1. « Recueillement » : Baudelaire, Les Fleurs du Mal<br />Situation: <br />- Sonnet (définition)<br />- Publié en :1861 – La Revue « Européenne » (journal littéraire et poétique)<br />1866 – ‘Le Parnasse Contemporain’<br />1868 – Ajouté à la troisième édition posthume de Les Fleurs du Mal, établit par <br />Théodore Banville et d’Asselineau<br />- Il figure au numéro 13 dans le livre, à côté d’autres poèmes de quelque importance :<br />- « L’examen de Minuit »- « Bien loin d’ici »- « Les Plaintes »<br />- « Le Gouffre »- « La ligne offensée » <br />I. Les Originalités Rythmiques et Typographiques<br />La forme de ce poème est un sonnet, avec une importance accordée aux enjambements et aux rejets (v. 8-9)<br />Les effets produits sont :<br />- Un basculement de la linéarité et de la continuité du poème<br />- Le tissage de liens entre les quatrains et les tercets<br />L’isolation du vers 9 suggère un détournement.<br />Le poète parle d’un thème cher à son cœur (loin, ville) – l’environnement de foule, associé au gris et aux tentations.<br />• Il s’agit d’un moment de recueillement.<br />- Tous les vers sont des alexandrins, mais possèdent chacun des coupes / temps originaux :<br />(v. 1) 2 + 43 + 3[Dissymétrie et décalage <br />(v. 2)63 + 3<br />(v. 8)3 + 5 + 4[Hémistiche<br />(v. 9)2 + 44 + 2[Symétrie <br />- Dans le poème on retrouve des originalités rhétoriques (personnifications – allégoriques)<br />Usage de la majuscule<br />(v. 1 et 8) « Douleur »(v. 2) « Soir »(v. 6) « Plaisir »<br />(v. 9) « Années »(v. 11) « Regret »(v. 12) « Soleil »<br />(v. 13) « Orient »(v. 14) « Nuit »<br />Ce qui donne au texte une solennité, une tonalité grave.<br />• Ton élégiaque [élégie personnelle]<br />Baudelaire se trouve dans l’univers du symbole : la douleur est une amie …<br />(Il s’agit du basculement du romantisme au symbolisme)<br /> II. L’Invitation à la douleur<br />• La douleur, qui est cité à deux reprises, est le motif du poème.<br />On note plusieurs interpellations, plusieurs invitations sur un mode injonctif :<br />- (v.1)« Sois sage … »- (v. 7)- (v. 8)<br />- (v.9)- (v. 14)<br />- L’appel est réitéré, il s’agit d’un renoncement aux tentations de la foule et de la ville.<br />On note une servitude : « vile » « servile » et (v. 3) une atmosphère malsaine.<br />- On pourra même parler d’un aspect sadomasochiste (v. 6)<br />Baudelaire subit un renoncement. (Thème dans ‘Tableaux Parisiens’ et ‘Fleurs du Mal’)<br />III. Du soir à la nuit<br />(v.2) « la descente du soir »<br />- On a l’impression de ‘marcher’ vers la nuit (traduit pas une verticalité vers le bas)<br />En parallèle, on a Baudelaire qui convie sa douleur à un itinéraire pour faire place au recueillement (v. 10-11)<br />- On note l’emploi de périphrases pour désigner la mort qui approche (v. 14)<br />Le soir est impossible, la nuit se lève [à l’orient ?]. Il s’agit d’un paradoxe, Baudelaire décrit la seule lueur possible. Métaphore de l’existence splénique<br />• Oxymore : ‘le soleil noir’ (de Nerval)<br />Le désir du poète est la nuit, qui mettra fin à sa douleur.<br />Ce poème fait partie de la trilogie de la mort (poèmes posthumes)<br />- …<br />Conclusion :<br />Baudelaire n’éprouve ni angoisse ni inquiétude dans l’attente de la mort. Il s’adresse même à la douleur. Baudelaire donne à entendre à la mort : la voix douce, familière et avec la même tonalité qu’il évoquait dans « Invitation au Voyage »<br />« Mon enfant, ma sœur, <br />songe à la douceur [douleur]<br />d’aller là-bas<br />vivre ensemble … »<br />