Revue AFPEP-SNPP BIPP N° 71 Novembre 2016
La lecture de l’article sur le «Terrorisme, des questions et des non réponses » 1 et le «droit de réponse» de son auteur 2 suscite un profond malaise, surtout après l’attentat de Nice, de Saint Etienne du Rouvray, d’abord teinté de stupéfaction puis de colère.
La méthode utilisée par son auteur est bien connue : «le terrorisme est quelque chose d’affreux, de condamnable et universellement condamné mais tous les peuples, toutes les nations y ont eu recours à un moment donné de leur histoire, les chrétiens à l’époque des croisades (contre les arabes et les juifs), et les juifs aujourd’hui encore …»
C’est un moyen commode, nous le savons, de ne pas se confronter à la spécificité de l’actuel terrorisme arabo-musulman dans le monde contemporain qui vise l’Occident dans ses fondements, ses valeurs morales judéo-chrétiennes et tous ceux qui s’en réclament, musulmans compris. (...)
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1. AFPEP-SNPP BIPP N° 71
Droit de réponse
La lecture de l’article sur le «Terrorisme, des questions
et des non réponses »1 et le «droit de réponse» de
son auteur 2 suscite un profond malaise, surtout après
l’attentat de Nice, de Saint Etienne du Rouvray, d’abord
teinté de stupéfaction puis de colère.
La méthode utilisée par son auteur est bien connue :
«le terrorisme est quelque chose d’affreux, de
condamnable et universellement condamné mais tous
les peuples, toutes les nations y ont eu recours à un
moment donné de leur histoire, les chrétiens à l’époque
des croisades (contre les arabes et les juifs), et les juifs
aujourd’hui encore …»
C’est un moyen commode, nous le savons, de ne pas
se confronter à la spécificité de l’actuel terrorisme
arabo-musulman dans le monde contemporain qui vise
l’Occident dans ses fondements, ses valeurs morales
judéo-chrétiennes et tous ceux qui s’en réclament,
musulmans compris.
Trois remarques :
1) Le monde occidental a su renoncer au terrorisme
grâce à un puissant travail de civilisation mené par
ses élites éclairées par les Lumières sauf pendant le
nazisme à cause justement de la lâcheté de ses élites.
2) Ce dont on parle ici c’est du terrorisme institutionnel,
d’État, encouragé, valorisé par ses dirigeants comme
cela a été le cas sous le Nazisme et aujourd’hui par
Daech et le Hamas. Il suffit d’ouvrir les yeux pour
voir ces scènes de liesse populaire dans le monde
arabo-musulman à l’annonce des assassinats de
civils occidentaux ou assimilés, par ce terrorisme
institutionnel. On distribue des bonbons aux enfants
dans les rues, les mères des terroristes morts après
leurs crimes louant leurs fils martyrs encourageant
d’autres enfants à en faire autant sous l’œil ému et
satisfait des élites au double discours : bienveillant et
encourageant à l’intérieur, regrettant (à voix basse)
à l’extérieur.
C’est la que commence le fait intellectuel fruit du
travail de civilisation, dans ce distinguo entre le
terrorisme d’État, de Daech, du Hamas du Nazisme
compris établi et institutionnalisé et le terrorisme de
groupuscule ou d’individu isolé que nous devons
comprendre (et la psychiatrie a quelque chose à
en dire) et combattre. C’est ce distinguo qui a été
établi par le Tribunal de Nuremberg et le procès
d’Eichmann.
3) Mettre sur le même plan, confondre littéralement, les
écoles des Kibboutz inspirées par le Socialisme, laïc
par essence, prônant les valeurs de la philosophie
des Lumières avec les Madrasas et les écoles
coraniques, mettre sur le même plan, confondre
littéralement les soldats de l’armée légitime d’un
État de droit, démocratique avec les terroristes de
Daech et du Hamas, est suffisamment abject pour
se passer de tout commentaire.
La méthode bien connue utilisée par l’auteur de
l’article et du «droit de réponse» consiste à discréditer
les fondements politiques et moraux de la civilisation
occidentale en son cœur judéo-chrétien de façon à
nier le drame interne qui se joue dans le monde arabo-
musulman, incapable, actuellement, de faire ce travail
de civilisation, légitimant de facto le terrorisme qui y est
éclos.
Lorsqu’on observe que la Tunisie est actuellement l’un
des premiers pourvoyeurs de djihadistes en Syrie et
en France, on éprouve de la nostalgie pour la Tunisie
du Président Bourguiba. Lui-même éclairé par les
Lumières, entouré par une élite courageuse, il savait
parler au peuple, le guider, l’éclairer. Pendant la période
du Ramadan il avait fait un discours en direct à la
télévision. Il expliquait que le Djihad tant prôné pendant
cette période de Ramadan était d’abord une guerre
contre le sous-développement, l’analphabétisme,
l’obscurantisme. Il fallait y consacrer toutes ses forces.
Et il but un verre d’eau en direct à la télévision.
Les propos de l’auteur de l’article et de son «droit
de réponse» sont donc ceux d’un discours politique,
chichement habillé de quelques références
«scientifiques». Voilà pourquoi la réponse doit être
politique.
Une question se pose alors : Le bulletin du Syndicat
National (français) des Psychiatres d’Exercice Privé
est-il le lieu pour ce type d’échange ? Est-il acceptable
que la rédaction du bulletin laisse passer de tels propos
idéologiques d’abord de façon subreptice dans l’article
puis clairement sans ambiguïté dans le «droit de
réponse» agressif, voire injurieux à l’égard d’un pays
à l’État de droit et démocratique. Le bulletin est-il une
tribune politique ?
Si c’est le cas, il faut que les choses soient dites très
clairement et je pense que nous sommes un certain
nombre à pouvoir nous engager dans ces débats.
Je vous prie de publier ce texte comme droit de réponse
dans votre prochain Bulletin.
Sincères salutations.
Marc Hayat
Psychiatre, psychanalyste
1 Bulletin N° 69 Novembre 2015
2 Bulletin N° 70 Mai 2016
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