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Quelle Marseillaise
et quelle fête nationale ?
1- Diaporama principal
Étienne Godinot
.17.01.2024
Quelle Marseillaise et quelle fête nationale ?
Diaporama n° 1
Sommaire
La Marseillaise
La conférence de presse de M. Macron le 16 janvier 2024
Histoire de La Marseillaise. Le ‘couplet des enfants’
Extraits des paroles de La Marseillaise
L’idéalisation et la remise en cause des paroles.
Les hymnes nationaux dans le monde
Les appels pour de nouvelles paroles de La Marseillaise
Les diverses initiatives : paroles ajoutées, air fredonné sans ses paroles, etc.
Exemples de nouvelles paroles pour La Marseillaise
La fête nationale
Histoire de la fête nationale
L’importance des défilés militaires dans la célébration du 14 juillet
Faire évoluer la célébration de la fête nationale ?
Désacraliser la violence, repenser la défense et la politique étrangère.
Photos :
- ‘La Marseillaise’ ou ‘Le départ des volontaires de 1792’, haut-relief monumental en pierre,
sculpté par François Rude entre 1833 et 1836, situé sur la façade est du piédroit nord de l‘Arc de
Triomphe de l'Étoile.
- ‘La Marseillaise’, par Alfred Marzolff (1867-1936), à côté de l'hôtel de ville de Strasbourg.
Quelle Marseillaise et quelle fête nationale ?
Sources :
- Revue trimestrielle Alternatives non-violentes, n° 178, mars
2016;
- Pour une Marseillaise de la fraternité, Jean Toulat, éd. Axel Noël,
1992, 162 p;
- Courriels avec les personnes et associations engagées dans
cette cause;
- Recherches sur Internet, notamment Wikipédia
- "Quelle fête nationale et quelle Marseillaise ?", É. Godinot, La
Croix, 13-14 juillet 2010
Observation :
Les images présentées dans les diaporamas m’ont été fournies
par des sources diverses. Ne pouvant pas m’assurer qu’elles ne
sont pas soumises au régime des droits d’auteur, je prie leurs
ayants-droits éventuels de me préciser s’ils souhaitent qu’elles
soient retirées.
La conférence de presse de M. Macron
Lors de sa conférence de presse le 16 janvier 2024, le président Emmanuel
Macron a dit vouloir remettre l'école au coeur de la nation et de la formation de l'esprit
républicain, refondre l'instruction civique, instaurer des cérémonies de remise des
diplômes, expérimenter l’uniforme dans 100 établissements scolaires volontaires. Il a
insisté sur l'importance pour les plus jeunes de connaître l'histoire de la nation, des
institutions et les grands textes.
« Une nation, a t-il aussi déclaré, c'est quelque chose de spirituel qui nous
dépasse. Il faut retrouver le sens du symbolique et La Marseillaise en fait partie. (…)
L'école primaire, c'est là où on apprend à compter, à écrire, à lire, aussi à se comporter.
C'est là où on apprend des valeurs. Je suis tout à fait totalement favorable à ce qu'on
apprenne La Marseillaise au primaire. C'est même indispensable parce que c'est ce qui
nous unit, c'est le fruit de notre histoire. »
Quelle Marseillaise à l’école ?
Chanter l’hymne national à l’école, pourquoi pas, si
cet hymne célébrait la démocratie, « la liberté, l’égalité et la
fraternité », la République « indivisible, laïque, démocratique
et sociale », selon les termes de la constitution de la Vème
République.
Pourquoi pas, si l’hymne national fustigeait le nationa-
lisme et la discrimination, honorait le combat non-violent pour
la paix entre les peuples et la préservation de notre planète,
encourageait la marche de l’humanité vers plus de justice, de
liberté et de concorde.
Mais faire chanter aux enfants en 2024, dans un pays
moteur de l’Union européenne, des paroles de guerre, de sang
et de haine, même en expliquant le contexte historique de La
Marseillaise en 1792, cela est totalement anachronique et
véritablement scandaleux et choquant.
Histoire de La Marseillaise
Le ‘Chant de guerre pour l’armée du Rhin’ est composé le
25 avril 1792 par Claude-Joseph Rouget de Lisle (1760-1836),
poète et violoniste amateur, capitaine du bataillon ‘Les enfants de la
patrie’ en garnison à Strasbourg.
Il est d’abord chanté dans la capitale alsacienne puis dans
diverses villes de France. Le 22 juin 1792 à Marseille, le chant est
interprété par le jeune docteur François Mireur (1770-1798), debout
sur une table, et vivement acclamé. Les journaux marseillais en
publient les paroles et la musique.
Les fédérés marseillais, unis au bataillon de Montpellier,
participent le 10 août 1792 à l’insurrection du Palais des Tuileries en
chantant ce chant de guerre, appelé dès lors La Marseillaise.
Le ‘Couplet des enfants’ est ajouté en octobre 1792
probablement par Antoine Pessonneaux.
Le 14 juillet 1795, ce chant est décrété hymne national.
Images : - Rouget de Lisle
- Rouget de Lisle chantant le ‘Chant de guerre pour l’armée du Rhin’ à Strasbourg
- Buste de François Mireur, devenu général de brigade et décédé pendant la campagne
d’Égypte.
Histoire de La Marseillaise
Du Consulat à la IIème République
Le caractère révolutionnaire de l’hymne le rend suspect à bien
des régimes. Ainsi, le Consulat et l'Empire l'interdisent purement et
simplement.
S'il n'y a pas d'hymne officiel, alors, Napoléon Bonaparte utilise
souvent la Marche Consulaire à Marengo (que chante encore la ‘Légion
étrangère’ lors des défilés officiels) ou le Chant du Départ ("La victoire
ren chantant nous ou.vre la barriè.re"), hymne de sacrifice qui sera
remis à l'honneur en 1974 par les partisans de Valéry Giscard
d'Estaing.
Lors de la Restauration, les Bourbons rejettent avec effroi ce
chant qui est interdit.
Logiquement, lors de la Révolution de juillet 1830, la Marseil-
laise résonne sur les barricades.
La IIème République, née de la révolution de 1848 mais aussi de
la répression de l'insurrection ouvrière de juin 1848, lui préfère le Chant
des Girondins ("Mourir pour la Patrie, c’est le sort le plus beau, le plus
digne d’envie"). Cette chanson souligne la volonté de la nouvelle
République de se distinguer de la Première et de la terreur jacobine.
Histoire de La Marseillaise
Du second Empire à la 2ème Guerre mondiale
Le Second Empire interdit à nouveau La Marseillaise et fait du
chant Partant pour la Syrie le nouvel hymne national. Ce chant, dont
la musique est attribuée à Hortense de Beauharnais, mère de Napo-
léon III et compositrice, date de l'expédition d'Égypte de Bonaparte en
1798 et souligne à la fois l'héritage du Premier Empire et l'ambition
mondiale de Napoléon III.
Pendant la période du régime de Vichy, La Marseillaise est
remplacée par le chant Maréchal, nous voilà !
En zone occupée, le commandement militaire allemand
interdit de la jouer et de la chanter à partir de juillet 1941.
La Marseillaise n’est pas supprimée en zone sud*. Elle est
associée dans les manifestations officielles, et à la radio, à la
chanson Maréchal, nous voilà !
* Sur les 59 cérémonies du régime de Vichy étudiées par Nathalie Dompnier, on
dénombre 73 Marseillaise jouées pour 15 Maréchal, nous voilà ! L’enjeu de ces exécutions
(simplement musicales ou avec paroles) pour le régime de Vichy est alors clair : conserver La
Marseillaise afin que la Résistance française ne se l’approprie pas seule…
Histoire de La Marseillaise
De nos jours
Depuis 2003 existe un délit d'outrage à l'hymne national,
et, depuis 2005, une obligation d'enseigner le premier
couplet à l'école. Le moins qu’on puisse dire est que le paroles de
l’hymne national à faire apprendre et chanter par les "petites têtes
blondes" n’enchantent pas les enseignants. Certains font chanter
d’autres paroles ou se bornent à faire écouter la musique.
Ce chant - qui fut aussi, brièvement, celui de la Russie
bolchevique après la révolution d'octobre 1917 - reste une
référence à laquelle les Français demeurent attachés et qui est
devenu un symbole du pays à l'étranger.
Images :
- Les paroles de La Marseillaise pour les enfants des écoles
- La Marseillaise (russe) des Travailleurs, Рабочая Марсельеза ou Rabotchaya
Marselyeza, très populaire pendant la Révolution russe de 1905, est utilisée comme
hymne par le gouvernement provisoire de 1917 jusqu'à son renversement lors de la
Révolution d'Octobre. L'hymne est conservé un petit moment par les Soviétiques en
même temps que L'Internationale, puis supprimé en 1918.
Une mélodie
qui fait partie du patrimoine culturel de l’humanité
La mélodie de La Marseillaise, plus que ses paroles, fait
partie de l’histoire de la France et de l’humanité. Elle a été chantée
en russe, espagnol, en chinois, transcrite au violon par Stravinsky,
interprétée par Édith Piaf, Mouloudji, Johnny Haliday, Michel
Sardou, par Mireille Mathieu avec les chœurs de l’Armée rouge, par
Jessye Norman pour la célébration du bicentenaire de la Révolution
(1989), etc. On peut et on doit changer les paroles, mais la mélodie
fait partie de notre patrimoine culturel.
En outre, selon une étude faite par deux musicologues, l’air
entraînant de La Marseillaise, le fait que le public puisse chanter à
pleins poumons sans crainte de se tromper, rendent particulière-
ment accessible ce chant national. Ces chercheurs ayant comparé
six hymnes nationaux sur la base d’une trentaine de variables (effort
vocal requis, longueur des strophes, vocabulaire, etc.), il s'avère
que La Marseillaise se distingue par sa facilité à être chantée.
Photo du milieu : Mireille Mathieu avec les chœurs de l’Armée rouge
Histoire des paroles
de la Marseillaise
Aux 6 couplets écrits par Rouget de Lisle ont été ajoutés
l'actuel couplet des enfants, écrit par Louis du Bois ou par
l'Abbé Pessoneaux, et 8 autres couplets d'origine inconnue. Le
8ème couplet, jugé déiste, est enlevé dès 1792 par le ministre
de la Guerre.
Après son adoption comme hymne national en 1879, le
ministère de la Guerre remanie le texte et la mélodie en 1887,
conserve les 6 couplets de Rouget de Lisle et écarte les autres,
à l'exception du 7ème. Beaucoup plus pacifistes, et parfois
déistes, ces couplets 8 à 15 vantaient l'Égalité, le patriotisme
et l'universalisme.
Très curieusement, nul n'en connaît le ou les auteurs - y
compris la Bibliothèque Nationale - alors que pour le seul
couplet 7, il y a au moins deux revendications.
Photo : Le général Georges Boulanger, ministre de la Guerre en 1887
Extraits des paroles
de La Marseillaise
Allons zenfants de la Patri.i.e*
le jour de gloire rest arrivé.
Contre nous de la tyranni.e
l'étendard sanglant test levé, l'étenda.ard sanglant test levé.
Entendez-vous dans les campa.gnes
mugir ces féro.ces soldats ?
Ils vien.nent jusque dans vos bras,
égorger vos fils et vos compa.gnes !
Refrain* : Aux zar.mes citoyens ! Formez vos bataillons !
Marchons, marchons,
Qu'un sang qimpur abreu.ve nos sillons !
Que veut cette horde d'esclaves
de traîtres, de Rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
ces fers dès longtemps préparés? (bis)
* Le 1er couplet et le refrain sont ici écrits phonétiquement pour coller à la mélodie
Un langage guerrier et vengeur
Quoi ! des cohortes étrangères
feraient la loi dans nos foyers ?
Quoi ! ces phalanges mercenaires
terrasseraient nos fiers guerriers ? (bis)
Grand Dieu ! Par des mains enchaînées
nos fronts sous le joug se ploieraient ?
De vils despotes deviendraient
les maîtres de nos destinées ?
Tremblez, tyrans et vous perfides
l'opprobre de tous les partis !
Tremblez ! Vos projets parricides
vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
La France, "pays des droits de l’homme" dont le 3ème mot de
la devise est "Fraternité", affiche aujourd’hui dans son hymne national un
langage guerrier et vengeur qui décrit un ennemi diabolique :
« Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! », le sang des « féroces
soldats », de « cohortes étrangères », de « hordes mercenaires » aux ordres d’une
« horde d’esclaves, de traîtres », de « vils despotes* », de « tyrans perfides* », de
« tigres qui, sans pitié, déchirent le sein de leur mère », attaquant des Français
« guerriers magnanimes ».
* l’empereur d’Autriche, allié à la France depuis 1756, et le populaire roi de Prusse
Frédéric-Guillaume II, mécène de Boccherini, Mozart et Beethoven.
Le ‘couplet des enfants’
Rouget de Lisle n’ayant écrit que 6 couplets, le site
officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7ème couplet, le ‘couplet des enfants’, reste
inconnu. Pour plusieurs auteurs, il est d’Antoine Pessonneaux (1731-1835), prêtre
acquis aux idées nouvelles et revenu en 1792 à l’état laïc. Celui-ci, jugeant que le texte
était incomplet puisqu'il n'évoquait pas les nouvelles générations, s’est probablement
inspiré de la chanson de geste moyenâgeuse de Girard de Vienne.
Son couplet se termine ainsi* :
« Enfants, que l’Honneur, la Patri.i.e
fas.sent l’objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l’â.me nourri.e
des feux qu’ils zinspi.rent tous deux
des feux qu’i.ils inspi.rent tous deux !
Soyons zunis ! Tout test possi.ble :
Nos vils zenne.mis tombe.ront.
Alors les Français cesse.ront
De chanter ce refrain terri.ble :
Aux zar.mes, citoyens !, etc. »
* Écriture phonétique pour coller à la mélodie
L’idéalisation et la remise en cause des paroles
de La Marseillaise dans l’histoire
Victor Hugo : La musique, c'est la puissance. Cette Marseillaise,
voyez-vous, c'est un projectile. Il s'agit de jeter bas le vieux monde. La
Marseillaise part, tonne, et frappe. Il s'agit de délivrer, de sauver, de
régénérer, d'écraser toutes les bastilles, d'abolir toutes les exploita-
tions, de délier l'esclave, de racheter le pauvre, d'anéantir tous les
despotismes, le despotisme de l'or comme le despotisme du dogme.
(…) Voyez-vous ces horizons qui resplendissent ? Voyez-vous
l'immense porte entrebaillée de l'avenir ? Plus de tyrannie, plus
d'ignorance, plus d'indigence. Plus de prostitution pour la femme. Plus
de servitude pour l'homme. Le genre humain était couvert de chaînes,
ce chant les dissout. Plus de pourpres en haut, mais plus de haillons
en bas. Fraternité.
Parmi les défenseurs des paroles de La Marseillaise, notre
ami Edgar Morin, dans son article "Universelle Marseillaise" (Le
Monde, 16 mai 2014) commente 7 couplets qui ne font pas partie de
la version officielle, n’ont pas été écrits par Rouget de l’Isle et ne sont
pas chantés lors des évènements officiels.
L’idéalisation et la remise en cause des paroles
de La Marseillaise dans l’histoire
Alphonse de Lamartine : « Ma patrie est partout où rayonne la France, / où son génie
éclate aux regards éblouis ! / Chacun est du climat de son intelligence. / Je suis
concitoyen de tout homme qui pense : la vérité, c’est mon pays ! (…) Roule libre et
paisible entre ces fortes races / dont ton flot frémissant trempa l’âme et l’acier. (…) Vivent
les nobles fils de la grave Allemagne ! / Le sang-froid de leurs fronts couvre un foyer
ardent. (…) Et vivent les essaims de la ruche de France (…) Et que les sept couleurs qui
teignent nos bannières, / arc-en-ciel de la paix, serpentent dans tes eaux ! »
(La Marseillaise de la paix, ode au Rhin)
Jean Jaurès : «Je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute
pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je
vous prie, le fameux refrain du "sang impur" ? "Qu'un sang impur abreuve nos sillons !",
l'expression est atroce. Dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui
coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les
révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de
ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre
elle ? »
Pierre Chaunu : « Je suis navré, mais en 1792 c'est pas comme ça que ça s'est passé,
parce que c'est nous qui avons déclaré la guerre... Je ne puis m’empêcher de rapprocher
ces deux actes déments : la provocation à l’Europe de 1792 et la provocation à la Vendée
de mars 1793. Ces deux gestes paranoïaques procèdent de la même logique, la logique
du dévoilement. »
Suite sur le diaporama 2 (annexe)
La remise en cause des paroles
de La Marseillaise aujourd’hui
Chanter ces paroles guerrières tout en tenant la main de
nos amis européens, à quoi cela ressemble-t-il ? Ce sont leurs
ancêtres qui sont désignés comme « les féroces soldats » ou les
« tyrans perfides » qu’il faut combattre.
Apprécierions-nous que l’hymne national allemand ou
italien, aujourd’hui, appelle à la résistance contre les armées
conquérantes de Louis XIV ou de Napoléon Ier ?
Chanter « Aux armes, citoyens ! (…) Qu’un sang impur
abreuve nos sillons ! » dans les stades, est-ce bien dans l’esprit
des rencontres sportives, qu’elles soient ou non internationales ?
« Pour moi, un match de foot, c’est un jeu et pas la guerre. “Aux armes,
citoyens !” : je n’arrivais pas à chanter ces paroles avant une rencontre. »
Michel Platini
Images : Un match au ‘Racing Club de Lens’
Après un match France-Brésil
Michel Platini
Les hymnes nationaux
dans le monde
Les hymnes nationaux, généralement des chants patriotiques choisis par les
gouvernements, sont souvent issus de circonstances historiques.
Parmi les plus guerriers, l’hymne français, La Marseillaise, les hymnes d’Italie,
de Cuba, du Mexique, du Vietnam.
La grande majorité des hymnes nationaux, surtout depuis 1945, est pacifique et
célèbre la beauté du pays, l’amour de la patrie. Les plus pacifiques sont ceux de la
Suisse, du Québec, du Chili, de l’Estonie.
Le livre de Jean-Marc Cara Le concert des nations, étudie 198 hymnes nationaux. Qu'ils
comportent 158 strophes (Grèce) ou aucune parole (Espagne), qu'ils soient l'œuvre de
poètes inconnus (Léopold Sedar Senghor pour le Sénégal) ou d'illustres inconnus, les
hymnes occupent une place de choix dans le coeur des hommes et dans l‘histoire. Ils
chantent à l'unisson l'amour de la mère patrie, la fierté des peuples à se construire, mais
aussi leurs combats, leurs sacrifices, leurs chaos, leurs croyances. En un mot, leur identité.
Photo du bas : des jeunes Chiliens chantent leur hymne national
Extraits de quelques hymnes nationaux dans le monde
Suisse : Sur fond rouge, la croix blanche / symbole de notre alliance / signe de paix et
d’indépendance / Ouvrons notre cœur à l’équité / et respectons nos diversités / À
chacun la liberté dans la solidarité / Notre drapeau suisse déployé / symbole de paix et
de liberté.
Québec : Le temps qu'on a pris pour dire "Je t'aime" / c'est le seul qui reste au bout de
nos jours / Les vœux que l'on fait, les fleurs que l'on sème / chacun les récolte en soi-
même / Aux beaux jardins du temps qui court / Gens du pays, c'est votre tour / de vous
laisser parler d'amour
Chili : La lutte sanglante a pris fin / L'envahisseur d'hier est désormais un frère / De
trois siècles nous avons lavé la honte / en combattant au champ d'honneur / Celui qui
hier se pliait à l'esclavage / aujourd'hui, est enfin libre et triomphant / La liberté est
l'héritage des braves / La victoire s'incline à ses pieds.
Estonie : Ma patrie, mon bonheur et ma joie /Comme tu es belle ! /Je ne trouverai
jamais ici, / dans ce grand et vaste monde / quelque chose qui me soit aussi cher/ que
toi, ma patrie ! /Tu m'as donné la vie / et tu m'as élevé / Toujours je te remercierai / et je
te resterai fidèle jusqu'à la mort / Tu es ce que j'aime le plus / ma chère patrie !
Russie : Russie est notre puissance sacrée / Russie est notre pays bien-aimé / Forte
volonté, grande gloire / Sont ton héritage à jamais ! / Sois glorieuse, notre libre Patrie /
alliance éternelle de peuples frères ! / Sagesse populaire transmise par nos ancêtres ! /
Sois glorieux, notre pays ! / Nous sommes fiers de toi !
Suite sur le diaporama 2 (annexe)
Les appels pour d’autres paroles de La Marseillaise
1989 : L’autre appel de l’abbé Pierre
Henri Grouès (1912-2007) de son nom de Résistant l’abbé Pierre,
n’a pas seulement lancé le célèbre appel du 1er février 1954 pour le
logement des sans-abri.
Le 10 septembre 1989 au Zénith, lors de l’émission de TF1 "J’y
crois dur comme Terre", l’animateur Patrick Poivre d’Arvor (surnommé
PPDA) avait réuni une dizaine de scientifiques (Alain Bombard, Haroun
Tazieff, Hubert Reeves, Jean-Marie Pelt, etc.) pour se pencher sur
l’avenir de notre planète. L’abbé Pierre* avait été invité comme "témoin
de la fraternité".
PPDA racontera dans Le Journal du Dimanche : « Il me prend le
bras pour me dire qu’il va mal. Je sens la lassitude dans ses yeux,
presque l’envie de jeter l’éponge. Et c’est ce fantôme que je vois se
dresser quelques minutes plus tard face au public avec une impres-
sionnante force dans la voix. Le vieil abbé fragile réussit à soulever la
salle d’enthousiasme. »
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* L’abbé Pierre a lancé le même appel devant 2000 travailleurs sociaux dans le grand
amphithéâtre de la Sorbonne à l’occasion du bicentenaire de la Révolution.
L’association ‘Pour une Marseillaise de la fraternité’
L’abbé Pierre venait de proposer que La Marseillaise soit réécrite
sans appel aux armes, ni « féroces soldats », ni « sang impur », avec
seulement des paroles de paix et d’espoir.
Cette émission a un impact si important dans l’opinion publique
que le vieil abbé et l’écrivain Jean Toulat relancent leur association
‘Pour une Marseillaise de la fraternité’.
L’association avait été créée plusieurs années auparavant avec
les objectifs suivants : « Sur l'air de La Marseillaise, trouver, pour
l'hymne national de la France, des paroles en harmonie avec sa
devise : "Liberté, Égalité, Fraternité", et lutter ensemble jusqu'à leur
adoption officielle. »
Son bureau était ainsi composé :
Président : abbé Pierre.
Vice-présidents : Simone Rozès et Gilbert Trigano.
Secrétaire : Jean Toulat
Secrétaire adjoint : Pierre Lunel.
Trésorier : Jean Imbert.
Photos : - Simone Rozès, première présidente de la Cour de cassation de 1984 à 1988
- Gilbert Trigano, P.-D.G. du ‘Club Méditerranée’
- Pierre Lunel, historien du droit, essayiste aux ‘Éditions du Rocher’ et haut fonctionnaire.
- Jean Imbert, chef cuisinier, animateur de télévision
1992 : l’appel de Jean Toulat
pour une Marseillaise de la fraternité
Jean Toulat (1915-1994), Résistant, prêtre catholique, journaliste,
auteur de plus de 20 ouvrages, écrit en 1992 un livre, préfacé par l’abbé
Pierre, en vue de donner de nouvelles paroles à notre hymne national.
Il est appuyé par les témoignages de nombreuses personnalités, de
Charles Aznavour à Paul-Émile Victor, de Mgr Lustiger au Grand rabbin
Schwob.
« Aucun d’eux, dit-il, n’oserait toucher à une musique exaltante qui
résonne dans le monde comme un symbole de liberté. Mais les paroles ?
Ne sont-elles pas liées à des circonstances du passé ? Continuera-t-on à
pourfendre ces « féroces soldats », ces « despotes sanguinaires », ces
« tigres sans pitié », qui désignent les ancêtres de nos partenaires
européens ? Parler de « sang impur », n’est-ce pas donner une prime au
racisme ? D’autres pays comme la Belgique, l’Allemagne, l’Union
Soviétique, ont su adapter leur hymne national à leur époque. Pourquoi
pas la France, à l’heure du bicentenaire de la Marseillaise ?
La Belgique a montré la voie en pacifiant sa Brabançonne qui,
comme La Marseillaise, avait un goût de sang. »
Photos : Jean Toulat et son livre
Personnalités ayant formulé le souhait
que l'on modifie les paroles de La Marseillaise
suite à l’appel de Jean Toulat
Abbé Pierre, Hélène Ahrweiler, Michel Albert, Graeme Allwright, Roger Auque, Charles
Aznavour, Eve Barre, Pierre Bergé, Charles Berling, André Bettencourt, Marie-Christine
Blandin, Alima Boumedienne-Thierry, Christine Boutin, Dounia Bouzar, José Bové,
Jacques de Bourbon-Busset, Jean-Denis Bredin, Général Georges Buis, Pierre Ceyrac sj,
Général Jean-Loup Chrétien, Bernard Clavel, François de Closets, François Cluzet,
Harlem Désir, Pierre Desproges, Yves Duteil, Soeur Emmanuelle, Claude Estier,
Geneviève de Fontenay, Pr. René Frydman, P. Guy Gilbert, Martin Gray, Benoite Groult,
Philippe Guillaume, Paul Guth, Marek Halter, Gérard Holtz, Robert Hossein, François-
Régis Hutin, Jean Imbert, Dominique Jamet, Jean Jaurès, Geneviève Jurgensen,
Dominique Lapierre, Bernard Lavilliers, Pierre Lunel, Mgr Jean-Marie Lustiger, Pasteur
Jacques Maury, Yves Michaud, Danielle Mitterrand, Bernard Moitessier, Théodore Monod,
Yannick Noah, Pr Claude Olivenstein, Patrick Poivre d’Arvor, Hubert Reeves, Alain Refalo,
Simone Rozès, Mgr Joseph Rozier, Jacques Salzer, Grand rabbin Edmond Schwob,
Jacques Séguéla, Michel Serres, Bernard Stasi, Eric Tabarly, Bernard Tapie, Haroun
Tazieff, Henri Tisot, Gilbert Trigano, Paul-Emile Victor, Michel Vovelle, Dominique Voynet,
Antoine Waechter, Lambert Wilson...
2005 : La Marseillaise
de Graeme Allwright
Graeme Allwright (1926-2020) est un chanteur auteur-
compositeur-interprète franco-néo-zélandais, engagé depuis toujours dans
des combats pour la justice et la paix, membre du comité de parrainage de la
‘Coordination française pour l’éducation à la non-violence et à la paix’.
En 2005, la loi Fillon prescrit l'apprentissage des paroles de La
Marseillaise dans toutes les écoles de France. Jugeant les paroles de la
Marseillaise « belliqueuses » et « sanguinaires », G. Allwright est « choqué »
que l'on puisse enseigner ces « paroles épouvantables » à de jeunes enfants
à l'école. Il réécrit alors de nouvelles paroles pour l'hymne national français,
et en enregistre une version en compagnie de Sylvie Dien.
À 80 ans, il chante sa Marseillaise devant 4 000 personnes enthou-
siastes au théâtre antique de Vaison-la-Romaine, puis dans ses tournées à
travers la France.
« Je crois que cela sera un grand jour pour la France quand on
décidera de changer ces paroles. »
2016 : Un dossier
de la revue Alternatives non-violentes
En mars 2016, la revue trimestrielle Alternatives non-
violentes édite un dossier "Changeons les paroles de La Marseil-
laise".
« Que faire quand l’hymne national est en dissonance
avec les valeurs de la Constitution ? Est-il possible de construire
une nation apaisée sur un chant de guerre ? »
Le dossier s’intéresse aux débats et enjeux liés à la
réécriture des paroles. Il ouvre des pistes pour y parvenir, pour
cheminer collectivement vers une culture de paix.
Catherine Steine, enseignante, analyse ce que célèbrent les
hymnes nationaux, cite les pays qui ont remanié leur hymne pour infléchir
leur image internationale. Elle montre le paradoxe qu’il y a à enseigner ces
paroles à l’école alors que la loi Peillon introduit des "formations à la
prévention et à la résolution non-violente des conflits" dans les Écoles
supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE).
Bernard Girard, professeur d’’histoire-géographie, fait état des
difficultés rencontrées par les enseignants chargés de faire la promotion
des paroles actuelles de l’hymne national.
François Vaillant présente les initiatives passées et actuelles pour
faire changer les paroles de La Marseillaise.
2016 : L’appel pour des paroles ajoutées
à La Marseillaise
En 2016, le Collectif ‘Ajoutons des paroles à la Marseillaise’*
lance un appel :
« La Marseillaise ne nous rassemble plus. Si elle est fortement aimée
par une grande part des Français, beaucoup d'autres refusent de la
chanter, et de l'apprendre dans les écoles, dénonçant la violence de ses
paroles, et en particulier l'appel à faire couler le "sang impur" de l'ennemi.
Or, depuis quelques années, beaucoup préfèrent nier la violence du texte,
prétextant que le "sang impur" serait celui des soldats français donnant leur
vie pour la patrie. Nous dénonçons ce détournement de la réalité
historique, qui ne repose sur aucune source. (…)
Conscients de la nécessité pour nos enfants de chanter un hymne
rassembleur, nous souhaitons que pendant ‘l‘année de La Marseillaise
2016’, voulue par le Président de la République, soit généralisée à la
France entière la proposition de la Ligue de l'Enseignement parisienne,
../..
* Jacqueline Costa-Lascoux , Michèle Gendreau-Massaloux, Roger Fauroux, Claude
Lemesle, Jean-Marie Petitclerc, Christiane Taubira, Jean-Claude Tchicaya, ainsi que le
la ‘Ligue de l'Enseignement 94’, Journal des enfants (JDE), Le Monde des ados, les
‘Éditions Thierry Magnier’, etc.
2016 : L’appel pour des paroles ajoutées
à La Marseillaise
qui propose à tous les collèges et écoles de Paris une réfle-
xion sur les valeurs républicaines et l'écriture de nouvelles
paroles par les élèves.
Nous souhaitons que les Français prolongent les
paroles de Rouget de Lisle avec d'autres paroles, qui expri-
ment, dans un refrain et un ou plusieurs couplets, les valeurs
que les Français souhaitent pour leur République. »
« Cette proposition ne fera que rejoindre la phrase
conclusive du colloque sur La Marseillaise en 2005 à
l'Assemblée Nationale, émise par Jacques Pélissard,
Président de ‘l’Association des Maires de France’ : « Nous
pourrions penser à rajouter des paroles à La Marseillaise, tout
en gardant les paroles actuelles. »
Photo : Jacques Pélissard, membre du parti ‘Les Républicains’, maire de Lons-le-
Saunier de 1989 à 2020, Président de ‘l'Association des maires de France’ entre
2004 et 2014.
Des initiatives nombreuses
et inégales
Les parodies ne manquent pas, y compris dans des variantes militantes
ou comiques qui ne prétendent pas supplanter le chant national : La Marseillaise des
cotillons (1848), La Marseillaise de la Courtille (1792 ?), La Marseillaise agricole
(1798), La Marseillaise électorale (1880), La Marseillaise anticléricale (1881), etc.
Le commandant Christian Guillet, fondateur du site ‘La nouvelle
Marseillaise’, préside l’association éponyme qui « a pour but de défendre le projet de
réforme de notre hymne national français, pour le mettre en adéquation avec l'état
d'esprit de notre démocratie moderne ».
En janvier 2015, à la fin de son discours de vœux, le sénateur-maire de Sète,
François Commeinhes, fait monter sur la scène 42 enfants de l’école Lakanal qui
entonnent un hymne national revu et corrigé.
À Rennes en février 2015, Evelaine Lochu, institutrice bretonne, stupéfaite
d’entendre honorer les victimes de Charlie Hebdo par les paroles de La Marseillaise
dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale et dans les défilés, compose des paroles,
s’adresse au Président Hollande et lance une pétition sur Internet.
Suite sur le diaporama 2 (annexe)
Photos : Les enfants de l’école Lakanal à Sète; Le sénateur-maire de Sète, F. Commeinhes; le
commandant Christian Guillet; la Marseillaise des Cotillons chantée par Rosalie Dubois
Des initiatives pour susciter un débat
Le 11 novembre 2018, devant un des deux monuments aux
morts de la commune de Montmélian (Isère), l'harmonie municipale joue
La Marseillaise qui n’est pas chantée. Vingt minutes plus tard, devant le
deuxième monument de la commune, en présence de 250 personnes et
de la gendarmerie et après introduction par Mme la Maire, le chef
d'orchestre joue La Marseillaise deux fois : la première, pour accompa-
gner un enfant chantant au micro les paroles de Graeme Allwright ; la
seconde fois, avec les mêmes paroles, distribuées au public, reprises
par tous ceux qui le souhaitent.
En 2020, Patrick Pauwel propose une campagne citoyenne
pour faire changer les paroles de l’hymne national : il s'agit d'inciter des
Français (élèves dans les écoles, citoyens dans les cérémonies, etc.) à
chanter « Lalalala lala lala lala / Lala lala la lalala, etc. » sur l’hymne de
La Marseillaise ou à en siffloter l’air, aussi fort que ceux qui chantent les
paroles.
Photo du haut : un des monuments aux morts de Montmélian
Exemples de nouvelles paroles
Des personnalités comme Jacques Chaban-Delmas ou Bernard
Clavel ont regretté à juste titre que les paroles alternatives proposées pour
La Marseillaise soient souvent mièvres ou fades, raison pour laquelle on
hésite à changer les paroles actuelles.
Voici quelques propositions de valeur inégale, en écriture
phonétique collant à la mélodie, volontairement présentées de façon
anonyme par l’auteur de ce diaporama.
Demandons à nos dirigeants d’organiser un concours et/ou d’orga-
niser un conclave de poètes, d’intellectuels et d’hommes politiques, chargé
de rédiger le nouveau texte qui ait de la consistance, de la puissance et de
la vigueur.
Quand tes parents ont fui la gue.er.re, / la peur, la misère ou la faim,
en partant ont laissé derriè.re, / famille et amis et voisins /
la famille, les amis, les voisins.
Un au.tre pays, c'est une chan.ce. / Si tu veux, tu pourras de.main
Entrer et pren.dre par la main / tous ceux qui sont déjà dans la dan.se
R : É.ga.li.té, / Fra.ter.ni.té /
Au fond du cœur, j’ai trois cou.leurs / qui font la Liberté.
Afin ne pas influencer le lecteur dans sa capacité de critique, critique bien
nécessaire…, les photos d’auteurs de paroles présentées sur chaque diapo ne
correspondent pas aux paroles figurant sur la diapo.
Photo du haut : Tempête de cerveaux, en anglais brainstorming
Photo du bas : Evelaine Lochu.
Exemples de nouvelles paroles
Venez les zenfants de la Fran.an.ce / venez chanter la liberté
dans le ciel couleur d’espéran.ce / un soleil brillant s’est levé
Le soleil de la fra.ter.nité.
Dans no.tre cœur bat notre histoi.re / où brillent les Lumières et la gloire
Assez d’injustices et de peurs, / c’est à nous de bâtir le bonheu.ur !
R : Hourra ! Voici l’espoir, / le chant de la victoire !
Marchons, marchez, la liberté / éclaire le monde entier.
De l'universel.le patri.i.e, / pui.sse venir le jour rêvé !
De la paix, de la paix chérie / le rameau sauveur est levé,
e rameau sau.au.veur est levé !
Et l’on verra à nos frontiè.res / les peu.ples se tendant les bras,
clamant : « Il n'est plus de soldats ! / Soyons u.nis, nous som.mes frè.res ! »
R : Plus d'armes, citoyens ! / Rompez vos bataillons !
Chantez, chantons, et que la paix / rè.gne sur nos nations !
Photos : Paul Robin, Gérard Delahaye,
Exemples de nouvelles paroles
Citoyens de no.tre patri.i.e / nous disons no.tre volonté
d’affermir la démocrati.e, / de promouvoir la liberté,
et de com.bat.tre les pauvretés.
Au nom des valeurs de la Fran.ce*, / marchons ensem.ble dans les pas
de ceux qui menaient le combat / de la dignité, de l’espéran.ce !
R : Debout, les citoyens ! / L’huma.nisa.ti.on
en France et dans le monde entier : / voilà notre ambition !
* variantes : Citoyens d’Europe et de Fran.ce
Citoyens du monde et de Fran.ce
Sous les plis du drapeau de Fran.ce
Citoyens, au nom de la Fran.ce
Au nom de l’histoi.re de Fran.ce
Images : Rouge et de Lille, Rougets de l’île (pseudo d’un auteur)
Suite sur le diaporama 2 (annexe)
La fête nationale
Histoire de la fête nationale
Le 14 juillet 1789, au bout de 7 heures de siège qui ont
causé une centaine de morts parmi les assaillants, les insurgés
parisiens prennent la Bastille*. La forteresse symbolise l’arbitraire
royal, mais elle est surtout un dépôt de poudre, et accessoirement
une prison.
Le 14 juillet 1790, jour anniversaire de la prise de la Bastille,
a lieu au Champ de Mars la Fête de la Fédération. Elle regroupe
100 000 personnes, en présence de Louis XVI qui prête serment à
la nation et à la loi, avec messe et Te Deum.
Le 6 juillet 1880, le 14 juillet devient officiellement jour de la
fête nationale française en mémoire de la Fête de la Fédération.
* Le gouverneur de la Bastille, Bernard-René Jordan de Launay, négocie l'ouverture
des portes sur la promesse des assiégeants qu’aucune exécution n’aura lieu après la
reddition. Il sera peu après massacré, et sa tête exposée au bout d'une pique. La Révo-
lution commence mal… Cela, sans parler de la Terreur et de la répression en Vendée en
1793, n’a pas vraiment incité les souverains des royaumes voisins en Europe à voir d’un
œil favorable la Révolution française…
Images : La prise de la Bastille
La fête de la Fédération sur le Champ de Mars à Paris
Histoire de la fête nationale
Le député Benjamin Raspail (1823-1899, ) dépose en mai 1880
une proposition de loi tendant à adopter le 14 juillet comme jour de fête
nationale annuelle. La loi du 6 juillet 1880 fait du 14 juillet, férié, le jour
de la fête nationale de la République.
Depuis 1790, dans son aspect officiel, cette fête a surtout été l’occasion de
défilés militaires, de réceptions à l’Élysée, dans les préfectures de la métropole et dans
les ambassades à l’étranger,
et dans son aspect populaire, de ‘banquets républicains’, de jeux collectifs, de
bals populaires au son des fanfares, de retraites aux flambeaux et de feux d’artifice.
Image du haut : Benjamin Raspail
Les défilés militaires
le jour de la fête nationale
Il est normal et nécessaire de célébrer à l’occasion de la
fête nationale les soldats engagés au service de leur pays.
Saluons les initiatives nouvelles : les organisateurs invitent
maintenant des unités de troupes armées de pays amis à défiler
aux côtés des armées françaises.
Saluons aussi l’introduction des civils dans le défilé : pom-
piers, policiers, douaniers, gardiens de prison, etc.
En raison de la crise sanitaire, la célébration du 14 juillet
2020 a permis de rendre hommage aux personnes engagées dans
la lutte contre la Covid-19, et particulièrement aux infirmières.
Mais les générations futures seront probablement étonnées
que, pendant des décennies, les défilés militaires, en France et
dans bien des pays du monde, aient pris une place aussi impor-
tante dans la célébration de la fête nationale.
Images : La Patrouille de France, les élèves de l’École militaire de St Cyr Coëtquidan,
la Garde Républicaine
« Démonstrations guerrières » ?
Dès 2010, des élus ‘verts’ de Paris proposent de supprimer
le défilé militaire du 14 juillet et d'affecter une partie des écono-
mies réalisées à l'organisation de rassemblements populaires, à
Paris et dans toute la France.
Sylvain Garel, président du groupe ‘vert’ au sein du Conseil
de Paris, déclare alors que « le défilé du 14 juillet mobilise chaque
année sur les Champs-Élysées des milliers de militaires, des
centaines de véhicules, des dizaines d'aéronefs et des millions
d'euros », précisant que la France « gagnerait à quitter le sinistre
peloton des pays organisant des démonstrations guerrières le jour
de leur fête nationale, dont la plupart sont des dictatures ».
Photos : Défilé militaire à Paris,
à Moscou (Russie),
à Pyongyang (Corée du Nord)
à Pékin (Chine)
« Le jour viendra
où la fête nationale ne sera plus seulement militaire »
Invité par le président de la République à la réception
annuelle de la fête nationale du 14 juillet 1988 au palais de
l'Élysée, Théodore Monod lui a répondu ces mots savoureux :
« Je tiens à m’excuser de ne pouvoir assister à la
réception du 14 juillet à laquelle vous avez bien voulu m’inviter.
Je continue à nourrir le vivant espoir que le jour viendra
où la fête nationale ne sera plus seulement militaire et verra
défiler aussi les bûcherons, les cheminots, les mineurs, les
instituteurs, les infirmiers, et plus uniquement les hommes de
guerre.
Dans l’attente de ces temps nouveaux où, de plus, le
refrain de notre hymne national ne sera plus sanguinaire et
raciste, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Prési-
dent, l’expression de ma haute considération. »
Faire évoluer la célébration
de la fête nationale
Pour notre fête nationale, et en plus des défilés (incluant des
militaires, des fonctionnaires non-militaires et des civils, par exem-
ple des élus, des équipes sportives, des enfants des écoles, etc.),
organisons des manifestations festives, sportives et culturelles*,
y compris européennes et internationales.
Par exemple, des spectacles réalisés par les enfants des
écoles, des manifestations sportives inter-villes, des spectacles
musicaux ou théâtraux, la présentation d’œuvres artistiques
retenues à l’issue d’un appel à projets sur le thème de la paix et du
développement durable.
* Des opérations ‘portes ouvertes’ sont organisées dans les services publics à
l’occasion des ‘Journées du patrimoine’ en septembre pour rapprocher les administrations
et les citoyens.
Photos à droite : chorégraphies de Philippe Decouflé pour les Jeux olympiques
à Albertville, février 2014
Désacraliser la violence
et la guerre
Une telle évolution des mentalités est possible. Elle se constate
sur de nombreux monuments aux morts* en France qui, en plus d’honorer
la mémoire des soldats morts durant les guerres, dénoncent la folie de la
guerre, honorent les veuves, les orphelins, les parents de soldats morts
au combat, les ‘Malgré nous’, les ‘fusillés pour l’exemple’.
Certains monuments aux morts proclament « Que maudite soit
la guerre ! »**, « Si tu veux la paix, prépare la paix ! »* ou encore « Aux
enfants de Lezoux* victimes de la guerre. À ceux qui ont combattu pour
l’abolir »
Elle se traduit par la décision de faire entrer au Panthéon la
dépouille de Maurice Genevoix (E. Macron, 2020).
* notamment à Arcachon, Commentry, Équeurdreville, Forêt du Temple, Gentioux, Fismes, Lodève,
Le Caylar, Lezoux, Ollioules, Primelin, Saint Martin d’Estréaux, Strasbourg, Suippes.
Photos : Monuments aux morts de Lodève (Hérault), de Gentioux (Creuse) et d’ Équeurdreville
(Manche). Sur la photo du bas, le monument au morts de Suippes (Marne) honore les 4 caporaux
de Souain, fusillés pour l’exemple en mars 1915 et réhabilités en 1934.
** à Équeurdreville, Gentioux; * à St Martin d’Estréaux (Loire) * Lezoux est une commune du
Puy-de-Dôme. Le 6 avril 2019, à Chauny, dans l'Aisne, a été inauguré le premier monument dédié
aux soldats "fusillés pour l'exemple". Le monument, très émouvant, met en scène quatre poilus de
deux mètres de haut.
Désacraliser la violence étatique
et dénoncer l’obéissance servile
L’évolution des mentalités se constate aussi par
- la réhabilitation du capitaine Alfred Dreyfus (Cour de cassation,
1906),
- la repentance de l’État français pour la persécution des Juifs et la
‘rafle du Vel d’Hiv’ (J. Chirac, 1995),
- l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français (loi
Morin, 2010)
- la repentance de l’État français pour la sanglante répression
française au Cameroun dans les années 1950-60 (F. Hollande,
2015),
- la reconnaissance de la responsabilité de l’armée française dans la
torture et la mort de Maurice Audin pendant la guerre d’Algérie (E.
Macron, 2018),
- ou par la mission confiée à Benjamin Stora d’une mission sur « la
mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie » (E. Macron,
2020).
Images : Dégradation militaire d’Alfred Dreyfus en janvier 1895; rafle du
Vélodrome d’hiver en juillet 1942 ; livre de Thomas Deltombe et al.; Maurice Audin (1932-1957)
"Nos vils ennemis"
Bien sûr, ces changements à venir dans les paroles de
l’hymne national ou dans les festivités du 14 juillet sont indissociables
de changements profonds dans la politique du pays et dans les
habitudes des citoyens.
Nos ennemis aujourd’hui dans le monde, « nos vils enne-
mis » dont parlait Antoine Pessonneaux, ce sont le changement
climatique, la baisse de la biodiversité, la course aux armements, le
fanatisme et l’intégrisme religieux, l’accaparement des ressources, le
nationalisme, le racisme et la xénophobie.
Ce sont le sous-développement et la destruction des
écosystèmes par un système économique fondé sur les dogmes de la
compétition à outrance et de la croissance illimitée.
Ce sont la misère, la maladie, l’exclusion,
l’avidité, le gigantisme, l’évasion fiscale.
Photos : armes nucléaires, pollution plastique, bidonvilles, élevage industriel,
paradis fiscaux, flagellation dans le cadre de la charia, ostentation.
Repenser la défense…
Parmi ces changements, il importe de préparer une vraie
défense qui ne soit pas illusoire comme l’est actuellement la dissuasion
nucléaire, inefficace, dangereuse, immorale, antidémocratique, ruineuse
et surtout démobilisatrice, car reposant sur un seul homme. *
Ceci implique le respect par la France de ses obligations dans le cadre de l’article
6 du TNP et son adhésion au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).
1) une défense conventionnelle européenne et une force europé-
enne d’intervention extérieure face au terrorisme (du type Daech ou
Boko Haram) et aux dictatures.
2) une défense civile non-violente**. Celle-ci repose sur la non-
collaboration (économique, politique, psychologique) préparée et
organisée, de toute la population face à un agresseur extérieur ou à un
régime dictatorial en interne, combinant la résistance des autorités
légitimes et celle de toutes les forces vives d’un pays.
Photos - La brigade franco-allemande; Le renversement de la dictature de Ferdinand Marcos
par le peuple philippin en 1986 : la foule bloquant les chars; Le livre de C. Mellon J.-M. Muller-
Sémelin (éd. FEDN, 1985) suite une commande du ministre de la défense Charles Hernu.
* voir https://www.irnc.org/IRNC/Actualites/IRNC/2734
** voir https://www.irnc.org/IRNC/Diaporamas/333
…et la politique étrangère
Notre politique étrangère doit être dynamique et même
offensive sur le respect des droits humains, impliquant notam-
ment
- l’envoi de corps d’intervention civile de paix, entre autres
des équipes européennes, dans les pays en conflit : observation
des violations des droits de l’homme, protection des personnes
menacées, interposition, médiation, aide à la recherche d’une
solution politique pacifique au conflit;
- les sanctions économiques (embargo, boycott, etc.);
- le soutien actif aux organisations démocratiques qui
résistent dans les pays totalitaires.
Photos :
- Un intervenant civil de Peace Brigades International (PBI)
- Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS) pour contraindre Israël à cesser
l’occupation militaire de la Palestine et la violation des droits humains
- Liu Xiaobo, universitaire chinois, prix Nobel de la Paix en 2010
- Ilham Tohti, universitaire ouïghour, prix Sahharov du Parlement européen en 2019.
Les défis de l’humanité
Il est nécessaire et urgent de créer des conventions et des
instances internationales pour contrôler le système financier, pour mettre
en place un contrat mondial sur les ressources.
De définir une éthique des développements scientifiques et techno-
logiques, les priorités de la recherche.
De revaloriser le rôle des Parlements, que ce soit à l’échelle de la
nation, des continents, du monde, d’inventer de nouvelles formes de
délibération.
Et surtout de créer une société civile mondiale, garante d’une
conscience morale planétaire.
La culture, les hymnes, les fêtes et manifestations du vivre-
ensemble, surtout à l’échelon européen et international, créent de la
cohésion, du lien et du sens. Ils sont de puissants moyens pour aider les
personnes et les groupes à relever ces défis.
■

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Fête nationale et Marseillaise. — 01. Diaporama principal

  • 1. 2 diaporamas Quelle Marseillaise et quelle fête nationale ? 1- Diaporama principal Étienne Godinot .17.01.2024
  • 2. Quelle Marseillaise et quelle fête nationale ? Diaporama n° 1 Sommaire La Marseillaise La conférence de presse de M. Macron le 16 janvier 2024 Histoire de La Marseillaise. Le ‘couplet des enfants’ Extraits des paroles de La Marseillaise L’idéalisation et la remise en cause des paroles. Les hymnes nationaux dans le monde Les appels pour de nouvelles paroles de La Marseillaise Les diverses initiatives : paroles ajoutées, air fredonné sans ses paroles, etc. Exemples de nouvelles paroles pour La Marseillaise La fête nationale Histoire de la fête nationale L’importance des défilés militaires dans la célébration du 14 juillet Faire évoluer la célébration de la fête nationale ? Désacraliser la violence, repenser la défense et la politique étrangère. Photos : - ‘La Marseillaise’ ou ‘Le départ des volontaires de 1792’, haut-relief monumental en pierre, sculpté par François Rude entre 1833 et 1836, situé sur la façade est du piédroit nord de l‘Arc de Triomphe de l'Étoile. - ‘La Marseillaise’, par Alfred Marzolff (1867-1936), à côté de l'hôtel de ville de Strasbourg.
  • 3. Quelle Marseillaise et quelle fête nationale ? Sources : - Revue trimestrielle Alternatives non-violentes, n° 178, mars 2016; - Pour une Marseillaise de la fraternité, Jean Toulat, éd. Axel Noël, 1992, 162 p; - Courriels avec les personnes et associations engagées dans cette cause; - Recherches sur Internet, notamment Wikipédia - "Quelle fête nationale et quelle Marseillaise ?", É. Godinot, La Croix, 13-14 juillet 2010 Observation : Les images présentées dans les diaporamas m’ont été fournies par des sources diverses. Ne pouvant pas m’assurer qu’elles ne sont pas soumises au régime des droits d’auteur, je prie leurs ayants-droits éventuels de me préciser s’ils souhaitent qu’elles soient retirées.
  • 4. La conférence de presse de M. Macron Lors de sa conférence de presse le 16 janvier 2024, le président Emmanuel Macron a dit vouloir remettre l'école au coeur de la nation et de la formation de l'esprit républicain, refondre l'instruction civique, instaurer des cérémonies de remise des diplômes, expérimenter l’uniforme dans 100 établissements scolaires volontaires. Il a insisté sur l'importance pour les plus jeunes de connaître l'histoire de la nation, des institutions et les grands textes. « Une nation, a t-il aussi déclaré, c'est quelque chose de spirituel qui nous dépasse. Il faut retrouver le sens du symbolique et La Marseillaise en fait partie. (…) L'école primaire, c'est là où on apprend à compter, à écrire, à lire, aussi à se comporter. C'est là où on apprend des valeurs. Je suis tout à fait totalement favorable à ce qu'on apprenne La Marseillaise au primaire. C'est même indispensable parce que c'est ce qui nous unit, c'est le fruit de notre histoire. »
  • 5. Quelle Marseillaise à l’école ? Chanter l’hymne national à l’école, pourquoi pas, si cet hymne célébrait la démocratie, « la liberté, l’égalité et la fraternité », la République « indivisible, laïque, démocratique et sociale », selon les termes de la constitution de la Vème République. Pourquoi pas, si l’hymne national fustigeait le nationa- lisme et la discrimination, honorait le combat non-violent pour la paix entre les peuples et la préservation de notre planète, encourageait la marche de l’humanité vers plus de justice, de liberté et de concorde. Mais faire chanter aux enfants en 2024, dans un pays moteur de l’Union européenne, des paroles de guerre, de sang et de haine, même en expliquant le contexte historique de La Marseillaise en 1792, cela est totalement anachronique et véritablement scandaleux et choquant.
  • 6. Histoire de La Marseillaise Le ‘Chant de guerre pour l’armée du Rhin’ est composé le 25 avril 1792 par Claude-Joseph Rouget de Lisle (1760-1836), poète et violoniste amateur, capitaine du bataillon ‘Les enfants de la patrie’ en garnison à Strasbourg. Il est d’abord chanté dans la capitale alsacienne puis dans diverses villes de France. Le 22 juin 1792 à Marseille, le chant est interprété par le jeune docteur François Mireur (1770-1798), debout sur une table, et vivement acclamé. Les journaux marseillais en publient les paroles et la musique. Les fédérés marseillais, unis au bataillon de Montpellier, participent le 10 août 1792 à l’insurrection du Palais des Tuileries en chantant ce chant de guerre, appelé dès lors La Marseillaise. Le ‘Couplet des enfants’ est ajouté en octobre 1792 probablement par Antoine Pessonneaux. Le 14 juillet 1795, ce chant est décrété hymne national. Images : - Rouget de Lisle - Rouget de Lisle chantant le ‘Chant de guerre pour l’armée du Rhin’ à Strasbourg - Buste de François Mireur, devenu général de brigade et décédé pendant la campagne d’Égypte.
  • 7. Histoire de La Marseillaise Du Consulat à la IIème République Le caractère révolutionnaire de l’hymne le rend suspect à bien des régimes. Ainsi, le Consulat et l'Empire l'interdisent purement et simplement. S'il n'y a pas d'hymne officiel, alors, Napoléon Bonaparte utilise souvent la Marche Consulaire à Marengo (que chante encore la ‘Légion étrangère’ lors des défilés officiels) ou le Chant du Départ ("La victoire ren chantant nous ou.vre la barriè.re"), hymne de sacrifice qui sera remis à l'honneur en 1974 par les partisans de Valéry Giscard d'Estaing. Lors de la Restauration, les Bourbons rejettent avec effroi ce chant qui est interdit. Logiquement, lors de la Révolution de juillet 1830, la Marseil- laise résonne sur les barricades. La IIème République, née de la révolution de 1848 mais aussi de la répression de l'insurrection ouvrière de juin 1848, lui préfère le Chant des Girondins ("Mourir pour la Patrie, c’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie"). Cette chanson souligne la volonté de la nouvelle République de se distinguer de la Première et de la terreur jacobine.
  • 8. Histoire de La Marseillaise Du second Empire à la 2ème Guerre mondiale Le Second Empire interdit à nouveau La Marseillaise et fait du chant Partant pour la Syrie le nouvel hymne national. Ce chant, dont la musique est attribuée à Hortense de Beauharnais, mère de Napo- léon III et compositrice, date de l'expédition d'Égypte de Bonaparte en 1798 et souligne à la fois l'héritage du Premier Empire et l'ambition mondiale de Napoléon III. Pendant la période du régime de Vichy, La Marseillaise est remplacée par le chant Maréchal, nous voilà ! En zone occupée, le commandement militaire allemand interdit de la jouer et de la chanter à partir de juillet 1941. La Marseillaise n’est pas supprimée en zone sud*. Elle est associée dans les manifestations officielles, et à la radio, à la chanson Maréchal, nous voilà ! * Sur les 59 cérémonies du régime de Vichy étudiées par Nathalie Dompnier, on dénombre 73 Marseillaise jouées pour 15 Maréchal, nous voilà ! L’enjeu de ces exécutions (simplement musicales ou avec paroles) pour le régime de Vichy est alors clair : conserver La Marseillaise afin que la Résistance française ne se l’approprie pas seule…
  • 9. Histoire de La Marseillaise De nos jours Depuis 2003 existe un délit d'outrage à l'hymne national, et, depuis 2005, une obligation d'enseigner le premier couplet à l'école. Le moins qu’on puisse dire est que le paroles de l’hymne national à faire apprendre et chanter par les "petites têtes blondes" n’enchantent pas les enseignants. Certains font chanter d’autres paroles ou se bornent à faire écouter la musique. Ce chant - qui fut aussi, brièvement, celui de la Russie bolchevique après la révolution d'octobre 1917 - reste une référence à laquelle les Français demeurent attachés et qui est devenu un symbole du pays à l'étranger. Images : - Les paroles de La Marseillaise pour les enfants des écoles - La Marseillaise (russe) des Travailleurs, Рабочая Марсельеза ou Rabotchaya Marselyeza, très populaire pendant la Révolution russe de 1905, est utilisée comme hymne par le gouvernement provisoire de 1917 jusqu'à son renversement lors de la Révolution d'Octobre. L'hymne est conservé un petit moment par les Soviétiques en même temps que L'Internationale, puis supprimé en 1918.
  • 10. Une mélodie qui fait partie du patrimoine culturel de l’humanité La mélodie de La Marseillaise, plus que ses paroles, fait partie de l’histoire de la France et de l’humanité. Elle a été chantée en russe, espagnol, en chinois, transcrite au violon par Stravinsky, interprétée par Édith Piaf, Mouloudji, Johnny Haliday, Michel Sardou, par Mireille Mathieu avec les chœurs de l’Armée rouge, par Jessye Norman pour la célébration du bicentenaire de la Révolution (1989), etc. On peut et on doit changer les paroles, mais la mélodie fait partie de notre patrimoine culturel. En outre, selon une étude faite par deux musicologues, l’air entraînant de La Marseillaise, le fait que le public puisse chanter à pleins poumons sans crainte de se tromper, rendent particulière- ment accessible ce chant national. Ces chercheurs ayant comparé six hymnes nationaux sur la base d’une trentaine de variables (effort vocal requis, longueur des strophes, vocabulaire, etc.), il s'avère que La Marseillaise se distingue par sa facilité à être chantée. Photo du milieu : Mireille Mathieu avec les chœurs de l’Armée rouge
  • 11. Histoire des paroles de la Marseillaise Aux 6 couplets écrits par Rouget de Lisle ont été ajoutés l'actuel couplet des enfants, écrit par Louis du Bois ou par l'Abbé Pessoneaux, et 8 autres couplets d'origine inconnue. Le 8ème couplet, jugé déiste, est enlevé dès 1792 par le ministre de la Guerre. Après son adoption comme hymne national en 1879, le ministère de la Guerre remanie le texte et la mélodie en 1887, conserve les 6 couplets de Rouget de Lisle et écarte les autres, à l'exception du 7ème. Beaucoup plus pacifistes, et parfois déistes, ces couplets 8 à 15 vantaient l'Égalité, le patriotisme et l'universalisme. Très curieusement, nul n'en connaît le ou les auteurs - y compris la Bibliothèque Nationale - alors que pour le seul couplet 7, il y a au moins deux revendications. Photo : Le général Georges Boulanger, ministre de la Guerre en 1887
  • 12. Extraits des paroles de La Marseillaise Allons zenfants de la Patri.i.e* le jour de gloire rest arrivé. Contre nous de la tyranni.e l'étendard sanglant test levé, l'étenda.ard sanglant test levé. Entendez-vous dans les campa.gnes mugir ces féro.ces soldats ? Ils vien.nent jusque dans vos bras, égorger vos fils et vos compa.gnes ! Refrain* : Aux zar.mes citoyens ! Formez vos bataillons ! Marchons, marchons, Qu'un sang qimpur abreu.ve nos sillons ! Que veut cette horde d'esclaves de traîtres, de Rois conjurés ? Pour qui ces ignobles entraves, ces fers dès longtemps préparés? (bis) * Le 1er couplet et le refrain sont ici écrits phonétiquement pour coller à la mélodie
  • 13. Un langage guerrier et vengeur Quoi ! des cohortes étrangères feraient la loi dans nos foyers ? Quoi ! ces phalanges mercenaires terrasseraient nos fiers guerriers ? (bis) Grand Dieu ! Par des mains enchaînées nos fronts sous le joug se ploieraient ? De vils despotes deviendraient les maîtres de nos destinées ? Tremblez, tyrans et vous perfides l'opprobre de tous les partis ! Tremblez ! Vos projets parricides vont enfin recevoir leurs prix ! (bis) La France, "pays des droits de l’homme" dont le 3ème mot de la devise est "Fraternité", affiche aujourd’hui dans son hymne national un langage guerrier et vengeur qui décrit un ennemi diabolique : « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! », le sang des « féroces soldats », de « cohortes étrangères », de « hordes mercenaires » aux ordres d’une « horde d’esclaves, de traîtres », de « vils despotes* », de « tyrans perfides* », de « tigres qui, sans pitié, déchirent le sein de leur mère », attaquant des Français « guerriers magnanimes ». * l’empereur d’Autriche, allié à la France depuis 1756, et le populaire roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, mécène de Boccherini, Mozart et Beethoven.
  • 14. Le ‘couplet des enfants’ Rouget de Lisle n’ayant écrit que 6 couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7ème couplet, le ‘couplet des enfants’, reste inconnu. Pour plusieurs auteurs, il est d’Antoine Pessonneaux (1731-1835), prêtre acquis aux idées nouvelles et revenu en 1792 à l’état laïc. Celui-ci, jugeant que le texte était incomplet puisqu'il n'évoquait pas les nouvelles générations, s’est probablement inspiré de la chanson de geste moyenâgeuse de Girard de Vienne. Son couplet se termine ainsi* : « Enfants, que l’Honneur, la Patri.i.e fas.sent l’objet de tous nos vœux ! Ayons toujours l’â.me nourri.e des feux qu’ils zinspi.rent tous deux des feux qu’i.ils inspi.rent tous deux ! Soyons zunis ! Tout test possi.ble : Nos vils zenne.mis tombe.ront. Alors les Français cesse.ront De chanter ce refrain terri.ble : Aux zar.mes, citoyens !, etc. » * Écriture phonétique pour coller à la mélodie
  • 15. L’idéalisation et la remise en cause des paroles de La Marseillaise dans l’histoire Victor Hugo : La musique, c'est la puissance. Cette Marseillaise, voyez-vous, c'est un projectile. Il s'agit de jeter bas le vieux monde. La Marseillaise part, tonne, et frappe. Il s'agit de délivrer, de sauver, de régénérer, d'écraser toutes les bastilles, d'abolir toutes les exploita- tions, de délier l'esclave, de racheter le pauvre, d'anéantir tous les despotismes, le despotisme de l'or comme le despotisme du dogme. (…) Voyez-vous ces horizons qui resplendissent ? Voyez-vous l'immense porte entrebaillée de l'avenir ? Plus de tyrannie, plus d'ignorance, plus d'indigence. Plus de prostitution pour la femme. Plus de servitude pour l'homme. Le genre humain était couvert de chaînes, ce chant les dissout. Plus de pourpres en haut, mais plus de haillons en bas. Fraternité. Parmi les défenseurs des paroles de La Marseillaise, notre ami Edgar Morin, dans son article "Universelle Marseillaise" (Le Monde, 16 mai 2014) commente 7 couplets qui ne font pas partie de la version officielle, n’ont pas été écrits par Rouget de l’Isle et ne sont pas chantés lors des évènements officiels.
  • 16. L’idéalisation et la remise en cause des paroles de La Marseillaise dans l’histoire Alphonse de Lamartine : « Ma patrie est partout où rayonne la France, / où son génie éclate aux regards éblouis ! / Chacun est du climat de son intelligence. / Je suis concitoyen de tout homme qui pense : la vérité, c’est mon pays ! (…) Roule libre et paisible entre ces fortes races / dont ton flot frémissant trempa l’âme et l’acier. (…) Vivent les nobles fils de la grave Allemagne ! / Le sang-froid de leurs fronts couvre un foyer ardent. (…) Et vivent les essaims de la ruche de France (…) Et que les sept couleurs qui teignent nos bannières, / arc-en-ciel de la paix, serpentent dans tes eaux ! » (La Marseillaise de la paix, ode au Rhin) Jean Jaurès : «Je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du "sang impur" ? "Qu'un sang impur abreuve nos sillons !", l'expression est atroce. Dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ? » Pierre Chaunu : « Je suis navré, mais en 1792 c'est pas comme ça que ça s'est passé, parce que c'est nous qui avons déclaré la guerre... Je ne puis m’empêcher de rapprocher ces deux actes déments : la provocation à l’Europe de 1792 et la provocation à la Vendée de mars 1793. Ces deux gestes paranoïaques procèdent de la même logique, la logique du dévoilement. » Suite sur le diaporama 2 (annexe)
  • 17. La remise en cause des paroles de La Marseillaise aujourd’hui Chanter ces paroles guerrières tout en tenant la main de nos amis européens, à quoi cela ressemble-t-il ? Ce sont leurs ancêtres qui sont désignés comme « les féroces soldats » ou les « tyrans perfides » qu’il faut combattre. Apprécierions-nous que l’hymne national allemand ou italien, aujourd’hui, appelle à la résistance contre les armées conquérantes de Louis XIV ou de Napoléon Ier ? Chanter « Aux armes, citoyens ! (…) Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! » dans les stades, est-ce bien dans l’esprit des rencontres sportives, qu’elles soient ou non internationales ? « Pour moi, un match de foot, c’est un jeu et pas la guerre. “Aux armes, citoyens !” : je n’arrivais pas à chanter ces paroles avant une rencontre. » Michel Platini Images : Un match au ‘Racing Club de Lens’ Après un match France-Brésil Michel Platini
  • 18. Les hymnes nationaux dans le monde Les hymnes nationaux, généralement des chants patriotiques choisis par les gouvernements, sont souvent issus de circonstances historiques. Parmi les plus guerriers, l’hymne français, La Marseillaise, les hymnes d’Italie, de Cuba, du Mexique, du Vietnam. La grande majorité des hymnes nationaux, surtout depuis 1945, est pacifique et célèbre la beauté du pays, l’amour de la patrie. Les plus pacifiques sont ceux de la Suisse, du Québec, du Chili, de l’Estonie. Le livre de Jean-Marc Cara Le concert des nations, étudie 198 hymnes nationaux. Qu'ils comportent 158 strophes (Grèce) ou aucune parole (Espagne), qu'ils soient l'œuvre de poètes inconnus (Léopold Sedar Senghor pour le Sénégal) ou d'illustres inconnus, les hymnes occupent une place de choix dans le coeur des hommes et dans l‘histoire. Ils chantent à l'unisson l'amour de la mère patrie, la fierté des peuples à se construire, mais aussi leurs combats, leurs sacrifices, leurs chaos, leurs croyances. En un mot, leur identité. Photo du bas : des jeunes Chiliens chantent leur hymne national
  • 19. Extraits de quelques hymnes nationaux dans le monde Suisse : Sur fond rouge, la croix blanche / symbole de notre alliance / signe de paix et d’indépendance / Ouvrons notre cœur à l’équité / et respectons nos diversités / À chacun la liberté dans la solidarité / Notre drapeau suisse déployé / symbole de paix et de liberté. Québec : Le temps qu'on a pris pour dire "Je t'aime" / c'est le seul qui reste au bout de nos jours / Les vœux que l'on fait, les fleurs que l'on sème / chacun les récolte en soi- même / Aux beaux jardins du temps qui court / Gens du pays, c'est votre tour / de vous laisser parler d'amour Chili : La lutte sanglante a pris fin / L'envahisseur d'hier est désormais un frère / De trois siècles nous avons lavé la honte / en combattant au champ d'honneur / Celui qui hier se pliait à l'esclavage / aujourd'hui, est enfin libre et triomphant / La liberté est l'héritage des braves / La victoire s'incline à ses pieds. Estonie : Ma patrie, mon bonheur et ma joie /Comme tu es belle ! /Je ne trouverai jamais ici, / dans ce grand et vaste monde / quelque chose qui me soit aussi cher/ que toi, ma patrie ! /Tu m'as donné la vie / et tu m'as élevé / Toujours je te remercierai / et je te resterai fidèle jusqu'à la mort / Tu es ce que j'aime le plus / ma chère patrie ! Russie : Russie est notre puissance sacrée / Russie est notre pays bien-aimé / Forte volonté, grande gloire / Sont ton héritage à jamais ! / Sois glorieuse, notre libre Patrie / alliance éternelle de peuples frères ! / Sagesse populaire transmise par nos ancêtres ! / Sois glorieux, notre pays ! / Nous sommes fiers de toi ! Suite sur le diaporama 2 (annexe)
  • 20. Les appels pour d’autres paroles de La Marseillaise 1989 : L’autre appel de l’abbé Pierre Henri Grouès (1912-2007) de son nom de Résistant l’abbé Pierre, n’a pas seulement lancé le célèbre appel du 1er février 1954 pour le logement des sans-abri. Le 10 septembre 1989 au Zénith, lors de l’émission de TF1 "J’y crois dur comme Terre", l’animateur Patrick Poivre d’Arvor (surnommé PPDA) avait réuni une dizaine de scientifiques (Alain Bombard, Haroun Tazieff, Hubert Reeves, Jean-Marie Pelt, etc.) pour se pencher sur l’avenir de notre planète. L’abbé Pierre* avait été invité comme "témoin de la fraternité". PPDA racontera dans Le Journal du Dimanche : « Il me prend le bras pour me dire qu’il va mal. Je sens la lassitude dans ses yeux, presque l’envie de jeter l’éponge. Et c’est ce fantôme que je vois se dresser quelques minutes plus tard face au public avec une impres- sionnante force dans la voix. Le vieil abbé fragile réussit à soulever la salle d’enthousiasme. » ../.. * L’abbé Pierre a lancé le même appel devant 2000 travailleurs sociaux dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à l’occasion du bicentenaire de la Révolution.
  • 21. L’association ‘Pour une Marseillaise de la fraternité’ L’abbé Pierre venait de proposer que La Marseillaise soit réécrite sans appel aux armes, ni « féroces soldats », ni « sang impur », avec seulement des paroles de paix et d’espoir. Cette émission a un impact si important dans l’opinion publique que le vieil abbé et l’écrivain Jean Toulat relancent leur association ‘Pour une Marseillaise de la fraternité’. L’association avait été créée plusieurs années auparavant avec les objectifs suivants : « Sur l'air de La Marseillaise, trouver, pour l'hymne national de la France, des paroles en harmonie avec sa devise : "Liberté, Égalité, Fraternité", et lutter ensemble jusqu'à leur adoption officielle. » Son bureau était ainsi composé : Président : abbé Pierre. Vice-présidents : Simone Rozès et Gilbert Trigano. Secrétaire : Jean Toulat Secrétaire adjoint : Pierre Lunel. Trésorier : Jean Imbert. Photos : - Simone Rozès, première présidente de la Cour de cassation de 1984 à 1988 - Gilbert Trigano, P.-D.G. du ‘Club Méditerranée’ - Pierre Lunel, historien du droit, essayiste aux ‘Éditions du Rocher’ et haut fonctionnaire. - Jean Imbert, chef cuisinier, animateur de télévision
  • 22. 1992 : l’appel de Jean Toulat pour une Marseillaise de la fraternité Jean Toulat (1915-1994), Résistant, prêtre catholique, journaliste, auteur de plus de 20 ouvrages, écrit en 1992 un livre, préfacé par l’abbé Pierre, en vue de donner de nouvelles paroles à notre hymne national. Il est appuyé par les témoignages de nombreuses personnalités, de Charles Aznavour à Paul-Émile Victor, de Mgr Lustiger au Grand rabbin Schwob. « Aucun d’eux, dit-il, n’oserait toucher à une musique exaltante qui résonne dans le monde comme un symbole de liberté. Mais les paroles ? Ne sont-elles pas liées à des circonstances du passé ? Continuera-t-on à pourfendre ces « féroces soldats », ces « despotes sanguinaires », ces « tigres sans pitié », qui désignent les ancêtres de nos partenaires européens ? Parler de « sang impur », n’est-ce pas donner une prime au racisme ? D’autres pays comme la Belgique, l’Allemagne, l’Union Soviétique, ont su adapter leur hymne national à leur époque. Pourquoi pas la France, à l’heure du bicentenaire de la Marseillaise ? La Belgique a montré la voie en pacifiant sa Brabançonne qui, comme La Marseillaise, avait un goût de sang. » Photos : Jean Toulat et son livre
  • 23. Personnalités ayant formulé le souhait que l'on modifie les paroles de La Marseillaise suite à l’appel de Jean Toulat Abbé Pierre, Hélène Ahrweiler, Michel Albert, Graeme Allwright, Roger Auque, Charles Aznavour, Eve Barre, Pierre Bergé, Charles Berling, André Bettencourt, Marie-Christine Blandin, Alima Boumedienne-Thierry, Christine Boutin, Dounia Bouzar, José Bové, Jacques de Bourbon-Busset, Jean-Denis Bredin, Général Georges Buis, Pierre Ceyrac sj, Général Jean-Loup Chrétien, Bernard Clavel, François de Closets, François Cluzet, Harlem Désir, Pierre Desproges, Yves Duteil, Soeur Emmanuelle, Claude Estier, Geneviève de Fontenay, Pr. René Frydman, P. Guy Gilbert, Martin Gray, Benoite Groult, Philippe Guillaume, Paul Guth, Marek Halter, Gérard Holtz, Robert Hossein, François- Régis Hutin, Jean Imbert, Dominique Jamet, Jean Jaurès, Geneviève Jurgensen, Dominique Lapierre, Bernard Lavilliers, Pierre Lunel, Mgr Jean-Marie Lustiger, Pasteur Jacques Maury, Yves Michaud, Danielle Mitterrand, Bernard Moitessier, Théodore Monod, Yannick Noah, Pr Claude Olivenstein, Patrick Poivre d’Arvor, Hubert Reeves, Alain Refalo, Simone Rozès, Mgr Joseph Rozier, Jacques Salzer, Grand rabbin Edmond Schwob, Jacques Séguéla, Michel Serres, Bernard Stasi, Eric Tabarly, Bernard Tapie, Haroun Tazieff, Henri Tisot, Gilbert Trigano, Paul-Emile Victor, Michel Vovelle, Dominique Voynet, Antoine Waechter, Lambert Wilson...
  • 24. 2005 : La Marseillaise de Graeme Allwright Graeme Allwright (1926-2020) est un chanteur auteur- compositeur-interprète franco-néo-zélandais, engagé depuis toujours dans des combats pour la justice et la paix, membre du comité de parrainage de la ‘Coordination française pour l’éducation à la non-violence et à la paix’. En 2005, la loi Fillon prescrit l'apprentissage des paroles de La Marseillaise dans toutes les écoles de France. Jugeant les paroles de la Marseillaise « belliqueuses » et « sanguinaires », G. Allwright est « choqué » que l'on puisse enseigner ces « paroles épouvantables » à de jeunes enfants à l'école. Il réécrit alors de nouvelles paroles pour l'hymne national français, et en enregistre une version en compagnie de Sylvie Dien. À 80 ans, il chante sa Marseillaise devant 4 000 personnes enthou- siastes au théâtre antique de Vaison-la-Romaine, puis dans ses tournées à travers la France. « Je crois que cela sera un grand jour pour la France quand on décidera de changer ces paroles. »
  • 25. 2016 : Un dossier de la revue Alternatives non-violentes En mars 2016, la revue trimestrielle Alternatives non- violentes édite un dossier "Changeons les paroles de La Marseil- laise". « Que faire quand l’hymne national est en dissonance avec les valeurs de la Constitution ? Est-il possible de construire une nation apaisée sur un chant de guerre ? » Le dossier s’intéresse aux débats et enjeux liés à la réécriture des paroles. Il ouvre des pistes pour y parvenir, pour cheminer collectivement vers une culture de paix. Catherine Steine, enseignante, analyse ce que célèbrent les hymnes nationaux, cite les pays qui ont remanié leur hymne pour infléchir leur image internationale. Elle montre le paradoxe qu’il y a à enseigner ces paroles à l’école alors que la loi Peillon introduit des "formations à la prévention et à la résolution non-violente des conflits" dans les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE). Bernard Girard, professeur d’’histoire-géographie, fait état des difficultés rencontrées par les enseignants chargés de faire la promotion des paroles actuelles de l’hymne national. François Vaillant présente les initiatives passées et actuelles pour faire changer les paroles de La Marseillaise.
  • 26. 2016 : L’appel pour des paroles ajoutées à La Marseillaise En 2016, le Collectif ‘Ajoutons des paroles à la Marseillaise’* lance un appel : « La Marseillaise ne nous rassemble plus. Si elle est fortement aimée par une grande part des Français, beaucoup d'autres refusent de la chanter, et de l'apprendre dans les écoles, dénonçant la violence de ses paroles, et en particulier l'appel à faire couler le "sang impur" de l'ennemi. Or, depuis quelques années, beaucoup préfèrent nier la violence du texte, prétextant que le "sang impur" serait celui des soldats français donnant leur vie pour la patrie. Nous dénonçons ce détournement de la réalité historique, qui ne repose sur aucune source. (…) Conscients de la nécessité pour nos enfants de chanter un hymne rassembleur, nous souhaitons que pendant ‘l‘année de La Marseillaise 2016’, voulue par le Président de la République, soit généralisée à la France entière la proposition de la Ligue de l'Enseignement parisienne, ../.. * Jacqueline Costa-Lascoux , Michèle Gendreau-Massaloux, Roger Fauroux, Claude Lemesle, Jean-Marie Petitclerc, Christiane Taubira, Jean-Claude Tchicaya, ainsi que le la ‘Ligue de l'Enseignement 94’, Journal des enfants (JDE), Le Monde des ados, les ‘Éditions Thierry Magnier’, etc.
  • 27. 2016 : L’appel pour des paroles ajoutées à La Marseillaise qui propose à tous les collèges et écoles de Paris une réfle- xion sur les valeurs républicaines et l'écriture de nouvelles paroles par les élèves. Nous souhaitons que les Français prolongent les paroles de Rouget de Lisle avec d'autres paroles, qui expri- ment, dans un refrain et un ou plusieurs couplets, les valeurs que les Français souhaitent pour leur République. » « Cette proposition ne fera que rejoindre la phrase conclusive du colloque sur La Marseillaise en 2005 à l'Assemblée Nationale, émise par Jacques Pélissard, Président de ‘l’Association des Maires de France’ : « Nous pourrions penser à rajouter des paroles à La Marseillaise, tout en gardant les paroles actuelles. » Photo : Jacques Pélissard, membre du parti ‘Les Républicains’, maire de Lons-le- Saunier de 1989 à 2020, Président de ‘l'Association des maires de France’ entre 2004 et 2014.
  • 28. Des initiatives nombreuses et inégales Les parodies ne manquent pas, y compris dans des variantes militantes ou comiques qui ne prétendent pas supplanter le chant national : La Marseillaise des cotillons (1848), La Marseillaise de la Courtille (1792 ?), La Marseillaise agricole (1798), La Marseillaise électorale (1880), La Marseillaise anticléricale (1881), etc. Le commandant Christian Guillet, fondateur du site ‘La nouvelle Marseillaise’, préside l’association éponyme qui « a pour but de défendre le projet de réforme de notre hymne national français, pour le mettre en adéquation avec l'état d'esprit de notre démocratie moderne ». En janvier 2015, à la fin de son discours de vœux, le sénateur-maire de Sète, François Commeinhes, fait monter sur la scène 42 enfants de l’école Lakanal qui entonnent un hymne national revu et corrigé. À Rennes en février 2015, Evelaine Lochu, institutrice bretonne, stupéfaite d’entendre honorer les victimes de Charlie Hebdo par les paroles de La Marseillaise dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale et dans les défilés, compose des paroles, s’adresse au Président Hollande et lance une pétition sur Internet. Suite sur le diaporama 2 (annexe) Photos : Les enfants de l’école Lakanal à Sète; Le sénateur-maire de Sète, F. Commeinhes; le commandant Christian Guillet; la Marseillaise des Cotillons chantée par Rosalie Dubois
  • 29. Des initiatives pour susciter un débat Le 11 novembre 2018, devant un des deux monuments aux morts de la commune de Montmélian (Isère), l'harmonie municipale joue La Marseillaise qui n’est pas chantée. Vingt minutes plus tard, devant le deuxième monument de la commune, en présence de 250 personnes et de la gendarmerie et après introduction par Mme la Maire, le chef d'orchestre joue La Marseillaise deux fois : la première, pour accompa- gner un enfant chantant au micro les paroles de Graeme Allwright ; la seconde fois, avec les mêmes paroles, distribuées au public, reprises par tous ceux qui le souhaitent. En 2020, Patrick Pauwel propose une campagne citoyenne pour faire changer les paroles de l’hymne national : il s'agit d'inciter des Français (élèves dans les écoles, citoyens dans les cérémonies, etc.) à chanter « Lalalala lala lala lala / Lala lala la lalala, etc. » sur l’hymne de La Marseillaise ou à en siffloter l’air, aussi fort que ceux qui chantent les paroles. Photo du haut : un des monuments aux morts de Montmélian
  • 30. Exemples de nouvelles paroles Des personnalités comme Jacques Chaban-Delmas ou Bernard Clavel ont regretté à juste titre que les paroles alternatives proposées pour La Marseillaise soient souvent mièvres ou fades, raison pour laquelle on hésite à changer les paroles actuelles. Voici quelques propositions de valeur inégale, en écriture phonétique collant à la mélodie, volontairement présentées de façon anonyme par l’auteur de ce diaporama. Demandons à nos dirigeants d’organiser un concours et/ou d’orga- niser un conclave de poètes, d’intellectuels et d’hommes politiques, chargé de rédiger le nouveau texte qui ait de la consistance, de la puissance et de la vigueur. Quand tes parents ont fui la gue.er.re, / la peur, la misère ou la faim, en partant ont laissé derriè.re, / famille et amis et voisins / la famille, les amis, les voisins. Un au.tre pays, c'est une chan.ce. / Si tu veux, tu pourras de.main Entrer et pren.dre par la main / tous ceux qui sont déjà dans la dan.se R : É.ga.li.té, / Fra.ter.ni.té / Au fond du cœur, j’ai trois cou.leurs / qui font la Liberté. Afin ne pas influencer le lecteur dans sa capacité de critique, critique bien nécessaire…, les photos d’auteurs de paroles présentées sur chaque diapo ne correspondent pas aux paroles figurant sur la diapo. Photo du haut : Tempête de cerveaux, en anglais brainstorming Photo du bas : Evelaine Lochu.
  • 31. Exemples de nouvelles paroles Venez les zenfants de la Fran.an.ce / venez chanter la liberté dans le ciel couleur d’espéran.ce / un soleil brillant s’est levé Le soleil de la fra.ter.nité. Dans no.tre cœur bat notre histoi.re / où brillent les Lumières et la gloire Assez d’injustices et de peurs, / c’est à nous de bâtir le bonheu.ur ! R : Hourra ! Voici l’espoir, / le chant de la victoire ! Marchons, marchez, la liberté / éclaire le monde entier. De l'universel.le patri.i.e, / pui.sse venir le jour rêvé ! De la paix, de la paix chérie / le rameau sauveur est levé, e rameau sau.au.veur est levé ! Et l’on verra à nos frontiè.res / les peu.ples se tendant les bras, clamant : « Il n'est plus de soldats ! / Soyons u.nis, nous som.mes frè.res ! » R : Plus d'armes, citoyens ! / Rompez vos bataillons ! Chantez, chantons, et que la paix / rè.gne sur nos nations ! Photos : Paul Robin, Gérard Delahaye,
  • 32. Exemples de nouvelles paroles Citoyens de no.tre patri.i.e / nous disons no.tre volonté d’affermir la démocrati.e, / de promouvoir la liberté, et de com.bat.tre les pauvretés. Au nom des valeurs de la Fran.ce*, / marchons ensem.ble dans les pas de ceux qui menaient le combat / de la dignité, de l’espéran.ce ! R : Debout, les citoyens ! / L’huma.nisa.ti.on en France et dans le monde entier : / voilà notre ambition ! * variantes : Citoyens d’Europe et de Fran.ce Citoyens du monde et de Fran.ce Sous les plis du drapeau de Fran.ce Citoyens, au nom de la Fran.ce Au nom de l’histoi.re de Fran.ce Images : Rouge et de Lille, Rougets de l’île (pseudo d’un auteur) Suite sur le diaporama 2 (annexe)
  • 33. La fête nationale Histoire de la fête nationale Le 14 juillet 1789, au bout de 7 heures de siège qui ont causé une centaine de morts parmi les assaillants, les insurgés parisiens prennent la Bastille*. La forteresse symbolise l’arbitraire royal, mais elle est surtout un dépôt de poudre, et accessoirement une prison. Le 14 juillet 1790, jour anniversaire de la prise de la Bastille, a lieu au Champ de Mars la Fête de la Fédération. Elle regroupe 100 000 personnes, en présence de Louis XVI qui prête serment à la nation et à la loi, avec messe et Te Deum. Le 6 juillet 1880, le 14 juillet devient officiellement jour de la fête nationale française en mémoire de la Fête de la Fédération. * Le gouverneur de la Bastille, Bernard-René Jordan de Launay, négocie l'ouverture des portes sur la promesse des assiégeants qu’aucune exécution n’aura lieu après la reddition. Il sera peu après massacré, et sa tête exposée au bout d'une pique. La Révo- lution commence mal… Cela, sans parler de la Terreur et de la répression en Vendée en 1793, n’a pas vraiment incité les souverains des royaumes voisins en Europe à voir d’un œil favorable la Révolution française… Images : La prise de la Bastille La fête de la Fédération sur le Champ de Mars à Paris
  • 34. Histoire de la fête nationale Le député Benjamin Raspail (1823-1899, ) dépose en mai 1880 une proposition de loi tendant à adopter le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle. La loi du 6 juillet 1880 fait du 14 juillet, férié, le jour de la fête nationale de la République. Depuis 1790, dans son aspect officiel, cette fête a surtout été l’occasion de défilés militaires, de réceptions à l’Élysée, dans les préfectures de la métropole et dans les ambassades à l’étranger, et dans son aspect populaire, de ‘banquets républicains’, de jeux collectifs, de bals populaires au son des fanfares, de retraites aux flambeaux et de feux d’artifice. Image du haut : Benjamin Raspail
  • 35. Les défilés militaires le jour de la fête nationale Il est normal et nécessaire de célébrer à l’occasion de la fête nationale les soldats engagés au service de leur pays. Saluons les initiatives nouvelles : les organisateurs invitent maintenant des unités de troupes armées de pays amis à défiler aux côtés des armées françaises. Saluons aussi l’introduction des civils dans le défilé : pom- piers, policiers, douaniers, gardiens de prison, etc. En raison de la crise sanitaire, la célébration du 14 juillet 2020 a permis de rendre hommage aux personnes engagées dans la lutte contre la Covid-19, et particulièrement aux infirmières. Mais les générations futures seront probablement étonnées que, pendant des décennies, les défilés militaires, en France et dans bien des pays du monde, aient pris une place aussi impor- tante dans la célébration de la fête nationale. Images : La Patrouille de France, les élèves de l’École militaire de St Cyr Coëtquidan, la Garde Républicaine
  • 36. « Démonstrations guerrières » ? Dès 2010, des élus ‘verts’ de Paris proposent de supprimer le défilé militaire du 14 juillet et d'affecter une partie des écono- mies réalisées à l'organisation de rassemblements populaires, à Paris et dans toute la France. Sylvain Garel, président du groupe ‘vert’ au sein du Conseil de Paris, déclare alors que « le défilé du 14 juillet mobilise chaque année sur les Champs-Élysées des milliers de militaires, des centaines de véhicules, des dizaines d'aéronefs et des millions d'euros », précisant que la France « gagnerait à quitter le sinistre peloton des pays organisant des démonstrations guerrières le jour de leur fête nationale, dont la plupart sont des dictatures ». Photos : Défilé militaire à Paris, à Moscou (Russie), à Pyongyang (Corée du Nord) à Pékin (Chine)
  • 37. « Le jour viendra où la fête nationale ne sera plus seulement militaire » Invité par le président de la République à la réception annuelle de la fête nationale du 14 juillet 1988 au palais de l'Élysée, Théodore Monod lui a répondu ces mots savoureux : « Je tiens à m’excuser de ne pouvoir assister à la réception du 14 juillet à laquelle vous avez bien voulu m’inviter. Je continue à nourrir le vivant espoir que le jour viendra où la fête nationale ne sera plus seulement militaire et verra défiler aussi les bûcherons, les cheminots, les mineurs, les instituteurs, les infirmiers, et plus uniquement les hommes de guerre. Dans l’attente de ces temps nouveaux où, de plus, le refrain de notre hymne national ne sera plus sanguinaire et raciste, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Prési- dent, l’expression de ma haute considération. »
  • 38. Faire évoluer la célébration de la fête nationale Pour notre fête nationale, et en plus des défilés (incluant des militaires, des fonctionnaires non-militaires et des civils, par exem- ple des élus, des équipes sportives, des enfants des écoles, etc.), organisons des manifestations festives, sportives et culturelles*, y compris européennes et internationales. Par exemple, des spectacles réalisés par les enfants des écoles, des manifestations sportives inter-villes, des spectacles musicaux ou théâtraux, la présentation d’œuvres artistiques retenues à l’issue d’un appel à projets sur le thème de la paix et du développement durable. * Des opérations ‘portes ouvertes’ sont organisées dans les services publics à l’occasion des ‘Journées du patrimoine’ en septembre pour rapprocher les administrations et les citoyens. Photos à droite : chorégraphies de Philippe Decouflé pour les Jeux olympiques à Albertville, février 2014
  • 39. Désacraliser la violence et la guerre Une telle évolution des mentalités est possible. Elle se constate sur de nombreux monuments aux morts* en France qui, en plus d’honorer la mémoire des soldats morts durant les guerres, dénoncent la folie de la guerre, honorent les veuves, les orphelins, les parents de soldats morts au combat, les ‘Malgré nous’, les ‘fusillés pour l’exemple’. Certains monuments aux morts proclament « Que maudite soit la guerre ! »**, « Si tu veux la paix, prépare la paix ! »* ou encore « Aux enfants de Lezoux* victimes de la guerre. À ceux qui ont combattu pour l’abolir » Elle se traduit par la décision de faire entrer au Panthéon la dépouille de Maurice Genevoix (E. Macron, 2020). * notamment à Arcachon, Commentry, Équeurdreville, Forêt du Temple, Gentioux, Fismes, Lodève, Le Caylar, Lezoux, Ollioules, Primelin, Saint Martin d’Estréaux, Strasbourg, Suippes. Photos : Monuments aux morts de Lodève (Hérault), de Gentioux (Creuse) et d’ Équeurdreville (Manche). Sur la photo du bas, le monument au morts de Suippes (Marne) honore les 4 caporaux de Souain, fusillés pour l’exemple en mars 1915 et réhabilités en 1934. ** à Équeurdreville, Gentioux; * à St Martin d’Estréaux (Loire) * Lezoux est une commune du Puy-de-Dôme. Le 6 avril 2019, à Chauny, dans l'Aisne, a été inauguré le premier monument dédié aux soldats "fusillés pour l'exemple". Le monument, très émouvant, met en scène quatre poilus de deux mètres de haut.
  • 40. Désacraliser la violence étatique et dénoncer l’obéissance servile L’évolution des mentalités se constate aussi par - la réhabilitation du capitaine Alfred Dreyfus (Cour de cassation, 1906), - la repentance de l’État français pour la persécution des Juifs et la ‘rafle du Vel d’Hiv’ (J. Chirac, 1995), - l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français (loi Morin, 2010) - la repentance de l’État français pour la sanglante répression française au Cameroun dans les années 1950-60 (F. Hollande, 2015), - la reconnaissance de la responsabilité de l’armée française dans la torture et la mort de Maurice Audin pendant la guerre d’Algérie (E. Macron, 2018), - ou par la mission confiée à Benjamin Stora d’une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie » (E. Macron, 2020). Images : Dégradation militaire d’Alfred Dreyfus en janvier 1895; rafle du Vélodrome d’hiver en juillet 1942 ; livre de Thomas Deltombe et al.; Maurice Audin (1932-1957)
  • 41. "Nos vils ennemis" Bien sûr, ces changements à venir dans les paroles de l’hymne national ou dans les festivités du 14 juillet sont indissociables de changements profonds dans la politique du pays et dans les habitudes des citoyens. Nos ennemis aujourd’hui dans le monde, « nos vils enne- mis » dont parlait Antoine Pessonneaux, ce sont le changement climatique, la baisse de la biodiversité, la course aux armements, le fanatisme et l’intégrisme religieux, l’accaparement des ressources, le nationalisme, le racisme et la xénophobie. Ce sont le sous-développement et la destruction des écosystèmes par un système économique fondé sur les dogmes de la compétition à outrance et de la croissance illimitée. Ce sont la misère, la maladie, l’exclusion, l’avidité, le gigantisme, l’évasion fiscale. Photos : armes nucléaires, pollution plastique, bidonvilles, élevage industriel, paradis fiscaux, flagellation dans le cadre de la charia, ostentation.
  • 42. Repenser la défense… Parmi ces changements, il importe de préparer une vraie défense qui ne soit pas illusoire comme l’est actuellement la dissuasion nucléaire, inefficace, dangereuse, immorale, antidémocratique, ruineuse et surtout démobilisatrice, car reposant sur un seul homme. * Ceci implique le respect par la France de ses obligations dans le cadre de l’article 6 du TNP et son adhésion au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 1) une défense conventionnelle européenne et une force europé- enne d’intervention extérieure face au terrorisme (du type Daech ou Boko Haram) et aux dictatures. 2) une défense civile non-violente**. Celle-ci repose sur la non- collaboration (économique, politique, psychologique) préparée et organisée, de toute la population face à un agresseur extérieur ou à un régime dictatorial en interne, combinant la résistance des autorités légitimes et celle de toutes les forces vives d’un pays. Photos - La brigade franco-allemande; Le renversement de la dictature de Ferdinand Marcos par le peuple philippin en 1986 : la foule bloquant les chars; Le livre de C. Mellon J.-M. Muller- Sémelin (éd. FEDN, 1985) suite une commande du ministre de la défense Charles Hernu. * voir https://www.irnc.org/IRNC/Actualites/IRNC/2734 ** voir https://www.irnc.org/IRNC/Diaporamas/333
  • 43. …et la politique étrangère Notre politique étrangère doit être dynamique et même offensive sur le respect des droits humains, impliquant notam- ment - l’envoi de corps d’intervention civile de paix, entre autres des équipes européennes, dans les pays en conflit : observation des violations des droits de l’homme, protection des personnes menacées, interposition, médiation, aide à la recherche d’une solution politique pacifique au conflit; - les sanctions économiques (embargo, boycott, etc.); - le soutien actif aux organisations démocratiques qui résistent dans les pays totalitaires. Photos : - Un intervenant civil de Peace Brigades International (PBI) - Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS) pour contraindre Israël à cesser l’occupation militaire de la Palestine et la violation des droits humains - Liu Xiaobo, universitaire chinois, prix Nobel de la Paix en 2010 - Ilham Tohti, universitaire ouïghour, prix Sahharov du Parlement européen en 2019.
  • 44. Les défis de l’humanité Il est nécessaire et urgent de créer des conventions et des instances internationales pour contrôler le système financier, pour mettre en place un contrat mondial sur les ressources. De définir une éthique des développements scientifiques et techno- logiques, les priorités de la recherche. De revaloriser le rôle des Parlements, que ce soit à l’échelle de la nation, des continents, du monde, d’inventer de nouvelles formes de délibération. Et surtout de créer une société civile mondiale, garante d’une conscience morale planétaire. La culture, les hymnes, les fêtes et manifestations du vivre- ensemble, surtout à l’échelon européen et international, créent de la cohésion, du lien et du sens. Ils sont de puissants moyens pour aider les personnes et les groupes à relever ces défis. ■