2. Cadre chronologique:
1870 1940
Troisième République
1944 1946 1958
Cinquième RépubliqueQuatrième
République
Gouverne
ment
provisoire
de la
République
française
Régime
de
Vichy
4. Introduction:
Depuis 1870, trois républiques se sont succédés en France. Ce
régime politique, qui repose sur une culture politique spécifique mise
en place par la 3ème République, a su en effet s’adapter aux évolutions
politiques et sociales du XXème siècle. Confrontée à de profondes crises,
la République a connu plusieurs moments de refondation qui été
l’occasion de réaffirmer ses valeurs.
Comment expliquer la succession de trois républiques en moins
de 100 ans ?
5. La difficile affirmation républicaine
(années 1880-1900)
Comment la Troisième République parvient-elle à se consolider face
à aux crises qu’elle traverse à la fin du XIXème siècle ?
6. I. Un régime face à plusieurs fronts d’opposition :
La Troisième République nait après la défaite de l’Armée française
face à la Prusse qui cause la chute du Second Empire de Napoléon
III. Elle est proclamée le 4 septembre 1870 et est considérée
comme un gouvernement provisoire.
Les premières élections législatives donnent la victoire aux
royalistes qui veulent restaurer la monarchie. La Commune de Paris
en 1871 ébranle un peu plus la République naissante mais a pour
finalité de la consolider.
En 1875, les lois constitutionnelles installent les bases de cette
République balbutiante et fragile. L’aspect républicain et
l’installation des institutions sont définis. Ce n’est qu’à partir de
1879, élection du premier président républicain; Jules Grévy, que
les monarchistes ne sont plus un danger pour la République.
7. Les années 1880-1890 voient de nouvelles formes de menaces apparaitre pour
le gouvernement républicain. Le boulangisme est une menace pour la
Troisième République car Boulanger voulait mener de profondes réformes et
conservait une culture revancharde contre la Prusse devenue l’Allemagne.
Après une série de victoires électorales, il est accusé d’atteindre à la sûreté de
l’Etat et s’exile en Belgique. Il se suicide sur la tombe de sa femme le 30
septembre 1891.
Le courant nationaliste et
antiparlementariste dénonce
la corruption du régime
républicain. La scandale de
Panama éclate dans les
journaux. La Compagnie du
canal de Panama avait
soudoyé plusieurs
parlementaires pour obtenir
un emprunt en sa faveur pour
combler des fonds financiers
insuffisants. Le creusement de
Panama fut achevé par les
Etats-Unis.
A gauche, le mouvement ouvrier dénonce la faiblesse des mesures sociales
et des grèves éclatent.
Le mouvement anarchiste se lance dans
les actions terroristes. Sadi Carnot,
président de la République, est assassiné
le 24 juin 1894 par Geronimo Caserio à
Lyon. La répression contre les
mouvements anarchistes permet un
déclin important de ce mouvement.
8. II. « Le premier devoir d’une République est de
faire des républicains » Ferdinand Buisson:
La consolidation de la nouvelle république
passe par la diffusion d’une nouvelle culture
politique en s’appuyant que les idéaux de
1789 et sur une philosophie positiviste
laïque.
POSITIVISME: doctrine du milieu du 19ème
siècle qui rejette toute connaissance non
fondée sur la raison et l’observation
scientifique.
De nouveaux droits sont accordés aux citoyens. Même si le
suffrage universel masculin s’est imposé depuis 1848, les
Français se sentent de plus en plus concernés par les
élections et élisent leur maire dès 1884.
A partir de 1881, la
liberté d’expression et la
liberté de la presse sont
garanties ainsi que les
réunions publiques.
Les syndicats sont autorisés en 1884.
9. Les républicains cherchent à
asseoir leur pouvoir sur une
nation forte et unie. Deux
grandes institutions sont en
charge de cette mission.
L’école est rendue gratuite
laïque et obligatoire jusqu’à
l’âge de 13 ans avec les lois
de Jules Ferry de 1881-1882.
L’Armée avec le service
militaire obligatoire de 3 ans
rassemble des jeunes
hommes d’origines diverses.
Les jeunes de la Troisième République sont éduqués aux
valeurs républicaines et dans un esprit revanchard, et parfois
de haine, des Allemands. L’Alsace-Moselle ayant été perdu en
1870, la France doit retrouver, un jour, ce territoire.
10. Les symboles républicains adoptés:
L’adhésion à la République se
traduit par une adoption de
plusieurs symboles :
La Marseillaise devient
l’hymne national en 1879.
Le 14 juillet devient le jour de la
fête nationale à partir de 1880 et
commémore la Fête de la
Fédération du 14 juillet 1790 ;
événement de réconciliation et
d’unité des Français.
La figure de Marianne s’impose
et devient omniprésente dans les
Institutions françaises.
La devise de la France « Liberté, Egalité, Fraternité » est adoptée une nouvelle fois à partir de 1880 et fait son
apparition sur le fronton de tous les bâtiments publics.
11. III. Un modèle républicain qui sort renforcé des
crises: exemple de l’Affaire Dreyfus:
En 1894, l’Etat-Major français découvre qu’un de ses membres a livré
des informations à l’Allemagne sur un bordereau.
Après une enquêté à charge, le Capitaine Alfred Dreyfus, accusé d’en
être l’auteur, est condamné à la dégradation et à la déportation à vie
au bagne de Cayenne.
Dès 1896, le vrai coupable est découvert : Esterhazy, mais malgré les
preuves de sa culpabilité, le capitaine Esterhazy est acquitté par un
tribunal militaire en janvier 1898. Certains intellectuels se révoltent
comme Emile Zola, fervent Dreyfusard (en faveur de Dreyfus), qui
publie une lettre « J’accuse », adressée au président de la
République, Félix Faure, dans le quotidien l’Aurore, dirigé par Georges
Clemenceau.
12. Division de l’opinion publique :
Dreyfusard Antidreyfusard
« C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les
passions de réaction et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux
antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si
elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des
œuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu
moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’œuvre
prochaine de vérité et de justice.
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier
diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir
ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les
plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le général Billot (ministre de la guerre en avril 1896)
d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de
les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et
de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l’état-major compromis.
J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en
condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second
conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à
son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité
qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est
que le cri de mon âme. »
« Zola n’est pas seul. Il a avec lui les hommes de pensée
contre les hommes de pouvoir. Tous les regards qui ne sont
pas déviés par les bas intérêts du fanatisme politique et
religieux sont tournés vers l’île du diable, vers un rocher où
agonise un homme, jeté là au mépris des lois et du droit le
plus élémentaires » Jean Ajalbert, « Ça commence », Les
droits de l’homme, 28 février 1898.
« Cette bande de juifs à l’audace effrénée de
prétendre, à force d’outrages, faire capituler la justice
militaire et la contraindre à réviser un arrêt qui a justement
condamné un misérable qui livrait nos secrets à l’ennemi. »
Edouard Drumont, « Finissez en… », La libre parole, 1er
janvier 1898
« Les amis de Dreyfus injurient tout ce qui nous est
cher, notamment la patrie et l’armée. Leur complot divise et
désarme la France et ils s’en réjouissent. Quand même leur
client serait innocent, ils demeuraient criminels. » Maurice
Barrès.
L’Affaire Dreyfus est l’occasion d’une confrontation entre deux visions
de la République. D’une part, la France antisémite, cléricale et
militariste constituait par les antidreyfusard et d’autre part, la France
des droits de l’homme, de la primauté du pouvoir civil sur le pouvoir
militaire.
13. 1898 : Juin : création de la Ligue des droits
de l’homme. Extrait du manifeste de la Ligue
des droits de l’homme, 4 juin 1898.
1899 : Nouveau procès Dreyfus devant le
conseil de guerre à Rennes après la
découverte d’un document faux accusant
Dreyfus. L’accusation n’a plus aucune preuve
et pourtant le conseil de guerre le
condamne. Emile Loubet, nouveau président
de la République le gracie.
1902 : Le parti républicain radical, soutien
de Dreyfus, remporte les élections
législatives de 1902 et 1906.
1906 : La cours de cassation casse l’arrêt du
conseil de guerre. La chambre des députés
réhabilite le capitaine Dreyfus.
13 juillet : Dreyfus est réintégré.
A partir de 1899, la désignation d’un « gouvernement de
défense républicaine » voit triompher la vision d’une
République ouverte et progressiste qui met en scène ses
acquis lors de l’Exposition universelle de 1900.
14. CONCLUSION:
La Troisième République parvient à se consolider malgré la
multiplicité de ces crises grâce à l’apport de nouveaux droits à la
population et en forgeant une nation forte construite autour de
symboles unificateurs. La Troisième République résiste à la Première
guerre mondiale mais vieillissante en 1940 et face à la défaite
française, le Régime de Vichy, antirépublicain, lui succède. La
restauration de la République va devenir la volonté des Hommes
rentrés en Résistance.