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Le Proche et le Moyen-Orient,
un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale
Introduction :
Le Proche et le Moyen-Orient n’ont pas de délimitations précises :
« Proche-orient » : expression employée par la diplomatie française au XIXème siècle pour qualifier la bordure
orientale de la Méditerranée.
« Moyen-Orient » : expression employée par les Britanniques (Middle East). Région plus vaste car elle comprend les
territoires de l’Est de la Méditerranée (Egypte, Turquie…) jusqu’à la frontière de l’Inde (Afghanistan, Pakistan) en
passant par la péninsule arabique.
Depuis le démantèlement de l’Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale, le Proche et le Moyen-
Orient sont des régions très instables sous influence occidentale. Depuis la Seconde Guerre mondiale, cette
instabilité s’est accentuée et a donné naissance à des conflits dont la résonnance est mondiale car ils sont au cœur
des enjeux et des rivalités internationales.
- Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ?
- Pourquoi ces conflits ont-ils dans le monde une telle résonnance ?
I. Des enjeux majeurs…
1) Une grande diversité culturelle et religieuse
Le Moyen-Orient comprend 5 grands peuples (doc 1 p 105) :
- Les Arabes. Ils sont les plus nombreux (environ 200 millions). Ils vivent dans la péninsule arabique, en
Egypte, en Syrie, en Jordanie, en Irak, au Liban et en Israël.
- Les Persans (environ 65 millions) en Iran.
- Les Turcs (environ 60 millions) en Turquie.
- Les Juifs (environ 6 millions) en Israël.
- Les Kurdes (environ 30 millions) sont les seuls en situation de minorité ethnique car ils n’ont pas d’Etat
(malgré les promesses faites par les Européens après la 1ère GM). Ils vivent sur un territoire à cheval sur la
Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran (doc 1 p 106).
Les 3 grandes religions monothéistes sont présentes au Moyen-Orient (doc 2 p 105) :
- L’islam domine largement avec 240 millions de musulmans, divisés en deux branches :
 Les sunnites majoritaires (160 millions). Ils vivent principalement dans la péninsule arabique et au
Proche-Orient.
 Les chiites (80 millions) qui vivent principalement en Iran et dans le sud-est de l’Irak
 Il existe aussi des branches minoritaires de l’islam comme les Druzes (Liban) ou les Alaouites (Syrie…)
La division de l’islam entre sunnites et chiites remonte à la succession de Mahomet au VIIème siècle. Cette
division est toujours un facteur de conflit important au Moyen-Orient.
- Le judaïsme. Les juifs sont principalement présents en Israël où ils sont majoritaires (6 millions sur 8
millions). Attention, il existe aussi des Arabes (20 %) et des chrétiens israéliens.
- Le christianisme est partout minoritaire, en Egypte (Coptes), au Liban (Maronites) ainsi qu’en Syrie et en Irak
(Chrétiens d’Orient).
Le Moyen-Orient comprend les lieux saints des 3 grandes religions monothéistes : La Mecque et Médine (islam)
mais surtout Jérusalem, ville sainte des 3 religions, qui est au cœur du conflit israélo-arabe.
2) Des ressources convoitées
Le Moyen-Orient est très riche en hydrocarbures, il est en le 1er fournisseur mondial. La région possède la moitié
des réserves prouvées de pétrole et 40 % des réserves de gaz (doc 1 p 110). La plupart des pays du Moyen-Orient
font partie de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui régule la production et fixe le prix des
hydrocarbures. L’OPEP a donc un impact considérable sur l’économie mondiale (c’est elle qui est responsable du
choc pétrolier de 1973 au cours le prix du pétrole a été multiplié par 5).
La production d’hydrocarbures est en enjeu essentiel pour les pays du Moyen-Orient, qui en tirent l’essentiel de
leur richesse (90 % des exportations de l’Arabie Saoudite par exemple).
C’est pourquoi le contrôle des réserves d’hydrocarbures suscite des tensions (revendications territoriales entre
l’Iran et les Emirats Arabes Unis), voire même des conflits entre les pays de la région (Guerre Iran/Irak en 1980-
1988, Guerre du Golfe 1990-1991 : invasion du Koweït par l’Irak).
La sécurisation des filières d’approvisionnement en hydrocarbures est essentielle pour l’économie mondiale, et
notamment pour celles des grandes puissances (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie) qui n’hésitent pas à
intervenir militairement pour cela (1ère Guerre du Golfe, Guerre d’Irak en 2003).
L’eau est également une ressource très convoitée dans une région aride marquée par une forte croissance
démographique. Le partage des eaux des grands fleuves est source de tensions, comme par exemple entre Israël
et ses voisins à propos du Jourdain (doc 2 p 120) ou à propos du contrôle du Tigre et de l’Euphrate.
3) Une position de carrefour à l’échelle mondiale
Le Moyen-Orient occupe une position de carrefour entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie qui lui donne une importance
géostratégique mondiale. La région est située sur la route maritime la plus empruntée au monde, entre l’Europe et
l’Asie. A ce titre, les canaux et les détroits sont parmi les plus empruntés au monde. C’est notamment le cas du
canal de Suez, qui permet de relier la Méditerranée à la Mer Rouge, du détroit de Bab-el-Mandeb entre la Mer
Rouge et l’Océan Indien, et du détroit d’Ormuz qui permet d’accéder au Golfe persique et à ses terminaux
pétroliers.
La libre-circulation dans les canaux et les détroits est un enjeu majeur pour l’économie mondiale, c’est pourquoi les
grandes puissances s’efforcent de la garantir :
- En 1956, le président égyptien Nasser annonce la nationalisation du canal de Suez (doc 2 p 112), jusque-là
administré par une compagnie franco-britannique. La France et le Royaume-Uni, qui percevaient les droits
de péage et qui sont désormais inquiets pour leur approvisionnement en pétrole, interviennent
militairement au côté d’Israël contre l’Egypte. Cependant, malgré la victoire militaire, les troupes franco-
israélo-britannique sont obligées de se retirer à la suite d’un ultimatum conjoint des Etats-Unis et de l’URSS.
- Durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), des navires de guerre américains patrouillent dans le Golfe persique
pour garantir la liberté de navigation des pétroliers.
Aujourd’hui, la Vème flotte de l’US Navy est déployée en permanence au Moyen-Orient et ses navires (dont
des porte-avions) naviguent dans le Golfe persique et la Mer Rouge.
- Pour garantir la sécurité du détroit de Bab-el-Mandeb et lutter contre la piraterie maritime, la France
dispose à Djibouti d’une importante base militaire. Depuis 2002, elle est également utilisée par l’armée
américaine.
II. …au cœur des rivalités internationales
1) Un enjeu de la guerre froide
Le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu clé de la guerre froide. Au début des années 1950, les Etats-Unis et
l’URSS tentent d’y imposer leur influence.
En 1952, la Turquie rejoint l’OTAN. En 1955, les Etats-Unis mettent en place le Pacte de Bagdad (Royaume-Uni,
Turquie, Irak, Iran, Pakistan) pour endiguer la progression du communisme (doctrine du containment).
La même année, l’URSS se rapproche de l’Egypte et de la Syrie en leur apportant notamment une aide militaire
massive. La France devient le principal allié d’Israël.
Le Moyen-Orient a connu plusieurs conflits dans lesquels les Etats-Unis et l’URSS sont intervenus indirectement :
- La crise de Suez (1956) : l’Egypte bénéficie de soutien de l’Union soviétique qui n’hésite pas à lancer un
ultimatum à la France et au Royaume-Uni.
- En 1958, les Etats-Unis interviennent militairement au Liban pour soutenir le président pro-occidental contre
ceux qui voulaient que le pays se rapproche de l’Egypte et de la Syrie, soutenues par l’URSS.
- Lors de la guerre des Six-Jours (1967), l’URSS soutient militairement l’Egypte, la Syrie et l’Irak (qui s’est
retirée du Pacte de Bagdad en 1959) contre Israël qui bénéficie du soutien de la France (et donc du soutien
indirect des Etats-Unis). Après cette guerre, les Etats-Unis deviennent le principal allié d’Israël.
- La guerre du Kippour (1973) peut être considéré comme un conflit indirect de la guerre froide entre l’URSS
qui soutient militairement les pays arabes et les Etats-Unis qui organisent un pont aérien pour
approvisionner en armes Israël.
- En 1979, l’armée Rouge (URSS) intervient massivement en Afghanistan pour soutenir le gouvernement
communiste contre les Moudjahiddins (ceux qui font le Djihad) armés par les Etats-Unis. Les troupes
soviétiques, vaincues par les Moudjahiddins, évacuent l’Afghanistan en 1989.
- Durant la guerre Iran-Irak (1980-1989), l’Irak (qui s’est éloignée de l’URSS avec l’arrivée au pouvoir de
Saddam Hussein en 1979) bénéficie du soutien occidental (et notamment de la France) ; alors que l’Iran
bénéficie du soutien de l’URSS (depuis la révolution islamique de 1979 lorsque le Shah d’Iran, allié des Etats-
Unis, a été renversé).
Le pétrole est aussi un enjeu de la guerre froide et un facteur de rivalités Est-Ouest :
- Pour sécuriser leur approvisionnement en pétrole, les Etats-Unis deviennent le principal allié de l’Arabie
Saoudite et de l’Iran dont le pétrole est exploité par les grandes compagnies pétrolières occidentales.
Néanmoins, le soutien des Occidentaux à Israël lors de la guerre du Kippour pousse les pays de l’OPEP (dont
l’Arabie Saoudite) à décréter un embargo sur les livraisons de pétrole et à augmenter leurs prix (doc 3 p
111). C’est le choc pétrolier qui a un impact considérable sur l’économie des pays occidentaux.
- En 1953, la CIA renverse le gouvernement du Premier ministre iranien Mossadegh qui avait voulu
nationaliser les compagnies pétrolières et se rapprocher de l’URSS (doc 2 p 110). Le Shah d’Iran devient
alors l’un des alliés les plus proches des Etats-Unis au Moyen-Orient.
- En 1985, le président Reagan persuade l’Arabie Saoudite d’augmenter fortement sa production de pétrole,
ce qui provoque une forte baisse des prix du pétrole. L’objectif est d’asphyxier l’économie soviétique qui
dépend principalement des exportations de pétrole. C’est l’une des causes de l’effondrement de l’URSS et
de la fin de la guerre froide.
2) Le conflit israélo-arabe au cœur des conflits du Moyen-Orient
De nombreux conflits au Moyen-Orient sont liés à la création de l’Etat d’Israël en 1948 qui se heurte à la montée du
nationalisme arabe.
L’émigration juive en Palestine est liée au mouvement sioniste, créé à la fin du XIXème siècle, qui a pour but
d’établir un territoire ou un Etat pour les juifs du monde entier.
Dans les années 1920-1930 les Britanniques, qui disposent d’un Mandat sur la Palestine, adoptent une politique
floue en soutenant d’abord l’émigration juive avant de la réduire fortement pour ne pas mécontenter les Arabes, ce
qui provoque des conflits violents.
En 1947, l’ONU adopte un plan de partage qui prévoit la création de deux Etats, Juif et Arabe, tandis que
Jérusalem est placée sous statut international. Les Etats arabes rejettent ce plan et attaquent Israël le lendemain
de son indépendance (mai 1948).
La victoire d’Israël lui permet d’étendre son territoire et provoque l’émigration de 750 000 Palestiniens vers les
pays arabes qui annexent la Cisjordanie et Gaza (doc 2 p 123). La question des réfugiés est toujours d’actualité car
Israël refuse leur retour.
En juin 1967, la victoire éclair d’Israël lors de la guerre des Six-Jours lui permet de conquérir le Sinaï mais surtout
d’occuper les territoires palestiniens (Cisjordanie, Bande de Gaza, plateau du Golan) ainsi que Jérusalem-Est (docs
1 et 2 p 118).
La guerre des Six-Jours radicalise le conflit israélo-palestinien :
- Les Israéliens implantent des colonies dans les territoires occupés pour pousser les Arabes à partir.
- Les Palestiniens décident de mener eux-mêmes la lutte armée contre Israël sans recourir aux Etats arabes.
L’OLP (Organisation de libération de la Palestine) de Yasser Arafat (doc 4 p 119) mène plusieurs attentats
dans les années 70 (détournement d’avions, assassinat d’athlètes israéliens lors des JO de Munich en
1972…).
En 1987, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza se révoltent contre l’armée israélienne qui contrôle ces
territoires : c’est la 1ère intifada (guerre des pierres). C’est une révolte très médiatisée qui redonne du crédit à la
cause palestinienne car elle rompt avec les pratiques terroristes de l’OLP.
Au début des années 1990, les conditions sont réunies pour un règlement de la question palestinienne : les guerres
israélo-arabes sont terminées (l’Egypte et la Jordanie ont fait la paix avec Israël) et l’OLP a abandonné le terrorisme.
En 1993 sont signés les accords d’Oslo entre Yitzhak Rabin (Premier ministre israélien) et Yasser Arafat. A cette
occasion, Israël et l’OLP se reconnaissent mutuellement et prévoient la mise en place d’une Autorité palestinienne
ayant certains pouvoirs (éducation, santé, police) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (doc 1 p 120). Les
Palestiniens sont l’espoir que le processus de paix aboutisse, à terme, à la constitution d’un Etat palestinien
indépendant.
Cependant, le processus de paix est aujourd’hui bloqué en raison d’une radicalisation des deux camps :
- Du côté israélien, Yitzhak Rabin est assassiné en 1995 par un israélien d’extrême-droite opposé au processus
de paix. Par ailleurs le retour de la droite au pouvoir, moins favorable au dialogue avec les Palestiniens,
s’accompagne d’une reprise de la colonisation dans les territoires occupés (doc 4 p 121).
- Du côté palestinien, l’intifada reprend en 2002 et des groupes radicaux commettent des attentats-suicides
en Israël. A Gaza, le Hamas (mouvement islamiste qui prône la destruction d’Israël) remporte les élections
législatives palestiniennes de 2006 et prend le pouvoir à Gaza après un conflit avec le Fatah (parti fondé par
Arafat).
Les deux camps n’arrivent pas à s’entendre sur la question des réfugiés palestiniens, sur le statut de Jérusalem
(revendiquée comme capitale par les Palestiniens et Israël), sur les frontières du futur Etat, sur les colonies
israéliennes de Cisjordanie…
3) De nouvelles conflictualités depuis 1990
La disparition de l’URSS permet aux Etats-Unis d’intervenir seuls au Proche et au Moyen-Orient pour défendre leurs
intérêts :
- Guerre du Golfe : Pour libérer le Koweït, envahi en 1990 par l’Irak de Saddam Hussein qui voulait
s’approprier son pétrole, les Etats-Unis constituent une vaste coalition de 34 pays (dont de nombreux pays
arabes) avec le soutien de l’ONU. La guerre du Golfe permet aux Etats-Unis de resserrer ses liens avec
l’Arabie Saoudite, qui accueille les troupes occidentales de la coalition, ce qui provoque le mécontentement
des islamistes radicaux comme le saoudien Ben Laden.
- Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis s’engagent dans une guerre contre le terrorisme.
Dans ce cadre, les Etats-Unis interviennent contre des Etats faisant partie d’un « axe du mal » (George W.
Bush), c’est-à-dire soutenant des groupes terroristes comme Al Qaïda.
En 2001, les Etats-Unis constituent une coalition (sous mandat de l’ONU) pour lutter contre les Talibans en
Afghanistan.
En 2003, munis de fausses preuves, les Etats-Unis accusent Saddam Hussein de soutenir le terrorisme et de
détenir des armes de destruction massive. Ils interviennent militairement, sans mandat de l’ONU, et
renversent Saddam Hussein.
III. L’islamisme radical, facteur de déstabilisation du Moyen-Orient
1) Qu’est-ce que l’islamisme ?
L’islamisme est une idéologie fondée en 1928 en Egypte par les Frères musulmans et qui a pour objectif de faire de
l’islam le fondement des sociétés arabes par l’application de la charia, c’est-à-dire un ensemble de règles régissant
la vie publique et privée inspirées du Coran (doc 1 p 108). On parle alors d’islamisme politique.
L’islamisme est une idéologie conservatrice qui rejette la modernité, les libertés publiques et privées ainsi que tout
ce qui incarne l’Occident. L’Arabie Saoudite est un cas particulier car c’est un pays gouverné selon la doctrine
wahhabite, très rigoriste, mais qui a gardé des liens étroits avec l’Occident pour des raisons économiques.
Dans les années 70, les islamistes luttent contre les Etats arabes comme l’Egypte, la Syrie, l’Irak, la Jordanie… (car ils
incarnent une certaine forme de laïcité) qui les répriment.
2) Le terrorisme islamiste
Depuis le début des années 90, certains groupes islamistes se sont radicalisés comme Al-Qaïda qui prône le djihad
contre l’Occident, mais sans avoir de réel projet politique au contraire du Hezbollah et du Hamas dans les
territoires palestiniens ou de l’Organisation Etat islamique (Daech) en Irak et en Syrie.
Al-Qaïda est responsable d’attentats meurtriers contre les Occidentaux, dont le plus important fut l’attaque du 11
septembre 2001 sur New York et Washington. Leur mode d’action principal est l’attentat-suicide.
Aujourd’hui, Daech est le principal organisateur d’attentats, principalement au Moyen-Orient, mais aussi dans le
reste du monde, notamment dans les pays occidentaux (Attentats de Paris, novembre 2015…).
3) La diffusion de l’islamisme au Moyen-Orient
C’est en Iran que l’islamisme arrive au pouvoir pour la 1ère fois, à l’occasion de la Révolution de 1979 qui chasse le
Shah d’Iran. L’Iran devient une République islamique dirigée par des religieux (les Ayatollah). Alors que l’Iran était
l’un des principaux alliés des Etats-Unis, la République islamique d’Iran devient en 1979 son principal adversaire
dans la région, comme en témoigne la crise des otages de Téhéran.
L’Iran est aussi violemment anti-sioniste et soutien le Hezbollah libanais dans sa lutte contre Israël.
En 2002, le parti islamiste modéré de Recep Erdogan (actuel président de Turquie) arrive au pouvoir.
En 2011, une série de révolutions a lieu dans le monde arabe contre les régimes autoritaires : c’est le « printemps
arabe ». Les opposants réclament plus de liberté, de démocratie et une amélioration des conditions de vie.
Cependant, dans des sociétés sans tradition démocratique, l’opposition libérale mal organisée est rapidement
éclipsée au profit des islamistes, plus ou moins modérés, qui s’imposent après la chute des dictateurs :
- Le « Printemps arabe » débute en Tunisie avec la chute de Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. Le parti au
pouvoir gouverne désormais avec le parti islamiste.
- En Egypte, la révolution met fin au régime d’Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 31 ans. Le candidat
islamiste des Frères musulmans, Mohamed Morsi, est élu président de la République (il sera renversé en
2013).
- En Libye, la révolution est violemment réprimée par le régime de Mouammar Kadhafi. Elle se transforme en
guerre civile entre les forces pro-gouvernementales et les groupes rebelles, pour la plupart islamistes,
soutenus militairement par les Occidentaux (France et Etats-Unis principalement).
- En Syrie, le régime de Bachar el-Assad réprime violemment la contestation, qui se transforme rapidement
en guerre civile. Parmi les opposants au régime, qualifiés de « rebelles » par le régime, figure des groupes
islamistes radicaux comme Daech ou Al-Nosra.
Aujourd’hui, la guerre civile en Syrie et en Irak est le principal facteur de déstabilisation au Proche et eu Moyen-
Orient.
Causes :
- Intervention américaine en Irak en 2003. Les Etats-Unis favorisent la mise en place d’un gouvernement
chiite, ce qui provoque une guerre civile avec les milices sunnites.
- L’Organisation Etat islamique (sunnite) est créée en Irak.
- Le « printemps arabe » (2011) s’étend à la Syrie. Les opposants au régime de Bachar el-Assad sont
violemment réprimés et bombardés par l’aviation du régime.
Conséquences :
- Les Etats-Unis constituent une coalition pour protéger la population syrienne des bombardements du
régime de Bachar el-Assad mais aussi pour bombarder les groupes djihadistes comme Daech qui menacent
la stabilité de la région et commettent des attentats dans les pays occidentaux.
- La Russie intervient aussi, mais pour soutenir Bachar el-Assad, qui est son seul allié dans la région. Elle
bombarde les opposants au régime aux côtés des forces syriennes.
- L’Iran (chiite), jusque-là principal ennemi des Etats-Unis, devient un allié de circonstance dans la lutte contre
Daech (sunnite). L’embargo décrété par les Etats-Unis en 1979 vient d’être levé.
- Crise diplomatique entre les Occidentaux et la Russie, notamment à l’occasion du bombardement par la
Russie de la ville d’Alep. Risque d’incidents entre forces américaines et russes.
- Effacement des frontières héritées de la colonisation par la volonté de Daech de créer un califat à cheval sur
la Syrie et l’Irak.
- La question des migrants qui fuient la guerre a des conséquences majeures pour l’Union européenne.
Le conflit en Irak et en Syrie est donc très complexe et multiforme. C’est à la fois un conflit politique, religieux
(chiite/sunnite), territorial, énergétique (pour le contrôle et le futur tracé des oléoducs et gazoducs) qui a des
répercussions diplomatiques, économiques et humanitaires internationales.
Conclusion :
Depuis 1945, le Proche et le Moyen-Orient sont agités par des conflits aux causes complexes et anciennes.
Aujourd’hui, c’est une région plus que jamais en voie de déstabilisation :
- La question palestinienne n’est toujours pas réglée. Le processus de paix est bloqué.
- L’intervention occidentale à partir de 2001 n’a pas réussi à ramener la paix en Afghanistan où les Talibans
reprennent du terrain.
- Le « printemps arabe » n’a pas favorisé la démocratie mais au contraire l’islamisme.
- Les Kurdes ne disposent toujours pas d’Etat.
- Les interventions occidentales en Irak et en Libye ont provoqué des guerres civiles meurtrières et contribué
à l’émergence de Daech.
Finalement, les seuls espaces de stabilité, sur lesquels s’appuient les Occidentaux dans leur lutte contre le
terrorisme et pour leur approvisionnement en pétrole et en gaz, sont les Etats autoritaires comme l’Arabie
Saoudite, Bahreïn ou le Qatar…

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  • 1. Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale Introduction : Le Proche et le Moyen-Orient n’ont pas de délimitations précises : « Proche-orient » : expression employée par la diplomatie française au XIXème siècle pour qualifier la bordure orientale de la Méditerranée. « Moyen-Orient » : expression employée par les Britanniques (Middle East). Région plus vaste car elle comprend les territoires de l’Est de la Méditerranée (Egypte, Turquie…) jusqu’à la frontière de l’Inde (Afghanistan, Pakistan) en passant par la péninsule arabique. Depuis le démantèlement de l’Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale, le Proche et le Moyen- Orient sont des régions très instables sous influence occidentale. Depuis la Seconde Guerre mondiale, cette instabilité s’est accentuée et a donné naissance à des conflits dont la résonnance est mondiale car ils sont au cœur des enjeux et des rivalités internationales. - Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ? - Pourquoi ces conflits ont-ils dans le monde une telle résonnance ? I. Des enjeux majeurs… 1) Une grande diversité culturelle et religieuse Le Moyen-Orient comprend 5 grands peuples (doc 1 p 105) : - Les Arabes. Ils sont les plus nombreux (environ 200 millions). Ils vivent dans la péninsule arabique, en Egypte, en Syrie, en Jordanie, en Irak, au Liban et en Israël. - Les Persans (environ 65 millions) en Iran. - Les Turcs (environ 60 millions) en Turquie. - Les Juifs (environ 6 millions) en Israël. - Les Kurdes (environ 30 millions) sont les seuls en situation de minorité ethnique car ils n’ont pas d’Etat (malgré les promesses faites par les Européens après la 1ère GM). Ils vivent sur un territoire à cheval sur la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran (doc 1 p 106). Les 3 grandes religions monothéistes sont présentes au Moyen-Orient (doc 2 p 105) : - L’islam domine largement avec 240 millions de musulmans, divisés en deux branches :  Les sunnites majoritaires (160 millions). Ils vivent principalement dans la péninsule arabique et au Proche-Orient.  Les chiites (80 millions) qui vivent principalement en Iran et dans le sud-est de l’Irak  Il existe aussi des branches minoritaires de l’islam comme les Druzes (Liban) ou les Alaouites (Syrie…) La division de l’islam entre sunnites et chiites remonte à la succession de Mahomet au VIIème siècle. Cette division est toujours un facteur de conflit important au Moyen-Orient. - Le judaïsme. Les juifs sont principalement présents en Israël où ils sont majoritaires (6 millions sur 8 millions). Attention, il existe aussi des Arabes (20 %) et des chrétiens israéliens. - Le christianisme est partout minoritaire, en Egypte (Coptes), au Liban (Maronites) ainsi qu’en Syrie et en Irak (Chrétiens d’Orient). Le Moyen-Orient comprend les lieux saints des 3 grandes religions monothéistes : La Mecque et Médine (islam) mais surtout Jérusalem, ville sainte des 3 religions, qui est au cœur du conflit israélo-arabe.
  • 2. 2) Des ressources convoitées Le Moyen-Orient est très riche en hydrocarbures, il est en le 1er fournisseur mondial. La région possède la moitié des réserves prouvées de pétrole et 40 % des réserves de gaz (doc 1 p 110). La plupart des pays du Moyen-Orient font partie de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui régule la production et fixe le prix des hydrocarbures. L’OPEP a donc un impact considérable sur l’économie mondiale (c’est elle qui est responsable du choc pétrolier de 1973 au cours le prix du pétrole a été multiplié par 5). La production d’hydrocarbures est en enjeu essentiel pour les pays du Moyen-Orient, qui en tirent l’essentiel de leur richesse (90 % des exportations de l’Arabie Saoudite par exemple). C’est pourquoi le contrôle des réserves d’hydrocarbures suscite des tensions (revendications territoriales entre l’Iran et les Emirats Arabes Unis), voire même des conflits entre les pays de la région (Guerre Iran/Irak en 1980- 1988, Guerre du Golfe 1990-1991 : invasion du Koweït par l’Irak). La sécurisation des filières d’approvisionnement en hydrocarbures est essentielle pour l’économie mondiale, et notamment pour celles des grandes puissances (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie) qui n’hésitent pas à intervenir militairement pour cela (1ère Guerre du Golfe, Guerre d’Irak en 2003). L’eau est également une ressource très convoitée dans une région aride marquée par une forte croissance démographique. Le partage des eaux des grands fleuves est source de tensions, comme par exemple entre Israël et ses voisins à propos du Jourdain (doc 2 p 120) ou à propos du contrôle du Tigre et de l’Euphrate. 3) Une position de carrefour à l’échelle mondiale Le Moyen-Orient occupe une position de carrefour entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie qui lui donne une importance géostratégique mondiale. La région est située sur la route maritime la plus empruntée au monde, entre l’Europe et l’Asie. A ce titre, les canaux et les détroits sont parmi les plus empruntés au monde. C’est notamment le cas du canal de Suez, qui permet de relier la Méditerranée à la Mer Rouge, du détroit de Bab-el-Mandeb entre la Mer Rouge et l’Océan Indien, et du détroit d’Ormuz qui permet d’accéder au Golfe persique et à ses terminaux pétroliers. La libre-circulation dans les canaux et les détroits est un enjeu majeur pour l’économie mondiale, c’est pourquoi les grandes puissances s’efforcent de la garantir : - En 1956, le président égyptien Nasser annonce la nationalisation du canal de Suez (doc 2 p 112), jusque-là administré par une compagnie franco-britannique. La France et le Royaume-Uni, qui percevaient les droits de péage et qui sont désormais inquiets pour leur approvisionnement en pétrole, interviennent militairement au côté d’Israël contre l’Egypte. Cependant, malgré la victoire militaire, les troupes franco- israélo-britannique sont obligées de se retirer à la suite d’un ultimatum conjoint des Etats-Unis et de l’URSS. - Durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), des navires de guerre américains patrouillent dans le Golfe persique pour garantir la liberté de navigation des pétroliers. Aujourd’hui, la Vème flotte de l’US Navy est déployée en permanence au Moyen-Orient et ses navires (dont des porte-avions) naviguent dans le Golfe persique et la Mer Rouge. - Pour garantir la sécurité du détroit de Bab-el-Mandeb et lutter contre la piraterie maritime, la France dispose à Djibouti d’une importante base militaire. Depuis 2002, elle est également utilisée par l’armée américaine.
  • 3. II. …au cœur des rivalités internationales 1) Un enjeu de la guerre froide Le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu clé de la guerre froide. Au début des années 1950, les Etats-Unis et l’URSS tentent d’y imposer leur influence. En 1952, la Turquie rejoint l’OTAN. En 1955, les Etats-Unis mettent en place le Pacte de Bagdad (Royaume-Uni, Turquie, Irak, Iran, Pakistan) pour endiguer la progression du communisme (doctrine du containment). La même année, l’URSS se rapproche de l’Egypte et de la Syrie en leur apportant notamment une aide militaire massive. La France devient le principal allié d’Israël. Le Moyen-Orient a connu plusieurs conflits dans lesquels les Etats-Unis et l’URSS sont intervenus indirectement : - La crise de Suez (1956) : l’Egypte bénéficie de soutien de l’Union soviétique qui n’hésite pas à lancer un ultimatum à la France et au Royaume-Uni. - En 1958, les Etats-Unis interviennent militairement au Liban pour soutenir le président pro-occidental contre ceux qui voulaient que le pays se rapproche de l’Egypte et de la Syrie, soutenues par l’URSS. - Lors de la guerre des Six-Jours (1967), l’URSS soutient militairement l’Egypte, la Syrie et l’Irak (qui s’est retirée du Pacte de Bagdad en 1959) contre Israël qui bénéficie du soutien de la France (et donc du soutien indirect des Etats-Unis). Après cette guerre, les Etats-Unis deviennent le principal allié d’Israël. - La guerre du Kippour (1973) peut être considéré comme un conflit indirect de la guerre froide entre l’URSS qui soutient militairement les pays arabes et les Etats-Unis qui organisent un pont aérien pour approvisionner en armes Israël. - En 1979, l’armée Rouge (URSS) intervient massivement en Afghanistan pour soutenir le gouvernement communiste contre les Moudjahiddins (ceux qui font le Djihad) armés par les Etats-Unis. Les troupes soviétiques, vaincues par les Moudjahiddins, évacuent l’Afghanistan en 1989. - Durant la guerre Iran-Irak (1980-1989), l’Irak (qui s’est éloignée de l’URSS avec l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein en 1979) bénéficie du soutien occidental (et notamment de la France) ; alors que l’Iran bénéficie du soutien de l’URSS (depuis la révolution islamique de 1979 lorsque le Shah d’Iran, allié des Etats- Unis, a été renversé). Le pétrole est aussi un enjeu de la guerre froide et un facteur de rivalités Est-Ouest : - Pour sécuriser leur approvisionnement en pétrole, les Etats-Unis deviennent le principal allié de l’Arabie Saoudite et de l’Iran dont le pétrole est exploité par les grandes compagnies pétrolières occidentales. Néanmoins, le soutien des Occidentaux à Israël lors de la guerre du Kippour pousse les pays de l’OPEP (dont l’Arabie Saoudite) à décréter un embargo sur les livraisons de pétrole et à augmenter leurs prix (doc 3 p 111). C’est le choc pétrolier qui a un impact considérable sur l’économie des pays occidentaux. - En 1953, la CIA renverse le gouvernement du Premier ministre iranien Mossadegh qui avait voulu nationaliser les compagnies pétrolières et se rapprocher de l’URSS (doc 2 p 110). Le Shah d’Iran devient alors l’un des alliés les plus proches des Etats-Unis au Moyen-Orient. - En 1985, le président Reagan persuade l’Arabie Saoudite d’augmenter fortement sa production de pétrole, ce qui provoque une forte baisse des prix du pétrole. L’objectif est d’asphyxier l’économie soviétique qui dépend principalement des exportations de pétrole. C’est l’une des causes de l’effondrement de l’URSS et de la fin de la guerre froide.
  • 4. 2) Le conflit israélo-arabe au cœur des conflits du Moyen-Orient De nombreux conflits au Moyen-Orient sont liés à la création de l’Etat d’Israël en 1948 qui se heurte à la montée du nationalisme arabe. L’émigration juive en Palestine est liée au mouvement sioniste, créé à la fin du XIXème siècle, qui a pour but d’établir un territoire ou un Etat pour les juifs du monde entier. Dans les années 1920-1930 les Britanniques, qui disposent d’un Mandat sur la Palestine, adoptent une politique floue en soutenant d’abord l’émigration juive avant de la réduire fortement pour ne pas mécontenter les Arabes, ce qui provoque des conflits violents. En 1947, l’ONU adopte un plan de partage qui prévoit la création de deux Etats, Juif et Arabe, tandis que Jérusalem est placée sous statut international. Les Etats arabes rejettent ce plan et attaquent Israël le lendemain de son indépendance (mai 1948). La victoire d’Israël lui permet d’étendre son territoire et provoque l’émigration de 750 000 Palestiniens vers les pays arabes qui annexent la Cisjordanie et Gaza (doc 2 p 123). La question des réfugiés est toujours d’actualité car Israël refuse leur retour. En juin 1967, la victoire éclair d’Israël lors de la guerre des Six-Jours lui permet de conquérir le Sinaï mais surtout d’occuper les territoires palestiniens (Cisjordanie, Bande de Gaza, plateau du Golan) ainsi que Jérusalem-Est (docs 1 et 2 p 118). La guerre des Six-Jours radicalise le conflit israélo-palestinien : - Les Israéliens implantent des colonies dans les territoires occupés pour pousser les Arabes à partir. - Les Palestiniens décident de mener eux-mêmes la lutte armée contre Israël sans recourir aux Etats arabes. L’OLP (Organisation de libération de la Palestine) de Yasser Arafat (doc 4 p 119) mène plusieurs attentats dans les années 70 (détournement d’avions, assassinat d’athlètes israéliens lors des JO de Munich en 1972…). En 1987, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza se révoltent contre l’armée israélienne qui contrôle ces territoires : c’est la 1ère intifada (guerre des pierres). C’est une révolte très médiatisée qui redonne du crédit à la cause palestinienne car elle rompt avec les pratiques terroristes de l’OLP. Au début des années 1990, les conditions sont réunies pour un règlement de la question palestinienne : les guerres israélo-arabes sont terminées (l’Egypte et la Jordanie ont fait la paix avec Israël) et l’OLP a abandonné le terrorisme. En 1993 sont signés les accords d’Oslo entre Yitzhak Rabin (Premier ministre israélien) et Yasser Arafat. A cette occasion, Israël et l’OLP se reconnaissent mutuellement et prévoient la mise en place d’une Autorité palestinienne ayant certains pouvoirs (éducation, santé, police) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (doc 1 p 120). Les Palestiniens sont l’espoir que le processus de paix aboutisse, à terme, à la constitution d’un Etat palestinien indépendant. Cependant, le processus de paix est aujourd’hui bloqué en raison d’une radicalisation des deux camps : - Du côté israélien, Yitzhak Rabin est assassiné en 1995 par un israélien d’extrême-droite opposé au processus de paix. Par ailleurs le retour de la droite au pouvoir, moins favorable au dialogue avec les Palestiniens, s’accompagne d’une reprise de la colonisation dans les territoires occupés (doc 4 p 121). - Du côté palestinien, l’intifada reprend en 2002 et des groupes radicaux commettent des attentats-suicides en Israël. A Gaza, le Hamas (mouvement islamiste qui prône la destruction d’Israël) remporte les élections législatives palestiniennes de 2006 et prend le pouvoir à Gaza après un conflit avec le Fatah (parti fondé par Arafat). Les deux camps n’arrivent pas à s’entendre sur la question des réfugiés palestiniens, sur le statut de Jérusalem (revendiquée comme capitale par les Palestiniens et Israël), sur les frontières du futur Etat, sur les colonies israéliennes de Cisjordanie…
  • 5. 3) De nouvelles conflictualités depuis 1990 La disparition de l’URSS permet aux Etats-Unis d’intervenir seuls au Proche et au Moyen-Orient pour défendre leurs intérêts : - Guerre du Golfe : Pour libérer le Koweït, envahi en 1990 par l’Irak de Saddam Hussein qui voulait s’approprier son pétrole, les Etats-Unis constituent une vaste coalition de 34 pays (dont de nombreux pays arabes) avec le soutien de l’ONU. La guerre du Golfe permet aux Etats-Unis de resserrer ses liens avec l’Arabie Saoudite, qui accueille les troupes occidentales de la coalition, ce qui provoque le mécontentement des islamistes radicaux comme le saoudien Ben Laden. - Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis s’engagent dans une guerre contre le terrorisme. Dans ce cadre, les Etats-Unis interviennent contre des Etats faisant partie d’un « axe du mal » (George W. Bush), c’est-à-dire soutenant des groupes terroristes comme Al Qaïda. En 2001, les Etats-Unis constituent une coalition (sous mandat de l’ONU) pour lutter contre les Talibans en Afghanistan. En 2003, munis de fausses preuves, les Etats-Unis accusent Saddam Hussein de soutenir le terrorisme et de détenir des armes de destruction massive. Ils interviennent militairement, sans mandat de l’ONU, et renversent Saddam Hussein. III. L’islamisme radical, facteur de déstabilisation du Moyen-Orient 1) Qu’est-ce que l’islamisme ? L’islamisme est une idéologie fondée en 1928 en Egypte par les Frères musulmans et qui a pour objectif de faire de l’islam le fondement des sociétés arabes par l’application de la charia, c’est-à-dire un ensemble de règles régissant la vie publique et privée inspirées du Coran (doc 1 p 108). On parle alors d’islamisme politique. L’islamisme est une idéologie conservatrice qui rejette la modernité, les libertés publiques et privées ainsi que tout ce qui incarne l’Occident. L’Arabie Saoudite est un cas particulier car c’est un pays gouverné selon la doctrine wahhabite, très rigoriste, mais qui a gardé des liens étroits avec l’Occident pour des raisons économiques. Dans les années 70, les islamistes luttent contre les Etats arabes comme l’Egypte, la Syrie, l’Irak, la Jordanie… (car ils incarnent une certaine forme de laïcité) qui les répriment. 2) Le terrorisme islamiste Depuis le début des années 90, certains groupes islamistes se sont radicalisés comme Al-Qaïda qui prône le djihad contre l’Occident, mais sans avoir de réel projet politique au contraire du Hezbollah et du Hamas dans les territoires palestiniens ou de l’Organisation Etat islamique (Daech) en Irak et en Syrie. Al-Qaïda est responsable d’attentats meurtriers contre les Occidentaux, dont le plus important fut l’attaque du 11 septembre 2001 sur New York et Washington. Leur mode d’action principal est l’attentat-suicide. Aujourd’hui, Daech est le principal organisateur d’attentats, principalement au Moyen-Orient, mais aussi dans le reste du monde, notamment dans les pays occidentaux (Attentats de Paris, novembre 2015…). 3) La diffusion de l’islamisme au Moyen-Orient C’est en Iran que l’islamisme arrive au pouvoir pour la 1ère fois, à l’occasion de la Révolution de 1979 qui chasse le Shah d’Iran. L’Iran devient une République islamique dirigée par des religieux (les Ayatollah). Alors que l’Iran était l’un des principaux alliés des Etats-Unis, la République islamique d’Iran devient en 1979 son principal adversaire dans la région, comme en témoigne la crise des otages de Téhéran. L’Iran est aussi violemment anti-sioniste et soutien le Hezbollah libanais dans sa lutte contre Israël. En 2002, le parti islamiste modéré de Recep Erdogan (actuel président de Turquie) arrive au pouvoir.
  • 6. En 2011, une série de révolutions a lieu dans le monde arabe contre les régimes autoritaires : c’est le « printemps arabe ». Les opposants réclament plus de liberté, de démocratie et une amélioration des conditions de vie. Cependant, dans des sociétés sans tradition démocratique, l’opposition libérale mal organisée est rapidement éclipsée au profit des islamistes, plus ou moins modérés, qui s’imposent après la chute des dictateurs : - Le « Printemps arabe » débute en Tunisie avec la chute de Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. Le parti au pouvoir gouverne désormais avec le parti islamiste. - En Egypte, la révolution met fin au régime d’Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 31 ans. Le candidat islamiste des Frères musulmans, Mohamed Morsi, est élu président de la République (il sera renversé en 2013). - En Libye, la révolution est violemment réprimée par le régime de Mouammar Kadhafi. Elle se transforme en guerre civile entre les forces pro-gouvernementales et les groupes rebelles, pour la plupart islamistes, soutenus militairement par les Occidentaux (France et Etats-Unis principalement). - En Syrie, le régime de Bachar el-Assad réprime violemment la contestation, qui se transforme rapidement en guerre civile. Parmi les opposants au régime, qualifiés de « rebelles » par le régime, figure des groupes islamistes radicaux comme Daech ou Al-Nosra. Aujourd’hui, la guerre civile en Syrie et en Irak est le principal facteur de déstabilisation au Proche et eu Moyen- Orient. Causes : - Intervention américaine en Irak en 2003. Les Etats-Unis favorisent la mise en place d’un gouvernement chiite, ce qui provoque une guerre civile avec les milices sunnites. - L’Organisation Etat islamique (sunnite) est créée en Irak. - Le « printemps arabe » (2011) s’étend à la Syrie. Les opposants au régime de Bachar el-Assad sont violemment réprimés et bombardés par l’aviation du régime. Conséquences : - Les Etats-Unis constituent une coalition pour protéger la population syrienne des bombardements du régime de Bachar el-Assad mais aussi pour bombarder les groupes djihadistes comme Daech qui menacent la stabilité de la région et commettent des attentats dans les pays occidentaux. - La Russie intervient aussi, mais pour soutenir Bachar el-Assad, qui est son seul allié dans la région. Elle bombarde les opposants au régime aux côtés des forces syriennes. - L’Iran (chiite), jusque-là principal ennemi des Etats-Unis, devient un allié de circonstance dans la lutte contre Daech (sunnite). L’embargo décrété par les Etats-Unis en 1979 vient d’être levé. - Crise diplomatique entre les Occidentaux et la Russie, notamment à l’occasion du bombardement par la Russie de la ville d’Alep. Risque d’incidents entre forces américaines et russes. - Effacement des frontières héritées de la colonisation par la volonté de Daech de créer un califat à cheval sur la Syrie et l’Irak. - La question des migrants qui fuient la guerre a des conséquences majeures pour l’Union européenne. Le conflit en Irak et en Syrie est donc très complexe et multiforme. C’est à la fois un conflit politique, religieux (chiite/sunnite), territorial, énergétique (pour le contrôle et le futur tracé des oléoducs et gazoducs) qui a des répercussions diplomatiques, économiques et humanitaires internationales.
  • 7. Conclusion : Depuis 1945, le Proche et le Moyen-Orient sont agités par des conflits aux causes complexes et anciennes. Aujourd’hui, c’est une région plus que jamais en voie de déstabilisation : - La question palestinienne n’est toujours pas réglée. Le processus de paix est bloqué. - L’intervention occidentale à partir de 2001 n’a pas réussi à ramener la paix en Afghanistan où les Talibans reprennent du terrain. - Le « printemps arabe » n’a pas favorisé la démocratie mais au contraire l’islamisme. - Les Kurdes ne disposent toujours pas d’Etat. - Les interventions occidentales en Irak et en Libye ont provoqué des guerres civiles meurtrières et contribué à l’émergence de Daech. Finalement, les seuls espaces de stabilité, sur lesquels s’appuient les Occidentaux dans leur lutte contre le terrorisme et pour leur approvisionnement en pétrole et en gaz, sont les Etats autoritaires comme l’Arabie Saoudite, Bahreïn ou le Qatar…