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L’ACCIDENT
L’accident est par définition un événement auquel personne n’est préparé.
Il laisse les personnes victimes et leurs familles totalement désemparées,
face aux procédures, démarches et instances auxquelles elles seront
confrontées.
Nous vous proposons de trouver dans ce manuel, un maximum d’informa-
tions afin de vous guider, si par malheur vous êtes touchés par l’épreuve
de l’accident.
Nous abordons ici les accidents corporels : blessures ou décès.
MODE D’EMPLOI DU MANUEL
Pour une lecture plus fluide, nous avons choisi d’attribuer à chaque ins-
tance autour de l’accident une couleur spécifique :
Forces de l’ordre (Police, Gendarmerie)
Secours d’urgence (SAMU, Pompiers, Hôpitaux et autres)
Médecine et santé (Rééducation, Sécurité Sociale, COTOREP…)
La Loi (Procureur, Avocats, Tribunaux, Juges…)
Les assurances
Les personnes victimes,leurs droits et les conseils de l’AIVAR
Nous souhaitons vivement que vous n’ayez jamais utilité de cet ouvrage,
et nous vous souhaitons bonne route en vous rappelant que la vitesse, l’al-
cool, la fatigue, le mauvais état du véhicule sont autant de facteurs de
risques pour vous-même que pour les autres usagers de la route.
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LE LIEU ET LE MOMENT DE L’ACCIDENT
Lors d’un accident, les forces de la loi vont intervenir :
• Police Nationale en zone urbaine
• Gendarmerie Nationale en zone rurale
• CRS sur certaines autoroutes
Ce sont eux qui établissent le procès-verbal ( PV ) de l’accident.
Alertés, les secours vont venir porter assistance aux personnes victimes,
selon leur proximité :
• Sapeurs Pompiers
• SAMU - SMUR
• Secouristes (Croix Rouge par exemple)
• Médecin s’il se trouve à proximité
Les personnes victimes seront alors dirigées vers la structure hospita-
lière la plus proche ou la plus adaptée à la gravité des blessures.
Les personnes décédées sur place seront transférées à la morgue ou à
l’IML (Institut Médicolégal).
Votre assureur doit vous envoyer gratuitement
une copie du procès-verbal
(article 13 de la Loi Badinter du 5 juillet 1985).
Votre avocat peut également vous le fournir.
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LES CONSEQUENCES IMMEDIATES DE L’ACCIDENT
Personne victime blessée :
• Prise en charge par les secours, la personne blessée est dirigée
vers un établissement hospitalier en fonction de son état.
• Accueil et premiers examens et diagnostic hospitalier.
• Accueil de la famille et des proches à l’hôpital et annonce de l’état
de santé de la personne blessée.
ATTENTION ! Même si vous ne vous considérez pas gravement at-
teint, ne refusez pas votre transfert pour un contrôle médical !
Votre refus peut être préjudiciable s’il s’avère que vos trauma-
tismes ont eu des conséquences sur votre état physique.
Il existe une Charte d’accueil des hôpitaux.
Elle recommande une attention particulière des
personnes hospitalisées et de leur famille.
Les proches doivent veiller à être informés dans
un lieu privé, dans le respect de leur angoisse et
de la confidentialité entourant la nature des
blessures, les causes de l’accident etc.
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Personne victime décédée :
• L’annonce du décès aux familles et aux proches est de la mission du
maire, qui délègue souvent à :
•
⇒ La Gendarmerie en zone rurale
⇒ La Police Nationale en zone urbaine
Un gros effort est à faire en ce qui concerne ce moment déli-
cat.
Il est impensable que cette annonce soit faite par téléphone,
dans un lieu non adéquat, et sans s’assurer de l’état des per-
sonnes averties.
Il est également impensable de laisser ces dernières prendre
leur véhicule pour se rendre à la morgue ou à l’IML.
• Accueil des familles :
A la Gendarmerie ou au Poste de Police : exigez d’être reçus dans
un lieu fermé au public. Vous êtes aussi une personne victime,
et à ce titre vous méritez de la considération.
A la morgue ou à l’IML : exigez d’être accompagnés par qui de
droit (médecin, infirmier).
• Pompes funèbres :
Si cela est possible, faites-vous aider ou assister d’un ami pro-
che ou d’un parent.
Les professionnels des Pompes Funèbres sont en général très
respectueux de la douleur des personnes qui s’adressent à eux.
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LES CONSEQUENCES DE L’ACCIDENT A MOYEN ET LONG TERMES
Personne victime blessée
Après la prise en charge initiale par les secours, diverses épreuves atten-
dent la personne blessée.
• Premiers soins et premier diagnostic
Ils permettront d’orienter la personne victime vers un établisse-
ment spécialisé si besoin (par exemple en cas de brûlures graves et
étendues).
• Opérations
Elles peuvent être légères ou au contraire lourdes et multiples.
Certaines blessures exigent des opérations répétées.
• Rééducation
Après certains traumatismes, il est nécessaire de retrouver cer-
taines fonctions du corps : marche, mouvements, parole, vision… La
rééducation s’accomplit selon la gravité de l’état dans une structure
hospitalière avec hospitalisation, ou en mode ambulatoire dans une
structure hospitalière sans hospitalisation ou un rééducateur privé.
• Consolidation
Lorsque l’état physique de la personne blessée n’évolue plus ni vers
le pire ni vers le mieux, on dit qu’il y a « consolidation ». C’est un mé-
decin expert, en général mandaté par les assurances, qui en juge et la
déclare.
• Conséquences psychologiques
Le choc de l’accident affecte également l’état psychologique de la
personne blessée, soit en relation avec son propre état, soit en rela-
tion avec les blessures ou le décès de personnes impliquées dans l’ac-
cident. Il est recommandé de faire appel à l’aide des psychologues
hospitaliers qui interviennent au plus tôt après l’accident, tant auprès
du patient que de ses proches. Un suivi est recommandé après la sor-
Lorsque vous êtes convoqué pour expertise, faites vous accompagner
par votre médecin traitant et, le cas échéant, par votre avocat, si
vous le pouvez. Si vous contestez les résultats de l’expertise, vous
pouvez demander à votre avocat de solliciter une contre-expertise.
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tie d’hôpital. Certains troubles persistants peuvent faire l’objet d’une
expertise lorsqu’ils handicapent le retour de la personne blessée à une
activité professionnelle et une vie « normale ».
Personne victime par ricochet
Les conséquences d’un accident s’étendent aussi aux familles et aux pro-
ches de personnes victimes décédées ou gravement blessées
(traumatisés crâniens, tétraplégiques par exemple).
Ce sont des mères, des pères, des frères, des sœurs, des enfants,
des amis que l’on nomme « personnes victimes par ricochet » et qui
souffrent également de traumatismes et de blessures, qui bien que
non apparents ont des conséquences lourdes.
• Conséquences psychologiques
Perdre un être cher, parfois en pleine jeunesse, ou assumer de le
voir gravement et définitivement handicapé, est une souffrance indi-
cible. C’est toute une vie bouleversée, réduite à un point de douleur,
parfois à la colère, souvent au désespoir.
L’assistance de psychologues peut permettre de ne pas sombrer
dans l’immédiat, la participation à des groupes de parole peut aider à
se reconstruire…
Il est également regrettable de constater les conséquences psy-
chologiques créées par l’entourage et parfois la famille : éloignement,
indifférence, voire agacement et même rupture, comme si le malheur
était indécent et contagieux.
• Conséquences physiologiques
L’extrême douleur, si elle bouleverse l’âme, n’épargne pas le corps :
longues nuits d’insomnie, cauchemars, anorexie ou boulimie, prise de
tranquillisants et autres médicaments, angoisses répétées, inatten-
tion, pertes de mémoire, manque de concentration… Jusqu’à parfois
rendre impossible l’exercice de sa profession.
On a constaté que les personnes victimes par ricochet, avaient
souvent un potentiel de vie réduit, et développaient plus de patholo-
gies (cœur, estomac, intestins…).
Il ne faut pas hésiter à consulter souvent, se faire suivre réguliè-
rement, et exprimer sa douleur, au moins auprès d’un psychologue.
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LES PERSONNES VICTIMES FACE A LA LOI
Nous n’évoquerons encore une fois encore ici, que les accidents ayant cau-
sé des dommages majeurs : décès, blessures. Pour les dommages maté-
riels sans dommages physiques, reportez vous à votre assurance.
La plainte
• Doit-on porter plainte ?
⇒ La plainte peut déclencher une poursuite pénale contre la partie
adverse. En effet, c’est au Procureur de la République de décider
des suites à donner à celle-ci. Il peut la rejeter, ou au contraire si
vous avez refusé de porter plainte contre un de vos proches, déci-
der néanmoins d’une poursuite pénale.
• Qui peut le faire ?
⇒ Vous-même ou en cas d’incapacité votre plus proche parent, dans la
mesure où vous pensez que vous êtes victime d’une infraction com-
mise par l’autre partie.
⇒ Votre avocat par l’intermédiaire d’une constitution de partie civile.
⇒ Le Procureur de la République peut de lui-même décider d’une pour-
suite pénale en dehors de toute plainte déposée.
• Où porter plainte ?
⇒ Vous pouvez déposer plainte à la gendarmerie, au commissariat de
police, ou par lettre (en recommandé A/R) au Procureur de la Répu-
blique.
⇒ S’il s’agit d’un délit, vous disposez d’un délai de 3 ans à compter de
la date de l’accident pour porter plainte.
Le constat
Dès lors qu’il y a accident corporel ayant entraîné le décès ou des blessu-
res, un constat est établi par la Police Nationale en zone urbaine, la Gen-
darmerie en zone rurale, la C.R.S. sur certaines autoroutes.
• Le constat donne lieu à un Procès Verbal qui relate les divers indices
nécessaires à reconstituer les conditions de l’accident, dépositions des
témoins et des personnes victimes blessées dès qu’elles sont en état de
témoigner.
• Vous pouvez obtenir le procès verbal dès lors que l’enquête des forces
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de l’ordre sera achevée et qu’il aura été transmis au Procureur de la
République.
L’avocat
Dès lors que vous avez déposé plainte et que vous vous êtes porté partie
civile, il est de votre intérêt de vous faire assister d’un avocat.
• Quel sera son rôle ?
⇒ L’avocat peut obtenir plus facilement les diverses pièces du dos-
sier, comme le procès verbal de l’accident par exemple.
⇒ Il vous guide dans les démarches à suivre et vous défend lors du
procès contre votre adversaire.
• Quel avocat choisir ?
⇒ Si votre contrat d’assurance le précise, votre assureur est tenu de
vous fournir un avocat. Ses honoraires lui seront directement ré-
glés par l’assurance.
⇒ Si vous préférez choisir un avocat indépendant, vous règlerez la
différence d’honoraires d’avec ceux que lui versera votre assu-
rance égale aux honoraires de son propre avocat.
⇒ Dans tous les cas, assurez vous du mode de rémunération de votre
avocat et passez un accord écrit avec lui.
Vous pouvez obtenir gratuitement une copie du procès verbal
auprès de votre assureur. Si vous êtes victime « piéton », fai-
tes la demande à l’assurance adverse.
Si vous choisissez l’avocat
de votre assurance, sa-
chez que son client direct
ne sera pas vous mais
votre assurance… D’autre
part, avant de vous déci-
der renseignez vous
bien : certains avocats
d’assurance sont parfois
aussi l’avocat attaché à
l’assurance adverse.
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LES PERSONNES VICTIMES FACE AUX ASSURANCES
Lorsque l’on souscrit une assurance automobile, c’est pour garantir l’in-
demnisation des dommages subis lors d’un accident. Il en va de même pour
la personne responsable de votre accident.
• La compagnie d’assurance de votre adversaire
Si la responsabilité de votre adversaire est en partie ou totalement
engagée, son assurance va vous faire une offre d’indemnisation.
Faut-il l’accepter ou la refuser ?
Quelles sont les conséquences de ce choix ?
⇒ Si vous acceptez, le règlement de l’indemnisation sera relative-
ment rapide, à condition que votre état de santé soit consolidé.
⇒ Il vous faudra négocier également l’indemnisation des personnes
proches, victimes par ricochet.
⇒ Dans tous les cas ne renvoyez aucun papier signé sans avoir de-
mandé l’avis d’un avocat.
⇒ Si vous refusez l’offre de l’assurance adverse, vous pouvez lais-
ser les Tribunaux statuer sur la gravité de l’accident et ses
conséquences.
• L’indemnisation
Les dommages corporels, le préjudice moral, les dégâts matériels que
vous avez subis exigent que vous soyez indemnisé.
Qui peut être indemnisé ?
Sur quels critères ?
Sachez que si vous acceptez l’offre de l’assurance adverse,
vous ne pourrez plus revenir sur cet accord passé un délai de
15 jours. Cela signifie que vous ne pourrez plus intenter d’ac-
tion au civil devant le Tribunal !
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⇒ Sur factures en ce qui concerne les biens matériels.
⇒ Toute personne ayant souffert directement ou indirectement de
l’accident : personnes victimes blessées et personnes victimes
par ricochet.
⇒ En raison des préjudices corporels, psychologiques, moraux subis
et évalués par expertise.
• Les dommages corporels
L’indemnisation sera en fonction de la gravité et des conséquences
des blessures subies.
Pour cela il sera procédé à des expertises médicales qui permettent
d’évaluer le degré de gravité des dommages.
L’expertise permet également de constater la consolidation de l’état
de la personne victime et des ses préjudices.
⇒ La consolidation est constatée lorsque votre état de santé ne
peut plus évoluer, ni en mieux, ni en plus mal. Elle atteste de la
stabilisation de votre état.
⇒ La nouvelle nomenclature dite « DINTILHAC » est désormais la
règle depuis la loi du 21/12/2006 de financement de la sécurité
sociale pour 2007 et impose aux experts une nouvelle façon d’é-
valuer les préjudices d’une personne victime ( préjudices patri-
moniaux et extra-patrimoniaux, préjudices temporaires et per-
manents, préjudices des victimes indirectes …)
⇒ L’expertise médicale a pour but de déterminer le degré des
blessures et leur consolidation. C’est l’assurance ou le tribunal
qui fait nommer l’expert chargé d’examiner la patient. En cas de
désaccord, votre avocat peut demander une contre-expertise. Si
possible faites vous accompagner lors de l’expertise par votre
médecin ou toute personne apte à témoigner des dégradations
que vous avez subies
Vous pouvez demander des provisions, et exiger que vous
soient communiqués les résultats de l’expertise médicale.
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Les préjudices d’accompagnement et/ou d’affection :
La loi permet également l’indemnisation du préjudice moral. Il peut
être intégré au poste de préjudice dit « souffrances endurées » pour
les personnes victimes directes et être associé au poste de préjudice
dit « d’accompagnement » et/ou d’affection pour les victimes par ri-
cochet.
⇒ Les postes de préjudices sont évalués par le biais de l’expertise
psychiatrique. L’expertise psychiatrique est censée permettre
de déterminer les conséquences directes de l’accident sur le
psychisme et les comportements des personnes victimes : trou-
bles du sommeil, angoisses, perte d’appétit, dépression… Si vous
en contestez les résultats, n’hésitez pas à faire demander une
contre-expertise par votre avocat.
⇒ La souffrance psychologique engendrée par la perte d’un être
cher se doit d’être prise en compte au même titre que celle cau-
sée par les blessures et les handicaps.
Le préjudice d’accompagnement et/ou d’affection peut être
revendiqué par tous les proches d’une personne victime : pa-
rents, enfants, conjoint (non divorcé), grands-parents, frè-
res, sœurs, oncles et tantes …
Nous remercions d’avance les agents
d’assurance d’aborder les personnes vic-
times avec respect, considération et
délicatesse.
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L’AIDE AUX PERSONNES VICTIMES
L’accident bouleverse la vie, affaiblit, désespère.
Il est bon de se faire assister, entourer, aider de personnes compé-
tentes et aptes à vous épauler avec respect :
• Médecins et psychologues pour leur écoute.
• Avocats spécialisés en Droit des Victimes pour leur connaissance
des dossiers.
• Associations aptes à renseigner, orienter, guider.
• Groupes de parole pour le partage, le soutien, l’échange.
L’AIVAR est une association d’accueil, un lieu d’écoute et d’orienta-
tion pour apporter soutien et conseils aux personnes victimes des acci-
dents de la route.
L’AIVAR propose :
• Des entretiens d’accueil et de soutien individualisés.
• Des groupes de parole pour aider les personnes à communiquer, sur-
monter leur détresse, sortir de la solitude, partager.
• Une consultation juridique gratuite.
Association d’Aide aux Victimes
des Accidents de la Route
7 quai Finkwiller
67000 STRASBOURG
Tel : 03.88.36.41.66
Email : contact@aivar.fr
www.aivar.fr
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Ce guide a été réalisé par l’AIVAR
7 quai Finkwiller
67000 STRASBOURG
Tél : 03.88.36.41.66
contact@aivar.fr
www.aivar.fr
Les textes, la conception et la réalisation sont l’œuvre des
bénévoles de l’AIVAR.
Nous remercions la Préfecture du Bas-Rhin pour son soutien.
Impression IREG Strasbourg 03 88 15 13 30 – Edition 2011