Dans un contexte de réforme des territoires et de redéfinition de la relation à l’usager, le numérique est devenu un levier majeur de succès et de performance pour les administrations et les collectivités qui pourra leur permettre d’optimiser leur productivité et de rendre un meilleur service au public.
Réalisé en collaboration avec PAC, premier acteur français sur l’analyse et le conseil des stratégies numériques, le livre blanc « L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics » met en avant, selon Gfi Informatique, les enjeux auxquels sont confrontés ces organismes et les réponses apportées par les nouvelles technologies. Présent dans le secteur public depuis plus de 30 ans, Gfi Informatique énumère les contraintes qui incitent les collectivités et les établissement publics à innover : budgets sous forte pression, normalisation, quête d’efficience, besoin de pilotage, mutualisation, systèmes d’information morcelés et hétérogènes…
Annoncé et présenté devant 700 congressistes réunis à l’occasion du Forum Secteur Public de Gfi Informatique les 25 et 26 septembre dernier, ce livre blanc est illustré par le témoignage de plus d’une vingtaine de décideurs de la sphère publique. De plus, il propose un éclairage pertinent sur les technologies d’avenir d’un secteur résolument en quête d’innovation.
Dans le secteur public comme dans le privé, l’informatique n’est plus considérée comme un poste de dépense, mais comme le meilleur outil pour optimiser le fonctionnement des organisations et accompagner leur transformation. La mobilité, le Cloud, le SaaS, les PGI, les outils de CRM, les outils cartographiques, les plateformes de dématérialisation, le décisionnel, la gestion d’activité … constituent autant de technologies qui, associées aux métiers du secteur public, créent une vraie valeur et un fort retour sur investissement. Aujourd’hui, les sociétés informatiques sont à la croisée des chemins et doivent anticiper les besoins en engageant de grands chantiers innovants qui permettront aux organismes publics d’optimiser leurs dépenses tout en facilitant le quotidien des citoyens.
Pour répondre à cette problématique, Gfi Informatique, a demandé à chacun de ses interlocuteurs leurs perspectives ainsi que leur vision du SI public idéal d’ici 2020.
« Les attentes fortes du citoyen, l’impact considérable des réformes et l’apport reconnu des innovations technologiques créaient une dynamique positive au sein des collectivités et établissements publics qui peuvent nous rendre confiant sur la capacité du secteur public à se réinventer. C’est l’enseignement qui ressort de notre livre blanc et des témoignages collectés.» précise Laurent Leenhardt, directeur de la branche Software de Gfi Informatique.
Catalogue de stages et d'alternances - Gfi Informatique
LIVRE BLANC : Secteur public - Agenda 2020
1. LIVRE BLANC
SECTEUR PUBLIC :
AGENDA NUMÉRIQUE 2020
Transformation numérique et innovation, leviers
de la performance
www.gfi.fr
2. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
2
Transformation numérique et innovation, leviers de la performance
L’agenda numérique 2020 des collectivités
et des établissements publics
Ce Livre Blanc a été réalisé par Gfi Informatique.
Il se base sur des entretiens individuels avec des décideurs et des
responsables de systèmes d’information de plus de vingt collectivités
locales, collectivités territoriales et établissements publics locaux,
régionaux ou nationaux, que nous tenons particulièrement à remercier
ici pour leur accueil, leur franchise, et leurs idées sur la feuille de route à
adopter.
Les collectivités et établissements publics de coopération
intercommunale interrogés :
Conseil général de la Vienne (CG86), ville de Sète, Conseil général de la
Mayenne (CG53), ville du Havre, ville de Lyon, Conseil général du Loir-et-Cher
(CG41), Conseil régional de Martinique, ville de Tours, Conseil général des Hauts-de-
Seine (CG92), Communauté d’agglomération Seine-Eure, Metz métropole,
ville de Bordeaux, Conseil régional Rhône-Alpes, Communauté d'agglomération
Angers Loire Métropole
Les établissements publics interrogés :
Bibliothèque Nationale de France (BNF), Eau de Paris, Centre d’Action Sociale de
la ville de Paris (CCAS Paris), Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI)
Nice-Côte d’Azur, Grand Port Maritime de Dunkerque, OPH du Val-de-Marne,
Parcs Nationaux de France.
L’ensemble du document est sous copyright Gfi et PAC. Les citations et
reproductions sont autorisées pour un usage non commercial
uniquement, dans la presse et au sein de tout organisme du secteur
public.
3. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
3
Editorial
Dans un contexte de réforme des territoires et des compétences
associées, de maîtrise des dépenses, de révision de la gestion
budgétaire et comptable publique, mais aussi de redéfinition de la
relation à l’usager, le numérique est incontestablement un levier
majeur de succès et de performance pour les administrations et
les collectivités.
La mobilité, le Cloud, le SaaS, les progiciels de gestion intégrés,
les outils de CRM, les portails de services, les outils
cartographiques, les plateformes de dématérialisation, le
décisionnel, la gestion d’activité… constituent autant de
technologies qui, associées aux métiers du secteur public, créent
une vraie valeur et un fort retour sur investissement.
La branche Software de Gfi accompagne depuis plus de 30 ans
les collectivités locales et les établissements publics dans leurs
grands projets de gestion autour d’une suite applicative riche de
près de 50 produits et services.
En qualité de leader des solutions dédiées à ces organismes, Gfi a
souhaité dessiner l’agenda 2020 de leurs chantiers innovants.
C’est chose faite avec ce livre blanc, réalisé en collaboration avec
PAC, premier acteur français sur l’analyse et le conseil des
stratégies numériques, qui a cédé la parole à plus d’une vingtaine
de décideurs de la sphère publique.
Nous espérons qu’à travers ces retours d’expérience vous
disposerez d’un éclairage pertinent sur les technologies d’avenir
d’un secteur public résolument en quête d’innovation au service de
la performance.
Laurent Leenhardt
Directeur Gfi branche Software
4. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
1. Des objectifs métier de mieux en mieux cadrés ............................................... 7
1.1 Une IT au service des métiers .................................................................................. 7
1.2 Une IT au services des citoyens ............................................................................... 9
1.3 Mais une IT très morcelée ...................................................................................... 11
2. Des contraintes fortes qui incitent à innover .................................................. 13
2.1 Des budgets sous (forte) pression .......................................................................... 13
2.2 Une quête de l’efficience ......................................................................................... 15
2.3 Une exploration timide des apports du Cloud ......................................................... 17
3. La transformation est en marche ..................................................................... 19
3.1 Vers des SI prêts pour la réforme territoriale .......................................................... 19
3.2 Un véritable pilotage grâce à une vue unifiée ......................................................... 21
3.3 Le service public au service du public ..................................................................... 22
Quelle feuille de route pour 2020 ? ....................................................................... 25
4
Sommaire
5. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
5
Illustrations
Fig. 1: Chantiers actuels des DSI (en nombre de réponses
spontanées) .................................................................................................. 8
Fig. 2: La France au 4e rang du classement de l’ONU pour le
‘e-gouvernement’ .......................................................................................... 9
Fig. 3: Part du SaaS dans les dépenses du secteur public en
logiciels applicatifs, 2012-2018 ................................................................... 18
Fig. 4: Les « 5 forces de Porter » décidant des priorités des DSI ......................... 22
Fig. 5: Feuille de route idéale d’ici à 2020 ............................................................. 25
6. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
6
Avant-propos
Dans le secteur public comme dans le privé, l’informatique n’est
plus considérée comme un poste de dépense, mais comme le
meilleur outil pour optimiser le fonctionnement des organisations et
accompagner leur transformation. Du moins, ce changement de
perception est clairement à l’oeuvre dans le secteur public.
C’est vrai au niveau central : l’engagement pris par le
gouvernement, lors du Conseil des ministres le 3 septembre
dernier, autour du concept de « République numérique », est sans
équivoque. C’est vrai aussi dans le domaine de la santé, qui
poursuit son programme Hôpital numérique. Les situations sont
beaucoup plus diverses dans le secteur public décentralisé ; c’est
donc aux collectivités et établissements publics que nous avons
choisi de consacrer ce livre blanc. Ce qui nous a permis de
dresser un constat très encourageant sur l’importance prise par le
numérique dans ces organisations.
Particulièrement touchés par la situation économique, bousculés
par les projets de réformes territoriales, collectivités et
établissements publics se sont engagés dans des programmes de
mutualisation et de modernisation de leurs outils numériques.
L’objectif de ces innovations : optimiser le fonctionnement actuel,
dégager des marges de manoeuvre pour devenir des acteurs de
plein droit de la société numérique, et améliorer le service rendu
au citoyen.
S’il faut encore parfois résoudre quelques équations budgétaires
pour mener à bien tous les projets, la transformation numérique du
secteur public local est bel et bien engagée. Notre enquête le
montre : les nouvelles technologies sont toujours en première ligne
pour répondre aux demandes des élus, des directions générales et
des agents tout en offrant de nouveaux services aux usagers.
7. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
1. Des objectifs métier de
mieux en mieux cadrés
L’alignement entre les directions des systèmes d’information (DSI) et les
métiers est un sujet récurrent dans le monde de l’informatique. De ce
point de vue, les DSI du Secteur public n’ont rien à envier à leurs
homologues du privé. D’autant plus qu’ils font face à trois types de
clients bien distincts – les élus, les agents et les usagers – qu’ils doivent
satisfaire, tout en se conformant aux exigences réglementaires et autres
contraintes édictées par le pouvoir législatif.
7
1.1 UNE IT AU SERVICE DES METIERS
Chaque étude que nous réalisons dans le secteur public confirme la
rapide professionnalisation des directions IT. Tous nos interlocuteurs
sont aujourd’hui passés de la « simple » fonction support à une mission
d’accompagnement des directions métier.
C’est particulièrement vrai dans les établissements publics dont la
fonction est proche de celle d’entreprises privées. A l’OPH 94 (Valophis
Habitat, office public de l’habitat du Val-de-Marne), par exemple, la DSI
participe activement à la mission d’acquisition de terrains et de
construction : prospection foncière grâce à un système d’informations
géographiques (SIG) modernisé, simulation financière, gestion des
opérations de construction… Le SIG est aussi un atout de premier plan
pour le Grand port maritime de Dunkerque. Sa modernisation, qui courra
encore sur 2015, permettra d’aménager bien plus efficacement le port :
localisation des canalisations avant et après travaux, pose de la fibre
optique, dessin des réseaux d’assainissement, gestion des déclarations
de travaux…
Chez Eau de Paris, régie de la ville chargée de l’approvisionnement et
de la distribution de l’eau, la DSI a d’ores et déjà équipé la centaine
d’agents sur le terrain de solutions de mobilité, et travaille à des
solutions de type Big Data, capables de gérer de grands volumes de
données, pour optimiser son activité à partir de la relève à distance de
quelque 80 000 compteurs.
Les collectivités ne sont pas en reste, notamment grâce à une meilleure
perception des apports des technologies numériques au sens large par
8. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
les élus et les directions métier. « Les directions des services
demandent plus de dématérialisation, témoigne Ghislaine Classe,
responsable du service Informatique-Projets de la Ville de Tours. Nos
collègues veulent une gestion électronique de documents orientée
métier, et qu’elle soit interopérable, communicante. Même chose du côté
des élus, qui souhaitent pouvoir être informés de l’avancement d’un
dossier, pouvoir travailler sur les documents à distance, les valider grâce
à la signature électronique… »
8
Fig. 1: Chantiers actuels des DSI (en nombre de réponses spontanées)
8
6
4
2
0
Etablissements Publics Collectivités Territoriales
Au Havre, le SIG se double d’un projet de cartographie en 3D. La vitrine
extérieure de ce projet sera une visite virtuelle de la ville. Mais le projet
apportera aussi une innovation aux services de la ville, sous forme de
simulations : ensoleillement, inondations… « Un tableau de bord pour
gérer la ville du futur », résume le responsable du projet.
Dans beaucoup de villes, le DSI joue un rôle de fédérateur, voire d’agent
de la transformation : lorsqu’il est soutenu par la direction générale, il
peut mettre en oeuvre des outils qui vont simplifier ou optimiser le travail
des services. La mobilité est un sujet porteur, de ce point de vue. A
Lyon, par exemple, les agents de terrain sont équipés de tablettes pour
procéder aux relevés concernant l’éclairage public. Les services
comptables et financiers sont aussi parmi les plus demandeurs : une
gestion centralisée de la comptabilité au lieu d’une répartition dans les
services allège la tâche dans chaque service tout en garantissant un
meilleur contrôle global. Autre élément remonté par notre enquête,
l’ajout d’une gestion des temps et activités (GTA) simplifie le travail des
Ressources humaines, « C’est un plus indéniable compte tenu de la
complexité des catégories de personnels à gérer », indique par exemple
9. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
Jacques Pouvreau, directeur adjoint de la DSI d’Angers Loire Métropole.
Dans certains cas, cela permet même de s’ouvrir à la collaboration avec
d’autres collectivités et à la mutualisation.
1.2 UNE IT AU SERVICES DES CITOYENS
Cet alignement avec les objectifs métier se propage en direction du
public. A Metz, après la refonte des outils des directions Finances et
Ressources humaines, c’est le service d’accueil du public qui se
modernise, avec un outil de gestion de la relation usager englobant les
contacts par téléphone, par courrier et par courriel. Plus généralement,
la notion de « bénéfice citoyen » prend corps. Et même si les projets
avancent en ordre dispersé, en fonction des moyens ou des priorités
des élus, l’e-administration est devenue une tendance de fond. Il ne
s’agit pas seulement de transférer une partie de la charge des agents
sur le public, comme la saisie de formulaires, de façon à dégager du
temps aux agents – voire à justifier le non renouvellement de certains
postes. Cela est vrai, mais il s’agit surtout d’augmenter la satisfaction du
public, en termes de services disponibles, de temps gagné, de
souplesse sur les horaires et les moyens de communication…
Fig. 2: La France au 4e rang du classement de l’ONU pour le ‘e-gouvernement’
Selon l’enquête de l’ONU,
effectuée tous les deux
ans auprès des 193 Etats
membres, la France est le
premier pays européen
en ‘e-gouvernement’. A
consulter sur :
http://goo.gl/Z3PSTJ
« Nous avons refondu notre site Web avec une volonté d’aller au
maximum vers les téléservices, témoigne Eric Cerutti, DSI du conseil
général du Loir-et-Cher (CG 41). L’e-administration est bien sûr
synonyme d’économies de traitement, cela donne une image moderne,
9
10. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
mais surtout cela répond à une volonté de suivre les usages du grand
public, de répondre aux demandes des usagers, qui peuvent effectuer
leurs demandes ou payer en ligne. J'y vois aussi une démarche
environnementale : dans des zones rurales où les gens ont Internet,
cela leur permet d’éviter de faire 50km pour payer 30 ou 40 euros. »
L’Office public de l’habitat du Val-de-Marne prévoit aussi de lancer très
prochainement son portail d’information et de paiement en ligne pour les
locataires. D’autres services viendront s’y greffer, comme le
téléchargement de justificatifs ou la possibilité d’effectuer des
réclamations. Tous nos interlocuteurs affichent de la même façon une
volonté claire de fournir un large éventail de services en ligne. Le
« portail usagers » fait ainsi partie des priorités du Centre communal
d’action sociale (CCAS) de la Ville de Paris. « On est très en retard
aujourd'hui, admet Cédric Bucheton, chef du service Organisation et
Informatique. On a des téléprocédures qui se limitent au téléchargement
de formulaires, et à l'envoi de pièces par email : le B.A.-BA de l'e-administration.
On doit monter en puissance dessus, avec un bouquet
de services, la prise de contact, le dépôt des pièces, éventuellement du
paiement en ligne... »
Les services en ligne de première génération servaient surtout de
façade moderne : des documents à remplir ou télécharger, qui n’étaient
pas intégrés avec le reste du système d’information. Des agents
devaient même parfois ressaisir les informations, engendrant une perte
de temps et des
risques d’erreur
supplémentaires.
Aujourd’hui, la
nécessité d’intégrer
ces téléservices est
mieux comprise, et
conduit à des projets
relativement
ambitieux. Au sein
d’Angers Loire
Métropole, c’est la
mise en oeuvre d’un
ESB (logiciel de
gestion des flux
interapplicatifs) et
d’un référentiel
centralisé des données qui a permis de donner vie au projet « carte de
vie quotidienne » : une carte de transports en commun partagée par les
communes de l’agglomération, qui s’enrichit au fur et à mesure de
nouveaux services. D’ores et déjà, la carte permet d’accéder aux
équipements culturels et sportifs, et va bientôt s’ouvrir au stationnement,
à la location de vélos, etc.
10
Visite virtuelle et 24/24 à la CCI
La Chambre de commerce et d’industrie de Nice-
Côte d’Azur a décidé d’aller au-delà des
téléservices : « Nous proposons déjà aux
entreprises des formalités en ligne, explique
Didier Montes, chef du département SI. Notre
grand projet est maintenant de proposer une CCI
ouverte 24H/24, en se basant sur une plateforme
3D. Le client pourra entrer dans une
reconstitution virtuelle de la CCI, avec son
avatar. Le prototype est opérationnel. »
11. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
Les obstacles, au final, ne sont plus tellement techniques, mais bien
plutôt humains : il faut avoir confiance dans son service pour offrir un
certain degré de transparence. Au Conseil régional de Martinique, on
hésitait par exemple à donner la possibilité aux entreprises locales de
suivre le traitement de leur dossier depuis une interface en ligne.
L’obstacle a disparu avec le changement de la direction des Finances.
« Aujourd’hui, témoigne David Cyrille, directeur délégué des systèmes
d'information et télécommunications, tous les processus refondus le sont
dans l'optique d’un meilleur service au citoyen et de l’excellence
opérationnelle ! »
11
1.3 MAIS UNE IT TRÈS MORCELÉE
Ces nouveaux projets d’intégration ne sauraient toutefois masquer une
réalité douloureuse : le morcellement des systèmes d’information dans
la totalité ou presque des collectivités et établissements que nous avons
interrogés. La première phase de l’informatisation a conduit à équiper
séparément chaque service, en fonction de son activité, sans se
préoccuper d’intégration ou de centralisation des données.
La plupart du temps, au mieux, ce sont des domaines connexes qui vont
parler ensemble, parce qu’un éditeur aura fourni les ponts nécessaires
au sein de son offre. C’est souvent le cas en ce qui concerne la petite
enfance et l’enfance. Mais là encore, certaines fonctions pourtant
transversales par nature, comme le paiement en ligne, seront gérées en
silos. Comme le souligne un de nos répondants, les collectivités ont
tellement de métiers qu’elles ressemblent au final à un patchwork de
PME, « dont chacune est portée par un applicatif, voire un éditeur
différent ».
Les établissements publics, dont le rôle est relativement spécialisé,
avouent déjà un grand nombre d’applicatifs : une cinquantaine pour la
CCI Nice-Côte d’Azur, par exemple, idem pour le Grand port maritime
de Dunkerque. Dans les collectivités, dont les missions sont encore plus
nombreuses, et les périmètres fonctionnels en hausse, ce nombre
explose. Au Conseil général du Loir-et-Cher, le DSI évalue le nombre
d’applications différentes « entre 120 et 140 ». Au Conseil général de la
Mayenne (CG 53), deux agents ont commencé à recenser les
applications, à l’occasion d’un projet de migration des postes clients. Le
premier décompte aboutit à 220 logiciels métiers et 39 contrats de
maintenance avec les éditeurs. La Ville de Tours compte 130
applications ; en plus des services classiques, il faut gérer les services
en régie, explique la directrice des applications : l’eau, le théâtre, le
conservatoire… A Metz, Sabine Guillaume, DSI de la Ville, explique que
le programme de rationalisation et d’urbanisation est devenu urgent : la
ville doit gérer plus de 250 applications !
12. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
Didier Marteau, directeur général adjoint, chargé des finances, de
l’administration générale et de l’informatique du CG 53 résume les
inconvénients : « La gestion des licences n'est pas centralisée et avec
seulement 20 personnes à la DSI, il est difficile de suivre les demandes
de changements et les incidents. En outre, la multiplication des
applicatifs a un effet direct sur la croissance exponentielle de la capacité
de stockage demandée. »
La grande majorité de nos répondants souligne également un autre
inconvénient majeur : l’absence de vue unifiée, centralisée, des
données, aussi bien comptables que liées aux usagers. Il existe certes
encore des collectivités où une telle vision centralisée n’est pas
souhaitée par les élus, mais il s’agit de cas isolés. Globalement, mettre
fin à ce système en silos, rationaliser le système d’informations et fournir
aux métiers et aux élus un système de pilotage digne de ce nom font
partie des priorités dans l’agenda 2020 des DSI du secteur public.
12
13. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
2. Des contraintes fortes qui
13
incitent à innover
« Quand vous êtes contraint financièrement, vous êtes obligé d’être
innovant. » Directeur des services mutualisés de la communauté
d’agglomération Seine-Eure (Finances, Ressources humaines, DSI),
Hervé Neveu résume la situation des DSI du secteur public. Confrontés
à une situation économique guère florissante, des citoyens déjà
fortement soumis à l’impôt, et une baisse drastique de la dotation de
l’Etat alors même que les périmètres d’intervention s’élargissent, les
collectivités et établissements publics doivent être, comme le souligne
Hervé Neveu, « en recherche permanente d’efficience ». Ou comment
être plus efficace et continuer d’investir avec des moyens en constante
réduction : un sport que commencent à bien pratiquer certains DSI,
adeptes de rationalisation, mutualisation, progicialisation, Cloud
parfois…
2.1 DES BUDGETS SOUS (FORTE)
PRESSION
Qu’il s’agisse des collectivités ou des établissements publics, l’heure est
à la réduction drastique des dépenses. Il s’agit de faire face à une
baisse globale, structurelle, durable des recettes, tout en maintenant un
niveau de service aux usagers élevé.
Le ciel tombe sur la tête des nouveaux élus. La crise lors de la
précédente mandature était conjoncturelle. Aujourd’hui, la baisse des dotations de
l'Etat représente un appauvrissement structurel qu'on n’a jamais vécu. La donne
change vraiment. On avait une gestion rigoureuse, on encadrait la dépense, mais là on
change d'échelle. Il faut complètement reformater notre structure financière. Nous
conserverons notre stratégie de recours modéré à la pression fiscale, mais pour garder
un niveau d’investissement suffisant – ne serait-ce que pour répondre à
l'accroissement démographique – nous allons devoir réduire les dépenses de
fonctionnement. Faire des choix, douloureux, beaucoup plus drastiques que par le
passé.
Louis-Antoine
Souchet,
Directeur général
adjoint,
Finances, Gestion,
Systèmes
d’Information,
Commande
Publique et Sports,
ville de Lyon
14. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
Décidée par l’Etat dans le cadre de son plan global d’économies, la
baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF) porte un rude
coup aux finances des collectivités. En 2014, ce sont 1,5 milliard d’Euros
qui ont été supprimés de la DGF. Entre 2015 et 2017, la DGF baissera
encore de 11 milliards d’Euros. La conséquence est directe pour les
collectivités. Dans la plupart de celles que nous avons interrogées, les
budgets de fonctionnement doivent êtres revus à la baisse, de l’ordre de
3 à 5% par an, ou « au mieux ne pas augmenter ». Un challenge
d’autant plus difficile que les systèmes d’information sont morcelés, ce
qui impacte à la
hausse les coûts de
maintenance. En
outre, comme
l’explique Eric Cerutti
(CG 41), les recettes
locales sont elles
aussi en diminution :
« Les recettes
dynamiques du
département
disparaissent :
suppression de la
taxe professionnelle,
frais de notaire en
baisse (à cause d’un
marché immobilier en
creux)… Or nous
avons la volonté de
ne pas trop emprunter
ni augmenter les
impôts. L’impact sur
le budget est
évident. »
La situation n’est pas
forcément plus
florissante dans les
établissements
publics. Il y a bien sûr
quelques exceptions, comme le CCAS de Paris, qui a la chance de
disposer d’un fonds de roulement grâce à des recettes propres (loyers,
placements financiers…). Mais dans l’ensemble, les DSI sont dans une
situation très comparable à celle de leurs homologues des collectivités.
La BNF, qui vit sur les crédits de l’Etat, a vu son budget diminuer de
12% en 4 ans. Dans les CCI, le contexte devient très délicat, l’Etat
cherchant à prélever une partie des taxes affectant les entreprises
revenant jusqu’à présent au réseau des Chambres de commerce et
14
Baisse de la DGF : le cri d’alarme de
l’AMF
La baisse de la dotation globale de fonctionnement,
de 1,5 puis de 11 milliards d’Euros, pourrait
représenter, selon l’hypothèse de l’Association des
maires de France, quelque 28 milliards d’Euros de
manque à gagner d’ici à 2017 pour les collectivités et
EPCI. Un chiffre obtenu en comparant chaque année
par rapport au niveau de référence de 2013.
15. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
d’industrie. « On a encore du mal à évaluer le montant exact, explique
Didier Montes. Cela devrait se situer entre 10 et 30% de moins. Si c'est
30%, la moitié des chambres vont disparaître. » La CCI de Nice-Côte
d’Azur est relativement protégée, dans la mesure où elle bénéficie de
ressources propres, liées au port et aux frais de scolarité de ses centres
d’apprentissage. Néanmoins, le budget 2015 prévoit une baisse
comprise aujourd’hui entre 5 et 10%.
15
2.2 UNE QUÊTE DE L’EFFICIENCE
Malgré ces contraintes budgétaires, établissements publics comme
collectivités affichent leur volonté de continuer d’investir, les budgets
consacrés à l’investissement étant souvent stables, voire en légère
augmentation. Trois explications à cela : les élus ont compris le rôle
stratégique de l’IT pour
mener à bien leurs
projets et s’inscrire
dans une démarche de
transformation
Le décret GBCP, facteur
numérique, les
d’efficience opérationnelle ?
périmètres
d’intervention
continuent de toute
façon d’augmenter, et
les DSI eux-mêmes
ont mis en oeuvre des
stratégies à même de
leur garantir de plus
grandes marges de
manoeuvre. Eric
Potaux, DSI du
Conseil général de la
Vienne (CG 86),
estime par exemple
qu’il pourra « rendre
100 000 Euros par an sur un budget d’investissement de 800 000 Euros,
grâce au travail d’optimisation et un pilotage au plus juste ». Arrivé en
2013, Eric Potaux s’est attelé à un grand chantier de modernisation :
définition d’un schéma directeur, cartographie et rationalisation du
système d’information, échanges avec les DSI d’autres collectivités,
mise en place d'actions de mutualisation de moyens (convention avec le
rectorat pour la gestion des interventions dans les collèges du
département)… La tâche est loin d’être terminée, souligne-t-il : « Nous
sommes juste après le Big Bang, pas encore à la formation des
étoiles… » Néanmoins, les gains sont déjà là.
L’objectif du décret n°2012-1246 du 7 novembre
2012, relatif à la Gestion budgétaire et
comptable publique (GBCP) est de rénover le
Règlement général de la comptabilité publique
(RGCP). Le décret GBCP doit ainsi permettre
aux organismes public le développement de la
démarche de pilotage budgétaire, l’amélioration
de la qualité comptable et de l’auditabilité des
comptes, l’amélioration de l’efficience de la
fonction financière (dépenses, recettes,
comptabilité, etc.) et la mise à disposition d’un
cadre budgétaire et comptable harmonisé
facilitant le dialogue avec les tutelles et avec les
instances de contrôle.
16. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
A Lyon, Louis-Antoine Souchet mise aussi beaucoup sur la
rationalisation du SI pour tenir dans les contraintes du budget. « Trop
d’applications se recoupent, aujourd’hui. Donc lors des demandes de
nouveaux outils, on regarde d'abord dans l'existant, si des outils peuvent
répondre à 70 ou 80% minimum des nouvelles demandes. » Bien
entendu, une telle démarche d’urbanisation n’est possible que si le
dialogue entre l’IT et les métiers a été intelligemment instauré, ce qui est
chose faite aujourd’hui – parfois avec l’aide de partenaires de conseil
externes, qui aident à trouver les synergies, optimiser les processus tout
en désamorçant les tensions.
La progicialisation
est aussi un axe fort
pour la grande
majorité de nos
répondants. Rares
sont ceux qui
choisissent de
développer en
interne ; les
développements
sont réservés à de
l’interfaçage, ou
pour répondre à des
besoins
extrêmement
spécifiques. Plutôt
que des
développeurs ou
des agents chargés
de la maintenance,
on privilégie
aujourd’hui des profils orientés davantage chef de projet, et on confie les
opérations à moindre valeur ajoutée à des prestataires externes. Le
logiciel libre n’est considéré que de façon opportuniste, pour sa gratuité
et son utilité pour certains besoins spécifiques. Beaucoup plus souvent,
les DSI préfèrent passer des conventions avec des éditeurs et ne pas
trop s’éloigner des standards du progiciel choisi. « Il s’agit, explique
Pascal Caloone, chef du département Informatique & Réseaux du Grand
port maritime de Dunkerque (GPMD), d’éviter de se disperser, et devoir
maintenir ensuite trop de solutions techniques hétérogènes. » Le GPMD
a dû développer lui-même un outil de gestion d’escale, mais a pu
réutiliser, pour la gestion des matières dangereuses, un outil développé
au port du Havre.
La progicialisation a aussi un impact très fort en-dehors du SI. De plus
en plus transverses, les progiciels doivent souvent donner lieu à une
réorganisation du travail des agents et un accompagnement au
16
Vers une certification des comptes des
collectivités
La directive européenne n°2011/85/UE prévoyait
l’obligation (à fin 2013), de produire un audit
indépendant des comptes des entités publiques.
La transposition de cette obligation pour les
collectivités locales et territoriales se précise,
avec le dépôt en juillet dernier d’une proposition
de loi « visant à instituer une procédure de
certification des comptes des collectivités
territoriales de plus de 3 500 habitants ».
Une première expérimentation est en cours
auprès des 200 plus grosses collectivités. Selon
le premier président de la Cour des comptes, cet
impératif de fiabilisation devrait les inciter à
développer des outils de contrôle interne.
17. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
changement ; ils nécessitent donc le soutien de la direction, qui y gagne
une optimisation des processus internes, ainsi qu’une vue unifiée et plus
immédiate sur les données des différents services.
Ces efforts de mutualisation entre services se prolongent fréquemment
hors des frontières de l’établissement (réseau de ports, réseau de
CCI…) ou de la collectivité : entre villes, entre villes et départements,
avec les conseils régionaux… Et eux aussi sont porteurs de gains en
matière de maîtrise budgétaire. La communauté d’agglomération Seine-
Eure, par exemple, a dupliqué le schéma de dématérialisation adopté
par la ville-centre (Louviers), ce qui a permis de mutualiser les
ressources. De même, la gestion financière est en cours
d’homogénéisation. Dans la communauté d’agglomération Angers Loire
Métropole, la mutualisation de la DSI entre la ville et l’EPCI permet
d’effectuer un constat immédiat, pour son DSI adjoint Jacques
Pouvreau : « Il y a un distinguo à faire entre les situations de la ville et
de l’agglomération. Nous devons réduire la voilure du côté de la ville,
mais nous sommes moins contraints du côté de l’agglomération. En tant
que direction mutualisée, on a encore une marge de manoeuvre pour les
projets mutualisés. On devrait rester dans des niveaux de budget
habituels avec un effort portant plus sur le volet fonctionnement. »
17
2.3 UNE EXPLORATION TIMIDE DES
APPORTS DU CLOUD
Les stratégies de progicialisation et de mutualisation vont rarement
jusqu’au recours au Cloud. Nos interlocuteurs reconnaissent que le
Cloud va dans le sens de l’innovation et de l’optimisation des
ressources, mais qu’il s’agisse de Clouds publics, privés, français ou
non, il subsiste encore beaucoup d’hésitations. Ce qui représente déjà
un immense progrès par rapport à nos enquêtes précédentes dans le
secteur public, où le Cloud provoquait méfiance et réticence. Le sujet de
la sécurité des données reste présent, bien sûr, mais il ne s’agit plus
d’une barrière infranchissable : les DSI attendent des certifications
appropriées. En fait, les questions aujourd’hui relatives au Cloud
montrent un niveau de maturité en constante progression. En
Martinique, on soulève l’argument de la qualité et du coût des
connexions réseau. Au sein d’Angers Loire Métropole, la question du
Cloud se pose pour chaque projet, et on examine soigneusement
l’adhérence de chaque outil avec les autres composantes du SI avant de
prendre une décision.
A Lyon, le Cloud fait partie d’une « réflexion ouverte » sur l’avenir du
système d’information, une fois que ce dernier aura été correctement
urbanisé. Louis-Antoine Souchet : « Le Cloud est une évidence dans le
18. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
privé, donc ça peut être une alternative pour la mutualisation des
infrastructures avec le Grand Lyon et les autres communes. Pourraient
être concernés à la fois les applicatifs et les datacenters. A nous de
définir le périmètre, d’estimer les coûts, la gestion de la transition... On
pourrait voir une évolution rapide à ce sujet dans les années qui
viennent. Mais il faut d'abord avoir une structure propre, bien connaître
son SI, et nous, on est encore dans une démarche d’urbanisation. »
Fig. 3: Part du SaaS dans les dépenses du secteur public en logiciels
18
applicatifs, 2012-2018
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Source : Chiffres PAC
8,0%
6,0%
4,0%
2,0%
0,0%
Les DSI ayant fait le choix de solutions SaaS se montrent plutôt
satisfaits de leurs choix, à l’image d’Eric Cerutti, pour le Loir-et-Cher :
« J’ai pris la décision il y a 4 ans pour notre messagerie et je m’en
félicite. Lorsque j’ai renouvelé le marché il y a deux ans, le prix n’avait
pas augmenté, mais les services avaient augmenté, eux : j’ai des boîtes
de courriels plus grandes pour le même prix. » Toutefois, le DSI du CG
41 rejoint la préoccupation générale des décideurs du secteur public,
collectivités et établissements publics confondus : opter pour le mode
SaaS, cela signifie augmenter le budget de fonctionnement. Un
message difficile à faire passer auprès de la direction ou des élus,
quand la priorité est à la baisse des dépenses.
Quelques DSI ont donc commencé à expliquer que le IaaS
(Infrastructure as a Service : serveurs et stockage dans le Cloud) permet
d’importants gains sur la gestion des infrastructures, et que le SaaS
(Software as a Service, logiciels en ligne) réduit le coût total
d’exploitation, dans la mesure où il sollicite moins le service
informatique. Car la plupart sont persuadés que le Cloud va se
généraliser. « Pour notre nouveau progiciel de gestion intégré, nous
avons préféré acquérir des serveurs et gérer notre propre infrastructure,
raconte Pascal Caloone. Mais on perçoit bien que les applications sont
de plus en plus tournées vers les utilisateurs, et proposées en ligne. On
finira par y venir, c’est l’évolution. » Ne manque plus, finalement, qu’un
modèle de tarification adapté aux contraintes du secteur public.
19. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
3. La transformation est en
19
marche
Thème très à la mode dans le secteur privé, la transformation
numérique trouve une résonance particulière dans le secteur public. Le
projet en cours de transformation territoriale va induire de profonds
bouleversements dans les rôles et responsabilités des différentes
collectivités. La baisse de la dotation de l’Etat implique, pour les
collectivités comme pour les établissements publics, d’optimiser leur
fonctionnement. Et la société elle-même change, les attentes du public
évoluent, il s’agit donc de préparer cette mutation au mieux, en
exploitant les possibilités des nouvelles technologies.
3.1 VERS DES SI PRETS POUR LA
REFORME TERRITORIALE
Dans l’attente d’une version définitive du projet de réforme territoriale, il
est difficile de travailler sur des projets concrets de rapprochement, voire
de mutualisation. Néanmoins, les collectivités et établissements publics
n’ont pas attendu le gouvernement pour mener des projets de ce type.
Des projets riches d’enseignements.
Créé en 2007, l’établissement des Parcs nationaux de France a généré
d’immenses économies d’échelle en regroupant certaines fonctions des
Parcs nationaux, et réfléchit aujourd’hui à un hébergement mutualisé
dans le Cloud. En Martinique, où Conseil régional et général vont être
fondus dans le cadre du passage en cours au nouveau statut de
collectivité territoriale unique, le SI migre lui aussi vers un système
unique. Et ce sont la plupart du temps de nouvelles applications qui ont
été retenues : un choix qui a le mérite de ne froisser personne et,
comme l’indique le Directeur délégué des SI, « cela permet aussi d’en
profiter pour effectuer un saut technique ».
A Lyon, la réflexion est aussi en cours pour harmoniser les outils avec la
métropole. « Même si les priorités sont ailleurs, cela n'empêche pas un
alignement stratégique de nos outils et de nos organisations pour
faciliter l’arrimage le moment venu, estime Louis-Antoine Souchet. Il faut
être vigilant, ne pas entrer dans des incohérences. Avec le chantier de
rapprochement entre Lyon, les communes, et le Grand Lyon, il serait
20. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
navrant d'avoir des divergences ! » Autant que faire se peut – c’est-à-dire
au gré des rapports entre les dirigeants des différentes collectivités
– les choix sont effectués en commun.
Comme l’ont souligné tous nos intervenants, ces choix en commun sont
beaucoup plus simples lorsque les collectivités sont de même couleur
politique… Une situation regrettable, dont les DSI doivent
s’accommoder. Le DSI du CG du Loir-et-Cher s’est ainsi rapproché de
ses homologues de deux autres départements de même couleur
politique pour lancer des projets communs et mutualiser les achats.
Les établissements publics n’ont pas cette contrainte politique, et
peuvent plus facilement mettre leurs intérêts en commun. Soumises
elles aussi à une réforme territoriale, les CCI ont beaucoup misé sur la
mutualisation pour réduire leurs coûts tout en optimisant leur
fonctionnement. Didier Montes, DSI de la CCI Nice-Côte d’Azur,
raconte : « Nous avons mis en place un système de gouvernance avec
l’ensemble des DSI de CCI de la région PACA. L’idée est de privilégier
les outils déjà existants au sein du réseau, pour éviter les appels d’offre.
On a déjà tranché pour le SI Ressources humaines, l’intranet régional,
et on va bientôt déployer le progiciel intégré pour les finances, les
achats, le budget... » Concrètement, dans les CCI comme dans le cas
des rapprochements de communes, ce sont souvent les outils utilisés
dans les structures les plus grosses qui sont retenus. Mais c’est le plus
souvent bien vécu, dans la mesure où ces outils sont déjà bien
maîtrisés, et apportent des niveaux de service supérieurs.
20
A titre purement personnel, je pense qu’il y aurait matière à aller plus
loin en termes de mutualisation. On a tendance à faire chacun les choses dans son
coin, et donc reproduire ce que font les autres. En outre, on est conditionné par
l’interactivité au niveau politique. Je serais donc favorable au fait que puisse se
constituer un niveau d'animation territorial des SI, avec une mise à disposition de
ressources communes (hébergement, services, gestion financière et comptable...) aux
collectivités. Ce serait un facteur d'économies, d'efficience, et de meilleurs services
rendus au citoyen par rapport aux démarches qu'il est amené à faire auprès de
plusieurs institutions.
Jacques
Pouvreau
Directeur adjoint,
Direction des
Systèmes
d’Information,
Angers Loire
Métropole
21. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
21
3.2 UN VERITABLE PILOTAGE GRACE A
UNE VUE UNIFIEE
Si la rigueur budgétaire a au moins un aspect bénéfique, c’est celui-ci :
les directions métier et les élus portent un tout nouveau regard sur les
propositions des DSI en matière d’intégration des données des
différents services, de tableaux de bord ou de comptabilité analytique. Il
y a bien encore des exceptions : comme pour l’Open Data, certaines
collectivités ou établissements publics préfèrent qu’on ne regarde pas
de trop près comment l’argent est dépensé. Mais il s’agit de cas rares,
en voie de disparition, comme l’espère un répondant, confronté à cette
situation : « Dans 10 ans, nous serons audités au même titre que les
entreprises privées, nos comptes devront être certifiés… »
La grande majorité de nos interlocuteurs est équipée d’outils
analytiques, ou en passe de l’être. Et cela ne concerne pas que les
aspects finances et comptabilité – même s’il s’agit généralement des
premiers intéressés. A Tours, une première tentative avait été faite en
direction du décisionnel, il y a cinq ans, mais les outils étaient
relativement complexes, et la direction générale pas convaincue par la
priorité de ce projet. Aujourd’hui, le chantier est réouvert. A Lyon,
différents outils ont été développés pour rendre compte de l’activité de
chaque service. « C’était vu comme quelque chose d’un peu gadget au
début, confie Louis-Antoine Souchet. Mais j'ai aujourd'hui le sentiment
que même les sceptiques se sont appropriés cette culture de gestion.
C'est devenu quelque chose d'important pour eux. »
Au CCAS de Paris, pour casser la logique d’univers en silos, un
infocentre doit être créé. « Mais nous manquons encore de beaucoup
d’éléments d’analyse, regrette Cédric Bucheton. Nous n’avons pas de
vision consolidée, pour réaliser des statistiques, suivre des parcours, ou
réaliser une analyse sociologique des personnes que nous aidons. C’est
certainement lié au fait que nous ayons choisi des logiciels métier, plutôt
qu’un intégré rassemblant l’ensemble des processus. »
La question de l’intégré se pose relativement souvent. Mais à l’instar du
Cloud, faute de connaître des références dans le secteur public, le
progiciel de gestion intégré (PGI) est souvent vu comme manquant de
maturité. Néanmoins, là encore au même titre que le Cloud, l’intégré est
perçu comme une solution d’avenir. Pour le DSI du Loir et Cher, cela ira
de pair avec la mutualisation des ressources au niveau régional. A Metz,
la question du PGI se posera certainement dans le cadre du plan 2016-
2020. Mais à condition, comme on le souligne à la BNF, de disposer
d’un outil déjà verticalisé.
La complexité qu’on associe traditionnellement aux PGI fait peur. Nos
interlocuteurs ayant franchi le pas soulignent, de fait, qu’un intégré
22. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
demande de revoir les processus, ce qui n’est pas forcément un mal.
« On en a profité pour simplifier les processus », raconte par exemple le
DSI de la CCI Nice-Côte d’Azur. Au Grand port maritime de Dunkerque,
le progiciel est en cours de mise en place, les premiers modules mis en
oeuvre concernant la comptabilité. Par la suite, plusieurs modules
pourraient venir se greffer dessus : « La majorité des connecteurs
existent, rappelle Pascal Caloone. Et des solutions techniques
permettent de s’interfacer avec tous les logiciels présents au GPMD.
Les données sont consolidées pour le reporting. A la DSI, nous devrions
être moins sollicités pour les bugs, et les utilisateurs y gagnent en
ergonomie et en souplesse d’utilisation. »
3.3 LE SERVICE PUBLIC AU SERVICE DU
Les DSI du secteur public
sont d’abord soumis aux
contraintes
réglementaires. Viennent
ensuite dans l’ordre les
priorités métier, leurs
propres propositions, et
les contraintes techniques
(telles que les mises à
jour de parcs).
Mutualiser les efforts et
laisser les éditeurs se
préoccuper des mises à
jour réglementaires
redonne du champ pour
se préoccuper des
solutions améliorant le
service au public.
22
PUBLIC
Mutualisation et progicialisation apparaissent aux DSI du secteur public
comme des moyens efficaces d’alléger le poids des forces qui pèsent sur
eux, afin de mieux se consacrer aux besoins des métiers, et au service des
usagers.
Fig. 4: Les « 5 forces de Porter » décidant des priorités des DSI
Nous avons ainsi demandé à nos interlocuteurs quels sont les chantiers
secondaires qu’ils prévoient de mener, d’ici à 2020. Il s’agit à chaque fois
de chantiers dédiés à améliorer l’accueil du public et le service rendu, et
encore une fois optimiser ou simplifier le travail des agents. Une fois libérés
des contraintes que représente l’informatisation à proprement parler, les
DSI peuvent enfin s’atteler à leur agenda numérique. En s’appuyant sur un
23. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
immense bénéfice : des barrières entre services abaissées, des silos
désenclavés.
En 2018, la CCI de Nice-Côte d’Azur envisage d’ouvrir un « campus
numérique » regroupant les centres de formation et d’apprentissage et
écoles d’ingénieur dont elle a la charge. Dans les cartons : apprentissage
en ligne (e-learning), cours en ligne ouverts (Moocs), partage d’informations
entre établissements, applications mobiles pour faire du smartphone un
véritable guide sur le campus…
A Bordeaux, c’est un ‘agenda digital’ qui a déjà été défini, avec plusieurs
axes, dont la mobilité (optimisation des déplacements, accès aux
équipements et au
système de transport,
tourisme culturel…), la
ville ‘intelligente’
(optimisation du
pilotage grâce aux
capteurs), ou l’Open
Data (ouverture
démocratique aux
citoyens, valorisation
des métiers vers
l’extérieur mais aussi
en interne…).
L’Open Data a le
pouvoir de bouleverser
profondément le
territoire. Il faut encore
dans beaucoup de cas
convaincre les élus que
ce n’est pas une arme
qui sera utilisée contre
eux, mais bien un
puissant levier de
transformation. « L’Open Data a vocation à alimenter l’écosystème local,
souligne ainsi le DSI du CG 86. A condition que celui-ci s'en empare pour
développer des produits ou des services à destination des citoyens. » Il
s’agit donc d’un travail à effectuer en concertation avec les entreprises
locales, dans un objectif de bénéfice mutuel.
De même, les systèmes d’informations géographiques (SIG) amènent des
atouts essentiels aux projets de transformation, que ce soit en termes de
valorisation du territoire, de pilotage ou d’assistance au public. Publiés sous
forme d’Open Data, les éléments du SIG sont parmi les plus importants
pour l’exploitation économique des données.
23
Les mots clés des chantiers en cours
24. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
Les projets de ‘villes intelligentes’, ou ‘smart cities’, sont aussi dans toutes
les têtes des dirigeants de collectivités, quoiqu’à des degrés très divers
aujourd’hui. La faute notamment aux systèmes morcelés, en silos au sein
des villes, mais aussi au sein des agglomérations continues. Mais comme
on l’a vu, ces barrières disparaissent, et d’ici à 2020, ces projets devraient
prendre forme, avec la multiplication de capteurs, reliés à des tableaux de
bord pour un pilotage optimisé des ressources et des infrastructures de la
ville ou de l’EPCI. A Metz, on évoque ainsi des ‘smart grids’, visant à
équiper les réseaux de distribution d’énergie de capteurs pour optimiser la
consommation et s’inscrire dans un programme de développement durable.
Un peu plus immédiats, les projets de CRM (Customer relationship
management, gestion de la relation client), ou plutôt de GRU dans le cadre
du secteur public (Gestion de la relation usager), font partie des principaux
outils d’amélioration du service rendu au public. Leur mise en oeuvre est
souvent liée à la réussite des projets de dématérialisation et de gestion
électronique des documents. En Martinique, par exemple, maintenant qu’il
n’y a plus de silos en ce qui concerne la gestion du courrier, que tous les
services observent un processus unique, « la gestion des actes
administratifs va être centralisée sur la solution de CRM », explique David
Cyrille. Agents et citoyens auront une meilleure vision du traitement du
courrier. Des bénéfices qui, là encore, seront à porter au crédit du DSI et du
dirigeant ou décideur politique qui l’aura écouté et soutenu jusqu’à
l’aboutissement du projet.
24
25. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
Quelle feuille de route pour
2020 ?
En conclusion de chacun de nos entretiens, nous avons demandé à nos
interlocuteurs leurs perspectives d’ici quelques années, leur vision du SI
public idéal en 2020. Nous avons réalisé un résumé de ces ambitions sous
la forme d’une feuille de route, que nous avons enrichie grâce aux
enseignements tirés de nos enquêtes et de nos missions de conseil
précédentes dans le secteur public. En parallèle des chantiers prioritaires
(intégration, mutualisation, progicialisation), on peut voir apparaître un
ensemble de chantiers donnant du sens à l’action publique, qui peuvent
être menés sur le long terme tout en fournissant des gains rapides sur des
sujets ponctuels aux citoyens ou aux métiers, afin d’emporter l’adhésion de
tous – et le soutien des élus et directions générales.
25
Fig. 5: Feuille de route idéale d’ici à 2020
Feuille de route horizon 2020
Mutualisation et progicialisation
Etat des lieux
de l’existant
Iden fica on
des
redondances,
manques,
bonnes
pra ques
Hiérarchisa on
Contraintes
réglementaires,
décisions
poli ques,
demandes
mé er /priorités
DSI
Projets orientés service public
Exécu on
Un chef de projet dédié.
Directement en contact avec
le sponsor poli que.
Transverse ou en parallèle
de la DSI
Retour
d’expérience
Partage avec
les autres
en tés,
services,
collec vités
Généralisa on
[op onnelle]
Mutualisa on
de la solu on
sous réserve
qu’elle réponde
aux besoins
Etat des lieux et
hiérarchisa on
Présenta on des
innova ons,
bénéfices
poli ques,
respect des
contraintes
réglementaires
Iden fica on
des bonnes
pra ques
et gains rapides
Défini on des
premières
étapes dans
chaque
catégorie
SIG
Ges on de la rela on usager
Smart City
Open Data
Autres
innova ons…
Autres
innova ons…
Autres
innova ons…
26. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements publics
Note des auteurs
Ce livre blanc a été élaboré par les équipes de Gfi Informatique et de
PAC. Nous espérons que sa lecture aura été agréable et instructive, riche
d’enseignements sur la transformation du secteur public et le rôle que
peuvent jouer les technologies du numérique dans cette transformation.
Emmanuel Blaisse, directeur marketing, Gfi Informatique branche Software
Pascal Regniaud, responsable marketing, Gfi Informatique branche
Software
Olivier Rafal, Principal consultant, PAC, groupe CXP
David Gautier, Senior consultant, PAC, groupe CXP
Franck Nassah, Directeur des opérations, PAC, groupe CXP
26
27. L’agenda numérique 2020 des collectivités et des établissements
publics
27
Contacts
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145, Boulevard Victor Hugo
93400 Saint-Ouen
Tél : +33 (0)1 44 04 50 00
marketing.software@gfi.fr
www.gfi.fr
A propos de Gfi Informatique
Acteur européen de référence des services numériques à valeur ajoutée et des logiciels, Gfi Informatique occupe un
positionnement stratégique différenciant entre les opérateurs de taille mondiale et les acteurs de niche. Avec son profil de
multi-spécialiste, le Groupe met au service de ses clients une combinaison unique de proximité, d’organisation sectorielle
et de solutions de qualité industrielle.
Le Groupe, qui compte plus de 10 500 collaborateurs, a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 743M€. Gfi Informatique
est coté sur Euronext Paris, NYSE Euronext (Compartiment B) – Code ISIN : FR0004038099.
Pierre Audoin Consultants SAS
– Le Groupe CXP
13, rue Le Sueur
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A propos de Pierre Audoin Consultants (PAC)
De la stratégie à l’exécution, PAC apporte des réponses objectives et ciblées aux défis posés par l’essor du secteur des
Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). PAC aide les fournisseurs de services informatiques à
optimiser leur stratégie à travers des analyses quantitatives et qualitatives ainsi que des prestations de conseil
opérationnel et stratégique. Nous conseillons les DSI et les investisseurs dans l’évaluation des fournisseurs TIC et dans
leurs projets d’investissements. Les organisations et les institutions publiques se réfèrent également à nos études pour
développer leurs politiques informatiques.
Fondé en 1976 et ayant son siège social à Paris, PAC fait partie du groupe CXP, premier cabinet européen d’analyse et de
conseil dans le domaine du logiciel et des services informatiques.