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Chapitre 2
La consommation: marqueur social?
I) Une représentation de la hiérarchie
sociale
hiérarchie sociale : classement ordonné d’individus ou de groupes en fonction de
l’inégale distribution de la richesse, du savoir, du prestige, du pouvoir…
Il y a hiérarchisation dès lors que les positions sont considérées, les unes par rapport aux
autres, comme supérieures ou inférieures (il y a des gens qui ont plus et des gens qui ont
moins).
A) Qu’est-ce qu’une hiérarchie sociale?
B) La nomenclature des
PCS :
Professions et Catégories
Socioprofessionnelles.
Une classification élaborée par l’
Le but de l’Insee est de classer l’ensemble de la population
en un nombre restreint de grandes catégories présentant
chacune une certaine homogénéité sociale.
Il va partir des professions occupées par les individus
pour les regrouper ensuite des catégories de
professions les CSP (Catégories Socio-professionnelles)
Insee = institut de la statistique et des
études économiques
C’est un institut chargé de collecter et
d’analyser des statistiques sur l’économie et
la société française
Un niveau qui regroupe les différentes CSP dans des
groupes socioprofessionnels. 8 groupes dont 6 pour les
actifs.
La nomenclature des PCS (Professions et
catégories socio-professionnelles est construite
ainsi )
Un niveau constitué de 497 professions. Ce niveau est le
plus détaillé.
Un niveau qui regroupe les différentes professions dans
des catégories socio-professionnelles (CSP). 42 CSP dont
32 pour les actifs.
Groupes socioprofessionnels CSP
1. Agriculteurs exploitants
11. Agriculteurs exploitants sur petite exploitation
12. Agriculteurs exploitants sur moyenne exploitation
13. Agriculteurs exploitants sur grande exploitation
2. Artisans, commerçants, chefs
d’entreprise
21. Artisans
22. Commerçants
23. Chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus
3. Cadres et professions
intellectuelles supérieures
31. Professions libérales
33. Cadres de la fonction publique
34. Professeurs, professions scientifiques
35. Professions de l’information, des arts et du spectacle
37. Cadres administratifs et commerciaux d’entreprise
38. Ingénieurs et cadres techniques d’entreprise
4. Professions intermédiaires
42. Professeurs des écoles et assimilés
43. Professions intermédiaires de la santé et du travail social
44. Clergé et religieux
45. Professions intermédiaires administratives de la fonction publique
46. Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises
47. Techniciens
48. Contremaîtres, agents de maîtrise
5. Employés
52. Employés civils et agents de service de la fonction publique
53. Policiers et militaires
54. Employés administratifs d’entreprise
55. Employés de commerce
56. Personnels de service direct aux particuliers
6. Ouvriers
62. Ouvriers qualifiés de type industriel
63. Ouvriers qualifiés de type artisanal
64. Chauffeurs
65. Ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport
67. Ouvriers non qualifiés de type industriel
68. Ouvriers non qualifiés de type artisanal
69. Ouvriers agricoles
Quels sont les
critères de
construction
des PCS ?
Quel est le critère commun aux professions des groupes
socioprofessionnels 1 et 2 qui permet de les différencier des
professions des autres groupes ou CSP ?
Exemple de
profession
du groupe 1
Eleveurs d'herbivores sur
moyenne exploitation
Exemple de
profession
du groupe 2
Artisans coiffeurs,
manucures, esthéticiens, de
0 à 9 salariés
Exemple de
profession
de la CSP 31
Vétérinaires
REPONSE
Leur statut juridique est différent.
Les indépendants ou non salariés possèdent leur entreprise, travaillent
à leur compte et tirent leur revenu des bénéfices de leur entreprise.
Salarié : un salarié est un individu qui vend sa capacité de travail à
l’employeur qui détient les moyens de production contre une
rémunération généralement fixe (le salaire), dans un cadre défini par un
contrat de travail, qui marque la position subordonnée du salarié.
Statut
juridique Groupes 3 (sauf CSP
31), 4, 5 et 6
Salariés
Groupes 1 et 2 + CSP
31
Indépendants
Quel est le critère qui permet de différencier les professions du
groupe socioprofessionnel 1 des professions du groupe
socioprofessionnel 2 ?
Exemples de
professions
du groupe 1
Eleveurs
d'herbivores sur
moyenne
exploitation
Exemples de
professions
du groupe 2
Autres artisans de
fabrication
(horlogers,
matériel de
précision)
Viticulteurs,
arboriculteurs
fruitiers, sur petite
exploitation
Petits et moyens
détaillants en
alimentation
générale, de 0 à 9
salariés
Le secteur secondaire regroupe l'ensemble des activités consistant en une
transformation plus ou moins élaborée des matières premières (industries
manufacturières, construction). Ex : artisan horloger.
REPONSE
Leur secteur d’activité est différent.
Le secteur primaire regroupe l'ensemble des activités dont la finalité consiste en une
exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines, gisements. Ex
: Viticulteur ou éleveur.
Le secteur tertiaire recouvre un vaste champ d'activités qui va du commerce à
l'administration, en passant par les transports, les activités financières et
immobilières, les services aux entreprises et services aux particuliers, l'éducation, la
santé et l'action sociale. Ex : épicier.
Secteur
d’activité
Groupe 2
Secondaire
Groupe 1Primaire
Tertiaire
Quel est le critère qui permet de différencier les professions du groupe
socioprofessionnel 3 des professions du groupe socioprofessionnel 4 et
des professions des groupes socioprofessionnels 5 et 6 ?
Médecins
hospitaliers
sans activité
libérale
Infirmiers en
soins
généraux,
salariés
Cadres d'état-
major
administratifs,
financiers,
commerciaux des
grandes
entreprises
Aides-soignants
(de la fonction
publique ou du
secteur privé)
Caissiers de
magasin
Ouvriers
qualifiés divers
de type
industriel
Groupe 3
Groupes 5 et 6
Groupe 4
Techniciens d'étude
et de
développement en
informatique
Dans les entreprises, à une qualification, est souvent associée une certaine
place dans la hiérarchie de l’entreprise. En général, plus la qualification
requise par l’emploi occupé est élevée, plus la place dans la hiérarchie l’est
également.
Ainsi les cadres ont parfois des salariés sous leurs ordres. Ils ont donc une
place élevée dans la hiérarchie de l’entreprise.
Les membres des professions intermédiaires ont une place intermédiaire
dans la hiérarchie : ils se trouvent entre les cadres et les employés et ouvriers.
Les employés et les ouvriers sont au bas de la hiérarchie
REPONSE
Leur qualification.
Qualification
Groupe 4Moyenne
Groupe 3Elevée
Faible Groupes 5 et 6
Ne pas confondre qualification de l’emploi occupé et
qualification de l’individu qui l’occupe (résumée en partie
par le niveau de diplôme).
Dans la nomenclature, le critère utilisé est celui de la
qualification de l’emploi occupé et non du niveau de
diplôme.
Souvent, il y a une certaine adéquation entre les deux. Un emploi nécessitant
une qualification élevée (cadre par exemple) est souvent occupé par un individu
ayant un niveau de diplôme élevé (bac +5).
Mais pas toujours !
On peut imaginer qu’un individu soit devenu cadre par des promotions
successives alors qu’il a un niveau de diplôme peu élevé (par exemple
seulement le bac).
A l’inverse, on peut imaginer qu’un individu diplômé de l’enseignement
supérieur (bac + 2) soit obligé d’occuper un emploi assez peu qualifié (employé).
Quel est le critère qui permet de différencier les professions du
groupe socioprofessionnel 5 des professions du groupe
socioprofessionnel 6 ?
Ouvriers
qualifiés divers
de type
industriel
Groupe 5
Auxiliaires de
puériculture
Secrétaires
Vendeurs en
habillement et
articles de sport
Conducteurs
livreurs, coursiers
(salariés)
Ouvriers non
qualifiés du gros
œuvre du bâtiment
Groupe 6
REPONSE
Le type de tâches qu’ils effectuent.
Type de
tâches
effectuées Groupe 6Tâches matérielles
Groupe 5Tâches immatérielles
Les ouvriers exercent plutôt des tâches matérielles : transformation de
la matière, conduite d’engins de chantier ou de moyens de transport,
etc.
Les employés exercent plutôt des tâches immatérielles.
Remarque : cette distinction n’est pas toujours opérante. Ainsi, certains ouvriers
ont aujourd’hui pour tâche de surveiller des machines. Inversement, certains
employés, comme dans la restauration rapide, exercent principalement des
tâches manuelles : cuire et emballer des hamburgers par exemple.
Une CSP particulière au sein du groupe 3 : les professions libérales
Exemples de
professions de la
CSP 31 qui
regroupent les
professions
libérales
Avocats
Médecins libéraux
généralistes
Pharmaciens
libéraux
Exemples de
professions
classées dans
d’autres CSP du
groupe 3
Magistrats
Professeurs agrégés et certifiés
de l'enseignement secondaire
Ingénieurs et cadres d'étude du
bâtiment et des travaux publics
5) Quel est le point commun entre les salariés du groupe 3 et les professions libérales
La principale différence est que les professions libérales ont le
statut juridique d’indépendants alors que les autres
professions du groupe 3 sont salariées.
On les a pourtant mises ensemble dans le groupe 3 car les
professions libérales partagent une caractéristique avec les
autres professions du groupe 3 : elles nécessitent toutes une
qualification élevée. Or, ce critère est essentiel pour construire
un groupe homogène socialement.
En effet, les membres des groupes composés uniquement
d’indépendants (groupes 1 et 2) auraient peu de points
communs avec les membres des professions libérales (par
exemple en ce qui concerne les pratiques culturelles).
Secteur
primaire
Groupe 2 Groupe 1
Population totale
Retraités Autres personnes sans activité
professionnelle
INACTIFS
Actif
SALARIES NON SALARIES
Secteur
secondaire et
tertiaire
Très qualifiésMoyennement
qualifiés
Tâches
immatérielles
Tâches
matérielles
Groupe 6 Groupe 5 Groupe 4 Groupe 3
Peu qualifiés
Les indépendants très qualifiés (CSP 31 : professions libérales) sont classés dans le
groupe 3.
17,5%
25,4%
1,8%
28,2% 20,4%
6,4%
Classes supérieures
(environ 20%)
Classes moyennes
(environ 45%)
Classes populaires
(environ 35%)
B) La nomenclature des PCS : Professions et Catégories Socioprofessionnelles.
 A repérer des changements
dans la structure sociale: depuis
1945 on a observé une
moyennisation de la société,
c’est-à-dire une augmentation
du poids des positions
intermédiaires.
A) Qu’est-ce qu’une hiérarchie sociale?
C) A quoi servent les Catégories Socioprofessionnelles?
 A étudier le poids de l’origine sociale sur la position sociale des individus c’est-à-dire
d’étudier la mobilité sociale.
 Ne pas noter obligatoirement: une partie de la mobilité sociale s’explique par le
changement de la structure sociale… et non pas par l’existence d’une relative égalité
des chances d’accès à toutes les positions sociales.
 … à analyser les différences de
goût pour certaines pratiques
culturelles à travers l’influence
de la position sociale de
l’individu.
 Les goûts seraient en partie
acquis par un processus de
socialisation dont les effets
sont différents en fonction des
groupes sociaux.
Sur un échantillon représentatif de 13 685 personnes de 12 à 75 ans (Guilbert et coll., 2001), où
la pratique sportive est définie seulement sur la question « Au cours des 7 derniers jours, avez
vous pratiqué un sport ? », montrait des différences importantes entre les catégories
socioprofessionnelles2
Ces différences de
pratiques culturelles
peuvent être analysées
comme des inégalités si
elles jouent un rôle sur les
résultats scolaires…
Tables d'homogamie :
Répartition des couples selon la catégorie socioprofessionnelle des conjoints en 2011
Source : Enquêtes emploi 1982 et
2011
Champ : couples cohabitants dans
lesquels l'un des conjoints est âgé de
30 à 59 ans et les deux conjoints ont
déjà travaillé
 … à analyser la tendance à
l’homogamie, c’est-à-dire la
tendance à avoir un conjoint qui a la
même position sociale
Conclusion:
Si l’appartenance à différentes catégories
produit des effets si différents, cela prouve
qu’elles ont une réalité sociale, qu’elles
existent.
Document B : La distinction
Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Le principal enjeu de la sociologie de la culture est évidemment de
montrer que l'adage populaire est faux et trompeur. Faux parce que les goûts ne sont pas inexplicables, strictement
individuels ou liés au caractère ou à la personnalité, mais au contraire produits par l'éducation, les rapports de
domination, les stratégies de classement. Trompeur parce que l'influence de la position sociale sur le goût est
d'autant plus grande qu'elle passe inaperçue, l'individu étant d'autant plus manipulé par celle-ci qu'il se croit libre
de ses croyances, de ses choix et de ses opinions. Pierre Bourdieu s'emploie donc à démonter les ressorts du goût
en matière de loisirs, d'art ou d'alimentation. Il s'appuie pour cela sur la notion d'habitus: un ensemble de
pratiques, de règles et de contraintes issues de notre expérience, de notre milieu social, et liées à ce que notre
entourage attend de nous. L'auteur insiste sur la notion de classement. Les goûts sont classants: ce sont des
marqueurs fins de la position sociale, la culture dominante étant la culture des classes dominantes. Dès lors, ils
jouent un rôle stratégique dans la lutte pour le classement.
Les classes supérieures travaillent à se distinguer par leurs goûts, que les classes moyennes cherchent à imiter,
faisant preuve de "bonne volonté culturelle" à l'égard des pratiques et des goûts consacrés comme légitimes par les
classes supérieures. Bourdieu décrit ainsi les stratégies engagées par les différents groupes sociaux à l'égard de la
culture légitime.
Présentation de livre du Pierre Bourdieu « La distinction » sur le site d’alternatives économiques.
1) Quel est le sens de l’adage populaire, les goûts et les couleurs ne se discute pas ?
2) Le sociologue Pierre Bourdieu serait-il d’accord avec cet adage ?
3) Qu’est-ce que la culture légitime ?
4) Qui cherchent à se distinguer et comment d’après le texte ?
5) Qui cherchent à imiter et comment d’après le texte ?
6) Expliquez la phrase soulignée.
II) L’analyse des pratiques culturelles en fonction de la position dans la hiérarchie
sociale.
Pierre Bourdieu
(1930-2002)
1) Quel est le sens de l’adage populaire, les goûts et les couleurs ça ne se discute
pas ?
2) Le sociologue Pierre Bourdieu serait-il d’accord avec cet adage ?
3) Qu’est-ce que la culture légitime ?
4) Qui cherchent à se distinguer et comment d’après le texte ?
5) Qui cherchent à imiter et comment d’après le texte ?
6) Expliquez la phrase soulignée: « les goûts sont classants ».
Les goûts seraient répartis au hasard et il n’y rien à comprendre sur leur formation. De
plus, il est impoli de porter un jugement sur les goûts d’autrui.
Non, Bourdieu considère que les goûts sont liés à la position sociale et qu’ils font l’objet
d’une compétition sociale en termes de prestige. Les groupes supérieurs jugent avec
mépris les goûts des autres groupes
La culture légitime, c’est l’ensemble des pratiques culturelles qui sont jugées « bonnes » dans une
société, celles qui procurent du « prestige social ». Pour Bourdieu, il s’agit systématiquement des
pratiques des classes supérieures, qui imposent leurs goûts comme « le bon goût »
Les membres des classes supérieures cherchent à se distinguer des membres des classes moyennes
et inférieures par des pratiques valorisantes, qui révèlent la supériorité de leurs goûts.
Les membres des classes moyennes cherchent à imiter des classes supérieures,
ceux des classes inférieures cherchent à imiter les classes moyennes…
Les goûts révèlent notre position sociale dans la hiérarchie sociale.
Consommation ostentatoire : consommation dont la motivation essentielle est d’être vue
afin d’afficher un statut social.
Un individu pourra donc afficher son pouvoir d’achat, mais aussi son goût pour des pratiques
qui procurent du prestige social.
Le sociologue pourra analyser une consommation comme étant ostentatoire, sans que le
consommateur n’ait conscience ou n’assume cette motivation sociale.
III) La distinction aujourd’hui
Doc C: Les nouveaux codes de la distinction,
Véritable tour de force, La Distinction a longtemps subjugué les sociologues. Ce n’est que récemment que
le modèle qu’il expose a été soumis à une critique approfondie, en particulier parmi les spécialistes des
pratiques culturelles.
Ces derniers ont tout d’abord pointé les transformations morphologiques qu’a connues la société française
depuis trente ans : tertiarisation de l’économie, déclin des paysans et des ouvriers, montée en puissance
des employés, forte croissance des cadres… Le paysage social n’est plus le même. Mais le paysage culturel a
lui aussi été bouleversé, avec la place centrale prise par la télévision, l’arrivée d’Internet, la montée en
puissance des industries culturelles… Résultat : tout semble indiquer que le « bon goût » ne règne désormais
plus sans partage.
Au milieu des années 1990, le sociologue Richard Peterson montre qu’en matière musicale, les classes
supérieures américaines sont désormais moins « snobs » qu’« omnivores », avec un goût marqué pour
l’éclectisme : jazz, rap, classique, musiques du monde…, tout semble doux à leurs oreilles.
En 2004, Bernard Lahire généralise en quelque sorte le constat d’un désajustement entre hiérarchie des
pratiques et hiérarchie sociale : dans La Culture des individus, il montre par exemple que les pratiques
légitimes sont loin d’être une norme au sein même des classes supérieures : 56 % de leurs membres ne sont
jamais allés à l’opéra, et seuls 15 % ont pour genre de film préféré les « films d’auteur ». Inversement, ces
derniers sont nombreux à « s’autoriser » des pratiques peu légitimes, comme la visite de parcs d’attractions
(25 %), l’écoute de variété française (39 %), la télévision (61 % la regardent tous les jours).
À partir d’une enquête dans des lycées, Dominique Pasquier montre que chez les jeunes, hormis quelques
établissements huppés, c’est carrément la culture « de masse » qui est devenue dominante (jeux vidéo,
télévision, R’n’B…) et circule entre élèves, les goûts légitimes ne se cultivant plus qu’un peu honteusement,
et en tout cas pas en public...
Ce grand mélange des genres ne signe-t-il donc pas la fin des logiques de distinction repérées par Bourdieu ?
Un vaste colloque, organisé du 4 au 6 novembre à Paris à l’occasion des trente ans de La Distinction , a
montré que ce serait aller un peu vite en besogne …
… D’une part, parce que les pratiques les plus légitimes restent, malgré tout, l’apanage des plus favorisés,
qu’il s’agisse de spectacles vivants, d’expositions, de visites des musées ou même de fréquentation des
bibliothèques.
D’autre part, parce que la diversité de goûts des classes supérieures, confirmée par de nombreuses
études, semble posséder une valeur distinctive en soi, les classes populaires se montrant davantage
spécifiques dans leurs choix. Que des individus écoutent à la fois Bach, Youssou N’Dour, La Rumeur et
Alain Bashung est moins le signe d’une époque où tout se vaudrait que la manifestation de la capacité des
classes supérieures à s’encanailler en cumulant culture légitime et incursions mesurées au sein de la
culture populaire. Comme le disait le sociologue australien Tony Bennett lors du colloque, « avoir mauvais
goût, c’est cool… quand on va à l’opéra  ».
Le fin du fin en matière de distinction contemporaine résiderait donc moins dans l’appropriation exclusive
des pratiques nobles et/ou le rejet des pratiques « vulgaires » que dans la manifestation d’une certaine
ouverture d’esprit et d’un éclectisme… qui se garde d’oublier les hiérarchies. Nulle part, en effet, les
romans policiers d’Harlan Coben ne « valent » les œuvres d’Honoré de Balzac ou de Marcel Proust. B.
Lahire montre d’ailleurs que les individus qui cumulent pratiques légitimes et peu légitimes se gardent de
mettre tout sur le même plan, admettant « perdre leur temps » devant la télé ou admettant, non sans
quelque honte, pratiquer le karaoké mais uniquement « pour se détendre ». La culture légitime peut être
jugée « ennuyeuse », cela ne remet guère en cause son statut d’étalon.
Plusieurs communications du colloque « Trente ans après La Distinction » ont également mis en évidence
que, au-delà du jeu autour des registres culturels, l’on pouvait déceler des logiques de distinction au sein
des cultures médiatiques elles-mêmes. Les séries télévisées, par exemple, sont un genre de plus en plus
reconnu, mais cette reconnaissance s’accompagne chez les plus mordus d’un travail de hiérarchisation
entre la « série de qualité », dotée d’une valeur proprement artistique, et la « série grand public », dont la
soumission aux contraintes commerciales la condamne au « vulgaire ».
Xavier Molénat Sciences Humaines, Mars 2011
0) Précisez le sens des mots ou expressions soulignées dans la marge.
1) Dans quel sens particulier le sociologue américain Richard Peterson donne-t-il à l’expression
« omnivore ». En quoi cela remet-il partiellement en cause les analyses de Bourdieu ?
2) En quoi Bernard Lahire constate-t-il un « désajustement » entre hiérarchie des pratiques et hiérarchie sociale ? En
quoi cela remet-il partiellement en cause les analyses de Bourdieu ?
« Omnivore= qui mange de tout; dans le texte Peterson l’emploie pour indiquer que les classes
supérieures ont des pratiques culturelles variées, qui vont de celles habituellement rattachées aux
classes supérieures (musique classique, jazz…) à celles associées habituellement associées aux classes
populaires (musiques du monde). Il laisse entendre que les classes populaires sont elles plus
« univores », qu’elles ont des goûts musicaux moins larges.
Cela remet fortement en question les analyses de Bourdieu … puisqu’on les goûts pour certaines
musiques ne seraient pas classant, si on peut les rencontrer dans toutes les classes. Toutefois, cela sera
désormais l’omnivorité qui serait à l’origine de la distinction et donc il y a toujours une logique de
distinction.
Lahire constate que les pratiques élitistes (opéra, goût pour les films d’auteurs…) ne sont mêmes plus
majoritaires chez les classes supérieures… (ce ne sont plus des normes) alors qu’au contraire, le fait de
regarder la télévision (pratique plutôt associée aux classes populaires) est devenu une pratique majoritaire
chez les classes supérieures. Ainsi, les pratiques les plus fréquentes des classes supérieures seraient les
mêmes que celles des classes populaires… et donc cela remet fortement en cause Bourdieu en termes de
culture « légitime », que l’on ne peutplus associée aux pratiques majoritaires dans la classe dominante.
3) Quels sont les constats faits par Dominique Pasquier concernant les pratiques culturelles des jeunes
lycéens français. En quoi cela remet-il partiellement en cause les analyses de Bourdieu ?
4) Comment les changements mis en évidence dans les enquêtes de Peterson, Lahire et Pasquier sont-ils expliqués
au début du texte ?
5) Quelles sont les raisons qui font dire à Xavier Molénat, l’auteur de l’article, que les logiques de
distinction sont toujours à l’œuvre en France aujourd’hui
6) Quels sont les nouveaux domaines dans lesquels les logiques de distinctions se développent-elles ?
Chez les lycéens français, la culture de « masse » (jeux vidéos, RNB…) est devenue dominante dans quelle que soit
l’origine sociale… et les pratiques culturelles autrefois perçues comme légitimes (jouer d’un instrument classique)… sont
presque honteuses, en tous cas pas revendiquées en plus. Toutefois, certains établissements plus « huppés » font
comme même exception et les goûts « légitimes » continuent d’exister et de se cultiver (en secret?)… ce qui ne les
empêchera pas de réapparaître plus tard.
Ces changements sont expliqués par des transformations sociologiques «les transformations morphologiques qu’a connues la
société française depuis trente ans : tertiarisation de l’économie, déclin des paysans et des ouvriers, montée en puissance des employés,
forte croissance des cadres »… Il y aurait eu une moyennisation de la société qui expliquerait un rapprochement des pratiques culturelles.
De plus, l’arrivée de la télé, d’internet… facilite la diffusion d’une culture de masse, donnant accès à des contenus culturels identiques à
toutes les classes sociales.
• Les pratiques les plus légitimes restent, malgré tout, l’apanage (le monopole, l’exclusivité…) des plus favorisés, qu’il
s’agisse de spectacles vivants, d’expositions, de visites des musées ou même de fréquentation des bibliothèques.
(Les classes populaires n’y vont jamais ou presque)
• D’autre part, parce que la diversité de goûts des classes supérieures, semble posséder une valeur distinctive en soi…
« avoir mauvais goût, c’est cool… quand on va à l’opéra  ».
• Les individus qui cumulent pratiques légitimes et peu légitimes se gardent de mettre tout sur le même plan,
admettant « perdre leur temps » devant la télé ou admettant, non sans quelque honte, pratiquer le karaoké mais
uniquement « pour se détendre ». La culture légitime peut être jugée « ennuyeuse », cela ne remet guère en cause
son statut d’étalon= les goûts légitimes restent « tout de même classants »
Dans les cultures médiatiques elles-mêmes. Les séries télévisées, sont un genre de plus en plus reconnu, mais cette
reconnaissance s’accompagne chez les plus mordus d’un travail de hiérarchisation entre la « série de qualité », dotée
d’une valeur proprement artistique, et la « série grand public », dont la soumission aux contraintes commerciales la
condamne au « vulgaire ».
Quelques chiffres
pour confirmer les
analyses du Doc C
Quelle que soit
l’origine sociale, on
passe beaucoup de
temps devant la télé
en moyenne
(pratiques
communes), mais
plus on a un niveau
de diplôme élevé,
moins on regarde la
télé… et plus on
regarde des
contenus
« choisis », qui ne
passent pas en
direct.
(Les différences de
pratiques restent
bien classantes.
Source : enquête « Pratiques culturelles des Français » 2008, DEPS, ministère de la Culture /
Clersé / LCP-CNRS. Champ : 27 genres culturels pratiqués au cours des douze derniers mois. N =
5004. En italiques les valeurs dont les effectifs sont inférieurs à 10 et indiquées n.s. celles
inférieures à 5. * aucun individu n’a pratiqué plus de 20 genres sur les 27 pratiques retenues
L’omnivorité
semble bien être
une
caractéristique des
classes
supérieures
Champ des 27 domaines et genres culturels retenus par l’enquête.
Pratiques de domaines culturels :
• Domaine des équipements fréquentés au cours des 12 derniers mois (trois domaines culturels) : est
allé à un spectacle de danse classique, moderne ou contemporaine ; est allé au théâtre une fois et
plus ; a visité un monument historique.
• Domaine des lieux artistiques visités au cours des 12 derniers mois (un domaine) : a visité un musée.
• Domaine cinématographique (un domaine) : est allé au cinéma une fois par mois et plus au cours des
12 derniers mois.
• Domaine des jeux vidéos (un domaine) : a pratiqué des jeux vidéos au cours des 12 derniers mois.
Pratiques de genres culturels :
• Genres d’ouvrages lus le plus souvent (six genres) : a lu de la littérature classique française, étrangère
(jusqu’au XXe siècle) ; a lu des essais ; a lu des livres scientifiques ; a lu des romans policiers ou
d’espionnage ; a lu des bandes dessinées ; a lu des mangas et comics.
• Genre télévisuel régulièrement visionné à un moment de la vie (un genre) : a suivi au moins trois séries
télévisées.
• Genres de musique écoutée le plus souvent (six genres) : la musique classique ; la musique d’opéra ; la
musique de jazz ; la musique pop, rock ; la musique hip-hop, rap ; la musique électronique, techno.
• Genres de film préférés (deux choix possibles proposés aux enquêtés) (six genres) : les films comiques ;
les films d’action ; les films policiers ou d’espionnage, thrillers ; les comédies dramatiques ; les films
d’animation, dessins animés ; les films d’auteur.
• Genres d’expositions artistiques visitées au cours des 12 derniers mois (deux genres) :a vu une
exposition temporaire de peinture ; a vu une exposition temporaire de photographie.
Document D : Télévision : il y a série et série...
Depuis les années 1990, les séries télévisées ont fait l’objet d’une visibilité et d’une reconnaissance
accrues, grâce notamment au développement d’une « critique sériephile » qui a tenté d’ennoblir le
genre. Le romancier Martin Winckler affirme ainsi que « les séries ne constituent pas un “sous-genre”
inférieur par la qualité, l’ambition, l’inspiration au cinéma ou à la littérature, au théâtre ou à la bande
dessinée ». Tout comme la série est rapprochée des arts légitimes, le sériephile est distingué du fan
surinvesti dans sa passion, et rapproché de l’amateur : « Comme l’amateur d’art contemporain,
l’amateur de séries n’hésite pas à entrer dans des galeries inconnues. Comme l’amateur de vins, il n’a
pas peur de goûter. Comme l’amateur de film, il enregistre pour voir et revoir à loisir. Comme le
lecteur enfin, il sait prendre son temps. » Mais, souligne la sociologue Anne-Sophie Béliard, cette
valorisation ne va pas concerner toutes les séries : un clivage se crée entre « séries de qualité » et
séries « grand public ». Dans la première catégorie, on trouve des séries américaines, en particulier
celles lancées par la chaîne HBO, « la chaîne qui a tout changé » : Sex and the City, Six Feet Under, The
Wire (Sur écoute)… Apparaît ainsi un label HBO, qui devient l’étalon de la série de qualité. En
revanche, celles qui tombent dans la catégorie « grand public » (feuilletons, soap-
operas et telenovelas, sitcoms, séries de science-fiction et séries françaises) sont largement ignorées
des sériephiles.
Philippe Le Guern à travers ses enquêtes sur les fan-clubs de la série Le Prisonnier, met en évidence
les multiples stratégies de distinction à l’œuvre, qu’il s’agisse de railler les fans « monomaniaques »
ou encore de préférer la version originale à une version française qui, estiment-ils, « dénature
complètement la série » Tous ces travaux indiquent en tout cas qu’une partie de la distinction
contemporaine se joue moins dans la hiérarchisation entre genres (« la musique classique vaut plus
que le rock ») que dans la hiérarchisation à l’intérieur même de ces genres, entre ce qui est rare et ce
qui est commun.
Xavier Molénat, Sciences Humaines, Mars 2011
1) Quelles sont les différences entre les amateurs de série (« sériephiles ») et les fans
surinvestis ?
Les amateurs de séries revendiquent le plaisir qu’ils éprouvent à regarder des séries
nombreuses et variées, à chercher des séries rares, en version originale… même s’il doit
toujours s’agir de séries de qualité. Le texte les compare aux amateurs de vins qui aiment
goûter à beaucoup de vins différents, pour le plaisir de comparer, aux amateurs d’art
contemporain qui entrent dans des galeries inconnues pour le plaisir de découvrir des
œuvres nouvelles qu’ils pourraient être parmi les premiers à aimer.
Les amateurs de série peuvent sembler animés par une volonté de se distinguer par leur
goût pour des « séries de qualité », des « séries rares »… ce goût n’étant jamais exclusif et
ne les conduisant pas à réduire leur pratiques culturelles, ce qui les rapproche
des « omnivores » évoqués par Peterson.
Les fans « surinvestis » sont présentés par le texte comme des spectateurs qui « aiment
trop » certaines séries, le préfixe « sur » ayant un sens péjoratif dans ce texte. Cet amour
exagéré pour certaines séries est moqué « raillé » par les « sériephiles ». Certains fans sont
qualifiés de « monomaniaques » par les sériephiles qui leur reprochent ainsi de n’aimer
qu’ « une » série (mono) et façon quasi maladive (« maniaques »). Finalement, les fans
aiment de façon excessive, donc vulgaire. Cet amour excessif pour certaines séries réduit
le champ de leurs pratiques culturelles, ce qui les rapproche des « univores » évoqués par
Peterson.
2) Toutes les séries sont-elles aussi légitimes les unes que les autres ?
Non, pas du tout. Si pour l’auteur du texte, le genre constitué par les séries sont devenues
un genre qui peut être rapproché du cinéma, de la littérature, du théâtre ou de la bande-
dessinée, toutes les séries ne sont pas aussi « légitimes », c’est-à-dire pour reprendre le
sens donné par Pierre Bourdieu à ce mot, qu’elles ne sont pas toutes jugées dignes d’être
regardées par les classes supérieures.
Par exemple, les séries américaines diffusées par exemple sur la chaîne HBO comme Sex
and the City, Six Feet Under ou The Wire sont jugées par les sériephiles largement
supérieures aux « feuilletons, soap-operas et telenovelas, sitcoms, séries de science-fiction
et séries françaises ».
Mettre sur le même plan Breaking Bad et Plus belle la vie risque de vous exposer au
ridicule au sein des classes supérieures. Il existe donc une hiérarchie des goûts en matière
de consommation de séries télévisées. Ainsi, la consommation (de séries télévisées) peut-
être un marqueur assez fin de la position sociale.
Document E : Choix du prénom et position sociale.
Prenons les 10 prénoms féminins les plus donnés entre 1965 et 1969 et regardons comment les différentes
catégories socio-professionnelles les ont utilisés. (Graphique 1) Ce qui frappe tout d’abord, c’est que toutes les
catégories semblent surfer sur la même vague. Mais une lecture en détail montre que les comportements sont
légèrement différenciés dans le temps.
Vers 1950, 10% des bébés filles de cadres (la CSP n°3 dans la nomenclature à 6 postes) reçoivent un prénom qui
sera à la mode (c’est à dire dans les 10 prénoms les plus fréquents) 15 ans plus tard. Les filles des artisans et
professions intermédiaires (CSP n°2 et 4) sont environ 3% à recevoir de tels prénoms. Et ce n’est qu’en 1960 que les
filles d’agriculteurs recevront à une telle fréquence (environ 10%) ces prénoms. Il arrive un moment, vers 1960, où
ces “prénoms presque à la mode” qui étaient auparavant des “prénoms de cadres” deviennent plus fréquents
parmi les filles de “professions intermédiaires” et celles des “indépendants” : l’engouement des cadres décélère…
Peut-être parce que ces prénoms sont jugés trop peu distinctifs, les cadres commencent à abandonner ces
prénoms quelques années avant les autres catégories socio-professionnelles. Le graphique 1 offre une image
instantanée… et peut-être que le comportement des cadres et des professions intermédiaires fut différent à
d’autres moments. Pour le savoir, nous avons pris ensuite les 10 prénoms féminins les plus fréquemment donnés
entre 1960 et 1964 (voir graphique 2): les courbes évoluent de la même manière. Les cadres commencent à donner
ces prénoms avant les autres catégories socio-professionnelles… et les abandonnent quand les “professions
intermédiaires” les utilisent plus fréquemment qu’eux. Les agriculteurs, eux, continuent à donner ces prénoms
après que les autres CSP ont commencé à ne plus les utiliser pour leurs filles. Une question au moins se pose après
ces graphiques : Entre 1945 et 1975, les décalages entre catégories sociales ne sont que de quelques années. Si l’on
prend le seuil de 10% [i.e. la date à laquelle 10% des bébés filles d’une catégorie sociale reçoivent les prénoms à la
mode considérés], on s’aperçoit que 10 ans environ séparent les cadres des agriculteurs… mais à peine deux ou
trois ans séparent les cadres des professions intermédiaires. Sans information supplémentaire, deux explications
sont possibles : 1- les cadres “lancent” une mode qui est ensuite reprise par d’autres catégories sociales… ou 2- la
source des prénoms est ailleurs, elle est la même pour toutes les CSP, qui assimilent les prénoms plus ou moins
rapidement, mais sans “imitation”.
Baptiste Coulmont, "Structure sociale et prénoms à la mode", créé le 19/06/2009,
IV) Choix du prénom et position sociale
IV) Choix du prénom et position sociale
Synthèse :
A partir du texte et des graphiques ci-dessous, montrez en quoi les cadres et professions
intellectuelles supérieures semblent dicter la mode en matière de choix de prénoms.
Les cadres sont les premiers à choisir dans les années 40-50-60 les 10 prénoms qui seront
le plus à la mode en 1970; A l’époque ce sont des prénoms rares, donc distinctifs. Ils
choisissent donc ces prénoms pour se distinguer.
Durant toute la période 40-50-60, ils donnent plus souvent que les autres groupes ces
prénoms à leurs filles, même si la proportion de ces prénoms donnés augmente dans tous
les groupes. Les autres groupes semblent imiter les cadres, les suivant avec un temps de
retard, dans un ordre qui semble correspondre à la hiérarchie sociale (cadres /prof
intermédiaires /Artisans/Employés/Ouvriers/ agriculteurs…)
Un peu avant le pic de popularité en 1970, les cadres commencent à donner de moins en
moins souvent ces prénoms à leurs filles, peut-être parce qu’ils sont devenus trop
communs et donc pas assez distinctifs. Ils choisissent donc d’autres prénoms, lançant alors
une autre mode.
Après le pic de popularité les autres groupes commencent à abandonner progressivement
ces prénoms. Là encore on retrouve plus ou moins la hiérarchie sociale, mais cette fois-ci
en ordre inversé… Ces prénoms restent populaires plus longtemps chez les agriculteurs, les
ouvriers et les employés… alors qu’ils sont passés de mode chez les cadres.
Source: http://www.ac-besancon.fr/IMG/pdf/fiche_les_mentions.pdf

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Consommation marqueur social 2017

  • 1. Chapitre 2 La consommation: marqueur social?
  • 2. I) Une représentation de la hiérarchie sociale hiérarchie sociale : classement ordonné d’individus ou de groupes en fonction de l’inégale distribution de la richesse, du savoir, du prestige, du pouvoir… Il y a hiérarchisation dès lors que les positions sont considérées, les unes par rapport aux autres, comme supérieures ou inférieures (il y a des gens qui ont plus et des gens qui ont moins). A) Qu’est-ce qu’une hiérarchie sociale?
  • 3. B) La nomenclature des PCS : Professions et Catégories Socioprofessionnelles.
  • 4. Une classification élaborée par l’ Le but de l’Insee est de classer l’ensemble de la population en un nombre restreint de grandes catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale. Il va partir des professions occupées par les individus pour les regrouper ensuite des catégories de professions les CSP (Catégories Socio-professionnelles) Insee = institut de la statistique et des études économiques C’est un institut chargé de collecter et d’analyser des statistiques sur l’économie et la société française
  • 5. Un niveau qui regroupe les différentes CSP dans des groupes socioprofessionnels. 8 groupes dont 6 pour les actifs. La nomenclature des PCS (Professions et catégories socio-professionnelles est construite ainsi ) Un niveau constitué de 497 professions. Ce niveau est le plus détaillé. Un niveau qui regroupe les différentes professions dans des catégories socio-professionnelles (CSP). 42 CSP dont 32 pour les actifs.
  • 6. Groupes socioprofessionnels CSP 1. Agriculteurs exploitants 11. Agriculteurs exploitants sur petite exploitation 12. Agriculteurs exploitants sur moyenne exploitation 13. Agriculteurs exploitants sur grande exploitation 2. Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 21. Artisans 22. Commerçants 23. Chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus 3. Cadres et professions intellectuelles supérieures 31. Professions libérales 33. Cadres de la fonction publique 34. Professeurs, professions scientifiques 35. Professions de l’information, des arts et du spectacle 37. Cadres administratifs et commerciaux d’entreprise 38. Ingénieurs et cadres techniques d’entreprise 4. Professions intermédiaires 42. Professeurs des écoles et assimilés 43. Professions intermédiaires de la santé et du travail social 44. Clergé et religieux 45. Professions intermédiaires administratives de la fonction publique 46. Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises 47. Techniciens 48. Contremaîtres, agents de maîtrise 5. Employés 52. Employés civils et agents de service de la fonction publique 53. Policiers et militaires 54. Employés administratifs d’entreprise 55. Employés de commerce 56. Personnels de service direct aux particuliers 6. Ouvriers 62. Ouvriers qualifiés de type industriel 63. Ouvriers qualifiés de type artisanal 64. Chauffeurs 65. Ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport 67. Ouvriers non qualifiés de type industriel 68. Ouvriers non qualifiés de type artisanal 69. Ouvriers agricoles
  • 7. Quels sont les critères de construction des PCS ?
  • 8. Quel est le critère commun aux professions des groupes socioprofessionnels 1 et 2 qui permet de les différencier des professions des autres groupes ou CSP ? Exemple de profession du groupe 1 Eleveurs d'herbivores sur moyenne exploitation Exemple de profession du groupe 2 Artisans coiffeurs, manucures, esthéticiens, de 0 à 9 salariés Exemple de profession de la CSP 31 Vétérinaires
  • 9. REPONSE Leur statut juridique est différent. Les indépendants ou non salariés possèdent leur entreprise, travaillent à leur compte et tirent leur revenu des bénéfices de leur entreprise. Salarié : un salarié est un individu qui vend sa capacité de travail à l’employeur qui détient les moyens de production contre une rémunération généralement fixe (le salaire), dans un cadre défini par un contrat de travail, qui marque la position subordonnée du salarié. Statut juridique Groupes 3 (sauf CSP 31), 4, 5 et 6 Salariés Groupes 1 et 2 + CSP 31 Indépendants
  • 10. Quel est le critère qui permet de différencier les professions du groupe socioprofessionnel 1 des professions du groupe socioprofessionnel 2 ? Exemples de professions du groupe 1 Eleveurs d'herbivores sur moyenne exploitation Exemples de professions du groupe 2 Autres artisans de fabrication (horlogers, matériel de précision) Viticulteurs, arboriculteurs fruitiers, sur petite exploitation Petits et moyens détaillants en alimentation générale, de 0 à 9 salariés
  • 11. Le secteur secondaire regroupe l'ensemble des activités consistant en une transformation plus ou moins élaborée des matières premières (industries manufacturières, construction). Ex : artisan horloger. REPONSE Leur secteur d’activité est différent. Le secteur primaire regroupe l'ensemble des activités dont la finalité consiste en une exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines, gisements. Ex : Viticulteur ou éleveur. Le secteur tertiaire recouvre un vaste champ d'activités qui va du commerce à l'administration, en passant par les transports, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et services aux particuliers, l'éducation, la santé et l'action sociale. Ex : épicier. Secteur d’activité Groupe 2 Secondaire Groupe 1Primaire Tertiaire
  • 12. Quel est le critère qui permet de différencier les professions du groupe socioprofessionnel 3 des professions du groupe socioprofessionnel 4 et des professions des groupes socioprofessionnels 5 et 6 ? Médecins hospitaliers sans activité libérale Infirmiers en soins généraux, salariés Cadres d'état- major administratifs, financiers, commerciaux des grandes entreprises Aides-soignants (de la fonction publique ou du secteur privé) Caissiers de magasin Ouvriers qualifiés divers de type industriel Groupe 3 Groupes 5 et 6 Groupe 4 Techniciens d'étude et de développement en informatique
  • 13. Dans les entreprises, à une qualification, est souvent associée une certaine place dans la hiérarchie de l’entreprise. En général, plus la qualification requise par l’emploi occupé est élevée, plus la place dans la hiérarchie l’est également. Ainsi les cadres ont parfois des salariés sous leurs ordres. Ils ont donc une place élevée dans la hiérarchie de l’entreprise. Les membres des professions intermédiaires ont une place intermédiaire dans la hiérarchie : ils se trouvent entre les cadres et les employés et ouvriers. Les employés et les ouvriers sont au bas de la hiérarchie REPONSE Leur qualification. Qualification Groupe 4Moyenne Groupe 3Elevée Faible Groupes 5 et 6
  • 14. Ne pas confondre qualification de l’emploi occupé et qualification de l’individu qui l’occupe (résumée en partie par le niveau de diplôme). Dans la nomenclature, le critère utilisé est celui de la qualification de l’emploi occupé et non du niveau de diplôme. Souvent, il y a une certaine adéquation entre les deux. Un emploi nécessitant une qualification élevée (cadre par exemple) est souvent occupé par un individu ayant un niveau de diplôme élevé (bac +5). Mais pas toujours ! On peut imaginer qu’un individu soit devenu cadre par des promotions successives alors qu’il a un niveau de diplôme peu élevé (par exemple seulement le bac). A l’inverse, on peut imaginer qu’un individu diplômé de l’enseignement supérieur (bac + 2) soit obligé d’occuper un emploi assez peu qualifié (employé).
  • 15. Quel est le critère qui permet de différencier les professions du groupe socioprofessionnel 5 des professions du groupe socioprofessionnel 6 ? Ouvriers qualifiés divers de type industriel Groupe 5 Auxiliaires de puériculture Secrétaires Vendeurs en habillement et articles de sport Conducteurs livreurs, coursiers (salariés) Ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment Groupe 6
  • 16. REPONSE Le type de tâches qu’ils effectuent. Type de tâches effectuées Groupe 6Tâches matérielles Groupe 5Tâches immatérielles Les ouvriers exercent plutôt des tâches matérielles : transformation de la matière, conduite d’engins de chantier ou de moyens de transport, etc. Les employés exercent plutôt des tâches immatérielles. Remarque : cette distinction n’est pas toujours opérante. Ainsi, certains ouvriers ont aujourd’hui pour tâche de surveiller des machines. Inversement, certains employés, comme dans la restauration rapide, exercent principalement des tâches manuelles : cuire et emballer des hamburgers par exemple.
  • 17. Une CSP particulière au sein du groupe 3 : les professions libérales Exemples de professions de la CSP 31 qui regroupent les professions libérales Avocats Médecins libéraux généralistes Pharmaciens libéraux Exemples de professions classées dans d’autres CSP du groupe 3 Magistrats Professeurs agrégés et certifiés de l'enseignement secondaire Ingénieurs et cadres d'étude du bâtiment et des travaux publics 5) Quel est le point commun entre les salariés du groupe 3 et les professions libérales
  • 18. La principale différence est que les professions libérales ont le statut juridique d’indépendants alors que les autres professions du groupe 3 sont salariées. On les a pourtant mises ensemble dans le groupe 3 car les professions libérales partagent une caractéristique avec les autres professions du groupe 3 : elles nécessitent toutes une qualification élevée. Or, ce critère est essentiel pour construire un groupe homogène socialement. En effet, les membres des groupes composés uniquement d’indépendants (groupes 1 et 2) auraient peu de points communs avec les membres des professions libérales (par exemple en ce qui concerne les pratiques culturelles).
  • 19. Secteur primaire Groupe 2 Groupe 1 Population totale Retraités Autres personnes sans activité professionnelle INACTIFS Actif SALARIES NON SALARIES Secteur secondaire et tertiaire Très qualifiésMoyennement qualifiés Tâches immatérielles Tâches matérielles Groupe 6 Groupe 5 Groupe 4 Groupe 3 Peu qualifiés Les indépendants très qualifiés (CSP 31 : professions libérales) sont classés dans le groupe 3.
  • 20.
  • 21.
  • 22. 17,5% 25,4% 1,8% 28,2% 20,4% 6,4% Classes supérieures (environ 20%) Classes moyennes (environ 45%) Classes populaires (environ 35%)
  • 23. B) La nomenclature des PCS : Professions et Catégories Socioprofessionnelles.  A repérer des changements dans la structure sociale: depuis 1945 on a observé une moyennisation de la société, c’est-à-dire une augmentation du poids des positions intermédiaires. A) Qu’est-ce qu’une hiérarchie sociale? C) A quoi servent les Catégories Socioprofessionnelles?
  • 24.  A étudier le poids de l’origine sociale sur la position sociale des individus c’est-à-dire d’étudier la mobilité sociale.  Ne pas noter obligatoirement: une partie de la mobilité sociale s’explique par le changement de la structure sociale… et non pas par l’existence d’une relative égalité des chances d’accès à toutes les positions sociales.
  • 25.  … à analyser les différences de goût pour certaines pratiques culturelles à travers l’influence de la position sociale de l’individu.  Les goûts seraient en partie acquis par un processus de socialisation dont les effets sont différents en fonction des groupes sociaux. Sur un échantillon représentatif de 13 685 personnes de 12 à 75 ans (Guilbert et coll., 2001), où la pratique sportive est définie seulement sur la question « Au cours des 7 derniers jours, avez vous pratiqué un sport ? », montrait des différences importantes entre les catégories socioprofessionnelles2
  • 26. Ces différences de pratiques culturelles peuvent être analysées comme des inégalités si elles jouent un rôle sur les résultats scolaires…
  • 27. Tables d'homogamie : Répartition des couples selon la catégorie socioprofessionnelle des conjoints en 2011 Source : Enquêtes emploi 1982 et 2011 Champ : couples cohabitants dans lesquels l'un des conjoints est âgé de 30 à 59 ans et les deux conjoints ont déjà travaillé  … à analyser la tendance à l’homogamie, c’est-à-dire la tendance à avoir un conjoint qui a la même position sociale Conclusion: Si l’appartenance à différentes catégories produit des effets si différents, cela prouve qu’elles ont une réalité sociale, qu’elles existent.
  • 28. Document B : La distinction Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Le principal enjeu de la sociologie de la culture est évidemment de montrer que l'adage populaire est faux et trompeur. Faux parce que les goûts ne sont pas inexplicables, strictement individuels ou liés au caractère ou à la personnalité, mais au contraire produits par l'éducation, les rapports de domination, les stratégies de classement. Trompeur parce que l'influence de la position sociale sur le goût est d'autant plus grande qu'elle passe inaperçue, l'individu étant d'autant plus manipulé par celle-ci qu'il se croit libre de ses croyances, de ses choix et de ses opinions. Pierre Bourdieu s'emploie donc à démonter les ressorts du goût en matière de loisirs, d'art ou d'alimentation. Il s'appuie pour cela sur la notion d'habitus: un ensemble de pratiques, de règles et de contraintes issues de notre expérience, de notre milieu social, et liées à ce que notre entourage attend de nous. L'auteur insiste sur la notion de classement. Les goûts sont classants: ce sont des marqueurs fins de la position sociale, la culture dominante étant la culture des classes dominantes. Dès lors, ils jouent un rôle stratégique dans la lutte pour le classement. Les classes supérieures travaillent à se distinguer par leurs goûts, que les classes moyennes cherchent à imiter, faisant preuve de "bonne volonté culturelle" à l'égard des pratiques et des goûts consacrés comme légitimes par les classes supérieures. Bourdieu décrit ainsi les stratégies engagées par les différents groupes sociaux à l'égard de la culture légitime. Présentation de livre du Pierre Bourdieu « La distinction » sur le site d’alternatives économiques. 1) Quel est le sens de l’adage populaire, les goûts et les couleurs ne se discute pas ? 2) Le sociologue Pierre Bourdieu serait-il d’accord avec cet adage ? 3) Qu’est-ce que la culture légitime ? 4) Qui cherchent à se distinguer et comment d’après le texte ? 5) Qui cherchent à imiter et comment d’après le texte ? 6) Expliquez la phrase soulignée. II) L’analyse des pratiques culturelles en fonction de la position dans la hiérarchie sociale. Pierre Bourdieu (1930-2002)
  • 29. 1) Quel est le sens de l’adage populaire, les goûts et les couleurs ça ne se discute pas ? 2) Le sociologue Pierre Bourdieu serait-il d’accord avec cet adage ? 3) Qu’est-ce que la culture légitime ? 4) Qui cherchent à se distinguer et comment d’après le texte ? 5) Qui cherchent à imiter et comment d’après le texte ? 6) Expliquez la phrase soulignée: « les goûts sont classants ». Les goûts seraient répartis au hasard et il n’y rien à comprendre sur leur formation. De plus, il est impoli de porter un jugement sur les goûts d’autrui. Non, Bourdieu considère que les goûts sont liés à la position sociale et qu’ils font l’objet d’une compétition sociale en termes de prestige. Les groupes supérieurs jugent avec mépris les goûts des autres groupes La culture légitime, c’est l’ensemble des pratiques culturelles qui sont jugées « bonnes » dans une société, celles qui procurent du « prestige social ». Pour Bourdieu, il s’agit systématiquement des pratiques des classes supérieures, qui imposent leurs goûts comme « le bon goût » Les membres des classes supérieures cherchent à se distinguer des membres des classes moyennes et inférieures par des pratiques valorisantes, qui révèlent la supériorité de leurs goûts. Les membres des classes moyennes cherchent à imiter des classes supérieures, ceux des classes inférieures cherchent à imiter les classes moyennes… Les goûts révèlent notre position sociale dans la hiérarchie sociale.
  • 30. Consommation ostentatoire : consommation dont la motivation essentielle est d’être vue afin d’afficher un statut social. Un individu pourra donc afficher son pouvoir d’achat, mais aussi son goût pour des pratiques qui procurent du prestige social. Le sociologue pourra analyser une consommation comme étant ostentatoire, sans que le consommateur n’ait conscience ou n’assume cette motivation sociale.
  • 31. III) La distinction aujourd’hui Doc C: Les nouveaux codes de la distinction, Véritable tour de force, La Distinction a longtemps subjugué les sociologues. Ce n’est que récemment que le modèle qu’il expose a été soumis à une critique approfondie, en particulier parmi les spécialistes des pratiques culturelles. Ces derniers ont tout d’abord pointé les transformations morphologiques qu’a connues la société française depuis trente ans : tertiarisation de l’économie, déclin des paysans et des ouvriers, montée en puissance des employés, forte croissance des cadres… Le paysage social n’est plus le même. Mais le paysage culturel a lui aussi été bouleversé, avec la place centrale prise par la télévision, l’arrivée d’Internet, la montée en puissance des industries culturelles… Résultat : tout semble indiquer que le « bon goût » ne règne désormais plus sans partage. Au milieu des années 1990, le sociologue Richard Peterson montre qu’en matière musicale, les classes supérieures américaines sont désormais moins « snobs » qu’« omnivores », avec un goût marqué pour l’éclectisme : jazz, rap, classique, musiques du monde…, tout semble doux à leurs oreilles. En 2004, Bernard Lahire généralise en quelque sorte le constat d’un désajustement entre hiérarchie des pratiques et hiérarchie sociale : dans La Culture des individus, il montre par exemple que les pratiques légitimes sont loin d’être une norme au sein même des classes supérieures : 56 % de leurs membres ne sont jamais allés à l’opéra, et seuls 15 % ont pour genre de film préféré les « films d’auteur ». Inversement, ces derniers sont nombreux à « s’autoriser » des pratiques peu légitimes, comme la visite de parcs d’attractions (25 %), l’écoute de variété française (39 %), la télévision (61 % la regardent tous les jours). À partir d’une enquête dans des lycées, Dominique Pasquier montre que chez les jeunes, hormis quelques établissements huppés, c’est carrément la culture « de masse » qui est devenue dominante (jeux vidéo, télévision, R’n’B…) et circule entre élèves, les goûts légitimes ne se cultivant plus qu’un peu honteusement, et en tout cas pas en public... Ce grand mélange des genres ne signe-t-il donc pas la fin des logiques de distinction repérées par Bourdieu ? Un vaste colloque, organisé du 4 au 6 novembre à Paris à l’occasion des trente ans de La Distinction , a montré que ce serait aller un peu vite en besogne …
  • 32. … D’une part, parce que les pratiques les plus légitimes restent, malgré tout, l’apanage des plus favorisés, qu’il s’agisse de spectacles vivants, d’expositions, de visites des musées ou même de fréquentation des bibliothèques. D’autre part, parce que la diversité de goûts des classes supérieures, confirmée par de nombreuses études, semble posséder une valeur distinctive en soi, les classes populaires se montrant davantage spécifiques dans leurs choix. Que des individus écoutent à la fois Bach, Youssou N’Dour, La Rumeur et Alain Bashung est moins le signe d’une époque où tout se vaudrait que la manifestation de la capacité des classes supérieures à s’encanailler en cumulant culture légitime et incursions mesurées au sein de la culture populaire. Comme le disait le sociologue australien Tony Bennett lors du colloque, « avoir mauvais goût, c’est cool… quand on va à l’opéra  ». Le fin du fin en matière de distinction contemporaine résiderait donc moins dans l’appropriation exclusive des pratiques nobles et/ou le rejet des pratiques « vulgaires » que dans la manifestation d’une certaine ouverture d’esprit et d’un éclectisme… qui se garde d’oublier les hiérarchies. Nulle part, en effet, les romans policiers d’Harlan Coben ne « valent » les œuvres d’Honoré de Balzac ou de Marcel Proust. B. Lahire montre d’ailleurs que les individus qui cumulent pratiques légitimes et peu légitimes se gardent de mettre tout sur le même plan, admettant « perdre leur temps » devant la télé ou admettant, non sans quelque honte, pratiquer le karaoké mais uniquement « pour se détendre ». La culture légitime peut être jugée « ennuyeuse », cela ne remet guère en cause son statut d’étalon. Plusieurs communications du colloque « Trente ans après La Distinction » ont également mis en évidence que, au-delà du jeu autour des registres culturels, l’on pouvait déceler des logiques de distinction au sein des cultures médiatiques elles-mêmes. Les séries télévisées, par exemple, sont un genre de plus en plus reconnu, mais cette reconnaissance s’accompagne chez les plus mordus d’un travail de hiérarchisation entre la « série de qualité », dotée d’une valeur proprement artistique, et la « série grand public », dont la soumission aux contraintes commerciales la condamne au « vulgaire ». Xavier Molénat Sciences Humaines, Mars 2011
  • 33. 0) Précisez le sens des mots ou expressions soulignées dans la marge. 1) Dans quel sens particulier le sociologue américain Richard Peterson donne-t-il à l’expression « omnivore ». En quoi cela remet-il partiellement en cause les analyses de Bourdieu ? 2) En quoi Bernard Lahire constate-t-il un « désajustement » entre hiérarchie des pratiques et hiérarchie sociale ? En quoi cela remet-il partiellement en cause les analyses de Bourdieu ? « Omnivore= qui mange de tout; dans le texte Peterson l’emploie pour indiquer que les classes supérieures ont des pratiques culturelles variées, qui vont de celles habituellement rattachées aux classes supérieures (musique classique, jazz…) à celles associées habituellement associées aux classes populaires (musiques du monde). Il laisse entendre que les classes populaires sont elles plus « univores », qu’elles ont des goûts musicaux moins larges. Cela remet fortement en question les analyses de Bourdieu … puisqu’on les goûts pour certaines musiques ne seraient pas classant, si on peut les rencontrer dans toutes les classes. Toutefois, cela sera désormais l’omnivorité qui serait à l’origine de la distinction et donc il y a toujours une logique de distinction. Lahire constate que les pratiques élitistes (opéra, goût pour les films d’auteurs…) ne sont mêmes plus majoritaires chez les classes supérieures… (ce ne sont plus des normes) alors qu’au contraire, le fait de regarder la télévision (pratique plutôt associée aux classes populaires) est devenu une pratique majoritaire chez les classes supérieures. Ainsi, les pratiques les plus fréquentes des classes supérieures seraient les mêmes que celles des classes populaires… et donc cela remet fortement en cause Bourdieu en termes de culture « légitime », que l’on ne peutplus associée aux pratiques majoritaires dans la classe dominante.
  • 34. 3) Quels sont les constats faits par Dominique Pasquier concernant les pratiques culturelles des jeunes lycéens français. En quoi cela remet-il partiellement en cause les analyses de Bourdieu ? 4) Comment les changements mis en évidence dans les enquêtes de Peterson, Lahire et Pasquier sont-ils expliqués au début du texte ? 5) Quelles sont les raisons qui font dire à Xavier Molénat, l’auteur de l’article, que les logiques de distinction sont toujours à l’œuvre en France aujourd’hui 6) Quels sont les nouveaux domaines dans lesquels les logiques de distinctions se développent-elles ? Chez les lycéens français, la culture de « masse » (jeux vidéos, RNB…) est devenue dominante dans quelle que soit l’origine sociale… et les pratiques culturelles autrefois perçues comme légitimes (jouer d’un instrument classique)… sont presque honteuses, en tous cas pas revendiquées en plus. Toutefois, certains établissements plus « huppés » font comme même exception et les goûts « légitimes » continuent d’exister et de se cultiver (en secret?)… ce qui ne les empêchera pas de réapparaître plus tard. Ces changements sont expliqués par des transformations sociologiques «les transformations morphologiques qu’a connues la société française depuis trente ans : tertiarisation de l’économie, déclin des paysans et des ouvriers, montée en puissance des employés, forte croissance des cadres »… Il y aurait eu une moyennisation de la société qui expliquerait un rapprochement des pratiques culturelles. De plus, l’arrivée de la télé, d’internet… facilite la diffusion d’une culture de masse, donnant accès à des contenus culturels identiques à toutes les classes sociales. • Les pratiques les plus légitimes restent, malgré tout, l’apanage (le monopole, l’exclusivité…) des plus favorisés, qu’il s’agisse de spectacles vivants, d’expositions, de visites des musées ou même de fréquentation des bibliothèques. (Les classes populaires n’y vont jamais ou presque) • D’autre part, parce que la diversité de goûts des classes supérieures, semble posséder une valeur distinctive en soi… « avoir mauvais goût, c’est cool… quand on va à l’opéra  ». • Les individus qui cumulent pratiques légitimes et peu légitimes se gardent de mettre tout sur le même plan, admettant « perdre leur temps » devant la télé ou admettant, non sans quelque honte, pratiquer le karaoké mais uniquement « pour se détendre ». La culture légitime peut être jugée « ennuyeuse », cela ne remet guère en cause son statut d’étalon= les goûts légitimes restent « tout de même classants » Dans les cultures médiatiques elles-mêmes. Les séries télévisées, sont un genre de plus en plus reconnu, mais cette reconnaissance s’accompagne chez les plus mordus d’un travail de hiérarchisation entre la « série de qualité », dotée d’une valeur proprement artistique, et la « série grand public », dont la soumission aux contraintes commerciales la condamne au « vulgaire ».
  • 35. Quelques chiffres pour confirmer les analyses du Doc C Quelle que soit l’origine sociale, on passe beaucoup de temps devant la télé en moyenne (pratiques communes), mais plus on a un niveau de diplôme élevé, moins on regarde la télé… et plus on regarde des contenus « choisis », qui ne passent pas en direct. (Les différences de pratiques restent bien classantes.
  • 36. Source : enquête « Pratiques culturelles des Français » 2008, DEPS, ministère de la Culture / Clersé / LCP-CNRS. Champ : 27 genres culturels pratiqués au cours des douze derniers mois. N = 5004. En italiques les valeurs dont les effectifs sont inférieurs à 10 et indiquées n.s. celles inférieures à 5. * aucun individu n’a pratiqué plus de 20 genres sur les 27 pratiques retenues L’omnivorité semble bien être une caractéristique des classes supérieures
  • 37. Champ des 27 domaines et genres culturels retenus par l’enquête. Pratiques de domaines culturels : • Domaine des équipements fréquentés au cours des 12 derniers mois (trois domaines culturels) : est allé à un spectacle de danse classique, moderne ou contemporaine ; est allé au théâtre une fois et plus ; a visité un monument historique. • Domaine des lieux artistiques visités au cours des 12 derniers mois (un domaine) : a visité un musée. • Domaine cinématographique (un domaine) : est allé au cinéma une fois par mois et plus au cours des 12 derniers mois. • Domaine des jeux vidéos (un domaine) : a pratiqué des jeux vidéos au cours des 12 derniers mois. Pratiques de genres culturels : • Genres d’ouvrages lus le plus souvent (six genres) : a lu de la littérature classique française, étrangère (jusqu’au XXe siècle) ; a lu des essais ; a lu des livres scientifiques ; a lu des romans policiers ou d’espionnage ; a lu des bandes dessinées ; a lu des mangas et comics. • Genre télévisuel régulièrement visionné à un moment de la vie (un genre) : a suivi au moins trois séries télévisées. • Genres de musique écoutée le plus souvent (six genres) : la musique classique ; la musique d’opéra ; la musique de jazz ; la musique pop, rock ; la musique hip-hop, rap ; la musique électronique, techno. • Genres de film préférés (deux choix possibles proposés aux enquêtés) (six genres) : les films comiques ; les films d’action ; les films policiers ou d’espionnage, thrillers ; les comédies dramatiques ; les films d’animation, dessins animés ; les films d’auteur. • Genres d’expositions artistiques visitées au cours des 12 derniers mois (deux genres) :a vu une exposition temporaire de peinture ; a vu une exposition temporaire de photographie.
  • 38. Document D : Télévision : il y a série et série... Depuis les années 1990, les séries télévisées ont fait l’objet d’une visibilité et d’une reconnaissance accrues, grâce notamment au développement d’une « critique sériephile » qui a tenté d’ennoblir le genre. Le romancier Martin Winckler affirme ainsi que « les séries ne constituent pas un “sous-genre” inférieur par la qualité, l’ambition, l’inspiration au cinéma ou à la littérature, au théâtre ou à la bande dessinée ». Tout comme la série est rapprochée des arts légitimes, le sériephile est distingué du fan surinvesti dans sa passion, et rapproché de l’amateur : « Comme l’amateur d’art contemporain, l’amateur de séries n’hésite pas à entrer dans des galeries inconnues. Comme l’amateur de vins, il n’a pas peur de goûter. Comme l’amateur de film, il enregistre pour voir et revoir à loisir. Comme le lecteur enfin, il sait prendre son temps. » Mais, souligne la sociologue Anne-Sophie Béliard, cette valorisation ne va pas concerner toutes les séries : un clivage se crée entre « séries de qualité » et séries « grand public ». Dans la première catégorie, on trouve des séries américaines, en particulier celles lancées par la chaîne HBO, « la chaîne qui a tout changé » : Sex and the City, Six Feet Under, The Wire (Sur écoute)… Apparaît ainsi un label HBO, qui devient l’étalon de la série de qualité. En revanche, celles qui tombent dans la catégorie « grand public » (feuilletons, soap- operas et telenovelas, sitcoms, séries de science-fiction et séries françaises) sont largement ignorées des sériephiles. Philippe Le Guern à travers ses enquêtes sur les fan-clubs de la série Le Prisonnier, met en évidence les multiples stratégies de distinction à l’œuvre, qu’il s’agisse de railler les fans « monomaniaques » ou encore de préférer la version originale à une version française qui, estiment-ils, « dénature complètement la série » Tous ces travaux indiquent en tout cas qu’une partie de la distinction contemporaine se joue moins dans la hiérarchisation entre genres (« la musique classique vaut plus que le rock ») que dans la hiérarchisation à l’intérieur même de ces genres, entre ce qui est rare et ce qui est commun. Xavier Molénat, Sciences Humaines, Mars 2011
  • 39. 1) Quelles sont les différences entre les amateurs de série (« sériephiles ») et les fans surinvestis ? Les amateurs de séries revendiquent le plaisir qu’ils éprouvent à regarder des séries nombreuses et variées, à chercher des séries rares, en version originale… même s’il doit toujours s’agir de séries de qualité. Le texte les compare aux amateurs de vins qui aiment goûter à beaucoup de vins différents, pour le plaisir de comparer, aux amateurs d’art contemporain qui entrent dans des galeries inconnues pour le plaisir de découvrir des œuvres nouvelles qu’ils pourraient être parmi les premiers à aimer. Les amateurs de série peuvent sembler animés par une volonté de se distinguer par leur goût pour des « séries de qualité », des « séries rares »… ce goût n’étant jamais exclusif et ne les conduisant pas à réduire leur pratiques culturelles, ce qui les rapproche des « omnivores » évoqués par Peterson. Les fans « surinvestis » sont présentés par le texte comme des spectateurs qui « aiment trop » certaines séries, le préfixe « sur » ayant un sens péjoratif dans ce texte. Cet amour exagéré pour certaines séries est moqué « raillé » par les « sériephiles ». Certains fans sont qualifiés de « monomaniaques » par les sériephiles qui leur reprochent ainsi de n’aimer qu’ « une » série (mono) et façon quasi maladive (« maniaques »). Finalement, les fans aiment de façon excessive, donc vulgaire. Cet amour excessif pour certaines séries réduit le champ de leurs pratiques culturelles, ce qui les rapproche des « univores » évoqués par Peterson.
  • 40. 2) Toutes les séries sont-elles aussi légitimes les unes que les autres ? Non, pas du tout. Si pour l’auteur du texte, le genre constitué par les séries sont devenues un genre qui peut être rapproché du cinéma, de la littérature, du théâtre ou de la bande- dessinée, toutes les séries ne sont pas aussi « légitimes », c’est-à-dire pour reprendre le sens donné par Pierre Bourdieu à ce mot, qu’elles ne sont pas toutes jugées dignes d’être regardées par les classes supérieures. Par exemple, les séries américaines diffusées par exemple sur la chaîne HBO comme Sex and the City, Six Feet Under ou The Wire sont jugées par les sériephiles largement supérieures aux « feuilletons, soap-operas et telenovelas, sitcoms, séries de science-fiction et séries françaises ». Mettre sur le même plan Breaking Bad et Plus belle la vie risque de vous exposer au ridicule au sein des classes supérieures. Il existe donc une hiérarchie des goûts en matière de consommation de séries télévisées. Ainsi, la consommation (de séries télévisées) peut- être un marqueur assez fin de la position sociale.
  • 41. Document E : Choix du prénom et position sociale. Prenons les 10 prénoms féminins les plus donnés entre 1965 et 1969 et regardons comment les différentes catégories socio-professionnelles les ont utilisés. (Graphique 1) Ce qui frappe tout d’abord, c’est que toutes les catégories semblent surfer sur la même vague. Mais une lecture en détail montre que les comportements sont légèrement différenciés dans le temps. Vers 1950, 10% des bébés filles de cadres (la CSP n°3 dans la nomenclature à 6 postes) reçoivent un prénom qui sera à la mode (c’est à dire dans les 10 prénoms les plus fréquents) 15 ans plus tard. Les filles des artisans et professions intermédiaires (CSP n°2 et 4) sont environ 3% à recevoir de tels prénoms. Et ce n’est qu’en 1960 que les filles d’agriculteurs recevront à une telle fréquence (environ 10%) ces prénoms. Il arrive un moment, vers 1960, où ces “prénoms presque à la mode” qui étaient auparavant des “prénoms de cadres” deviennent plus fréquents parmi les filles de “professions intermédiaires” et celles des “indépendants” : l’engouement des cadres décélère… Peut-être parce que ces prénoms sont jugés trop peu distinctifs, les cadres commencent à abandonner ces prénoms quelques années avant les autres catégories socio-professionnelles. Le graphique 1 offre une image instantanée… et peut-être que le comportement des cadres et des professions intermédiaires fut différent à d’autres moments. Pour le savoir, nous avons pris ensuite les 10 prénoms féminins les plus fréquemment donnés entre 1960 et 1964 (voir graphique 2): les courbes évoluent de la même manière. Les cadres commencent à donner ces prénoms avant les autres catégories socio-professionnelles… et les abandonnent quand les “professions intermédiaires” les utilisent plus fréquemment qu’eux. Les agriculteurs, eux, continuent à donner ces prénoms après que les autres CSP ont commencé à ne plus les utiliser pour leurs filles. Une question au moins se pose après ces graphiques : Entre 1945 et 1975, les décalages entre catégories sociales ne sont que de quelques années. Si l’on prend le seuil de 10% [i.e. la date à laquelle 10% des bébés filles d’une catégorie sociale reçoivent les prénoms à la mode considérés], on s’aperçoit que 10 ans environ séparent les cadres des agriculteurs… mais à peine deux ou trois ans séparent les cadres des professions intermédiaires. Sans information supplémentaire, deux explications sont possibles : 1- les cadres “lancent” une mode qui est ensuite reprise par d’autres catégories sociales… ou 2- la source des prénoms est ailleurs, elle est la même pour toutes les CSP, qui assimilent les prénoms plus ou moins rapidement, mais sans “imitation”. Baptiste Coulmont, "Structure sociale et prénoms à la mode", créé le 19/06/2009, IV) Choix du prénom et position sociale IV) Choix du prénom et position sociale
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  • 44. Synthèse : A partir du texte et des graphiques ci-dessous, montrez en quoi les cadres et professions intellectuelles supérieures semblent dicter la mode en matière de choix de prénoms. Les cadres sont les premiers à choisir dans les années 40-50-60 les 10 prénoms qui seront le plus à la mode en 1970; A l’époque ce sont des prénoms rares, donc distinctifs. Ils choisissent donc ces prénoms pour se distinguer. Durant toute la période 40-50-60, ils donnent plus souvent que les autres groupes ces prénoms à leurs filles, même si la proportion de ces prénoms donnés augmente dans tous les groupes. Les autres groupes semblent imiter les cadres, les suivant avec un temps de retard, dans un ordre qui semble correspondre à la hiérarchie sociale (cadres /prof intermédiaires /Artisans/Employés/Ouvriers/ agriculteurs…) Un peu avant le pic de popularité en 1970, les cadres commencent à donner de moins en moins souvent ces prénoms à leurs filles, peut-être parce qu’ils sont devenus trop communs et donc pas assez distinctifs. Ils choisissent donc d’autres prénoms, lançant alors une autre mode. Après le pic de popularité les autres groupes commencent à abandonner progressivement ces prénoms. Là encore on retrouve plus ou moins la hiérarchie sociale, mais cette fois-ci en ordre inversé… Ces prénoms restent populaires plus longtemps chez les agriculteurs, les ouvriers et les employés… alors qu’ils sont passés de mode chez les cadres.
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