1. Morte et Suspendue au-dessus du vide…
Le Dr Luana Ricca s’est pendue à l'Aquila (Italie). Elle n’est plus et s'était mon amie. Je ne veux pas que sa
disparition soit futile.
Une manière simple d’entrevoir cette insupportable et inacceptable état de fait est de considérer sa mort
comme la conséquence d’une terrible maladie mentale. Une maladie de l’âme, une région que nous ne savons
pas réparer. Cette solution simple, mécanistique, n’exclue pas de se poser quelques questions sur notre
système.
Luana était intelligente et calculatrice, vive et ambitieuse, colérique et têtue, rayonnante ou éteinte, souriante
ou en larme. Elle avait cette acuité et cette hypersyntonie des personnalités hors de commun et parfois
quelques fulgurances. Une personnalité suffisamment égocentrique pour se tromper d’objectif et vouloir
rentrer dans le grand carnaval sans y avoir été invité. La compétition académique...Le grand carnaval, la grande
pyramide, la grande table en bois, les fauteuils en cuirs.
La vie de Luana s’est écrasée contre un plafond de verre qui était trop bas pour elle. Est-ce que nous avons
notre part de responsabilités dans cet effroyable accident ? Le système universitaire Français, et Paul Brousse
en particulier, peut-être…Par quelques petits hold-up intellectuel à la faveur de nos concours d’égo. Le système
universitaire Italien, certainement. C’est lui le vrai responsable du décès de cette jeune femme de 40 ans,
brillante depuis toujours, mariée et mère d’un enfant de 2 ans. Un système archaïque, gérontophile et
machiste où les jeunes chirurgiens et médecins ne peuvent pas apprendre leurs métier et prendre en charge
des patients avant 45 ans. Comme tant d’autres Italiens, Luana était venue en France pour apprendre son
métier, la chirurgie hépatique et comme beaucoup, elle s’est découverte une passion, la compétition
académique…Mais elle voulait rentrer en Italie vivre avec son fils et son mari. Peut-être que Luana est morte
d’avoir des passions amoureuses et professionnelles non compatibles son lieu de naissance.
En Italie comme en France, j’espère que sa mort nous rendra tous un peu plus intelligent, plus respectueux et
plus attentif aux cerveaux des autres, que l’on sera capable de se remettre en cause, d’être à la fois le coupable
de nos erreurs et le responsable de nos malades et que l’on se trompera moins d’objectifs.
Faites de votre vie une œuvre d’art et devenez qui vs êtes.