28. Le livre est dédié à tous les
handicapés de la Terre
Emil Mark
Le récit décrit des événements qui se sont
déroulés en France au dix-neuvième siècle. Des
personnages qui reflètent la période mentionnée et
qui en sont les victimes.
Récit traduit de l’arménien en français par
l’auteur.
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29. Et j'écris ici ce qu’il est même terrible de raconter...
«Livre des Lamentations»,
Grégoire de Narek
e corps inanimé et nu de la prostituée
L étrangère Séléné gisait sur l’escalier de
l’Eglise Sainte-Madeleine. Elle était récemment
arrivée dans cette région située dans le sud de Paris
et jouissait déjà d'une grande notoriété...
Il faisait froid. La pluie brusque et orageuse qui
avait commencé hier ne cessait pas. Une vie
inhabituelle s’anéantissait dans la nuit brumeuse, sous
le ciel gris, pareil à un squelette. Cette vie était en effet
pleine d’éléments qui rendaient l’atmosphère
exécrable. (dessin 1)
Le prêtre Antonios, âgé de trente-six ans, allait
d'un bout à l'autre d'un air inquiet, pareil à un fauve
en cage. Le bruit du vent impétueux qui soufflait de
loin, résonnait dans les oreilles du prêtre. Maintenant
il se promenait dans la chambre en savourant sa
propre libération de ce fardeau qui, par une ironie du
29
30. sort, était devenu le compagnon inséparable de sa vie
frénétique. En regardant par la fenêtre, il ne se dou-
tait même pas qu'il allait se mettre à la même place
dans quelques années et mettre sur le papier ce qu'il
était incapable d'emporter avec lui comme un far-
deau dans les abîmes ténébreux du tombeau.
L'anxiété scintillait dans les yeux obscurs
d’Antonios, il était préoccupé, un peu terrifié,
comme s’il avait fait un pacte avec la mort il y avait
quelques heures. Dans les ténèbres son corps était
pareil à une ombre étincelante, qui filait d’un bout à
l’autre avec la légèreté du vent. Subitement, il
s'arrêta brusquement, regarda vers le haut et cria:
- Notre Père qui êtes aux cieux, que Votre nom
soit sanctifié, que Votre règne vienne, que Votre
volonté soit faite sur la terre... Non, ça suffit! Je
répète, qui a besoin de cette prière?, Qui a besoin de
ces paroles vaines? Mon Seigneur, pourquoi te tais-
tu, pourquoi me laisses-tu m'affoler, souffrir?...
Pourquoi me suis-je retrouvé dans la boue? J'ai été
jaloux, j'ai détesté, j'ai volé, j'ai vécu dans la
30
31. débauche, poussiéreux, sale et piétiné tel qu'un
trottoir en ruine et je suis devenu Ton serviteur? Me
railles-tu? Oui, tu te moques de ma personne tombée
dans le piège tendu par Toi-même.
Moi, qui n'ai jamais voulu être prêtre, moi, qui
négligeais tous Tes commandements, qui te
méprisais, dénigrais, moi, l'ivrogne répugnant errant
dans les rues, emporté par ta volonté d'un bout à
l'autre comme une feuille morte tombée de l'arbre, et
qui ne rêvais pas même de trouver la porte du salut si
longtemps attendu, et maintenant ton serviteur...
J'ai vu cette vie médiocre qui domine partout, j'ai
goûté à de douces immondices dévorées par les
chiens. J'ai senti le froid, la famine, le déchirement
du cœur, j'ai croisé à chaque pas des regards pleins
d'ironie, de dédain... et maintenant je désire que tu
me répondes: (dessin 2)
A qui s’adressent tes Commandements? Aux
prostituées, qui vendent leurs corps pour nourrir les
enfants affamés, ou bien aux voleurs qui commettent
des crimes par nécessité et puis pourrissent dans les
31
32. cachots? Penses-tu peut-être qu’ils prennent un
grand plaisir à faire ces choix, n'est-ce pas? Aux
sans-abri demandant avec amertume de l'argent aux
passants et méritant un regard qui anéantit et leur
arrache définitivement l'âme? Et non, aux personnes
aisées préoccupées à amasser des pyramides
d'argent...
Je me sens incapable de dénouer la pelote du flux
de mes pensées, d’analyser mes idées.
Je sens que ma vie rit de moi, elle m'humilie, me
vilipende tant qu'elle le peut. J’en vendrai même
mon âme au marchand criant à tue-tête dehors, pour
effacer définitivement ma mémoire, me libérer des
cauchemars qui me hantent. Cependant, Tu ne me
lâches pas, Tu me tiens sous ta poigne et à chaque
moment Tu écrases, serres et étrangles ton esclave.
Mes larmes sont celles d’un soumis, elles ne peuvent
s’écouler des yeux convoitant l'humidité et
l’apaisement.
Oh, injustice, qui étend partout son voile
somptueux, ne nous tourmente pas comme un
32
33. escroc, ne t’acharne-pas contre nous, frêles fourmis,
que nous sommes, devenues les victimes de ton jeu
pervers.
Tout à coup, on frappa à la porte. Le prêtre, se
remettant de l’immense torrent de pensées
contradictoires et rebelles, enfila avec hâte son
pantalon usé, jeta sur ses épaules la chemise déchirée
par endroits et ouvrit la porte.
Devant lui se tenait Gaston, un vieillard de
soixante ans aux cheveux gris, mouillé de la tête aux
pieds revêtu d’une cape et grelottant de froid. Il se
tenait chaque jour aux portes de l’église, tôt le matin,
pour demander l'aumône. Ses dents peu nombreuses
claquaient, son dos était recroquevillé, son visage
ridé, tandis que ses yeux navrés et renfrognés
suscitaient seulement de la pitié.
- Père, puis-je entrer? demanda-t-il d'une voix
suppliante.
Pétrifié, Antonios regarda avec déchirement le
vieillard affamé, semblable à un mort vivant. Des
larmes de chagrin apparurent dans les yeux du prêtre,
des larmes aussi violentes qu'un coup de poignard
33
34. brusquement porté, aussi désagréables que la nausée,
aussi funestes que l'avenir de ce vieillard. Un
Gaston, qui tout en étant un atome formant le tout,
était condamné à la ruine. Et combien d'atomes avait
ruiné ou bien allait ruiner ce «tout»? Qui sait? …
- Entre!, dit Antonios.
Le vieux Gaston s’avança à pas lents, s’approcha
de la chaise et gardant à peine l’équilibre, s’assis.
Son visage, buriné par le vent, était incolore.
- As-tu faim? Il reste un peu de soupe d’hier.
Le vieillard timidement acquiesça de la tête. La
dignité, la réalité amère, le passé et le présent
s'étaient croisés au même carrefour de sa vie. Le
professeur d'hier, respecté, émérite et aimé de
beaucoup de gens, dont les habits étaient toujours
soignés, repassés, s’était heurté au Gaston
d’aujourd’hui, qui était sans abri, couvert de boue et
cessé de se respecter…
Ceci, était si insupportable, si humiliant.
- Approche-toi du poêle, chauffe-toi, tu as l’air
pâle, suggéra le prêtre. (dessin 3)
Le vieillard, tenant la cuillère d’une main
34
35. tremblante, dévorait rapidement la soupe tiédasse
assouvissant la faim qui l’avait torturé et poursuivi
depuis plusieurs jours.
- Je vous remercie, c’était délicieux, vous avez un
grand cœur, dit-il tout en mangeant les dernières
miettes de pain.
- Mon ami, sache que tu auras toujours de quoi
manger chez moi!
Quelques instants plus tard, Gaston continua:
- Père, il arrive un moment dans la vie de chaque
homme où il se retrouve impuissant, abandonné,
alors, il ne lui reste que d'espoir et de foi. Ensuite,
surviennent des événements trop difficile à
comprendre et percevoir, et à ce moment-là, tout
change à jamais. Le cours de la vie suppose toujours
des incertitudes, car on ne sait rien par avance. Et
puis... tu entends aux informations que... beaucoup
de gens se réjouissent de ta mort, ‘ma mort’ elle va
les débarrasser d'un fardeau impuissant et insensé.
lorsque mon corps inanimé sera étendu sur le lit
vétuste de la chambre, de l’hôpital, je ne pourrai pas
me résigner à l’idée que je ne serai plus en état de
35
36. changer quelque chose. Je ferai un effort pour bouger
mon corps engourdi, ouvrir les yeux, crier, mais les
tentatives demeureront vaines. La panique et
l’anxiété me rongeront l’esprit. Cependant, mon
esprit aussi changera, ne sera plus comme avant, je
ne serai plus capable de me concentrer sur une seule
pensée.
- Que dis-tu, mon ami, es-tu devenu fou?
- Non, pas du tout, simplement je n’arrive pas à
oublier le malheur survenu il y a quelques jours chez
nous.
- Tu parles de Séléné? demanda Antonios, inquiet.
- Oui. Pauvre fille, si jeune, si belle... maintenant
elle est probablement rongée par les vers.
- N'en parlons plus, dit Antonios d'une voix
autoritaire.
- Mais je voulais simplement...
- Ça suffit! Je suis fatigué, je dois me reposer. Il y
aura une messe demain matin, sois présent!
Le prêtre, tout en aidant Gaston à se relever,
l'accompagna à la porte. Un torrent de souvenirs
embrumaient ses yeux effrayés. Des souvenirs qui
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37. allaient le suivre comme des ombres jusqu'au
moment où il verrait les derniers rayons du soleil au
déclin de sa vie. Un énorme ouvrage de cauchemars
dont il essaierait chaque jour d’en déchirer et brûler
vainement les pages d'acier. Des pensées torturantes
et confuses bouleversaient son âme.
C’était la fête de Saint-Paul. L’église était pleine à
craquer, les fidèles étaient venus écouter la messe
dédiée au saint. L’endroit était rempli d’une
atmosphère mystique et joyeuse.
La cérémonie avait commencé, lorsque les portes
de l’église s’ouvrirent, laissant apparaitre une jeune
femme très belle aux yeux ravissants et à la
chevelure ondulée. L’air énigmatique et fier, le
sourire à peine visible sur ses lèvres, elle marcha
entre les rangs et pris place sur un banc. Une vague
de chuchotements parcourut l’assemblée c'était (elle)
Séléné, étrangère apparue récemment dans ces lieux.
Beaucoup, parmi eux, dont le prêtre Antonios, la
connaissaient. (dessin 4)
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38. CONFESSION. PREMIER JOUR
- Père Antonios, je m'appelle Séléné, j'ai besoin de
vous parler!
Je ne suis plus capable de poursuivre cette lutte à
outrance contre les injustices qui me persécutent à
chaque pas. Semblable à un animal blessé, j’ai envie
de me noyer dans le sang noir qui l’inonde.
Je veux vous parler, ouvrir la serrure de mon âme,
mais je vous supplie, de ne pas m’interrompre, ne me
donnez pas de conseils, ne me blâmez pas, écoutez
simplement. Écoutez la misérable, qui pourra à peine
trouver des mots justes pour exprimer son chagrin,
consoler son âme.
Aujourd'hui je me sens trop mal. Je m’en vais,
mais je reviendrai certainement, car je dois vous
confesser les pensées qui me tourmentent tous les
jours… (dessin 5)
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39. CONFESSION. DEUXIEME JOUR
- J’hésitais à venir!
Faire le choix de me libérer des pensées sombres
qui obnubilent mon esprit, ou bien laisser qu'elles me
rongent, fouillent et anéantissent mon âme.
Vous n’êtes pas sans ignorer qui je suis... une
prostituée, qui vient juste de reconduire son énième
client ; je me souviens avec répugnance de son corps
terrifiant, son visage ridé, sa soif insatiable de me
posséder. Je me dégoûte de moi-même, je me hais...
Mon Dieu, pourquoi t’es-tu détourné de moi,
pourquoi ne m’as-tu pas tendu la main afin d’éviter
de tomber dans la boue? Où es-Tu? Je t’implore Mon
Dieu d’aider Ta fille, mon sang souillé danse avec
mes veines.
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40. CONFESSION. TROISIEME JOUR
J'avais douze ans, lorsque ma mère mourût. Je ne
sortais plus de ma chambre durant de longs jours, je
déplorais la perte de ma sainte maman. Ma mamie
(je l'appelais toujours ainsi), mon ange... Après sa
mort, ma vie se transforma en un sentier épineux,
compagnon inséparable, mon destin à ce jour.
Mon père, qui était un homme fragile, commença
à boire, à se soûler pour noyer son chagrin, il ne
rentrait pas à la maison durant des jours et des jours,
et quand il se montrait, colérique, il hurlait tel un fou
et jurait. Des injures inhabituelles, étrangères à mes
oreilles enfantines. Il me battait, m’ensanglantait, je
ne comprenais pas pourquoi. Ne souffrais-je pas du
même chagrin que lui?
Je renonçais à reconnaître mon cher père que je
connaissais si plein de sollicitude.
J’avais le cœur serré, mon âme éclatait de
tristesse, tandis que mes yeux humides troublés par
les larmes n’arrivaient même pas à se dessécher.
Peine, offense, fureur...
Un jour, je ne plus résistai... mon cerveau était
obnubilé, je décidai de m’enfuir, de quitter la
40
41. maison, de m’en aller aussi loin que possible.
Je me suis trouvée dans la rue.
Ah, mamie, mamie… Où suis-je tombée? Que
suis-je devenue?
41
42. CONFESSION. QUATRIEME JOUR
- Je suis lasse de me sentir fatiguée. Père, je suis
fatiguée des regards qui blâment, qui réprimandent,
de gros rires fusant à tout propos, des insultes qui se
suivent presque toujours...
Hier, j'étais au théâtre pour savourer le spectacle
«Le père Goriot» de Balzac. Lors de la
représentation, j'eus de forts vertiges, je sortis de la
salle pour prendre l'air.
Une grosse femme d'une quarantaine d'années se
tenait en face de moi sur le balcon. Ses bijoux
précieux, ornant le cou et les doigts, émettaient une
lumière aveuglante, son chapeau à plumes était si
grand qu'il cachait la moitié de son visage. Elle se
redressa dès qu'elle m'aperçut, resta pétrifiée un
instant, puis elle se dirigea vers moi.
- Putain, quand est-ce que tu vas disparaître d'ici?
- Vous me confondez probablement avec une
autre personne, Madame.(dessin 6)
- Confondre toi? Ah ah ah... Insolente, ne fais pas
42
43. l’innocente. Il ne te suffit pas d’attirer les maris des
autres, de les séduire, de les traîner dans ton lit, de
leur extorquer leur argent, mais tu oses paraitre
encore dans des lieux publics, fréquentés d’enfants,
de gens respectueux et honnêtes... N’oublie pas ta
place, pauvre fille... et tant qu’il n’est pas tard,
disparais d’ici! Sinon, je te promets de tout faire pour
te supprimer. Nous t’anéantiront cruellement et cela,
sans le moindre remords.
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44. CONFESSION. CINQUIEME JOUR
- Père, j’ai pitié de ceux qui n’ont rien à dire, mais
qui parlent... qui n’ont rien à donner au monde, mais
qui demandent sans cesse... qui n’ont pas le droit de
te réprimander, mais qui grondent... et même ceux
qui n’ont pas l’occasion de sourire, mais qui rient
sans fin.
J’ai pitié de ceux qui n’ont pas d’honneur, mais
qui déshonorent, qui n’ont même plus de limites de
la haine, mais qui anéantissent encore…qui au lieu
de vivre leur vie, dénigrent et blâment les autres.
J’ai pitié de ceux qui ont des yeux, mais qui ne
voient pas autrui, qui ont des oreilles, mais qui ne
désirent pas entendre le cri du cœur…qui ont une
langue pour médire et des mains pour frapper.
J’ai pitié de tous ceux qui ont presque tout, mais
qui n’ont pas de conscience…(dessin 7)
J’ai pitié de moi, de Vous, de nous tous, qui
sommes les esclaves de cette vie médiocre et injuste.
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45. CONFESSION. AVANT-DERNIER JOUR
Je fis un rêve étrange: c'était un beau matin
printanier, la rosée vaporeuse répandue dans l’air
frais avait recouvert la verdure du pré où pâturait un
coursier noir.
- Où vas-tu?, me demanda-t-il.
- Je ne sais pas, répondis-je étonnée, n'en croyant
pas mes oreilles.
- Reste avec moi, nous vivrons ensemble heureux
dans l'étable, mon maître nous fera paître tous les
jours.
- Mais je ne suis pas un animal pour brouter, me
suis-je indignée.
- Et qui es-tu?
- Qui suis-je?... Peut-être une femme... (dessin 8)
- Tu peux être un cheval, un chien, un homme ou
n'importe quel autre animal. Crois-moi, l'essentiel,
ce n'est pas ça. L'important, c'est de se mettre sur la
bonne voie dans la vie. Tu sais, je suis heureux, je
suis un cheval, je vis d'une vie qui sied à un cheval...
Et toi?... Es-tu satisfaite de ta vie...?
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46. Je n’avais pas ouvert la bouche, que le coursier
disparut en un instant, me laissant perplexe.
- Père, j'ai pris la décision de commencer une
nouvelle vie, brûler et laisser derrière moi le passé et
le présent, en courant essoufflée à la rencontre de
l'avenir. J'aspire à me purifier de la souillure
intérieure, qui pourrit en moi.
Je partirai de cette région de bon matin, une fois
pour toutes, je m'installerai dans un lieu paisible, je
louerai une maison, je chercherai un emploi
convenable. Si la chance me sourit, je me marierai et
j'aurai beaucoup d'enfants...
Je rêve que Dieu soit miséricordieux envers moi,
me pardonne, moi, la coupable, en m’offrant la
chance de commencer une nouvelle vie avec la
conscience tranquille.
Je m'en vais dans l'attente de Votre bénédiction et
de celle de Dieu. Adieu...
46
47. CONFESSION. DERNIER JOUR
- On m'a violée. C’était hier.
J'étais sortie acheter une valise pour faire mes
bagages. Je l'aperçus par hasard à l'autre bout de la
rue. Ces derniers temps, on s'était beaucoup vu, il
était devenu mon ami.
Je l'invitai chez moi à prendre le thé ensemble
pour une toute dernière fois. Il pleuvait à verse
dehors. On courut vite à la maison. Je lui offris la
boisson pour le réchauffer. Je sentais qu’il
m’examinait attentivement. Il avait l’air nerveux,
comme s’il prenait une décision importante.
Subitement, il s’approcha brusquement de moi et
commença à m’embrasser passionnément sur le cou.
Abasourdie, je le repoussai, mais il ne recula pas, il
s’approcha de nouveau, serrant fortement mes
poignets puis me jetant au sol et me serra fort contre
sa poitrine. Je me suis mise à me révolter, m’opposer,
frapper, crier… Une lutte inutile…(dessin 9)
Je le suppliais à chaudes larmes de ne pas
commettre cette faute, de ne pas se comporter de
cette manière avec moi, c'est que j'avais décidé de
47
48. commencer une nouvelle vie. Il ne voulait pas
m'entendre, il déchirait mes vêtements avec ses
mains rudes et sales, me tirait par les cheveux,
m'embrassait... Ça me coupait le souffle, les larmes
étouffaient mon cœur serré... Rien ne l'arrêta, il
dévêtit complètement mon corps frissonnant et me
posséda de force. Il hurlait de plaisir, son corps suant
s'était cloué à mes seins palpitants, ses baisers mêlés
de salive et répugnants ne cessaient pas. Je tremblais,
je ne sentais plus rien. Tandis qu'il prenait plaisir à
me posséder comme une bête immonde, je me
sentais précipitée dans un abîme, anéantie ...
Je pense que vous le connaissez, suis naïve,... ... ...
comment pourriez-vous ne pas vous reconnaître !!...
Oui, Père Antonios /permettez-moi de vous
appeler ainsi/, vous m’avez violée, en tuant ce
dernier sursaut d’espoir de salut, qui s’était réveillé
en moi.
Ne me regardez pas avec ce visage menaçant.
Peut-être songez-vous à m’ôter la vie afin que nul
n’ignore désormais votre vilenie, votre perversité et
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49. votre sacrilège, afin que je me taise à jamais. (De
nombreuses menaces circulent déjà à mon encontre.)
A défaut ne souhaiteriez-vous pas que je nous
libère mutuellement de ce fardeau sordide, en
mettant fin à ma triste vie... Qui sait?...
Accorde-moi, Mon Dieu, Ta Miséricorde.
...
Le corps inanimé et nu de la prostituée étrangère
Séléné gisait sur l’escalier de l’Eglise Sainte-
Madeleine
Sois en sûr …ce Péché est le tien! (dessin 10)
49
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EMIL MARK
LE PECHE
(récit)
Dessins réalisés par Tigran (T!qs) Hakobyan
Conception technique Marianna Sargssyan
Maquette par Astghik Vardanyan
Illustration de la couverture Clara Sargssyan
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