I just published Black Widow Lover as a Kindle book. The novel is deeply involved in the inner conflict of a Jewish woman, the daughter of two Auschwitz survivors, and her meeting with Black America in California. This presentation contains the prologue of the novel.
Je viens de publier Black Widow Lover en Kindle. Le roman est profondément engagé dans le conflit intérieur d'une femme juive, fille de deux rescapés d'Auschwitz, et de sa rencontre avec l'Amérique noire en Californie. Cette présentnation contient le prologue du roman.
4. This novel was very long in its process of getting up into some kind of life. It
is impossible to enter the story if you do not set your mind on France a little bit in
the background in 1982, represented here by a Jewish woman, Rachel Duthoit
from Croix who is the daughter of a couple of Auschwitz survivors, the father Abel
Duthoit telling his daughter how the victim of some torture can easily become in a
different situation the torturer of someone who has become the prey, his or her
prey, in the new situation. We can always find someone smaller than us and find
pleasure in hassling them. There is always a torturer in every single human being.
This young woman goes to
the USA for a full year of teaching
at the University of California at
Davis. The novel is the story of her
voyage there and of one particular
young Black man, Tony Hughes,
she meets along the way. The
situation becomes erotic very fast
for Rachel Duthoit, but she finds in
Tony Hughes both the man she
desires and the man she cannot
have or take. Racial bias? Maybe.
Cultural bias? Maybe. A deeply
frustrating and frustrated
experience on both sides that
leads to a real drama of impossible
communication and exchange.
You will wonder from beginning to end whether Rachel Duthoit had the
intention to bring back some real personal transformation from the USA, or
whether she was going there to enjoy the change but to keep herself protected
against any real transformational experience as if her personality was some kind
of a ghetto to be kept protected and pristine.
Did she become the torturer of Tony Hughes, at least by refusing to yield to
his desire, by rejecting him?
But why on earth did she reject him? That’s your task to find out because as
for me, I cannot really reach any clear-cut conclusion.
Dr Jacques COULARDEAU.
Olliergues, France, February 18, 2022
5. Table des matières
PROLOGUE............................................................................................................ 6
CHAPITRE UN..............................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE TROIS........................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE QUATRE....................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE CINQ..........................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE SIX .............................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE SEPT .........................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE HUIT ..........................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE NEUF .........................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE DIX.............................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE ONZE.........................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE DOUZE ......................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE TREIZE ......................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE QUATORZE...............................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE QUINZE .....................................................Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE SEIZE ........................................................Erreur ! Signet non défini.
ÉPILOGUE....................................................................Erreur ! Signet non défini.
• ASIN : B09SWRQ67H
• Éditeur : Éditions La Dondaine; 1er édition (18 février
2022)
• Langue : Français
• Taille du fichier : 2001 KB
• Utilisation simultanée de l'appareil : Illimité
• Synthèse vocale : Activée
• Lecteur d’écran : Pris en charge
• Confort de lecture : Activé
• Word Wise : Non activé
• Nombre de pages de l'édition imprimée : 564 pages
6. PROLOGUE
Le soleil se lève, derrière ses nuages, son brouillard nocturne et
matinal mêlé, et il jette un rayon rapide entre ses deux paupières humides.
Il frappe à une croisée qui réagit mollement, puis il pénètre dans une petite
salle de séjour sombre.
"Tic tac! Tic tac!" va la pendulette comtoise sur la cheminée, engourdie
dans sa laque noire et ses fioritures dorées. Un chat ronronne, solitaire, sur
le fauteuil, un chat de gouttière gris et zébré comme un vieux chiffon strié
et mal lavé, sur un fauteuil dont le grenat ancien cède le pas à un blanchâtre
en pointillés aux endroits d'usure entourés d'auréoles de patine des doigts
mille fois promenés à l'étoffe, cercle diffus d'un cerne sombre d'avoir trop
veillé à la vie, veillé à l'envie.
Et la table à peine rutile d'un éclat émoussé et le pauvre rayon de soleil
égaré fuit dans la cuisine tout aussi peu aguichante d'une maison dont la
chaleur humaine monte d'un désordre persistant qui s'entrecroise à une
mise en ordre erratique. On a bien essuyé la table, mais les assiettes sont
empilées sur l'évier. Les deux Saint Paulia et le bégonia de la fenêtre
explosent de couleur et de vie, et leurs soucoupes regorgent de l'eau de
leur soif dûment surveillée, mais deux ou trois fleurs fanées auraient dû être
coupées depuis bientôt deux ou trois jours.
Au loin, oh pas bien loin, deux ou trois maisons, un merle siffle, et
beaucoup plus loin, un coq s'égosille à réveiller sa clientèle de poules
paresseuses.
Septembre s'installe enfin en cette terre de Croix après un mois d'août
moite et sans éclat. Chaque jour de ce mois d'août, elle s'est levée tard et
est allée à l'université préparer ses cours, ceux qu'elle va enseigner cette
année, bien loin de chez elle, à l'Université de Californie. Elle est agrégée
d'anglais et elle a obtenu un poste de professeur assistant de littérature
anglaise à cette Université de Californie à Davis, le campus spécialisé dans
les matières agricoles, agraires et vétérinaires. Elle prend ses fonctions le
quinze septembre. On est aujourd'hui le 2 et elle doit partir en avion pour
sa destination on ne peut plus lointaine. C'est la première fois qu'elle va aux
USA. Elle a beaucoup peur de ce pays, et de ces gens, les Américains. Elle
a beaucoup étudié leur culture et leur histoire. Mais elle ne les comprend
pas. Elle comprend peut-être les noirs, car elle est une femme, et elle
s'imagine qu'être noir là bas ne doit pas être beaucoup plus vexatoire et
ridicule que d'être femme ici, du moins une femme seule qui vit avec sa
7. seule mère, étudie et travaille comme une intellectuelle de haute volée, ou
de haute voltige. Pensez-donc! Un doctorat de troisième cycle sur Walt
Whitman, le poète du 19° siècle. Et maintenant un doctorat d'état sur
Invisible Man de Ralph Ellison, un noir pur et dur s'il en est un dans cette
littérature d'aujourd'hui, enfin de l'après guerre. Oh certes, elle démarrait
juste, mais elle comptait sur son séjour d'un an pour avancer. Inutile de dire
qu'elle était la cible de ricanements ou de sourires de ses chers collègues.
Tous! Ceux avec qui elle avait baisé souriaient avec beaucoup de
tendresse, trop de tendresse. C'était comme une insulte. Surtout qu'une
fois, au mieux deux, leur avaient suffi. Ils ne revenaient jamais. Elle avait
comme une puissance qui les dépassait. Elle prenait trop vite la barre et
elle les menait trop vite trop loin. L'amour était pour elle comme une
aventure tropicale, chaude et humide, mais jamais répétée deux fois,
comme une chasse de quelque fauve qu'il fallait abattre et jamais la mise à
mort d'un quelconque éléphant ne ressemble à la précédente ni à la
suivante. Il fallait changer. Evoluer, Inventer des voies nouvelles, des
tendresses inattendues, des explorations sensuelles inprogrammables.
Alors, la baise tendre, souple, tranquille, routinière même d'un prof moyen
la lassait vite. Et plutôt que de faire cent fois la même chose, elle préférait
faire cent fois quelque chose de différent en changeant l'outil. L'homme
n'était plus que cet outil d'un plaisir passager qu'elle se donnait, n'osant
même pas le prendre. C'est comme si elle rencontrait un beau fruit et que
sans même y porter la main, elle le sentait descendre à sa gorge assoiffée
et déjà allumer un feu secret et vital dans son être profond. Elle se donnait
des sensations, mais ne les prenaient pas. Lassant pour l'homme macho
moyen qui hante les classes de nos écoles et qui fait l'amour comme
d'autres se brossent les dents ou se curent le nez. Alors, elle n'avait pas la
moindre envie d'entretenir une relation suivie avec quelqu'un dont la suite
est toujours pareille à du déjà vu, du déjà sucé, du déjà consommé.
Et les autres étaient jaloux de cette audace, et ils le montraient par
quelque ricanement provocateur, ou bien encore ils avaient peur de ce
continent inconnu comme ils avaient peur de leurs chers élèves noirs ou
arabes, trop sombres pour être clairs. Et elle travaillait sur un noir, c'est tout
dire. Un quelconque indien encore, passe. Ils ont tant souffert, mais c'est
quand même mieux qu'ils soient peu. Mais un noir, un noir bien noir, tout
ce qu'il y a de plus noir. S'ils avaient su l'anglais ils auraient fait un mauvais
jeu de mot sur les goûts « kinky » de cette fille avaleuse de vie, « kinky »
comme crépu et noir, ou « kinky » comme marginal et pervers. « A kinky
black girl with kinky tastes for kinky sex. » Une fille noire crêpue avec des
goûts bizarres pour la sexualité extrême, lui dirait une machine à traduire
sans âme.
8. Bref rien de bien amusant pour une fille qui croyait voir le soleil percer
sans cesse le ciel gris de cette région du Nord. Alors, vive le changement!
Et cette fois, elle allait en prendre pour son argent. C'était ça, sa jeunesse.
Car elle était encore jeune, malgré tous ses travaux et les quelques rides
d'intellectuelles qui rayaient ses tempes dégarnies.
Journaliste de théâtre ou de littérature, d'opéra ou de ballet, écrivain
pour les petits ou les grands, en radio ou en presse, en livres ou même en
images, scientifique bardée de diplômes, même si ses collègues
universitaires riaient un peu à cette folle hirsute qui touchait à tout, disaient-
ils, mais ne finissaient vraiment rien. C'est que pour eux ouvrir des portes
ne sert à rien si on n'installe pas aussitôt quelque garde fou pour empêcher
l'intellectuel moyen de tomber. Et c'est bien qu'elle oubliait volontairement
le plus souvent de les installer ces garde fou, ces barrières muselières et
laisses à chien tout à la fois, ces barricades qui bouchent la vue au-delà de
la porte ouverte. Elle aimait le grand vent et elle ne tirait jamais les volets
de ces portes cochères qu'elle faisait sauter pour contempler les hautes
cimes de quelques montagnes inconnues. Et elle était même enseignante
dans un petit lycée technique assez minable et sans grande ambition. En
d'autres termes, elle survivait et même jouissait de cette survie suractive
assez souvent, quand une relâche intellectuelle s'installait et lui permettait
de voir venir sans rien faire plutôt que de courir en avant sans avoir le temps
de regarder en arrière les faces éberluées des témoins de sa percée
permanente à travers quelque béton social qu'elle refusait de respecter, car
on ne respecte pas le béton, on le perce, on le dynamite, on le détruit et
rien d'autre. Parfois on le coule, mais simplement pour permettre plus tard
qu’on le fasse sauter, et pas sur vos genoux, Mademoiselle.
Voilà le panorama ce matin-là.
Un réveil retentit à l'étage. Deux chocs sourds ébranlèrent la
charpente.
"Vite! Lève-toi! Rachel! Il est huit heures! Tu vas manquer ton avion!"
dit une voix de femme grisonnante aux accents éraillés.
Et ma voix va se taire. L'histoire va prendre corps. L'histoire de Rachel
Duthoit ce 2 septembre 1982. Elle a vingt-huit ans, mais qu'importe.
Qu'importe qu'elle soit agrégée, docteur, communiste – cela devenait déjà
difficile –, qu'elle écrive dans la presse des chroniques souvent littéraires
mais pas toujours, car elle aime le théâtre, le ballet, l'opéra, et bien d'autres
choses, et qu'elle se commette assez souvent à la poésie et à la littérature.
Elle a bien des projets d'œuvres à publier plus que publiées. Mais elle a
une notoriété dans cette région, car elle est une femme de radio. Radio
Quinquin, c'est tout dire.
Rachel Duthoit, fille d'Abel Duthoit et d'Ezraël Duthoit née Silberman.
Son père est mort en 1956 juste après Budapest, jurant ses grands dieux –
9. bien qu'on eût pu penser qu'il n'en avait qu'un – que le monde allait à sa
perte. Elle avait deux ans et elle ne s'en souvient pas. Mais on le lui a si
souvent dit, raconté, rappelé, récité, parfois même en musique, la musique
d'un vaste chant des morts qui n'en finit pas de se dérouler à la voûte
sombre de la vie. Elle a toujours vécu avec sa mère, bien qu'elle ait eu
pendant deux ans une chambre à Lille. Mais sa mère ignorait ce détail. On
ne peut pas toujours tout savoir, n'est-ce pas ? Mais elle vient de mettre un
terme à la location. Elle part ce matin pour New York. Alors... !
Et ma voix va se taire, car maintenant est venue l'heure de rendre à
Rachel Duthoit son autonomie, sa propre vie. Il est huit heures. Elle se lève.
Son avion est à dix heures à Lesquin. Elle doit changer à Paris. Mais
laissez-moi vous dire, avant qu'il ne soit trop tard, un dernier détail de cette
vie que vous allez découvrir. Rachel, comme Ezraël et comme Abel, est
juive.