SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  12
Télécharger pour lire hors ligne
1
La double mort de Julien Lahaut
Conférence de Juliette Broder, 1985
Texte de l’enregistrement vidéo.
Toute ma vie je me souviendrai de ce matin d'été du 19 août 1950.
Je revois le camarade sonnant à ma porte vers 5 h du matin, qui, les larmes aux
yeux, m'annonce: « Ils ont assassiné Julien hier soir ».
Sous le nazisme, il nous est arrivé‚ à des dizaines de fois, de souffrir en apprenant
que tel ou tel camarade, proche ou lointain, avait disparu dans la nuit et le brouillard,
mais ici il n'y a pas de mots pour décrire la colère qui s'ajoutait à notre peine...
Jamais on n'avait vu cela.
En France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, les ouvriers ont marqué‚ à leur
indignation en déclenchant grèves et mouvements de solidarité.
Dans une Belgique, où les usines se sont tues, plus de 300.000 personnes ont
accompagné Julien au cimetière de Seraing la Rouge.
Ceux qui y étaient se souviendront toujours de ces hommes et de ces femmes
agglutinés jusque sur les toits et dans les arbres. De ces hommes et de ces femmes
aux yeux rougis, qui, une fleur, qui, un chiffon rouge à la main...
Comment se fait-il que, 35 ans après, c'est la même colère, c'est la même douleur
qui à astreint des centaines d'hommes, d'ouvriers, communistes ou non, lorsqu'ils se
remémorent l'assassinat de Julien ?
Qu'avait-il donc de si remarquable pour que l'oubli ne s'installe pas autour de sa
mémoire ?
C'est que l'histoire de Lahaut est celle de toute une vie au service de sa classe, de
fidélité‚ sans faille à son idéal et que le peuple s'est reconnu en lui. Lahaut était le
peuple. Il s'indignait des mêmes choses que lui. Il voulait ce que veut le peuple.
Il avait dans la classe ouvrière, dans son rôle, dans son avenir une confiance qui,
même aux moments les plus sombres, éclatait, rayonnait, était lumineuse,
contagieuse, éducatrice.
Julien Lahaut éducateur. En prononçant ces mots, je tremble de rage contenue car
ma rage demeure d'avoir lu en décembre 1980 dans les Cahiers Marxistes et dans
un soi-disant hommage à Julien Lahaut, ces mots écrits par Claude Renard, vice-
président francophone du PCB, je cite la p.40: « Lahaut est tout, sauf un théoricien
de la Révolution ».
Voilà camarades: Julien était un primaire qui ne connaissait rien du marxisme-
léninisme; heureusement, ce n'est pas le cas de Renard et de son Parti.
Nous verrons cela plus loin.
Oui, pour la classe ouvrière, Julien était plus que celui qui est toujours aux premiers
rangs du combat, qui paie de sa personne, il était aussi un éducateur car, toute sa
vie durant, il a dénoncé au regard des ouvriers ceux qui toujours les ont trahis, les
dangers qu'ils représentaient. Toute sa vie durant il a montré à sa classe le chemin
de sa libération.
On pourrait reprendre des dizaines d'exemples. Il faudrait approfondir tous les
aspects de sa vie si riche d'enseignements. Dommage que le temps nous manque.
2
Je m'en tiendrai à quelques exemples, mais vous le verrez, ils sont significatifs.
La lutte que Julien va mener va prendre différents aspects:
- contre la collaboration de classe
- contre la voie pacifique et le crétinisme parlementaire
- pour la révolution et la dictature du prolétariat
- pour l'internationalisme prolétarien
- contre le fascisme
Raconter la vie de Julien, c'est raconter l'histoire des luttes ouvrières en Belgique
durant un demi-siècle.
C'est dans sa famille que tout enfant, Julien a vécu les souffrances et les combats de
sa classe. Son père fonda le premier syndicat des métallos à Cockerill, dirigea la
grève de 1891 et fut jeté à la rue. La misère s'installa au foyer. Julien avait sept ans.
Jamais, sa vie durant, il n'oublia.
Dès l'âge de 14 ans, Julien devint ouvrier métallurgiste. Grèves de 1902, 1908, 1913,
1920, 1921, 1932, 1936, il fut à la direction de toutes les luttes. Il fut poursuivi, arrêté,
condamné. Il passa avant 1941, 43 mois de vie en prison. (Si l'ont ajoute les camps
nazis, Julien a connu l'enfermement pendant près de 7 ans et demi !).
1921 est une date qui compta dans son existence.
Appelé par la classe ouvrière à devenir en 1908 secrétaire permanent de la section
liégeoise de la centrale des métallurgistes, qu'il avait lui-même fondée, il en fut exclu,
19 ans plus tard en 1921 parce qu'il refusa, après une grève admirable de fermeté
ouvrière, de suivre les dirigeants sociaux-démocrates Bordas et Delvigne (retenez
ces noms !) dans leur capitulation devant les patrons.
La grève de 1921 est restée exemplaire dans la mémoire collective du peuple.
1921 c'est la crise, le chômage. Les patrons veulent reprendre ce qu'ils ont dû céder
sous la contrainte les années précédentes.
Ils passent à l'offensive pour imposer des diminutions de salaire, des allongements
de la durée du travail.
9000 ouvriers d'Ougrée-Marihaye (devenu aujourd'hui une division de Cockerill)
partent en grève. Elle durera 9 mois.
La fédération liégeoise des métallos soutient d'abord la grève. Puis, sept semaines
plus tard, elle cède aux pressions car les socialistes sont au gouvernement avec les
catholiques et les libéraux et ils menacent: si la grève continue on exclura les
socialistes du gouvernement.
Alors les dirigeants syndicaux capitulent, ils s'adressent aux grévistes pour qu'ils
comprennent que: faire grève risque de nuire à la reconstruction du pays.
(Nous sommes après la boucherie de 14-18. En 1944-45, la direction du PC au
gouvernement emploiera elle aussi l'argument de la reconstruction nécessaire du
pays pour combattre les grèves).
Deuxième leitmotiv que développe les Bordas et les Delvigne: « On ne fait pas grève
quand la crise est là ».
Devant la trahison, Julien recourt à une arme dont il se servira maintes fois: il
constitue un comité de grève. Il sera immédiatement élu par les ouvriers président de
ce comité qui exigera des dirigeants syndicaux qu'ils viennent s'expliquer devant les
grévistes. On s'en doute, pas un n'aura ce courage !
3
Julien on le verra partout, encourageant chacun, organisant les réunions, à la tête
des manifestations, faisant de la « Passerelle de Seraing" une tribune qui deviendra
célèbre dans tout le pays.
Trois mois après le déclenchement de la grève, les dirigeants syndicaux réduisent
les grévistes à la famine en diminuant de moitié les faibles indemnités versées.
Les gosses des métallos d'Ougrée-Marihaye deviennent alors les gosses des
ouvriers de toute la Belgique, Flandre-Bruxelles-Wallonie réunis car un immense
mouvement de solidarité avec les métallos en grève secoue tout le pays.
La grève elle, durera 6 mois encore.
Pour qu'elle s'effrite un grand coup est porté.
Julien Lahaut est arrêté. Le bureau de la Fédération des métallos donne alors l'ordre
impératif de reprise du travail.
Les ouvriers ont tenu 9 mois dans des conditions héroïques. Ils rentrent, mais ils ne
s'inclineront pas. Pendant que Julien est en prison, le « tribunal » du Parti Socialiste
se réunit. L'acte d'accusation porte sur deux points: être resté fidèle à la grève et
avoir mis en accusation devant la classe ouvrière ceux qui l'ont trahie.
Sorti de prison, Julien comparaît devant le tribunal. Il passe à l'attaque,
Dénonce ceux qui ont, je cite: « Cent fois trompé et trahi la classe ouvrière ».
Et Julien a le grand honneur d'être exclu du parti de la trahison.
Retournons en arrière, en 1914. Des millions d'hommes, qui sont des frères de
classe, vont mourir pour engraisser le capital international.
Dans chaque pays, les dirigeants des partis socialistes vont applaudir à la boucherie
et recevoir en échange des portefeuilles ministériels.
Seul, le Parti Bolchévik, le Parti de Lénine et de Staline reste fidèle au socialisme,
mène le combat contre la guerre impérialiste et donne le mot d'ordre de sa
transformation en guerre civile révolutionnaire; dénonce la traîtrise de la deuxième
internationale.
En Belgique, le député socialiste Pierson proclame que, je cite: « la guerre suspend
la lutte des classes », tandis que la presse socialiste en appelle sur tous les tons à la
défense de la, je cite: « petite Belgique contre l'impérialisme allemand ».
Comme beaucoup de travailleurs, Julien est désemparé et ramène tout à la seule
agression contre la Belgique. Alors il s'engage. Il sera versé dans les
automitrailleuses et sa colonne sera envoyée en Russie en 1916. Il y restera deux
ans.
Et c'est là que se produit l'événement-clé, l'événement décisif de sa vie.
Il va vivre 1917 - la révolution - et il va l'accueillir avec non seulement un
enthousiasme extraordinaire, mais aussi en assimilant définitivement la trahison de
la social-démocratie, la nécessité de la seule voie révolutionnaire, de la dictature du
prolétariat qu'il a vue en action sur place, notamment à travers les soviets d'ouvriers,
de paysans et de soldats. Son expérience, ses conclusions, il va nous les raconter à
deux jeunes camarades et à moi-même un soir de fête du Parti en 1948, autour d'un
petit vin blanc qu'il affectionnait tant, fustigeant les traîtres, ceux qui trompent les
ouvriers par le mirage de la voie pacifique, parlementaire; nous expliquant comment,
logique avec lui-même il est allé en 1923 rejoindre les rangs du Parti Communiste de
Joseph Jacquemotte.
Je voudrais maintenant vous parler brièvement de l'internationalisme prolétarien tel
que Julien l'a pratiqué.
4
De cet internationalisme prolétarien, il donna toute sa mesure en 1936.
Dirigeant la campagne pour l'Espagne républicaine, ce sont des centaines de
meetings qu'il va tenir, répétant inlassablement: « après Madrid, ce sera Prague,
après Prague ce sera Bruxelles », Julien courait les rues de Liège, de Mons, de
Charleroi à la tête des cortèges réclamant: « des vivres, des armes pour l'Espagne ».
Quand les premiers enfants espagnols arrachés à la faim et aux bombardements
arrivèrent en Belgique, Julien en prit 3 chez lui. Mais son combat n'arrêta pas là.
On le vit à la Tribune de la Chambre dénoncer la non-intervention chère aux
socialistes, non-intervention qui allait livrer l'Espagne républicaine à Franco.
On le vit crier son dégout de Spaak qui, en novembre 1938, donna le coup de
poignard dans le dos au peuple espagnol en reconnaissant le gouvernement de
Burgos ayant Franco à sa tête.
L'internationalisme prolétarien de Lahaut, il le manifesta également à l'égard des
immigrés. Dans un climat de haine raciale, de xénophobie, le 14 juin 1938,
Julien Lahaut interpella le ministre de la Justice de l'époque, Joseph Pholien, à
propos du sort des étrangers. Ce que le gouvernement voulait remettre en cause
c'était le droit d'asile.
L'interpellation de Lahaut, répercutée dans l'opinion publique, stigmatise le racisme,
l'antisémitisme...
Voilà qui est hélas toujours d'actualité.
Il me reste à vous parler de Julien Lahaut, symbole de la lutte antifasciste, de Julien
Lahaut exemple de morale révolutionnaire.
Antifasciste, Julien l'a été dès les premières manifestations de la peste brune.
Il allait de meeting en meeting en clamant: « Le fascisme c'est l'assassinat, le
fascisme c'est la guerre ». Il fut de toutes les campagnes contre la Légion Nationale
en 1924, contre REX, contre le VNV, campagnes pour le communiste allemand
Thaelmann, le communiste italien Gramsci, le communiste hongrois Rákosi, le
communiste bulgare Dimitrov, tous tombés dans les griffes fascistes.
Le 1er mai 1933, les ouvriers et les démocrates liégeois, sous la conduite de Lahaut,
se rendent au consulat allemand à Liège ou le drapeau à croix gammée flotte depuis
plusieurs jours. Les cris hostiles et les pierres pleuvent tandis que, les dirigeants
socialistes, Bondas en tête, appellent au calme, veulent s'interposer.
Portée, hissée par la foule, une camarade, Françoise Longchamps, arrache le
drapeau nazi.
Quelques jours plus tard à la Chambre des députés Julien Lahaut parle. Il dénonce
les crimes hitlériens, le danger fasciste. Il stigmatise la politique des dirigeants
socialistes et montre que la seule voie pour vaincre le fascisme c'est l'unité à la base
sur une position de classe.
Et alors, alors il va y avoir un moment extraordinaire: Julien déploie, devant les
députés médusés, le drapeau à croix gammée et, déchirant la loque nazie, il s'écrie
de sa voix de stentor, je le cite:
« Voilà le drapeau hitlérien qu'à Liège ont arraché les ouvriers communistes et
socialistes unis. Quoi que vous fassiez, ils continueront dans le pays la lutte contre
les menées des traîtres et des valets d'Hitler ».
Pour la première fois, la 5ème colonne hitlérienne en Belgique, c.à.d. Rex et
consorts, est publiquement stigmatisée.
Oui, la sensation est énorme. Non seulement à la Chambre des députés mais dans
tout le pays. Tandis que l'ambassadeur d'Hitler proteste, tandis que les ministres
5
belges s'excusent et rampent, le peuple, lui, comprend que le fer de lance de la lutte
contre le fascisme ce sont les communistes.
Le 3 octobre 1935, Mussolini ouvre la série des agressions fascistes en envahissant
l'Éthiopie. Ce crime ne trouble guère les consciences bourgeoises.
Julien le dénonce publiquement.
Ce n'est pas à lui qu'il fallait donner des leçons de courage. C'est des marches
mêmes du pavillon italien à l'exposition de Bruxelles qu'il harangua la foule un
dimanche après-midi, au moment de la plus grande affluence. Julien fut arrêté, traîné
en correctionnelle, condamné à 15 jours de prison.
Mais des milliers de personnes avaient entendu son appel à la lutte antifasciste et
cela seul comptait.
Bien des années plus tard, en 1947, on entendra au Parlement Julien hurler sa
colère: « Ne touchez pas, lance-t-il, au Parti des fusillés » contre ceux qui veulent
dénigrer le courage du PC dans la Résistance et prônent la guerre froide et cela il le
crie à ceux qui se sont tus, à ceux qui ont rampé, à ceux qui, avec toutes les
nuances que cela comporte, ont collaboré avec les nazis et qui par honte,
vengeance ou haine tentent de salir le Parti qui a été à la tête de la Résistance
antifasciste.
Une des calomnies des plus répandues, que vous avez vous aussi surement
entendue, car elle sert toujours, c'est que les communistes n'ont commencé à
résister que quand les nazis ont attaqué l'URSS, le 21 juin 1941.
S'il est, parmi d'autres, des faits que l'on ne peut nier et qui prouvent le contraire,
c'est dans la pratique de Julien qu'on les trouve.
Le 5 janvier 1941, Degrelle tente une marche sur Liège. Il avait compté sans la
classe ouvrière, sans le PC, sans Lahaut.
7.000 manifestants, Julien en tête, s'avancèrent vers le Palais de Coronmeuse ou
Degrelle terminait son discours par un vibrant « Heil Hitler ».
Baïonnettes pointées, les allemands défendaient les abords du lieu de concentration.
Cela n'arrêta pas les manifestants. La bagarre s'engagea devant le palais et se
poursuivit jusqu'en ville. Comme toujours, Lahaut se battait au premier rang.
Les rexistes, Degrelle en tête, s'enfuirent sous les huées de la foule, toutes les vitres
de sa voiture brisées.
C'en était fait du rêve de Degrelle de devenir le gauleiter de la Belgique.
Je ne m'arrêterai pas longuement sur la grève des 100.000. A elle seule, elle
mériterait un exposé.
A l'initiative du PC, le vendredi 16 mai 1941, malgré l'occupant nazi, 100.000
prolétaires du bassin liégeois ont abandonné le travail. A leur tête, Julien Lahaut,
fidèle à sa tactique, il met sur pied un comité de grève. Cette grève, camarades, a
été victorieuse du point de vue revendications, mais elle n'était pas que
revendicative. Elle a établi le lien entre lutte revendicative et lutte antifasciste c.à.d.
entre lutte revendicative et lutte politique.
De cette étape importante, le PC tire la leçon dans une publication clandestine, (les
Temps Nouveaux) lue par des centaines d'ouvriers, je cite: « En se révoltant contre
la misère, les grévistes mènent une lutte hautement politique. La classe ouvrière
vient de donner un exemple inestimable. Elle a démontré que même en pleine
guerre, la machine politique et militaire... peut être forcée au recul. Du coup, le
prolétariat de Belgique a justifié sa place à la direction de la lutte populaire pour
6
l'indépendance du pays. Lui seul a la force de guider, de conduire les larges
masses... ».
Le 22 juin 1941, Hitler attaque l'URSS. Au même moment, des communistes parmi
lesquels Julien sont arrêtés. Et ce sera pour Julien le début du calvaire: la citadelle
de Huy, dont il tenta par quatre fois de s'évader, Neuengamme, Mauthausen.
Je vous disais que Julien est un exemple de morale révolutionnaire.
Si toute sa vie en fournit la preuve, c'est dans les camps de la mort que sa morale de
communiste atteignit son plus haut degré. Au milieu des privations, tenaillé par la
faim, roué de coups, épuisé de travail, malade, il fut à tous moments digne de
l'honneur que lui firent les communistes belges qui, organisés dans les camps, lui
confièrent la direction de leur mouvement.
Il s'agissait de maintenir intacts dans des conditions abominables l'esprit de
Résistance, le sens politique et la morale.
Durant 48 mois, Julien montra à tous, communistes ou non, l'exemple. Julien résista
à l'ennemi, organisa la solidarité, garda un optimisme de fer qu'il sut communiquer
autour de lui.
Un codétenu, qui était à cent lieues de partager les opinions politiques de Julien
(c'était un prince polonais), le lieutenant Czetwertynski a dit de lui:
« C'est un homme qui portait le soleil dans sa poche et en donnait un morceau à
chacun ».
Rien ne peut mieux décrire Julien Lahaut.
Le 28 avril 1945, Mauthausen est libéré et à ses compagnon réunis sur la sinistre
place d'appel, Julien lance: « Voilà mes camarades, ils ne nous ont pas eus. Plus
que jamais, la lutte continue ».
Tel était le communiste Julien Lahaut !
Pour les communistes d'alors, pour Julien la royauté symbolise l’État capitaliste,
l'État qu'il faut détruire pour que la classe ouvrière puisse asseoir son pouvoir.
En 1950, c'est la guerre froide. L'impérialisme américain, maître de Franco, de
Salazar, de Tchang Kai-chek, de la dictature en Corée du Sud, mène une politique
systématiquement agressive contre l'URSS socialiste.
Dans les pays capitalistes, la grande bourgeoisie a relevé la tête après avoir tremblé
à l'idée que la Résistance victorieuse, que le peuple ne lui règle définitivement son
compte.
Mais, même avec le soutien de l'impérialisme américain, la grande bourgeoisie a
toujours les tripes nouées par la peur, cette peur viscérale qu'elle a de la classe
ouvrière.
Alors, elle est à la recherche d'un homme fort, d'un homme capable à la fois
d'imposer le diktat de l'impérialisme américain qui veut faire de la Belgique une base
contre les pays du socialisme et de mater les velléités de la classe ouvrière.
Qui mieux que Léopold III est à même de jouer ce rôle ?
Le peuple a surnommé Léopold III, le roi des inciviques - c'est ainsi qu'on appelait les
collaborateurs de tous poils.
Léopold III et son entourage n'ont jamais caché leur sympathie pour l'extrême droite,
pour un État fort.
7
Cela la classe ouvrière, les démocrates le savent et ne lui pardonnent pas. Comme
ils ne lui pardonnent pas sa politique de neutralité à l'égard de l'Allemagne nazie -
politique qu'il a inaugurée en 1936 -, sa capitulation devant l'envahisseur en mai 40,
son appel au peuple belge à reprendre le travail dans le calme sous la botte nazie,
son entrevue avec Hitler à Berchtesgarden le 19 novembre 1940.
C'est le premier ministre du gouvernement belge, Pierlot qui, le 30 mai 1940,
déclarait devant les parlementaires évacués en France à Limoges, je cite:
« Entièrement persuadé de la victoire allemande, Léopold III espérait gouverner avec
la protection des allemands ».
Tout cela, la classe ouvrière, les démocrates le savent, comme ils savent pourquoi la
grande bourgeoisie a besoin du retour sur le trône de Léopold III.
Je ne vous raconterai pas la grève de juillet 50, mais il faut que je vous dise que pour
le peuple, se dresser contre le retour de Léopold III signifiait se battre contre le
fascisme, contre un règne autoritaire, contre la domination de la finance, contre
l'extrême-droite, pour la démocratie et la justice sociale.
Et c'est du peuple qu'est sorti le cri de « Vive la République », ce cri retentira à
Bruxelles, place des Martyrs (j'y étais) dans les manifestations à Liège, à Charleroi,
au Borinage...
Bien sur, république bourgeoise ou monarchie c'est pareil tant que le pouvoir est aux
mains du capital.
Mais le mot d'ordre de « Vive la République » a un contenu progressiste, antifasciste
de marche en avant qui n'échappe ni au peuple, ni à ses ennemis.
Le vendredi 11 août 1950, c'est le porte-parole du peuple, Julien Lahaut, qui fera
résonner le cri de « Vive la République » à la Chambre des députés. Et le coup a
porté, retransmis qu'il est par la radio, les actualités cinématographiques dans le
pays, dans le monde entier. Il a su encore une fois, se servir du parlement pour en
faire une tribune à destination du peuple. Pour la bourgeoisie, pour l'extrême-droite,
pour la CIA c'en est trop. « Il y a trop longtemps que le vieil agitateur, bien connu de
nos services », comme le décrivent les rapports de police, « est l'obstacle qu'il faut
abattre », ce qui se fera le 18 Août 1950 à 21h20'.
Vous comprendrez mon écœurement en lisant en décembre 1980 sous la plume de
Claude Renard, je cite la p. 42 des Cahiers Marxistes:
« Le scandale provoqué par le cri de « Vive la République » lors de la prestation de
serment du jeune roi Baudouin (est une) initiative plus que contestable, qui dénote la
dérive du parti vers des positions sectaires auxquelles le XIème congrès fera un sort
quatre ans plus tard. »
Le 28 septembre 1983, Jean Blume, secrétaire du Parti, rend dans le Drapeau
Rouge hommage à la monarchie à travers Léopold III qui vient de mourir et dont il ne
convient pas, je le cite: « d'égratigner le moins du monde la personne, ce qui serait
indécent"; alors l'attitude avant, pendant l'occupation nazie de Léopold III ? »
Je cite Blume « une erreur politique » et conclusion de l'article de Blume, je cite:
« que l'homme dorme en paix ».
Alors 1950 ? Voilà les leçons qu'en tire Blume, je continue à le citer: « On a pu croire
à certains moments que le pays allait éclater et que le principe même de la
monarchie constitutionnelle était mis en jeu. Les communistes sont allés jusque là à
l'époque et pour un temps très court. Ils ont eu tort et ils l'ont reconnu. Ce qui était en
jeu ce n'était pas la monarchie constitutionnelle mais l'usage qu'une certaine droite
pourrait en faire ».
8
Conclusion:
PCB-PSB même combat pour la monarchie !
Le « Peuple » titrait après la séance à la Chambre du 11 août 1950 et le cri de Julien
Lahaut: « Indécent ».
Van Acker déclarait lui à l'époque: « La monarchie parlementaire - pour la sauver,
nous devons faire jusqu'à l'impossible ».
Comment en est-on arrivé là ?
Si la mort de Julien a été trahie par son parti, il en est de même pour ce qui fut l'idéal
de toute sa vie.
La dégénérescence du parti communiste belge a une longue histoire. Il n'est pas
possible d'en faire ici l'analyse complète.
Je voudrais vous rappeler cette citation de Claude Renard que j'évoquais en début
de l'exposé: « Lahaut est tout, sauf un théoricien de la Révolution ».
1. Le PC est tout, sauf un parti marxiste-léniniste, sauf un parti révolutionnaire.
2. Le PC est devenu le parti de la compromission et du crétinisme parlementaire.
3. Le PC est devenu un parti qui jauge son antiracisme à l'aune électoraliste.
Le PC a abandonné la lutte contre le fascisme.
Oui, aussi douloureux que cela puisse être, il faut reconnaître que le PC est devenu
l'antithèse de ce pourquoi Julien Lahaut a combattu et a donné sa vie.
1. ”Le PC a renié le marxisme-léninisme, la révolution.
C'est Van Geyt, président du PCB, qui déclare dans le journal Le Soir du 5 juin
1985, je cite:
« Nous sommes la gauche conséquente, la gauche transformatrice. J'évite le terme
« révolutionnaire » parce que nous ne prônons pas la révolution par l'insurrection
armée. Nous avons une vocation résolument démocratique, rassembleuse. »
Voilà qui est clair et net.
Si durant l'occupation nazie, le PC initiateur du Front de l'indépendance a laissé la
direction de celui-ci à la bourgeoisie contre les miettes de ministères que celle-ci lui a
offert à la Libération, poursuivant ainsi une ligne opportuniste amorcée dès l'avant-
guerre1
.
Si, dès la libération, dès le désarmement de la résistance, dès le mot d'ordre lancé
par le Parti de « Production d'abord » au bénéfice des seuls capitalistes, dès son
plaidoyer pour la cogestion - c'est le secrétaire général de l'époque Edgard
Lallemand, qui, dans son rapport au congrès de 1947 déclarait (notamment car les
citations qui vont dans ce sens ne manquent pas): « Le monde du travail et du
capital doivent travailler sur un pied d'égalité à la gestion de la production ».
Si donc, dès l'occupation et la Libération, une ligne opportuniste s'est développée
dans le parti, le XIème Congrès de Vilvorde en 1954 a vu le virage définitif et de
congrès en congrès, le PCB est allé plus profond dans le reniement. En cours de
route, la direction du PC a laissé tomber tout ce pourquoi Julien et ses compagnons
se battaient, tout ce pourquoi ils ont souffert et pour certains d'entre eux, donné leur
vie: la révolution socialiste, la destruction de l'appareil d’État capitaliste, la
construction d'un pouvoir d’État de dictature du prolétariat.
1
voir dossier PC 1936-1947
9
Le PC est allé plus loin encore: il ne parle même plus de la lutte de classes.
C'est Jacques Nagels, membre du CC, économiste et grand théoricien du Parti qui
déclare à la revue Tendances du 21 avril 1983, je cite:
« Le concept de lutte de classes que Marx utilisa n'est pas dépassé. »
Très bien direz-vous, voilà un cadre du PC pour qui Marx n'est pas encore mort !
Détrompez-vous bonnes gens et écoutez la suite, je cite:
« Il peut très bien... y avoir une alliance de fait entre l'ensemble des salariés et une
bourgeoisie civique. Cette dernière consentirait à des efforts en investissements
privés et au moins à ne pas exporter les revenus qu'elle perçoit en Belgique. La
contradiction de lutte de classes est trop souvent perçue comme « statique ». Il
convient en fait d'être « nuancé »: l'idée est d'ailleurs fortement implantée dans le
mouvement ouvrier. »
Et voilà comment Nagels offre un enterrement de première classe à Marx !
Lutte des classes, c'est dépassé: l'idée en est d'ailleurs fortement implantée chez les
ouvriers.
Ce qu'il faut à la place c'est la collaboration de classes. La classe ouvrière est prête à
cela, à la bourgeoisie de faire un petit effort patriotique. On ne lui en demande pas
beaucoup, si elle ne veut pas investir dans le pays qu'au moins elle ne planque pas
son argent en Suisse, la paix sociale vaut bien, que diable, quelques milliards de
profits !
Nagels lui a une certitude: la bourgeoisie se montrera aussi raisonnable que le
prolétariat !
2. ”Le PCB est devenu le parti de la compromission, à la botte des sociaux
démocrates et est devenu le symbole du crétinisme parlementaire
La voie qui prône le PCB, voie qu'il a combattue dès sa formation, est celle du
passage pacifique au socialisme par la voie parlementaire. Ne lui parlez pas de
l'expérience douloureuse du Chili, le PC persiste et signe.
Toute sa vie, Lahaut s'est élevé contre le crétinisme parlementaire; pour lui la seule
voie à suivre était celle de la révolution; pour lui le parlement était une tribune, parmi
d'autres, qu'il utilisait au mieux des intérêts de son parti et des masses.
La voie que prône le PCB est celle du réformisme. Quel meilleur maître en
réformisme, en pacifisme, le PC peut-il avoir que la social-démocratie ?
Alors depuis 1954, depuis le congrès de Vilvorde, le PC est à la traîne du PSB.
Sans pudeur aucune, il accepte les coups de pied au derrière que lui lance de temps
en temps le PSB et va suppliant que celui-ci accepte sa présence dans le « Front
des Progressistes » ou encore, comme l'indique le Congrès de 1986, dans une
« Union des forces de progrès », nouvelle mouture du « Front des Progressistes ».
Comme le dit le programme de notre Parti: pour le PCB, c'est le parlement qui
exerce le pouvoir réel. Lorsque les représentants du mouvement ouvrier auront
conquis la majorité au parlement, le passage au socialisme pourra se faire
pacifiquement. Pour le PCB, Marx et Lénine sont dépassés, l'État capitaliste n'est
pas l'instrument des monopoles. L'appareil d'État n'est plus fondamentalement une
arme entre les mains du grand capital mais il exprime aussi dans une certaine
mesure les intérêts des ouvriers.
Pour le PCB, la gendarmerie, l'armée, la justice peuvent être mise au service du
peuple. Il suffit d'augmenter la pression du peuple et surtout de ses élus pour que
ceux-ci passent, pacifiquement du côté du prolétariat.
10
Au fur et à mesure que la pression des masses augmente, dit le PCB, le caractère
ouvrier de l'État peut être renforcé et la bourgeoisie peut être dépossédée
pacifiquement de sa domination sur l'appareil d'État.
Ce raisonnement, camarades, est à la base de la ligne qui a toujours été défendue
par les traîtres à la classe ouvrière, par les réformistes d'hier et d'aujourd'hui.
Pour atteindre son but, le PCB défend donc une politique de larges fronts
progressistes avec la direction de partis (prêts à collaborer avec lui) pouvant faire
pression sur le parlement.
Le PC, considère également que la pression de la base est indispensable.
Quel but assigne-t-il à toutes ces actions à la base ? La lutte de classe radicale ?
Vous n'y êtes pas.
Le but de la lutte de classe pour le PC se réduit á, je cite ce qui se dit dans les
résolutions de chaque congrès et que reproduit, par exemple, le DR du 9 mai 1977:
« Organiser la pression sur les élus pour constituer un front politique et relier les
luttes à l'usine à l'action parlementaire. »
Autre exemple : le 17 décembre 1980, le Comité central titre ainsi ses débats dans le
DR, je cite:
« Le dialogue entre les travailleurs et leurs élus: une clé pour sortir de la régression
sociale. »
Des exemples de ce type, les résolutions des congrès, les articles du DR en
fourmillent.
Le PC maintient chez les ouvriers l'illusion que le capitalisme peut être démantelé
par des réformes de structure, sous contrôle ouvrier. Les secteurs-clés doivent, selon
le PC, être mis sous statuts publics et leurs actionnaires doivent être indemnisés,
alors - je cite les Cahiers Marxistes de mars 81: « les intérêts de la communauté
pourront être mis avant ceux du capital ».
Dites-moi, camarades, à entendre ceci: qu'elle différence voyez-vous entre PCB et
PSB ? Vous l'avez déjà compris, ce n'est ni à Marx, ni à Lénine que le PC fait
référence. Leur idole, vous aurez peine à me croire, leur idole, leur modèle c'est en
1981, Mitterrand ! Eh oui, Mitterrand !
Dans le Drapeau Rouge du 4 août 1981, Pierre Joye, membre du CC, écrit: « Pour
sortir de la crise, il faudra concevoir et mettre en œuvre une politique industrielle
digne de ce nom. Cela nécessitera l'effort conjugué de toutes les forces qui
comprennent la nécessité d'un changement véritable. L'expérience tentée par la
gauche française montre qu'il est possible de s'engager dans cette voie à condition
de le vouloir, de ne pas se borner à adopter la rose au poing de Mitterrand ”mais de
s'inspirer de son exemple. »
Donc pour en finir avec la crise, le chômage, la misère, pour en finir avec le
capitalisme: une seule solution, un gouvernement PS-PC et comme figure de proue,
comme modèle Mitterrand...
Les ouvriers, les chômeurs, les sans-logis français ont vu, eux, ce que cela leur a
rapporté !
En Belgique, la ligne politique suivi par le PC a fait faillite, de son cuisant et
persistant échec électoral, le PC n'a tiré aucune leçon si ce n'est celle de persévérer
dans la voie de la dégénérescence.
11
Souvenez-vous, camarades, de la lutte opiniâtre, sans concession de Julien contre le
réformisme des sociaux-traîtres, souvenez-vous de la tribune communiste qu'il a su
faire du parlement bourgeois et dites-moi: qui a-t-il de commun entre Julien Lahaut et
les Van Geyt d'aujourd'hui ?
3. ”Le PC est devenu un parti qui jauge son antiracisme aux nécessités
électoralistes.
Le PC a abandonné la lutte contre le fascisme
Le 30 octobre 1981, le Drapeau Rouge publiait un communiqué du Conseil régional
bruxellois du PC, je vous le lis:
« Nous considérons que plus rien ne justifie à l'heure actuelle l'arrivée de nouveaux
travailleurs migrants et nous sommes opposés à toute immigration clandestine. »
Vous connaissez la chanson de Pierre Perret sur les immigrés qui viennent de leur
plein gré ramasser les poubelles à Paris ?
Le conseil régional bruxellois du PC ne l'a jamais entendue lui, il n'a jamais entendu
parler de la misère du tiers monde et de ceux qui en portent la responsabilité, il n'a
jamais entendu parler des opposants aux régimes fascistes ou semi-fascistes !
Plus loin, le communiqué indique:
« Les arrivées pour des raisons de regroupement familial doivent être admises » -
faudrait quand même pas que les lecteurs fassent l'amalgame PC-Nols - mais, il faut
tenir compte de l'électorat bruxellois alors le communiqué ajoute, je cite:
« Certes la concentration de travailleurs migrants dans certains quartiers urbains
pose des problèmes auxquels il faut être attentifs »... suit alors, politique oblige, une
volée de bois vert contre le gouvernement, qu'il suffit de remplacer pour que tout soit
réglé...
Certes, le PC s'est dit choqué par l'envoi des amis du camarade Marchais de
bulldozers contre les immigrés. Faut pas exagérer tout de même - mais dites-moi,
camarades, que reste-t-il au PC du véritable internationalisme prolétarien ?
Que reste-t-il de l'héritage de Julien qui, dans les années 30, en pleine période de
haine raciale, d'antisémitisme, élevait la voix pour défendre ses frères immigrés que
la misère avait chassé de Pologne et d'ailleurs, que le fascisme avait chassé d'
Allemagne, d 'Autriche, d' Italie ou d' Espagne ?
De toutes les trahisons du PC, ressenties avec rage et douleur, il en est une
particulièrement sensible: la trahison de son passé antifasciste.
Le 30 juin 1983, le Rode Vaan, l'organe flamand du PC écrit, je cite:
« En 1830 comme plus tard en 14-18 et en 1940 ce sont surtout les flamands qui ont
servi de chair à canon pour défendre la patrie belge. »
L'auteur de l'article, un certain Vandommele ne se contente pas de reprendre les
slogans traditionnels de l'extrême-droite flamande contre la Belgique unitaire, il
insulte à la mémoire des deux mille membres du PCB, flamands, bruxellois et
wallons qui ont donné leur vie dans le combat antifasciste de 1940. Les colonnes du
Rode Vaan sont utilisées pour remettre à l'honneur les arguments avec lesquels
l'extrême-droite flamande s'est toujours opposée à la lutte antifasciste, cela démontre
à quel degré de dégénérescence est tombé le Parti.
Son avilissement il en donnera une nouvelle preuve dans l'affaire Le Pen en 1984.
12
A la veille de la manifestation contre la venue de Le Pen invité par Nols à
Schaerbeek, le Drapeau Rouge écrit: "Fallait-il répondre à cette provocation de
l'extrême droit par la contre provocation ?" Le ton est donné.
Le 28 septembre, toute honte bue, le Drapeau Rouge écrit:
« Dès que fut annoncé la venue de Le Pen, les communistes se sont prononcés
contre la mise sur pied d'une manifestation minoritaire de gens décidés à l'empêcher
de parler... A nos yeux, le plus important est d'éviter toute tentation de violence qui
ne pourrait que se retourner contre nous. »
N'avez-vous pas l'impression d'entendre les Bondas et autres dirigeants socialistes
prêchant la capitulation et le calme aux communistes lors de la manifestation du 1er
mai 1933 contre le consulat hitlérien à Liège ?
La manifestation contre Le Pen fut interdite avec la bénédiction du PC.
Tandis que le PC restait au balcon, ce sont plus de 1500 antifascistes mobilisés par
le PTB qui ont fait fuir par la petite porte Le Pen et ses admirateurs...
Honte, honte au parti communiste belge, usurpateur du nom qu'il porte.
Honte, honte aux Van Geyt et Cie qui sans remords, sans scrupules ont trahi la
cause de Julien Lahaut.
Nous, nous avons relevé le flambeau. Nous, nous sommes fidèles aux
enseignements à la mémoire de Julien.
Vous savez, Julien quand il s'adressait aux masses, à son Parti commençait toujours
ses interventions en disant non pas « camarades » mais « mes camarades » et dans
ce « mes », dans ce possessif, il mettait plus que de la fraternité, il mettait sa
profonde conviction de ne faire qu'un avec sa classe, avec son Parti.
Notre action depuis plus de 15 ans, nos actes d'aujourd'hui, ceux de demain le
prouvent et le prouveront: Julien nous sommes tes camarades; tes continuateurs !

Contenu connexe

Tendances

La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)
La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)
La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)mlaugel
 
Urss Staline 2008
Urss Staline 2008Urss Staline 2008
Urss Staline 2008origene
 
Les éxécutions
Les éxécutionsLes éxécutions
Les éxécutionscdidoche
 
H 3 chap 1 et 2 totalitarismes
H 3 chap 1 et 2 totalitarismesH 3 chap 1 et 2 totalitarismes
H 3 chap 1 et 2 totalitarismesCompagnonjbd
 
Le fascisme italien blog
Le fascisme italien blogLe fascisme italien blog
Le fascisme italien blognoctambule
 
Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013
Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013
Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013Tikoun38
 
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008Tikoun38
 
La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006
La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006
La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006Tikoun38
 

Tendances (9)

La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)
La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)
La Seconde Guerre mondiale, une guerre d'anéantissement (1939 - 1945)
 
Urss Staline 2008
Urss Staline 2008Urss Staline 2008
Urss Staline 2008
 
Les éxécutions
Les éxécutionsLes éxécutions
Les éxécutions
 
H 3 chap 1 et 2 totalitarismes
H 3 chap 1 et 2 totalitarismesH 3 chap 1 et 2 totalitarismes
H 3 chap 1 et 2 totalitarismes
 
Le fascisme italien blog
Le fascisme italien blogLe fascisme italien blog
Le fascisme italien blog
 
Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013
Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013
Liberte du judaisme 123 septembre octobre 2013
 
cours
courscours
cours
 
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
La Presse Nouvelle Magazine 253 fevrier mars 2008
 
La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006
La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006
La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006
 

Similaire à La double mort de Julien Lahaut

La Presse Nouvelle Magazine 293 fevrier_2012
La Presse Nouvelle Magazine 293  fevrier_2012La Presse Nouvelle Magazine 293  fevrier_2012
La Presse Nouvelle Magazine 293 fevrier_2012Tikoun38
 
Jean Moulin, une vie d'engagements
Jean Moulin, une vie d'engagementsJean Moulin, une vie d'engagements
Jean Moulin, une vie d'engagementsclunisois.fr le blog
 
André Renard – une biographie qui pose les bonnes questions
André Renard – une biographie qui pose les bonnes questionsAndré Renard – une biographie qui pose les bonnes questions
André Renard – une biographie qui pose les bonnes questionsPersoonlijke studie teksten
 
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois PhotographiesMiguel Sargento
 
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013Tikoun38
 
Le régime soviétique un etat totalitaire
Le régime soviétique un etat totalitaireLe régime soviétique un etat totalitaire
Le régime soviétique un etat totalitaireSalle 212
 
Livre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et action
Livre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et actionLivre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et action
Livre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et actionPersoonlijke studie teksten
 
Introchap1ms
Introchap1msIntrochap1ms
Introchap1msyko1982
 
DIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GMDIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GMParchemin
 
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009Tikoun38
 
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009Tikoun38
 

Similaire à La double mort de Julien Lahaut (20)

Les mérites de Staline
Les mérites de StalineLes mérites de Staline
Les mérites de Staline
 
La Presse Nouvelle Magazine 293 fevrier_2012
La Presse Nouvelle Magazine 293  fevrier_2012La Presse Nouvelle Magazine 293  fevrier_2012
La Presse Nouvelle Magazine 293 fevrier_2012
 
Jean Moulin, une vie d'engagements
Jean Moulin, une vie d'engagementsJean Moulin, une vie d'engagements
Jean Moulin, une vie d'engagements
 
André Renard – une biographie qui pose les bonnes questions
André Renard – une biographie qui pose les bonnes questionsAndré Renard – une biographie qui pose les bonnes questions
André Renard – une biographie qui pose les bonnes questions
 
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
[HDA] Fiche - Henri Cartier Bresson - Trois Photographies
 
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013La Presse Nouvelle Magazine 309  octobre 2013
La Presse Nouvelle Magazine 309 octobre 2013
 
Le régime soviétique un etat totalitaire
Le régime soviétique un etat totalitaireLe régime soviétique un etat totalitaire
Le régime soviétique un etat totalitaire
 
Justice, pardon et réconciliation. — 02. Pardon et réconciliation entre perso...
Justice, pardon et réconciliation. — 02. Pardon et réconciliation entre perso...Justice, pardon et réconciliation. — 02. Pardon et réconciliation entre perso...
Justice, pardon et réconciliation. — 02. Pardon et réconciliation entre perso...
 
La France Des Années 1930
La France Des Années 1930La France Des Années 1930
La France Des Années 1930
 
Livre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et action
Livre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et actionLivre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et action
Livre : Ernest Mandel, rebelle entre rêve et action
 
Histoire et figures de la non-violence. — 10. Les Justes
Histoire et figures de la non-violence. — 10. Les JustesHistoire et figures de la non-violence. — 10. Les Justes
Histoire et figures de la non-violence. — 10. Les Justes
 
Introchap1ms
Introchap1msIntrochap1ms
Introchap1ms
 
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 02. De 1850 à 1884
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 02. De 1850 à 1884Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 02. De 1850 à 1884
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 02. De 1850 à 1884
 
De Gaulle
De GaulleDe Gaulle
De Gaulle
 
Ne touchez pas au parti des fusilier
Ne touchez pas au parti des fusilierNe touchez pas au parti des fusilier
Ne touchez pas au parti des fusilier
 
DIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GMDIAPO Mémoires 2° GM
DIAPO Mémoires 2° GM
 
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
 
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
La Presse Nouvelle Magazine 263 fevrier mars 2009
 
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Les Justes
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Les JustesHistoire et figures de la non-violence. — 09. Les Justes
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Les Justes
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 05. La mémoire de la Shoah
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 05. La mémoire de la ShoahMémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 05. La mémoire de la Shoah
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 05. La mémoire de la Shoah
 

Dernier

SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSKennel
 
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIEBONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIEgharebikram98
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSKennel
 
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxPrésentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxrababouerdighi
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Gilles Le Page
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Txaruka
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETMedBechir
 
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadershipFormation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadershipM2i Formation
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETMedBechir
 
A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.
A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.
A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.Franck Apolis
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeXL Groupe
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsRajiAbdelghani
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Alain Marois
 
Fondation Louis Vuitton. pptx
Fondation      Louis      Vuitton.   pptxFondation      Louis      Vuitton.   pptx
Fondation Louis Vuitton. pptxTxaruka
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSKennel
 
systeme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expertsysteme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expertChristianMbip
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSKennel
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSKennel
 

Dernier (20)

SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
 
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIEBONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
 
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxPrésentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
 
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadershipFormation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
 
A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.
A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.
A3iFormations, organisme de formations certifié qualiopi.
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
 
Pâques de Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Pâques de Sainte Marie-Euphrasie PelletierPâques de Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Pâques de Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
 
Fondation Louis Vuitton. pptx
Fondation      Louis      Vuitton.   pptxFondation      Louis      Vuitton.   pptx
Fondation Louis Vuitton. pptx
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
 
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
 
systeme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expertsysteme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expert
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
 

La double mort de Julien Lahaut

  • 1. 1 La double mort de Julien Lahaut Conférence de Juliette Broder, 1985 Texte de l’enregistrement vidéo. Toute ma vie je me souviendrai de ce matin d'été du 19 août 1950. Je revois le camarade sonnant à ma porte vers 5 h du matin, qui, les larmes aux yeux, m'annonce: « Ils ont assassiné Julien hier soir ». Sous le nazisme, il nous est arrivé‚ à des dizaines de fois, de souffrir en apprenant que tel ou tel camarade, proche ou lointain, avait disparu dans la nuit et le brouillard, mais ici il n'y a pas de mots pour décrire la colère qui s'ajoutait à notre peine... Jamais on n'avait vu cela. En France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, les ouvriers ont marqué‚ à leur indignation en déclenchant grèves et mouvements de solidarité. Dans une Belgique, où les usines se sont tues, plus de 300.000 personnes ont accompagné Julien au cimetière de Seraing la Rouge. Ceux qui y étaient se souviendront toujours de ces hommes et de ces femmes agglutinés jusque sur les toits et dans les arbres. De ces hommes et de ces femmes aux yeux rougis, qui, une fleur, qui, un chiffon rouge à la main... Comment se fait-il que, 35 ans après, c'est la même colère, c'est la même douleur qui à astreint des centaines d'hommes, d'ouvriers, communistes ou non, lorsqu'ils se remémorent l'assassinat de Julien ? Qu'avait-il donc de si remarquable pour que l'oubli ne s'installe pas autour de sa mémoire ? C'est que l'histoire de Lahaut est celle de toute une vie au service de sa classe, de fidélité‚ sans faille à son idéal et que le peuple s'est reconnu en lui. Lahaut était le peuple. Il s'indignait des mêmes choses que lui. Il voulait ce que veut le peuple. Il avait dans la classe ouvrière, dans son rôle, dans son avenir une confiance qui, même aux moments les plus sombres, éclatait, rayonnait, était lumineuse, contagieuse, éducatrice. Julien Lahaut éducateur. En prononçant ces mots, je tremble de rage contenue car ma rage demeure d'avoir lu en décembre 1980 dans les Cahiers Marxistes et dans un soi-disant hommage à Julien Lahaut, ces mots écrits par Claude Renard, vice- président francophone du PCB, je cite la p.40: « Lahaut est tout, sauf un théoricien de la Révolution ». Voilà camarades: Julien était un primaire qui ne connaissait rien du marxisme- léninisme; heureusement, ce n'est pas le cas de Renard et de son Parti. Nous verrons cela plus loin. Oui, pour la classe ouvrière, Julien était plus que celui qui est toujours aux premiers rangs du combat, qui paie de sa personne, il était aussi un éducateur car, toute sa vie durant, il a dénoncé au regard des ouvriers ceux qui toujours les ont trahis, les dangers qu'ils représentaient. Toute sa vie durant il a montré à sa classe le chemin de sa libération. On pourrait reprendre des dizaines d'exemples. Il faudrait approfondir tous les aspects de sa vie si riche d'enseignements. Dommage que le temps nous manque.
  • 2. 2 Je m'en tiendrai à quelques exemples, mais vous le verrez, ils sont significatifs. La lutte que Julien va mener va prendre différents aspects: - contre la collaboration de classe - contre la voie pacifique et le crétinisme parlementaire - pour la révolution et la dictature du prolétariat - pour l'internationalisme prolétarien - contre le fascisme Raconter la vie de Julien, c'est raconter l'histoire des luttes ouvrières en Belgique durant un demi-siècle. C'est dans sa famille que tout enfant, Julien a vécu les souffrances et les combats de sa classe. Son père fonda le premier syndicat des métallos à Cockerill, dirigea la grève de 1891 et fut jeté à la rue. La misère s'installa au foyer. Julien avait sept ans. Jamais, sa vie durant, il n'oublia. Dès l'âge de 14 ans, Julien devint ouvrier métallurgiste. Grèves de 1902, 1908, 1913, 1920, 1921, 1932, 1936, il fut à la direction de toutes les luttes. Il fut poursuivi, arrêté, condamné. Il passa avant 1941, 43 mois de vie en prison. (Si l'ont ajoute les camps nazis, Julien a connu l'enfermement pendant près de 7 ans et demi !). 1921 est une date qui compta dans son existence. Appelé par la classe ouvrière à devenir en 1908 secrétaire permanent de la section liégeoise de la centrale des métallurgistes, qu'il avait lui-même fondée, il en fut exclu, 19 ans plus tard en 1921 parce qu'il refusa, après une grève admirable de fermeté ouvrière, de suivre les dirigeants sociaux-démocrates Bordas et Delvigne (retenez ces noms !) dans leur capitulation devant les patrons. La grève de 1921 est restée exemplaire dans la mémoire collective du peuple. 1921 c'est la crise, le chômage. Les patrons veulent reprendre ce qu'ils ont dû céder sous la contrainte les années précédentes. Ils passent à l'offensive pour imposer des diminutions de salaire, des allongements de la durée du travail. 9000 ouvriers d'Ougrée-Marihaye (devenu aujourd'hui une division de Cockerill) partent en grève. Elle durera 9 mois. La fédération liégeoise des métallos soutient d'abord la grève. Puis, sept semaines plus tard, elle cède aux pressions car les socialistes sont au gouvernement avec les catholiques et les libéraux et ils menacent: si la grève continue on exclura les socialistes du gouvernement. Alors les dirigeants syndicaux capitulent, ils s'adressent aux grévistes pour qu'ils comprennent que: faire grève risque de nuire à la reconstruction du pays. (Nous sommes après la boucherie de 14-18. En 1944-45, la direction du PC au gouvernement emploiera elle aussi l'argument de la reconstruction nécessaire du pays pour combattre les grèves). Deuxième leitmotiv que développe les Bordas et les Delvigne: « On ne fait pas grève quand la crise est là ». Devant la trahison, Julien recourt à une arme dont il se servira maintes fois: il constitue un comité de grève. Il sera immédiatement élu par les ouvriers président de ce comité qui exigera des dirigeants syndicaux qu'ils viennent s'expliquer devant les grévistes. On s'en doute, pas un n'aura ce courage !
  • 3. 3 Julien on le verra partout, encourageant chacun, organisant les réunions, à la tête des manifestations, faisant de la « Passerelle de Seraing" une tribune qui deviendra célèbre dans tout le pays. Trois mois après le déclenchement de la grève, les dirigeants syndicaux réduisent les grévistes à la famine en diminuant de moitié les faibles indemnités versées. Les gosses des métallos d'Ougrée-Marihaye deviennent alors les gosses des ouvriers de toute la Belgique, Flandre-Bruxelles-Wallonie réunis car un immense mouvement de solidarité avec les métallos en grève secoue tout le pays. La grève elle, durera 6 mois encore. Pour qu'elle s'effrite un grand coup est porté. Julien Lahaut est arrêté. Le bureau de la Fédération des métallos donne alors l'ordre impératif de reprise du travail. Les ouvriers ont tenu 9 mois dans des conditions héroïques. Ils rentrent, mais ils ne s'inclineront pas. Pendant que Julien est en prison, le « tribunal » du Parti Socialiste se réunit. L'acte d'accusation porte sur deux points: être resté fidèle à la grève et avoir mis en accusation devant la classe ouvrière ceux qui l'ont trahie. Sorti de prison, Julien comparaît devant le tribunal. Il passe à l'attaque, Dénonce ceux qui ont, je cite: « Cent fois trompé et trahi la classe ouvrière ». Et Julien a le grand honneur d'être exclu du parti de la trahison. Retournons en arrière, en 1914. Des millions d'hommes, qui sont des frères de classe, vont mourir pour engraisser le capital international. Dans chaque pays, les dirigeants des partis socialistes vont applaudir à la boucherie et recevoir en échange des portefeuilles ministériels. Seul, le Parti Bolchévik, le Parti de Lénine et de Staline reste fidèle au socialisme, mène le combat contre la guerre impérialiste et donne le mot d'ordre de sa transformation en guerre civile révolutionnaire; dénonce la traîtrise de la deuxième internationale. En Belgique, le député socialiste Pierson proclame que, je cite: « la guerre suspend la lutte des classes », tandis que la presse socialiste en appelle sur tous les tons à la défense de la, je cite: « petite Belgique contre l'impérialisme allemand ». Comme beaucoup de travailleurs, Julien est désemparé et ramène tout à la seule agression contre la Belgique. Alors il s'engage. Il sera versé dans les automitrailleuses et sa colonne sera envoyée en Russie en 1916. Il y restera deux ans. Et c'est là que se produit l'événement-clé, l'événement décisif de sa vie. Il va vivre 1917 - la révolution - et il va l'accueillir avec non seulement un enthousiasme extraordinaire, mais aussi en assimilant définitivement la trahison de la social-démocratie, la nécessité de la seule voie révolutionnaire, de la dictature du prolétariat qu'il a vue en action sur place, notamment à travers les soviets d'ouvriers, de paysans et de soldats. Son expérience, ses conclusions, il va nous les raconter à deux jeunes camarades et à moi-même un soir de fête du Parti en 1948, autour d'un petit vin blanc qu'il affectionnait tant, fustigeant les traîtres, ceux qui trompent les ouvriers par le mirage de la voie pacifique, parlementaire; nous expliquant comment, logique avec lui-même il est allé en 1923 rejoindre les rangs du Parti Communiste de Joseph Jacquemotte. Je voudrais maintenant vous parler brièvement de l'internationalisme prolétarien tel que Julien l'a pratiqué.
  • 4. 4 De cet internationalisme prolétarien, il donna toute sa mesure en 1936. Dirigeant la campagne pour l'Espagne républicaine, ce sont des centaines de meetings qu'il va tenir, répétant inlassablement: « après Madrid, ce sera Prague, après Prague ce sera Bruxelles », Julien courait les rues de Liège, de Mons, de Charleroi à la tête des cortèges réclamant: « des vivres, des armes pour l'Espagne ». Quand les premiers enfants espagnols arrachés à la faim et aux bombardements arrivèrent en Belgique, Julien en prit 3 chez lui. Mais son combat n'arrêta pas là. On le vit à la Tribune de la Chambre dénoncer la non-intervention chère aux socialistes, non-intervention qui allait livrer l'Espagne républicaine à Franco. On le vit crier son dégout de Spaak qui, en novembre 1938, donna le coup de poignard dans le dos au peuple espagnol en reconnaissant le gouvernement de Burgos ayant Franco à sa tête. L'internationalisme prolétarien de Lahaut, il le manifesta également à l'égard des immigrés. Dans un climat de haine raciale, de xénophobie, le 14 juin 1938, Julien Lahaut interpella le ministre de la Justice de l'époque, Joseph Pholien, à propos du sort des étrangers. Ce que le gouvernement voulait remettre en cause c'était le droit d'asile. L'interpellation de Lahaut, répercutée dans l'opinion publique, stigmatise le racisme, l'antisémitisme... Voilà qui est hélas toujours d'actualité. Il me reste à vous parler de Julien Lahaut, symbole de la lutte antifasciste, de Julien Lahaut exemple de morale révolutionnaire. Antifasciste, Julien l'a été dès les premières manifestations de la peste brune. Il allait de meeting en meeting en clamant: « Le fascisme c'est l'assassinat, le fascisme c'est la guerre ». Il fut de toutes les campagnes contre la Légion Nationale en 1924, contre REX, contre le VNV, campagnes pour le communiste allemand Thaelmann, le communiste italien Gramsci, le communiste hongrois Rákosi, le communiste bulgare Dimitrov, tous tombés dans les griffes fascistes. Le 1er mai 1933, les ouvriers et les démocrates liégeois, sous la conduite de Lahaut, se rendent au consulat allemand à Liège ou le drapeau à croix gammée flotte depuis plusieurs jours. Les cris hostiles et les pierres pleuvent tandis que, les dirigeants socialistes, Bondas en tête, appellent au calme, veulent s'interposer. Portée, hissée par la foule, une camarade, Françoise Longchamps, arrache le drapeau nazi. Quelques jours plus tard à la Chambre des députés Julien Lahaut parle. Il dénonce les crimes hitlériens, le danger fasciste. Il stigmatise la politique des dirigeants socialistes et montre que la seule voie pour vaincre le fascisme c'est l'unité à la base sur une position de classe. Et alors, alors il va y avoir un moment extraordinaire: Julien déploie, devant les députés médusés, le drapeau à croix gammée et, déchirant la loque nazie, il s'écrie de sa voix de stentor, je le cite: « Voilà le drapeau hitlérien qu'à Liège ont arraché les ouvriers communistes et socialistes unis. Quoi que vous fassiez, ils continueront dans le pays la lutte contre les menées des traîtres et des valets d'Hitler ». Pour la première fois, la 5ème colonne hitlérienne en Belgique, c.à.d. Rex et consorts, est publiquement stigmatisée. Oui, la sensation est énorme. Non seulement à la Chambre des députés mais dans tout le pays. Tandis que l'ambassadeur d'Hitler proteste, tandis que les ministres
  • 5. 5 belges s'excusent et rampent, le peuple, lui, comprend que le fer de lance de la lutte contre le fascisme ce sont les communistes. Le 3 octobre 1935, Mussolini ouvre la série des agressions fascistes en envahissant l'Éthiopie. Ce crime ne trouble guère les consciences bourgeoises. Julien le dénonce publiquement. Ce n'est pas à lui qu'il fallait donner des leçons de courage. C'est des marches mêmes du pavillon italien à l'exposition de Bruxelles qu'il harangua la foule un dimanche après-midi, au moment de la plus grande affluence. Julien fut arrêté, traîné en correctionnelle, condamné à 15 jours de prison. Mais des milliers de personnes avaient entendu son appel à la lutte antifasciste et cela seul comptait. Bien des années plus tard, en 1947, on entendra au Parlement Julien hurler sa colère: « Ne touchez pas, lance-t-il, au Parti des fusillés » contre ceux qui veulent dénigrer le courage du PC dans la Résistance et prônent la guerre froide et cela il le crie à ceux qui se sont tus, à ceux qui ont rampé, à ceux qui, avec toutes les nuances que cela comporte, ont collaboré avec les nazis et qui par honte, vengeance ou haine tentent de salir le Parti qui a été à la tête de la Résistance antifasciste. Une des calomnies des plus répandues, que vous avez vous aussi surement entendue, car elle sert toujours, c'est que les communistes n'ont commencé à résister que quand les nazis ont attaqué l'URSS, le 21 juin 1941. S'il est, parmi d'autres, des faits que l'on ne peut nier et qui prouvent le contraire, c'est dans la pratique de Julien qu'on les trouve. Le 5 janvier 1941, Degrelle tente une marche sur Liège. Il avait compté sans la classe ouvrière, sans le PC, sans Lahaut. 7.000 manifestants, Julien en tête, s'avancèrent vers le Palais de Coronmeuse ou Degrelle terminait son discours par un vibrant « Heil Hitler ». Baïonnettes pointées, les allemands défendaient les abords du lieu de concentration. Cela n'arrêta pas les manifestants. La bagarre s'engagea devant le palais et se poursuivit jusqu'en ville. Comme toujours, Lahaut se battait au premier rang. Les rexistes, Degrelle en tête, s'enfuirent sous les huées de la foule, toutes les vitres de sa voiture brisées. C'en était fait du rêve de Degrelle de devenir le gauleiter de la Belgique. Je ne m'arrêterai pas longuement sur la grève des 100.000. A elle seule, elle mériterait un exposé. A l'initiative du PC, le vendredi 16 mai 1941, malgré l'occupant nazi, 100.000 prolétaires du bassin liégeois ont abandonné le travail. A leur tête, Julien Lahaut, fidèle à sa tactique, il met sur pied un comité de grève. Cette grève, camarades, a été victorieuse du point de vue revendications, mais elle n'était pas que revendicative. Elle a établi le lien entre lutte revendicative et lutte antifasciste c.à.d. entre lutte revendicative et lutte politique. De cette étape importante, le PC tire la leçon dans une publication clandestine, (les Temps Nouveaux) lue par des centaines d'ouvriers, je cite: « En se révoltant contre la misère, les grévistes mènent une lutte hautement politique. La classe ouvrière vient de donner un exemple inestimable. Elle a démontré que même en pleine guerre, la machine politique et militaire... peut être forcée au recul. Du coup, le prolétariat de Belgique a justifié sa place à la direction de la lutte populaire pour
  • 6. 6 l'indépendance du pays. Lui seul a la force de guider, de conduire les larges masses... ». Le 22 juin 1941, Hitler attaque l'URSS. Au même moment, des communistes parmi lesquels Julien sont arrêtés. Et ce sera pour Julien le début du calvaire: la citadelle de Huy, dont il tenta par quatre fois de s'évader, Neuengamme, Mauthausen. Je vous disais que Julien est un exemple de morale révolutionnaire. Si toute sa vie en fournit la preuve, c'est dans les camps de la mort que sa morale de communiste atteignit son plus haut degré. Au milieu des privations, tenaillé par la faim, roué de coups, épuisé de travail, malade, il fut à tous moments digne de l'honneur que lui firent les communistes belges qui, organisés dans les camps, lui confièrent la direction de leur mouvement. Il s'agissait de maintenir intacts dans des conditions abominables l'esprit de Résistance, le sens politique et la morale. Durant 48 mois, Julien montra à tous, communistes ou non, l'exemple. Julien résista à l'ennemi, organisa la solidarité, garda un optimisme de fer qu'il sut communiquer autour de lui. Un codétenu, qui était à cent lieues de partager les opinions politiques de Julien (c'était un prince polonais), le lieutenant Czetwertynski a dit de lui: « C'est un homme qui portait le soleil dans sa poche et en donnait un morceau à chacun ». Rien ne peut mieux décrire Julien Lahaut. Le 28 avril 1945, Mauthausen est libéré et à ses compagnon réunis sur la sinistre place d'appel, Julien lance: « Voilà mes camarades, ils ne nous ont pas eus. Plus que jamais, la lutte continue ». Tel était le communiste Julien Lahaut ! Pour les communistes d'alors, pour Julien la royauté symbolise l’État capitaliste, l'État qu'il faut détruire pour que la classe ouvrière puisse asseoir son pouvoir. En 1950, c'est la guerre froide. L'impérialisme américain, maître de Franco, de Salazar, de Tchang Kai-chek, de la dictature en Corée du Sud, mène une politique systématiquement agressive contre l'URSS socialiste. Dans les pays capitalistes, la grande bourgeoisie a relevé la tête après avoir tremblé à l'idée que la Résistance victorieuse, que le peuple ne lui règle définitivement son compte. Mais, même avec le soutien de l'impérialisme américain, la grande bourgeoisie a toujours les tripes nouées par la peur, cette peur viscérale qu'elle a de la classe ouvrière. Alors, elle est à la recherche d'un homme fort, d'un homme capable à la fois d'imposer le diktat de l'impérialisme américain qui veut faire de la Belgique une base contre les pays du socialisme et de mater les velléités de la classe ouvrière. Qui mieux que Léopold III est à même de jouer ce rôle ? Le peuple a surnommé Léopold III, le roi des inciviques - c'est ainsi qu'on appelait les collaborateurs de tous poils. Léopold III et son entourage n'ont jamais caché leur sympathie pour l'extrême droite, pour un État fort.
  • 7. 7 Cela la classe ouvrière, les démocrates le savent et ne lui pardonnent pas. Comme ils ne lui pardonnent pas sa politique de neutralité à l'égard de l'Allemagne nazie - politique qu'il a inaugurée en 1936 -, sa capitulation devant l'envahisseur en mai 40, son appel au peuple belge à reprendre le travail dans le calme sous la botte nazie, son entrevue avec Hitler à Berchtesgarden le 19 novembre 1940. C'est le premier ministre du gouvernement belge, Pierlot qui, le 30 mai 1940, déclarait devant les parlementaires évacués en France à Limoges, je cite: « Entièrement persuadé de la victoire allemande, Léopold III espérait gouverner avec la protection des allemands ». Tout cela, la classe ouvrière, les démocrates le savent, comme ils savent pourquoi la grande bourgeoisie a besoin du retour sur le trône de Léopold III. Je ne vous raconterai pas la grève de juillet 50, mais il faut que je vous dise que pour le peuple, se dresser contre le retour de Léopold III signifiait se battre contre le fascisme, contre un règne autoritaire, contre la domination de la finance, contre l'extrême-droite, pour la démocratie et la justice sociale. Et c'est du peuple qu'est sorti le cri de « Vive la République », ce cri retentira à Bruxelles, place des Martyrs (j'y étais) dans les manifestations à Liège, à Charleroi, au Borinage... Bien sur, république bourgeoise ou monarchie c'est pareil tant que le pouvoir est aux mains du capital. Mais le mot d'ordre de « Vive la République » a un contenu progressiste, antifasciste de marche en avant qui n'échappe ni au peuple, ni à ses ennemis. Le vendredi 11 août 1950, c'est le porte-parole du peuple, Julien Lahaut, qui fera résonner le cri de « Vive la République » à la Chambre des députés. Et le coup a porté, retransmis qu'il est par la radio, les actualités cinématographiques dans le pays, dans le monde entier. Il a su encore une fois, se servir du parlement pour en faire une tribune à destination du peuple. Pour la bourgeoisie, pour l'extrême-droite, pour la CIA c'en est trop. « Il y a trop longtemps que le vieil agitateur, bien connu de nos services », comme le décrivent les rapports de police, « est l'obstacle qu'il faut abattre », ce qui se fera le 18 Août 1950 à 21h20'. Vous comprendrez mon écœurement en lisant en décembre 1980 sous la plume de Claude Renard, je cite la p. 42 des Cahiers Marxistes: « Le scandale provoqué par le cri de « Vive la République » lors de la prestation de serment du jeune roi Baudouin (est une) initiative plus que contestable, qui dénote la dérive du parti vers des positions sectaires auxquelles le XIème congrès fera un sort quatre ans plus tard. » Le 28 septembre 1983, Jean Blume, secrétaire du Parti, rend dans le Drapeau Rouge hommage à la monarchie à travers Léopold III qui vient de mourir et dont il ne convient pas, je le cite: « d'égratigner le moins du monde la personne, ce qui serait indécent"; alors l'attitude avant, pendant l'occupation nazie de Léopold III ? » Je cite Blume « une erreur politique » et conclusion de l'article de Blume, je cite: « que l'homme dorme en paix ». Alors 1950 ? Voilà les leçons qu'en tire Blume, je continue à le citer: « On a pu croire à certains moments que le pays allait éclater et que le principe même de la monarchie constitutionnelle était mis en jeu. Les communistes sont allés jusque là à l'époque et pour un temps très court. Ils ont eu tort et ils l'ont reconnu. Ce qui était en jeu ce n'était pas la monarchie constitutionnelle mais l'usage qu'une certaine droite pourrait en faire ».
  • 8. 8 Conclusion: PCB-PSB même combat pour la monarchie ! Le « Peuple » titrait après la séance à la Chambre du 11 août 1950 et le cri de Julien Lahaut: « Indécent ». Van Acker déclarait lui à l'époque: « La monarchie parlementaire - pour la sauver, nous devons faire jusqu'à l'impossible ». Comment en est-on arrivé là ? Si la mort de Julien a été trahie par son parti, il en est de même pour ce qui fut l'idéal de toute sa vie. La dégénérescence du parti communiste belge a une longue histoire. Il n'est pas possible d'en faire ici l'analyse complète. Je voudrais vous rappeler cette citation de Claude Renard que j'évoquais en début de l'exposé: « Lahaut est tout, sauf un théoricien de la Révolution ». 1. Le PC est tout, sauf un parti marxiste-léniniste, sauf un parti révolutionnaire. 2. Le PC est devenu le parti de la compromission et du crétinisme parlementaire. 3. Le PC est devenu un parti qui jauge son antiracisme à l'aune électoraliste. Le PC a abandonné la lutte contre le fascisme. Oui, aussi douloureux que cela puisse être, il faut reconnaître que le PC est devenu l'antithèse de ce pourquoi Julien Lahaut a combattu et a donné sa vie. 1. ”Le PC a renié le marxisme-léninisme, la révolution. C'est Van Geyt, président du PCB, qui déclare dans le journal Le Soir du 5 juin 1985, je cite: « Nous sommes la gauche conséquente, la gauche transformatrice. J'évite le terme « révolutionnaire » parce que nous ne prônons pas la révolution par l'insurrection armée. Nous avons une vocation résolument démocratique, rassembleuse. » Voilà qui est clair et net. Si durant l'occupation nazie, le PC initiateur du Front de l'indépendance a laissé la direction de celui-ci à la bourgeoisie contre les miettes de ministères que celle-ci lui a offert à la Libération, poursuivant ainsi une ligne opportuniste amorcée dès l'avant- guerre1 . Si, dès la libération, dès le désarmement de la résistance, dès le mot d'ordre lancé par le Parti de « Production d'abord » au bénéfice des seuls capitalistes, dès son plaidoyer pour la cogestion - c'est le secrétaire général de l'époque Edgard Lallemand, qui, dans son rapport au congrès de 1947 déclarait (notamment car les citations qui vont dans ce sens ne manquent pas): « Le monde du travail et du capital doivent travailler sur un pied d'égalité à la gestion de la production ». Si donc, dès l'occupation et la Libération, une ligne opportuniste s'est développée dans le parti, le XIème Congrès de Vilvorde en 1954 a vu le virage définitif et de congrès en congrès, le PCB est allé plus profond dans le reniement. En cours de route, la direction du PC a laissé tomber tout ce pourquoi Julien et ses compagnons se battaient, tout ce pourquoi ils ont souffert et pour certains d'entre eux, donné leur vie: la révolution socialiste, la destruction de l'appareil d’État capitaliste, la construction d'un pouvoir d’État de dictature du prolétariat. 1 voir dossier PC 1936-1947
  • 9. 9 Le PC est allé plus loin encore: il ne parle même plus de la lutte de classes. C'est Jacques Nagels, membre du CC, économiste et grand théoricien du Parti qui déclare à la revue Tendances du 21 avril 1983, je cite: « Le concept de lutte de classes que Marx utilisa n'est pas dépassé. » Très bien direz-vous, voilà un cadre du PC pour qui Marx n'est pas encore mort ! Détrompez-vous bonnes gens et écoutez la suite, je cite: « Il peut très bien... y avoir une alliance de fait entre l'ensemble des salariés et une bourgeoisie civique. Cette dernière consentirait à des efforts en investissements privés et au moins à ne pas exporter les revenus qu'elle perçoit en Belgique. La contradiction de lutte de classes est trop souvent perçue comme « statique ». Il convient en fait d'être « nuancé »: l'idée est d'ailleurs fortement implantée dans le mouvement ouvrier. » Et voilà comment Nagels offre un enterrement de première classe à Marx ! Lutte des classes, c'est dépassé: l'idée en est d'ailleurs fortement implantée chez les ouvriers. Ce qu'il faut à la place c'est la collaboration de classes. La classe ouvrière est prête à cela, à la bourgeoisie de faire un petit effort patriotique. On ne lui en demande pas beaucoup, si elle ne veut pas investir dans le pays qu'au moins elle ne planque pas son argent en Suisse, la paix sociale vaut bien, que diable, quelques milliards de profits ! Nagels lui a une certitude: la bourgeoisie se montrera aussi raisonnable que le prolétariat ! 2. ”Le PCB est devenu le parti de la compromission, à la botte des sociaux démocrates et est devenu le symbole du crétinisme parlementaire La voie qui prône le PCB, voie qu'il a combattue dès sa formation, est celle du passage pacifique au socialisme par la voie parlementaire. Ne lui parlez pas de l'expérience douloureuse du Chili, le PC persiste et signe. Toute sa vie, Lahaut s'est élevé contre le crétinisme parlementaire; pour lui la seule voie à suivre était celle de la révolution; pour lui le parlement était une tribune, parmi d'autres, qu'il utilisait au mieux des intérêts de son parti et des masses. La voie que prône le PCB est celle du réformisme. Quel meilleur maître en réformisme, en pacifisme, le PC peut-il avoir que la social-démocratie ? Alors depuis 1954, depuis le congrès de Vilvorde, le PC est à la traîne du PSB. Sans pudeur aucune, il accepte les coups de pied au derrière que lui lance de temps en temps le PSB et va suppliant que celui-ci accepte sa présence dans le « Front des Progressistes » ou encore, comme l'indique le Congrès de 1986, dans une « Union des forces de progrès », nouvelle mouture du « Front des Progressistes ». Comme le dit le programme de notre Parti: pour le PCB, c'est le parlement qui exerce le pouvoir réel. Lorsque les représentants du mouvement ouvrier auront conquis la majorité au parlement, le passage au socialisme pourra se faire pacifiquement. Pour le PCB, Marx et Lénine sont dépassés, l'État capitaliste n'est pas l'instrument des monopoles. L'appareil d'État n'est plus fondamentalement une arme entre les mains du grand capital mais il exprime aussi dans une certaine mesure les intérêts des ouvriers. Pour le PCB, la gendarmerie, l'armée, la justice peuvent être mise au service du peuple. Il suffit d'augmenter la pression du peuple et surtout de ses élus pour que ceux-ci passent, pacifiquement du côté du prolétariat.
  • 10. 10 Au fur et à mesure que la pression des masses augmente, dit le PCB, le caractère ouvrier de l'État peut être renforcé et la bourgeoisie peut être dépossédée pacifiquement de sa domination sur l'appareil d'État. Ce raisonnement, camarades, est à la base de la ligne qui a toujours été défendue par les traîtres à la classe ouvrière, par les réformistes d'hier et d'aujourd'hui. Pour atteindre son but, le PCB défend donc une politique de larges fronts progressistes avec la direction de partis (prêts à collaborer avec lui) pouvant faire pression sur le parlement. Le PC, considère également que la pression de la base est indispensable. Quel but assigne-t-il à toutes ces actions à la base ? La lutte de classe radicale ? Vous n'y êtes pas. Le but de la lutte de classe pour le PC se réduit á, je cite ce qui se dit dans les résolutions de chaque congrès et que reproduit, par exemple, le DR du 9 mai 1977: « Organiser la pression sur les élus pour constituer un front politique et relier les luttes à l'usine à l'action parlementaire. » Autre exemple : le 17 décembre 1980, le Comité central titre ainsi ses débats dans le DR, je cite: « Le dialogue entre les travailleurs et leurs élus: une clé pour sortir de la régression sociale. » Des exemples de ce type, les résolutions des congrès, les articles du DR en fourmillent. Le PC maintient chez les ouvriers l'illusion que le capitalisme peut être démantelé par des réformes de structure, sous contrôle ouvrier. Les secteurs-clés doivent, selon le PC, être mis sous statuts publics et leurs actionnaires doivent être indemnisés, alors - je cite les Cahiers Marxistes de mars 81: « les intérêts de la communauté pourront être mis avant ceux du capital ». Dites-moi, camarades, à entendre ceci: qu'elle différence voyez-vous entre PCB et PSB ? Vous l'avez déjà compris, ce n'est ni à Marx, ni à Lénine que le PC fait référence. Leur idole, vous aurez peine à me croire, leur idole, leur modèle c'est en 1981, Mitterrand ! Eh oui, Mitterrand ! Dans le Drapeau Rouge du 4 août 1981, Pierre Joye, membre du CC, écrit: « Pour sortir de la crise, il faudra concevoir et mettre en œuvre une politique industrielle digne de ce nom. Cela nécessitera l'effort conjugué de toutes les forces qui comprennent la nécessité d'un changement véritable. L'expérience tentée par la gauche française montre qu'il est possible de s'engager dans cette voie à condition de le vouloir, de ne pas se borner à adopter la rose au poing de Mitterrand ”mais de s'inspirer de son exemple. » Donc pour en finir avec la crise, le chômage, la misère, pour en finir avec le capitalisme: une seule solution, un gouvernement PS-PC et comme figure de proue, comme modèle Mitterrand... Les ouvriers, les chômeurs, les sans-logis français ont vu, eux, ce que cela leur a rapporté ! En Belgique, la ligne politique suivi par le PC a fait faillite, de son cuisant et persistant échec électoral, le PC n'a tiré aucune leçon si ce n'est celle de persévérer dans la voie de la dégénérescence.
  • 11. 11 Souvenez-vous, camarades, de la lutte opiniâtre, sans concession de Julien contre le réformisme des sociaux-traîtres, souvenez-vous de la tribune communiste qu'il a su faire du parlement bourgeois et dites-moi: qui a-t-il de commun entre Julien Lahaut et les Van Geyt d'aujourd'hui ? 3. ”Le PC est devenu un parti qui jauge son antiracisme aux nécessités électoralistes. Le PC a abandonné la lutte contre le fascisme Le 30 octobre 1981, le Drapeau Rouge publiait un communiqué du Conseil régional bruxellois du PC, je vous le lis: « Nous considérons que plus rien ne justifie à l'heure actuelle l'arrivée de nouveaux travailleurs migrants et nous sommes opposés à toute immigration clandestine. » Vous connaissez la chanson de Pierre Perret sur les immigrés qui viennent de leur plein gré ramasser les poubelles à Paris ? Le conseil régional bruxellois du PC ne l'a jamais entendue lui, il n'a jamais entendu parler de la misère du tiers monde et de ceux qui en portent la responsabilité, il n'a jamais entendu parler des opposants aux régimes fascistes ou semi-fascistes ! Plus loin, le communiqué indique: « Les arrivées pour des raisons de regroupement familial doivent être admises » - faudrait quand même pas que les lecteurs fassent l'amalgame PC-Nols - mais, il faut tenir compte de l'électorat bruxellois alors le communiqué ajoute, je cite: « Certes la concentration de travailleurs migrants dans certains quartiers urbains pose des problèmes auxquels il faut être attentifs »... suit alors, politique oblige, une volée de bois vert contre le gouvernement, qu'il suffit de remplacer pour que tout soit réglé... Certes, le PC s'est dit choqué par l'envoi des amis du camarade Marchais de bulldozers contre les immigrés. Faut pas exagérer tout de même - mais dites-moi, camarades, que reste-t-il au PC du véritable internationalisme prolétarien ? Que reste-t-il de l'héritage de Julien qui, dans les années 30, en pleine période de haine raciale, d'antisémitisme, élevait la voix pour défendre ses frères immigrés que la misère avait chassé de Pologne et d'ailleurs, que le fascisme avait chassé d' Allemagne, d 'Autriche, d' Italie ou d' Espagne ? De toutes les trahisons du PC, ressenties avec rage et douleur, il en est une particulièrement sensible: la trahison de son passé antifasciste. Le 30 juin 1983, le Rode Vaan, l'organe flamand du PC écrit, je cite: « En 1830 comme plus tard en 14-18 et en 1940 ce sont surtout les flamands qui ont servi de chair à canon pour défendre la patrie belge. » L'auteur de l'article, un certain Vandommele ne se contente pas de reprendre les slogans traditionnels de l'extrême-droite flamande contre la Belgique unitaire, il insulte à la mémoire des deux mille membres du PCB, flamands, bruxellois et wallons qui ont donné leur vie dans le combat antifasciste de 1940. Les colonnes du Rode Vaan sont utilisées pour remettre à l'honneur les arguments avec lesquels l'extrême-droite flamande s'est toujours opposée à la lutte antifasciste, cela démontre à quel degré de dégénérescence est tombé le Parti. Son avilissement il en donnera une nouvelle preuve dans l'affaire Le Pen en 1984.
  • 12. 12 A la veille de la manifestation contre la venue de Le Pen invité par Nols à Schaerbeek, le Drapeau Rouge écrit: "Fallait-il répondre à cette provocation de l'extrême droit par la contre provocation ?" Le ton est donné. Le 28 septembre, toute honte bue, le Drapeau Rouge écrit: « Dès que fut annoncé la venue de Le Pen, les communistes se sont prononcés contre la mise sur pied d'une manifestation minoritaire de gens décidés à l'empêcher de parler... A nos yeux, le plus important est d'éviter toute tentation de violence qui ne pourrait que se retourner contre nous. » N'avez-vous pas l'impression d'entendre les Bondas et autres dirigeants socialistes prêchant la capitulation et le calme aux communistes lors de la manifestation du 1er mai 1933 contre le consulat hitlérien à Liège ? La manifestation contre Le Pen fut interdite avec la bénédiction du PC. Tandis que le PC restait au balcon, ce sont plus de 1500 antifascistes mobilisés par le PTB qui ont fait fuir par la petite porte Le Pen et ses admirateurs... Honte, honte au parti communiste belge, usurpateur du nom qu'il porte. Honte, honte aux Van Geyt et Cie qui sans remords, sans scrupules ont trahi la cause de Julien Lahaut. Nous, nous avons relevé le flambeau. Nous, nous sommes fidèles aux enseignements à la mémoire de Julien. Vous savez, Julien quand il s'adressait aux masses, à son Parti commençait toujours ses interventions en disant non pas « camarades » mais « mes camarades » et dans ce « mes », dans ce possessif, il mettait plus que de la fraternité, il mettait sa profonde conviction de ne faire qu'un avec sa classe, avec son Parti. Notre action depuis plus de 15 ans, nos actes d'aujourd'hui, ceux de demain le prouvent et le prouveront: Julien nous sommes tes camarades; tes continuateurs !