Fondations l'essor d'une philanthropie familiale et professionnalisee
Les echos 28 mars 2013 affectio familiae
1. Tous droits réservés - Les Echos 28/3/20
« L’“affectiofamiliae”
estlaclefdevoûtedes
entreprisesfamiliales »
Dans votre livre (*), vous pré-
sentez une notion indispensa-
ble à la cohésion et l’équilibre
des entreprises familiales,
l’« affectio familiae ».
De quoi s’agit-il ?
En droit, une société ne peut exis-
ter que si ses fondateurs sont liés
par la volonté de s’associer pour
réaliser un projet commun. C’est
ce que l’on nomme l’« affectio
societatis ». Pour caractériser les
entreprises familiales, il faut une
dimension supplémentaire,
l’« affectio familiae », autrement
dit la volonté de plusieurs mem-
bresdelafamilled’œuvrerensem-
ble à un projet commun, incarné
par l’entreprise. Cette notion n’est
pas nécessairement présente à la
fondation de l’entreprise. Au fil du
temps, elle vient enrichir l’« affec-
tio societatis » d’une dimension
psychologique supplémentaire.
Pourquoi la dimension affec-
tive est-elle si importante ?
L’« affectio familiae » est la clef de
voûtedel’équilibredesentreprises
familiales. Sans la cohésion du
groupe familial, l’entreprise est
menacée. Des positions différen-
tes,desviséescontradictoirespeu-
ventémergeretdébouchersurune
scission ou un rachat. C’est pour-
quoiilimportedecultivercesenti-
ment d’appartenance collective.
Comment créer un sentiment
d’appartenance commun
quand la famille est large ?
La base de l’« affectio familiae »
repose sur une bonne communi-
cation au sein du cercle familial.
Pour l’entretenir, il faut créer du
lien entre ses différentes compo-
santes. Cela passe par des occa-
sions de rencontre et de partage :
réunions de famille, séminaires
familiaux… Certaines familles
vont plus loin, en créant des
réseaux sociaux privés qui leur
permettent de garder le contact
en dehors de ces grandes rencon-
tres annuelles. L’« affectio fami-
liae » est aussi une affaire de
valeurs. Dans certains cas, on les
transmet dès l’enfance. Parfois,
on les cultive par le biais d’actions
communes, menées dans le cadre
de fondations familiales, notam-
mentàvocationphilanthropique.
Cela est-il suffisant pour
garantir l’unité familiale ?
Pour renforcer cette nécessaire
cohésion, il est fortement recom-
mandé d’établir des règles com-
munes, délimitant les prérogati-
ves de chacun, et rappelant les
valeurs fondatrices du groupe. La
rédaction d’une charte familiale
constitue un bon support pour
acter ces principes. Ce type de
convention est d’ailleurs large-
ment répandu. On peut le rédiger
avec l’aide d’un conseil spécialisé,
extérieur à la famille, qui prendra
le temps de rencontrer ses mem-
bres, afin de bien saisir le con-
texte familial, les interactions et
enjeux en présence.
Propos recueillis par
T. B.
(*) « Guide pratique des entreprises
familiales », éditions Eyrolles,
272 pages, 2011.
DR
INTERVIEW
VALÉRIE TANDEAU
DE MARSAC
Avocate associée, membre
de Jeantet Family et
professeure associée Edhec
family business center
Pour renforcer
la cohésion, il est
recommandé d’établir
des règles communes.
La rédaction
d’une charte familiale
constitue un bon
support.