1. Présidente d’Honneur : Doris Bensimon זייל
L.D.J. Siège social 275 rue des Pyrénées 75020 Paris
Editorial
N° 108 janvier-février 2011
le numéro 2,50 €
Luttes des femmes en Israël
Comment ne pas nous remémorer en cette fin d’année
le grand départ de notre amie Doris que nous avions
accompagnée le 16 décembre 2009 et qui a fait l’objet
de nombreux hommages en 2010 ? Celui de Pauline
Bebe1, le 15 décembre, au cours de sa conférence à
L.D.J, elle qui avait officié lors des obsèques de
Doris; celui de Béatrice Philippe2, prononcé le 15
novembre à la Société des Etudes Juives où Mireille
Hadas-Lebel3 nous avait invités, et le 3 novembre ce
fut un « Hommage à Doris 4», article de Régine Azria
qu’elle lut lors de sa conférence à L.D.J ce jour là.
A Doris, femme moderne et engagée, nous avons
dédié le thème de l’année « Femmes, Judaïsme et
Société ».
Et la vie continue à L.D.J avec dans cette Lettre les
Echos de notre Assemblée générale, des deux
premières conférences et de l’Atelier Cinéma.
Nos membres eux aussi nous parlent de leurs
activités: voyages à Odessa, à Cavaillon ; un film
documentaire de Robert Bober sur Perec au Mémorial
de la Shoah ; l’exposition sur André Kertész au
Musée du Jeu de Paume, et deux articles traitant de
cette terrible période de l’occupation en France avec
une Exposition à la Fondation Rothschild et une
Table ronde à l’Espace Rachi sur l'Exclusion des
médecins juifs en France. Enfin, en guise de « trait
d’union » entre le thème de l’année dernière et celui
de cette année, c’est un texte sur les « Luttes des
Femmes en Israël » d’après un article de Nelly
Las qui vous est proposé.
En vous remerciant pour votre fidélité et votre soutien
à L.D.J en renouvelant votre adhésion ou abonnement
à la Lettre de L.D.J, nous vous souhaitons, chers amis
lecteurs, une belle et lumineuse année 2011.
Marlène Celermajer
1) Rabbin de la communauté juive libérale, Centre Maayan
2) Professeur émérite des Universités, collègue à l'Inalco de Doris
Bensimon.
3) Professeur des Universités – Présidente de la Société des Etudes Juives.
4) Régine Azria "Hommage à Doris». Archives de sciences sociales des
religions [en ligne] ,149/2010 mis en ligne le 08 juin 2010.URL :
http://assr.org/21997
Trait d’union entre le thème de l’année dernière sur
Israël et celui de cette année sur les femmes, il
pouvait être intéressant d’évoquer ce qu’avait de
spécifique la situation des femmes israéliennes.
La représentation que l’on en a hésite souvent entre
deux visions aussi partielles l’une que l’autre.
La première se référant à l’héritage des pionnières du
sionisme et aux acquis d’un état démocratique
présente les Israéliennes comme des femmes libres à
l’instar des sociétés occidentales. La seconde mettant
l’accent sur l’emprise du fait religieux sur l’état civil
et sur la vie quotidienne montre des femmes prises
dans des contraintes archaïques dont elles n’arrivent
pas à se débarrasser.
Ces deux visions correspondent bien aux deux visages
d’Israël, mais elles dissimulent une réalité beaucoup
plus complexe et beaucoup moins connue, qui a été
décrite dans un article de Nelly Las paru dans
« Femmes et Judaïsme aujourd’hui », actes du
colloque qui s’est tenu sur ce thème en 2004.
Nelly Las est historienne, chercheuse, elle travaille à
l’Université hébraïque de Jérusalem.
Son article porte sur le féminisme en Israël.
Dans un rapide historique elle évoque d’abord les
débuts héroïques de l’état d’Israël. Les pionniers
sionistes cherchaient à créer un homme nouveau,
opposé à celui jugé trop passif de la diaspora, mais
cette idéologie impliquait une certaine primauté
masculine. Les femmes avaient gagné le droit de
faire les mêmes travaux physiques que les hommes,
mais devaient se battre pour obtenir le droit de vote à
l’Assemblée représentative du Yishouv !
En 1948, le nouvel état assure « une égalité de droit à
tous les citoyens sans distinction de croyance de race
ou de sexe », mais une loi votée en 1953 stipule que le
statut personnel des citoyens serait soumis au droit
religieux. « Le principe de l’égalité des sexes restera
donc subordonné aux valeurs religieuses basées sur
une conception patriarcale du rôle de la femme »
Mais les premières années du jeune état étaient
marquées par les difficultés que l’on connaît et le
1
2. statut de la femme ne faisait pas partie des priorités.
Le féminisme en Israël fit ses débuts dans les années
1970, comme produit d’importation américaine et ce
n’est qu’à partir des années 1980 qu’il se manifesta
d’une façon visible.
A cette époque Israël rencontrait des difficultés
grandissantes sur les plans politique et social
(Guerres du Kippour et du Liban, première et
deuxième Intifada) et ces difficultés avaient des
répercussions directes sur les femmes.
Les luttes menées par les femmes israéliennes,
qu’elles soient féministes déclarées ou seulement
concernées, découlent de cette situation spécifique et
portent sur plusieurs plans.
La lutte pour la paix.
Depuis la guerre du Liban on constate une
participation grandissante des femmes dans le camp
de la paix. Elles inventent des méthodes nouvelles.
« Les femmes en noir » est un mouvement de femmes
né après la première Intifada. Tous les vendredis à la
même heure des femmes de tous âges vêtues de noir
se rassemblent portant des panneaux disant : Halte à
l’occupation. Elles ne se posent pas en tant que mères
ou épouses, mais en citoyennes, estimant que ce
problème est crucial pour la résolution de tous les
autres. Ce mouvement est marginal, les femmes sont
souvent injuriées et traitées de traître. Son importance
est symbolique. Il a même donné naissance à un
contre mouvement : « les femmes en vert », qui
crient : Israël c’est notre cœur.
Un autre mouvement de femmes pour la paix est celui
des « Quatre mères » (référence aux quatre
matriarches de la Bible). Les femmes cette fois se
posent en tant qu’épouses et mères. Le mouvement
est plus populaire, plus médiatisé et a eu un impact
sur la question de l’occupation du sud Liban.
ce type de revendications, mais des actions sur le plan
social se développent car les besoins sont grands.
Un féminisme religieux ?
Quelques questions posées par les féministes arrivent
jusque dans les milieux religieux les plus
traditionalistes. Certaines femmes, habitant souvent
dans les territoires occupés, cherchent à faire
progresser le statut des femmes juives. Elles
revendiquent l’accès aux études - études talmudiques
et de droit rabbinique- souhaitent changer les
programmes des manuels scolaires des écoles
religieuses dans une perspective égalitaire et
cherchent des solutions face au problème des agounot.
Leurs luttes se font strictement dans le cadre de la
halakha, faute de quoi elles seraient exclues de la
communauté.
Les luttes des femmes en Israël ne sont donc pas
seulement des revendications qui s’adressent au
judaïsme, elles se confrontent à tous les grands
problèmes du pays et s’adressent également à l’état.
D’importantes divergences existent parmi les
mouvements, ceux-ci sont souvent marginaux, mais
des actions communes peuvent être trouvées
concernant les agounot, la pauvreté, les violences
faites aux femmes ; par ailleurs les femmes
deviennent prépondérantes dans la lutte pour la paix.
Au moment où j’écrivais cet article, Nelly Las prenait
contact avec LDJ en rappelant son amitié avec Doris
Bensimon qui avait été son directeur de thèse, et sa
sympathie pour nos activités. Un de ses livres sortira
prochainement en France et nous aurons peut-être le
plaisir de la rencontrer à cette occasion.
Qu’elle en soit remerciée.
Irène Wekstein
______________
Mon amie
Dialogue avec les femmes arabes israéliennes et les
femmes palestiniennes
Depuis la première Intifada, les femmes arabes
israéliennes ont créé des organisations féministes.
Leurs objectifs sont sociaux et culturels : elles visent à
améliorer le statut des femmes arabes par l’éducation,
les études, elles luttent contre les mariages de très
jeunes filles et contre les crimes d’honneur.
Luttes sociales et identitaires.
L’hégémonie culturelle et économique des
Ashkénazes sur les Juifs venus d’Orient est toujours
d’actualité. La réaction s’est exprimée sur le plan
politique et vise à instaurer une affirmation
identitaire. Celle-ci se manifeste aussi dans certains
mouvements féministes où les femmes expriment leur
frustration et dénoncent la domination ashkénaze. Il
semble que le mouvement féministe soit partagé sur
Elle disait, si je reviens
J'écrirai des romans
Elle disait, si je reviens
J'apprendrai le violon
Elle disait, si je reviens
J'aurai beaucoup d'enfants
Il n'y aura
Ni enfants
Ni violon
Ni roman
Gisèle Guillemot
Gisèle Guillemot, arrêtée pour fait de résistance par la
Gestapo fut déportée à Ravensbrück, puis à Mauthausen.
Elle fut libérée en 1945.
2
3. Voyage
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3
4. Vu, Lu,
Entendu
L'exclusion des médecins juifs
en France sous l'Occupation
Le 18 novembre avait lieu une table ronde sur le sujet à
l'Espace Rachi, sous l’égide du F.S.J.U. et de l'A.M I F
(Association des Médecins Israélites de France), à
l’occasion du 70ème anniversaire de l’exclusion de
médecins juifs en France.
Autour de Paule-Henriette Lévy, journaliste et
rédactrice en chef de R.C.J., étaient réunis: Tal
Bruttmann, historien et chercheur auprès de la
Commission d'enquête de la ville de Grenoble sur les
spoliations de biens juifs; Bruno Halioua, médecin et
historien de la médecine; Colette Brull-Ullmann,
médecin et ancienne externe à l'hôpital Rothschild
jusqu'à la fin de l'année 1943, ainsi que son époux,
Jacques Ullmann, médecin démobilisé près de
Limoges qui revient en septembre 1940 à Paris pour
reprendre son poste d'externe à la Salpétrière.
Tal Bruttmann fit le point sur la mise en place de la
politique antisémite de Pétain qui, à partir du 12 juillet
1940, interdit à «toute personne née d'un père étranger
d'appartenir à un cabinet ministériel ». Par « étranger »,
il faut dès lors entendre « juif » car depuis les années
30, la propagande faisait courir le bruit que « les
couloirs du Gouvernement et de l'Administration
étaient peuplés de hordes de Juifs étrangers, qui
menaçaient la France. »
A ce moment-là, les textes de loi qui sont promulgués
ne mentionnent pas encore explicitement les Juifs, par
crainte, au début, de heurter frontalement l'opinion
publique, mais des signaux clairs sont donnés à la
population. Ainsi pour la commémoration du 14 juillet
1940, le gouvernement est représenté dans tous les
lieux de culte à l'exception des synagogues. Autre
exemple significatif, trois semaines plus tard,
l'émission radiophonique « La voix d'Israël » est
interdite, puis le 16 août, le décret Marchandeau
interdisant la propagande antisémite dans les journaux
est abrogé.
En trois mois, de juillet à octobre 1940, toute la
législation antisémite se met en place. Concernant tout
d'abord les « étrangers », ensuite rapidement et pour ne
pas être à la traîne des Allemands, elle se généralise à
l'ensemble de la population juive sans condition de
nationalité: statut des juifs les excluant de
l'Administration, internement des Juifs étrangers par
les préfets, révocation du décret Crémieux...
De juin à juillet 1941, avec la deuxième mouture du
statut des Juifs, ceux-ci sont exclus de tous les
domaines professionnels, ils ont obligation de se faire
recenser et leurs biens sont aryanisés et spoliés. Tout
s'est donc organisé extrêmement vite pour aboutir à
l'extermination des Juifs de France. Il n'a fallu que trois
mois au régime de Vichy pour promulguer le statut des
Juifs qui est l'équivalent des lois de Nuremberg quand
il a fallu deux ans au régime nazi pour le faire!
Après cette introduction, le Docteur Halioua rappela la
demande de repentance, en son nom propre, du
Président du Conseil de l'Ordre des Médecins en 1997,
ce qui faisait suite aux déclarations de Jacques Chirac
du 16 juillet 1995 lors de la commémoration du 53ème
anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. Des protestations
de nombreux médecins, que le Docteur Halioua
qualifie de virulentes, s'élevèrent alors, pour ne pas
« réveiller le vieil abcès que constitua la création de
l'Ordre sous Vichy ».
Il fit un tableau de la situation des médecins juifs dans
la France de l'époque où nombre d'étudiants juifs
étrangers, russes, polonais ou roumains, par exemple,
étaient venus étudier la médecine en raison du numerus
clausus dans leur pays et pour les roumains de
l'équivalence dont ils bénéficiaient entre le
baccalauréat français et celui obtenu dans leur pays
d'origine. Ainsi furent les parcours des pères de
Bernard Kouchner et d'Alain Krivine.
Peu à peu, après un certain sentiment d'orgueil
qu'éprouvent les autorités universitaires en constatant
que ces étudiants élisent la France, succède le rejet qui
se manifeste par des propos xénophobes de la part du
monde médical traditionnellement conservateur. On
parle là aussi de « hordes de métèques qui se sont
abattues sur les facultés »,
« d'envahisseurs
étrangers. ».Dès 1930 déjà la Fédération des
associations d'externes s'inquiète de la concurrence de
ces confrères étrangers qui « risquent de détruire la
profession d'autant que sévit durement la crise
économique. »
Le 16 août 1940, est promulguée l'interdiction
d'exercer aux médecins étrangers, l'accès de la
médecine étant réservé uniquement aux praticiens de
nationalité française nés d'un père français, et ce, avant
1927. Du jour au lendemain, des centaines de médecins
se retrouvent au ban de la société, sans aucun moyen
d'existence et sans que le reste de la profession n'y
trouve à redire. Cette loi exclut non seulement les
praticiens juifs mais aussi les praticiens non juifs
étrangers.
Le 7 octobre 1940, le Conseil de l'Ordre est créé,
continuant à s'impliquer dans le processus d'exclusion.
4
5. Des listes d'interdiction d'exercice fleurissent dans les
journaux médicaux où apparaissent des annonces
proposant des cabinets libérés à des conditions fort
intéressantes ! Le Docteur Louis-Ferdinand
Destouches dit Céline saura utiliser ces excellentes
opportunités .en prenant le poste d'un médecin haïtien,
écrivant au Conseil de l'Ordre sa haine des Juifs et des
enjuivés de la médecine... Des fiches signalétiques où
doivent être mentionnées la nationalité d'origine et la
religion juive ou non juive deviennent obligatoires
pour prétendre à une installation. Les dénonciations
arrivent au Conseil de l'Ordre sans souci des
conséquences.
tient à préciser que ses collègues non juifs sont
cependant restés corrects avec lui. Il rappelle
également qu'en 1860, sous Napoléon III déjà, son
bisaïeul, médecin des Armées, s'était vu refuser la
Légion d'Honneur au prétexte qu'il était juif. Il aborde
aussi l'antisémitisme du Professeur Menétrel, médecin
personnel et confident de Pétain, considéré comme son
éminence grise.
Il va sans dire que l'auditoire, où se trouvaient des
personnes touchées dans leur histoire personnelle par
ces évènements tragiques, a été particulièrement ému
par les récits de ces témoins d'un passé si cruel.
La législation permet cependant certaines dérogations
pour les médecins anciens combattants, les blessés de
guerre, ceux qui ont obtenu une citation ou ceux dont
la famille est en France depuis cinq générations. C'est
la chasse aux généalogies qui commence.
Pour en savoir plus :
Adeline FRIDE
Le 2 juin 1941 est mis en place le numerus clausus
pour les médecins juifs français et le décret du 11août
1941 fixe à 2% au maximum le nombre de médecins
juifs sur l'effectif total. Cela complète la législation
d'exclusion des médecins étrangers.
1)
2)
Tal Bruttmann: « La logique des bourreaux, 1943-1944 », Hachette
Littératures, 2003.
Bruno Halioua: « Blouses blanches, étoiles jaunes », Liana Lévi,
1999
Vu, lu, Entendu
La Fondation Rothschild
Que dire de sommités comme le Professeur Milliez qui
prétendit à la Libération que le corps médical n'avait
pas collaboré...
Une exposition s'est tenue ce dernier trimestre de
l'année 2010 à la Fondation Rothschild (1), qui abrite
maintenant des gens très âgés, une exposition sur la vie
de cet établissement de 1939 à 1944.
Vint enfin le temps des témoignages poignants des
Docteurs Colette et Jacques Ullmann.
Colette Brull-Ullmann subit l'interdiction de passer le
concours de l'externat des hôpitaux de Paris et resta
donc stagiaire. La seule solution qui lui restait était de
passer le concours en mars-avril 1942 de l'hôpital
Rothschild, dans le 12ème arrondissement, qui avait un
statut indépendant de l'Assistance Publique,
fonctionnait avec un personnel juif et non juif et
accueillait traditionnellement des patients juifs mais
aussi non juifs.
Ayant pignon sur rue et le nom qu'elle portait la
Fondation aurait eu du mal à passer inaperçue aux
yeux des nazis. Ceux-ci voulurent, bien sûr, faire
immédiatement main basse sur la Fondation en tant
que biens juifs, mais, ô miracle, l'administration
vichyste traina des pieds en arguant que la Fondation
n'appartenait pas aux Rothschild puisqu'elle était …une
Fondation. La procédure dura jusqu'en juin 1944. Les
Allemands finirent, bien entendu, par avoir gain de
cause et confièrent après cette date la tutelle de la
Fondation à l'UGIF (2).
Le 8 décembre 1941, l'établissement est divisé en deux
zones, l'une pour les hospitalisations libres, l'autre de
140 lits destinée à hospitaliser les internés gravement
malades de Drancy. Mme Ullmann ainsi que d'autres
médecins, infirmières et assistantes sociales décident
de résister en facilitant les évasions ou en prolongeant
les hospitalisations. Mme Ullmann se reproche encore
aujourd'hui de n'avoir pu sauver autant de patients
qu'elle l'aurait voulu et dans la salle se trouvaient des
familles de malades remplies d'émotion et de gratitude
à l'égard de l'engagement de ces personnels émérites
qui ont agi sans souci de reconnaissance, au péril de
leurs vies.
Quant à son époux, Résistant lui aussi, et qui était déjà
externe, il évoque le climat délétère qui régnait alors à
la Salpêtrière, lorsque les internes avaient adressé une
lettre au Maréchal pour lui affirmer leur attachement. Il
En juin 1941 dans le cadre des mesures prises contre
les Juifs, un décret impose un "numérus clausus" dans
les hôpitaux en imposant un taux maximum de 2% de
médecins juifs. Un certain nombre de ceux qui perdent
alors leur emploi se retrouvent à la Fondation qui a
d'ailleurs fort à faire et qui est entourée de barbelés à la
fin de la même année.
La Fondation est alors le lieu d'un horrible et bizarre
chassé-croisé. Elle reçoit du Camp de Drancy des
malades, ce qui permettait sans doute à l'administration
allemande du camp de montrer qu'elle se préoccupait
aussi de la santé des internés, et simultanément elle
vient rafler des malades et des vieillards pour remplir
son quota de 1000 déportés par train en direction
d'Auschwitz.
En juillet 1943 le tueur en chef du Camp de Drancy –
Aloïs Brunner - décide de ne plus faire garder la
5
6. Fondation par la police française, mais d'en confier la
totale responsabilité à sa direction juive avec un
discours qui, près de 70 ans après, donne encore envie
de vomir (3). C'est qu'entre temps un réseau de
résistance s'était constitué dans les lieux et qu'un
certain nombre de détenus hospitalisés avaient réussi à
s'en échapper.
Dans ces temps où l'on parle beaucoup des femmes et
du judaïsme, il est bien que l'exposition rappelle les
noms de Claire Heyman, assistante sociale, pivot du
réseau, du docteur Collette Brull, de Marcelle Valensi,
et de bien d'autres, y compris des non-juives comme la
chilienne Maria Errazuriz, qui réussirent à sauver des
malades et des enfants. Mais comme en contrepoint on
peut aussi lire une lettre de dénonciation adressée à M.
le Commandant du Camp de Drancy le 31 Août 1943
signée les "Aryens de l'hôpital : "Nous exécutons les
consignes ordonnées …faites payer les juifs qui sont
les seuls fautifs"
Car à cette époque la Fondation abritait un hôpital, un
hospice et un orphelinat. Celui-ci, qui était aussi un
centre d'accueil dans l'attente de la dispersion des
enfants par les organisations de sauvetage, fit l'objet
d'une rafle en février 1944 puis fut fermé ensuite.
En janvier 1944, les nazis "judaïsent" en totalité
l'hôpital, les malades juifs se trouvant dans d'autres
hôpitaux parisiens y sont transférés et la quasi-totalité
du personnel non-juif remplacé par des internés en
provenance de Drancy.
Le 18 août 1944, huit mois plus tard, la Fondation est
l'un des premiers édifices parisiens libérés par les FFI ;
le 25 Août la capitulation des Allemands est signée
par Von Choltitz.
1) 80 rue de Picpus Paris 12ème
I.J.
2) UGIF : Union Générale des Israélites en France. Organisme créé par les
nazis pour être leur interlocuteur unique. Son rôle fut, et est encore,
largement controversé.
3)" J'ai décidé que tout ce que je ferai contre vous, je ne le ferai qu'avec
votre concours, c'est vous qui le ferez et j'estime que vous le ferez mieux que
n'importe qui…Si l'un des malades s'évade, 42 d'entre vous seront fusillés.
Vous remplacerez sans mal la police française..."
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(Septembre 2010 à août 2011).
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Noémie Fischer 119 bis rue d'Avron 75020 Paris
Vu, Lu, Entendu
Après Ronis et Izis… André Kertész
A la suite à l’article paru dans la Lettre n° 106, je
voudrais évoquer une autre exposition récente de Willy
Ronis à la Maison d’art de
Nogent
où
ont
été
présentées d' émouvantes
photos des bords de Marne,
de Paris ou du Midi de la
France et quelques tableaux
de sa femme Marie Anne.
Par ailleurs dans son livre,
Ce jour-là paru en 2006, le
photographe
commente
avec précision, honnêteté et
émotion une cinquantaine
de photos dont celle de ce
petit Parisien qui a fait le
tour du monde et que Ronis commente en ces termes :
… pour cette photo j’avais fait une petite
entrave à ma pratique habituelle. Je veux dire que j’ai
fait un minimum de mise en scène…Il était midi, je suis
allé dans mon quartier roder du coté d’une
boulangerie.
Dans la queue, j’ai vu un petit garçon avec sa grandmère, qui attendait son tour…J’ai demandé à sa
grand-mère :« S’il vous plait Madame, est-ce que vous
m’autoriseriez à photographier ce petit garçon quand
il sortira avec son pain ? J’aimerais bien le voir courir
avec son pain sous le bras. – Mais oui bien sûr, si ca
vous amuse, pourquoi pas » Je me suis posé un peu
plus loin, j’ai attendu. Il a acheté son pain et il a couru
de façon si gracieuse et si vivante. Je l'ai fait courir
trois fois pour avoir la meilleure photo…
Quand je regarde cette belle photo, j’ai bien sur
l’impression de me retrouver enfant sortant du
boulanger de mon quartier; Ronis indique que cette
photo « pourrait venir signer mon autoportrait en petit
Parisien ». Emotion aussi devant la photo d’un bal de
14 juillet à la pointe de l’ile Saint-Louis en 1961 ou
devant deux gracieuses jeunes filles vendant des frites
rue Rambuteau en 1946 ; nostalgie également…
Les photos humanistes de Ronis sur le monde du
travail, sur les gens modestes de Paris et de la banlieue,
sur la Provence ou sur les chats se rapprochent de
celles d’Izis sur Londres ou Paris, sur Israël ou sur
Chagall, sur les maquisards du Limousin ou sur les
artistes des années cinquante…
L’exposition de janvier 2010 à l’Hôtel de ville de
Paris, Paris des rêves, présentait un choix de photos
d’Izis – né en 1911 peu de temps après Ronis- qui
montrait la poésie et l’originalité de l’artiste ; ces deux
photographes firent partie avec Brassaï, Doisneau,
Cartier Bresson des Five French Photographers
exposés au MOMA à New York en 1951 ce qui leur
donnait une visibilité plus importante.
6
7. Actuellement un autre grand photographe juif,
originaire d’Europe de l’est et né en 1894 à Budapest,
est exposé au Musée du Jeu de Paume à Paris ; cette
magnifique rétrospective présente des photos faites en
Hongrie, en France - où il séjourne de 1925 à 1936puis aux Etats-Unis à partir de 1936. Ce fut un des
acteurs de l’avant-garde photographique avec Man
Ray et il initia le photoreportage suite à l’achat d’un
nouvel appareil le Leica. Il réalisa des reportages
photos pour divers magazines français, allemands,
américains…après avoir publié ses premières photos
du front russe pendant la 1 ère guerre mondiale ,
rencontra après guerre les grands artistes de
Montparnasse et permit à Brassai de débuter en
photographie ; il exposa ensuite à New York et à Paris
puis publia J’aime Paris et Of New York, partagé qu’il
était entre deux milieux culturels.
Dans ses photos, parfois proches du surréalisme en
particulier dans ses Distorsions de nus féminins,
André (Andor) Kertész utilise le contrastes noir/ blanc,
la composition plastique, le recadrage des portraits et
l’abstraction ; une inquiétude est parfois ressentie à la
vision de ses photos et la poésie des paysages et des
hommes apparait pleinement dans ses photos de Paris
ou de New York.
Deux photos m’ont particulièrement impressionné :
La pipe et les lunettes de
Mondrian
1926
qui
évoque
dans
une
composition
épurée,
géométrique, rigoureuse,
l’esprit du peintre par
l’agencement des objets et
les contrastes ; une autre
photo de Piet Mondrian dans son atelier reflète
étrangement une même atmosphère.
Dans un autre registre la photo
recadrée
d’Elisabeth
qui
deviendra sa femme en 1933,
donne une belle représentation
du bonheur du couple.
Par la suite ses photos seront
prises le plus souvent de son
appartement newyorkais d’où
il observe les promeneurs, les
toits, les terrasses ou les
nuages ; il réalise à partir de 1979 une série en couleurs
avec un Polaroid et fait don à la France de ses
archives, de ses négatifs et de sa correspondance.
Ces trois photographes juifs humanistes, ancrés à
gauche et même au parti communiste pour Ronis,
représentent une modernité photographique liée aux
grands mouvements picturaux du 20è siècle ; Izis et
Ronis seront certainement à nouveau exposés et
l’exposition Kertész va durer jusqu’au 6 février 2011
en liaison avec le mois de la photo à Paris.
Michel Mohn
Voyages
Odessa
Aux dires de Juifs que l'on rencontre à Odessa, Odessa
serait toujours une ville juive bien que les 15 à 20 000
Juifs qui y résident encore ne représentent plus que
quelques pourcents d'une cité de plus d'un million
d'habitants.
Créée par la Grande Catherine en 1794 quand les
armées russes arrivèrent enfin sur les bords de la Mer
Noire, Odessa fut dès l'origine une zone franche qui
attira des gens de toutes origines et en particulier des
Juifs qui à la fin du 19ème siècle représentaient déjà
34 % de la population pour dépasser en 1920 à la veille
de la prise de la ville par l'Armée Rouge les 44 %. En
1939 les 200 000 Juifs représentaient un tiers de la
population.
La ville afficha dès l'origine son cosmopolitisme : le
promoteur était un certain Iosif de Ribas, de père
espagnol et de mère irlandaise, épaulé par un urbaniste
hollandais flanqué d'un architecte anglais et, en haut du
célèbre escalier trône, vêtu d'une toge romaine, le Duc
de Richelieu, arrière petit neveu de notre Cardinal, cidevant émigré lors de la Révolution de 1789, qui fut le
premier gouverneur de la ville.
Fenêtre ouverte
vers le bassin
méditerranéen,
Odessa s'enrichit
par le commerce
et en particulier
celui
des
céréales
en
provenance de
l'arrière-pays
constitué
des
fameuses terres
noires d'Ukraine. Les Juifs, mais aussi des Grecs et des
Arméniens, participèrent à cette production de
richesses qui permirent de doter la ville de bâtiments
fastueux, comme l'Opéra ou le Musée de la Littérature,
de rues spacieuses et à angles droits, au moins pour ce
qui est des quartiers d'origine car les quartiers
périphériques, en particulier ceux qui se trouvaient à
proximité de la gare d'arrivée des immigrants, comme
la Moldavanka décrite avec une truculence
rabelaisienne par Isaac Babel (1)oublièrent assez vite
l'ordonnancement initial.
Juchée sur une falaise, regardant la Mer Noire et
surplombant son port, la ville est reliée à celui-ci par
un escalier qui fut immortalisé par S. Eisenstein dans le
"Cuirassé Potemkine" ; escalier que tout touriste se
doit de dévaler en poursuivant un landau imaginaire.
La position d'Odessa à l'extrême sud de l'Empire
tsariste en fit rapidement un passage privilégié pour
rejoindre la Palestine et son port fut surnommé "La
porte de Sion". Le mouvement sioniste y eut ses
7
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Isidore Jacubowiez
1) Isaac Babel : "
"Récits d'Odessa"
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2) Amos Oz :"Un histoire d'amou et de ténèbres" Gallimard 2002
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"
3) "Le Livre Noir
r"–I.Erhenbourg/
/V.Grossman –Ac Sud 1995
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4) Wladimir Jabotinski : " les Cin Edition des Syrtes 2006
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9. Vu, Lu, Entendu
Un Film documentaire de Robert Bober
" Le cahier des charges de la vie mode d'emploi"
de Georges Perec.
Le Mémorial de la Shoah et l’INA (Institut National de
l’Audiovisuel) ont programmé du 30 novembre au 19
décembre 2010 un cycle de films de Rober Bober.
Qui est Robert Bober ? Né en 1931 à Berlin de parents
juifs d’origine polonaise, il est écrivain mais aussi
réalisateur de films. Il rencontre dans les années 50
François Truffaut dont il sera l’assistant et réalisera à
partir de 1967 avec Pierre Dumayet des documentaires
pour la télévision: plus de 120 ; ce cycle en présente
15. J’ai eu le plaisir de découvrir l’un d’entre eux :
« Le Cahier des charges de la vie mode d’emploi » de
George Perec. C’est un documentaire de 58 minutes
datant de 1993. George Perec (7 mars 1936-3 mars 1982)
est un écrivain qui en 1967 a adhéré à l '« OULIPO »,
acronyme de «Ouvroir de Littérature Potentielle » :
ses œuvres sont « oulipiennes » en ce sens qu’elles
sont fondées sur l’utilisation de contraintes formelles
littéraires ou mathématiques.
Profondément marqué par la disparition de ses proches
–son père mortellement blessé en 1940 , sa mère
déportée à Auschwitz en 1943- il écrit en 1969
« La disparition », sorte de roman policier dans lequel
il s’impose comme contrainte , l’absence de la voyelle
« e » qui évoque « eux » les parents disparus. « La vie
mode d’emploi » a obtenu en 1978 le Prix Médicis,
c’est peut-être son livre le plus abouti : il y explore de
façon méthodique la vie des différents habitants d’un
immeuble situé au 11 de la rue Simon Crubelier (rue
imaginaire) à Paris 17° arrondissement : ses habitants,
les objets qui y reposent, les histoires qui directement
ou indirectement l’ont animé. Bien que les contraintes
imposées soient invisibles à la lecture de ce livrepuzzle, elles ont été mises à la disposition du lecteur
par l’édition du « Cahier des charges de La Vie mode
d’emploi »par Bernard Magné CNRS Zulma 1993.
L’objet du film est justement de nous faire pénétrer
dans ce Cahier et de développer, expliquer les
contraintes que Georges Perec s’est imposé pour écrire
son livre. Pierre Dumayet interroge Bernard Magné qui
a participé à l’édition de ce « Cahier » : l’enquête met
en lumière la fascination de Perec pour les contraintes
qu’il s’impose. L’immeuble est réduit à un carré
assimilable à un damier de 10 cases sur 10 ; chaque
case équivaut à une pièce de l’immeuble ou à une
portion
des
parties
communes.
.
A la question : dans quel ordre décrire les pièces?
Perec répond par un principe non réel mais formel :
c’est une énigme mathématique, la « polygraphie du
cavalier ». Le problème, explique Bernard Magné,
consiste en partant avec un cavalier d’échecs d’une
case désignée, à lui faire parcourir les 63 autres par
sauts consécutifs, donc sans répétition ni omission.
Autre problème : comment remplir chaque pièce, quoi
y mettre ? Où ? Perec se donne une sorte de répertoire
structuré à partir de 21 paires de listes de 10 éléments.
Les fictions elles-mêmes contiennent un « programme
de vie ». Bablebooth, l’un des héros meurt sans avoir
pu terminer son puzzle ; reste le « trou noir » la pièce
manquante sur le damier à gauche ; il s’agit de la
question qui a animé toute son œuvre, la pièce
manquante à sa vie, l’absence des siens. Ce
documentaire m’a permis de comprendre la place et la
fonction de ces contraintes dans l’œuvre et la vie de
Perec ; elles témoignent de son rapport à la loi. On
pourrait, sur ce plan, le comparer à Kafka que Perec
admirait ; tous deux sont obsédés par la loi ; Kafka est
terrorisé de peur et de respect devant la loi : K
« meurt » à sa porte : Perec par le jeu de ses
contraintes, s’en joue, en abuse et jubile en s’en
servant comme un moyen d’écriture.
Marlyse Kalfon-Médioni
-----------------------------------------------------------
Assemblée Générale de LDJ
10 Novembre 2010
Après avoir rendu hommage à la mémoire de Doris
Bensimon et remercié le CA et le Bureau pour le
soutien apporté au cours de l’année, la Présidente
présente le rapport moral .On note un maintien des
adhésions et des abonnements, une poursuite régulière
des activités et de la diffusion de la Lettre de L.D.J, la
naissance d’une « Atelier Cinéma » et notre adhésion
au RAJEL en qualité d’Association fondatrice. Le
rapport financier présenté par Noémie Fischer montre
une nette diminution des charges due à la baisse du
coût de la Lettre de L.D.J, ce qui permet d’équilibrer
le budget et d’envisager la refonte de notre site
internet. Le rapport est adopté à l’unanimité.
Les cinq membres du Conseil d’Administration arrivés
en fin de mandat et deux nouveaux candidats,
Marlyse Kalfon et Michel Mohn, sont tous élus
à l’unanimité au Conseil d’Administration lequel a
ensuite élu à l’unanimité le nouveau Bureau avec un
membre supplémentaire, Simone Simon, trésorière
adjointe.
Bureau de L .D. J
Marlène Celermajer
Présidente
Armand Levy
Vice-président
Irène Wekstein
Vice-présidente
Anna Sarfati
Secrétaire générale
Noémie Fischer
Trésorière
Simone Simon
Trésorière adjointe
Contact L. D. J. : 09 54 25 31 26 ou ldj@col.fr
Site internet :
www.col.fr/ldj/
9
10. Echo de l'Atelier Cinéma de LDJ
Mercredi 1er décembre 2010
Mireille Ouziel a fait une fine et brillante analyse du film
« Des Hommes et des Dieux »de Xavier Beauvois.
Librement inspiré de l’affaire de l’assassinat des moines de
Tibhérine en 1996, ce film, primé au festival de Cannes,
connaît un grand succès depuis sa sortie sur les écrans et
Mireille s’est attachée à mettre en évidence les éléments qui
en font une œuvre d’art.
Interprété par des acteurs de grand talent, tourné dans des
paysages magnifiques de l’Atlas marocain, ce film, qui ne
prétend pas être un document historique, est construit
comme une tragédie, avec des épisodes qui s’enchaînent en
un temps resserré. Les chants liturgiques, qui rythment la vie
monacale lors des prières et des offices, remplissent
parfaitement la fonction du chœur antique qui commente
l’action. Comme dans la tragédie, la fin est connue d’avance
par le spectateur dont l’attention se porte sur les péripéties :
ici l’évolution du cheminement spirituel des moines pendant
les mois précédant leur disparition, en réaction à des
incidents violents conduisant, dans une intensité croissante,
à la catastrophe finale.
Le contexte est celui des massacres attribués au G.I.A. qu’a
connus l’Algérie pendant les années 90 et d’une affaire qui
n’a pas été élucidée.
Après un début paisible montrant la vie des huit moines qui
se partagent entre l’étude, les offices (dont la célébration est
superbement mise en scène) et le travail « profane » agriculture essentiellement mais aussi soins et aide apportés
à la population du village avec qui l’entente est parfaite –
éclate un premier incident, l’assassinat d’ouvriers croates sur
un chantier, et peu à peu s’instaure un climat de
terreur :d’autres crimes sont commis.
Des terroristes
font irruption au monastère pour exiger que le médecin,
Frère Luc (Michael Lonsdale) parte avec eux pour soigner
leurs compagnons blessés. Le supérieur, Christian de Chergé
(Lambert Wilson), refuse et réussit à les tenir en respect et
même à dialoguer avec le chef du commando grâce à sa
connaissance de l’Islam (le dialogue interreligieux montre là
tout son intérêt).
Tout va s’accélérer ensuite et les moines devront choisir
entre rester sur place en risquant leur vie ou partir.
Encouragés par les villageois et après s’être concertés à
plusieurs reprises, ils prennent la décision de rester, malgré
leur peu de goût pour le martyre, tout en refusant la
protection de l’armée pour qui ils deviennent suspects, voire
indésirables.
A partir de là tout se précipite. Le chef du commando est tué
mais on sait que d’autres exactions se produiront. Un
émissaire de l’Evêché vient leur rendre visite, leur apportant
le courrier ainsi que des nourritures matérielles et
spirituelles. (On devine le titre d’un livre sur le soufisme que
le Père de Chergé avait commandé, ce qui montre sa
curiosité intellectuelle et sa grande ouverture d’esprit.)
Un moment de répit a lieu pendant un repas pris en commun,
évoquant nettement la Cène, qui est une véritable
communion et semble conforter chacun dans sa foi et sa
décision. La musique du Lac des Cygnes, la lenteur et la
solennité des gestes en font un moment suspendu hors du
temps et la spiritualité chrétienne vient se substituer à la
tragédie antique : plus de « fatum » imposé et subi, le destin
est librement assumé, consenti.
La violence fait à nouveau brutalement irruption quand on
vient enlever les moines et qu’on les emmène
précipitamment. Ils sont neuf, en comptant leur visiteur.
Deux d’entre eux parviendront à se cacher et auront la vie
sauve. Les sept autres sont conduits à pied dans la neige,
formant une colonne que l’on voit de loin se dissiper dans le
brouillard, montant vers un lieu invisible. Dans cette scène
pathétique s’imposent les figures des deux personnages
principaux : l’homme dans la force de l’âge qu’est le
supérieur du monastère soutient le vieux médecin
physiquement affaibli qui a auparavant exprimé avec force
sa sérénité d’homme libre (il ne craint ni l’armée ni les
terroristes dont il a d’ailleurs soigné l’un d’entre eux) et son
absence de crainte face à la mort. Cette absence de crainte
est partagée par Christian de Chergé qui, dans son testament,
a exprimé sa « curiosité » face à la vie éternelle et considère
son futur assassin comme un frère ou un ami de la dernière
heure. Rien de malsain ou de suicidaire dans tout cela. Les
moines ont simplement déjà fait don de leur vie.
Comme toute œuvre d’art, ce film est complexe et comporte
de subtiles correspondances sémantiques et connotations :
on peut, par exemple, à propos du Lac des Cygnes, aller
chercher du côté de la légende de Siegfried… Chacun peut
donc en retenir ce qui touche sa sensibilité, à partir de ses
références culturelles et de ses convictions: grandeur d’âme,
bel exemple de fraternité humaine chez ces moines ayant
consacré leur vie à Dieu tout en se mettant au service d’une
population défavorisée ; sens de la solidarité, capacité de
résistance à la violence aveugle. Le titre invite à se focaliser
sur les hommes. Le contexte chrétien peut suggérer le
« chemin de croix » d’êtres spirituels vivant à leur tour la
passion du Christ dont ils venaient il y a peu de célébrer la
naissance.
Ce film ne peut laisser personne indifférent et nous
remercions Mireille de nous en avoir montré toute la
richesse.
S.F
Plus de Yiddish à Paris
La Maison de la Culture Yiddish s'est installée dans ses
nouveaux locaux (1). L'intronisation s'est faite en
présence des Représentants du Ministre de la Culture et
du Maire de Paris, du Maire du 10éme arrondissement,
du Président de la Fondation de la Shoah et d'une
bonne centaine de personnes, dont le célèbre
clarinettiste américain David Krakauer, toutes
impliquées à des degrés divers dans le sauvetage et le
renouveau de la langue des Juifs de l'Europe de l'est ;
Langue qui faillit périr dans les chambres à gaz et qui
plus 60 ans après, a en France l'honneur de figurer dans
les programmes universitaires.
Grace à la pugnacité des animateurs de cette Maison
qui, dans sa bibliothèque, conserve maintenant plus de
20 000 livres en yiddish, les trésors de la Culture
Yiddish sont accessibles en cette langue ou en français,
puisque la traduction, comme l'enseignement, figure
aux premiers rangs des objectifs de l'association qui
gère cette maison.
1) 29 rue du Château d'Eau Paris 10ème
10
11.
Echos des c
E
conférenc de LDJ
ces
J
Me
ercredi 3 novem
mbre 2010
Ré
égine Azria
a
So
ociologue, c
chercheuse à l'EHESS
S
Mercredi 17 novembre 2010
i
e
Michèle Bi
itton
Sociologue, chargée de cours à la
Faculté de L
F
Lettres d'Aix en Provence
e
n
ntroduction
n…
En guise d'in
Lilith, une femme fat
tale
En gu
uise d'introd
duction à n
notre
cycle annuel, Rég
gine Azria n
nous
a, tou d'abord, rappelé le rôle
ut
joué p Doris B
par
Bensimon d
dans
l'accep
ptation des études sur le
s
Judaïs
sme par les milieux de la
e
recher
rche sociolog
gique et dan sa
ns
pro
opre démarc
che. Elle a ensuite ex
xaminé, avec et
c
dev
vant un aud
ditoire fourni comment le thème ch
i,
hoisi
par LDJ pour cette année pourrait êtr abordé. D
r
re
Deux
app
proches lui s
semblent pos
ssibles :
1 – Par le Judaï
ïsme
2 – Par les fem
mmes
Pa le Judaïsme, à condi
ar
ition de ne p se limit à
pas
ter
l'as
spect religieu mais d'ex
ux,
xaminer com
mment la fem
mme
jui est peu à peu entrée dans la soc
ive
ciété avec ou en
u
dép
passant le fait relig
gieux. Dans les mili
s
ieux
ash
hkénazes, le hommes se consacrant souven à
es
nt
l'ét
tude des text ce sont le femmes q ont assuré les
tes,
es
qui
é
con
ntacts avec l société civ en assur
la
vile
rant le minim
mum
ma
atériel, en se chargeant d l'éducatio des enfant et
e
de
on
ts
en portant le Y
Yiddish, ce "ja
argon" fait p
pour les femm
mes.
Le règles rel
es
ligieuses, qu à l'origine étaient pl
ui
lutôt
pro
otectrices – interdiction de la poly
n
ygamie dès le
mo
oyen-âge en Europe - pour les femmes, sont
n
dev
venues, par leur imm
r
mobilisme e du fait de
et
l'év
volution des sociétés, un carcan. Un carcan qui
s
bou lentemen mais qui bouge quand même, com
uge
nt,
d
mme
nou l'entendro sans dou au cours des procha
us
ons
ute
s
aines
con
nférences.
Pa les femm
ar
mes, en exam
minant comment les rè
ègles
d'u
usage et les traditions, qui ne fure ni figées ni
ent
mo
onolithiques et qui ont va en fonction du lieu e de
arié
et
l'ép
poque, ont p
permis l'entré des femme juives dan la
ée
es
ns
soc
ciété modern sachant q dès l'ori
ne,
que
igine leur fu
urent
bar
rrées les Etu
udes des Text mais que simultaném
tes,
e
ment
elles ne furen pas astre
nt
eintes par des obligations
cyc
cliques et te
emporelles i
imposées pa les préce
ar
eptes
rel
ligieux.
En se demand
n
dant, au passage, si les femmes d la
s
de
Bib Eve, Lil
ble,
lith, Rachel, Ruth, et les autres, doiv
s
vent
êtr considérée comme d exemple représenta
re
es
des
es
atifs,
ou comme des héroïnes my
ythiques et at
typiques.
Il ne nous reste plus qu'à entrer dans le vif du s
s
sujet
ave Lilith, jus
ec
stement, lors de la proch
s
haine confére
ence
de notre cycle.
I.J
Fut-elle la p
première erre du créate
eur
eur
ou n'était-il pas au fait des relatio
t
ons
sociales qui allaient pr
i
révaloir dura
ant
quelques millénaires dan sa création Il fit la pre
ns
n?
emière
femme à partir de terre, comme Adam et
m,
immédiatem les scène de ménage et la lutte p
ment
es
pour le
pouvoir com
p
mmencèrent. " Tu es de terre fait com je
t
mme
le suis, et il n'y a aucune raison que je sois au d
e
dessous
de toi" dit-e au prem homme ; puis sans gloser
elle
mier
sur le sens e
exact de la de
ernière partie de sa phras elle
e
se,
s'envola du d
domicile con
njugal.
ne
Le créateur créa alors un seconde femme -Eve mais
eprudemment il la créa à partir d'une des côtes d'A
p
t,
Adam.
L'ordre régn et la su
na
uprématie d'A
Adam fut a
assurée
jusqu'à ce qu dans les années 1960 des étudian de
j
ue,
0,
ntes
l'Université Hébraïque de Jéru
e
usalem puis des
s
féministes n
new-yorkaises relèvent le drapeau de Lilith,
e
sous forme d libelles rev
de
vendicatifs.
Entre temps elle avait f quelques rares appa
s
fait
s
aritions
dans la Bibl ; chez le Prophète Isa (Isaïe 34-1 ) où,
le
aïe
14
elle se ta
selon lui,
apira dans les ruines après
l'Apocalypse puis vers l Xème siècle dans le "Pseudoe,
le
e
Ben Sira " où il est dit que des envoyés d ciel
s
du
marchandère avec elle pour obteni que les nou
ent
ir
uveaunés d'Israë échappent à sa colèr sous con
ël
re,
ndition
qu'on les pro
otège avec des épées de fer tournoya auant
dessus des berceaux, d ciseaux déposés so les
des
ous
u
ore
s
portant
oreillers, ou mieux enco avec des amulettes p
les noms de trois envo
es
oyés du ciel qui signèren avec
nt
elle ce contr Elle fit é
rat.
également un petite inc
ne
cursion
chez les rom
mantiques san doute attir par cette f
ns
rés
femme
à la chevelur rougeoyan
re
nte.
Lilith dont il se dit qu'e serait d'o
elle
origine sumé
érienne
et que l'on s
suppose ram
menée dans le Judaïsme l
e
lors du
retour de l''exil à Baby
ylone a fait pour nou une
t,
us,
réapparition avec Michèl Bitton. Ce fut l'occasio non
le
e
on
seulement d nous éme
de
erveiller sur la puissanc des
r
ce
mythes, ma aussi d se livrer ensemble à des
ais
de
réflexions su la conditio féminine et sur la pui
ur
on
issance
du mal lors
squ'il s'avéra dans le Zohar, qu’ell était
a,
Z
le
devenue la f
femme de Sat
tan.
I.J.
La f
fille du démon, que l'Homme eut dans son lit
e
Ava qu'Eve appa sous les as
ant
arût
stres sans nomb
bre
Mo
onstre et femme que fit Satan avec de l'ombre
Afin qu'Adam reçû le fiel avant le miel,
n
ût
l
Et l
l'amour de l'enf avant l'amou du ciel.
fer
ur
Eve était nue. Isise
-Lilith était voil
lée.
Victor Hugo (La fin de Satan 1886)
r
6)
Pour en savoir plus ; Michèle Bitton & Cath
r
e
herine. Halpern :
Lilith l'épouse de S
h,
Satan. Larous 201
sse
11
12. Activités de LDJ
Conférences
LDJ a axé son programme pour l'année 2010-2011 sur le
thème :
Femmes, Judaïsme et Société
Mercredi 3 novembre.
Régine Azria, sociologue, chargée de recherche à l'EHESS,
"En guise d'introduction…"
Mercredi 17 novembre 2010
Michèle Bitton, sociologue, chargée de cours à la Faculté
des Lettres d'Aix en Provence présentera son livre :
"Lilith, une femme fatale"
Mercredi 15 décembre 2010
Pauline Bebe, rabbin de la Communauté juive libérale de
Paris: Comment et jusqu'où peut évoluer une religion?
____________________
Mercredi 12 janvier 2011
Martine Gross, Ingénieure de Recherche en Sciences
Sociales au CNRS : Le Judaïsme face aux nouvelles
pratiques sociales, familiales et sexuelles.
Et ailleurs:
Au MAHJ
Variations sur 9 bougies.
Il ne vous reste plus que quelques jours - jusqu'au 16
janvier - pour aller voir les magnifiques chandeliers
de Hanoukka réunis dans le cadre de l'exposition :
"Cent lumières pour Casale Monte", dont nous
avons parlé dans notre précédente Lettre
Félix Nussbaum (1904-1944)
Jusqu'au 23 janvier 2011
La tragique trajectoire d'un peintre Juif et Allemand,
depuis sa ville d'Osnabrück, qui vient de lui consacrer
un musée conçu par Daniel Libeskind, l'architecte du
musée juif de Berlin, à Auschwitz où il fut assassiné en
1944.
Au MUSEE du JEU de PAUME
Jusqu'au 6 février 2011 des photos d'André Kertèsz
(Voir en page 5 de cette Lettre).
Chez nos amis de l'AACEE
Mercredi 9 février 2011
Irène Wekstein, Psychologue, vice-présidente de LDJ:
Femmes ashkénazes : libération, transmission et pertes.
Ces conférences sont suivies d'un débat et se tiennent
13 rue du Cambodge 75020 Paris
à 20 heures. Accueil dès 19 h 30
Vendredi 28 janvier 2011 à 17 h 30
Auditorium de l'Hôtel de Ville de Paris
Projection de " Nous continuons". Court métrage tourné en 1946.
En présence de nombreux anciens des maisons de la CEE.
Irène Wekstein organise durant le premier semestre 2011
Cercle de Lecture
Dimanche 30 janvier 2011 à 15 h 30
"Journal d'un rabbin raté" de Victor Malka
Notifiez votre participation au :
01 43 65 09 25
La Lettre de LDJ. janvier-février 2011
Rédaction et administration
275 rue des Pyrénées 75020 Paris
Directeur de la publication: Marlène Celermajer
Comité de lecture :
Irène Wekstein, Armand Levy, Isidore Jacubowiez,
Flora Novodorsqui, Simone Simon,
Marlène Celermajer
Copytoo 281 rue des Pyrénées 75020 Paris
Dépôt légal à la parution ISSN 1145-0584
un cycle de conférences sur :
" La Galicie racontée par ses fils"
En yiddish, en hébreu, en allemand, en polonais, ils
ont célébré un paradis perdu, malmené par l’histoire,
mais qui n’a pas trouvé son équivalent dans le
monde moderne."
Les premières de ces conférences auront lieu le :
Mercredi 19 janvier 2011
Quel est ce monde dans lequel nous vivons ?
Moyshe Nadir, Melech Rawitch, Uri-Zwi Grinberg
Mercredi 2 février 2011
La Galicie, terre natale, terre d'exil.
S.Y. Agnon : l'hôte de passage
Mercredi 9 mars 2011
La Galicie comme objet perdu. Joseph Roth
Ces conférences ont lieu à la Maison de la Culture Yiddish.
29 rue du Château-d'Eau Paris 10ème (Métro République)
à 20 heures précises.
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