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« JE N’AI PAS PEUR DE LA MORT » - RITUEL IDENTITAIRE AUX
FUNÉRAILLES AU PARÁ/ BRÉSIL
José Guilherme DOS SANTOS FERNANDES
Université Fédérale du Pará (UFPA - Brésil)
Professeur titulaire, Programme d’Études anthropiques en Amazonie
Études interculturelles
Boursier productivité dans la recherche au Conseil national pour le
développement scientifique et technologique (CNPQ – Brésil)
Daniel DOS SANTOS FERNANDES
Université Fédérale du Pará (UFPA - Brésil)
Professeur collaborateur au Programme d’Études anthropiques en Amazonie
Anthropologie et ethnographie
Mariana Janaina DOS SANTOS ALVES
Université Fédérale de l’Amapá (UNIFAP- Brésil)
Professeure adjointe au Programme de maîtrise en Lettres
Résumé : la mort est la condition humaine qui a impliqué deux volets de sa
compréhension : soit comme passage de la matérialité à une nouvelle vie spirituelle ou
comme complétude de l’existence humaine à caractère irréversible. Le rite le plus
spécifique se constitue de la veillée-funèbre et les funérailles, marquées par la nostalgie
familiale et fraternel, ainsi que par le référendum de la société dans laquelle le/la
défunte/la s’insérait, lorsqu’il faut faire preuve de révérence et de respect cérémonieux
de la situation sociale, particulièrement quand il s’agit de milieu judéo-chrétien.
Cependant, il y a des sociétés dans lesquelles la tradition est rompue, c’est que le rite
funèbre ne correspond pas à l’empreinte festive qui peut se produire : c’est le cas de la
ville São Caetano de Odivelas, sur le littoral amazonien de l’état du Pará, au Brésil. Cet
article présente un récit ethno-phonographique des funérailles festives d’une joueuse de
manifestation de la culture populaire locale, le « buffle masqué », dans lequel la famille
a répondu à sa demande finale que l’orchestre et le « boi-bumbá » accompagnent le
cortège funèbre, dans les rues de la ville, jusqu’au cimetière, dans une atmosphère
joyeuse et interactive entre les participantes du rituel, dans un acte respectueux et
nostalgique pour la fin. Notre hypothèse c’est qu’au-delà des implications d’ordre
religieux institué, les funérailles festives imposent la marque identitaire locale comme
reconnaissance d’appartenance à la fois de l’individu, qui a reçu sa demande et de la
société autochtone, qu’en répondant à la demande, il a fait référence à la manifestation
culturelle locale comme importante et nécessaire cohésion sociale. Enfin, cette étude
apporte une contribution à l’anthropologie, en insérant les formes différenciées de
rituels religieux et à l’ethnographie, en utilisant comme procédure l’intersémiotique
(mot-image) dans l’enregistrement des pratiques locales.
Mots-clés : Mort. Rituel. Amazonie.
Abstract: The death is the human condition that has implied in two aspects of its
understanding: either as a passage from materiality to a new spiritual life or as an
irreversible finitude of human existence. Its most specific ritual is the wake and funeral,
marked by family and fraternal nostalgia, and also by the referendum of the society in
which the deceased was inserted, when a condition of reverence for the coffin and
ceremonial respect must be demonstrated by the social situation, particularly when it
comes to the Judeo-Christian milieu. However, there are societies in which tradition is
broken and the funeral ritual is conducted in a festive way: this is the case in São
Caetano de Odivelas, on the Amazon coast in the State of Pará. This work presents an
essay of an ethnophotographic narrative of a festive funeral of a playful manifestation of
local popular culture, the masked ox, in which the family accepted its final request that
the orchestra and the boi-bumbá accompany the funeral procession through the streets
from the city, to the cemetery, in a happy and interactive tone among the participants of
the ritual, in respectful nostalgia for the deceased. Our hypothesis is that, in addition to
the implications of an instituted religious order, the festive funeral imposes the local
identity mark as a recognition of belonging both to the individual, who had his request
fulfilled, and to the indigenous society, which, by complying with the request, endorsed
the cultural manifestation as important and necessary social cohesion. Finally, this study
makes a contribution to anthropology, by inserting different forms of religious rituals,
and to ethnography, by using word-image intersemiosis as a procedure in the recording
of local practices.
Keywords: death; ritual; Amazon.
Introduction
La ville de São Caetano de Odivelas, située sur la côte amazonienne, dans l’État
du Pará, à environ 100 km de la capitale Belém, a une longue histoire d’existence. Selon
Baena (2004), dans son Essai chorégraphique sur la province du Pará (Ensaio
corográfico sobre a província do Pará) la ville était connue uniquement par le nom de
“Lieu d’Odivelas”, puis la ville aurait été créée en 1757, « sur une terre peu éminente de
la rive gauche du beau fleuve Tabatinga » (Baena, 2014, p. 241), ce fleuve aujourd’hui
est connu par le nom de Mojuim. La ville est caractérisée par de vastes zones de
mangroves qui déterminent la principale activité économique - la pêche et la capture de
crabes et promeuvent également des activités touristiques sportives aquatiques. En
2021, la projection de sa population était de 18.050 habitants, selon IBGE (Institut
Brésilien Géographique Statistique), la grande majorité vivante au siège municipal.
Depuis 2018, on dispose d’une antenne de recherche de l’UFPA (Université
Fédérale du Pará), avec des cours de niveau supérieur et des actions de recherche en
anthropologie et en archéologie. Dans ce contexte on a aperçu l’existence de la
manifestation culturelle des « Bœufs Masqués ». Ils sont le patrimoine immatériel du
peuple odivelense, étant une pratique qui représente et exprime l’une des identités (ou
identifications) de cette communauté, qui est partagée à travers les connaissances et les
techniques. Selon les récits oraux des héritiers des premiers organisateurs de « bœufs
masqués », ils sont apparus dans les années 1930 du XXe siècle, en tant que création
des pêcheurs, étant d’abord la pratique de groupes subalternes dans la société, mais qui
a acquis une participation collective et d’échange interculturel, vu son caractère de
dynamisme, de rupture et de transformation sociale, étant aussi résistance et adaptation.
Elle est caractérisée par la présence d’un « bœuf » déguisé, la similitude du « Boi-
bumbá» récurrent dans la culture populaire brésilienne, qui danse au centre d’une
grande roue flanquée de deux autres figures qui composent le décor : la grosse tête et le
pierrot. Ils sont accompagnés, dans leurs évolutions amusantes, par un groupe musical
composé d’instruments à percussion et d’instruments à vent métalliques, qui jouent
deux types musicaux : les sambas et les marches. C’est ainsi que vont les « joueurs »
(qui participent directement à la manifestation ou au jeu, comme les appellent les
habitants de São Caetano de Odivelas) en cortège dans les rues de la ville, en
mouvement et en défilé, surtout pendant les mois de février et juin.
Dans une étude publiée sur les identités odivelenses (Fernandes, Palha, 2021), à
partir de questions adressées aux producteurs et aux faiseurs de pratiques et de
manifestations culturelles locales, quand on a demandé : « Y a-t-il une caractéristique
qui détermine ce que c’est que d’être d’Odivelas? » on a observé que les réponses
étaient souvent liées à l’implication des autochtones dans les manifestations culturelles
propres à la ville, on voit à la suite:
« Oui, la culture populaire, les bœufs, les processions, les groupes, les festivals,
la nourriture. La culture d’Odivelas est très riche » (interviewé E) ;
« Participer aux bœufs masqués, dès l’enfance… Tout le monde participe à ce
jeu » (interviewé F) ;
« Oui à la participation aux bœufs et au festival du crabe. Il n’y a rien de plus
d’Odivelas que cela ! » (Interviewé B) ;
Il y avait aussi des réponses où les deux aspects - environnement et
manifestations culturelles - apparaissent dans la même réponse : « La personne née ici
doit se rapporter au fleuve Mojuim, aux bœufs masqués et aux fanfares » (interviewé I) ;
« Je crois que les aurores des groupes de musique et les événements culturels ont
un charme propre qui n’a que dans la ville » (interviewé C).
Image 01 – Localisation de la ville São Caetano de Odivelas
Source : Laboratoire d’analyse de l’information géographique, Université Fédérale du
Pará (UFPA), 2022.
Fête et funérailles de Mme Celia Nascimento
En raison de l’identification significative de la population locale avec les «
Bœufs Masqués », il n’est pas exceptionnel que la manifestation fasse partie de la vie
quotidienne des gens, même en dehors des mois où ils se présentent traditionnellement
au grand public. Et cela peut être un moment de joie ou de tristesse, comme la mort
d’une « joueuse », en 2021. Avec le décès de Mme Regina Célia Bentes do Nascimento
ou simplement Mme Célia Nascimento de 67 ans, elle est morte en février 2022. La
famille a respecté au désir final de la femme pour que l’orchestre et le « Boi-bumbá »
accompagnaient son cortège funèbre, dans les rues de la ville, jusqu’au cimetière, dans
une atmosphère festive et interactive entre les participants du rite, en respectueuse
nostalgie de la fin, accompagnés par le groupe qui joue traditionnellement avec l’un des
nombreux types de bœufs masqués de la ville, le « Boi Tinga ». Nous comprenons
qu’au-delà des implications d’ordre religieux institué, les funérailles festives de Mme
Célia Nascimento imposent la marque d’identité locale comme reconnaissance de son
appartenance à la culture locale, assurée par la famille, qu’en répondant à la demande, la
manifestation culturelle locale a été considérée comme une importante et nécessaire
cohésion sociale. Dans ce sens, il se présente comme un acte rituel, aux fins de notre
recherche, qui est « une manifestation peuplée de symbologies et de représentations qui
peuvent être associées à une cosmogonie ou à des aspects directement liés au quotidien
de la société » (Turner, 1974, p.19).
La mort, même considérée comme une interruption abrupte d’une vie nécessaire
au collectif, car elle faisait partie des manifestations culturelles de la société, qu’on peut
également être considérée comme une reproduction de la civilisation, puisque « les
règles organisationnelles et les normes n’ont pas de sens que parce que la mort des
anciennes générations se produit, ce qui rend nécessaire la transmission des règles aux
générations suivantes » (Weiss, 2014, p. 38). Dans cette considération, la mort est un
fait d’ordre collectif, le décès étant un fait dans l’organisation sociale, mettant le
système en crise. Même dans le cas de transformation par l’absence, par la suite, d’un
corps précédemment présent dans la société locale, les rites funéraires peuvent être un
instrument d’acceptation du départ et de permanence de la mémoire de la personne qui a
décédé, puisque la construction d’un système de croyances peut contribuer à
l’acquisition de la conscience de sa propre mort en permettant à l’être humain
commencer « à systématiser le décès, chaque culture faisant référence à un rituel
funéraire spécifique » (Weiss, 2014, p. 40). C’est-à-dire que plus que la révérence
envers la personne morte, les rites funéraires ont à voir avec l’équilibre de la société
dans un moment de perte : ainsi, la perte n’est plus une perte, mais la certitude de
l’incorporation de celui qui part en mémoire collective. Dans le cas de la ville São
Caetano de Odivelas, le rite funèbre de Mme Celia Nascimento a été revêtu de deux
nouveautés : a) était de caractère festif et non avec révérence à la tristesse et respecte
cérémonieux pour le cercueil, comme dans le milieu judéo-chrétien ; b) On a incorporé
la manifestation de l’identité accentuée, les « bœufs masqués », avec la présence de la
fanfare en cortège festif dans les rues de la ville.
Image 02 – « Boi Tinga » et les « joueurs masqués » dans la rue
Source : Google Image. Disponible sur :
https://www1.folha.uol.com.br/turismo/2018/11/no-interior-do-para-festejo-do-boi-tem-que-ter-
mascara.shtml. Accès : nov. 2022
IMAGE 03 – Les grosses têtes dans son évolution dans les rues
Source : Google Images : Disponible sur :
https://www.olimpia.sp.gov.br/portal/noticias/0/3/2560/grupos-do-para-trazem-a-cultura-da-
regiao-norte-para-o-54-festival-do-folclore. Accès : nov. 2022
Rites et rituels de la mort
Selon les études de McCallum, nous pouvons considérer ce qui s’est passé dans
le rite funéraire de Mme Célia Nascimento avec ce qui se passe avec les rites entre le
peuple amérindien Kaxinawá, vu « la mort comme un processus résultant de la
combinaison des capacités possibles des agents humains et célestes. Ce processus est
marqué par le genre. Les façons féminines et masculines de mourir diffèrent »
(McCallum, 1996, p. 51). Pour ces amérindiens, l’humanité en tant qu’êtres humains est
« féminine », qui s’oppose aux dieux, d’ordre du masculin. Par conséquent, la capacité
d’agir et de créer (agency) des vivants déterminera le sort dans le monde des morts, par
les dieux « masculins ». Ce principe se reflète directement dans le caractère de Mme
Célia Nascimento en tant qu’une personne vivante, toujours joyeuse et enjouée. Nous
étions aussi ses amis, à notre arrivée à São Caetano de Odivelas, pour des activités de
recherche sur le terrain, nous étions accueillis par elle de manière joyeuse et en bonne
conversation sur divers sujets, y compris ceux concernant sa santé et qui justifiaient sa
mort. À nous, certainement sa fonction féminine, si humaine et proche des faits
quotidiens de la vie locale, ont reflété son action et sa création non seulement de sa vie,
mais de sa participation en tant que pièce au jeu des sociabilités de la société de São
Caetano de Odivelas, rôle représenté dans la manifestation des « bœufs masqués ».
Pour le Kaxinawá, la vie productive c’est l’interaction réciproque entre les
capacités masculines et féminines ceux-ci avec le monde extérieur. Dans ce cas, en
particulier, contrairement aux préceptes judéo-chrétiens, le rite funèbre festif de São
Caetano de Odivelas a davantage son ancrage dans la société amérindienne, en tant que
représentation efficace du monde civilisé féminin à Mme Célia Nascimento et la
conjonction d’éléments apparemment disparates, c’est-à-dire féminin/masculin et
monde intérieur/monde extérieur. De cette façon, à contre-courant des Lumières du
XIXe siècle, qui ont séparé la mort du milieu familial, reléguant aux hôpitaux et aux
cimetières dans les périphéries urbaines, la cérémonie funéraire de Mme Célia
Nascimento s’est arrêtée dans l’Antiquité humaine, où :
Il y avait une familiarité entre les vivants et les morts. Dans la période
médiévale, la place des morts était aussi celle des vivants : le
cimetière était le centre de la vie sociale et avec l’église, il constituait
des lieux publics ou des lieux qui englobaient le commerce, les
proclamations et tous les modes d’information collective. C’était un
espace de promenades, de jeux et de divertissements. La mort était
donc, publique et collective (Silva, 2019, p. 39, notre traduction).
Il est important de noter que dans toute la région du nord-est du Pará, dans la
région côtière de l’Amazonie brésilienne, la « Fête des morts » est récurrente, elle a lieu
toujours le 02 novembre, chaque année. Dans chaque porte de cimetière dans les petites
villes et les villages, il y a une grande foire, dans laquelle on offre des produits pour
honorer les morts et des services de nettoyage et d’ornementation des tombes. Il y a
aussi la vente de nourriture aux visiteurs, les amis et parents des défunts enterrés : dans
ce scénario, il y a la vente d’une boisson uniquement trouvée ce jour-là, la bouillie de
« Manicoera ». À l’intérieur des nécropoles, il y a un grand mouvement de personnes
qui rendent visite à leurs proches et à leurs amis, ainsi qu’à des gens qui offrent de
services, les plus variés. Ce mouvement est accentué à l’arrivée du soir, car vers 19
heures, une messe campagnarde a toujours lieu. Et à São Caetano de Odivelas ce
scénario n’est pas différent, ce qui nous amène à confirmer une pratique rituelle
récurrente dans cette région de l’état du Pará, au Brésil.
Ainsi, le « Bœuf masqué » devient non seulement une manifestation d’un
calendrier de pratiques culturelles populaires, lié au spectacle de rue, mais aussi un rite
qui participe au processus rituel funéraire, en composant un ensemble formé avec la
veillée funèbre et le « jour des morts », c’est-à-dire : « le rite (dans ce cas, le rite
funèbre) transcende le temps réel de la mort déjà survenue pour qu’il puisse y avoir une
reconnaissance sociale de celle-ci, c’est-à-dire que la personne morte doit mourir aussi
socialement » (Souza et Souza, 2019, p. 04). Le rite funèbre prend de l’importance pour
mettre en contexte l’expérience de la famille et des amis avec la mort et marque la fin
d’un cycle dans lequel s’impose la transition de la vie de manière à apporter un soutien
social avec une manifestation qui est reconnue identitaire dans ce milieu, puisque
« L’universalité des manifestations humaines face à la mort existe pour répondre aux
besoins psychologiques et sociaux de donner un cadre et une prévisibilité à la perte par
la mort » (Souza et Souza, 2019, p. 05).
Une méthode pour le rite
Enfin, dans cet article, nous voudrions ajouter la méthode ethno-phonographique
narrative comme moyen de situer par des images et des mots ce qui s’est passé dans le
rite funéraire festif de Mme Célia Nascimento, apportant aux études ethnographiques
une contribution qui concilie l’interaction des langages dans un processus
intersémiotique (Fernandes et Fernandes, 2019). La discussion sur la propriété de
l’utilisation de l’image dans l’ethnographie est le théâtre de dissensions, puisque le mot
écrit, en particulier du chercheur, a une valeur de « vérité », étant toujours le
témoignage le plus fidèle de la réalité étudiée, laissant l’image, même produite par
l’ethnographe, en appendice au texte écrit. La proposition de concilier les deux systèmes
sémiotiques en récit ethno phonographique vise à problématiser la question, dont on
comprend aussi l’image comme un texte, une écriture, dans lesquels mots et
photographie en particulier peut être une construction réticulaire, sans qu’il y ait une
priorité de l’une sur l’autre. En outre, on a proposé un modèle possible d’écriture dans
laquelle pèsent, au même niveau d’importance et de complémentarité, puis les langages
en promouvant pour cela des études analytiques d’images.
Dans notre compréhension, l’ethnographe, en plus de raconter et de décrire, dans
ses choix de points de vue et les conceptions conséquentes du monde, démontre,
explique et dirige le regard et la lecture du récepteur dans une direction donnée. En
somme, l’écriture c’est la construction discursive (énonciation) d’énoncés narratifs
(l’appui matériel des mots et des images), dans lequel interviennent la subjectivité
(valeurs et choix) du chercheur, conformément à ce qu’il veut mettre en évidence à
partir des objectifs de sa recherche : dans notre cas, le rite funéraire. La photographie et
ses possibilités d’angles et de focalisations différentes, dévoile un monde au-delà du
simple regard humain, un monde qui peut non seulement être construit en macro vision
(l’œil de poisson), mais aussi en micro vision (le zoom de plus en plus microscopique).
Ces possibilités techniques apportent au travail sur le terrain une alternative qui permet
d’intervention consciente et stylistique de l’ethnographe, c’est-à-dire la possibilité
consciente de construire un discours, selon les nuances qu’on veut mettre en évidence.
C’est pour cela qu’avant le choix de l’objet et conformément aux finalités de
l’enregistrement photographique, il est indispensable d’examiner le message à
transmettre, comme un récit ethnographique de ce que le chercheur voudrait mettre en
évidence sur le terrain, en considérant : les symboles et les rites de la culture donnée ;
les praticiens de ceux-ci et quels rôles ils jouent ; le point de vue et le lieu du discours à
partir duquel le chercheur s’inscrit et encadre sa recherche. Car ces éléments façonnent
le discours à construire à partir de l’image et en dialogue avec ses mots, comme deux
récits interactifs, soit pour instaurer le double ou le contradictoire entre les mots et les
images. Si on considère que le travail de base de l’ethnographe sur le terrain c’est de
rapporter, par des descriptions et des récits, il faut faire attention aux rapports entre ces
types textuels et le discours. Il faut considérer que l’énonciation/discours en tant que
processus de création c’est objectif au moyen d’un produit considéré comme énoncé :
même s’il s’agit d’un concept issu de la linguistique, nous comprenons que l’énoncé
c’est le produit imagé et textuel de la production ethnographique, produits par
l’ethnographe.
Ainsi, l’énoncé en tant que séquence verbe-imagétique relative à l’intention de
l’énonciateur (dans ce cas, l’ethnographe) c’est une forme qui dépend d’un genre
discursif donné, dans notre cas le texte ethnographique : au-delà du discours et de son
énonciation, ces variables selon les choix de l’orateur, notre focalisation dans ce travail
est sur les possibilités d’énonciations enveloppées dans le genre discursif basée à
« l’ethnographie », mais plus précisément ce que nous appelons « ethno
phonographie ». Nous comprenons que ce genre discursif implique une association
entre les types textuels description et narration, dans la construction de la textualité
verbe-image de l’ethnographie.
La procédure du récit ethnographique
Le récit suivant est le récit verbe-visuel de notre expérience avec la mort de
« l’autre », dans ce cas, Mme Célia Nascimento. Il faut enregistrer qu’avant de notre
relation de proximité avec la personne morte, ce qui confère une subjectivité qui sera
transversale dans nos paroles, qui sont liées à chaque photo d’enregistrement du rite, ce
que nous soulignons c’est la nécessité d’un enregistrement de l’ethnographe qui
garantisse en même temps la clarté de l’événement.
En tant que dramatisation et la performance, le rite funéraire de Mme Célia
Nascimento doit avoir l’appui approprié qui garantit cette caractéristique, d’où l’essai
ethnographique qui suit la configuration suivante : numérotation de l’image + phrase
narrative-descriptive de l’ethnographe + photographie. Dans ce sens, il faut considérer
que la séquence des images évoque un récit, comme un syntagme qui se déroule en
parallèle texte verbal et texte visuel. Nous pensons, donc que l’événement, même s’il
appartient pour toujours au passé, il pourra être mis à jour ainsi que le rite, ce qui
marque la présentation du récit mythique : le cortège festif et funèbre de Mme Célia
Nascimento est un événement (rite) qui participe au processus culturel (rituel)
d’identification de la mort à São Caetano de Odivelas et garantit à la fois la fin d’un
cycle vital, d’une part, mais d’autre part, elle réaffirme la manifestation identitaire qui la
placera pour toujours dans la vie communautaire par la mémoire à mettre à jour dans les
récits locaux et dans ce récit ethno-phonographique.
IMAGE 04
« Sur un air sombre et contemplatif, les grandes amies observent le départ de
Mme Célia Nascimento, sous des parapluies qui protègent ironiquement du soleil, le
soleil torride équatorial »
IMAGE 05
Dans la rue en face de la maison de la veillée, le centenaire Boi Tinga se prépare
pour le dernier regard sur Mme Célia Nascimento, il est attaché à une automobile
comme pour retenir la tristesse.
IMAGE 06
En séquence, le cercueil est mis dans une petite voiture à conduire
manuellement, dans les rues de São Caetano de Odivelas, pris par les mains des enfants,
des parents et des amis.
IMAGE 07
Le cortège commence vers le cimetière de la ville. Mais le chemin n’est pas le
plus court, mais celui qui est le plus long pour que les habitants de la ville puissent
vénérer Mme Célia Nascimento, dans les rues séculaires que tant de cortèges ont
abritées, de ses innombrables farceurs.
IMAGE 08
La musique tonitruante de la fanfare éclate, dans des instruments à souffle et à
percussion, brisant la cérémonie de gémissement, qui se transforme en jeu joyeux.
IMAGE 09
Le centre du jeu n’est plus le « Boi Tinga » ; il observe et amuse la foule avec sa
présence, mais Mme Célia Nascimento est la protagoniste de cette « fête de départ ».
IMAGE 10
Cette courbe du fleuve, lieu marquant de la ville, aura en mémoire la grandeur
du dernier cortège de Mme Célia Nascimento, c’est le lieu de son éternité local.
IMAGE 11
Et vers « l’infini » des rues qui l’amènent au cimetière, Mme Célia Nascimento
prend le Boi Tinga par les ouvertures, jusqu’aux portes du cimetière de São Caetano de
Odivelas, rétablissant l’équilibre de la société dans un moment de perte.
Conclusion
Pour les amérindiens Krahó, qui habitent dans l’état du Tocantins, au nord du
Brésil, la vie humaine c’est le souffle et cœur, en tant qu’aspect physique de l’existence.
Cette considération de la mort (nom/événement) et de la mort (verbe/action) est
similaire à l’analogie que nous avons faite à São Caetano de Odivelas. Selon Cunha
(1978), pour cette ethnie le critère et la définition de la mort se produit par ratek, qui est
lorsque la respiration cesse, car c’est un acte vital : l’air pénètre par les voies
respiratoires et atteint les poumons et le cœur (itotok), car le souffle vital est régi par le
cœur, responsable des mouvements, du sens et de la pensée.
L’autre aspect c’est le karõ (au pluriel mékarõ), qui habite dans le corps comme
une sorte d’âme ou d’esprit de morts, mais qui transcende aussi le corps, car il est
extérieur ; ainsi, la mort n’est efficace que lorsque le karõ sort effectivement du corps et
il va vers le monde des morts. Le corps arrête le souffle et le cœur, c’est-à-dire le
déliement de la vie sociale. Mais, « bien que le terme ratëk se réfère donc à ce que nous
pourrions appeler la mort organique, il ne suppose pas une irréversibilité : en raison de
la perte de souffle et de l’installation de l’âme, la possibilité d’une résurrection reste
ouverte pendant un certain temps » (Cunha, 1978, p.11). Cependant, dans l’imminence
de la mort, dans l’état de déphasage, le Krahó dispense des conseils et impose des
décisions tout en ayant le souffle coupé et peut parler. Et c’est particulièrement notable
au le milieu familial, car pour ces indigènes, le lieu de la mort est à l’origine, dans le
milieu familial ; et ainsi la mort acquiert une portée communautaire, quand les
personnes de la famille et les voisins entrent dans la maison pour pleurer le/le mort/a
puis les hommes pour leur relation parentale ou fonction publique.
En observant le rite funéraire des Krahó, nous pouvons voir l’héritage
amérindienne, même lointain, avec la cérémonie funéraire de Mme Célia Nascimento,
même s’il n’y a pas, dans cette région, une reconnaissance complète de cet héritage :
Comme il n’y a pas de territoire autochtone reconnu et pas de communautés qui se
reconnaissent comme appartenant aux peuples autochtones, on est affirmé « ici il n’y a
plus d’amérindiens ». À notre avis, il y a besoin d’études et de recherches, comme celle
qui a été menée dans la région, pour dévoiler l’identification avec la pratique des
amérindiens par ses rites, par ses récits mythiques qui s’immiscent avec le personnel. Il
y a un besoin urgent de la résurgence, qui ne peut se produire que par l’étude de cas et
par de nouvelles méthodologies, comme l’ethno-photographie, qui fonctionne comme à
la manière d’un mythe qui trouve son actualité dans les rites, en utilisant l’image
comme une récurrence aux thèmes qui apparaissent tout au long de la narration des
événements et de leurs descriptions. Pour conclure, on prend cette réflexion, « nous
pouvons, ne serait-ce qu’un bref moment, changer notre terre et notre vie, en faire un
espace décolonisé et un lieu de résurgence » (Simpson, 2018, p. 12).
Références
Baena Antonio Ladislau Monteiro, 2004. Ensaio corográfico sobre a província do
Pará. Brasília, Senado Federal.
Cunha Manuela Carneiro da, 1978. Os mortos e os outros. São Paulo, Hucitec.
Fernandes José Guilherme dos Santos. Palha Rondinell Aquino, 2021. Odivelidades:
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palavras na escritura da narrativa etnofotográfica : notações metodológicas. Revista
territórios e fronteiras, 12: p. 72-89.
McCallum Cecilia, 1996. Morte e pessoa entre os Kaxinawá. MANA, 2(2):49-84.
Silva Érica Quinaglia, 2019. Ideário da morte no Ocidente: a bioética em uma
perspectiva antropológica crítica. Revista Bioética, Brasília, 27: p. 38-45.
Simpson Leanne Betasamosake, 2018. Danser sur le dos de notre tortue. Québec,
Varia.
Souza Christiane Pantoja de. Souza Airle Miranda de, 2019. Rituais Fúnebres no
Processo do Luto: Significados e Funções. Psicologia: teoria e pesquisa, 35: p. 01-07.
Turner Victor, 1974. O processo ritual: estrutura e anti-estrutura. São Paulo, Vozes.
Weiss Inajara Kaona, 2014. As faces da morte: um estudo antropológico das variadas
formas de inumação. Revista Alamedas, 02: p. 37-50.
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JE N’AI PAS PEUR DE LA MORT_RITUEL IDENTITAIRE AUX FUNÉRAILLES AU PARÁ BRÉSIL.pdf

  • 1. « JE N’AI PAS PEUR DE LA MORT » - RITUEL IDENTITAIRE AUX FUNÉRAILLES AU PARÁ/ BRÉSIL José Guilherme DOS SANTOS FERNANDES Université Fédérale du Pará (UFPA - Brésil) Professeur titulaire, Programme d’Études anthropiques en Amazonie Études interculturelles Boursier productivité dans la recherche au Conseil national pour le développement scientifique et technologique (CNPQ – Brésil) Daniel DOS SANTOS FERNANDES Université Fédérale du Pará (UFPA - Brésil) Professeur collaborateur au Programme d’Études anthropiques en Amazonie Anthropologie et ethnographie Mariana Janaina DOS SANTOS ALVES Université Fédérale de l’Amapá (UNIFAP- Brésil) Professeure adjointe au Programme de maîtrise en Lettres Résumé : la mort est la condition humaine qui a impliqué deux volets de sa compréhension : soit comme passage de la matérialité à une nouvelle vie spirituelle ou comme complétude de l’existence humaine à caractère irréversible. Le rite le plus spécifique se constitue de la veillée-funèbre et les funérailles, marquées par la nostalgie familiale et fraternel, ainsi que par le référendum de la société dans laquelle le/la défunte/la s’insérait, lorsqu’il faut faire preuve de révérence et de respect cérémonieux de la situation sociale, particulièrement quand il s’agit de milieu judéo-chrétien. Cependant, il y a des sociétés dans lesquelles la tradition est rompue, c’est que le rite funèbre ne correspond pas à l’empreinte festive qui peut se produire : c’est le cas de la ville São Caetano de Odivelas, sur le littoral amazonien de l’état du Pará, au Brésil. Cet article présente un récit ethno-phonographique des funérailles festives d’une joueuse de manifestation de la culture populaire locale, le « buffle masqué », dans lequel la famille a répondu à sa demande finale que l’orchestre et le « boi-bumbá » accompagnent le cortège funèbre, dans les rues de la ville, jusqu’au cimetière, dans une atmosphère joyeuse et interactive entre les participantes du rituel, dans un acte respectueux et nostalgique pour la fin. Notre hypothèse c’est qu’au-delà des implications d’ordre religieux institué, les funérailles festives imposent la marque identitaire locale comme reconnaissance d’appartenance à la fois de l’individu, qui a reçu sa demande et de la société autochtone, qu’en répondant à la demande, il a fait référence à la manifestation culturelle locale comme importante et nécessaire cohésion sociale. Enfin, cette étude apporte une contribution à l’anthropologie, en insérant les formes différenciées de rituels religieux et à l’ethnographie, en utilisant comme procédure l’intersémiotique (mot-image) dans l’enregistrement des pratiques locales. Mots-clés : Mort. Rituel. Amazonie. Abstract: The death is the human condition that has implied in two aspects of its understanding: either as a passage from materiality to a new spiritual life or as an irreversible finitude of human existence. Its most specific ritual is the wake and funeral,
  • 2. marked by family and fraternal nostalgia, and also by the referendum of the society in which the deceased was inserted, when a condition of reverence for the coffin and ceremonial respect must be demonstrated by the social situation, particularly when it comes to the Judeo-Christian milieu. However, there are societies in which tradition is broken and the funeral ritual is conducted in a festive way: this is the case in São Caetano de Odivelas, on the Amazon coast in the State of Pará. This work presents an essay of an ethnophotographic narrative of a festive funeral of a playful manifestation of local popular culture, the masked ox, in which the family accepted its final request that the orchestra and the boi-bumbá accompany the funeral procession through the streets from the city, to the cemetery, in a happy and interactive tone among the participants of the ritual, in respectful nostalgia for the deceased. Our hypothesis is that, in addition to the implications of an instituted religious order, the festive funeral imposes the local identity mark as a recognition of belonging both to the individual, who had his request fulfilled, and to the indigenous society, which, by complying with the request, endorsed the cultural manifestation as important and necessary social cohesion. Finally, this study makes a contribution to anthropology, by inserting different forms of religious rituals, and to ethnography, by using word-image intersemiosis as a procedure in the recording of local practices. Keywords: death; ritual; Amazon. Introduction La ville de São Caetano de Odivelas, située sur la côte amazonienne, dans l’État du Pará, à environ 100 km de la capitale Belém, a une longue histoire d’existence. Selon Baena (2004), dans son Essai chorégraphique sur la province du Pará (Ensaio corográfico sobre a província do Pará) la ville était connue uniquement par le nom de “Lieu d’Odivelas”, puis la ville aurait été créée en 1757, « sur une terre peu éminente de la rive gauche du beau fleuve Tabatinga » (Baena, 2014, p. 241), ce fleuve aujourd’hui est connu par le nom de Mojuim. La ville est caractérisée par de vastes zones de mangroves qui déterminent la principale activité économique - la pêche et la capture de crabes et promeuvent également des activités touristiques sportives aquatiques. En 2021, la projection de sa population était de 18.050 habitants, selon IBGE (Institut Brésilien Géographique Statistique), la grande majorité vivante au siège municipal. Depuis 2018, on dispose d’une antenne de recherche de l’UFPA (Université Fédérale du Pará), avec des cours de niveau supérieur et des actions de recherche en anthropologie et en archéologie. Dans ce contexte on a aperçu l’existence de la manifestation culturelle des « Bœufs Masqués ». Ils sont le patrimoine immatériel du peuple odivelense, étant une pratique qui représente et exprime l’une des identités (ou identifications) de cette communauté, qui est partagée à travers les connaissances et les techniques. Selon les récits oraux des héritiers des premiers organisateurs de « bœufs
  • 3. masqués », ils sont apparus dans les années 1930 du XXe siècle, en tant que création des pêcheurs, étant d’abord la pratique de groupes subalternes dans la société, mais qui a acquis une participation collective et d’échange interculturel, vu son caractère de dynamisme, de rupture et de transformation sociale, étant aussi résistance et adaptation. Elle est caractérisée par la présence d’un « bœuf » déguisé, la similitude du « Boi- bumbá» récurrent dans la culture populaire brésilienne, qui danse au centre d’une grande roue flanquée de deux autres figures qui composent le décor : la grosse tête et le pierrot. Ils sont accompagnés, dans leurs évolutions amusantes, par un groupe musical composé d’instruments à percussion et d’instruments à vent métalliques, qui jouent deux types musicaux : les sambas et les marches. C’est ainsi que vont les « joueurs » (qui participent directement à la manifestation ou au jeu, comme les appellent les habitants de São Caetano de Odivelas) en cortège dans les rues de la ville, en mouvement et en défilé, surtout pendant les mois de février et juin. Dans une étude publiée sur les identités odivelenses (Fernandes, Palha, 2021), à partir de questions adressées aux producteurs et aux faiseurs de pratiques et de manifestations culturelles locales, quand on a demandé : « Y a-t-il une caractéristique qui détermine ce que c’est que d’être d’Odivelas? » on a observé que les réponses étaient souvent liées à l’implication des autochtones dans les manifestations culturelles propres à la ville, on voit à la suite: « Oui, la culture populaire, les bœufs, les processions, les groupes, les festivals, la nourriture. La culture d’Odivelas est très riche » (interviewé E) ; « Participer aux bœufs masqués, dès l’enfance… Tout le monde participe à ce jeu » (interviewé F) ; « Oui à la participation aux bœufs et au festival du crabe. Il n’y a rien de plus d’Odivelas que cela ! » (Interviewé B) ; Il y avait aussi des réponses où les deux aspects - environnement et manifestations culturelles - apparaissent dans la même réponse : « La personne née ici doit se rapporter au fleuve Mojuim, aux bœufs masqués et aux fanfares » (interviewé I) ; « Je crois que les aurores des groupes de musique et les événements culturels ont un charme propre qui n’a que dans la ville » (interviewé C).
  • 4. Image 01 – Localisation de la ville São Caetano de Odivelas Source : Laboratoire d’analyse de l’information géographique, Université Fédérale du Pará (UFPA), 2022. Fête et funérailles de Mme Celia Nascimento En raison de l’identification significative de la population locale avec les « Bœufs Masqués », il n’est pas exceptionnel que la manifestation fasse partie de la vie quotidienne des gens, même en dehors des mois où ils se présentent traditionnellement au grand public. Et cela peut être un moment de joie ou de tristesse, comme la mort d’une « joueuse », en 2021. Avec le décès de Mme Regina Célia Bentes do Nascimento ou simplement Mme Célia Nascimento de 67 ans, elle est morte en février 2022. La famille a respecté au désir final de la femme pour que l’orchestre et le « Boi-bumbá » accompagnaient son cortège funèbre, dans les rues de la ville, jusqu’au cimetière, dans une atmosphère festive et interactive entre les participants du rite, en respectueuse nostalgie de la fin, accompagnés par le groupe qui joue traditionnellement avec l’un des nombreux types de bœufs masqués de la ville, le « Boi Tinga ». Nous comprenons qu’au-delà des implications d’ordre religieux institué, les funérailles festives de Mme Célia Nascimento imposent la marque d’identité locale comme reconnaissance de son appartenance à la culture locale, assurée par la famille, qu’en répondant à la demande, la manifestation culturelle locale a été considérée comme une importante et nécessaire cohésion sociale. Dans ce sens, il se présente comme un acte rituel, aux fins de notre recherche, qui est « une manifestation peuplée de symbologies et de représentations qui peuvent être associées à une cosmogonie ou à des aspects directement liés au quotidien de la société » (Turner, 1974, p.19).
  • 5. La mort, même considérée comme une interruption abrupte d’une vie nécessaire au collectif, car elle faisait partie des manifestations culturelles de la société, qu’on peut également être considérée comme une reproduction de la civilisation, puisque « les règles organisationnelles et les normes n’ont pas de sens que parce que la mort des anciennes générations se produit, ce qui rend nécessaire la transmission des règles aux générations suivantes » (Weiss, 2014, p. 38). Dans cette considération, la mort est un fait d’ordre collectif, le décès étant un fait dans l’organisation sociale, mettant le système en crise. Même dans le cas de transformation par l’absence, par la suite, d’un corps précédemment présent dans la société locale, les rites funéraires peuvent être un instrument d’acceptation du départ et de permanence de la mémoire de la personne qui a décédé, puisque la construction d’un système de croyances peut contribuer à l’acquisition de la conscience de sa propre mort en permettant à l’être humain commencer « à systématiser le décès, chaque culture faisant référence à un rituel funéraire spécifique » (Weiss, 2014, p. 40). C’est-à-dire que plus que la révérence envers la personne morte, les rites funéraires ont à voir avec l’équilibre de la société dans un moment de perte : ainsi, la perte n’est plus une perte, mais la certitude de l’incorporation de celui qui part en mémoire collective. Dans le cas de la ville São Caetano de Odivelas, le rite funèbre de Mme Celia Nascimento a été revêtu de deux nouveautés : a) était de caractère festif et non avec révérence à la tristesse et respecte cérémonieux pour le cercueil, comme dans le milieu judéo-chrétien ; b) On a incorporé la manifestation de l’identité accentuée, les « bœufs masqués », avec la présence de la fanfare en cortège festif dans les rues de la ville. Image 02 – « Boi Tinga » et les « joueurs masqués » dans la rue
  • 6. Source : Google Image. Disponible sur : https://www1.folha.uol.com.br/turismo/2018/11/no-interior-do-para-festejo-do-boi-tem-que-ter- mascara.shtml. Accès : nov. 2022 IMAGE 03 – Les grosses têtes dans son évolution dans les rues Source : Google Images : Disponible sur : https://www.olimpia.sp.gov.br/portal/noticias/0/3/2560/grupos-do-para-trazem-a-cultura-da- regiao-norte-para-o-54-festival-do-folclore. Accès : nov. 2022 Rites et rituels de la mort Selon les études de McCallum, nous pouvons considérer ce qui s’est passé dans le rite funéraire de Mme Célia Nascimento avec ce qui se passe avec les rites entre le peuple amérindien Kaxinawá, vu « la mort comme un processus résultant de la combinaison des capacités possibles des agents humains et célestes. Ce processus est marqué par le genre. Les façons féminines et masculines de mourir diffèrent » (McCallum, 1996, p. 51). Pour ces amérindiens, l’humanité en tant qu’êtres humains est « féminine », qui s’oppose aux dieux, d’ordre du masculin. Par conséquent, la capacité d’agir et de créer (agency) des vivants déterminera le sort dans le monde des morts, par les dieux « masculins ». Ce principe se reflète directement dans le caractère de Mme Célia Nascimento en tant qu’une personne vivante, toujours joyeuse et enjouée. Nous étions aussi ses amis, à notre arrivée à São Caetano de Odivelas, pour des activités de recherche sur le terrain, nous étions accueillis par elle de manière joyeuse et en bonne conversation sur divers sujets, y compris ceux concernant sa santé et qui justifiaient sa mort. À nous, certainement sa fonction féminine, si humaine et proche des faits quotidiens de la vie locale, ont reflété son action et sa création non seulement de sa vie,
  • 7. mais de sa participation en tant que pièce au jeu des sociabilités de la société de São Caetano de Odivelas, rôle représenté dans la manifestation des « bœufs masqués ». Pour le Kaxinawá, la vie productive c’est l’interaction réciproque entre les capacités masculines et féminines ceux-ci avec le monde extérieur. Dans ce cas, en particulier, contrairement aux préceptes judéo-chrétiens, le rite funèbre festif de São Caetano de Odivelas a davantage son ancrage dans la société amérindienne, en tant que représentation efficace du monde civilisé féminin à Mme Célia Nascimento et la conjonction d’éléments apparemment disparates, c’est-à-dire féminin/masculin et monde intérieur/monde extérieur. De cette façon, à contre-courant des Lumières du XIXe siècle, qui ont séparé la mort du milieu familial, reléguant aux hôpitaux et aux cimetières dans les périphéries urbaines, la cérémonie funéraire de Mme Célia Nascimento s’est arrêtée dans l’Antiquité humaine, où : Il y avait une familiarité entre les vivants et les morts. Dans la période médiévale, la place des morts était aussi celle des vivants : le cimetière était le centre de la vie sociale et avec l’église, il constituait des lieux publics ou des lieux qui englobaient le commerce, les proclamations et tous les modes d’information collective. C’était un espace de promenades, de jeux et de divertissements. La mort était donc, publique et collective (Silva, 2019, p. 39, notre traduction). Il est important de noter que dans toute la région du nord-est du Pará, dans la région côtière de l’Amazonie brésilienne, la « Fête des morts » est récurrente, elle a lieu toujours le 02 novembre, chaque année. Dans chaque porte de cimetière dans les petites villes et les villages, il y a une grande foire, dans laquelle on offre des produits pour honorer les morts et des services de nettoyage et d’ornementation des tombes. Il y a aussi la vente de nourriture aux visiteurs, les amis et parents des défunts enterrés : dans ce scénario, il y a la vente d’une boisson uniquement trouvée ce jour-là, la bouillie de « Manicoera ». À l’intérieur des nécropoles, il y a un grand mouvement de personnes qui rendent visite à leurs proches et à leurs amis, ainsi qu’à des gens qui offrent de services, les plus variés. Ce mouvement est accentué à l’arrivée du soir, car vers 19 heures, une messe campagnarde a toujours lieu. Et à São Caetano de Odivelas ce scénario n’est pas différent, ce qui nous amène à confirmer une pratique rituelle récurrente dans cette région de l’état du Pará, au Brésil. Ainsi, le « Bœuf masqué » devient non seulement une manifestation d’un calendrier de pratiques culturelles populaires, lié au spectacle de rue, mais aussi un rite
  • 8. qui participe au processus rituel funéraire, en composant un ensemble formé avec la veillée funèbre et le « jour des morts », c’est-à-dire : « le rite (dans ce cas, le rite funèbre) transcende le temps réel de la mort déjà survenue pour qu’il puisse y avoir une reconnaissance sociale de celle-ci, c’est-à-dire que la personne morte doit mourir aussi socialement » (Souza et Souza, 2019, p. 04). Le rite funèbre prend de l’importance pour mettre en contexte l’expérience de la famille et des amis avec la mort et marque la fin d’un cycle dans lequel s’impose la transition de la vie de manière à apporter un soutien social avec une manifestation qui est reconnue identitaire dans ce milieu, puisque « L’universalité des manifestations humaines face à la mort existe pour répondre aux besoins psychologiques et sociaux de donner un cadre et une prévisibilité à la perte par la mort » (Souza et Souza, 2019, p. 05). Une méthode pour le rite Enfin, dans cet article, nous voudrions ajouter la méthode ethno-phonographique narrative comme moyen de situer par des images et des mots ce qui s’est passé dans le rite funéraire festif de Mme Célia Nascimento, apportant aux études ethnographiques une contribution qui concilie l’interaction des langages dans un processus intersémiotique (Fernandes et Fernandes, 2019). La discussion sur la propriété de l’utilisation de l’image dans l’ethnographie est le théâtre de dissensions, puisque le mot écrit, en particulier du chercheur, a une valeur de « vérité », étant toujours le témoignage le plus fidèle de la réalité étudiée, laissant l’image, même produite par l’ethnographe, en appendice au texte écrit. La proposition de concilier les deux systèmes sémiotiques en récit ethno phonographique vise à problématiser la question, dont on comprend aussi l’image comme un texte, une écriture, dans lesquels mots et photographie en particulier peut être une construction réticulaire, sans qu’il y ait une priorité de l’une sur l’autre. En outre, on a proposé un modèle possible d’écriture dans laquelle pèsent, au même niveau d’importance et de complémentarité, puis les langages en promouvant pour cela des études analytiques d’images. Dans notre compréhension, l’ethnographe, en plus de raconter et de décrire, dans ses choix de points de vue et les conceptions conséquentes du monde, démontre, explique et dirige le regard et la lecture du récepteur dans une direction donnée. En somme, l’écriture c’est la construction discursive (énonciation) d’énoncés narratifs (l’appui matériel des mots et des images), dans lequel interviennent la subjectivité
  • 9. (valeurs et choix) du chercheur, conformément à ce qu’il veut mettre en évidence à partir des objectifs de sa recherche : dans notre cas, le rite funéraire. La photographie et ses possibilités d’angles et de focalisations différentes, dévoile un monde au-delà du simple regard humain, un monde qui peut non seulement être construit en macro vision (l’œil de poisson), mais aussi en micro vision (le zoom de plus en plus microscopique). Ces possibilités techniques apportent au travail sur le terrain une alternative qui permet d’intervention consciente et stylistique de l’ethnographe, c’est-à-dire la possibilité consciente de construire un discours, selon les nuances qu’on veut mettre en évidence. C’est pour cela qu’avant le choix de l’objet et conformément aux finalités de l’enregistrement photographique, il est indispensable d’examiner le message à transmettre, comme un récit ethnographique de ce que le chercheur voudrait mettre en évidence sur le terrain, en considérant : les symboles et les rites de la culture donnée ; les praticiens de ceux-ci et quels rôles ils jouent ; le point de vue et le lieu du discours à partir duquel le chercheur s’inscrit et encadre sa recherche. Car ces éléments façonnent le discours à construire à partir de l’image et en dialogue avec ses mots, comme deux récits interactifs, soit pour instaurer le double ou le contradictoire entre les mots et les images. Si on considère que le travail de base de l’ethnographe sur le terrain c’est de rapporter, par des descriptions et des récits, il faut faire attention aux rapports entre ces types textuels et le discours. Il faut considérer que l’énonciation/discours en tant que processus de création c’est objectif au moyen d’un produit considéré comme énoncé : même s’il s’agit d’un concept issu de la linguistique, nous comprenons que l’énoncé c’est le produit imagé et textuel de la production ethnographique, produits par l’ethnographe. Ainsi, l’énoncé en tant que séquence verbe-imagétique relative à l’intention de l’énonciateur (dans ce cas, l’ethnographe) c’est une forme qui dépend d’un genre discursif donné, dans notre cas le texte ethnographique : au-delà du discours et de son énonciation, ces variables selon les choix de l’orateur, notre focalisation dans ce travail est sur les possibilités d’énonciations enveloppées dans le genre discursif basée à « l’ethnographie », mais plus précisément ce que nous appelons « ethno phonographie ». Nous comprenons que ce genre discursif implique une association entre les types textuels description et narration, dans la construction de la textualité verbe-image de l’ethnographie. La procédure du récit ethnographique
  • 10. Le récit suivant est le récit verbe-visuel de notre expérience avec la mort de « l’autre », dans ce cas, Mme Célia Nascimento. Il faut enregistrer qu’avant de notre relation de proximité avec la personne morte, ce qui confère une subjectivité qui sera transversale dans nos paroles, qui sont liées à chaque photo d’enregistrement du rite, ce que nous soulignons c’est la nécessité d’un enregistrement de l’ethnographe qui garantisse en même temps la clarté de l’événement. En tant que dramatisation et la performance, le rite funéraire de Mme Célia Nascimento doit avoir l’appui approprié qui garantit cette caractéristique, d’où l’essai ethnographique qui suit la configuration suivante : numérotation de l’image + phrase narrative-descriptive de l’ethnographe + photographie. Dans ce sens, il faut considérer que la séquence des images évoque un récit, comme un syntagme qui se déroule en parallèle texte verbal et texte visuel. Nous pensons, donc que l’événement, même s’il appartient pour toujours au passé, il pourra être mis à jour ainsi que le rite, ce qui marque la présentation du récit mythique : le cortège festif et funèbre de Mme Célia Nascimento est un événement (rite) qui participe au processus culturel (rituel) d’identification de la mort à São Caetano de Odivelas et garantit à la fois la fin d’un cycle vital, d’une part, mais d’autre part, elle réaffirme la manifestation identitaire qui la placera pour toujours dans la vie communautaire par la mémoire à mettre à jour dans les récits locaux et dans ce récit ethno-phonographique. IMAGE 04 « Sur un air sombre et contemplatif, les grandes amies observent le départ de Mme Célia Nascimento, sous des parapluies qui protègent ironiquement du soleil, le soleil torride équatorial »
  • 11. IMAGE 05 Dans la rue en face de la maison de la veillée, le centenaire Boi Tinga se prépare pour le dernier regard sur Mme Célia Nascimento, il est attaché à une automobile comme pour retenir la tristesse. IMAGE 06 En séquence, le cercueil est mis dans une petite voiture à conduire manuellement, dans les rues de São Caetano de Odivelas, pris par les mains des enfants, des parents et des amis. IMAGE 07 Le cortège commence vers le cimetière de la ville. Mais le chemin n’est pas le plus court, mais celui qui est le plus long pour que les habitants de la ville puissent
  • 12. vénérer Mme Célia Nascimento, dans les rues séculaires que tant de cortèges ont abritées, de ses innombrables farceurs. IMAGE 08 La musique tonitruante de la fanfare éclate, dans des instruments à souffle et à percussion, brisant la cérémonie de gémissement, qui se transforme en jeu joyeux. IMAGE 09
  • 13. Le centre du jeu n’est plus le « Boi Tinga » ; il observe et amuse la foule avec sa présence, mais Mme Célia Nascimento est la protagoniste de cette « fête de départ ». IMAGE 10 Cette courbe du fleuve, lieu marquant de la ville, aura en mémoire la grandeur du dernier cortège de Mme Célia Nascimento, c’est le lieu de son éternité local. IMAGE 11 Et vers « l’infini » des rues qui l’amènent au cimetière, Mme Célia Nascimento prend le Boi Tinga par les ouvertures, jusqu’aux portes du cimetière de São Caetano de Odivelas, rétablissant l’équilibre de la société dans un moment de perte.
  • 14. Conclusion Pour les amérindiens Krahó, qui habitent dans l’état du Tocantins, au nord du Brésil, la vie humaine c’est le souffle et cœur, en tant qu’aspect physique de l’existence. Cette considération de la mort (nom/événement) et de la mort (verbe/action) est similaire à l’analogie que nous avons faite à São Caetano de Odivelas. Selon Cunha (1978), pour cette ethnie le critère et la définition de la mort se produit par ratek, qui est lorsque la respiration cesse, car c’est un acte vital : l’air pénètre par les voies respiratoires et atteint les poumons et le cœur (itotok), car le souffle vital est régi par le cœur, responsable des mouvements, du sens et de la pensée. L’autre aspect c’est le karõ (au pluriel mékarõ), qui habite dans le corps comme une sorte d’âme ou d’esprit de morts, mais qui transcende aussi le corps, car il est extérieur ; ainsi, la mort n’est efficace que lorsque le karõ sort effectivement du corps et il va vers le monde des morts. Le corps arrête le souffle et le cœur, c’est-à-dire le déliement de la vie sociale. Mais, « bien que le terme ratëk se réfère donc à ce que nous pourrions appeler la mort organique, il ne suppose pas une irréversibilité : en raison de la perte de souffle et de l’installation de l’âme, la possibilité d’une résurrection reste ouverte pendant un certain temps » (Cunha, 1978, p.11). Cependant, dans l’imminence de la mort, dans l’état de déphasage, le Krahó dispense des conseils et impose des décisions tout en ayant le souffle coupé et peut parler. Et c’est particulièrement notable au le milieu familial, car pour ces indigènes, le lieu de la mort est à l’origine, dans le
  • 15. milieu familial ; et ainsi la mort acquiert une portée communautaire, quand les personnes de la famille et les voisins entrent dans la maison pour pleurer le/le mort/a puis les hommes pour leur relation parentale ou fonction publique. En observant le rite funéraire des Krahó, nous pouvons voir l’héritage amérindienne, même lointain, avec la cérémonie funéraire de Mme Célia Nascimento, même s’il n’y a pas, dans cette région, une reconnaissance complète de cet héritage : Comme il n’y a pas de territoire autochtone reconnu et pas de communautés qui se reconnaissent comme appartenant aux peuples autochtones, on est affirmé « ici il n’y a plus d’amérindiens ». À notre avis, il y a besoin d’études et de recherches, comme celle qui a été menée dans la région, pour dévoiler l’identification avec la pratique des amérindiens par ses rites, par ses récits mythiques qui s’immiscent avec le personnel. Il y a un besoin urgent de la résurgence, qui ne peut se produire que par l’étude de cas et par de nouvelles méthodologies, comme l’ethno-photographie, qui fonctionne comme à la manière d’un mythe qui trouve son actualité dans les rites, en utilisant l’image comme une récurrence aux thèmes qui apparaissent tout au long de la narration des événements et de leurs descriptions. Pour conclure, on prend cette réflexion, « nous pouvons, ne serait-ce qu’un bref moment, changer notre terre et notre vie, en faire un espace décolonisé et un lieu de résurgence » (Simpson, 2018, p. 12). Références Baena Antonio Ladislau Monteiro, 2004. Ensaio corográfico sobre a província do Pará. Brasília, Senado Federal. Cunha Manuela Carneiro da, 1978. Os mortos e os outros. São Paulo, Hucitec. Fernandes José Guilherme dos Santos. Palha Rondinell Aquino, 2021. Odivelidades: binarismo cultural na construção identitária em cidade local amazônica. Novos cadernos NAEA, p. 143-170. Fernandes Daniel dos Santos. Fernandes José Guilherme dos Santos, 2019. Imagens e palavras na escritura da narrativa etnofotográfica : notações metodológicas. Revista territórios e fronteiras, 12: p. 72-89. McCallum Cecilia, 1996. Morte e pessoa entre os Kaxinawá. MANA, 2(2):49-84. Silva Érica Quinaglia, 2019. Ideário da morte no Ocidente: a bioética em uma perspectiva antropológica crítica. Revista Bioética, Brasília, 27: p. 38-45. Simpson Leanne Betasamosake, 2018. Danser sur le dos de notre tortue. Québec, Varia. Souza Christiane Pantoja de. Souza Airle Miranda de, 2019. Rituais Fúnebres no Processo do Luto: Significados e Funções. Psicologia: teoria e pesquisa, 35: p. 01-07. Turner Victor, 1974. O processo ritual: estrutura e anti-estrutura. São Paulo, Vozes. Weiss Inajara Kaona, 2014. As faces da morte: um estudo antropológico das variadas formas de inumação. Revista Alamedas, 02: p. 37-50.