Revue "What's Up Doc" n°28 - Septembre Octobre 2016
Grâce à une équipe de chirurgiens viscéraux de Poitiers, la simu chirurgicale passe au niveau supérieur avec des cadavres revascularisés et ventilés adaptatifs ! La technique, encore en phase de perfectionnement, obtient des premiers retours enthousiastes.
Les modules haute-fidélité peuvent aller se rhabiller, la simulation hyperréaliste en chirurgie est arrivée ! SimLife repose sur l’utilisation de corps frais préparés, perfusés par une pompe injectant du liquide dans la circulation de manière pulsatile et ventilés comme des patients (vivants). L’équipe du laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Simulation du CHU de Poitiers, sous la direction du Pr Jean-Pierre Richer, travaille depuis 3 ans sur ce projet.
rhabiller, la simulation hyperréaliste en chirurgie est arrivée ! SimLife repose sur l’utilisation de corps frais préparés, perfusés par une pompe injectant du liquide dans la circulation de manière pulsatile et ventilés comme des patients (vivants). L’équipe du laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Simulation du CHU de Poitiers, sous la direction du Pr Jean-Pierre Richer, travaille depuis 3 ans sur ce projet.« Les internes sont formés sur pelvi-trainers et animaux avant d’opérer, mais on est très loin du bloc, il manque une étape », explique le Pr Jean-Pierre Faure, co-responsable de l'école de chirurgie de l'Université de Poitiers. La dissection sur cadavre n’est pas considérée comme de la simulation, c’est l’apprentissage de l’anatomie de base, car l’état des tissus ne correspond pas à la réalité d’un chirurgien. « Une simulation avec SimLife, c’est un peu la grand-messe de la répétition générale pour un jeune ! »
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http://www.reseauprosante.fr/
1. Grâce à une équipe de chirurgiens viscéraux de Poitiers, la simu
chirurgicale passe au niveau supérieur avec des cadavres revascularisés
et ventilés adaptatifs ! La technique, encore en phase de perfectionnement,
obtient des premiers retours enthousiastes.
Les modules haute-fidélité peuvent aller se
rhabiller, la simulation hyperréaliste en chirurgie
est arrivée! SimLife repose sur l’utilisation de
corps frais préparés, perfusés par une pompe
injectant du liquide dans la circulation de manière
pulsatile et ventilés comme des patients
(vivants). L’équipe du laboratoire d’Anatomie,
Biomécanique et Simulation du CHU de
Poitiers, sous la direction du Pr Jean-Pierre
Richer, travaille depuis 3 ans sur ce projet.
« Les internes sont formés sur pelvi-trainers
et animaux avant d’opérer, mais on est très loin
du bloc, il manque une étape », explique le
Pr Jean-Pierre Faure, co-responsable de l'école de
chirurgie de l'Université de Poitiers. La dissection
sur cadavre n’est pas considérée comme de
la simulation, c’est l’apprentissage de l’anatomie
de base, car l’état des tissus ne correspond pas
à la réalité d’un chirurgien. « Une simulation
avec SimLife, c’est un peu la grand-messe
de la répétition générale pour un jeune! »
L’avis de l’interne Clément était en 5e
semestre d’urologie quand il a testé
SimLife, sur un scénario de prélèvement foie-reins. Il avait bien sûr déjà assisté à des PMO
(prélèvements multi-organes), mais n’avait jamais été THE premier opérateur sur une chirurgie ouverte.
Lors de sa séance de simulation il a tout fait, de l’incision à la fermeture, assisté par un chirurgien formateur
qui jouait le rôle d’aide-op’. Il a été impressionné par la vraisemblance du modèle : des tissus chauds, des
plans respectés, pulsatiles… « En plus, il faut apprendre à gérer son équipe, se faire aider, prendre des
décisions, anticiper la chronologie. Mais une fois qu’on l’a fait, si on a oublié quelque chose par exemple,
on ne l’oubliera plus, c’est ancré. » D’où l’intérêt et l’importance à la fois d’utiliser SimLife vers la fin
de la formation, pour des internes déjà à l’aise sur les procédures, ou pour de jeunes chefs.
SIMULATION
SimLife,
bienvenue à
ZombielandSARAH BALFAGON
34 What’s Up Doc? 28 sept.-oct. 2016
2. Des équipes américaines utilisent depuis 2001 des
cadavres humains reperfusés, mais sans pulsatilité ni
adaptation hémodynamique ou respiratoire possible.
Alors que dans le labo de Poitiers, un « biomécanicien »,
le Dr Cyril Brèque, a mis au point LA pompe, cœur du
système SimLife et modèle breveté. Pour le sang artificiel,
des étudiants de M1 en stage au labo testent actuellement
des recettes pour améliorer la viscosité et la texture.
La modularité de SimLife est l’un de ses points forts :
« Toutes les applications pratiques du modèle ne sont
pas encore définies, on est en phase de développement
et d’évaluation », souligne Jean-Pierre Faure.
Pour l’instant, il est validé au plan national pour
le remplacement des valves aortiques et pour
les prélèvements d’organes, la collaboration avec l’École
francophone de prélèvement multi-organe (EFPMO)
ayant débuté très tôt dans le projet et permis de
faire évoluer la technique. La prochaine étape est
l’industrialisation et la miniaturisation du système,
avec la mise en place de commandes tactiles via une
tablette pour modifier les paramètres en temps réel.
Le point faible de SimLife, c’est son prix. Jean-Pierre
Faure le reconnaît : « Le protocole de préparation des
corps est long, minutieux et encore assez coûteux ».
Mais avec un corps, il est possible de faire plusieurs
séances successives, sur différentes zones. L’autre
limite, c’est le nombre de corps disponibles, qui
proviennent du Centre de don des corps, d’autant
que certains ne peuvent pas être utilisés, étant
en trop mauvais état de conservation. L’invasion
des zombies n’est pas pour tout de suite!
La recette
de SimLife
Ingrédients un corps frais,
un préparateur qualifié, un système
de branchement et une pompe SimLife,
du matériel chirurgical.
Opérateurs des chirurgiens seniors
formateurs en simulation, des internes
et une IBODE.
Coût environ 2000 € par session (2 jours).
Réalisation
1- Préparez rapidement un corps frais dès
son arrivée (3 heures pour une personne
entraînée), avant de le congeler.
2- Décongelez lentement (sur 3 jours).
3- Le 2e
jour, les membres peuvent déjà
être utilisés par les orthopédistes
pour de l’arthroscopie.
4- Une fois à température ambiante,
branchez des canules sur les gros
vaisseaux que vous aurez exposés,
remplissez de sang artificiel à 37 °C,
et lancez la pompe SimLife.
5- Pour plus de réalisme intubez et ventilez.
6- Les séances de simu en équipes peuvent
commencer, dans la bonne humeur
qui caractérise un bloc opératoire (ou
dans le stress pour corser l’exercice).
7- Le premier geste peut être de la chirurgie
bariatrique, le second une néphrectomie
bilatérale, le dernier de la chirurgie
cardiaque. Les gestes d’abord du rachis
lombaire par voie antérieure et de
chimiothérapie intra-abdominale font
partie des options possibles. (Attention,
en cas de plaie vasculaire le sang gicle,
et si la brèche n’est pas refermée assez
rapidement, la tension chute jusqu’à ce
que mort s’ensuive - enfin : la
dézombification -).
FINISH!!! À la fin de la séance,
débriefez, vidéos à l’appui,
comme dans toute bonne
simulation!
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