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Economie du développement
Professeur Olivier Cadot
1999-2000
ii
Chapter 1
Première approche
1.1

Qu’est-ce qui distingue les “pays émergents” des pays industriels?

Clairement, la caractéristique distinctive de base est la pauvreté. La question est dans quelle mesure la pauvreté est centrale dans cette histoire. En
d’autres termes, peut-on se focaliser sur le revenu par tête ou doit-on considérer un éventail d’indicateurs de développement? Les deux citations au
début du chapitre 2 de Ray (1998) fournissent des points de vue opposés
sur la question. L’une, de Robert Lucas (1988), suggère que le revenu par
tête est un bon point de départ de l’analyse, car il guidera nécessairement
la ré‡exion vers des questions plus larges. L’autre, de Paul Streeten (1994),
conteste l’existence d’un lien rigide entre revenu par tête et autres indicateurs de développement, et a¢rme en conséquence que la focalisation sur le
revenue par tête est réductrice.
La première chose à faire est d’établir une liste des indicateurs de développement pouvant compléter le revenu par tête. Di¤erentes tentatives ont été
faites pour établir une liste de criteres de developpement plus proches d’une
mesure du bien-etre que le simple revenu par tete. Le Human Development
Index developpé par le Programme de Développement des Nations Unies en
est un, bien qu’assez étroit (ses trois composantes sont l’espérance de vie, une
mesure composée du niveau de scolarité, et une fonction du revenu par habitant). Plus généralement, on peut lister parmi les candidats, par exemple
:
² Des indicateurs de dotation en facteurs de production : quotient capital1
2

CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE
output, niveau moyen d’éducation, illétrisme...
² Des indicateurs de santé publique : espérance de vie, mortalité infantile,
fertilité...
² Des indicateurs d’infrastructure : accès à l’eau potable, égoûts, communications...
² Des indicateurs de déséquilibres macroéconomiques : endettement exterieur/PIB...

Il est clair que ces indicateurs sont corrélés avec le niveau du revenu par
tête, ce qui suggère que ce dernier peut être utilisé comme une approximation, une « variable résumante » d’un ensemble de symptômes qui sont
liés. Cependant le fait de considérer d’emblée un éventail d’indicateurs plus
large que le revenu par tête permet d’ouvrir la discussion sur des caractéristiques du « sous-développement » potentiellement importante par ellesmêmes ou (alternativement) qui ont longtemps occupé l’attention des analystes du développement. Par exemple, le fait que les dotations des pays
émergents en facteurs de production sont di¤érentes de celles des pays industriels (critère 1) crée des gains à l’échange. Mais le type d’échange impliqué
par ces di¤érences de dotations est ce que les économistes tiers-mondistes
appelaient dans les années soixante l’ « échange inégal » (produits manufacturés du Nord contre produits de base du Sud) condamnant les pays du
Sud à une détérioration à long terme des termes de leur échange. Les critères
3 et 4 (infrastructure et politiques macroéconomiques) attirent l’attention,
au contraire, sur les défaillances des systèmes politiques locaux. Bref, en
commençant l’analyse par une liste large de critères de sous-développement,
on appelle tout de suite la controverse sur ce qu’il est et ses causes. Une
telle discussion est toujours intéressante, mais elle est vraisemblablement
prématurée à ce stade, et nous commencerons comme le suggère Bob Lucas,
avec le revenu par habitant.

1.2
1.2.1

Quelques questions de base
Le développement économique dans l’histoire

Les deux questions de base ici sont : « pourquoi tous les pays ne sont-ils pas
développés aujourd’hui ? » et, puisqu’une région du monde a démarré avant
1.2. QUELQUES QUESTIONS DE BASE

3

les autres, « pourquoi l’Europe ? »
D’une part, on peut considérer, comme certains auteurs (essentiellement
Rostow (1959), mais aussi Marx) que le développement économique est une
phénomène universel caractérisé par des phases assez mécaniques au travers
desquelles tous les pays doivent passer un jour où l’autre. Rostow distinguait en particulier la phase du « take-o¤ » qui a tout changé dans une
période de quelques décennies à peine à la …n du 18ème siècle et les phases
qui l’ont juste précédée et juste suivie. Dans son esprit, ces phases étaient
caractérisées par un saut dans le taux d’investissement (de moins de 5% à
plus de 10% du revenu national) et l’émergence d’un ou quelques secteurs
industriels particulièrement dynamiques.
D’un autre côté, on peut aussi argumenter, comme Gershenkron (1962)
que le processus de développement économique est « historique », c’est-à-dire
que la forme qu’il prend dépend des conditions initiales. Ainsi, dans l’Europe
du 19eme siecle et de la premiere moitie du 20eme, plus le démarrage était
tardif, c’est-à-dire plus l’économie était attardée dans son état initial, plus
l’industrialisation s’orientait sur les secteurs de biens de production, plus le
transfert de richesse nécessaire à l’accumulation de capital était massif, et
moins l’accroissement de productivité dans l’agriculture jouait de rôle dans
cette accumulation. En bref, plus le processus était brutal et centralise, le
cas extrême étant l’industrialisation de l’Union Soviétique sous Staline.
Ces di¤érences de vues sont importantes : l’approche de Rostow suggere
qu’avec une comprévhension su¢sante des mécanismes dynamiques qui permettent le passage d’une phase a une autre, la politique economique dans les
pays en voie de développement pourrait etre guidée par une road map qui
serait essentiellement valable partout.L’approche historique de Gershenkron,
par contre, laisse a penser que la carte risque d’etre assez di¤érente selon
les conditions initiales. Malheureusement, ces vues diverses, quoiqu’utiles,
ne nous aident guère à comprendre pourquoi les trois-quarts de l’humanité
vivent encore dans des pays qui n’ont pas réussi à déclencher la phase de
take o¤ en dépit souvent de taux d’investissement élevés, pourquoi la carte
mondiale du développement économique a changé aussi peu qu’elle l’a fait
au cours des cent dernières années, et pourquoi tout le processus a démarré
en Europe et non ailleurs.
Si l’on considère le développement économique de l’Europe sur une très
longue période, une observation frappante est que le développement économique
ne va pas forcément de pair avec le développement institutionnel. Ce dernier,
qui avait atteint un degré de sophistication extraordinaire dans l’antiquité ro-
4

CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE

maine, s’est certes accompagné d’une longue prospérité. Mais cette prospérité
n’a pas débouché sur un progrès technique sensible autre que dans la construction d’infrastructures civiles et militaires. Dans l’agriculture en particulier, le progrès de la productivité semble avoir été faible durant toute
l’antiquité romaine, à tel point qu’un outil aussi simple et important que la
charrue dut attendre les invasions germaniques pour être répandu à grande
échelle. Bien que les informations soient fragmentaires et l’analyse di¢cile,
il semble que l’esclavage ait joué un rôle inhibiteur du progrès technique
important.
Durant le Moyen Age, par contre, de nombreuses inventions techniques
importantes (par exemple le moulin à eau pour n’en citer qu’un) se sont
faites à une époque où le développement institutionnel était plutôt en recul
par rapport à l’antiquité romaine. De surcroit, ces inventions techniques
se sont accompagnées de progrès dans les arrangements contractuels entre
agents privés (création de sociétés pour investir dans les moulins, assurance
et réassurance dans la navigation, essor du crédit en dépit des interdits religieux, lettres de change, etc) sans que ces progrès soient suscités par ou
mêmes accompagnés de progrès signi…catifs dans la gouvernance publique
(voir White, 1972 ; Lopez, 1976).
Vers la …n du Moyen Age, on observe un phénomène de délocalisation de
la production hors des enceintes des villes où toute production était sévèrement règlementée (sur le plan des techniques, des prix, des salaires, etc) par
les guildes. Cette migration, accompagnant l’a¤ranchissement de serfs et le
défrichage des forêts, a entrainé le développement économique de zones initialement non peuplées et la hausse des revenus par habitant. Elle n’est pas
sans rapports avec la délocalisation de certaines activités manufacturières
du Nord vers le Sud au 20ième siècle. C’est aussi vers cette période que
l’Europe semble s’embarquer dans une trajectoire qui lui est propre, fondamentalement diférente de celle du reste du monde. L’essor du commerce
maritime méditerranéen durant la Renaissance italienne, la …n de la reconquista espagnole et de la Guerre de Cent ans, et le déclin du pouvoir féodal,
lié en France, précisément, aux désastres militaires qui ont marqué celle-ci,
créent les conditions nécessaires pour qu’une série de grandes découvertes
(l’imprimerie, les armes à feu, et les caravelles) déclenche en Europe une
révolution économique (l’essor du commerce mondial et l’accumulation de
richesse qu’il a permis) et politique (le colonialisme).
La suite est plus connue. La …n des guerres incessantes de Louis XIV,
accompagnée fortuitement d’une embellie climatique au 18ème siècle, perme-
1.2. QUELQUES QUESTIONS DE BASE

5

ttent un accroissement signi…catif des revenus ruraux en Europe occidentale.
Une série d’inventions (la machine à vapeur, le métiers à tisser) va alors déclencher, en particulier en Angleterre et en France, un processus de décollage
à la Rostow, qui sera interrompu en France par la Révolution et les guerres
napoléoniennes, mais qui prendra tout son essor en Angleterre précisément
durant cette période. Le mouvement simultané des « enclosures », par lequel
les propriétaires terriens anglais ferment l’accès des communs aux paysans
sans terre (lui-même lié aux opportunités de pro…t que la hausse de la productivité avait générées), déclenche un exode rural massif et crée un réservoir
de main d’oeuvre à bon marché pour l’industrie, et la machine est lancée.
Elle se répandra ensuite dans toute l’Europe.
Ce processus parait, en rétrospective, extraordinairement idiosyncratique,
et il parait di¢cile d’en tirer des leçons directement applicables aux PVD.
Quelques ré‡exions sont possibles, cependant. Bien que toutes ces transformations se soient faites très lentement (les taux de croissances n’excédaient
pratiquement jamais 2% durant toute la Révolution Industrielle) elles ont
sévèrement a¤ecté les équilibres politiques et les convulsions furent nombreuses. On en deduit aisement l’e¤et que les taux de croissance actuels peuvent avoir sur les structures politiques et sociales locales. D’autre part, dans
une large mesure les béné…ciaires directs des transformations économiques
(indirectement, tout le monde …nissait par en béné…cier) étaient en Europe les élites au pouvoir ou su¢samment proches de lui (marchands, industriels), facilitant l’évolution des institutions dans un sens favorable au progrès
économique. Dans les pays soumis à la colonisation, par contre, un système
de monopoles imposés par la force assurait qu’une part substantielle du surplus économique était détournée vers la métropole, empêchant l’emergence
des processus dynamiques decrits par Rostow, et, surtout, créant les conditions pour un rejet politique, après l’indépendance, du système de marche
lié au colonialisme au pro…t de systemes fondes sur une intervention etatique considerable. Ces systemes se sont pour la plupart reveles assez ine¢caces. D’autre part, la fragmentation ethnique de beaucoup des entités
politiques héritées de la colonisation est responsable du fait que les béné…ciaires des transformations économiques liées à la mondialisation de l’aprèsguerre n’étaient pas forcément les élites au pouvoir, créant des tensions et
favorisant des renversements de politiques économiques désastreux (voir à se
sujet Easterly et Levine, 1997).
6

1.2.2

CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE

Information et institutions

Dans la mesure où l’histoire de l’essor économique de l’Europe nous renseigne assez peu sur les di¢cultés actuelles des PVD, il est clair que l’on ne
peut se dispenser d’une approche analytique de leurs problèmes économiques
tels qu’ils se présentent aujourd’hui. La première remarque est qu’après un
demi-siècle de décolonisation, le constant qui s’impose est, à l’exception de
quelques pays d’Asie, un constat d’échec : l’indépendance politique n’a pas
amené l’essor économique anticipé. L’analyse doit donc permettre d’identi…er
des facteurs de blocages assez généraux pour qu’ils puissent expliquer la persistance d’un fossé entre les pays de l’OCDE et la plupart des PVD, quelque
diverse que fut leur situation initiale au moment de l’indépendance.
Un point de vue largement repandu actuellement dans la profession économique
est, en gros, que les gouvernements peuvent …nalement assez peu pour favoriser le développement économique et que le mieux est de laisser les marchés
générer les incitatifs adéquats. Ces incitatifs se développeront d’eux-mêmes
dans un environnement économique et politique stable et neutre dont les
éléments principaux sont résumés dans le « consensus de Washington ».
Cependant, au cours des trente dernieres années, une littérature importante
sur la microéconomie des marchés en présence d’information dissymétrique
a montré que les « dé…ciences de marchés » ne se limitent pas aux traditionnelles externalités et rendements croissants. En présence d’information
dissymétrique, des opportunités de transactions collectivement pro…tables
peuvent être bloquées par des phénomenes dits de « sélection adverse » . Le
mécanisme de base est très simple : en présence de qualité hétérogène, le prix
de marché sert à la fois à assurer l’équilibre de l’o¤re et de la demande et à
déterminer le niveau moyen de qualité des biens mis sur le marché. Lorsque
ces deux fonctions entrent en con‡it, le marché peut s’écrouler. Considérons
par exemple un marché rural du crédit, dans lequel les emprunteurs peuvent utiliser le prêt soit pour investir (bons emprunteurs) soit pour leur consommation courante (mauvais emprunteurs). Si le prêteur ne peut observer
l’utilisation du prêt, la créance qu’il détient est risquée. Le taux d’intérêt
qu’il fait payer doit donc couvrir ce risque, et doit donc être plus élevé que
le taux qu’il ferait payer aux bons emprunteurs seulement. Mais ce taux
d’intérêt élevé décourage les meilleurs emprunteurs, par exemple s’ils peuvent avoir accès à des sources de …nancement de proches pouvant observer
l’utilisation des prêts. Sachant cela, le prêteur réalise que son « portefeuille
» de débiteurs est en fait pire que la population d’emprunteurs potentiels,
1.2. QUELQUES QUESTIONS DE BASE

7

et que le taux d’intérêt doit donc re‡éter un risque plus élevé. Mais un taux
plus élevé chasse une couche supplémentaire de bons risques, et ainsi de suite.
Le marché peut ainsi se dégrader jusqu’au point où seuls les risques les pires
empruntent à des taux qui sont alors necessairement usuraires. Dans quelle
mesure les marchés de crédit ruraux d’un pays pauvre sont-ils plus sensibles
que ceux d’un pays riche à ce type de problème ? Dune part, si l’on s’en
tient a cet exemple, la proportion de crédits ruraux destinés à …nancer la
consommation courante s’accroit avec celle de ménages à revenus proches du
minimum de subsistence. D’autre part, les problèmes de sélection adverse
s’estompent en interaction répétée. Dans des environnements politiques et
économiques instables, le taux auquel le futur est escompté tend à monter,
aggravant les problèmes informationnels. En…n, les collatéraux et les institutions aptes mitiger les problemes informationnels (tribunaux, intermédiaires
commerciaux, etc...) tendent a etre absents ou faibles dans les pays les plus
pauvres. On reviendra plus tard dans le cours sur les problemes informationnels de ce type, qui a¤ectent particulierement les marchés ruraux et ceux du
travail, du crédit et de l’assurance.

1.2.3

Externalités et rendements croissants

Dans un article récent, Krugman (1992) argumentait également en faveur
d’une réévaluation de l’importance des dé…ciences de marché, mais dans un
sens di¤érent, mettant l’accent sur la concurrence imparfaite, les économies
d’échelle et les indivisibilités. Les di¢cultés créées par les économies d’échelle
pour les nouveaux entrants sont évidentes (voir l’explication dans le chapitre
5 de Ray (1998), pp 147-152), mais elles ne sont importantes qu’en présence
de dé…ciences des marchés du crédit. En e¤et, quelque soient les barrières
à l’entrée créées par les économies d’échelle, les marchés …nanciers existent
précisément pour les surmonter ; ce n’est que lorsqu’ils sont trop peu liquides
ou handicapés par des problèmes informationnels su¢samment sévères qu’ils
ne peuvent jouer leur rôle. On en revient donc aux problèmes de la section
précédente.
Les problemes créés par l’existence de complémentarités sont plus subtils,
en particulier lorsque l’interaction économique prend la forme d’un « jeu de
coordination » avec la matrice de payo¤s suivante:
Jeu de coordination
8

CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE

inactif
investit

inactif
(0,0)
(-1,0)

investit
(0,-1)
(2,2)

Le jeu de coordination est caractérisé par ses équilibres multiples : l’un
est un bon équilibre dans lequel le payo¤ collectif est maximisé, l’autre est
mauvais. Les blocages du développement économique peuvent être dus à
de semblables problèmes de coordination entre investisseurs en présence de
liens amont et aval et d’economies d’echelle. Selon Krugman (1992, p. 25),
« [...] a number of works in development economics written during the 1950s
contained, more or less explicitly and more or less self-consciously, a theory in
which strategic complementarity played a key role in development, in which
external economies arose from a circular relationship whereby the decision to
invest in large-scale production depended on the size of the market, and in
which the size of the market depended on the decision to invest. Whatever
the practical relevance of this theory, it made perfectly good logical sense. »
L’argument ainsi résumé par Krugman est associé aux travaux de Hirschman
(1958). Par exemple, une industrie de l’acier ne pourra guère se développer
à une échelle économiquement rentable sans des industries de biens durables
en aval, et sans une industrie de l’énergie conséquente en amont. Mais ces
industries ne se développeront pas forcément d’elles-mêmes sans un plan
concerté avec l’acier, qui est en position critique dans la …lière. Ainsi, la
présence combinée de rendements croissants et de liens amont et aval peut
contribuer à créer une sorte de « trappe de pauvreté », un argument sur
lequel on reviendra de façon plus formelle dans la section suivante. Selon
Krugman, ce type d’argument a disparu de la théorie du développement
économique essentiellement parce qu’il était di¢cile à modéliser avant les
années 70-80 en l’absence d’instruments analytiques capables de formaliser
la concurrence imparfaite ; mais ce sort infortuné n’ôte rien à sa validité
logique.

1.3
1.3.1

Trappe de pauvreté et “big push”
Croissance endogène de la population

Les argument de « trappe de pauvreté » sont potentiellement si importants
qu’ils méritent un développement séparé. Une trappe de pauvreté est essentiellement un argument d’équilibres multiples dans lequel un équilibre stable
1.3. TRAPPE DE PAUVRETÉ ET “BIG PUSH”

9

apparait à un faible niveau de revenu. De nombreuses modélisations peuvent
générer un tel équilibre. Par exemple, supposons que le taux de croissance
de la population est la résultante de deux forces : la mortalité infantile, qui
baisse avec le revenu par habitant, et la fertilité, qui baisse aussi. Jusqu’à
un certain niveau, l’e¤et « mortalité » domine, et le taux de croissance de
la population augmente avec le revenu ; passé ce niveau, l’e¤et « fertilité
» domine et le taux baisse avec le revenu. En d’autres termes, le taux de
croissance de la population est une fonction non monotone du revenu par
habitant, d’abord croissante, puis décroissante. Lorsque la croissance de la
population est supérieure à celle du revenu, le revenu par habitant baisse, et
vice versa. Les équilibres résultants sont illustrés dans la …gure 1.1.
Figure 1.1: Une trappe de pauvrete malthusienne

On se tourne maintenant vers un probleme di¤erent dans lequel la trappe de
pauvreté est due au manque de coordination des decisions d’investissement.
10

1.3.2

CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE

Une trappe de pauvreté non malthusienne (NurkseBasu)

. On considère une économie à deux secteurs, appelés 1 et 2. La propension
marginale à consommer dans le secteur i est appelée ci, avec c1 + c2 = 1. La
proportion du revenu agrégé dépensée sur le bien i est donc ci(p1X1 + p2 X2).
Les conditions d’équilibre sur les marchés des deux biens sont donc
c1 (p1 X1 + p2X2 ) = p1 X1
c2 (p1 X1 + p2X2 ) = p2 X2:

(1.1)

Par la loi de Walras, l’une de ces deux conditions est redondante (ce qui
est aisément véri…é en notant que c2 = 1 ¡ c1), et seuls les prix relatifs sont
déterminés ; on adopte en conséquence la normalisation suivante: p1 +p2 = 1.
En substituant cette normalisation dans (1.1) et en resolvant, on obtient une
fonction de demande inverse :
p1(X1 ; X2) =

c 1 X2
;
c1 X2 + c2X1

(1.2)

¤
¤
et pareillement pour p2(X1 ; X2 ). Soit (X1 ; X2 ) le vecteur de quantites d’equilibre.
En concurrence parfaite, les producteurs ne fondent pas leurs décisions de
production sur la courbe de demande vraie, mais sur la base d’un prix …xe
(c’est l’hypothèse de base du comportement en concurrence). Nurkse fonde
son analyse sur une hypothèse di¤érente ; à savoir, les producteurs font
l’hypothèse de prix …xe seulement lorsqu’ils réduisent leur production ; s’ils
l’augmentent, ils supposent que le prix réagira comme l’implique la courbe
de demande vraie (1.2). En d’autres termes, la courbe de demande inverse
perçue par les producteurs est la fonction suivante :
½
¤
¤
¤
¤
c1X2 =(c1X2 + c2X1 ) si X1 < X1
p
e1 (X1; X2) =
(1.3)
¤
¤
¤
c1X2 =(c1X2 + c2X1) si X1 ¸ X1

et pareillement pour le bien 2. La seule di¤érence entre la réaction à la baisse
et la réaction à la hausse est l’étoile sur X1., qui signi…e que le prix ne réagit
pas aux variations de X1 à la baisse, mais qu’il réagit à ses variations à la
hausse. Avec cette fonction de demande inverse, le revenu marginal est égal
¤
au prix quand X1 < X1 et égal à la dérivée (par rapport à X1 ) du produit
¤
X1 e1 (X1; X2) quand X1 ¸ X1 . Appelons cette fonction de revenu marginal
p
1.3. TRAPPE DE PAUVRETÉ ET “BIG PUSH”

11

r1. On obtient par di¤érentiation (et en utilisant le fait que p1 + p2 = 1)
½
¤
¤
¤
¤
c1 X2 =(c1X2 + c2 X1 )
si X1 < X1
r1(X1 ; X2) =
¤
¤
¤ :
[c1X2 =(c1X2 + c2X1)] 2 si X1 ¸ X1
Supposons maintenant que le côté de l’o¤re soit comme suit : la production
se fait avec du travail seulement, en quantités …xes (il faut q1 de travail pour
une unité du bien 1, et pareillement dans le secteur 2) et à un taux de salaire
…xé à son niveau de subsistence w. Le coût marginal dans le secteur 1 est
¤
¤
donc constant à wq1, et (X1 ; X2 ) est une quantité d’équilibre si et seulement
si le revenu marginal r1(X1; X2) est inférieur au cout marginal wq1 pour toute
¤
valeur de X1 plus grande que X1 , et lui est supérieur pour toute valeur plus
¤
¤
¤
petite que X1 . Il s’ensuit que (X1 ; X2 ) est un vecteur de quantités d’équilibre
¤
¤
¤
¤
¤
¤
si et seulement si c1X2 =(c1 X2 + c2 X1 ) ¸ wq1 ¸ [c1 X2 =(c1X2 + c2X1 )]2. On
note que l’étoile est réapparue sur le dernier X1. Ce n’est pas une erreur:
maintenant que l’on a calculé la dérivée en considérant X1 comme variable
(sans l’étoile) on peut évaluer toute l’expression à l’équilibre, c’est-à-dire à
¤
X1 = X1 . Tout cela n’est pas forcément très clair, mais en ré‡échissant, on
s’apercoit que ça joue (voir la …gure 1.2, où la courbe en gras est le revenu
marginal)
Figure 1.2: Demande et revenu marginal
12

CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE

Soit maintenant q la dotation totale de l’économie en travail, et i un indice
pouvant représenter selon le cas soit 1, soit 2. Les conditions d’équilibre sont
donc
¤
¤
² pi = pi(X1 ; X2 );

i = 1; 2; (le prix égalise l’o¤re et la demande)

¤
¤
¤
¤
¤
¤
² c1X2 =(c1X2 + c2 X1 ) ¸ wq1 ¸ [c1X2 =(c1X2 + c2X1 )]2 et pareillement
pour le secteur 2 (personne n’a intéret à modi…er son niveau de production)
¤
¤
² q1 X1 + q2 X2 · q; (la contrainte de ressources de l’économie est respectée).

On peut se demander à ce stade ce que tout cela a à voir avec une trappe
de pauvreté. L’argument est que l’équilibre peut se trouver soit à un niveau
bas avec sous-emploi, soit à un niveau élevé avec plein-emploi. Par exemple,
avec c1 = c2 = 1=2, q1 = q2 = 1, w = 1=3 et q = 5 comme valeurs exogènes,
¤
¤
et X1 = X2 = 1 et p1 = p2 = 1=2 comme valeurs endogènes, on a wqi = 1=3,
¤
¤
pi (X1 ; X2 ) = 1=2, et [ei(X1 ; X2 )] 2 = 1=4. La deuxième condition d’équilibre
e ¤ ¤
p
¤
¤
est donc véri…ée. Mais l’emploi total est q1X1 + q2X2 = 2, ce qui est inférieur
à la quantité de travail disponible dans l’économie (égale a 5). Supposons
¤
¤
maintenant que tout soit comme avant, à l’exception de X1 = X2 = 5=2:
¤
¤
On peut recalculer pi(X1 ; X2 ) et [ei (X1 ; X2 )]2: on obtient les mêmes valeurs
e ¤ ¤
p
qu’avant (du moment que c1 = c2 et que X1 = X2, ei = 1=2 quelque soient les
p
¤
¤
¤
¤
valeurs choisies). Donc si X1 = X2 = 1 était un équilibre, X1 = X2 = 5=2
l’est aussi, mais dans ce nouvel équilibre il n’y a plus de sous-emploi, puisque
l’emploi total est égal a 5. L’économie a des équilibres multiples, comme le
jeu de coordination de la section 1.2.3.

1.3.3

Discussion

L’exemple algébrique de la section précédente suggère que même en l’absence
d’une trappe malthusienne, le simple fait que les deux producteurs anticipent
la baisse de prix subséquente à une augmentation de leur output les dissuade d’augmenter leur output. Cependant, s’ils le faisaient simultanément
et dans la même proportion, la demande augmenterait d’autant (puisque le
revenu distribué augmenterait par l’embauche de travailleurs précédemment
non employés), véri…ant la loi de Say selon laquelle « l’o¤re crée sa propre
1.3. TRAPPE DE PAUVRETÉ ET “BIG PUSH”

13

demande ». Cette économie a donc les caractéristiques d’un jeu de coordination. L’exemple est-il robuste ? Est-il indicatif de quelque chose de réel
et de potentiellement important ? La seule manière de s’en rendre compte
est d’examiner les hypothèses nécessaires pour faire marcher l’histoire. La
première concerne les perceptions dissymétriques des producteurs en ce qui
concerne l’ajustement des prix à la hausse et à la baisse. Essentiellement, ces
producteurs se comportent comme des …rmes concurrentielles lorsqu’ils réduisent l’output et comme des monopoles lorsqu’ils l’augmentent, ce qui n’est
guère convaincant. Mais si l’on suppose qu’il s’agit en fait de deux monopoles
et que l’on remplace (1.3) par la vraie courbe de demande, l’équilibre devient impossible sauf pour des valeurs particulières des paramètres. Avec
les propensions marginales à consommer et le coe¢cient de travail supposés
par Basu, l’équilibre n’est possible qu’à un salaire w = 1=4, ce qui est par
ailleurs logique dans la mesure où le salaire devrait être déterminé de façon
endogène et non exogène. En le …xant indépendamment du reste, on surdétermine le modèle, et la seule façon de faire néanmoins fonctionner ce dernier
est d’introduire une discontinuité ad-hoc. La discontinuité rend l’équilibre
possible dans un intervalle de valeurs non-nul, mais le problème est essentiellement le même. Cette hypothèse n’est pas innocente : dans l’équilibre
avec sous-emploi, le salaire reste …xe à une valeur positive malgré la présence
du sous-emploi, qui ne peut alors se résorber de lui-même. On a donc essentiellement un équilibre à prix …xe, ce qui rend le résultat de sous-emploi assez
peu surprenant. En…n, et c’est peut-être le plus important, cette économie est
fermée. Dans une telle économie, il est vrai que la demande est une contrainte
(qui pourrait néanmoins être relaxée par une politique monétaire expansionniste). Il est peu vraisemblable que cette contrainte soit aussi importante
dans la réalité dans la mesure où les marchés mondiaux pourraient fournir
les débouchés manquants, tout au moins dans les secteurs échangeables et
quand la production locale est d’une nature (qualité, niveau technologique,
etc) à être exportable. En bref, le résultat requiert, pour être véri…é, des
hypothèses qui ôtent de sa crédibilité.

Références bibliographiques du chapitre
1. Basu, Kaushik (1984): The Less Developped Economy, Blackwell.
2. Easterly, James, et Robert Levine (1997), “Africa’s Growth Tragedy:
14

CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE
Policies and Ethnic Divisions”, QJE 102, 1203-1250.
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Economie de developpement

  • 1. Economie du développement Professeur Olivier Cadot 1999-2000
  • 2. ii
  • 3. Chapter 1 Première approche 1.1 Qu’est-ce qui distingue les “pays émergents” des pays industriels? Clairement, la caractéristique distinctive de base est la pauvreté. La question est dans quelle mesure la pauvreté est centrale dans cette histoire. En d’autres termes, peut-on se focaliser sur le revenu par tête ou doit-on considérer un éventail d’indicateurs de développement? Les deux citations au début du chapitre 2 de Ray (1998) fournissent des points de vue opposés sur la question. L’une, de Robert Lucas (1988), suggère que le revenu par tête est un bon point de départ de l’analyse, car il guidera nécessairement la ré‡exion vers des questions plus larges. L’autre, de Paul Streeten (1994), conteste l’existence d’un lien rigide entre revenu par tête et autres indicateurs de développement, et a¢rme en conséquence que la focalisation sur le revenue par tête est réductrice. La première chose à faire est d’établir une liste des indicateurs de développement pouvant compléter le revenu par tête. Di¤erentes tentatives ont été faites pour établir une liste de criteres de developpement plus proches d’une mesure du bien-etre que le simple revenu par tete. Le Human Development Index developpé par le Programme de Développement des Nations Unies en est un, bien qu’assez étroit (ses trois composantes sont l’espérance de vie, une mesure composée du niveau de scolarité, et une fonction du revenu par habitant). Plus généralement, on peut lister parmi les candidats, par exemple : ² Des indicateurs de dotation en facteurs de production : quotient capital1
  • 4. 2 CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE output, niveau moyen d’éducation, illétrisme... ² Des indicateurs de santé publique : espérance de vie, mortalité infantile, fertilité... ² Des indicateurs d’infrastructure : accès à l’eau potable, égoûts, communications... ² Des indicateurs de déséquilibres macroéconomiques : endettement exterieur/PIB... Il est clair que ces indicateurs sont corrélés avec le niveau du revenu par tête, ce qui suggère que ce dernier peut être utilisé comme une approximation, une « variable résumante » d’un ensemble de symptômes qui sont liés. Cependant le fait de considérer d’emblée un éventail d’indicateurs plus large que le revenu par tête permet d’ouvrir la discussion sur des caractéristiques du « sous-développement » potentiellement importante par ellesmêmes ou (alternativement) qui ont longtemps occupé l’attention des analystes du développement. Par exemple, le fait que les dotations des pays émergents en facteurs de production sont di¤érentes de celles des pays industriels (critère 1) crée des gains à l’échange. Mais le type d’échange impliqué par ces di¤érences de dotations est ce que les économistes tiers-mondistes appelaient dans les années soixante l’ « échange inégal » (produits manufacturés du Nord contre produits de base du Sud) condamnant les pays du Sud à une détérioration à long terme des termes de leur échange. Les critères 3 et 4 (infrastructure et politiques macroéconomiques) attirent l’attention, au contraire, sur les défaillances des systèmes politiques locaux. Bref, en commençant l’analyse par une liste large de critères de sous-développement, on appelle tout de suite la controverse sur ce qu’il est et ses causes. Une telle discussion est toujours intéressante, mais elle est vraisemblablement prématurée à ce stade, et nous commencerons comme le suggère Bob Lucas, avec le revenu par habitant. 1.2 1.2.1 Quelques questions de base Le développement économique dans l’histoire Les deux questions de base ici sont : « pourquoi tous les pays ne sont-ils pas développés aujourd’hui ? » et, puisqu’une région du monde a démarré avant
  • 5. 1.2. QUELQUES QUESTIONS DE BASE 3 les autres, « pourquoi l’Europe ? » D’une part, on peut considérer, comme certains auteurs (essentiellement Rostow (1959), mais aussi Marx) que le développement économique est une phénomène universel caractérisé par des phases assez mécaniques au travers desquelles tous les pays doivent passer un jour où l’autre. Rostow distinguait en particulier la phase du « take-o¤ » qui a tout changé dans une période de quelques décennies à peine à la …n du 18ème siècle et les phases qui l’ont juste précédée et juste suivie. Dans son esprit, ces phases étaient caractérisées par un saut dans le taux d’investissement (de moins de 5% à plus de 10% du revenu national) et l’émergence d’un ou quelques secteurs industriels particulièrement dynamiques. D’un autre côté, on peut aussi argumenter, comme Gershenkron (1962) que le processus de développement économique est « historique », c’est-à-dire que la forme qu’il prend dépend des conditions initiales. Ainsi, dans l’Europe du 19eme siecle et de la premiere moitie du 20eme, plus le démarrage était tardif, c’est-à-dire plus l’économie était attardée dans son état initial, plus l’industrialisation s’orientait sur les secteurs de biens de production, plus le transfert de richesse nécessaire à l’accumulation de capital était massif, et moins l’accroissement de productivité dans l’agriculture jouait de rôle dans cette accumulation. En bref, plus le processus était brutal et centralise, le cas extrême étant l’industrialisation de l’Union Soviétique sous Staline. Ces di¤érences de vues sont importantes : l’approche de Rostow suggere qu’avec une comprévhension su¢sante des mécanismes dynamiques qui permettent le passage d’une phase a une autre, la politique economique dans les pays en voie de développement pourrait etre guidée par une road map qui serait essentiellement valable partout.L’approche historique de Gershenkron, par contre, laisse a penser que la carte risque d’etre assez di¤érente selon les conditions initiales. Malheureusement, ces vues diverses, quoiqu’utiles, ne nous aident guère à comprendre pourquoi les trois-quarts de l’humanité vivent encore dans des pays qui n’ont pas réussi à déclencher la phase de take o¤ en dépit souvent de taux d’investissement élevés, pourquoi la carte mondiale du développement économique a changé aussi peu qu’elle l’a fait au cours des cent dernières années, et pourquoi tout le processus a démarré en Europe et non ailleurs. Si l’on considère le développement économique de l’Europe sur une très longue période, une observation frappante est que le développement économique ne va pas forcément de pair avec le développement institutionnel. Ce dernier, qui avait atteint un degré de sophistication extraordinaire dans l’antiquité ro-
  • 6. 4 CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE maine, s’est certes accompagné d’une longue prospérité. Mais cette prospérité n’a pas débouché sur un progrès technique sensible autre que dans la construction d’infrastructures civiles et militaires. Dans l’agriculture en particulier, le progrès de la productivité semble avoir été faible durant toute l’antiquité romaine, à tel point qu’un outil aussi simple et important que la charrue dut attendre les invasions germaniques pour être répandu à grande échelle. Bien que les informations soient fragmentaires et l’analyse di¢cile, il semble que l’esclavage ait joué un rôle inhibiteur du progrès technique important. Durant le Moyen Age, par contre, de nombreuses inventions techniques importantes (par exemple le moulin à eau pour n’en citer qu’un) se sont faites à une époque où le développement institutionnel était plutôt en recul par rapport à l’antiquité romaine. De surcroit, ces inventions techniques se sont accompagnées de progrès dans les arrangements contractuels entre agents privés (création de sociétés pour investir dans les moulins, assurance et réassurance dans la navigation, essor du crédit en dépit des interdits religieux, lettres de change, etc) sans que ces progrès soient suscités par ou mêmes accompagnés de progrès signi…catifs dans la gouvernance publique (voir White, 1972 ; Lopez, 1976). Vers la …n du Moyen Age, on observe un phénomène de délocalisation de la production hors des enceintes des villes où toute production était sévèrement règlementée (sur le plan des techniques, des prix, des salaires, etc) par les guildes. Cette migration, accompagnant l’a¤ranchissement de serfs et le défrichage des forêts, a entrainé le développement économique de zones initialement non peuplées et la hausse des revenus par habitant. Elle n’est pas sans rapports avec la délocalisation de certaines activités manufacturières du Nord vers le Sud au 20ième siècle. C’est aussi vers cette période que l’Europe semble s’embarquer dans une trajectoire qui lui est propre, fondamentalement diférente de celle du reste du monde. L’essor du commerce maritime méditerranéen durant la Renaissance italienne, la …n de la reconquista espagnole et de la Guerre de Cent ans, et le déclin du pouvoir féodal, lié en France, précisément, aux désastres militaires qui ont marqué celle-ci, créent les conditions nécessaires pour qu’une série de grandes découvertes (l’imprimerie, les armes à feu, et les caravelles) déclenche en Europe une révolution économique (l’essor du commerce mondial et l’accumulation de richesse qu’il a permis) et politique (le colonialisme). La suite est plus connue. La …n des guerres incessantes de Louis XIV, accompagnée fortuitement d’une embellie climatique au 18ème siècle, perme-
  • 7. 1.2. QUELQUES QUESTIONS DE BASE 5 ttent un accroissement signi…catif des revenus ruraux en Europe occidentale. Une série d’inventions (la machine à vapeur, le métiers à tisser) va alors déclencher, en particulier en Angleterre et en France, un processus de décollage à la Rostow, qui sera interrompu en France par la Révolution et les guerres napoléoniennes, mais qui prendra tout son essor en Angleterre précisément durant cette période. Le mouvement simultané des « enclosures », par lequel les propriétaires terriens anglais ferment l’accès des communs aux paysans sans terre (lui-même lié aux opportunités de pro…t que la hausse de la productivité avait générées), déclenche un exode rural massif et crée un réservoir de main d’oeuvre à bon marché pour l’industrie, et la machine est lancée. Elle se répandra ensuite dans toute l’Europe. Ce processus parait, en rétrospective, extraordinairement idiosyncratique, et il parait di¢cile d’en tirer des leçons directement applicables aux PVD. Quelques ré‡exions sont possibles, cependant. Bien que toutes ces transformations se soient faites très lentement (les taux de croissances n’excédaient pratiquement jamais 2% durant toute la Révolution Industrielle) elles ont sévèrement a¤ecté les équilibres politiques et les convulsions furent nombreuses. On en deduit aisement l’e¤et que les taux de croissance actuels peuvent avoir sur les structures politiques et sociales locales. D’autre part, dans une large mesure les béné…ciaires directs des transformations économiques (indirectement, tout le monde …nissait par en béné…cier) étaient en Europe les élites au pouvoir ou su¢samment proches de lui (marchands, industriels), facilitant l’évolution des institutions dans un sens favorable au progrès économique. Dans les pays soumis à la colonisation, par contre, un système de monopoles imposés par la force assurait qu’une part substantielle du surplus économique était détournée vers la métropole, empêchant l’emergence des processus dynamiques decrits par Rostow, et, surtout, créant les conditions pour un rejet politique, après l’indépendance, du système de marche lié au colonialisme au pro…t de systemes fondes sur une intervention etatique considerable. Ces systemes se sont pour la plupart reveles assez ine¢caces. D’autre part, la fragmentation ethnique de beaucoup des entités politiques héritées de la colonisation est responsable du fait que les béné…ciaires des transformations économiques liées à la mondialisation de l’aprèsguerre n’étaient pas forcément les élites au pouvoir, créant des tensions et favorisant des renversements de politiques économiques désastreux (voir à se sujet Easterly et Levine, 1997).
  • 8. 6 1.2.2 CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE Information et institutions Dans la mesure où l’histoire de l’essor économique de l’Europe nous renseigne assez peu sur les di¢cultés actuelles des PVD, il est clair que l’on ne peut se dispenser d’une approche analytique de leurs problèmes économiques tels qu’ils se présentent aujourd’hui. La première remarque est qu’après un demi-siècle de décolonisation, le constant qui s’impose est, à l’exception de quelques pays d’Asie, un constat d’échec : l’indépendance politique n’a pas amené l’essor économique anticipé. L’analyse doit donc permettre d’identi…er des facteurs de blocages assez généraux pour qu’ils puissent expliquer la persistance d’un fossé entre les pays de l’OCDE et la plupart des PVD, quelque diverse que fut leur situation initiale au moment de l’indépendance. Un point de vue largement repandu actuellement dans la profession économique est, en gros, que les gouvernements peuvent …nalement assez peu pour favoriser le développement économique et que le mieux est de laisser les marchés générer les incitatifs adéquats. Ces incitatifs se développeront d’eux-mêmes dans un environnement économique et politique stable et neutre dont les éléments principaux sont résumés dans le « consensus de Washington ». Cependant, au cours des trente dernieres années, une littérature importante sur la microéconomie des marchés en présence d’information dissymétrique a montré que les « dé…ciences de marchés » ne se limitent pas aux traditionnelles externalités et rendements croissants. En présence d’information dissymétrique, des opportunités de transactions collectivement pro…tables peuvent être bloquées par des phénomenes dits de « sélection adverse » . Le mécanisme de base est très simple : en présence de qualité hétérogène, le prix de marché sert à la fois à assurer l’équilibre de l’o¤re et de la demande et à déterminer le niveau moyen de qualité des biens mis sur le marché. Lorsque ces deux fonctions entrent en con‡it, le marché peut s’écrouler. Considérons par exemple un marché rural du crédit, dans lequel les emprunteurs peuvent utiliser le prêt soit pour investir (bons emprunteurs) soit pour leur consommation courante (mauvais emprunteurs). Si le prêteur ne peut observer l’utilisation du prêt, la créance qu’il détient est risquée. Le taux d’intérêt qu’il fait payer doit donc couvrir ce risque, et doit donc être plus élevé que le taux qu’il ferait payer aux bons emprunteurs seulement. Mais ce taux d’intérêt élevé décourage les meilleurs emprunteurs, par exemple s’ils peuvent avoir accès à des sources de …nancement de proches pouvant observer l’utilisation des prêts. Sachant cela, le prêteur réalise que son « portefeuille » de débiteurs est en fait pire que la population d’emprunteurs potentiels,
  • 9. 1.2. QUELQUES QUESTIONS DE BASE 7 et que le taux d’intérêt doit donc re‡éter un risque plus élevé. Mais un taux plus élevé chasse une couche supplémentaire de bons risques, et ainsi de suite. Le marché peut ainsi se dégrader jusqu’au point où seuls les risques les pires empruntent à des taux qui sont alors necessairement usuraires. Dans quelle mesure les marchés de crédit ruraux d’un pays pauvre sont-ils plus sensibles que ceux d’un pays riche à ce type de problème ? Dune part, si l’on s’en tient a cet exemple, la proportion de crédits ruraux destinés à …nancer la consommation courante s’accroit avec celle de ménages à revenus proches du minimum de subsistence. D’autre part, les problèmes de sélection adverse s’estompent en interaction répétée. Dans des environnements politiques et économiques instables, le taux auquel le futur est escompté tend à monter, aggravant les problèmes informationnels. En…n, les collatéraux et les institutions aptes mitiger les problemes informationnels (tribunaux, intermédiaires commerciaux, etc...) tendent a etre absents ou faibles dans les pays les plus pauvres. On reviendra plus tard dans le cours sur les problemes informationnels de ce type, qui a¤ectent particulierement les marchés ruraux et ceux du travail, du crédit et de l’assurance. 1.2.3 Externalités et rendements croissants Dans un article récent, Krugman (1992) argumentait également en faveur d’une réévaluation de l’importance des dé…ciences de marché, mais dans un sens di¤érent, mettant l’accent sur la concurrence imparfaite, les économies d’échelle et les indivisibilités. Les di¢cultés créées par les économies d’échelle pour les nouveaux entrants sont évidentes (voir l’explication dans le chapitre 5 de Ray (1998), pp 147-152), mais elles ne sont importantes qu’en présence de dé…ciences des marchés du crédit. En e¤et, quelque soient les barrières à l’entrée créées par les économies d’échelle, les marchés …nanciers existent précisément pour les surmonter ; ce n’est que lorsqu’ils sont trop peu liquides ou handicapés par des problèmes informationnels su¢samment sévères qu’ils ne peuvent jouer leur rôle. On en revient donc aux problèmes de la section précédente. Les problemes créés par l’existence de complémentarités sont plus subtils, en particulier lorsque l’interaction économique prend la forme d’un « jeu de coordination » avec la matrice de payo¤s suivante: Jeu de coordination
  • 10. 8 CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE inactif investit inactif (0,0) (-1,0) investit (0,-1) (2,2) Le jeu de coordination est caractérisé par ses équilibres multiples : l’un est un bon équilibre dans lequel le payo¤ collectif est maximisé, l’autre est mauvais. Les blocages du développement économique peuvent être dus à de semblables problèmes de coordination entre investisseurs en présence de liens amont et aval et d’economies d’echelle. Selon Krugman (1992, p. 25), « [...] a number of works in development economics written during the 1950s contained, more or less explicitly and more or less self-consciously, a theory in which strategic complementarity played a key role in development, in which external economies arose from a circular relationship whereby the decision to invest in large-scale production depended on the size of the market, and in which the size of the market depended on the decision to invest. Whatever the practical relevance of this theory, it made perfectly good logical sense. » L’argument ainsi résumé par Krugman est associé aux travaux de Hirschman (1958). Par exemple, une industrie de l’acier ne pourra guère se développer à une échelle économiquement rentable sans des industries de biens durables en aval, et sans une industrie de l’énergie conséquente en amont. Mais ces industries ne se développeront pas forcément d’elles-mêmes sans un plan concerté avec l’acier, qui est en position critique dans la …lière. Ainsi, la présence combinée de rendements croissants et de liens amont et aval peut contribuer à créer une sorte de « trappe de pauvreté », un argument sur lequel on reviendra de façon plus formelle dans la section suivante. Selon Krugman, ce type d’argument a disparu de la théorie du développement économique essentiellement parce qu’il était di¢cile à modéliser avant les années 70-80 en l’absence d’instruments analytiques capables de formaliser la concurrence imparfaite ; mais ce sort infortuné n’ôte rien à sa validité logique. 1.3 1.3.1 Trappe de pauvreté et “big push” Croissance endogène de la population Les argument de « trappe de pauvreté » sont potentiellement si importants qu’ils méritent un développement séparé. Une trappe de pauvreté est essentiellement un argument d’équilibres multiples dans lequel un équilibre stable
  • 11. 1.3. TRAPPE DE PAUVRETÉ ET “BIG PUSH” 9 apparait à un faible niveau de revenu. De nombreuses modélisations peuvent générer un tel équilibre. Par exemple, supposons que le taux de croissance de la population est la résultante de deux forces : la mortalité infantile, qui baisse avec le revenu par habitant, et la fertilité, qui baisse aussi. Jusqu’à un certain niveau, l’e¤et « mortalité » domine, et le taux de croissance de la population augmente avec le revenu ; passé ce niveau, l’e¤et « fertilité » domine et le taux baisse avec le revenu. En d’autres termes, le taux de croissance de la population est une fonction non monotone du revenu par habitant, d’abord croissante, puis décroissante. Lorsque la croissance de la population est supérieure à celle du revenu, le revenu par habitant baisse, et vice versa. Les équilibres résultants sont illustrés dans la …gure 1.1. Figure 1.1: Une trappe de pauvrete malthusienne On se tourne maintenant vers un probleme di¤erent dans lequel la trappe de pauvreté est due au manque de coordination des decisions d’investissement.
  • 12. 10 1.3.2 CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE Une trappe de pauvreté non malthusienne (NurkseBasu) . On considère une économie à deux secteurs, appelés 1 et 2. La propension marginale à consommer dans le secteur i est appelée ci, avec c1 + c2 = 1. La proportion du revenu agrégé dépensée sur le bien i est donc ci(p1X1 + p2 X2). Les conditions d’équilibre sur les marchés des deux biens sont donc c1 (p1 X1 + p2X2 ) = p1 X1 c2 (p1 X1 + p2X2 ) = p2 X2: (1.1) Par la loi de Walras, l’une de ces deux conditions est redondante (ce qui est aisément véri…é en notant que c2 = 1 ¡ c1), et seuls les prix relatifs sont déterminés ; on adopte en conséquence la normalisation suivante: p1 +p2 = 1. En substituant cette normalisation dans (1.1) et en resolvant, on obtient une fonction de demande inverse : p1(X1 ; X2) = c 1 X2 ; c1 X2 + c2X1 (1.2) ¤ ¤ et pareillement pour p2(X1 ; X2 ). Soit (X1 ; X2 ) le vecteur de quantites d’equilibre. En concurrence parfaite, les producteurs ne fondent pas leurs décisions de production sur la courbe de demande vraie, mais sur la base d’un prix …xe (c’est l’hypothèse de base du comportement en concurrence). Nurkse fonde son analyse sur une hypothèse di¤érente ; à savoir, les producteurs font l’hypothèse de prix …xe seulement lorsqu’ils réduisent leur production ; s’ils l’augmentent, ils supposent que le prix réagira comme l’implique la courbe de demande vraie (1.2). En d’autres termes, la courbe de demande inverse perçue par les producteurs est la fonction suivante : ½ ¤ ¤ ¤ ¤ c1X2 =(c1X2 + c2X1 ) si X1 < X1 p e1 (X1; X2) = (1.3) ¤ ¤ ¤ c1X2 =(c1X2 + c2X1) si X1 ¸ X1 et pareillement pour le bien 2. La seule di¤érence entre la réaction à la baisse et la réaction à la hausse est l’étoile sur X1., qui signi…e que le prix ne réagit pas aux variations de X1 à la baisse, mais qu’il réagit à ses variations à la hausse. Avec cette fonction de demande inverse, le revenu marginal est égal ¤ au prix quand X1 < X1 et égal à la dérivée (par rapport à X1 ) du produit ¤ X1 e1 (X1; X2) quand X1 ¸ X1 . Appelons cette fonction de revenu marginal p
  • 13. 1.3. TRAPPE DE PAUVRETÉ ET “BIG PUSH” 11 r1. On obtient par di¤érentiation (et en utilisant le fait que p1 + p2 = 1) ½ ¤ ¤ ¤ ¤ c1 X2 =(c1X2 + c2 X1 ) si X1 < X1 r1(X1 ; X2) = ¤ ¤ ¤ : [c1X2 =(c1X2 + c2X1)] 2 si X1 ¸ X1 Supposons maintenant que le côté de l’o¤re soit comme suit : la production se fait avec du travail seulement, en quantités …xes (il faut q1 de travail pour une unité du bien 1, et pareillement dans le secteur 2) et à un taux de salaire …xé à son niveau de subsistence w. Le coût marginal dans le secteur 1 est ¤ ¤ donc constant à wq1, et (X1 ; X2 ) est une quantité d’équilibre si et seulement si le revenu marginal r1(X1; X2) est inférieur au cout marginal wq1 pour toute ¤ valeur de X1 plus grande que X1 , et lui est supérieur pour toute valeur plus ¤ ¤ ¤ petite que X1 . Il s’ensuit que (X1 ; X2 ) est un vecteur de quantités d’équilibre ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ si et seulement si c1X2 =(c1 X2 + c2 X1 ) ¸ wq1 ¸ [c1 X2 =(c1X2 + c2X1 )]2. On note que l’étoile est réapparue sur le dernier X1. Ce n’est pas une erreur: maintenant que l’on a calculé la dérivée en considérant X1 comme variable (sans l’étoile) on peut évaluer toute l’expression à l’équilibre, c’est-à-dire à ¤ X1 = X1 . Tout cela n’est pas forcément très clair, mais en ré‡échissant, on s’apercoit que ça joue (voir la …gure 1.2, où la courbe en gras est le revenu marginal) Figure 1.2: Demande et revenu marginal
  • 14. 12 CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE Soit maintenant q la dotation totale de l’économie en travail, et i un indice pouvant représenter selon le cas soit 1, soit 2. Les conditions d’équilibre sont donc ¤ ¤ ² pi = pi(X1 ; X2 ); i = 1; 2; (le prix égalise l’o¤re et la demande) ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ² c1X2 =(c1X2 + c2 X1 ) ¸ wq1 ¸ [c1X2 =(c1X2 + c2X1 )]2 et pareillement pour le secteur 2 (personne n’a intéret à modi…er son niveau de production) ¤ ¤ ² q1 X1 + q2 X2 · q; (la contrainte de ressources de l’économie est respectée). On peut se demander à ce stade ce que tout cela a à voir avec une trappe de pauvreté. L’argument est que l’équilibre peut se trouver soit à un niveau bas avec sous-emploi, soit à un niveau élevé avec plein-emploi. Par exemple, avec c1 = c2 = 1=2, q1 = q2 = 1, w = 1=3 et q = 5 comme valeurs exogènes, ¤ ¤ et X1 = X2 = 1 et p1 = p2 = 1=2 comme valeurs endogènes, on a wqi = 1=3, ¤ ¤ pi (X1 ; X2 ) = 1=2, et [ei(X1 ; X2 )] 2 = 1=4. La deuxième condition d’équilibre e ¤ ¤ p ¤ ¤ est donc véri…ée. Mais l’emploi total est q1X1 + q2X2 = 2, ce qui est inférieur à la quantité de travail disponible dans l’économie (égale a 5). Supposons ¤ ¤ maintenant que tout soit comme avant, à l’exception de X1 = X2 = 5=2: ¤ ¤ On peut recalculer pi(X1 ; X2 ) et [ei (X1 ; X2 )]2: on obtient les mêmes valeurs e ¤ ¤ p qu’avant (du moment que c1 = c2 et que X1 = X2, ei = 1=2 quelque soient les p ¤ ¤ ¤ ¤ valeurs choisies). Donc si X1 = X2 = 1 était un équilibre, X1 = X2 = 5=2 l’est aussi, mais dans ce nouvel équilibre il n’y a plus de sous-emploi, puisque l’emploi total est égal a 5. L’économie a des équilibres multiples, comme le jeu de coordination de la section 1.2.3. 1.3.3 Discussion L’exemple algébrique de la section précédente suggère que même en l’absence d’une trappe malthusienne, le simple fait que les deux producteurs anticipent la baisse de prix subséquente à une augmentation de leur output les dissuade d’augmenter leur output. Cependant, s’ils le faisaient simultanément et dans la même proportion, la demande augmenterait d’autant (puisque le revenu distribué augmenterait par l’embauche de travailleurs précédemment non employés), véri…ant la loi de Say selon laquelle « l’o¤re crée sa propre
  • 15. 1.3. TRAPPE DE PAUVRETÉ ET “BIG PUSH” 13 demande ». Cette économie a donc les caractéristiques d’un jeu de coordination. L’exemple est-il robuste ? Est-il indicatif de quelque chose de réel et de potentiellement important ? La seule manière de s’en rendre compte est d’examiner les hypothèses nécessaires pour faire marcher l’histoire. La première concerne les perceptions dissymétriques des producteurs en ce qui concerne l’ajustement des prix à la hausse et à la baisse. Essentiellement, ces producteurs se comportent comme des …rmes concurrentielles lorsqu’ils réduisent l’output et comme des monopoles lorsqu’ils l’augmentent, ce qui n’est guère convaincant. Mais si l’on suppose qu’il s’agit en fait de deux monopoles et que l’on remplace (1.3) par la vraie courbe de demande, l’équilibre devient impossible sauf pour des valeurs particulières des paramètres. Avec les propensions marginales à consommer et le coe¢cient de travail supposés par Basu, l’équilibre n’est possible qu’à un salaire w = 1=4, ce qui est par ailleurs logique dans la mesure où le salaire devrait être déterminé de façon endogène et non exogène. En le …xant indépendamment du reste, on surdétermine le modèle, et la seule façon de faire néanmoins fonctionner ce dernier est d’introduire une discontinuité ad-hoc. La discontinuité rend l’équilibre possible dans un intervalle de valeurs non-nul, mais le problème est essentiellement le même. Cette hypothèse n’est pas innocente : dans l’équilibre avec sous-emploi, le salaire reste …xe à une valeur positive malgré la présence du sous-emploi, qui ne peut alors se résorber de lui-même. On a donc essentiellement un équilibre à prix …xe, ce qui rend le résultat de sous-emploi assez peu surprenant. En…n, et c’est peut-être le plus important, cette économie est fermée. Dans une telle économie, il est vrai que la demande est une contrainte (qui pourrait néanmoins être relaxée par une politique monétaire expansionniste). Il est peu vraisemblable que cette contrainte soit aussi importante dans la réalité dans la mesure où les marchés mondiaux pourraient fournir les débouchés manquants, tout au moins dans les secteurs échangeables et quand la production locale est d’une nature (qualité, niveau technologique, etc) à être exportable. En bref, le résultat requiert, pour être véri…é, des hypothèses qui ôtent de sa crédibilité. Références bibliographiques du chapitre 1. Basu, Kaushik (1984): The Less Developped Economy, Blackwell. 2. Easterly, James, et Robert Levine (1997), “Africa’s Growth Tragedy:
  • 16. 14 CHAPTER 1. PREMIÈRE APPROCHE Policies and Ethnic Divisions”, QJE 102, 1203-1250. 3. Gershenkron, Alexander (1962), Economic Backwardness in Historical Perspective, Harvard University Press. 4. Hirschman, Albert O. (1958), The Strategy of Economic Development ; Yale University Press. 5. Krugman, Paul (1992), “Toward a Counter-Counterrevolution in Development Theory”, Proceedings of the World Bank Annual Conference on Development Economics 1992. 6. Lopez, Robert S. (1976), The Commercial Revolution of the Middle Ages, 950-1350; Cambridge University Press. 7. Lucas, Robert (1988), “On the Mechanics of Economic Development”, Journal of Monetary Economics 22, 3-42. 8. Ray, Debraj (1998), Development Economics, Princeton University Press 9. Rostow, Walt.W. (1959), “The Stages of Economic Growth”, Economic History Review 10. Streeten, Paul (1994), “Human Development: Means and Ends”, American Economic Review 84, 232-237. 11. White, Lynn (1972), “The Expansion of Technology, 500-1500”, in C. M. Cippolla, editeur, The Fontana Economic History of Europe: the Middle Ages, Collins.