1. LA MARSEILLAISE
PRÉSENTEZ LA MARSEILLAISE
Auteur : Rouget de Lisle (1760-1836), capitaine de l'armée du Rhin (armée
chargée de veiller sur cette partie du territoire) en garnison à Strasbourg.
Titre initialement adopté : Chant de guerre pour l'armée du Rhin.
Contexte : composée dans la nuit du 25 avril 1792 « alors que la France
poussée par le roi Louis XVI a déclaré la guerre au roi de Bohême et de Hongrie
(futur empereur d'Autriche) » ou bien « alors que la France révolutionnaire,
depuis le 20 avril 1792, est en guerre contre l'Europe monarchique ».
Commanditaire : à la demande du maire de Strasbourg, Dietrich.
Diffusion : rendue populaire en juillet 1792 par les volontaires Marseillais qui
s'étaient rendus à Paris pour défendre la patrie. Le titre originel de cette
marche militaire change alors et devient La Marseillaise.
DÉCRIVEZ LA MARSEILLAISE
1. Une forme plutôt classique
6 couplets écrits par Rouget de Lisle + 1 qui aurait été écrit en octobre 1792,
par l'abbé Pessonneaux. Ce 7e
couplet est appelé Le couplet des Enfants.
Des couplets de 8 vers dont le 4e
est répété (bis). Ces vers sont formés
d'octosyllabes et se terminent par des rimes croisées pour les 4 premiers vers
et embrassées pour les 4 derniers. Ces rimes renforcent le sens du texte en
opposant ou en associant certains mots comme par exemple « tyrannie »
opposée à « patrie » dans le 1er
couplet.
Un refrain violent formé de 5 vers constitués d'injonctions « Aux armes »,
« Formez », « Marchons ». Il véhicule des images très fortes « qu'un sang
impur abreuve nos sillons » = sang des ennemis de la liberté et donc du citoyen.
2. La musique : il existe des doutes quant à son origine. Elle s'inspire d'un
mouvement du concerto n°25 de Mozart créé en 1786.
2. Le genre : un chant de guerre / une marche militaire
comme le montre le lexique : « étendard sanglant », « soldat », « guerriers »,
« aux armes » … et les nombreuses références à l'Antiquité grecque avec
« phalange » et romaine avec «cohorte » qui renforcent ici l'idée de danger car
elles évoquent la puissance et l'organisation des ennemis.
comme le montre la succession de tableaux évoqués par les couplets :
1er
couplet : montre la férocité des assaillants (des ennemis) dont
l'animalité (le caractère animal) est soulignée par les mots « mugir » et
« égorger ».
2e
et 3e
couplets : exposent le but de l'ennemi : faire des citoyens des
esclaves.
4e
et 5e
couplets : annoncent le sursaut patriotique et montre la
détermination des citoyens prêts à mourir pour leur patrie et la Liberté
6e
couplet : montre la victoire et le triomphe de la Liberté.
3. ANALYSEZ LA MARSEILLAISE
1. La Marseillaise est un hymne à la Liberté et à la patrie
a. Se battre pour rester libre
La Marseillaise est un appel aux armes comme le montre le refrain. Il s'agit
pour le citoyen de se battre pour rester libre. Dans les 2e
et 3e
couplets, de
nombreux termes évoquent le sort que leurs ennemis leur réservent : « fers »,
« entraves », « joug »… Ces deux couplets sonnent un peu de manière théâtrale.
Leur forme se rapproche du monologue ; ils sont ponctués d'interjections
« Ah », « Quoi », « Dieu ». Ils respirent aussi l'indignation « Quel outrage ! »,
« Quel transport il doit exciter »…
b. L'amour de la Liberté et de la patrie
L’amour de la patrie est « sacré » donc au-dessus de tout autre. Rouget de Lisle
fait rimer « patrie » avec « chérie » et souligne ainsi doublement le lien qui unit
le citoyen à son pays.
Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie
L’amour de la Liberté est rappelé aussi par ce vers « Liberté ! Liberté chérie »
du 6e
couplet chanté souvent à capella. L'adjectif et la répétition montrent le
lien très fort entre le citoyen et la Liberté.
2. La Liberté : une allégorie
Dans le 6e
couplet, Rouget de Lisle met en scène la Liberté : il en fait une
allégorie qui a les traits d’une femme (ou bien d’une déesse). Il s’adresse à elle
et lui demande de combattre aux côtés de ses défenseurs. Ce couplet a des
accents romantiques : la scène décrite suscite de multiples émotions. Delacroix
(1798-1863) s’est d’ailleurs inspiré de celle-ci pour son tableau La Liberté
4. guidant le peuple réalisé en 1830. On y retrouve une image (allégorie) qui
rappelle celle décrite dans le 6e
couplet : bras levé, drapeau dressé fièrement,
en armes aux côtés de ses défenseurs et de ses ennemis expirants.
3. Un regard particulier sur l’ennemi
a. Ennemis malgré eux ?
Les ennemis sont présentés différemment tout au long du chant : soldats
dénués de toute humanité dans le 1er
couplet, une horde d'esclaves dans le 2e
et
de tristes victimes dans le 6e
couplet. Le véritable ennemi du citoyen n'est pas
le soldat qu'il combat mais celui ou ceux qui l'envoient !
b. Les despotes : voilà les ennemis !
Ceux qui les envoient sont dépeints avec hargne : traites comme Bouillé (5e
couplet) qui organisa la fuite de la famille royale à Varennes le 20 juin 1791,
« rois conjurés » (2e
couplet) dont le roi d'Autriche, neveu de Marie-
Antoinette », « vils despotes » (3e
couplet), « tyrans »…
c. Le Français : ce héros magnanime !
A l'inverse, La Marseillaise présente le citoyen français comme un héros (4e
couplet), capable de grandeur d'âme (guerriers magnanimes dans le 5e
couplet),
fils de la Terre (4e couplet) et aimé de la Liberté (6e
couplet).
MONTREZ LA PORTÉE DE CE CHANT
1. D'abord un grand succès
Il remporte un grand succès sous la Révolution malgré une forte concurrence…
La Marseillaise est même officiellement déclarée « Chant national » en 1795.
5. Mais, elle est interdite sous l'Empire de 1804 à 1814. La Marseillaise ressurgit
lors des Trois Glorieuses (1830). Mais, elle ne devient l’hymne officiel de la
France qu’en 1879, sous la IIIe
République. La Constitution de la Ve République
adoptée en 1958 la maintient dans ce rôle.
2. Une certaine indifférence voire méfiance
Elle tombe alors plus ou moins dans l'indifférence jusqu'à la fin des années
1970. Il faut attendre 1979 pour la voir revenir en force dans une version
reggae composée par Serge Gainsbourg. Depuis, elle ne cesse de gagner en
popularité.
3. La Marseillaise critiquée
La Marseillaise ne fait pas l'unanimité. Certains de ses adversaires dénoncent
sa violence, d'autres pensent que le refrain est raciste. Pour ses partisans, la
Marseillaise est un chant d'amour, un hymne à la liberté et à la patrie qui
s'inscrit dans une époque troublée. Ils rappellent aussi que pour les Français,
durant la 2de GM, chanter la Marseillaise était un acte de résistance !
4. La Marseillaise outragée
Pour que cet hymne national qui représente la France soit respecté, une loi
définissant le délit d'outrage a été adoptée en 2003. Elle expose à une amende
(7500 €) voire même à une peine d'emprisonnement tous ceux qui,
publiquement, portent atteinte à La Marseillaise.
Cette disposition est, elle aussi, discutée au nom de la liberté … d'expression et
d'opinion.