu'à la fin de l'année 1943, ainsi que son époux,
Jacques Ullmann, médecin démobilisé près de
Limoges qui revient en septembre 1940 à Paris pour
reprendre son poste d'externe à la Salpétrière.
Tal Bruttmann fit le point sur la mise en place de la
politique antisémite de Pétain qui, à partir du 12 juillet
1940, interdit à «toute personne née d'un père étranger
d'appartenir à un cabinet ministériel ». Par « étranger »,
il faut dès lors entendre « juif » car depuis les années
30, la propagande faisait courir le bruit que « les
couloirs du Gouvernement et de l'Administration
étaient peuplés de hordes de Juifs étrangers, qui
menaçaient la France. »
A ce moment-là, les textes de loi qui sont promulgués
ne mentionnent pas encore explicitement les Juifs, par
crainte, au début, de heurter frontalement l'opinion
publique, mais des signaux clairs sont donnés à la
population. Ainsi pour la commémoration du 14 juillet
1940, le gouvernement est représenté dans tous les
lieux de culte à l'exception des synagogues. Autre
exemple significatif, trois semaines plus tard,
l'émission radiophonique « La voix d'Israël » est
interdite, puis le 16 août, le décret Marchandeau
interdisant la propagande antisémite dans les journaux
est abrogé.
En trois mois, de juillet à octobre 1940, toute la
législation antisémite se met en place. Concernant tout
d'abord les « étrangers », ensuite rapidement et pour ne
pas être à la traîne des Allemands, elle se généralise à
l'ensemble de la population juive sans condition de
nationalité: statut des juifs les excluant de
l'Administration, internement des Juifs étrangers par
les préfets, révocation du décret Crémieux...
De juin à juillet 1941, avec la deuxième mouture du
statut des Juifs, ceux-ci sont exclus de tous les

domaines professionnels, ils ont obligation de se faire
recenser et leurs biens sont aryanisés et spoliés. Tout
s'est donc organisé extrêmement vite pour aboutir à
l'extermination des Juifs de France. Il n'a fallu que trois
mois au régime de Vichy pour promulguer le statut des
Juifs qui est l'équivalent des lois de Nuremberg quand
il a fallu deux ans au régime nazi pour le faire!
Après cette introduction, le Docteur Halioua rappela la
demande de repentance, en son nom propre, du
Président du Conseil de l'Ordre des Médecins en 1997,
ce qui faisait suite aux déclarations de Jacques Chirac
du 16 juillet 1995 lors de la commémoration du 53ème
anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. Des protestations
de nombreux médecins, que le Docteur Halioua
qualifie de virulentes, s'élevèrent alors, pour ne pas
« réveiller le vieil abcès que constitua la création de
l'Ordre sous Vichy ».
Il fit un tableau de la situation des médecins juifs dans
la France de l'époque où nombre d'étudiants juifs
étrangers, russes, polonais ou roumains, par exemple,
étaient venus étudier la médecine en raison du numerus
clausus dans leur pays et pour les roumains de
l'équivalence dont ils bénéficiaient entre le
baccalauréat français et celui obtenu dans leur pays
d'origine. Ainsi furent les parcours des pères de
Bernard Kouchner et d'Alain Krivine.
Peu à peu, après un certain sentiment d'orgueil
qu'éprouvent les autorités universitaires en constatant
que ces étudiants élisent la France, succède le rejet qui
se manifeste par des propos xénophobes de la part du
monde médical traditionnellement conservateur. On
parle là aussi de « hordes de métèques qui se sont
abattues sur les facultés »,
« d'envahisseurs
étrangers. ».Dès 1930 déjà la Fédération des
associations d'externes s'inquiète de la concurrence de
ces confrères étrangers qui « risquent de détruire la
profession d'autant que sévit durement la crise
économique. »
Le 16 août 1940, est promulguée l'interdiction
d'exercer aux médecins étrangers, l'accès de la
médecine étant réservé uniquement aux praticiens de
nationalité française nés d'un père français, et ce, avant
1927. Du jour au lendemain, des centaines de médecins
se retrouvent au ban de la société, sans aucun moyen
d'existence et sans que le reste de la profession n'y
trouve à redire. Cette loi exclut non seulement les
praticiens juifs mais aussi les praticiens non juifs
étrangers.
Le 7 octobre 1940, le Conseil de l'Ordre est créé,
continuant à s'impliquer dans le processus d'exclusion.

4
Des listes d'interdiction d'exercice fleurissent dans les
journaux médicaux où apparaissent des annonces
proposant des cabinets libérés à des conditions fort
intéressantes ! Le Docteur Louis-Ferdinand
Destouches dit Céline saura utiliser ces excellentes
opportunités .en prenant le poste d'un médecin haïtien,
écrivant au Conseil de l'Ordre sa haine des Juifs et des
enjuivés de la médecine... Des fiches signalétiques où
doivent être mentionnées la nationalité d'origine et la
religion juive ou non juive deviennent obligatoires
pour prétendre à une installation. Les dénonciations
arrivent au Conseil de l'Ordre sans souci des
conséquences.

tient à préciser que ses collègues non juifs sont
cependant restés corrects avec lui. Il rappelle
également qu'en 1860, sous Napoléon III déjà, son
bisaïeul, médecin des Armées, s'était vu refuser la
Légion d'Honneur au prétexte qu'il était juif. Il aborde
aussi l'antisémitisme du Professeur Menétrel, médecin
personnel et confident de Pétain, considéré comme son
éminence grise.
Il va sans dire que l'auditoire, où se trouvaient des
personnes touchées dans leur histoire personnelle par
ces évènements tragiques, a été particulièrement ému
par les récits de ces témoins d'un passé si cruel.

La législation permet cependant certaines dérogations
pour les médecins anciens combattants, les blessés de
guerre, ceux qui ont obtenu une citation ou ceux dont
la famille est en France depuis cinq générations. C'est
la chasse aux généalogies qui commence.

Pour en savoir plus :

Adeline FRIDE

Le 2 juin 1941 est mis en place le numerus clausus
pour les médecins juifs français et le décret du 11août
1941 fixe à 2% au maximum le nombre de médecins
juifs sur l'effectif total. Cela complète la législation
d'exclusion des médecins étrangers.

1)
2)

Tal Bruttmann: « La logique des bourreaux, 1943-1944 », Hachette
Littératures, 2003.
Bruno Halioua: « Blouses blanches, étoiles jaunes », Liana Lévi,
1999

Vu, lu, Entendu
La Fondation Rothschild

Que dire de sommités comme le Professeur Milliez qui
prétendit à la Libération que le corps médical n'avait
pas collaboré...

Une exposition s'est tenue ce dernier trimestre de
l'année 2010 à la Fondation Rothschild (1), qui abrite
maintenant des gens très âgés, une exposition sur la vie
de cet établissement de 1939 à 1944.

Vint enfin le temps des témoignages poignants des
Docteurs Colette et Jacques Ullmann.
Colette Brull-Ullmann subit l'interdiction de passer le
concours de l'externat des hôpitaux de Paris et resta
donc stagiaire. La seule solution qui lui restait était de
passer le concours en mars-avril 1942 de l'hôpital
Rothschild, dans le 12ème arrondissement, qui avait un
statut indépendant de l'Assistance Publique,
fonctionnait avec un personnel juif et non juif et
accueillait traditionnellement des patients juifs mais
aussi non juifs.

Ayant pignon sur rue et le nom qu'elle portait la
Fondation aurait eu du mal à passer inaperçue aux
yeux des nazis. Ceux-ci voulurent, bien sûr, faire
immédiatement main basse sur la Fondation en tant
que biens juifs, mais, ô miracle, l'administration
vichyste traina des pieds en arguant que la Fondation
n'appartenait pas aux Rothschild puisqu'elle était …une
Fondation. La procédure dura jusqu'en juin 1944. Les
Allemands finirent, bien entendu, par avoir gain de
cause et confièrent après cette date la tutelle de la
Fondation à l'UGIF (2).

Le 8 décembre 1941, l'établissement est divisé en deux
zones, l'une pour les hospitalisations libres, l'autre de
140 lits destinée à hospitaliser les internés gravement
malades de Drancy. Mme Ullmann ainsi que d'autres
médecins, infirmières et assistantes sociales décident
de résister en facilitant les évasions ou en prolongeant
les hospitalisations. Mme Ullmann se reproche encore
aujourd'hui de n'avoir pu sauver autant de patients
qu'elle l'aurait voulu et dans la salle se trouvaient des
familles de malades remplies d'émotion et de gratitude
à l'égard de l'engagement de ces personnels émérites
qui ont agi sans souci de reconnaissance, au péril de
leurs vies.
Quant à son époux, Résistant lui aussi, et qui était déjà
externe, il évoque le climat délétère qui régnait alors à
la Salpêtrière, lorsque les internes avaient adressé une
lettre au Maréchal pour lui affirmer leur attachement. Il

En juin 1941 dans le cadre des mesures prises contre
les Juifs, un décret impose un "numérus clausus" dans
les hôpitaux en imposant un taux maximum de 2% de
médecins juifs. Un certain nombre de ceux qui perdent
alors leur emploi se retrouvent à la Fondation qui a
d'ailleurs fort à faire et qui est entourée de barbelés à la
fin de la même année.
La Fondation est alors le lieu d'un horrible et bizarre
chassé-croisé. Elle reçoit du Camp de Drancy des
malades, ce qui permettait sans doute à l'administration
allemande du camp de montrer qu'elle se préoccupait
aussi de la santé des internés, et simultanément elle
vient rafler des malades et des vieillards pour remplir
son quota de 1000 déportés par train en direction
d'Auschwitz.
En juillet 1943 le tueur en chef du Camp de Drancy –
Aloïs Brunner - décide de ne plus faire garder la

5
Fondation par la police française, mais d'en confier la
totale responsabilité à sa direction juive avec un
discours qui, près de 70 ans après, donne encore envie
de vomir (3). C'est qu'entre temps un réseau de
résistance s'était constitué dans les lieux et qu'un
certain nombre de détenus hospitalisés avaient réussi à
s'en échapper.
Dans ces temps où l'on parle beaucoup des femmes et
du judaïsme, il est bien que l'exposition rappelle les
noms de Claire Heyman, assistante sociale, pivot du
réseau, du docteur Collette Brull, de Marcelle Valensi,
et de bien d'autres, y compris des non-juives comme la
chilienne Maria Errazuriz, qui réussirent à sauver des
malades et des enfants. Mais comme en contrepoint on
peut aussi lire une lettre de dénonciation adressée à M.
le Commandant du Camp de Drancy le 31 Août 1943
signée les "Aryens de l'hôpital : "Nous exécutons les
consignes ordonnées …faites payer les juifs qui sont
les seuls fautifs"
Car à cette époque la Fondation abritait un hôpital, un
hospice et un orphelinat. Celui-ci, qui était aussi un
centre d'accueil dans l'attente de la dispersion des
enfants par les organisations de sauvetage, fit l'objet
d'une rafle en février 1944 puis fut fermé ensuite.
En janvier 1944, les nazis "judaïsent" en totalité
l'hôpital, les malades juifs se trouvant dans d'autres
hôpitaux parisiens y sont transférés et la quasi-totalité
du personnel non-juif remplacé par des internés en
provenance de Drancy.
Le 18 août 1944, huit mois plus tard, la Fondation est
l'un des premiers édifices parisiens libérés par les FFI ;
le 25 Août la capitulation des Allemands est signée
par Von Choltitz.
1) 80 rue de Picpus Paris 12ème

I.J.

2) UGIF : Union Générale des Israélites en France. Organisme créé par les
nazis pour être leur interlocuteur unique. Son rôle fut, et est encore,
largement controversé.
3)" J'ai décidé que tout ce que je ferai contre vous, je ne le ferai qu'avec
votre concours, c'est vous qui le ferez et j'estime que vous le ferez mieux que
n'importe qui…Si l'un des malades s'évade, 42 d'entre vous seront fusillés.
Vous remplacerez sans mal la police française..."

Pensez à régler votre cotisation ou votre
abonnement à la Lettre de L.D.J, pour l'année 5771
(Septembre 2010 à août 2011).
Si vous le pouvez, faites un don à L.D.J. Il peut être
déductible de vos impôts. Un certificat CERFA vous
sera délivré.
Envoyez vos chèques à notre trésorière :
Noémie Fischer 119 bis rue d'Avron 75020 Paris

Vu, Lu, Entendu
Après Ronis et Izis… André Kertész
A la suite à l’article paru dans la Lettre n° 106, je
voudrais évoquer une autre exposition récente de Willy
Ronis à la Maison d’art de
Nogent
où
ont
été
présentées d' émouvantes
photos des bords de Marne,
de Paris ou du Midi de la
France et quelques tableaux
de sa femme Marie Anne.
Par ailleurs dans son livre,
Ce jour-là paru en 2006, le
photographe
commente
avec précision, honnêteté et
émotion une cinquantaine
de photos dont celle de ce
petit Parisien qui a fait le
tour du monde et que Ronis commente en ces termes :
… pour cette photo j’avais fait une petite
entrave à ma pratique habituelle. Je veux dire que j’ai
fait un minimum de mise en scène…Il était midi, je suis
allé dans mon quartier roder du coté d’une
boulangerie.
Dans la queue, j’ai vu un petit garçon avec sa grandmère, qui attendait son tour…J’ai demandé à sa
grand-mère :« S’il vous plait Madame, est-ce que vous
m’autoriseriez à photographier ce petit garçon quand
il sortira avec son pain ? J’aimerais bien le voir courir
avec son pain sous le bras. – Mais oui bien sûr, si ca
vous amuse, pourquoi pas » Je me suis posé un peu
plus loin, j’ai attendu. Il a acheté son pain et il a couru
de façon si gracieuse et si vivante. Je l'ai fait courir
trois fois pour avoir la meilleure photo…
Quand je regarde cette belle photo, j’ai bien sur
l’impression de me retrouver enfant sortant du
boulanger de mon quartier; Ronis indique que cette
photo « pourrait venir signer mon autoportrait en petit
Parisien ». Emotion aussi devant la photo d’un bal de
14 juillet à la pointe de l’ile Saint-Louis en 1961 ou
devant deux gracieuses jeunes filles vendant des frites
rue Rambuteau en 1946 ; nostalgie également…
Les photos humanistes de Ronis sur le monde du
travail, sur les gens modestes de Paris et de la banlieue,
sur la Provence ou sur les chats se rapprochent de
celles d’Izis sur Londres ou Paris, sur Israël ou sur
Chagall, sur les maquisards du Limousin ou sur les
artistes des années cinquante…
L’exposition de janvier 2010 à l’Hôtel de ville de
Paris, Paris des rêves, présentait un choix de photos
d’Izis – né en 1911 peu de temps après Ronis- qui
montrait la poésie et l’originalité de l’artiste ; ces deux
photographes firent partie avec Brassaï, Doisneau,
Cartier Bresson des Five French Photographers
exposés au MOMA à New York en 1951 ce qui leur
donnait une visibilité plus importante.

6
Actuellement un autre grand photographe juif,
originaire d’Europe de l’est et né en 1894 à Budapest,
est exposé au Musée du Jeu de Paume à Paris ; cette
magnifique rétrospective présente des photos faites en
Hongrie, en France - où il séjourne de 1925 à 1936puis aux Etats-Unis à partir de 1936. Ce fut un des
acteurs de l’avant-garde photographique avec Man
Ray et il initia le photoreportage suite à l’achat d’un
nouvel appareil le Leica. Il réalisa des reportages
photos pour divers magazines français, allemands,
américains…après avoir publié ses premières photos
du front russe pendant la 1 ère guerre mondiale ,
rencontra après guerre les grands artistes de
Montparnasse et permit à Brassai de débuter en
photographie ; il exposa ensuite à New York et à Paris
puis publia J’aime Paris et Of New York, partagé qu’il
était entre deux milieux culturels.
Dans ses photos, parfois proches du surréalisme en
particulier dans ses Distorsions de nus féminins,
André (Andor) Kertész utilise le contrastes noir/ blanc,
la composition plastique, le recadrage des portraits et
l’abstraction ; une inquiétude est parfois ressentie à la
vision de ses photos et la poésie des paysages et des
hommes apparait pleinement dans ses photos de Paris
ou de New York.
Deux photos m’ont particulièrement impressionné :
La pipe et les lunettes de
Mondrian
1926
qui
évoque
dans
une
composition
épurée,
géométrique, rigoureuse,
l’esprit du peintre par
l’agencement des objets et
les contrastes ; une autre
photo de Piet Mondrian dans son atelier reflète
étrangement une même atmosphère.
Dans un autre registre la photo
recadrée
d’Elisabeth
qui
deviendra sa femme en 1933,
donne une belle représentation
du bonheur du couple.
Par la suite ses photos seront
prises le plus souvent de son
appartement newyorkais d’où
il observe les promeneurs, les
toits, les terrasses ou les
nuages ; il réalise à partir de 1979 une série en couleurs
avec un Polaroid et fait don à la France de ses
archives, de ses négatifs et de sa correspondance.
Ces trois photographes juifs humanistes, ancrés à
gauche et même au parti communiste pour Ronis,
représentent une modernité photographique liée aux
grands mouvements picturaux du 20è siècle ; Izis et
Ronis seront certainement à nouveau exposés et
l’exposition Kertész va durer jusqu’au 6 février 2011
en liaison avec le mois de la photo à Paris.
Michel Mohn

Voyages
Odessa
Aux dires de Juifs que l'on rencontre à Odessa, Odessa
serait toujours une ville juive bien que les 15 à 20 000
Juifs qui y résident encore ne représentent plus que
quelques pourcents d'une cité de plus d'un million
d'habitants.
Créée par la Grande Catherine en 1794 quand les
armées russes arrivèrent enfin sur les bords de la Mer
Noire, Odessa fut dès l'origine une zone franche qui
attira des gens de toutes origines et en particulier des
Juifs qui à la fin du 19ème siècle représentaient déjà
34 % de la population pour dépasser en 1920 à la veille
de la prise de la ville par l'Armée Rouge les 44 %. En
1939 les 200 000 Juifs représentaient un tiers de la
population.
La ville afficha dès l'origine son cosmopolitisme : le
promoteur était un certain Iosif de Ribas, de père
espagnol et de mère irlandaise, épaulé par un urbaniste
hollandais flanqué d'un architecte anglais et, en haut du
célèbre escalier trône, vêtu d'une toge romaine, le Duc
de Richelieu, arrière petit neveu de notre Cardinal, cidevant émigré lors de la Révolution de 1789, qui fut le
premier gouverneur de la ville.
Fenêtre ouverte
vers le bassin
méditerranéen,
Odessa s'enrichit
par le commerce
et en particulier
celui
des
céréales
en
provenance de
l'arrière-pays
constitué
des
fameuses terres
noires d'Ukraine. Les Juifs, mais aussi des Grecs et des
Arméniens, participèrent à cette production de
richesses qui permirent de doter la ville de bâtiments
fastueux, comme l'Opéra ou le Musée de la Littérature,
de rues spacieuses et à angles droits, au moins pour ce
qui est des quartiers d'origine car les quartiers
périphériques, en particulier ceux qui se trouvaient à
proximité de la gare d'arrivée des immigrants, comme
la Moldavanka décrite avec une truculence
rabelaisienne par Isaac Babel (1)oublièrent assez vite
l'ordonnancement initial.
Juchée sur une falaise, regardant la Mer Noire et
surplombant son port, la ville est reliée à celui-ci par
un escalier qui fut immortalisé par S. Eisenstein dans le
"Cuirassé Potemkine" ; escalier que tout touriste se
doit de dévaler en poursuivant un landau imaginaire.
La position d'Odessa à l'extrême sud de l'Empire
tsariste en fit rapidement un passage privilégié pour
rejoindre la Palestine et son port fut surnommé "La
porte de Sion". Le mouvement sioniste y eut ses

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1) Isaac Babel : "
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"
2) Amos Oz :"Un histoire d'amou et de ténèbres" Gallimard 2002
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"
3) "Le Livre Noir
r"–I.Erhenbourg/
/V.Grossman –Ac Sud 1995
ctes
4) Wladimir Jabotinski : " les Cin Edition des Syrtes 2006
nq".
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avez l'opportunité allez voir le film "Odessa-Od
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au travers de ces trois lieux.
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8
Vu, Lu, Entendu
Un Film documentaire de Robert Bober
" Le cahier des charges de la vie mode d'emploi"
de Georges Perec.
Le Mémorial de la Shoah et l’INA (Institut National de
l’Audiovisuel) ont programmé du 30 novembre au 19
décembre 2010 un cycle de films de Rober Bober.
Qui est Robert Bober ? Né en 1931 à Berlin de parents
juifs d’origine polonaise, il est écrivain mais aussi
réalisateur de films. Il rencontre dans les années 50
François Truffaut dont il sera l’assistant et réalisera à
partir de 1967 avec Pierre Dumayet des documentaires
pour la télévision: plus de 120 ; ce cycle en présente
15. J’ai eu le plaisir de découvrir l’un d’entre eux :
« Le Cahier des charges de la vie mode d’emploi » de
George Perec. C’est un documentaire de 58 minutes
datant de 1993. George Perec (7 mars 1936-3 mars 1982)
est un écrivain qui en 1967 a adhéré à l '« OULIPO »,
acronyme de «Ouvroir de Littérature Potentielle » :
ses œuvres sont « oulipiennes » en ce sens qu’elles
sont fondées sur l’utilisation de contraintes formelles
littéraires ou mathématiques.
Profondément marqué par la disparition de ses proches
–son père mortellement blessé en 1940 , sa mère
déportée à Auschwitz en 1943- il écrit en 1969
« La disparition », sorte de roman policier dans lequel
il s’impose comme contrainte , l’absence de la voyelle
« e » qui évoque « eux » les parents disparus. « La vie
mode d’emploi » a obtenu en 1978 le Prix Médicis,
c’est peut-être son livre le plus abouti : il y explore de
façon méthodique la vie des différents habitants d’un
immeuble situé au 11 de la rue Simon Crubelier (rue
imaginaire) à Paris 17° arrondissement : ses habitants,
les objets qui y reposent, les histoires qui directement
ou indirectement l’ont animé. Bien que les contraintes
imposées soient invisibles à la lecture de ce livrepuzzle, elles ont été mises à la disposition du lecteur
par l’édition du « Cahier des charges de La Vie mode
d’emploi »par Bernard Magné CNRS Zulma 1993.
L’objet du film est justement de nous faire pénétrer
dans ce Cahier et de développer, expliquer les
contraintes que Georges Perec s’est imposé pour écrire
son livre. Pierre Dumayet interroge Bernard Magné qui
a participé à l’édition de ce « Cahier » : l’enquête met
en lumière la fascination de Perec pour les contraintes
qu’il s’impose. L’immeuble est réduit à un carré
assimilable à un damier de 10 cases sur 10 ; chaque
case équivaut à une pièce de l’immeuble ou à une
portion
des
parties
communes.
.
A la question : dans quel ordre décrire les pièces?
Perec répond par un principe non réel mais formel :
c’est une énigme mathématique, la « polygraphie du
cavalier ». Le problème, explique Bernard Magné,
consiste en partant avec un cavalier d’échecs d’une
case désignée, à lui faire parcourir les 63 autres par
sauts consécutifs, donc sans répétition ni omission.

Autre problème : comment remplir chaque pièce, quoi
y mettre ? Où ? Perec se donne une sorte de répertoire
structuré à partir de 21 paires de listes de 10 éléments.
Les fictions elles-mêmes contiennent un « programme
de vie ». Bablebooth, l’un des héros meurt sans avoir
pu terminer son puzzle ; reste le « trou noir » la pièce
manquante sur le damier à gauche ; il s’agit de la
question qui a animé toute son œuvre, la pièce
manquante à sa vie, l’absence des siens. Ce
documentaire m’a permis de comprendre la place et la
fonction de ces contraintes dans l’œuvre et la vie de
Perec ; elles témoignent de son rapport à la loi. On
pourrait, sur ce plan, le comparer à Kafka que Perec
admirait ; tous deux sont obsédés par la loi ; Kafka est
terrorisé de peur et de respect devant la loi : K
« meurt » à sa porte : Perec par le jeu de ses
contraintes, s’en joue, en abuse et jubile en s’en
servant comme un moyen d’écriture.
Marlyse Kalfon-Médioni

-----------------------------------------------------------

Assemblée Générale de LDJ 
10 Novembre 2010

Après avoir rendu hommage à la mémoire de Doris
Bensimon et remercié le CA et le Bureau pour le
soutien apporté au cours de l’année, la Présidente
présente le rapport moral .On note un maintien des
adhésions et des abonnements, une poursuite régulière
des activités et de la diffusion de la Lettre de L.D.J, la
naissance d’une « Atelier Cinéma » et notre adhésion
au RAJEL en qualité d’Association fondatrice. Le
rapport financier présenté par Noémie Fischer montre
une nette diminution des charges due à la baisse du
coût de la Lettre de L.D.J, ce qui permet d’équilibrer
le budget et d’envisager la refonte de notre site
internet. Le rapport est adopté à l’unanimité.
Les cinq membres du Conseil d’Administration arrivés
en fin de mandat et deux nouveaux candidats,
Marlyse Kalfon et Michel Mohn, sont tous élus
à l’unanimité au Conseil d’Administration lequel a
ensuite élu à l’unanimité le nouveau Bureau avec un
membre supplémentaire, Simone Simon, trésorière
adjointe.

Bureau de L .D. J
Marlène Celermajer
Présidente
Armand Levy
Vice-président
Irène Wekstein
Vice-présidente
Anna Sarfati
Secrétaire générale
Noémie Fischer
Trésorière
Simone Simon
Trésorière adjointe
Contact L. D. J. : 09 54 25 31 26 ou ldj@col.fr
Site internet :
www.col.fr/ldj/

9
Echo de l'Atelier Cinéma de LDJ
Mercredi 1er décembre 2010

Mireille Ouziel a fait une fine et brillante analyse du film
« Des Hommes et des Dieux »de Xavier Beauvois.
Librement inspiré de l’affaire de l’assassinat des moines de
Tibhérine en 1996, ce film, primé au festival de Cannes,
connaît un grand succès depuis sa sortie sur les écrans et
Mireille s’est attachée à mettre en évidence les éléments qui
en font une œuvre d’art.
Interprété par des acteurs de grand talent, tourné dans des
paysages magnifiques de l’Atlas marocain, ce film, qui ne
prétend pas être un document historique, est construit
comme une tragédie, avec des épisodes qui s’enchaînent en
un temps resserré. Les chants liturgiques, qui rythment la vie
monacale lors des prières et des offices, remplissent
parfaitement la fonction du chœur antique qui commente
l’action. Comme dans la tragédie, la fin est connue d’avance
par le spectateur dont l’attention se porte sur les péripéties :
ici l’évolution du cheminement spirituel des moines pendant
les mois précédant leur disparition, en réaction à des
incidents violents conduisant, dans une intensité croissante,
à la catastrophe finale.
Le contexte est celui des massacres attribués au G.I.A. qu’a
connus l’Algérie pendant les années 90 et d’une affaire qui
n’a pas été élucidée.
Après un début paisible montrant la vie des huit moines qui
se partagent entre l’étude, les offices (dont la célébration est
superbement mise en scène) et le travail « profane » agriculture essentiellement mais aussi soins et aide apportés
à la population du village avec qui l’entente est parfaite –
éclate un premier incident, l’assassinat d’ouvriers croates sur
un chantier, et peu à peu s’instaure un climat de
terreur :d’autres crimes sont commis.
Des terroristes
font irruption au monastère pour exiger que le médecin,
Frère Luc (Michael Lonsdale) parte avec eux pour soigner
leurs compagnons blessés. Le supérieur, Christian de Chergé
(Lambert Wilson), refuse et réussit à les tenir en respect et
même à dialoguer avec le chef du commando grâce à sa
connaissance de l’Islam (le dialogue interreligieux montre là
tout son intérêt).
Tout va s’accélérer ensuite et les moines devront choisir
entre rester sur place en risquant leur vie ou partir.
Encouragés par les villageois et après s’être concertés à
plusieurs reprises, ils prennent la décision de rester, malgré
leur peu de goût pour le martyre, tout en refusant la
protection de l’armée pour qui ils deviennent suspects, voire
indésirables.
A partir de là tout se précipite. Le chef du commando est tué
mais on sait que d’autres exactions se produiront. Un
émissaire de l’Evêché vient leur rendre visite, leur apportant
le courrier ainsi que des nourritures matérielles et
spirituelles. (On devine le titre d’un livre sur le soufisme que
le Père de Chergé avait commandé, ce qui montre sa
curiosité intellectuelle et sa grande ouverture d’esprit.)
Un moment de répit a lieu pendant un repas pris en commun,
évoquant nettement la Cène, qui est une véritable
communion et semble conforter chacun dans sa foi et sa
décision. La musique du Lac des Cygnes, la lenteur et la
solennité des gestes en font un moment suspendu hors du
temps et la spiritualité chrétienne vient se substituer à la

tragédie antique : plus de « fatum » imposé et subi, le destin
est librement assumé, consenti.
La violence fait à nouveau brutalement irruption quand on
vient enlever les moines et qu’on les emmène
précipitamment. Ils sont neuf, en comptant leur visiteur.
Deux d’entre eux parviendront à se cacher et auront la vie
sauve. Les sept autres sont conduits à pied dans la neige,
formant une colonne que l’on voit de loin se dissiper dans le
brouillard, montant vers un lieu invisible. Dans cette scène
pathétique s’imposent les figures des deux personnages
principaux : l’homme dans la force de l’âge qu’est le
supérieur du monastère soutient le vieux médecin
physiquement affaibli qui a auparavant exprimé avec force
sa sérénité d’homme libre (il ne craint ni l’armée ni les
terroristes dont il a d’ailleurs soigné l’un d’entre eux) et son
absence de crainte face à la mort. Cette absence de crainte
est partagée par Christian de Chergé qui, dans son testament,
a exprimé sa « curiosité » face à la vie éternelle et considère
son futur assassin comme un frère ou un ami de la dernière
heure. Rien de malsain ou de suicidaire dans tout cela. Les
moines ont simplement déjà fait don de leur vie.
Comme toute œuvre d’art, ce film est complexe et comporte
de subtiles correspondances sémantiques et connotations :
on peut, par exemple, à propos du Lac des Cygnes, aller
chercher du côté de la légende de Siegfried… Chacun peut
donc en retenir ce qui touche sa sensibilité, à partir de ses
références culturelles et de ses convictions: grandeur d’âme,
bel exemple de fraternité humaine chez ces moines ayant
consacré leur vie à Dieu tout en se mettant au service d’une
population défavorisée ; sens de la solidarité, capacité de
résistance à la violence aveugle. Le titre invite à se focaliser
sur les hommes. Le contexte chrétien peut suggérer le
« chemin de croix » d’êtres spirituels vivant à leur tour la
passion du Christ dont ils venaient il y a peu de célébrer la
naissance.
Ce film ne peut laisser personne indifférent et nous
remercions Mireille de nous en avoir montré toute la
richesse.

S.F

Plus de Yiddish à Paris
La Maison de la Culture Yiddish s'est installée dans ses
nouveaux locaux (1). L'intronisation s'est faite en
présence des Représentants du Ministre de la Culture et
du Maire de Paris, du Maire du 10éme arrondissement,
du Président de la Fondation de la Shoah et d'une
bonne centaine de personnes, dont le célèbre
clarinettiste américain David Krakauer, toutes
impliquées à des degrés divers dans le sauvetage et le
renouveau de la langue des Juifs de l'Europe de l'est ;
Langue qui faillit périr dans les chambres à gaz et qui
plus 60 ans après, a en France l'honneur de figurer dans
les programmes universitaires.
Grace à la pugnacité des animateurs de cette Maison
qui, dans sa bibliothèque, conserve maintenant plus de
20 000 livres en yiddish, les trésors de la Culture
Yiddish sont accessibles en cette langue ou en français,
puisque la traduction, comme l'enseignement, figure
aux premiers rangs des objectifs de l'association qui
gère cette maison.
1) 29 rue du Château d'Eau Paris 10ème

10
 

 

Echos des c
E
conférenc de LDJ
ces
J
Me
ercredi 3 novem
mbre 2010

Ré
égine Azria
a
So
ociologue, c
chercheuse à l'EHESS
S

Mercredi 17 novembre 2010
i
e

Michèle Bi
itton
Sociologue, chargée de cours à la
Faculté de L
F
Lettres d'Aix en Provence
e

n
ntroduction
n…
En guise d'in

Lilith, une femme fat
tale

En gu
uise d'introd
duction à n
notre
cycle annuel, Rég
gine Azria n
nous
a, tou d'abord, rappelé le rôle
ut
joué p Doris B
par
Bensimon d
dans
l'accep
ptation des études sur le
s
Judaïs
sme par les milieux de la
e
recher
rche sociolog
gique et dan sa
ns
pro
opre démarc
che. Elle a ensuite ex
xaminé, avec et
c
dev
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ditoire fourni comment le thème ch
i,
hoisi
par LDJ pour cette année pourrait êtr abordé. D
r
re
Deux
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proches lui s
semblent pos
ssibles :
1 – Par le Judaï
ïsme
2 – Par les fem
mmes
Pa le Judaïsme, à condi
ar
ition de ne p se limit à
pas
ter
l'as
spect religieu mais d'ex
ux,
xaminer com
mment la fem
mme
jui est peu à peu entrée dans la soc
ive
ciété avec ou en
u
dép
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gieux. Dans les mili
s
ieux
ash
hkénazes, le hommes se consacrant souven à
es
nt
l'ét
tude des text ce sont le femmes q ont assuré les
tes,
es
qui
é
con
ntacts avec l société civ en assur
la
vile
rant le minim
mum
ma
atériel, en se chargeant d l'éducatio des enfant et
e
de
on
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en portant le Y
Yiddish, ce "ja
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pour les femm
mes.
Le règles rel
es
ligieuses, qu à l'origine étaient pl
ui
lutôt
pro
otectrices – interdiction de la poly
n
ygamie dès le
mo
oyen-âge en Europe - pour les femmes, sont
n
dev
venues, par leur imm
r
mobilisme e du fait de
et
l'év
volution des sociétés, un carcan. Un carcan qui
s
bou lentemen mais qui bouge quand même, com
uge
nt,
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mme
nou l'entendro sans dou au cours des procha
us
ons
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s
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con
nférences.
Pa les femm
ar
mes, en exam
minant comment les rè
ègles
d'u
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mo
onolithiques et qui ont va en fonction du lieu e de
arié
et
l'ép
poque, ont p
permis l'entré des femme juives dan la
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es
ns
soc
ciété modern sachant q dès l'ori
ne,
que
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tes,
e
ment
elles ne furen pas astre
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eintes par des obligations
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emporelles i
imposées pa les préce
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eptes
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ligieux.
En se demand
n
dant, au passage, si les femmes d la
s
de
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ble,
lith, Rachel, Ruth, et les autres, doiv
s
vent
êtr considérée comme d exemple représenta
re
es
des
es
atifs,
ou comme des héroïnes my
ythiques et at
typiques.
Il ne nous reste plus qu'à entrer dans le vif du s
s
sujet
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ec
stement, lors de la proch
s
haine confére
ence
de notre cycle.
I.J

Fut-elle la p
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eur
eur
ou n'était-il pas au fait des relatio
t
ons
sociales qui allaient pr
i
révaloir dura
ant
quelques millénaires dan sa création Il fit la pre
ns
n?
emière
femme à partir de terre, comme Adam et
m,
immédiatem les scène de ménage et la lutte p
ment
es
pour le
pouvoir com
p
mmencèrent. " Tu es de terre fait com je
t
mme
le suis, et il n'y a aucune raison que je sois au d
e
dessous
de toi" dit-e au prem homme ; puis sans gloser
elle
mier
sur le sens e
exact de la de
ernière partie de sa phras elle
e
se,
s'envola du d
domicile con
njugal.
ne
Le créateur créa alors un seconde femme -Eve mais
eprudemment il la créa à partir d'une des côtes d'A
p
t,
Adam.
L'ordre régn et la su
na
uprématie d'A
Adam fut a
assurée
jusqu'à ce qu dans les années 1960 des étudian de
j
ue,
0,
ntes
l'Université Hébraïque de Jéru
e
usalem puis des
s
féministes n
new-yorkaises relèvent le drapeau de Lilith,
e
sous forme d libelles rev
de
vendicatifs.
Entre temps elle avait f quelques rares appa
s
fait
s
aritions
dans la Bibl ; chez le Prophète Isa (Isaïe 34-1 ) où,
le
aïe
14
elle se ta
selon lui,
apira dans les ruines après
l'Apocalypse puis vers l Xème siècle dans le "Pseudoe,
le
e
Ben Sira " où il est dit que des envoyés d ciel
s
du
marchandère avec elle pour obteni que les nou
ent
ir
uveaunés d'Israë échappent à sa colèr sous con
ël
re,
ndition
qu'on les pro
otège avec des épées de fer tournoya auant
dessus des berceaux, d ciseaux déposés so les
des
ous
u
ore
s
portant
oreillers, ou mieux enco avec des amulettes p
les noms de trois envo
es
oyés du ciel qui signèren avec
nt
elle ce contr Elle fit é
rat.
également un petite inc
ne
cursion
chez les rom
mantiques san doute attir par cette f
ns
rés
femme
à la chevelur rougeoyan
re
nte.
Lilith dont il se dit qu'e serait d'o
elle
origine sumé
érienne
et que l'on s
suppose ram
menée dans le Judaïsme l
e
lors du
retour de l''exil à Baby
ylone a fait pour nou une
t,
us,
réapparition avec Michèl Bitton. Ce fut l'occasio non
le
e
on
seulement d nous éme
de
erveiller sur la puissanc des
r
ce
mythes, ma aussi d se livrer ensemble à des
ais
de
réflexions su la conditio féminine et sur la pui
ur
on
issance
du mal lors
squ'il s'avéra dans le Zohar, qu’ell était
a,
Z
le
devenue la f
femme de Sat
tan.
I.J.
La f
fille du démon, que l'Homme eut dans son lit
e
Ava qu'Eve appa sous les as
ant
arût
stres sans nomb
bre
Mo
onstre et femme que fit Satan avec de l'ombre
Afin qu'Adam reçû le fiel avant le miel,
n
ût
l
Et l
l'amour de l'enf avant l'amou du ciel.
fer
ur
Eve était nue. Isise
-Lilith était voil
lée.
Victor Hugo (La fin de Satan 1886)
r
6)
Pour en savoir plus ; Michèle Bitton & Cath
r
e
herine. Halpern :
Lilith l'épouse de S
h,
Satan. Larous 201
sse

11
Activités de LDJ
Conférences
LDJ a axé son programme pour l'année 2010-2011 sur le
thème :

Femmes, Judaïsme et Société
Mercredi 3 novembre.
Régine Azria, sociologue, chargée de recherche à l'EHESS,
"En guise d'introduction…"
Mercredi 17 novembre 2010
Michèle Bitton, sociologue, chargée de cours à la Faculté
des Lettres d'Aix en Provence présentera son livre :
"Lilith, une femme fatale"
Mercredi 15 décembre 2010
Pauline Bebe, rabbin de la Communauté juive libérale de
Paris: Comment et jusqu'où peut évoluer une religion?
____________________

Mercredi 12 janvier 2011
Martine Gross, Ingénieure de Recherche en Sciences
Sociales au CNRS : Le Judaïsme face aux nouvelles
pratiques sociales, familiales et sexuelles.

Et ailleurs:
Au MAHJ

Variations sur 9 bougies.
Il ne vous reste plus que quelques jours - jusqu'au 16
janvier - pour aller voir les magnifiques chandeliers
de Hanoukka réunis dans le cadre de l'exposition :
"Cent lumières pour Casale Monte", dont nous
avons parlé dans notre précédente Lettre

Félix Nussbaum (1904-1944)
Jusqu'au 23 janvier 2011
La tragique trajectoire d'un peintre Juif et Allemand,
depuis sa ville d'Osnabrück, qui vient de lui consacrer
un musée conçu par Daniel Libeskind, l'architecte du
musée juif de Berlin, à Auschwitz où il fut assassiné en
1944.

Au MUSEE du JEU de PAUME
Jusqu'au 6 février 2011 des photos d'André Kertèsz
(Voir en page 5 de cette Lettre).

Chez nos amis de l'AACEE

Mercredi 9 février 2011
Irène Wekstein, Psychologue, vice-présidente de LDJ:
Femmes ashkénazes : libération, transmission et pertes.
Ces conférences sont suivies d'un débat et se tiennent
13 rue du Cambodge 75020 Paris
à 20 heures. Accueil dès 19 h 30

Vendredi 28 janvier 2011 à 17 h 30
Auditorium de l'Hôtel de Ville de Paris
Projection de " Nous continuons". Court métrage tourné en 1946.
En présence de nombreux anciens des maisons de la CEE.

Irène Wekstein organise durant le premier semestre 2011

Cercle de Lecture
Dimanche 30 janvier 2011 à 15 h 30
"Journal d'un rabbin raté" de Victor Malka
Notifiez votre participation au :
01 43 65 09 25

La Lettre de LDJ. janvier-février 2011
Rédaction et administration
275 rue des Pyrénées 75020 Paris
Directeur de la publication: Marlène Celermajer
Comité de lecture :
Irène Wekstein, Armand Levy, Isidore Jacubowiez,
Flora Novodorsqui, Simone Simon,
Marlène Celermajer

Copytoo 281 rue des Pyrénées 75020 Paris
Dépôt légal à la parution ISSN 1145-0584

un cycle de conférences sur :
" La Galicie racontée par ses fils"
En yiddish, en hébreu, en allemand, en polonais, ils
ont célébré un paradis perdu, malmené par l’histoire,
mais qui n’a pas trouvé son équivalent dans le
monde moderne."

Les premières de ces conférences auront lieu le :
Mercredi 19 janvier 2011
Quel est ce monde dans lequel nous vivons ?
Moyshe Nadir, Melech Rawitch, Uri-Zwi Grinberg
Mercredi 2 février 2011
La Galicie, terre natale, terre d'exil.
S.Y. Agnon : l'hôte de passage
Mercredi 9 mars 2011
La Galicie comme objet perdu. Joseph Roth
Ces conférences ont lieu à la Maison de la Culture Yiddish.
29 rue du Château-d'Eau Paris 10ème (Métro République)
à 20 heures précises.

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Liberte du Judaisme 108 janvier fevrier 2011

  • 1. Présidente d’Honneur : Doris Bensimon ‫זייל‬ L.D.J. Siège social 275 rue des Pyrénées 75020 Paris Editorial N° 108 janvier-février 2011 le numéro 2,50 € Luttes des femmes en Israël Comment ne pas nous remémorer en cette fin d’année le grand départ de notre amie Doris que nous avions accompagnée le 16 décembre 2009 et qui a fait l’objet de nombreux hommages en 2010 ? Celui de Pauline Bebe1, le 15 décembre, au cours de sa conférence à L.D.J, elle qui avait officié lors des obsèques de Doris; celui de Béatrice Philippe2, prononcé le 15 novembre à la Société des Etudes Juives où Mireille Hadas-Lebel3 nous avait invités, et le 3 novembre ce fut un « Hommage à Doris 4», article de Régine Azria qu’elle lut lors de sa conférence à L.D.J ce jour là. A Doris, femme moderne et engagée, nous avons dédié le thème de l’année « Femmes, Judaïsme et Société ». Et la vie continue à L.D.J avec dans cette Lettre les Echos de notre Assemblée générale, des deux premières conférences et de l’Atelier Cinéma. Nos membres eux aussi nous parlent de leurs activités: voyages à Odessa, à Cavaillon ; un film documentaire de Robert Bober sur Perec au Mémorial de la Shoah ; l’exposition sur André Kertész au Musée du Jeu de Paume, et deux articles traitant de cette terrible période de l’occupation en France avec une Exposition à la Fondation Rothschild et une Table ronde à l’Espace Rachi sur l'Exclusion des médecins juifs en France. Enfin, en guise de « trait d’union » entre le thème de l’année dernière et celui de cette année, c’est un texte sur les « Luttes des Femmes en Israël » d’après un article de Nelly Las qui vous est proposé. En vous remerciant pour votre fidélité et votre soutien à L.D.J en renouvelant votre adhésion ou abonnement à la Lettre de L.D.J, nous vous souhaitons, chers amis lecteurs, une belle et lumineuse année 2011. Marlène Celermajer 1) Rabbin de la communauté juive libérale, Centre Maayan 2) Professeur émérite des Universités, collègue à l'Inalco de Doris Bensimon. 3) Professeur des Universités – Présidente de la Société des Etudes Juives. 4) Régine Azria "Hommage à Doris». Archives de sciences sociales des religions [en ligne] ,149/2010 mis en ligne le 08 juin 2010.URL : http://assr.org/21997 Trait d’union entre le thème de l’année dernière sur Israël et celui de cette année sur les femmes, il pouvait être intéressant d’évoquer ce qu’avait de spécifique la situation des femmes israéliennes. La représentation que l’on en a hésite souvent entre deux visions aussi partielles l’une que l’autre. La première se référant à l’héritage des pionnières du sionisme et aux acquis d’un état démocratique présente les Israéliennes comme des femmes libres à l’instar des sociétés occidentales. La seconde mettant l’accent sur l’emprise du fait religieux sur l’état civil et sur la vie quotidienne montre des femmes prises dans des contraintes archaïques dont elles n’arrivent pas à se débarrasser. Ces deux visions correspondent bien aux deux visages d’Israël, mais elles dissimulent une réalité beaucoup plus complexe et beaucoup moins connue, qui a été décrite dans un article de Nelly Las paru dans « Femmes et Judaïsme aujourd’hui », actes du colloque qui s’est tenu sur ce thème en 2004. Nelly Las est historienne, chercheuse, elle travaille à l’Université hébraïque de Jérusalem. Son article porte sur le féminisme en Israël. Dans un rapide historique elle évoque d’abord les débuts héroïques de l’état d’Israël. Les pionniers sionistes cherchaient à créer un homme nouveau, opposé à celui jugé trop passif de la diaspora, mais cette idéologie impliquait une certaine primauté masculine. Les femmes avaient gagné le droit de faire les mêmes travaux physiques que les hommes, mais devaient se battre pour obtenir le droit de vote à l’Assemblée représentative du Yishouv ! En 1948, le nouvel état assure « une égalité de droit à tous les citoyens sans distinction de croyance de race ou de sexe », mais une loi votée en 1953 stipule que le statut personnel des citoyens serait soumis au droit religieux. « Le principe de l’égalité des sexes restera donc subordonné aux valeurs religieuses basées sur une conception patriarcale du rôle de la femme » Mais les premières années du jeune état étaient marquées par les difficultés que l’on connaît et le 1
  • 2. statut de la femme ne faisait pas partie des priorités. Le féminisme en Israël fit ses débuts dans les années 1970, comme produit d’importation américaine et ce n’est qu’à partir des années 1980 qu’il se manifesta d’une façon visible. A cette époque Israël rencontrait des difficultés grandissantes sur les plans politique et social (Guerres du Kippour et du Liban, première et deuxième Intifada) et ces difficultés avaient des répercussions directes sur les femmes. Les luttes menées par les femmes israéliennes, qu’elles soient féministes déclarées ou seulement concernées, découlent de cette situation spécifique et portent sur plusieurs plans. La lutte pour la paix. Depuis la guerre du Liban on constate une participation grandissante des femmes dans le camp de la paix. Elles inventent des méthodes nouvelles. « Les femmes en noir » est un mouvement de femmes né après la première Intifada. Tous les vendredis à la même heure des femmes de tous âges vêtues de noir se rassemblent portant des panneaux disant : Halte à l’occupation. Elles ne se posent pas en tant que mères ou épouses, mais en citoyennes, estimant que ce problème est crucial pour la résolution de tous les autres. Ce mouvement est marginal, les femmes sont souvent injuriées et traitées de traître. Son importance est symbolique. Il a même donné naissance à un contre mouvement : « les femmes en vert », qui crient : Israël c’est notre cœur. Un autre mouvement de femmes pour la paix est celui des « Quatre mères » (référence aux quatre matriarches de la Bible). Les femmes cette fois se posent en tant qu’épouses et mères. Le mouvement est plus populaire, plus médiatisé et a eu un impact sur la question de l’occupation du sud Liban. ce type de revendications, mais des actions sur le plan social se développent car les besoins sont grands. Un féminisme religieux ? Quelques questions posées par les féministes arrivent jusque dans les milieux religieux les plus traditionalistes. Certaines femmes, habitant souvent dans les territoires occupés, cherchent à faire progresser le statut des femmes juives. Elles revendiquent l’accès aux études - études talmudiques et de droit rabbinique- souhaitent changer les programmes des manuels scolaires des écoles religieuses dans une perspective égalitaire et cherchent des solutions face au problème des agounot. Leurs luttes se font strictement dans le cadre de la halakha, faute de quoi elles seraient exclues de la communauté. Les luttes des femmes en Israël ne sont donc pas seulement des revendications qui s’adressent au judaïsme, elles se confrontent à tous les grands problèmes du pays et s’adressent également à l’état. D’importantes divergences existent parmi les mouvements, ceux-ci sont souvent marginaux, mais des actions communes peuvent être trouvées concernant les agounot, la pauvreté, les violences faites aux femmes ; par ailleurs les femmes deviennent prépondérantes dans la lutte pour la paix. Au moment où j’écrivais cet article, Nelly Las prenait contact avec LDJ en rappelant son amitié avec Doris Bensimon qui avait été son directeur de thèse, et sa sympathie pour nos activités. Un de ses livres sortira prochainement en France et nous aurons peut-être le plaisir de la rencontrer à cette occasion. Qu’elle en soit remerciée. Irène Wekstein ______________ Mon amie Dialogue avec les femmes arabes israéliennes et les femmes palestiniennes Depuis la première Intifada, les femmes arabes israéliennes ont créé des organisations féministes. Leurs objectifs sont sociaux et culturels : elles visent à améliorer le statut des femmes arabes par l’éducation, les études, elles luttent contre les mariages de très jeunes filles et contre les crimes d’honneur. Luttes sociales et identitaires. L’hégémonie culturelle et économique des Ashkénazes sur les Juifs venus d’Orient est toujours d’actualité. La réaction s’est exprimée sur le plan politique et vise à instaurer une affirmation identitaire. Celle-ci se manifeste aussi dans certains mouvements féministes où les femmes expriment leur frustration et dénoncent la domination ashkénaze. Il semble que le mouvement féministe soit partagé sur Elle disait, si je reviens J'écrirai des romans Elle disait, si je reviens J'apprendrai le violon Elle disait, si je reviens J'aurai beaucoup d'enfants Il n'y aura Ni enfants Ni violon Ni roman Gisèle Guillemot Gisèle Guillemot, arrêtée pour fait de résistance par la Gestapo fut déportée à Ravensbrück, puis à Mauthausen. Elle fut libérée en 1945. 2
  • 3. Voyage es Ca availlon, v vous conn naissez ? Si j vous dis : Cavaillon, v je vous pensez : "melons". Ou bien sûr, mais il a d'a ui autres choses à Cavaillon et s n en particulier u très jolie synagogue b originale. une bien Lo orsqu'en l'an de grâce 1306, au milieu de ses n dém mêlés avec l papauté et avant de s'en prendre a la t aux Te empliers, le roi de France Philippe le Bel décr réta l'ex xpulsion des Juifs du do royaume de France il s oux e, éta comme d'habitude, à court d'a ait, argent, sinon à n cou d'idées. Celle-ci lui permettait de faire co urt i oup dou : s'appr uble roprier des biens des J Juifs, après les avo lourdeme rançonné les année précédent oir ent és es tes, et se présenter comme le hé éraut de la c chrétienté. Po faire san doute preuve d'ind our ns dépendance p par rap pport à la pe esante tutelle du Roi de France, et sa e ans dou parce q ute qu'ils y trouv vèrent quelq ques avantag ges son nnants et tré ébuchants, les Papes qui régnaient al lors sur le Comtat Venaissin acceptèrent que les Ju r t uifs exp pulsés s'y in nstallent, bie entôt suivis en 1500 p par ceu qui fure expulsés de la Provence où ils ux ent s viv vaient, sans doute, depui l'époque r is romaine. Par la r sui en 1624, ce droit de séjour fût limité à qua ite, , e atre cités du Com mtat : Avign non, Carpen ntras, l'Isle sur So orgues et Cav vaillon. Qu uelques rues, qu'en provençal on appe r l, elle "ca arrières", leu furent don réservées A Cavaillon, ur nc s. c'e une seule petite rue, que l'on fe est e , ermait tous les soi aux deux extrémités, qui leur fut octroyée. Pe irs eutêtr pour les p re protéger, peu ut-être égale ement pour les em mpêcher d'en sortir, bien q qu'étant dans l'obligation de s n por un signe distinctif, ils ne devai rter ient sans doute pas pouvoir all bien loin. s ler La surface a sol éta a au ant réduite, les maiso ons d'h habitation av vaient tenda ance à croît en haute tre eur, con ntrairement à l'habitat co ourant de la v ville. A une extrémi de la rue hébraïque – c'est son nom ité m se trouve la synagogue. Celle que l'on peut v voir auj jourd'hui, et qui fut san doute con t ns nstruite sur les lieu de la préc ux cédente, date des années 1770. Les Ju e uifs de Cavaillon é étant, comme tout le mo onde, soumis à l'ai du temps, elle a le sty de son ép ir yle poque et on est un peu surpris – compte te de l'aust enu térité habitue elle de l'intérieur d synagogu – de se t des ues trouver dans un déc rococo avec balust cor trades dorée et peintu es ures col lorées. La Bi imah, sans d doute du fait de l'exigüité du lieu est insta u, allée, en éta age, sur un b balconnet, tout com mme le faut teuil tradition nnel qui atte le proph end hète Eli ie. La nic che qui con ntient les r rouleaux a été enc castrée dans la maison m mitoyenne. L'intérieur de la synagogu et la Bima sur le bal L e ue ah lcon Une salle en sous-sol, d'où les fe U n emmes suiva aient l''office, comp porte un fou à pain bie conservé dans ur en le equel on f faisait cuire les Matzos – Coudolle en s provençal – car les Juif d'ici parla p fs aient un ju udéoprovençal - mélange d'h p hébreu et de provençal. Ce e sous-sol dest tiné à deveni un musée comporte pour ir e l''instant quel lques pierres tombales sur lesquelle on s s es peut lire les noms des p p personnes à qui elles fu urent dédiées. C'e généralem d est ment un nom de ville ou de m li comme Lisbonne o Carcasson ieu ou nne, puisque les e Juifs, quand ils durent se nommer, empruntèrent leur J e nom à l'endro où ils résidaient. n oit Un "mikvé" a été décou U uvert à prox ximité sous une maison mito m oyenne, ma ais il reste pour l'instant e in naccessible. Le fauteuil d prophète E à trois mètres du sol. L du Elie m La communa L auté juive de Cavaillon ne fut jamais très n s nombreuse. O parle de deux cents personnes. Elle n On s'ouvrit au monde en 1791 avec le Dé n écret d'Emancipation, sortit du ghetto et se dispersa au d u t cours des deu siècles sui c ux ivants. Si vous pas S ssez par là, n'hésitez pas, entre d , p deux melons, à a m aller faire u petit tou dans la "rue un ur hébraïque". h Isidor Jacubowie re ez. 3
  • 4. Vu, Lu, Entendu L'exclusion des médecins juifs en France sous l'Occupation Le 18 novembre avait lieu une table ronde sur le sujet à l'Espace Rachi, sous l’égide du F.S.J.U. et de l'A.M I F (Association des Médecins Israélites de France), à l’occasion du 70ème anniversaire de l’exclusion de médecins juifs en France. Autour de Paule-Henriette Lévy, journaliste et rédactrice en chef de R.C.J., étaient réunis: Tal Bruttmann, historien et chercheur auprès de la Commission d'enquête de la ville de Grenoble sur les spoliations de biens juifs; Bruno Halioua, médecin et historien de la médecine; Colette Brull-Ullmann, médecin et ancienne externe à l'hôpital Rothschild jusqu'à la fin de l'année 1943, ainsi que son époux, Jacques Ullmann, médecin démobilisé près de Limoges qui revient en septembre 1940 à Paris pour reprendre son poste d'externe à la Salpétrière. Tal Bruttmann fit le point sur la mise en place de la politique antisémite de Pétain qui, à partir du 12 juillet 1940, interdit à «toute personne née d'un père étranger d'appartenir à un cabinet ministériel ». Par « étranger », il faut dès lors entendre « juif » car depuis les années 30, la propagande faisait courir le bruit que « les couloirs du Gouvernement et de l'Administration étaient peuplés de hordes de Juifs étrangers, qui menaçaient la France. » A ce moment-là, les textes de loi qui sont promulgués ne mentionnent pas encore explicitement les Juifs, par crainte, au début, de heurter frontalement l'opinion publique, mais des signaux clairs sont donnés à la population. Ainsi pour la commémoration du 14 juillet 1940, le gouvernement est représenté dans tous les lieux de culte à l'exception des synagogues. Autre exemple significatif, trois semaines plus tard, l'émission radiophonique « La voix d'Israël » est interdite, puis le 16 août, le décret Marchandeau interdisant la propagande antisémite dans les journaux est abrogé. En trois mois, de juillet à octobre 1940, toute la législation antisémite se met en place. Concernant tout d'abord les « étrangers », ensuite rapidement et pour ne pas être à la traîne des Allemands, elle se généralise à l'ensemble de la population juive sans condition de nationalité: statut des juifs les excluant de l'Administration, internement des Juifs étrangers par les préfets, révocation du décret Crémieux... De juin à juillet 1941, avec la deuxième mouture du statut des Juifs, ceux-ci sont exclus de tous les domaines professionnels, ils ont obligation de se faire recenser et leurs biens sont aryanisés et spoliés. Tout s'est donc organisé extrêmement vite pour aboutir à l'extermination des Juifs de France. Il n'a fallu que trois mois au régime de Vichy pour promulguer le statut des Juifs qui est l'équivalent des lois de Nuremberg quand il a fallu deux ans au régime nazi pour le faire! Après cette introduction, le Docteur Halioua rappela la demande de repentance, en son nom propre, du Président du Conseil de l'Ordre des Médecins en 1997, ce qui faisait suite aux déclarations de Jacques Chirac du 16 juillet 1995 lors de la commémoration du 53ème anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. Des protestations de nombreux médecins, que le Docteur Halioua qualifie de virulentes, s'élevèrent alors, pour ne pas « réveiller le vieil abcès que constitua la création de l'Ordre sous Vichy ». Il fit un tableau de la situation des médecins juifs dans la France de l'époque où nombre d'étudiants juifs étrangers, russes, polonais ou roumains, par exemple, étaient venus étudier la médecine en raison du numerus clausus dans leur pays et pour les roumains de l'équivalence dont ils bénéficiaient entre le baccalauréat français et celui obtenu dans leur pays d'origine. Ainsi furent les parcours des pères de Bernard Kouchner et d'Alain Krivine. Peu à peu, après un certain sentiment d'orgueil qu'éprouvent les autorités universitaires en constatant que ces étudiants élisent la France, succède le rejet qui se manifeste par des propos xénophobes de la part du monde médical traditionnellement conservateur. On parle là aussi de « hordes de métèques qui se sont abattues sur les facultés », « d'envahisseurs étrangers. ».Dès 1930 déjà la Fédération des associations d'externes s'inquiète de la concurrence de ces confrères étrangers qui « risquent de détruire la profession d'autant que sévit durement la crise économique. » Le 16 août 1940, est promulguée l'interdiction d'exercer aux médecins étrangers, l'accès de la médecine étant réservé uniquement aux praticiens de nationalité française nés d'un père français, et ce, avant 1927. Du jour au lendemain, des centaines de médecins se retrouvent au ban de la société, sans aucun moyen d'existence et sans que le reste de la profession n'y trouve à redire. Cette loi exclut non seulement les praticiens juifs mais aussi les praticiens non juifs étrangers. Le 7 octobre 1940, le Conseil de l'Ordre est créé, continuant à s'impliquer dans le processus d'exclusion. 4
  • 5. Des listes d'interdiction d'exercice fleurissent dans les journaux médicaux où apparaissent des annonces proposant des cabinets libérés à des conditions fort intéressantes ! Le Docteur Louis-Ferdinand Destouches dit Céline saura utiliser ces excellentes opportunités .en prenant le poste d'un médecin haïtien, écrivant au Conseil de l'Ordre sa haine des Juifs et des enjuivés de la médecine... Des fiches signalétiques où doivent être mentionnées la nationalité d'origine et la religion juive ou non juive deviennent obligatoires pour prétendre à une installation. Les dénonciations arrivent au Conseil de l'Ordre sans souci des conséquences. tient à préciser que ses collègues non juifs sont cependant restés corrects avec lui. Il rappelle également qu'en 1860, sous Napoléon III déjà, son bisaïeul, médecin des Armées, s'était vu refuser la Légion d'Honneur au prétexte qu'il était juif. Il aborde aussi l'antisémitisme du Professeur Menétrel, médecin personnel et confident de Pétain, considéré comme son éminence grise. Il va sans dire que l'auditoire, où se trouvaient des personnes touchées dans leur histoire personnelle par ces évènements tragiques, a été particulièrement ému par les récits de ces témoins d'un passé si cruel. La législation permet cependant certaines dérogations pour les médecins anciens combattants, les blessés de guerre, ceux qui ont obtenu une citation ou ceux dont la famille est en France depuis cinq générations. C'est la chasse aux généalogies qui commence. Pour en savoir plus : Adeline FRIDE Le 2 juin 1941 est mis en place le numerus clausus pour les médecins juifs français et le décret du 11août 1941 fixe à 2% au maximum le nombre de médecins juifs sur l'effectif total. Cela complète la législation d'exclusion des médecins étrangers. 1) 2) Tal Bruttmann: « La logique des bourreaux, 1943-1944 », Hachette Littératures, 2003. Bruno Halioua: « Blouses blanches, étoiles jaunes », Liana Lévi, 1999 Vu, lu, Entendu La Fondation Rothschild Que dire de sommités comme le Professeur Milliez qui prétendit à la Libération que le corps médical n'avait pas collaboré... Une exposition s'est tenue ce dernier trimestre de l'année 2010 à la Fondation Rothschild (1), qui abrite maintenant des gens très âgés, une exposition sur la vie de cet établissement de 1939 à 1944. Vint enfin le temps des témoignages poignants des Docteurs Colette et Jacques Ullmann. Colette Brull-Ullmann subit l'interdiction de passer le concours de l'externat des hôpitaux de Paris et resta donc stagiaire. La seule solution qui lui restait était de passer le concours en mars-avril 1942 de l'hôpital Rothschild, dans le 12ème arrondissement, qui avait un statut indépendant de l'Assistance Publique, fonctionnait avec un personnel juif et non juif et accueillait traditionnellement des patients juifs mais aussi non juifs. Ayant pignon sur rue et le nom qu'elle portait la Fondation aurait eu du mal à passer inaperçue aux yeux des nazis. Ceux-ci voulurent, bien sûr, faire immédiatement main basse sur la Fondation en tant que biens juifs, mais, ô miracle, l'administration vichyste traina des pieds en arguant que la Fondation n'appartenait pas aux Rothschild puisqu'elle était …une Fondation. La procédure dura jusqu'en juin 1944. Les Allemands finirent, bien entendu, par avoir gain de cause et confièrent après cette date la tutelle de la Fondation à l'UGIF (2). Le 8 décembre 1941, l'établissement est divisé en deux zones, l'une pour les hospitalisations libres, l'autre de 140 lits destinée à hospitaliser les internés gravement malades de Drancy. Mme Ullmann ainsi que d'autres médecins, infirmières et assistantes sociales décident de résister en facilitant les évasions ou en prolongeant les hospitalisations. Mme Ullmann se reproche encore aujourd'hui de n'avoir pu sauver autant de patients qu'elle l'aurait voulu et dans la salle se trouvaient des familles de malades remplies d'émotion et de gratitude à l'égard de l'engagement de ces personnels émérites qui ont agi sans souci de reconnaissance, au péril de leurs vies. Quant à son époux, Résistant lui aussi, et qui était déjà externe, il évoque le climat délétère qui régnait alors à la Salpêtrière, lorsque les internes avaient adressé une lettre au Maréchal pour lui affirmer leur attachement. Il En juin 1941 dans le cadre des mesures prises contre les Juifs, un décret impose un "numérus clausus" dans les hôpitaux en imposant un taux maximum de 2% de médecins juifs. Un certain nombre de ceux qui perdent alors leur emploi se retrouvent à la Fondation qui a d'ailleurs fort à faire et qui est entourée de barbelés à la fin de la même année. La Fondation est alors le lieu d'un horrible et bizarre chassé-croisé. Elle reçoit du Camp de Drancy des malades, ce qui permettait sans doute à l'administration allemande du camp de montrer qu'elle se préoccupait aussi de la santé des internés, et simultanément elle vient rafler des malades et des vieillards pour remplir son quota de 1000 déportés par train en direction d'Auschwitz. En juillet 1943 le tueur en chef du Camp de Drancy – Aloïs Brunner - décide de ne plus faire garder la 5
  • 6. Fondation par la police française, mais d'en confier la totale responsabilité à sa direction juive avec un discours qui, près de 70 ans après, donne encore envie de vomir (3). C'est qu'entre temps un réseau de résistance s'était constitué dans les lieux et qu'un certain nombre de détenus hospitalisés avaient réussi à s'en échapper. Dans ces temps où l'on parle beaucoup des femmes et du judaïsme, il est bien que l'exposition rappelle les noms de Claire Heyman, assistante sociale, pivot du réseau, du docteur Collette Brull, de Marcelle Valensi, et de bien d'autres, y compris des non-juives comme la chilienne Maria Errazuriz, qui réussirent à sauver des malades et des enfants. Mais comme en contrepoint on peut aussi lire une lettre de dénonciation adressée à M. le Commandant du Camp de Drancy le 31 Août 1943 signée les "Aryens de l'hôpital : "Nous exécutons les consignes ordonnées …faites payer les juifs qui sont les seuls fautifs" Car à cette époque la Fondation abritait un hôpital, un hospice et un orphelinat. Celui-ci, qui était aussi un centre d'accueil dans l'attente de la dispersion des enfants par les organisations de sauvetage, fit l'objet d'une rafle en février 1944 puis fut fermé ensuite. En janvier 1944, les nazis "judaïsent" en totalité l'hôpital, les malades juifs se trouvant dans d'autres hôpitaux parisiens y sont transférés et la quasi-totalité du personnel non-juif remplacé par des internés en provenance de Drancy. Le 18 août 1944, huit mois plus tard, la Fondation est l'un des premiers édifices parisiens libérés par les FFI ; le 25 Août la capitulation des Allemands est signée par Von Choltitz. 1) 80 rue de Picpus Paris 12ème I.J. 2) UGIF : Union Générale des Israélites en France. Organisme créé par les nazis pour être leur interlocuteur unique. Son rôle fut, et est encore, largement controversé. 3)" J'ai décidé que tout ce que je ferai contre vous, je ne le ferai qu'avec votre concours, c'est vous qui le ferez et j'estime que vous le ferez mieux que n'importe qui…Si l'un des malades s'évade, 42 d'entre vous seront fusillés. Vous remplacerez sans mal la police française..." Pensez à régler votre cotisation ou votre abonnement à la Lettre de L.D.J, pour l'année 5771 (Septembre 2010 à août 2011). Si vous le pouvez, faites un don à L.D.J. Il peut être déductible de vos impôts. Un certificat CERFA vous sera délivré. Envoyez vos chèques à notre trésorière : Noémie Fischer 119 bis rue d'Avron 75020 Paris Vu, Lu, Entendu Après Ronis et Izis… André Kertész A la suite à l’article paru dans la Lettre n° 106, je voudrais évoquer une autre exposition récente de Willy Ronis à la Maison d’art de Nogent où ont été présentées d' émouvantes photos des bords de Marne, de Paris ou du Midi de la France et quelques tableaux de sa femme Marie Anne. Par ailleurs dans son livre, Ce jour-là paru en 2006, le photographe commente avec précision, honnêteté et émotion une cinquantaine de photos dont celle de ce petit Parisien qui a fait le tour du monde et que Ronis commente en ces termes : … pour cette photo j’avais fait une petite entrave à ma pratique habituelle. Je veux dire que j’ai fait un minimum de mise en scène…Il était midi, je suis allé dans mon quartier roder du coté d’une boulangerie. Dans la queue, j’ai vu un petit garçon avec sa grandmère, qui attendait son tour…J’ai demandé à sa grand-mère :« S’il vous plait Madame, est-ce que vous m’autoriseriez à photographier ce petit garçon quand il sortira avec son pain ? J’aimerais bien le voir courir avec son pain sous le bras. – Mais oui bien sûr, si ca vous amuse, pourquoi pas » Je me suis posé un peu plus loin, j’ai attendu. Il a acheté son pain et il a couru de façon si gracieuse et si vivante. Je l'ai fait courir trois fois pour avoir la meilleure photo… Quand je regarde cette belle photo, j’ai bien sur l’impression de me retrouver enfant sortant du boulanger de mon quartier; Ronis indique que cette photo « pourrait venir signer mon autoportrait en petit Parisien ». Emotion aussi devant la photo d’un bal de 14 juillet à la pointe de l’ile Saint-Louis en 1961 ou devant deux gracieuses jeunes filles vendant des frites rue Rambuteau en 1946 ; nostalgie également… Les photos humanistes de Ronis sur le monde du travail, sur les gens modestes de Paris et de la banlieue, sur la Provence ou sur les chats se rapprochent de celles d’Izis sur Londres ou Paris, sur Israël ou sur Chagall, sur les maquisards du Limousin ou sur les artistes des années cinquante… L’exposition de janvier 2010 à l’Hôtel de ville de Paris, Paris des rêves, présentait un choix de photos d’Izis – né en 1911 peu de temps après Ronis- qui montrait la poésie et l’originalité de l’artiste ; ces deux photographes firent partie avec Brassaï, Doisneau, Cartier Bresson des Five French Photographers exposés au MOMA à New York en 1951 ce qui leur donnait une visibilité plus importante. 6
  • 7. Actuellement un autre grand photographe juif, originaire d’Europe de l’est et né en 1894 à Budapest, est exposé au Musée du Jeu de Paume à Paris ; cette magnifique rétrospective présente des photos faites en Hongrie, en France - où il séjourne de 1925 à 1936puis aux Etats-Unis à partir de 1936. Ce fut un des acteurs de l’avant-garde photographique avec Man Ray et il initia le photoreportage suite à l’achat d’un nouvel appareil le Leica. Il réalisa des reportages photos pour divers magazines français, allemands, américains…après avoir publié ses premières photos du front russe pendant la 1 ère guerre mondiale , rencontra après guerre les grands artistes de Montparnasse et permit à Brassai de débuter en photographie ; il exposa ensuite à New York et à Paris puis publia J’aime Paris et Of New York, partagé qu’il était entre deux milieux culturels. Dans ses photos, parfois proches du surréalisme en particulier dans ses Distorsions de nus féminins, André (Andor) Kertész utilise le contrastes noir/ blanc, la composition plastique, le recadrage des portraits et l’abstraction ; une inquiétude est parfois ressentie à la vision de ses photos et la poésie des paysages et des hommes apparait pleinement dans ses photos de Paris ou de New York. Deux photos m’ont particulièrement impressionné : La pipe et les lunettes de Mondrian 1926 qui évoque dans une composition épurée, géométrique, rigoureuse, l’esprit du peintre par l’agencement des objets et les contrastes ; une autre photo de Piet Mondrian dans son atelier reflète étrangement une même atmosphère. Dans un autre registre la photo recadrée d’Elisabeth qui deviendra sa femme en 1933, donne une belle représentation du bonheur du couple. Par la suite ses photos seront prises le plus souvent de son appartement newyorkais d’où il observe les promeneurs, les toits, les terrasses ou les nuages ; il réalise à partir de 1979 une série en couleurs avec un Polaroid et fait don à la France de ses archives, de ses négatifs et de sa correspondance. Ces trois photographes juifs humanistes, ancrés à gauche et même au parti communiste pour Ronis, représentent une modernité photographique liée aux grands mouvements picturaux du 20è siècle ; Izis et Ronis seront certainement à nouveau exposés et l’exposition Kertész va durer jusqu’au 6 février 2011 en liaison avec le mois de la photo à Paris. Michel Mohn Voyages Odessa Aux dires de Juifs que l'on rencontre à Odessa, Odessa serait toujours une ville juive bien que les 15 à 20 000 Juifs qui y résident encore ne représentent plus que quelques pourcents d'une cité de plus d'un million d'habitants. Créée par la Grande Catherine en 1794 quand les armées russes arrivèrent enfin sur les bords de la Mer Noire, Odessa fut dès l'origine une zone franche qui attira des gens de toutes origines et en particulier des Juifs qui à la fin du 19ème siècle représentaient déjà 34 % de la population pour dépasser en 1920 à la veille de la prise de la ville par l'Armée Rouge les 44 %. En 1939 les 200 000 Juifs représentaient un tiers de la population. La ville afficha dès l'origine son cosmopolitisme : le promoteur était un certain Iosif de Ribas, de père espagnol et de mère irlandaise, épaulé par un urbaniste hollandais flanqué d'un architecte anglais et, en haut du célèbre escalier trône, vêtu d'une toge romaine, le Duc de Richelieu, arrière petit neveu de notre Cardinal, cidevant émigré lors de la Révolution de 1789, qui fut le premier gouverneur de la ville. Fenêtre ouverte vers le bassin méditerranéen, Odessa s'enrichit par le commerce et en particulier celui des céréales en provenance de l'arrière-pays constitué des fameuses terres noires d'Ukraine. Les Juifs, mais aussi des Grecs et des Arméniens, participèrent à cette production de richesses qui permirent de doter la ville de bâtiments fastueux, comme l'Opéra ou le Musée de la Littérature, de rues spacieuses et à angles droits, au moins pour ce qui est des quartiers d'origine car les quartiers périphériques, en particulier ceux qui se trouvaient à proximité de la gare d'arrivée des immigrants, comme la Moldavanka décrite avec une truculence rabelaisienne par Isaac Babel (1)oublièrent assez vite l'ordonnancement initial. Juchée sur une falaise, regardant la Mer Noire et surplombant son port, la ville est reliée à celui-ci par un escalier qui fut immortalisé par S. Eisenstein dans le "Cuirassé Potemkine" ; escalier que tout touriste se doit de dévaler en poursuivant un landau imaginaire. La position d'Odessa à l'extrême sud de l'Empire tsariste en fit rapidement un passage privilégié pour rejoindre la Palestine et son port fut surnommé "La porte de Sion". Le mouvement sioniste y eut ses 7
  • 8. pré écurseurs avec Léon Pinsker qui, après les n pogroms de 1 1881 qui su uivirent l'assa assinat du T Tsar Alexandre II, , publia une broc chure "A Autoém mancipation" où pour la première fois apparaî la a ît not tion d'une entité territo oriale juive autonome, ses act tivistes com mme Zeev J Jabotinsky q qui, après a avoir par rticipé à la création de groupes d e d'auto-défens à se Od dessa, créa le mo a ouvement des "sioni istes rév visionnistes", et s'opposa à Ben Gou a urion, ou enc core l'ér rudit Joseph Klauzner, le grand-on h ncle d'Amos Oz, qui apparaît da le livre d ce dernie "Une hist ans de er toire d'a amour et de t ténèbres"(2). Lo de l'invas ors sion de l'Uni Soviétiq en juin 1 ion que 1941 par les troupes nazies, ce fu r furent à leurs alliés roum s mains que revint le p privilège d'oc ccuper Odess Ils n'y eu sa. urent pas la vie f s facile, car des groupe de partis es sans con ntinuèrent le combats e utilisant entre autres des es en sou uterrains do ont la ville était truff e fée. Souterr rains for rmés lors de l'extraction des matéri e n iaux qui ava aient ser à la const rvi truction de la ville. a C'e ainsi que huit jours a est e après l'arrivé des Roum ée mains leu QG sauta, causant plus d'une soixa ur s antaine de m morts par les solda roumains La répliqu fut imméd rmi ats s. ue diate et bien enten ndu ce fure ent d'abord les Juifs qui trin nquèrent. On parle de 2 000 perso n 20 onnes brûlées en s ple eine ville et sans doute d 15 000 fu de usillés. Les n nazis rou umains n'en restèrent p là : les Juifs d'Odessa n pas fur déportés dans des ca rent s amps en Tran nsnistrie où c ceux qui ne mourur rent pas de faim et de maladie fu urent exé écutés. Le nombre tota des victi al imes juives est pro obablement de l'ordre de 100 000 personnes (3). 0 s Qu uelques plaqu rappellen ces événe ues nt ements et un très bea mémoria - La rou vers la m au al ute mort - fut é érigé dur rant l'ère sov viétique, au centre de la ville, à l'end droit où les Juifs fur rassembl pour être déportés. rent lés Au ujourd'hui de Juifs qui n es n'ont pas émi igré en Israë ou ël ailleurs essaye ent de recré une vie communaut éer taire loc cale. Puissa amment aid dés par d des Fondat tions am méricaines, ils ont inaugur l'année de s ré ernière un Ce entre Co ommunautair qui ferait rêver bien d organisat re des tions occ cidentales. L langue pr La ratiquée y e le Russe qui est res la langue de bien des gens dans cette Ukraine qui ste e se cherche, et si certains peuvent r t s regretter que le e Yiddish ne fig gure pas en ncore au pro ogramme il faut rec connaître qu u'un tel Cent ouvre de horizons p tre es pour un développem futur de la culture ju ment uive. Nous av vons pu y voir, da une mag ans gnifique sal de spect lle tacle bou urrée de spe ectateurs, un comédie m ne musicale où les ù thè èmes musica juifs affle aux euraient régu ulièrement. Le passé, lui, o le trouve juste sur le trottoir opp e on posé, où des particuliers ont créé en collectan des photo et é, nt os s vers, un mu usée juif qui nous parle de i e des objets div l'O Odessa d'autre efois. Depuis le fer à rep passer à la vie eille ma achine à cou udre en passant par des photos et des s sou uvenirs des h hommes qui ont brillé au utrefois dans cet s univers cosmop polite Le présent, on le tr , rouve aussi dans les deux i synagogues qui se parta agent le monde religieu juif. ux Devant la G agogue au carrefour de la rue Grande Syna c Juive (Yev vreyskaya) et de la rue Ric a chelieu (Rishelevska aya) (eh ou !) on peut, dans un ki ui iosque, acheter des sandwichs cashers et dans son so ous-sol manger, com mme nous l''avons fait, dans un rest d taurant tout à fait c confortable. La seconde synagogue située quelques ru ues plus lo oin est, elle e, gérée p par le mouvement Chabad. Les deux rabbins viennent d'Israël. Les Juifs d'O Odessa, au m moins ceux qu étaient pas de ui ssés la Moldavan à la vil haute éta nka lle aient russop phones. Nombre d'é N écrivains ju uifs qui vé écurent à O Odessa écrivaient en russe comm Babel, qui rallia le r n me q régime soviétique, ce qui n'emp pêcha pas qu'il fut assassi par iné le régime sta alinien en 19 940, mais le plus célèbre d'entre p eux, Chaïm Bialik, prod duisit la plus grande par de rtie son œuvre en Hébreu. n L'utilisation de la la angue russe était un signe e d'élévation sociale mais aussi une ouverture sur la e culture mond diale. Parmi ces écrivain Zeev Jabo ns, otinski, resté célèbre pour d'autr raisons, a écrit un livre (4) e res dans lequel i prend le le il ecteur par la main pour lu faire ui visiter et re essentir ce q qu'était sa ville au débu d'un ut vingtième siècle. Avec lui, vous pouvez arpen p nter la Deribaskaya (rue de R a Ribas), qui est restée la rue huppée d'Od dessa, prend un verre au Café Fa dre anconi, lieu de ren l ncontre de l'intellig d gentsia ou Odessiste O revivre dep r puis le haut de la falaise h la mutineri l ie, en 1905, du Cu uirassé Potemkine. P ni Le café Fancon autour de 1900 d Son livre, écrit en 19 935, se ter rmine par " est "Il ble te existe plus depuis vraisemblab que cett ville n'e longtemps". C'est plus q vraisemb que blable mais ce qui reste est un m mythe. Le m mythe d'une ci florissant et ité te cosmopolite, probablem ment florissante parce que e cosmopolite. Un mythe q les Odes que ssistes ont em mmené avec eux dan le quartier de Little Od ns r dessa à New York, w à Askod en Israël et un peu partout dans le mo (5). n onde Un mythe si puissant qu existe à Odessa avec p U i u'il O pignon sur rue un " "Club mondi des Odes ial ssistes". Un mythe qui n'est peu ut-être pas ét tranger aux aides apporté aux a ées Institutions j juives. z. Isidore Jacubowiez 1) Isaac Babel : " "Récits d'Odessa" " 2) Amos Oz :"Un histoire d'amou et de ténèbres" Gallimard 2002 ne ur " 3) "Le Livre Noir r"–I.Erhenbourg/ /V.Grossman –Ac Sud 1995 ctes 4) Wladimir Jabotinski : " les Cin Edition des Syrtes 2006 nq". S avez l'opportunité allez voir le film "Odessa-Od é, f dessa" de 5) Si vous en a Michale Boganim qui est sorti sur les écrans en 20 et traite des O m r 005 Odessistes au travers de ces trois lieux. s 8
  • 9. Vu, Lu, Entendu Un Film documentaire de Robert Bober " Le cahier des charges de la vie mode d'emploi" de Georges Perec. Le Mémorial de la Shoah et l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) ont programmé du 30 novembre au 19 décembre 2010 un cycle de films de Rober Bober. Qui est Robert Bober ? Né en 1931 à Berlin de parents juifs d’origine polonaise, il est écrivain mais aussi réalisateur de films. Il rencontre dans les années 50 François Truffaut dont il sera l’assistant et réalisera à partir de 1967 avec Pierre Dumayet des documentaires pour la télévision: plus de 120 ; ce cycle en présente 15. J’ai eu le plaisir de découvrir l’un d’entre eux : « Le Cahier des charges de la vie mode d’emploi » de George Perec. C’est un documentaire de 58 minutes datant de 1993. George Perec (7 mars 1936-3 mars 1982) est un écrivain qui en 1967 a adhéré à l '« OULIPO », acronyme de «Ouvroir de Littérature Potentielle » : ses œuvres sont « oulipiennes » en ce sens qu’elles sont fondées sur l’utilisation de contraintes formelles littéraires ou mathématiques. Profondément marqué par la disparition de ses proches –son père mortellement blessé en 1940 , sa mère déportée à Auschwitz en 1943- il écrit en 1969 « La disparition », sorte de roman policier dans lequel il s’impose comme contrainte , l’absence de la voyelle « e » qui évoque « eux » les parents disparus. « La vie mode d’emploi » a obtenu en 1978 le Prix Médicis, c’est peut-être son livre le plus abouti : il y explore de façon méthodique la vie des différents habitants d’un immeuble situé au 11 de la rue Simon Crubelier (rue imaginaire) à Paris 17° arrondissement : ses habitants, les objets qui y reposent, les histoires qui directement ou indirectement l’ont animé. Bien que les contraintes imposées soient invisibles à la lecture de ce livrepuzzle, elles ont été mises à la disposition du lecteur par l’édition du « Cahier des charges de La Vie mode d’emploi »par Bernard Magné CNRS Zulma 1993. L’objet du film est justement de nous faire pénétrer dans ce Cahier et de développer, expliquer les contraintes que Georges Perec s’est imposé pour écrire son livre. Pierre Dumayet interroge Bernard Magné qui a participé à l’édition de ce « Cahier » : l’enquête met en lumière la fascination de Perec pour les contraintes qu’il s’impose. L’immeuble est réduit à un carré assimilable à un damier de 10 cases sur 10 ; chaque case équivaut à une pièce de l’immeuble ou à une portion des parties communes. . A la question : dans quel ordre décrire les pièces? Perec répond par un principe non réel mais formel : c’est une énigme mathématique, la « polygraphie du cavalier ». Le problème, explique Bernard Magné, consiste en partant avec un cavalier d’échecs d’une case désignée, à lui faire parcourir les 63 autres par sauts consécutifs, donc sans répétition ni omission. Autre problème : comment remplir chaque pièce, quoi y mettre ? Où ? Perec se donne une sorte de répertoire structuré à partir de 21 paires de listes de 10 éléments. Les fictions elles-mêmes contiennent un « programme de vie ». Bablebooth, l’un des héros meurt sans avoir pu terminer son puzzle ; reste le « trou noir » la pièce manquante sur le damier à gauche ; il s’agit de la question qui a animé toute son œuvre, la pièce manquante à sa vie, l’absence des siens. Ce documentaire m’a permis de comprendre la place et la fonction de ces contraintes dans l’œuvre et la vie de Perec ; elles témoignent de son rapport à la loi. On pourrait, sur ce plan, le comparer à Kafka que Perec admirait ; tous deux sont obsédés par la loi ; Kafka est terrorisé de peur et de respect devant la loi : K « meurt » à sa porte : Perec par le jeu de ses contraintes, s’en joue, en abuse et jubile en s’en servant comme un moyen d’écriture. Marlyse Kalfon-Médioni ----------------------------------------------------------- Assemblée Générale de LDJ  10 Novembre 2010 Après avoir rendu hommage à la mémoire de Doris Bensimon et remercié le CA et le Bureau pour le soutien apporté au cours de l’année, la Présidente présente le rapport moral .On note un maintien des adhésions et des abonnements, une poursuite régulière des activités et de la diffusion de la Lettre de L.D.J, la naissance d’une « Atelier Cinéma » et notre adhésion au RAJEL en qualité d’Association fondatrice. Le rapport financier présenté par Noémie Fischer montre une nette diminution des charges due à la baisse du coût de la Lettre de L.D.J, ce qui permet d’équilibrer le budget et d’envisager la refonte de notre site internet. Le rapport est adopté à l’unanimité. Les cinq membres du Conseil d’Administration arrivés en fin de mandat et deux nouveaux candidats, Marlyse Kalfon et Michel Mohn, sont tous élus à l’unanimité au Conseil d’Administration lequel a ensuite élu à l’unanimité le nouveau Bureau avec un membre supplémentaire, Simone Simon, trésorière adjointe. Bureau de L .D. J Marlène Celermajer Présidente Armand Levy Vice-président Irène Wekstein Vice-présidente Anna Sarfati Secrétaire générale Noémie Fischer Trésorière Simone Simon Trésorière adjointe Contact L. D. J. : 09 54 25 31 26 ou ldj@col.fr Site internet : www.col.fr/ldj/ 9
  • 10. Echo de l'Atelier Cinéma de LDJ Mercredi 1er décembre 2010 Mireille Ouziel a fait une fine et brillante analyse du film « Des Hommes et des Dieux »de Xavier Beauvois. Librement inspiré de l’affaire de l’assassinat des moines de Tibhérine en 1996, ce film, primé au festival de Cannes, connaît un grand succès depuis sa sortie sur les écrans et Mireille s’est attachée à mettre en évidence les éléments qui en font une œuvre d’art. Interprété par des acteurs de grand talent, tourné dans des paysages magnifiques de l’Atlas marocain, ce film, qui ne prétend pas être un document historique, est construit comme une tragédie, avec des épisodes qui s’enchaînent en un temps resserré. Les chants liturgiques, qui rythment la vie monacale lors des prières et des offices, remplissent parfaitement la fonction du chœur antique qui commente l’action. Comme dans la tragédie, la fin est connue d’avance par le spectateur dont l’attention se porte sur les péripéties : ici l’évolution du cheminement spirituel des moines pendant les mois précédant leur disparition, en réaction à des incidents violents conduisant, dans une intensité croissante, à la catastrophe finale. Le contexte est celui des massacres attribués au G.I.A. qu’a connus l’Algérie pendant les années 90 et d’une affaire qui n’a pas été élucidée. Après un début paisible montrant la vie des huit moines qui se partagent entre l’étude, les offices (dont la célébration est superbement mise en scène) et le travail « profane » agriculture essentiellement mais aussi soins et aide apportés à la population du village avec qui l’entente est parfaite – éclate un premier incident, l’assassinat d’ouvriers croates sur un chantier, et peu à peu s’instaure un climat de terreur :d’autres crimes sont commis. Des terroristes font irruption au monastère pour exiger que le médecin, Frère Luc (Michael Lonsdale) parte avec eux pour soigner leurs compagnons blessés. Le supérieur, Christian de Chergé (Lambert Wilson), refuse et réussit à les tenir en respect et même à dialoguer avec le chef du commando grâce à sa connaissance de l’Islam (le dialogue interreligieux montre là tout son intérêt). Tout va s’accélérer ensuite et les moines devront choisir entre rester sur place en risquant leur vie ou partir. Encouragés par les villageois et après s’être concertés à plusieurs reprises, ils prennent la décision de rester, malgré leur peu de goût pour le martyre, tout en refusant la protection de l’armée pour qui ils deviennent suspects, voire indésirables. A partir de là tout se précipite. Le chef du commando est tué mais on sait que d’autres exactions se produiront. Un émissaire de l’Evêché vient leur rendre visite, leur apportant le courrier ainsi que des nourritures matérielles et spirituelles. (On devine le titre d’un livre sur le soufisme que le Père de Chergé avait commandé, ce qui montre sa curiosité intellectuelle et sa grande ouverture d’esprit.) Un moment de répit a lieu pendant un repas pris en commun, évoquant nettement la Cène, qui est une véritable communion et semble conforter chacun dans sa foi et sa décision. La musique du Lac des Cygnes, la lenteur et la solennité des gestes en font un moment suspendu hors du temps et la spiritualité chrétienne vient se substituer à la tragédie antique : plus de « fatum » imposé et subi, le destin est librement assumé, consenti. La violence fait à nouveau brutalement irruption quand on vient enlever les moines et qu’on les emmène précipitamment. Ils sont neuf, en comptant leur visiteur. Deux d’entre eux parviendront à se cacher et auront la vie sauve. Les sept autres sont conduits à pied dans la neige, formant une colonne que l’on voit de loin se dissiper dans le brouillard, montant vers un lieu invisible. Dans cette scène pathétique s’imposent les figures des deux personnages principaux : l’homme dans la force de l’âge qu’est le supérieur du monastère soutient le vieux médecin physiquement affaibli qui a auparavant exprimé avec force sa sérénité d’homme libre (il ne craint ni l’armée ni les terroristes dont il a d’ailleurs soigné l’un d’entre eux) et son absence de crainte face à la mort. Cette absence de crainte est partagée par Christian de Chergé qui, dans son testament, a exprimé sa « curiosité » face à la vie éternelle et considère son futur assassin comme un frère ou un ami de la dernière heure. Rien de malsain ou de suicidaire dans tout cela. Les moines ont simplement déjà fait don de leur vie. Comme toute œuvre d’art, ce film est complexe et comporte de subtiles correspondances sémantiques et connotations : on peut, par exemple, à propos du Lac des Cygnes, aller chercher du côté de la légende de Siegfried… Chacun peut donc en retenir ce qui touche sa sensibilité, à partir de ses références culturelles et de ses convictions: grandeur d’âme, bel exemple de fraternité humaine chez ces moines ayant consacré leur vie à Dieu tout en se mettant au service d’une population défavorisée ; sens de la solidarité, capacité de résistance à la violence aveugle. Le titre invite à se focaliser sur les hommes. Le contexte chrétien peut suggérer le « chemin de croix » d’êtres spirituels vivant à leur tour la passion du Christ dont ils venaient il y a peu de célébrer la naissance. Ce film ne peut laisser personne indifférent et nous remercions Mireille de nous en avoir montré toute la richesse. S.F Plus de Yiddish à Paris La Maison de la Culture Yiddish s'est installée dans ses nouveaux locaux (1). L'intronisation s'est faite en présence des Représentants du Ministre de la Culture et du Maire de Paris, du Maire du 10éme arrondissement, du Président de la Fondation de la Shoah et d'une bonne centaine de personnes, dont le célèbre clarinettiste américain David Krakauer, toutes impliquées à des degrés divers dans le sauvetage et le renouveau de la langue des Juifs de l'Europe de l'est ; Langue qui faillit périr dans les chambres à gaz et qui plus 60 ans après, a en France l'honneur de figurer dans les programmes universitaires. Grace à la pugnacité des animateurs de cette Maison qui, dans sa bibliothèque, conserve maintenant plus de 20 000 livres en yiddish, les trésors de la Culture Yiddish sont accessibles en cette langue ou en français, puisque la traduction, comme l'enseignement, figure aux premiers rangs des objectifs de l'association qui gère cette maison. 1) 29 rue du Château d'Eau Paris 10ème 10
  • 11.     Echos des c E conférenc de LDJ ces J Me ercredi 3 novem mbre 2010 Ré égine Azria a So ociologue, c chercheuse à l'EHESS S Mercredi 17 novembre 2010 i e Michèle Bi itton Sociologue, chargée de cours à la Faculté de L F Lettres d'Aix en Provence e n ntroduction n… En guise d'in Lilith, une femme fat tale En gu uise d'introd duction à n notre cycle annuel, Rég gine Azria n nous a, tou d'abord, rappelé le rôle ut joué p Doris B par Bensimon d dans l'accep ptation des études sur le s Judaïs sme par les milieux de la e recher rche sociolog gique et dan sa ns pro opre démarc che. Elle a ensuite ex xaminé, avec et c dev vant un aud ditoire fourni comment le thème ch i, hoisi par LDJ pour cette année pourrait êtr abordé. D r re Deux app proches lui s semblent pos ssibles : 1 – Par le Judaï ïsme 2 – Par les fem mmes Pa le Judaïsme, à condi ar ition de ne p se limit à pas ter l'as spect religieu mais d'ex ux, xaminer com mment la fem mme jui est peu à peu entrée dans la soc ive ciété avec ou en u dép passant le fait relig gieux. Dans les mili s ieux ash hkénazes, le hommes se consacrant souven à es nt l'ét tude des text ce sont le femmes q ont assuré les tes, es qui é con ntacts avec l société civ en assur la vile rant le minim mum ma atériel, en se chargeant d l'éducatio des enfant et e de on ts en portant le Y Yiddish, ce "ja argon" fait p pour les femm mes. Le règles rel es ligieuses, qu à l'origine étaient pl ui lutôt pro otectrices – interdiction de la poly n ygamie dès le mo oyen-âge en Europe - pour les femmes, sont n dev venues, par leur imm r mobilisme e du fait de et l'év volution des sociétés, un carcan. Un carcan qui s bou lentemen mais qui bouge quand même, com uge nt, d mme nou l'entendro sans dou au cours des procha us ons ute s aines con nférences. Pa les femm ar mes, en exam minant comment les rè ègles d'u usage et les traditions, qui ne fure ni figées ni ent mo onolithiques et qui ont va en fonction du lieu e de arié et l'ép poque, ont p permis l'entré des femme juives dan la ée es ns soc ciété modern sachant q dès l'ori ne, que igine leur fu urent bar rrées les Etu udes des Text mais que simultaném tes, e ment elles ne furen pas astre nt eintes par des obligations cyc cliques et te emporelles i imposées pa les préce ar eptes rel ligieux. En se demand n dant, au passage, si les femmes d la s de Bib Eve, Lil ble, lith, Rachel, Ruth, et les autres, doiv s vent êtr considérée comme d exemple représenta re es des es atifs, ou comme des héroïnes my ythiques et at typiques. Il ne nous reste plus qu'à entrer dans le vif du s s sujet ave Lilith, jus ec stement, lors de la proch s haine confére ence de notre cycle. I.J Fut-elle la p première erre du créate eur eur ou n'était-il pas au fait des relatio t ons sociales qui allaient pr i révaloir dura ant quelques millénaires dan sa création Il fit la pre ns n? emière femme à partir de terre, comme Adam et m, immédiatem les scène de ménage et la lutte p ment es pour le pouvoir com p mmencèrent. " Tu es de terre fait com je t mme le suis, et il n'y a aucune raison que je sois au d e dessous de toi" dit-e au prem homme ; puis sans gloser elle mier sur le sens e exact de la de ernière partie de sa phras elle e se, s'envola du d domicile con njugal. ne Le créateur créa alors un seconde femme -Eve mais eprudemment il la créa à partir d'une des côtes d'A p t, Adam. L'ordre régn et la su na uprématie d'A Adam fut a assurée jusqu'à ce qu dans les années 1960 des étudian de j ue, 0, ntes l'Université Hébraïque de Jéru e usalem puis des s féministes n new-yorkaises relèvent le drapeau de Lilith, e sous forme d libelles rev de vendicatifs. Entre temps elle avait f quelques rares appa s fait s aritions dans la Bibl ; chez le Prophète Isa (Isaïe 34-1 ) où, le aïe 14 elle se ta selon lui, apira dans les ruines après l'Apocalypse puis vers l Xème siècle dans le "Pseudoe, le e Ben Sira " où il est dit que des envoyés d ciel s du marchandère avec elle pour obteni que les nou ent ir uveaunés d'Israë échappent à sa colèr sous con ël re, ndition qu'on les pro otège avec des épées de fer tournoya auant dessus des berceaux, d ciseaux déposés so les des ous u ore s portant oreillers, ou mieux enco avec des amulettes p les noms de trois envo es oyés du ciel qui signèren avec nt elle ce contr Elle fit é rat. également un petite inc ne cursion chez les rom mantiques san doute attir par cette f ns rés femme à la chevelur rougeoyan re nte. Lilith dont il se dit qu'e serait d'o elle origine sumé érienne et que l'on s suppose ram menée dans le Judaïsme l e lors du retour de l''exil à Baby ylone a fait pour nou une t, us, réapparition avec Michèl Bitton. Ce fut l'occasio non le e on seulement d nous éme de erveiller sur la puissanc des r ce mythes, ma aussi d se livrer ensemble à des ais de réflexions su la conditio féminine et sur la pui ur on issance du mal lors squ'il s'avéra dans le Zohar, qu’ell était a, Z le devenue la f femme de Sat tan. I.J. La f fille du démon, que l'Homme eut dans son lit e Ava qu'Eve appa sous les as ant arût stres sans nomb bre Mo onstre et femme que fit Satan avec de l'ombre Afin qu'Adam reçû le fiel avant le miel, n ût l Et l l'amour de l'enf avant l'amou du ciel. fer ur Eve était nue. Isise -Lilith était voil lée. Victor Hugo (La fin de Satan 1886) r 6) Pour en savoir plus ; Michèle Bitton & Cath r e herine. Halpern : Lilith l'épouse de S h, Satan. Larous 201 sse 11
  • 12. Activités de LDJ Conférences LDJ a axé son programme pour l'année 2010-2011 sur le thème : Femmes, Judaïsme et Société Mercredi 3 novembre. Régine Azria, sociologue, chargée de recherche à l'EHESS, "En guise d'introduction…" Mercredi 17 novembre 2010 Michèle Bitton, sociologue, chargée de cours à la Faculté des Lettres d'Aix en Provence présentera son livre : "Lilith, une femme fatale" Mercredi 15 décembre 2010 Pauline Bebe, rabbin de la Communauté juive libérale de Paris: Comment et jusqu'où peut évoluer une religion? ____________________ Mercredi 12 janvier 2011 Martine Gross, Ingénieure de Recherche en Sciences Sociales au CNRS : Le Judaïsme face aux nouvelles pratiques sociales, familiales et sexuelles. Et ailleurs: Au MAHJ Variations sur 9 bougies. Il ne vous reste plus que quelques jours - jusqu'au 16 janvier - pour aller voir les magnifiques chandeliers de Hanoukka réunis dans le cadre de l'exposition : "Cent lumières pour Casale Monte", dont nous avons parlé dans notre précédente Lettre Félix Nussbaum (1904-1944) Jusqu'au 23 janvier 2011 La tragique trajectoire d'un peintre Juif et Allemand, depuis sa ville d'Osnabrück, qui vient de lui consacrer un musée conçu par Daniel Libeskind, l'architecte du musée juif de Berlin, à Auschwitz où il fut assassiné en 1944. Au MUSEE du JEU de PAUME Jusqu'au 6 février 2011 des photos d'André Kertèsz (Voir en page 5 de cette Lettre). Chez nos amis de l'AACEE Mercredi 9 février 2011 Irène Wekstein, Psychologue, vice-présidente de LDJ: Femmes ashkénazes : libération, transmission et pertes. Ces conférences sont suivies d'un débat et se tiennent 13 rue du Cambodge 75020 Paris à 20 heures. Accueil dès 19 h 30 Vendredi 28 janvier 2011 à 17 h 30 Auditorium de l'Hôtel de Ville de Paris Projection de " Nous continuons". Court métrage tourné en 1946. En présence de nombreux anciens des maisons de la CEE. Irène Wekstein organise durant le premier semestre 2011 Cercle de Lecture Dimanche 30 janvier 2011 à 15 h 30 "Journal d'un rabbin raté" de Victor Malka Notifiez votre participation au : 01 43 65 09 25 La Lettre de LDJ. janvier-février 2011 Rédaction et administration 275 rue des Pyrénées 75020 Paris Directeur de la publication: Marlène Celermajer Comité de lecture : Irène Wekstein, Armand Levy, Isidore Jacubowiez, Flora Novodorsqui, Simone Simon, Marlène Celermajer Copytoo 281 rue des Pyrénées 75020 Paris Dépôt légal à la parution ISSN 1145-0584 un cycle de conférences sur : " La Galicie racontée par ses fils" En yiddish, en hébreu, en allemand, en polonais, ils ont célébré un paradis perdu, malmené par l’histoire, mais qui n’a pas trouvé son équivalent dans le monde moderne." Les premières de ces conférences auront lieu le : Mercredi 19 janvier 2011 Quel est ce monde dans lequel nous vivons ? Moyshe Nadir, Melech Rawitch, Uri-Zwi Grinberg Mercredi 2 février 2011 La Galicie, terre natale, terre d'exil. S.Y. Agnon : l'hôte de passage Mercredi 9 mars 2011 La Galicie comme objet perdu. Joseph Roth Ces conférences ont lieu à la Maison de la Culture Yiddish. 29 rue du Château-d'Eau Paris 10ème (Métro République) à 20 heures précises. 12