2. Préambule
Le Conservatoire/École d’arts plastiques-danse-
musique-théâtre est un lieu d’enseignement, de
création et de diffusion artistiques. Environ cinq cents
élèves fréquentent l'école d'arts plastiques à l’année.
On y pratique la photographie et les arts numériques,
le dessin, la peinture, le volume et la céramique,
l’illustration, l’estampe, l’édition, et l’histoire de l’art.
On y propose aussi des projets pédagogiques aux
écoles à travers différents dispositifs d’éducation
artistique et culturelle :
« L’art aux enfants », pour les enfants de la maternelle
au cycle élémentaire, « Graphèmes » et « Voyages
numériques » pour les élèves du cycle élémentaire,
« Correspondance(s) », pour les lycéens.
L’École d’art a développé depuis de nombreuses
années une spécialité autour des techniques artistiques
de l’impression et de l’édition, qui figure comme un
des points forts à son projet pédagogique.
Cette spécialité l’a renforcée avec un projet d'éducation
connecté aux autres dimensions de l'apprentissage
aux savoirs (rapport aux langages).
Cela nourrit à ce jour un projet qui favorise le
décloisonnement des pratiques artistiques et
envisage l’édition comme un champ privilégié
d’expérimentation, tant pédagogique qu’artistique.
Elle permet aussi un partenariat avec l’enseignement
supérieur et le département Information et
Communication de l’IUT de La Roche-sur-Yon.
Pour la création de Bruire, ce lien se concrétise à
travers un atelier éditorial qui intègre des étudiantes
de BUT/1re
année et 2e
année (SAE).
Le premier numéro de la revue Bruire est paru en
mars 2022.
Le travail réalisé pour la faire vivre s’appuie sur
des expériences transversales et sur la présence
d’artistes intervenant ou résident à l’École d’art.
Les étudiantes rassemblées pour la création de ce
second numéro ont nourri leur réflexion de l’actualité
et axé leur création sur des dimensions chères à
Hugo Marchal et Julia Crinon, artistes du duo
l’Atelier McClane.
Bruire #2 s’aventure alors du côté de la dimension
sociale et critique de l’art, des pratiques artistiques
collaboratives, et de notre lien au vivant.
Nous tenterons alors de nous « faire des cabanes :
imaginer des façons de vivre dans un monde abîmé,
jardiner des possibles », selon les termes de l’essayiste
et historienne de la littérature Marielle Macé.
Nous la citerons pour ouvrir ce projet :
« Poser que le monde a des idées, les entendre et les
suivre, le poème sait très bien faire ça, lui qui écoute
les choses signifier, gémir, rêver, lui qui emploie son
effort à qualifier ces voix non-voix, ces pensées non-
pensées. Prêter l’oreille, discerner, entendre quelque
chose non-parler, entendre le monde muet bruire
d’idées, ça s’apprend. »
Extrait de « Nos cabanes », (p.100), Marielle Macé, Verdier, 2019.
2
3. ai
Visuels page de couverture et 4ème de couverture :
Maryse Poirier, Geneviève Legros.
Sommre
4 « Je veux », Anaïs Dechancé
5 « Faire collectivement », l’Atelier McClane
6 Danse & dessin, Ateliers partagés
8 Fracas !!!
11 Portraits croisés, Julia & Hugo
12 « Des graphistes », Vincent Perrottet
14 Correspondance(s) avec l’Atelier McClane
16 « De l’art », Nicolas Bourriaud
18 Ruines
21 (Dé)constructions
22 Stuck inside of mobile with the Memphis blues again...
24 Pablo Picasso & « Guernica »
26 Identités remarquables
28 8 lames de tarot
30 « Penser comme une montagne», Aldo Léopold
34 « Aimons-nous », Clara Jammes
35 Remerciements
3
4. « Je veux », poème d’Anaïs Dechancé.
Extrait du recueil de textes « Anara », d’Anaïs Dechancé et Clara Jammes.
Je veux
Je veux être au sommet
Je veux être au sommet
La tête dans les étoiles
La tête dans les étoiles
Et les pieds sur terre
Et les pieds sur terre
Je veux décrocher la lune
Je veux décrocher la lune
Sans oublier d’où je viens
Sans oublier d’où je viens
Regarder mon chemin
Regarder mon chemin
Et être fière de tout ce que j’ai parcouru
Et être fière de tout ce que j’ai parcouru
Je suis une fille pleine d’espoir
Je suis une fille pleine d’espoir
En apesanteur, je veux tout voir
En apesanteur, je veux tout voir
Je veux tout croire
Je veux tout croire
Et continuer de rêver
Et continuer de rêver
À ce que demain pourrait être
À ce que demain pourrait être
À ce que le destin me réserve
À ce que le destin me réserve
Je veux voir où mes choix me conduiront
Je veux voir où mes choix me conduiront
Pleine d’espoir
Pleine d’espoir
Je veux monter l’Everest
Je veux monter l’Everest
Parcourir l’océan
Parcourir l’océan
Découvrir de nouvelles terres
Découvrir de nouvelles terres
De nouveaux horizons
De nouveaux horizons
Je veux parcourir l’univers
Je veux parcourir l’univers
De long en large et en travers
De long en large et en travers
Je veux aller à bâbord et à tribord
Je veux aller à bâbord et à tribord
Mettre les écoutilles et naviguer vers le large
Mettre les écoutilles et naviguer vers le large
Je veux être l’œil du cyclone
Je veux être l’œil du cyclone
Voir le monde tourner
Voir le monde tourner
Je veux voir les vents changer
Je veux voir les vents changer
Les vagues s’agiter
Les vagues s’agiter
La terre remuer
La terre remuer
Et la lave bouillir
Et la lave bouillir
Je veux voir les galaxies, les voies lactées, les supernovas
Je veux voir les galaxies, les voies lactées, les supernovas
Je veux voir de nouvelles espèces
Je veux voir de nouvelles espèces
Voir le ciel et ses merveilles
Voir le ciel et ses merveilles
Je veux être une super héroïne, une fée, une sirène, une princesse
Je veux être une super héroïne, une fée, une sirène, une princesse
Je veux être Rosa Park, Simone Veil ou Angela Davis
Je veux être Rosa Park, Simone Veil ou Angela Davis
Je veux la voix d’Aretha Franklin, de Nina Simone et d’Édith Piaf
Je veux la voix d’Aretha Franklin, de Nina Simone et d’Édith Piaf
Je veux être institutrice, médecin ou encore policière
Je veux être institutrice, médecin ou encore policière
Je veux être le monde et voir dans ses yeux
Je veux être le monde et voir dans ses yeux
Je veux être de ce monde et laisser une trace
Je veux être de ce monde et laisser une trace
Je veux aller au sommet
Je veux aller au sommet
Et je ne veux pas être oubliée
Et je ne veux pas être oubliée
4
5. L’ATELIER MCCLANE
« FAIRE COLLECTIVEMENT »
L’Atelier McClane est un duo d’artistes basé
à Rennes, composé de Julia Crinon et Hugo Marchal.
Ce duo s’est formé aux Beaux-Arts en 2013, où est
née leur collaboration artistique. Ces deux artistes
polyvalents ont d’abord utilisé la sérigraphie et
l’auto-édition avant d’explorer d’autres domaines
tels que la photographie ou la peinture murale.
À travers ses différentes œuvres, le duo souhaite
projeter sa vision, ses questionnements sur la place
du politique dans notre quotidien. Le dessin, l’édition
et la sérigraphie sont centraux dans leur travail.
Les œuvres du duo visent en premier lieu à inciter
le spectateur qui les éprouve à poser un regard
critique et à s’interroger sur son environnement.
Elles se caractérisent par l’usage du noir et du blanc,
radical, minimaliste.
Noir et Blanc
Si ces œuvres peuvent sembler au premier
abord abstraites et peu explicites, elles résultent
en réalité de la volonté des artistes à ne représenter
que des images symboliques, afin de laisser
au spectateur la possibilité de les interpréter librement.
Leurs œuvres comportent une part intuitive, mais
naissent aussi d’une réflexion sur la notion de message,
la manière de faire sens et de véhiculer ce sens.
Interrogé sur son processus de création, le duo
le décrit comme « long et constant », nécessitant
beaucoup d’échanges, de discussions et d’inspirations,
combinant des vocabulaires et des pratiques
graphiques complémentaires.
Le travail des McClane est le fruit de multiples
influences et références, toutes époques confondues.
Les artistes s’inspirent entre autres de la nature
et de toutes les ressources que cette dernière nous
offre, de l’univers de J.R.R. Tolkien ou encore de
la littérature engagée du xixe
siècle. Le duo s’inspire
également des travaux d’Hans Arp, cofondateur du
célèbre mouvement Dada, ainsi que ceux du collectif
de graphistes Grapus.
Désireux de partager des valeurs humaines, le duo
organise des ateliers artistiques et participatifs,
permettant d’allier pratique artistique et partage
avec le public.
«Lorsquenousmenonsdesworkshopsetautresateliers,
notre volonté porte en premier lieu sur la nécessité de
faire collectivement. Nous pensons que ces moments
de création et de partage éphémères doivent être des
espaces-temps qui rendent possibles de nouvelles
narrations communes. »
« Enflammer le sommet des montagnes noires », 2021, couverture du livre
éponyme, Actes Nord éditions, Risographie. Résidence et exposition au
Vecteur à Charleroi (52 pages, reliure spirale, 3 couleurs riso, 25cm x 18 cm,
tirage à 250 exemplaires).
https://ateliermcclane.com
« Coexistences », 2022, sérigraphie une couleur, 40 x 60 cm.
« Enflammer le sommet des montagnes noires, c’était
tenter d’émettre l’ultime signal. Agiter nos bras
fatigués dans la tempête. Avec nos images et nos récits
fictionnels,noustentonsdegénérerdesimaginaires.Ils
sontimaginairesdeluttes,deviesalternatives,d’utopies
imparfaites. Ils prennent forme à partir d’éléments
glanés : des expériences, des lectures, des archives,
des fragments de paysages. Ces imaginaires viennent
habiterlesesprits,ilssontunebéquillenécessaire.Pour
construire.Pourtenir.»
5
6. Sur une proposition de Lisa David et Juliette Vezat, avec les élèves des cours de dessin adultes et les participantes à l’atelier de recherches chorégraphiques :
BEAULIER Isabelle, BLOIS Brigitte, DOUGE Brigitte, BOCHET Fanny, BOURY Hélène, Céline, POTIER Christine, LÉVEQUE Marie-Françoise, GIRAUDEAU Isabelle, GUIET Marie-Noëlle, HERAULT Florence, HEUZE Sophie,
HUCHOT Christelle, PALUN Claude, TESSON Sandra, VALOIS Karine, AUDUREAU Marie-Annick, BALLEREAU Clarisse, BONIO Betsy, BONNIFET Astrid, BOSSARD Joyce, BOUDEAU Nicole, BRAEMS Isabelle,
Danse & dessin
Ateliers partagés
Deux rencontres ont eu lieu entre les danseurs
de l'Atelier de Recherche chorégraphique
et les dessinateurs du Conservatoire/École d'art
en février et mars 2022.
Il s’agissait pour les participants d’expérimenter
un langage, des gestes, des actions qui pourraient
être communs aux danseurs et dessinateurs,
dont l’interprétation pourrait être singulière à chacun,
et l’expérience en tout cas partagée.
Furent évoquées les recherches graphiques
des danseuses et chorégraphes Carolyn Carlson,
Trisha Brown et Anne Teresa de Keersmaeker,
les performances de Toni Orrico.
Ainsi danseurs et dessinateurs dansèrent et
dessinèrent ensemble : mouvement et trace, trace et
mouvement,surunemusiquedePhilipGlass...
6
7. CANTET Claudine, CHARIEAU Linette, COUTABLE Guylaine, DOMAIN Lauriane, DUBÉ Maryline, FAUCHART Emmanuelle, FRUCHET Christiane, GHERNAOUT Saliha, GIRARD Marlène, GOGENDEAU Christiane, GUILMINEAU Perrine,
JOUIN Christelle, JOYAU Michel, LEBRUN Pierre, LUSSET Véronique, MAIOROVA Kristina, MASSARELLI Benoît, MAY Bernard.
Empreinte,
respiration, espace.
Articulation, présence,
poids, densité, ancrage.
Initier un mouvement
par différentes
parties du corps,
entourer le corps
de l’autre,
jouer aux miroirs.
Ouvrir un espace sensible
à travers son corps.
Sentir, être présent à soi,
à l’autre, au groupe.
Rencontre, composition
collective, croquis.
Lenteur, répétition,
gestes lancés
et suspendus,
mouvements séquencés
et continus, déplacements,
postures et appuis,
torsions, lignes, volumes
dans le corps,
explorations
par le croquis,
et le mouvement.
Recherche à partir de
verbes d’action liés au
sol, à l’air, au corps :
Effleurer, onduler,
presser, étirer, suspendre,
rectiligne, courbe,
déposer, vibrer.
7
8. À la fin du xixe
siècle, l’affiche illustrée devient un support
d’information primordial pour communiquer dans l’espace public.
La liberté d’afficher est accordée
par la loi du 29 juillet 1881 sur
la liberté de la presse, et des
imprimeries se spécialisent dans
la réalisation d’affiches. L’essor
des techniques d’impression
permet de travailler en couleur
et en grand format, ainsi que
d’élargir considérablement les
possibilités de diffusion. L’affiche
devient une forme d’expression
artistique à part entière, investie
par les peintres et les artistes de
l’époque.
Tantôt artistique, politique,
commerciale, l’intention de
l’affichiste vise la transmission
d’un message, sa composition
est porteuse d’un sens qui doit
attirer l'oeil et marquer les
esprits.
Questionnant la nature des images et leur
profusion dans l'espace public, le duo d'artistes
l’Atelier McClane a choisi d'explorer les codes
de l'affiche et l'utilisation des formes, des signes pour
faire sens. Désireux de partager son intérêt pour
la sérigraphie, le dessin et l'expérimentation collective,
leduoacrééaveclesélèvesdel’atelierprimaireetducours
dessin & multiples un atelier de production d’affiches.
Les « workshops » sont des ateliers collaboratifs,
tous les participants sont inclus dans la réflexion
et l’expérience partagée, autour d’un projet, d’un sujet
de recherche commun.
De janvier à mai 2022, lors de quatre rendez-vous
à l’École d’art, Julia et Hugo ont expérimenté,
échangé et œuvré avec les élèves pour la création d’un
accrochage collectif et évolutif intitulé FRACAS !!!.
Ils ont proposé des recherches graphiques axées
sur l'association, le détournement et la simplification
d'images préexistantes, pour constituer un nouveau
répertoire graphique et composer des affiches
originales. Ce travail fut visible dans la rue Allende,
et depuis le rez-de-chaussée du CYEL de janvier
à juin 2022.
Atelier de création d’affiches avec le duo d’artistes l’Atelier McClane.
FRACAS
!!!
8
10. La sérigraphie est un procédé d’impression directe,
proche du pochoir. Elle fut créée en Chine durant
la dynastie Song (960-1279). Au xviie
siècle,
les Japonais s’approprient cette technique et
transforment le procédé en utilisant des écrans
tissés à partir de cheveux humains.
Il faut attendre la fin du xviiie
siècle pour que la sérigraphie
se diffuse en Europe, puis
qu’elle évolue grâce à
l’industrialisation. Elle inspi-
rera plus tard des artistes
tels qu’Henri Matisse, Andy
Warhol, Roy Lichtenstein et
Robert Rauschenberg.
Cette technique permet de
déposer l’encre directement
sur des supports très variés, à
travers un écran (pochoir).
À l’origine, les écrans étaient en
soie, mais ils sont aujourd’hui
en polyester ou en nylon
finement tissé.
Ce procédé nécessite la création d’un écran
par couleur. Les différentes couleurs sont imprimées
l’une après l’autre, et se « surimpriment » pour
recomposer une image complète.
En France, les étudiants contestataires de Mai 1968
ouvrirent un atelier de production d’affiches : l’Atelier
populaire des Beaux-Arts de Paris.
Ils choisirent la sérigraphie, méthode facile à mettre
en œuvre pour produire plus de deux mille affiches
par jour. Certaines de ces œuvres sont restées célèbres
dans l’iconographie de la culture populaire française,
et une sélection d’entre elles est conservée par
les archives du Musée des Civilisations de l’Europe
et de la Méditerranée (MUCEM) de Marseille.
Sur une proposition de l’Atelier McClane, avec Sophie Pouchain, Adélaïde Gaudéchoux, les élèves des cours dessin & multiples, et l’atelier primaire du mercredi :
HALLOUL Lina, GRAVOUEILLE Luana, MOREAU Lili-Jeanne, MALARD Lucas, CHBANI Amandine, AGHVANYAN Daniella, VARENNE GILLET Luze, SIMON Emeline, FILLATRE COUTELLIER Inès, BOUCHER Emma, BOUCHEZ Roxane,
CAMAND Justine, DESFOSSÉ Angèle, DUCEPT Charline, JULES Ariane, LE GLEUT Loïse, LEGOUPIL Lise, PEYRAUD Lucie, SERGENT Mathilde, SOULARD Elisa.
Sérigraphie
10
11. Si Julia était un type de peinture ?
Le romantisme noir anglais et allemand.
Ou bien aussi les images réalisées par le See Red Women’s Workshop.
Si elle était une de vos œuvres ?
Je dirais le livre There is fog on the path. C’est un bel équilibre entre photo et dessin,
assez sobre mais qui reflète très bien la sensibilité artistique de Julia.
Si elle était un poème ?
Un texte de Gloria Anzaldúa.
Si elle était une couleur?
Le noir.
Si elle était une discipline artistique ?
J’hésite entre le dessin (évidemment) et l’écriture.
Si elle était un livre ?
Impossible de la définir par un seul livre, c’est une bibliothèque,
ou au moins une étagère de livres dans laquelle on trouverait : Silvia Fedirici,
Virginia Woolf, J.R.R. Tolkien, Henry David Thoreau et Bell Hooks.
Si elle était un souvenir ?
Un retour de la plage en voiture vers la fin d’une journée estivale et avoir
les pieds nus, plein de sable dans l'habitacle, avec les fenêtres ouvertes.
Si elle était un.e artiste célèbre ?
Un mélange entre Valentine Schlegel et Virginia Woolf.
Si elle était un film ?
Un film d’époque qui se déroule en Angleterre.
Si elle était un bruit ?
Probablement un son très doux, voire une absence de bruits,
un environnement calme loin de l’agitation.
Si elle était une émotion ?
L’empathie.
Si elle était un trait de caractère ?
L’intégrité car elle reste toujours cohérente et fidèle à ses principes.
Si Hugo était un type de peinture ?
Un folk-art un peu naïf.
S'il était une de vos oeuvres ?
Notre fanzine Association au potager.
S'il était un poème ?
A Walking Song de J.R.R. Tolkien.
S'il était une couleur ?
Noir ou vert forêt.
S'il était une discipline artistique ?
La peinture.
S'il était un livre ?
Walden de Henry David Thoreau.
S'il était un souvenir ?
Notre premier festival de micro-édition/illustration underground
à Rome.
S'il était un.e artiste célèbre ?
Un mélange étrange de Raymond Pettibon et Hans Arp.
S'il était un film ?
The Fellowship of the Ring de Peter Jackson.
S'il était un bruit ?
Le crépitement du feu.
S'il était une émotion ?
La surprise.
S'il était un trait de caractère ?
Volontaire.
Ces entretiens, menés par Clara Menon, Romane Pichon et Audrey Roger, ont été réalisés avec l’atelier McClane sous la forme de portraits
chinois croisés.
PORTRAITS CROISÉS, JULIA & HUGO
11
12. Des
Graphistes
Le graphiste ( ou designer graphique ) est un généraliste
de la mise en forme visuelle, il dessine « à dessein » -
souvent dans le cadre d’une commande - les différents
éléments graphiques d’un processus de communication.
(Définition donnée par une assemblée de graphistes
en juin 1987 lors des états généraux de la Culture).
Vincent Perrottet est un graphiste indépendant
qui a contribué au collectif Grapus où il a œuvré
de 1983 à 1989 après ses études de vidéo et cinéma
à l’Ensad à Paris. En 1989, Vincent Perrottet
et Gérard Paris-Clavel créent les Graphistes Associés,
atelier issu de Grapus : « un atelier de conception
d’images publiques d’utilité sociale ». De 2000 à 2013,
Vincent Perrottet travaille avec Anette Lenz, pour
les théâtres d’Angoulême, de Mulhouse, de Chaumont
et d’Auxerre. Il enseigne également à l’Esad d’Amiens,
à l’École d’Art du Havre, à l’École d’Architecture
de Marne la Vallée, et participe à l’organisation et
à la direction artistique du Festival international
de l’affiche de Chaumont de 2002 à 2009. Il explore
la relation entre le texte et les images, ancre son travail
dans l’actualité, les expériences de travail collaboratif
et une pensée militante face au monde de la publicité
et de la propagande visuelle.
L’intégralité du texte ici présenté est accessible sur le
site officiel de Vincent Perrottet :
https://vincentperrottet.com.
Qu’est ce qu’un graphiste ?
Quelqu’un qui lit, écrit et, s’il le peut, invente
des formes graphiques, des signes et combinaisons
de signes.
Que signifie le graphisme ?
Le graphisme est un domaine d’expression
au service ou non de la collectivité, ce qui suppose de
maîtriser le langage et le sens des formes, leur usage
et leur mode de diffusion.
Quel est le rôle du graphiste dans la société ?
Le même que celui d’un médecin, d’un boulanger,
d’une actrice, d’un ouvrier....
- par sa pratique, améliorer les rapports et les relations
entre les humains,
- améliorer la qualité du regard,
- rendre les choses lisibles lorsque c’est nécessaire,
- sans cesse réinventer son vocabulaire formel
et sa grammaire.
Peut-il être considéré comme un artiste ?
Pour créer réellement, il faut être libre de son
temps, de son économie et raisonner en doutant.
Tout le monde doit essayer d’être un artiste ;
c’est à cet endroit que l’on perçoit le mieux le sens
de la vie et des choses.
Le graphiste a t-il une responsabilité sociale
spécifique ?
Comme toute personne qui maîtrise une tech-
nique ou un langage nécessaire à l’organisation
humaine, le graphiste est responsable de ses
actes et de ses images. Un grand nombre de
graphistes produit des messages auxquels il ne
croit pas, sans y mettre d’exigence artistique, en
calquant l’idéologie et les méthodes des comman-
ditaires. C’est le domaine de la publicité rempli
d’irresponsables visuels corrompus par l’argent,
le confort petit-bourgeois et l’illusion de côtoyer
le pouvoir. Aujourd’hui dans les pays dévelop-
pés, il y a saturation et pollution visuelle des
espaces publics et privés par les images (sans ima-
gination ni invention) de la consommation de
masse.
La grande majorité des graphistes participe
à ce mouvement qui abîme le regard et
l’intelligence de leurs concitoyens.
Le graphisme politique et social existe-t-il ?
Comment le définir ?
Tout le monde peut et doit s’intéresser à la vie
de la cité, c’est la signification de l’engagement
politique et social. Il existe un grand nombre
d’associations et de groupes auxquels le graphiste
peut participer en mettant en forme les idées s’il
en partage les valeurs. Un graphiste, quand il a
une idée originale ne doit pas hésiter à la traduire
dans son art et à la diffuser par ses propres
moyens.
Quels sujet / commandes traitez-vous le plus
souvent ou préférez-vous traiter ?
Tout sujet qui nous donne l’envie et
la possibilité de réfléchir, de créer, de s’amuser, de
développer une relation de complicité avec
les commanditaires et surtout qui par sa nature
respecte le public et nous-même. Le choix est
aujourd’hui assez simple : un(e) metteur en scène
de théâtre ou d’expositions, un(e) responsable
d’association ou d’organisation œuvrant pour le
bien collectif, un(e) responsable de la santé
publique, un(e) architecte de talent proposent plus à
nos yeux qu’un directeur de marketing qui
veut vendre le millionième rasoir jetable non
recyclable. [...]
Quels sont vos médias ou moyens d’expression
préférés ?
Pour nous, tout support qui ne dégrade pas
l’environnement (un panneau 3 x 4 m abîme souvent
l’espace urbain), est bon dès lors que l’on nous
laisse être bons. L’affiche est un support d’image
que nous apprécions. C’est beau de réussir à
concentrer en une image le sens d’une mise en
scène de théâtre ou d’une revendication. Une fois
sa fonction d’information remplie, une affiche
réussie, parce qu’elle est forte, belle ou réellement
subversive et bien imprimée, peut encore
continuer à nourrir l’œil et l’esprit de générations de
spectateurs, musées ou fonds particuliers. [...]
Vincent Perrottet
En 1998, un jeune graphiste allemand posa une
série de questions à des créateurs de formes
graphiques dont les Graphistes Associés.
Voici les réflexions que notre collectif lui renvoya et
qui valent encore pour aujourd’hui.
12
13. Trouvez-vous intéressant de vous servir des
mass media ?
Pour s’en servir, il faudrait les libérer et les
réinventer. Il faut la force d’un Jean Genet ou d’un
Nelson Mandela pour réussir à s’exprimer d’une
prison.
Considérez-vous que l’affiche est un moyen de
communication efficace ?
Lorsqu’une affiche est bonne, elle est aussi
efficace et utile pour l’intelligence humaine qu’un
bon livre, un bon film, une bonne peinture, une
bonne mise en scène... Une affiche pour toucher
l’autre ne doit pas chercher à communiquer
(terme dévoyé par la pub) mais à subvertir avec
bonheur le regard. Les affiches que nous aimons
faire n’ont presque plus de place ou d’avenir
avec les lois et les prix exorbitants des supports
privés qui interdisent le collage sauvage. Il n’y a
plus d’affichage public ; il n’y a que des messages
payants.
Comment financez-vous les projets à but non
lucratif ?
En étant nous-mêmes à but non-lucratif, avec une
économie limitée à nos besoins. Sans épargner
ses forces ni son argent, on peut alors produire
quelques images pour nous et pour les autres.
L’argent d’aujourd’hui est celui de la consommation
de masse, des inégalités, des injustices et
des frustrations sociales. Ce n’est pas un moyen
d’échange, c’est une arme pour soumettre, avilir
et même assassiner.
Vive la gratuité et le partage ! [...]
À découvrir :
www.centrenationaldugraphisme.fr/le-signe
« Espoir », image de Vincent Perrottet et Anette Lenz, 2006.
13
14. Correspondance(s)
avec l’Atelier McClane
Le dispositif Correspondance(s) s’adresse
aux lycéens et leur permet la découverte
d’un processus créatif, de questionner la notion
de référence en art, de rencontrer des œuvres
et des artistes. Ces rencontres donnent lieu chaque
année à la réalisation d’une édition collective.
Pour la deuxième édition de Correspondance(s),
l’Atelier McClane est intervenu à l’école
d’art de janvier à mai 2022. Les artistes ont
proposé une sélection de huit œuvres issues de
la collection de l’Artothèque et amorcé avec les
élèves une réflexion sur la culture de masse,
la standardisation et la reproductibilité des images.
Suite à la présentation de ces œuvres aux élèves par
lesmédiateursdel’Artothèque, lespremièresrecherches
graphiques ont débuté avec l’Atelier McClane.
Ces recherches ont permis l’élaboration et
la réalisation d’affiches imprimées en sérigraphie.
Suite à l’impression des affiches dans l’atelier de
l’École d’art, l’établissement des élèves a permis le
collage des affiches réalisées. Chacun s’est questionné
sur les correspondances entre les lieux envisagés pour
le collage et les messages véhiculés par les affiches.
14
15. Sur une proposition de l’atelier McClane, avec Sonia Campos, Hélène Delépine, la classe de 1ère STAV du Lycée Nature et leur enseignant Vincent Lepley.
Œuvres prêtées par l’Artothèque :
Léo Dorfner, « Démocratia Corinthiana », Paul Pouvreau, « Les Veilleuses », Jean-Michel Alberola « Abécédaire, un conte pour enfants », 2000, Ernest T, « Hé, Hé », 2016, Joël Hubo , « Gob spin », 2016, Bernard Rancillac,
« Les Cyclistes », 1931, Laurent Sfar, « Supermâché », numéro 1, 2004, Sandrine Péron, « Neuf Femmes », 2008.
15
17. Marion DAVIAUD, estampe, « Ruines ».
L’anthropocène, l’âge de l’homme :
Prix Nobel de chimie en 1995, Paul Josef Crutzen a théorisé l’idée de l’anthropocène : l’âge de l’homme. Ce terme évoque une nouvelle ère géologique dans
laquelle l’homme acquiert une influence centrale sur la biosphère. Cette ère débuterait avec la Révolution industrielle en 1850. L’empreinte indélébile que
l’homme laisse sur la planète (à travers l’agriculture intensive, la déforestation, l’expansion des mégalopoles, les exploitations nucléaires par exemple) ferait
de lui l’acteur le plus influent, transformant durablement notre système terrestre et les équilibre naturels de la terre. L’anthropocène succèderait à l’Holocène,
une ère interglaciaire qui favorisa la croissance des sociétés humaines et dura plus de dix mille ans.
17
18. Ruines
Inspirées par les ruines de Pompéi, d’Angkor, des
friches
industri
elles, ou encore le travail des artistes tels qu’Anne et
Patrick
Poirier,
Clé
ment Richem, Jérome Maillet, Jeremy Perrodeau, Oliv
ier
Morel
et
HU
Shu,
les propositions singulières des élèves sont l’abou
tissement
d’un
travail de plusieurs mois sur la pratique de la gravure
à
l’eau
forte.(Gravu
res à l’eau forte sur plaques de zinc, imprimées sur
Processus de dégradation
et
d’écroulement
d’une
construction pouvant aboutir à sa destruction com
-plète.
18
19. un papier Fabriano). Convoquant des lignes stru
cturées,
ordo
nnées, brisées, courbes, aléatoires, voire anarchiques,
et
impulsées
par
le sujet des ruines, les réalisations des élèves évoqu-
ent
le
passage
du
temps,
et
l’empreinte
de
l’homme
sur
l’environnement.
19
20. Sur une proposition de Sonia Campos, avec les élèves des cours d’estampe :
BARRE Guylène, BOUTAUD Gabrielle, CHAMPIGNY Catherine, DAVIAUD Marion, DURAND Julien, FRADIN Maryse,
GEAY Catherine, GIRARD Marlène, GOURMAUD France, GUESDON Armelle, GUESDON Jean-Pierre, LEBRUN Pierre,
LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, LUSSET Véronique, PALUN Claude, PAUMIER Harmonie, POIRIER Maryse.
20
21. (Dé)
Carte blanche à l’IUT - estampe, 2022
constructions
Clara Menon, « Enfant jeu, Enfant bleu ».
Romane Pichon, « L’œil dit le contraire ».
Audrey Roger, « La Femme ».
21
22. Stuck inside of mobile with the Memphis blues again... est une chanson de
Bob Dylan, qui a inspiré son nom au « groupe Memphis ».
De septembre 2021 à janvier 2022, les céramistes de l’école ont imaginé
la conception de théières en s’inspirant des créations emblématiques
du groupe Memphis, ce groupe de penseurs, artistes et designers
né en Italie dans les années 1980.
En réaction au design industriel et purement fonctionnaliste hérité
du « good design » d’après-guerre, le groupe Memphis propose
un ensemble d’objets et de mobiliers humoristiques et parfois loufoques,
aux formes asymétriques et aux couleurs joyeuses, et révolutionne l’approche
d’un design consensuel et rationnel.
Des objets aux formes atypiques, géométriques, décalées et colorées ont ainsi
été réalisés. Les élèves ont utilisé et expérimenté la technique du modelage
à la plaque. Les pièces sont en faïence blanche et les décors sont à base
d’engobes colorés appliqués sur terre crue et sèche.
Après une première cuisson à 980°C, chaque pièce est recouverte d’un émail
transparent donnant la brillance et l’éclat des couleurs après un passage
en deuxième cuisson pour l’émail.
Chaque proposition a fait l’objet d’une prise de vue au studio photo par
les participants des cours de photographie. Un travail sur la lumière, la mise
en scène, le cadrage et les reflets a été mené à partir de ces objets.
Stuck inside of mobile
22
23. Sur une proposition de Jean Herpin et Hélène Delépine, avec les élèves des cours de photographie et de céramique :
COUSSEAU Patrice, DURAND Jacques, GAUTRON Benoît , GUILLEMARD Dominique, HARMAND Gérard, HILLEREAU Vincent, L'HOSTIS Sandra, BARRAUD Amélie, BOSSARD Joyce, BREFFEIL Marie-Bernadette, SCHAEFFER Florence,
BARBAUD Danielle, DE SURIREY DE SAINT REMY Claire, TESSON Diana, MATHÉ Antonin, GENIN Emilie, CALVET Enola, LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, BABAUD Marie-Josée, YVAGNES Elisabeth, LEYMONERIE Françoise,
BLOIS NOLLEAU Brigitte, TESSON Laetitia, CHAMPIGNY Catherine, GEAY Catherine, CANTIN Elisabeth, GAILLARD Dominique, NICOU Paulette, BREGEON Aulde-Myriam, LHERMENIER Rose, PORTÉ Philippe, LONGUEVILLE Catherine,
BARBEREAU Marie-Thérèse, COUTABLE Guylaine, QUINTON Laura, CHIRON Stéphanie, BONNIFET Astrid, MOUSSION Charline, FRANÇOIS Christine, GORON Clémence.
with the Memphis blues again…
23
25. Pierre-Yves Gervais a proposé au groupe de lycéens
du mercredi après-midi, la réalisation d'une copie
grandeur nature (moins quelques centimètres)
de la toile Guernica de Picasso.
Après avoir divisé l'image en dix-huit parties égales,
chacun des élèves s'est vu confier la réalisation d’un
panneau. Une fois assemblé, l'ensemble de l'ouvrage
peut être restitué, permettant ainsi de vivre pleinement
ce que l'on appelle « l'expérience de l’œuvre ».
Les élèves ont pu aborder au mieux l'approche
technique et physique d'une peinture monumentale,
comprenant ainsi l'énergie et l’inertie du geste ample
et virtuose de l'auteur original.
La véritable peinture se trouve à Madrid. C'est donc
l'occasion d'être un peu plus proche de cette œuvre
majeure du xxe
siècle.
Sur une proposition de Pierre-Yves Gervais, avec les élèves du cours « Du dessin au volume » :
AUBRY Mérine, BARGET Louison, BERNADET Alexandra, BIRON Gabin, BLANCHARD Candice, CAILLE Pierre, CHIALE Robin, DAILLEUX Marie, GRENON Nino, GUIBERT Julien, GUILLEMET Romane, GUILLET Lilou,
MONGODIN Juliette, OBAMBI DJANGA Julie, POIRIER Jean, ROUILLARD Suzanne, TRIPOTEAU Tiphaine, VILLENEUVE Sarah, VION Judith.
25
26. I
dentités
REMARQUABLES
Sur une proposition de Sonia Campos et Lisa David, avec les élèves du cours
d’édition :
BABEAU Séverine, BRAEMS Isabelle, DE MARQUÉ Lorraine,
LEFEBVRE Eric, LEGROS Geneviève, LENOIR Michèle, MASSON Marie Françoise,
POIRIER Maryse, PORTÉ Annie.
26
27. Ce projet réalisé en septembre 2021 avec le cours
d'édition, a permis la réalisation d'une galerie
des portraits des différents participants.
Sous le signe de la rencontre et des présentations,
chacun a exploré la forme de l’autoportrait par des
entrées symboliques ou plus littérales, dessinées,
photographiées, gravées, écrites, typographiées.
Ces recherches ont nourri la création collective
d'un ensemble de douze portraits.
En mathématiques, les identités remarquables sont
des égalités entre deux expressions algébriques, qui
permettent d’accélérer des calculs. Un jeu de mots
poétique pour évoquer l’efficace synergie du collectif
d’édition du jeudi soir.
Les portraits réalisés ont été imprimés au format
21 cm x 14.8 cm, pour former une édition tirée
à vingt-cinq exemplaires, sur papier Fedrigoni
Arcoprint 200g. Chaque jeu de cartes a été rassemblé
en un étui également sérigraphié et façonné
à l’École d’art.
27
28. Caractérisé par des coeurs plein
les yeux, l’Amoureux symbolise
l’amour qui aveugle.
L’Amoureux fait face à une fleur
symbolisant celle que l’on offre
par amour. Les étoiles représentent
le paradoxe entre un amour
qui aveugle et l’amour rempli
d’affection dans sa dimension
mystérieuse, magique.
Symbolisée par des arbres, cette
carte signifie l’omniprésence
et la sûreté. En effet, les arbres sont
partout et survivront à tout, comme
les hommes.
Représentée par un personnage
qui fume, cette carte symbolise
le point de non-retour dans une
expérience, l’excès de ses limites.
Le tarot de Marseille est un jeu de cartes
du xvie
siècle, qui intègre la cartomancie
au xviiie
siècle. Aujourd’hui, il appartient
aux arts divinatoires, on dit qu’il permet
deprédirel’avenir.Pourcela, lescartessonttiréespar
le consultant1
ou par le taromancien2
. Il interprète
le tirage en utilisant les allégories3
qui ornent les
cartes.
Le tarot de Marseille est composé de deux
grands groupes de cartes : lames et arcanes.
Les arcanes majeurs métaphorisent le cycle de la vie,
du commencement à la fin. Chacun a alors gravé
un jeu doté de significations qui résonneraient pour
lui-même. Les lames sont réalisées en Tetra-gravure
(taille douce sur supports d’emballage Tetra brik !)
L
’Amoureux
L
’Excès
L
e
Souvenir
1
Personne qui consulte pour avoir des réponses
2
Personne qui interprète les cartes. Le taromancien peut aussi être le consultant s’il consulte les cartes pour lui-même.
3 Dans ce cas, images à laquelle on attribue une signification
8 lames de tarot
28
29. Méduse, issue de la mythologie
grecque, est capable de pétrifier
ses ennemis par la seule force
de son regard.
Illustré par la carte de Uno5
,
le 9 représente le monstre dans
la surprise.
L’Arbre caractérisé par une robe
arbre représentant les dryades4
,
symbolise la nature.
Sur une proposition d’Adélaïde Gaudéchoux, avec les élèves du cours
Dessin & multiples :
BOUCHER Emma, BOUCHEZ Roxane, CAMAND Justine, DESFOSSÉ
Angèle, DUCEPT Charline, JULES Ariane, LE GLEUT Loïse, LEGOUPIL
Lise, PEYRAUD Lucie, SERGENT Mathilde, SOULARD Elisa.
La Curiosité est d’interprétation
libre, elle prend tout son sens
avec un tirage de six cartes.
Chaque carte de ce tarot représente
le trait de caractère d’un proche
de la dessinatrice. Ici, le temps
représente la tante à la ponctualité
infaillible.
L
a
Méduse
L
’Arbre
L
e
9
L
e
Temps
L
a
Curiosité
4
Esprit des arbres dans la mythologie grecque
5
Jeu de société
29
30. Penser comme une montagne
Aldo Léopold (1949)
Un hurlement profond se répercute d’arête en arête,
dévale la montagne et se fond dans les lointains
de la nuit. C’est une explosion de chagrin primitif
aux accents de mépris et de défi face à toutes les
adversités du monde. Tout ce qui vit (et peut-être aussi
une bonne part de ce qui n’est plus) dresse l’oreille
à cet appel. Pour le cerf, il est un rappel du destin de
toute chair ; pour le pin, l’annonce d’échauffourées
nocturnes et de sang sur la neige ; pour le coyote,
la promesse de glanures à venir ; pour l’éleveur,
la menace d’un découvert en banque ; pour le
chasseur, un défi, crocs contre plombs. Cependant,
derrière ces craintes et ces espoirs aussi manifestes
qu’immédiats se cache une montagne, signification
plus profonde connue de la seule montagne.
Elle seule a vécu suffisamment longtemps pour
entendre objectivement le hurlement du loup.
Ceux qui sont incapables de déchiffrer ce sens caché
savent néanmoins qu’il est là, car il est ressenti
dans tout pays de loups et distingue cette contrée
de toutes les autres. Il fait frissonner la moelle épinière
de quiconque entend des loups dans la nuit ou relève
de jour leurs empreintes. Même si on ne les voit
ni ne les entend, leur existence est implicite dans
cent menus événements : le hennissement nocturne
d’un cheval de bât, le cliquetis de pierres qui roulent,
le bond d’un cerf qui décampe, la façon dont les
ombres s’étendent sous les épicéas. Seul l’inéducable
béjaune peut ne pas sentir leur présence ou leur
absence, ou encore le fait que les montagnes ont
une opinion secrète à leur sujet. Ma conviction sur
ce point remonte au jour où je vis mourir une louve.
Nous étions en train de déjeuner sur un ressaut élevé
au pied duquel une rivière tumultueuse se frayait
un passage. Nous aperçûmes ce qui nous sembla être
une biche en train de la traverser, de l’écume jusqu’au
poitrail. Quand elle remonta la rive dans notre
direction et agita la queue, nous comprîmes notre
erreur : il s’agissait d’un loup. Une demi-douzaine
de ses congénères, à l’évidence des louveteaux déjà
grands, jaillirent d’entre les saules pour former
une mêlée de bienvenue toute en remuements
de queues et coups de pattes enjoués. Ce qui était
littéralement un amoncellement de loups gigotait
et cabriolait à découvert sur un plat au pied de notre
promontoire.
En ce temps-là, jamais nous n’avions entendu parler
de laisser passer une occasion de tuer un loup.
Aussitôt, nous voilà en train de décharger
du plomb sur la bande, mais avec plus d’exaltation que
de précision, tant il n’est jamais aisé d’ajuster un tir
plongeant. Quand nos carabines furent déchargées,
la louve adulte était à terre et l’un des petits traînait
la patte sur d’infranchissables éboulis.
Nous arrivâmes auprès de la louve à temps pour voir
s’éteindre la flamme verte de son regard farouche.
Je réalisai alors, et n’ai jamais oublié, qu’il y avait
quelque chose de nouveau pour moi dans ces yeux,
quelque chose qui n’était connu que d’elle et de
la montagne.
J’étais jeune alors et prompt à la détente ; je croyais
que moins de loups signifiait plus de cervidés,
que plus du tout de loups ferait le paradis des
chasseurs. Mais après avoir vu s’éteindre cette flamme
verte, je sentis que ni les loups ni la montagne
ne partageaient une telle idée. Depuis cette époque,
j’ai vu les États exterminer leurs loups les uns après
les autres. J’ai contemplé le visage de maintes
montagnes récemment débarrassées de ces prédateurs
et j’ai vu leurs adrets se rider d’un labyrinthe de
nouvelles coulées de cervidés. J’ai vu que tout buisson
et jeune plant comestibles étaient broutés, tombant
d’abord dans une désuétude anémique, puis finissant
par mourir. J’ai vu tous les arbres comestibles se faire
défolier jusqu’à la hauteur d’un pommeau de selle.
30
34. Pourquoi tant de haine,
Pourquoi tant de haine,
Envers nous-même ?
Envers nous-même ?
Pourquoi ne pas se dire je t’aime
Pourquoi ne pas se dire je t’aime
Au lieu de se détruire soi-même...
Au lieu de se détruire soi-même...
Pourquoi se détester
Pourquoi se détester
Jusqu’à se tuer ?
Jusqu’à se tuer ?
Nous sommes tous pareils,
Nous sommes tous pareils,
Nous sommes tous une merveille,
Nous sommes tous une merveille,
Nous sommes humains,
Nous sommes humains,
C’est l’oubli de certains
C’est l’oubli de certains
Qui voient dans notre couleur de peau
Qui voient dans notre couleur de peau
Une différence, un fléau.
Une différence, un fléau.
« Aimons-nous », poème de Clara Jammes.
Extrait du recueil de textes « Anara », d’Anaïs Dechancé et Clara Jammes.
Nous sommes tous les mêmes
Nous sommes tous les mêmes
Alors pourquoi ne pas se dire je t’aime
Alors pourquoi ne pas se dire je t’aime
Au lieu de continuer cette guerre.
Au lieu de continuer cette guerre.
A
i
m
o
n
s
A
i
m
o
n
s
nous
nous
-
-
34
35. Remerciements
Tou.s.tes les participant.e.s aux différents cours et
ateliers de l'école d'art.
Les artistes Julia Crinon et Hugo Marchal, qui forment
le duo de l’Atelier McClane qui sont intervenus à
l'école de décembre 2021 à mai 2022, pour réaliser
Mickael Lambert, Yoann Delestre et l’équipe technique
du CYEL pour son aide à la réalisation du projet
FRACAS !!!
Nadine Martin, Pascale Gagnaire, Romain Barré
pour leur aide logistique.
Les élèves du Lycée Nature et leur enseignant Vincent
Lepley pour leur participation au projet
Correspondance(s).
Ekaterina Koulechova pour les éditions Gallmeister.
Nicolas Deschamps pour les éditions LLL
(Les liens qui libèrent).
Nicolas Bourriaud, Vincent Perrottet.
Le CCR du MUCEM de Marseille.
La Succession Picasso et Sandra Houel.
Éloïse Guénégues et Fred Bernard pour la Maison
Gueffier.
Les papiers Fedrigoni et Hervé Cano.
L’imprimerie Offset 5 et Camille Imhof.
L’Adjoint à la Culture et à la Communication
Maximilien Schnel, le Directeur des Affaires
culturelles de La Roche-sur-Yon Jean-François
Brunel et le Directeur du Conservatoire/École d'art
Xavier Jamin. Brigitte Pirio, Caroline Olié, Denis
Ferré, David Robert, Laurianne Raimbault, Malvina
Sirisawat, Muriel Hillairet, Fabrice Braud et la DRAC
des Pays de la Loire.
L'équipe de l'IUT de La Roche-sur-Yon : Kennocha
Bohème, Clara Menon, Romane Pichon, Audrey
Roger, Andréa Sannier. Leurs enseignant.es Olivier
Ertzscheid, Christelle Capo-Chichi, François-Jean
Goudeau, Yves Guilloux, Marc Jahjah, Claudine
Paque.
L'équipe pédagogique de l'École d'art : Claudie
Pateau, Sonia Campos, Hélène Delépine, Adélaïde
Gaudéchoux, Pierre-Yves Gervais, Jean Herpin,
Olivier Josso-Hamel, Sophie Pouchain, Lisa David
et Juliette Vezat pour le département danse du
Conservatoire/École d’art.
Une édition de l'École d'art de La Roche-sur-Yon,
réalisée dans le cadre d'un partenariat pédagogique
avec l'IUT de La Roche-sur-Yon.
Revue imprimée à 1000 exemplaires, sur un papier
Fedrigoni, Symbol Oikos white 115g, par l'imprimerie
Offset 5 de La Mothe Achard.
Typographies : Candara, Impact, Minion Variable
Concept, Old Newspaper.
30 cm x 32 cm, 36 pages.
Le papier recyclé Oikos est produit dans le respect
de l’environnement et une démarche d’éco-durabilité.
Disponible en version numérique du 09/03/2023 au
09/03/2024 sur les sites suivants :
Site de la ville de la Roche-sur-Yon et site du média
étudiant Hashtag Infos.
Conçu collégialement par un comité éditorial
rassemblant des étudiantes de BUT Information
et communication de l’IUT de La Roche-sur-Yon
et l’École d’art, ce numéro réunit les contributions
des élèves, des enseignant.es et des étudiantes, mais
aussi celles de Julia Crinon, Hugo Marchal (Atelier
McClane), Vincent Perrottet et les textes de Nicolas
Bourriaud et Aldo Léopold.
Responsable de la publication : Lisa David
Relecture : Claudie Pateau, Christelle Capo-Chichi
et le comité éditorial.
Contact : revue.ecoledart2020@gmail.com
Bruire #2 - Possible(s)
Dépôt légal : mars 2023
ISSN print : 2825-1687
ISSN web: 2824-0723
ISBN : 978-2 9562191-3-2
Cet exemplaire ne peut être vendu.
Nous remercions très sincèrement les différent.es contributeur.ices de la revue
Nous remercions très sincèrement les différent.es contributeur.ices de la revue Bruire
Bruire #2 !!!
#2 !!!
Comité éditorial associé à ce numéro & design graphique et mise en page :
Kennocha Bohème, Clara Menon, Romane Pichon,
Audrey Roger, Andréa Sannier.
FRACAS !!!
Spéciale dédicace à Pierre-Yves Gervais & un immense merci à Claudie Pateau.
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