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CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
"Perspectives économiques sectorielles à moyen
et long terme dans une optique de durabilité"
 Le secteur financier
 Le secteur industriel
 Le secteur financier
 Le secteur industriel
Luxembourg, le 6 juin 2014
1er
volet
AVIS
I CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
page:
PREAMBULE 1
1 LE SECTEUR FINANCIER AU LUXEMBOURG 3
11 L’évolution récente 3
12 Les 5 piliers stratégiques du secteur financier du Luxembourg 5
121 La banque privée 5
122 La gestion d’actifs et les fonds d’investissement 10
123 Le secteur des assurances 13
1231 Le marché national 15
1232 Le marché international 16
124 Les crédits internationaux 18
125 Les financements structurés 20
2 LES PRINCIPAUX ENJEUX 20
21 Au niveau des réglementations et directives 20
22 Au niveau de l’échange de renseignements en matière fiscale 22
23 Au niveau de l’Union bancaire 25
24 Au niveau de la finance islamique 27
25 Au niveau de l’évolution des métiers et des formations nécessaires 29
251 La formation initiale 30
252 La formation supérieure 31
253 La formation continue 32
254 La formation de réorientation en cas de perte d’emploi 33
26 Au niveau des défis de la place financière en termes d’image 34
27 L'importance de la veille économique 35
3 CONCLUSIONS ET PISTES A SUIVRE 35
31 Les avantages existants 35
32 Les évolutions majeures 36
33 Les pistes à suivre 37
LE SECTEUR FINANCIER
S O M M A I R E
II CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Tableau 1: Evolution des résultats du secteur bancaire depuis 2005 3
Tableau 2: Composition de la population mondiale d’IF par tranche de
patrimoine, 2012 6
Tableau 3: Aperçu des coûts règlementaires 8
Tableau 4: Principales réglementations en cours d’élaboration en matière
d’échange automatique d’informations 23
Graphique 1: Evolution de l’emploi dans les banques, PSF et sociétés de gestion 4
Graphique 2: La richesse dans le monde en 2013 6
Graphique 3: Prévisions de richesse des IF, 2010-2015 (par région) 7
Graphique 4: Parts de marché (en %) des promoteurs des fonds
luxembourgeois par nationalité en termes d’actifs nets sous gestion 11
Graphique 5: Les OPC luxembourgeois depuis 1984 12
Graphique 6: Part de marché des fonds luxembourgeois par rapport au total du
marché transfrontalier de fonds 13
Graphique 7: Part des différentes branches d’assurance (2013) 14
Graphique 8: Evolution du nombre de salariés du secteur des assurances de 2002
à 2012 14
Graphique 9: Evolution des primes assurance-vie international 16
Graphique 10: L’origine des primes (2013) 17
Relevé des tableaux et graphiques
III CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
1 L’INDUSTRIE AU LUXEMBOURG 41
11 Le développement de l’industrie au Luxembourg 41
12 Les caractéristiques générales de l’industrie au Luxembourg 41
13 La place de l’industrie dans l’économie luxembourgeoise 44
2 LA MATRICE D’ANALYSE DU SECTEUR INDUSTRIEL ELABOREE
PAR LE CES 48
21 La démarche du CES 48
22 Présentation de la matrice 50
3 L'ANALYSE ET LES RECOMMANDATIONS DU CES SELON LES
PRINCIPAUX FACTEURS D’INFLUENCE PRIS EN COMPTE 51
31 L'intensité capitalistique et la politique d'investissement 51
32 Les politiques énergétique et climatique 52
33 La qualification de la main-d’œuvre et la politique de formation 54
331 Liminaire 55
332 Faciliter l’accès à la qualification pour les salariés non qualifiés 56
333 Introduire des périodes de professionnalisation 56
334 Promouvoir le « work based learning » dans le secteur industriel 57
335 Créer des centres sectoriels de formation 57
336 Renforcer les ressources et élargir l’offre en matière de formation
industrielle 58
34 Le commerce extérieur 59
35 La politique de la recherche et développement et d'innovation (RDI) 60
4 LES RECOMMANDATIONS DU CES AU SUJET D’AUTRES ELEMENTS
DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT DE L’INDUSTRE 62
41 Les infrastructures 62
42 Le temps de réaction 63
43 Les matières premières 64
44 La sécurité et santé au travail 65
LE SECTEUR INDUSTRIEL
IV CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Tableau 1: Commerce extérieur du Luxembourg par catégorie de
marchandises en millions EUR 2000-2013 42
Tableau 2: Evolution de la VA en volume par produit (en % par an) 46
Tableau 3: La matrice d'analyse 50
Graphique 1: Déficit de la balance commerciale 42
Graphique 2: Evolution de l’emploi total par branche d’activité (2000-2012) 45
Graphique 3: Part de l’emploi du secteur industriel dans l’emploi total en 2000
et en 2012 45
Graphique 4: Evolution de la VAB en volume par secteur économique (2000-2012) 46
Graphique 5: Part salariale dans la VAB (%) y inclus les remboursements
chômage partiel 47
Relevé des tableaux et graphiques
1 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Le présent avis sur les perspectives économiques sectorielles à moyen et long terme
dans une optique de durabilité est émis sur la base d'une saisine propre du CES,
décidée par l'Assemblée plénière du 12 janvier 2012 dans le cadre de la déclaration
d'accord sur un programme d’activité du CES pour la période 2012-2014. Le
programme et les saisines propres y retenus ont été communiqués au Premier
Ministre et au Gouvernement.
A l'époque, ce programme a été arrêté pour surmonter les blocages intervenus au
CES en 2010.
Compte tenu des situations spécifiques à chaque secteur économique, le CES a
décidé de les aborder séparément et d'arrêter les différents volets de l'avis, dès
finalisation.
Le présent avis porte sur les secteurs financier et industriel. Il constitue donc le
premier volet de l’avis du CES sur les perspectives de l’économie luxembourgeoise,
secteur par secteur, à moyen et long terme dans une optique de durabilité.
Les différents aspects en relation avec les secteurs ont été abordés dans une
approche prospective en fonction des besoins économiques et sociétaux futurs et sur
la base d'un modèle de développement/croissance soutenable du pays à moyen et
long terme.
L’avis comprend tout d’abord une brève présentation des deux secteurs, avec
notamment un relevé de leur poids relatif en termes d'emploi, de valeur ajoutée, des
marchés destinataires en termes géographiques et institutionnels, des principaux
concurrents, etc,… . Après l'analyse de la situation sectorielle actuelle, sont
développées des perspectives de développement sectoriel à plus long terme, c'est-à-
dire à l'horizon 2020.
Finalement, le CES tire les conclusions de ces analyses et formule des
recommandations en vue de favoriser un développement à l'horizon 2020 dans un
esprit de durabilité.
Cet avis sera suivi par l’analyse d’autres secteurs qui font l’objet d’avis futurs, à
savoir notamment l’artisanat, le commerce, le transport et la logistique, etc ….
PREAMBULE
2 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
LE SECTEUR FINANCIER
3 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Perspectives du secteur financier du Luxembourg
1 LE SECTEUR FINANCIER AU LUXEMBOURG
11 L’évolution récente
Le secteur financier au sens large est incontestablement le secteur économique
dominant du Grand-Duché de Luxembourg. Il compte actuellement 149 banques,
38811
fonds d’investissement, 92 compagnies d’assurances et 310 professionnels du
secteur financier (PSF). Dans les études présentées régulièrement par Deloitte, la
place financière contribue pour environ un tiers au PIB et aux recettes fiscales de
l’Etat (y compris l’impôt sur les salaires) et représente 17% de l’emploi (soit 65.000
emplois2
). En y ajoutant les nombreux professionnels qui pivotent autour de la place
financière3
, l’importance du secteur financier pour l’économie luxembourgeoise
devient encore plus apparente.
Après la croissance spectaculaire des années ’80, ’90 et de la première moitié des
années 2000, le secteur financier européen et international connaît de grandes
difficultés depuis le début de la crise en 2007 et surtout après la faillite de Lehman
Brothers en automne 2008. Le Luxembourg n’en est pas épargné. A partir de 2011,
les résultats s’améliorent à nouveau.
Tableau 1: Evolution des résultats du secteur bancaire depuis 2005
Source: CSSF.
(1) Depuis 2008, sous le référentiel comptable IFRS et le reporting harmonisé européen Finrep, ce poste
comprend aussi d'éventuels crédits d'impôts, ainsi que d'éventuelles charges d'impôts différés (positives et
négatives).
1
2.530 entités ont une structure à compartiments multiples (ce qui représente 12.323 compartiments) et 1.351
entités sont à structure classique, ce qui fait un total de 13.674 unités actives sur la place financière (Newsletter
de la CSSF – avril 2014).
2
23% des salariés ont la nationalité luxembourgeoise et les 77% restants se composent de résidents étrangers et de
frontaliers français, belges et allemands).
3
Ces professionnels qui " pivotent " autour de la place financière ne sont pas spécialement réglementés et par
conséquent ne peuvent pas être statistiquement isolés.
(en mio EUR) déc-05 déc-06 déc-07 déc-08 déc-09 déc-10 déc-11 déc-12 déc-13
Marge d'intérêts 3.905 4.830 6.002 7.298 6.571 5.479 5.865 5.550 5.048
Revenus de commissions 3.209 3.674 4.010 3.644 3.132 3.587 3.832 3.705 3.955
Autres revenus nets 1.176 2.338 964 -505 850 483 -830 577 1.432
Produit bancaire 8.290 10.842 10.976 10.437 10.553 9.549 8.868 9.833 10.436
Frais de personnel -1.945 -2.160 -2.372 -2.461 -2.449 -2.497 -2.535 -2.636 -2.748
Frais généraux administratifs -1.748 -1.821 -2.048 -2.099 -2.002 -2.112 -2.253 -2.380 -2.438
Résultat avant provision 4.597 6.862 6.556 5.877 6.102 4.939 4.080 4.816 5.249
Constitution nette de provisions 296 305 1.038 -5.399 -3.242 -498 -1.572 n/a n/a
Impôts (1) 803 885 780 -259 -804 -625 -18 n/a n/a
Résultat net 3.498 5.671 4.739 218 2.056 3.817 2.490 n/a n/a
4 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Le Luxembourg est actuellement en deuxième position (derrière la Grande-Bretagne
et devant la Suisse) des plus grands exportateurs de services financiers du monde et
sa place financière est le deuxième centre mondial de fonds d’investissement après
les Etats-Unis, ainsi que le premier centre de banque privée dans la Zone Euro. En
ce qui concerne le secteur de l’assurance, il est à relever que le Luxembourg a su
s’établir en tant que leader dans la zone des pays de l’EEE4
de par la
commercialisation en libre prestation de services de produits d’assurance vie à
destination d’une clientèle de type (U)HNWI5
; par ailleurs, il est devenu le plus grand
centre européen pour les captives de réassurance.
De manière générale, le Luxembourg a moins souffert de la crise que ses
concurrents directs, comme par exemple l’Irlande où les banques domestiques
pratiquaient une politique en matière "immobilière" insoutenable pour un pays de
cette taille, ou encore la Suisse, en raison des problèmes qu’ont connus ses
banques privées avec les Etats-Unis.
A première vue, les chiffres semblent indiquer un recul des métiers classiques de la
banque, alors que les fonds d’investissement et les PSF portent la croissance (le
capital administré par les fonds d’investissement a plus que doublé depuis l’année
2000). Sans être entièrement fausse, cette vision ignore les liens étroits entre les
acteurs du secteur financier (p.ex. presque la moitié des banques et une majorité des
compagnies d’assurance vie sont dépositaires pour l’industrie des fonds
d’investissement). L’aspect sécuritaire inhérent à l’assurance a pu contribuer à
consolider les performances respectables du secteur de l’assurance et cela même
en temps de crise.
Quant au nombre d’emplois dans les banques, PSF et les sociétés de gestion, il a,
depuis 2006, fortement augmenté (de 36.749 à 44.222 en début 2014 dont environ
60% travaillent auprès des banques). Cependant, l’on peut constater qu’actuellement
l’emploi bancaire se crée essentiellement dans les parties non commerciales de la
banque, notamment en raison de la réglementation accrue.
Graphique 1: Evolution de l’emploi dans les banques, PSF et sociétés de gestion
Source: CSSF
4
Espace économique européen.
5
(Ultra) high net worth individuals.
5 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Le nombre de salariés du secteur de l’assurance pour sa part est passé de 2654 à
6153 de 2002 à 2012, soit une augmentation de 131,83% (voir chapitre 123 "Le
secteur des assurances").
12 Les 5 piliers stratégiques du secteur financier du Luxembourg
A cause de fusions et de mouvements de restructuration, ainsi qu’à cause des biais
statistiques dans les données, le CES propose une typologie qui fait une distinction
selon les activités. Ainsi, l’on peut distinguer 5 piliers stratégiques, à savoir
la " banque privée/gestion de fortune6
", " gestion d’actifs7
et fonds d’investissement ",
"crédits internationaux8
", " assurances et réassurances " et "financements
structurés9
".
121 La banque privée
La banque privée fournit des produits et des services sophistiqués, adaptés à une
clientèle " aisée ", disposant d’un certain niveau de patrimoine, par opposition à la
banque de masse qui offre principalement des services de banque du quotidien, des
produits d’épargne simples ou du crédit standardisé.
Les services proposés sont désignés par des termes variés: gestion de patrimoine
ou gestion de portefeuille, gestion privée, gestion de fortune, "wealth management"
ou encore "family office 10
".
Sont distingués habituellement trois ou quatre catégories d’individus fortunés (IF) en
fonction de leur niveau de patrimoine11
, mais les seuils utilisés sont loin d’être
uniformes et les banques privées définissent des seuils d’éligibilité très variables.
L’appréciation de la taille et de l’évolution du marché de la banque privée n’est pas
chose aisée et de nombreux angles d’analyse sont possibles. Les sources
disponibles sont également diverses et hétérogènes, mais globalement l’on peut dire
6
Encore appelé " gestion de patrimoine ". Selon la définition officielle du Conseil des Gestionnaires de
Patrimoine, il s’agit d’un " processus d’interaction entre le conseiller et le client pour donner au client une
assistance impartiale dans l’analyse et l’organisation de ses affaires financières et personnelles, afin de lui
permettre de rationaliser et d’atteindre de façon réaliste les objectifs qu’il s’est fixés concernant ses finances et
son mode de vie ".
7
Aussi appelé " gestion de portefeuille" c’est-à-dire la gestion de fonds confiés par des investisseurs dans
l’optique d’obtenir un revenu plus ou moins important et d’enregistrer des plus-values sur une durée plus ou
moins longue en investissant dans les actions, obligations, SICAV de trésorerie, hedge funds, etc
8
Crédits qui concernent le financement du commerce extérieur et les crédits internationaux aux grandes
entreprises.
9
Ensemble des activités et produits mis en place pour apporter des financements aux acteurs économiques tout
en réduisant le risque grâce à l’utilisation de structures complexes.
10
Les investisseurs privés fortunés et leurs familles désirent de plus en plus être pris en charge à la manière
d’investisseurs institutionnels, sur la base d’un conseil patrimonial indépendant. Le terme " Family Office " couvre
la prise en charge intégrale du patrimoine. Un Family Office peut porter sur une seule famille (Family Office
individuel) ou sur plusieurs familles sous la forme d’un Family Office multiple.
11
• les mass affluents, à la frontière entre la banque privée et la banque de masse;
• les high net worth individuals ou HNWI;
• les very high net worth individuals ou VHNWI;
• et parfois les ultra high net worth individuals ou UHNWI.
6 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
que les patrimoines dans le monde connaissent de nouveau une nette progression
après deux années moins favorables. Les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest restent
les marchés les plus importants, mais les grands pays émergents connaissent une
croissance rapide.
Tableau 2: Composition de la population mondiale d’IF par tranche de patrimoine, 2012
Source: Analyse de la courbe Lorenz de Capgemini, 2013 (chiffres arrondis)
Selon le " Rapport sur la Richesse dans le Monde en 2013 - Capgemini et RBC
Wealth Management ", la population et la richesse des individus fortunés ont atteint
de nouveaux sommets en 2012, malgré les turbulences de l’économie globale. La
population des IF a augmenté de 9,2 % pour atteindre 12 millions de personnes
après avoir stagné en 2011. La richesse cumulée (investissable) a augmenté de 10
% pour atteindre 46.200 milliards de dollars US, après un léger déclin en 2011.
Graphique 2: La richesse dans le monde en 2013
Source: Rapport sur la Richesse dans le Monde en 2013 - Capgemini et RBC Wealth Management
7 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Pour les prochaines années, l’on s’attend à une croissance soutenue de la richesse
investissable des IF au niveau mondial jusqu’en 2015, tirée principalement par la
croissance en Asie-Pacifique (+ 9,8 %).
Graphique 3: Prévisions de richesse des IF, 2010-2015 (par région)
Source: Rapport sur la Richesse dans le Monde en 2013 - Capgemini et RBC Wealth Management
Aux yeux du CES, le marché de la banque privée mérite une attention particulière et
il importe d’être compétitif sur le segment du haut de gamme pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le potentiel brut du marché est réel car cette clientèle exigeante est
une grosse consommatrice de services et de produits financiers et représente donc
un relais de croissance pour les banques, nonobstant les investissements que
suppose une telle démarche.
La gestion de patrimoine a constamment évolué au cours des années et cette
tendance va persister dans les années à venir en raison des nouveaux besoins des
clients, des changements démographiques, des défis des marchés, de la croissance
de la richesse dans les marchés émergents et, surtout, à cause du volume et du
rythme des changements de réglementation sans précédent, entamés en réponse à
la crise financière et de la dette souveraine.
Les principaux thèmes sous-jacents des interventions sur les réglementations sont la
protection des clients, la prévention de la criminalité financière, la transparence, la
stabilité du marché et le respect des obligations fiscales. Être en conformité
nécessite beaucoup de temps et des ressources humaines et financières
conséquentes. Il faut suivre et comprendre l’évolution des règles, ajuster les
politiques et les procédures, mettre à jour les plateformes et les technologies,
développer et mettre en œuvre des plans de développement commercial, former les
employés, etc... .
8 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
En Europe, la deuxième Directive concernant les marchés d’instruments financiers
(MiFID II)12
, par exemple, vise une stabilité financière accrue, une meilleure
protection de l’investisseur contre les conduites inappropriées des opérateurs de
marché et une plus grande transparence pour une plus large gamme d’instruments
et de marchés.
Aux Etats-Unis, l’ambitieuse loi Dodd-Frank13
de taille et de portée sans précédentes
inclut un nombre impressionnant de changements couvrant tous les aspects des
marchés financiers des Etats-Unis, depuis la protection du consommateur jusqu’à la
stabilité financière, depuis la réglementation des fonds privés jusqu’aux opérations
pour compte propre et depuis les instruments dérivés jusqu’à la gouvernance
d’entreprise.
De plus, dans le but de combattre la fraude fiscale de ses ressortissants, le
gouvernement américain a promulgué le Foreign Account Tax Compliance Act
(FATCA) qui exige des personnes US qu’ils déclarent les comptes financiers qu’ils
possèdent à l’étranger et des institutions financières non américaines qu’elles
divulguent les détails des comptes de leurs clients américains aux autorités fiscales
américaines (IRS) par l’intermédiaire des autorités fiscales luxembourgeoises.
FATCA va entraîner de nouvelles contraintes pour les professionnels concernés tout
en risquant d’évincer les ressortissants US des banques européennes.
De nombreuses autres règlementations affectent les sociétés de gestion de
patrimoine et constituent un réel défi pour ces dernières (cf. tableau 3).
Tableau 3: Aperçu des coûts réglementaires
Source: Analyse Capgemini, 2013; Entretiens avec les directeurs WWR, 2013
12
http://ec.europa.eu/internal_market/securities/isd/mifid2/index_fr.htm
13
https://www.sec.gov/about/laws/wallstreetreform-cpa.pdf
9 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Pour les sociétés de gestion de patrimoine, les variations de réglementation dans
différentes régions (voir chapitre 21 " Au niveau des réglementations et directives ")
ajoutent à la complexité de la mise en conformité et sont souvent accompagnées
d’un manque de clarté dans les règlements et d’échéanciers de mise en œuvre trop
serrés.
Le développement des compétences des gestionnaires de patrimoine peut, d’un
point de vue compétitif, permettre aux sociétés de minimiser l’incidence sur le client
dans les domaines de conformité et créer une position gagnante dans un
environnement difficile.
Aussi le CES fait remarquer que des opportunités réelles existent en utilisant la
conformité comme catalyseur, car au niveau mondial, les sociétés qui ont réalisé des
investissements réglementaires opportuns et appropriés ont été capables de
naviguer dans l’environnement réglementaire complexe plus facilement que leurs
concurrents.
La force d’une firme repose sur la force de son personnel et il n’est pas surprenant
que la compétence des gestionnaires de patrimoine ait été identifiée par les IF
comme la priorité absolue. Avoir des gestionnaires de patrimoine hautement qualifiés
et expérimentés est l’un des premiers facteurs de différentiation pour les sociétés de
gestion de patrimoine.
Par conséquent, les sociétés ne devraient pas se contenter de couvrir les nouvelles
exigences réglementaires, mais devraient pouvoir renforcer la capacité des
gestionnaires de patrimoine d’être en mesure de satisfaire les besoins des clients
des marchés émergents. Pourtant, à part le fait que cela nécessite des
connaissances quant aux sensibilités et pratiques culturelles allant au-delà des
seules connaissances linguistiques de ces zones géographiques, il faut noter que les
grands groupes internationaux présents à Luxembourg, n’entendent souvent pas
couvrir ces marchés à travers leurs entités luxembourgeoises.
Le CES souligne également l’importance d’une bonne réputation pour gagner de
nouvelles parts de marché. La réputation est devenue un facteur clé dans la décision
d’un client pour le choix d’une société parmi d’autres. Mondialement, 48,4 % des IF
ont déclaré qu’ils seraient prêts à payer plus pour faire des affaires avec une société
à la réputation solide, tandis que dans des marchés émergents comme l’Amérique
latine, le Moyen-Orient et l’Afrique, ce taux atteint pratiquement 70 %. Un
positionnement résolument tourné vers ces marchés pourrait être particulièrement
intéressant pour le Luxembourg.
En définitive, le CES est conscient que la mise en conformité règlementaire n’est pas
chose aisée, mais estime qu’il y a de vraies opportunités pour les sociétés de se
différencier par le biais d’investissements axés sur la conformité et que les sociétés
qui peuvent justifier de leurs résultats à ce niveau devraient se donner les moyens
nécessaires de faire passer le message aux clients potentiels et mettre en avant leur
savoir-faire et leur réputation en la matière, deux éléments-clés du succès dans le
domaine de la banque privée.
10 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
122 La gestion d’actifs et les fonds d’investissement
Le secteur a connu une croissance remarquable depuis 1988. Un aspect qui
caractérise le secteur OPC (Organismes de placement collectif) au Luxembourg est
son ouverture à l'international. Le Luxembourg a été le premier pays à transposer la
directive UCITS (Undertakings for Collective Investment in Transferable Securities ou
OPCVM: Organismes de placement collectif en valeurs mobilières), et ceci lui a
largement profité du fait qu'il a toujours gardé une longueur d'avance sur ses
principaux concurrents européens.
Le secteur est très dépendant des réglementations introduites au fil du temps et c’est
en 1988 que la 1ère directive UCITS a permis le véritable décollage du secteur à
travers une harmonisation du marché européen permettant la commercialisation
dans tous les pays de l'UE, d'un produit conforme à la directive. Les fonds
réglementés par la directive UCITS dominent cette industrie en Europe et la
distribution transfrontalière dans le monde.
Les fonds d'investissement spéciaux (loi FIS de 2007), destinés à une clientèle
professionnelle, ont également eu du succès et contribué à la croissance du secteur.
Pour les 3.881 fonds d’investissement qui constituent l’industrie luxembourgeoise
des OPC, le Luxembourg possède 47.000 certificats/agréments pour les vendre à
l'étranger, ce qui souligne la particularité du secteur, à savoir une commercialisation
résolument tournée vers l'international. En tout, il existe plus de 13.600
compartiments différents avec des stratégies très différentes au Luxembourg.
Environ 13.500 personnes travaillent pour le secteur des OPC, et l'on peut donc dire
que chaque compartiment crée un emploi. Leurs employeurs sont des banques, des
sociétés de gestion, des fiduciaires, des cabinets d'avocats …etc.
Avec un peu plus de 2.600 milliards d’euros d’actifs sous gestion, le Luxembourg est
la première place européenne et la deuxième place mondiale au niveau des OPC.
Un regard sur les nationalités des promoteurs créant des fonds luxembourgeois
montre que le Luxembourg est une porte d'entrée pour le marché européen.
11 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Graphique 4: Parts de marché (en %) des promoteurs des fonds luxembourgeois par
nationalité en termes d’actifs nets sous gestion
Source: CSSF
Depuis 25 ans le Luxembourg démontre son savoir-faire en matière de fonds et ce
succès n'est absolument pas lié à un quelconque avantage fiscal. Il faut encore noter
que si ces fonds sont bien créés au Luxembourg, ils sont revendus
presqu'exclusivement à l'étranger. L'Irlande est le principal concurrent du
Luxembourg dans ce domaine.
Au Moyen-Orient, le marché des fonds n'est pas très développé, mais de nombreux
pays commercialisent néanmoins des fonds luxembourgeois. Le Luxembourg est
p.ex. leader en matière de fonds "charia compliant" (conformes aux normes et au
droit islamique). Le fait que beaucoup de fonds commercialisés en Asie ou en
Amérique latine sont effectivement des fonds luxembourgeois, témoigne également
du succès de l'industrie des fonds luxembourgeoise. .
Les crises financières ont à chaque fois eu un impact considérable sur les OPC et de
manière générale, les fonds sont très dépendants des marchés boursiers. L’évolution
globale des OPC au Luxembourg et des différentes réglementations est résumée
dans le graphique ci-après.
12 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Graphique 5: Les OPC luxembourgeois depuis 1984
Source: CSSF
Si le Luxembourg est aujourd’hui le premier centre de fonds d’investissement en
Europe et le deuxième au niveau mondial après les Etats-Unis, c’est grâce à son
cadre légal et réglementaire à la pointe du progrès, qui offre à la fois un niveau élevé
de protection des investisseurs et une flexibilité inégalée dans la conception
d’organismes de placement collectif, flexibilité qui permet de créer des produits sur
mesure pour des marchés ou des types de clientèle spécifiques. La disponibilité
d’une large gamme de prestataires de services hautement spécialisés dans
l’administration et dans la distribution transfrontalière de fonds d’investissement, fait
du Luxembourg la plateforme de choix des promoteurs de fonds pour la
commercialisation de leurs produits au niveau européen et mondial.
13 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Graphique 6: Part de marché des fonds luxembourgeois par rapport au total du marché
transfrontalier de fonds
Sources: Lipper LIM and PwC analysis, 31 Décembre 2011
123 Le secteur des assurances
Le secteur des assurances luxembourgeois est un des principaux piliers de la place
financière du Luxembourg. Il a bien montré sa grande résilience lors de la récente
crise financière, soulignant ainsi la stabilité du business modèle de l’assurance et de
la réassurance. Vu la large diversification des activités, de la clientèle et des
marchés servis, le secteur d’assurance luxembourgeois a été et sera en mesure de
bien résister à des crises mondiales éventuelles similaires à celle de 2008.
Les entreprises d’assurance établies à Luxembourg ont encaissé en 2013 un total de
33,84 milliards d’euros dont 22,62 milliards d’euros en assurance directe.
14 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Graphique 7: Part des différentes branches d’assurance (2013)
Source: Rapport annuel du Commissariat aux Assurances
Il faut souligner la très forte prépondérance du marché d’assurance vie internationale
qui à lui seul représente 18,41 milliards d’euros, soit 81% des primes totales
encaissées par les entreprises d’assurance directe.
Concernant l’emploi du secteur de l’assurance, le nombre de salariés est passé de
2654 à 6153 de 2002 à 2012, soit + 131,83%. L’implémentation au Luxembourg de
quelques grands groupes internationaux (aussi et notamment dans la réassurance) a
contribué à cette hausse considérable. A relever aussi qu’environ la moitié des
salariés est employée au sein de compagnies d’assurances travaillant exclusivement
sinon du moins principalement sur le marché local.
Graphique 8: Evolution du nombre de salariés du secteur des assurances de 2002 à 2012
Source: Rapport annuel du Commissariat aux Assurances
15 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Hors la réassurance, il y a ainsi lieu de distinguer parmi 2 principaux marchés:
• le marché national : il s’agit de contrats d’assurances vie et non-vie vendus à des
clients particuliers et entreprises établis au Grand-Duché de Luxembourg; son
potentiel de croissance est étroitement lié à l’évolution de l’économie
luxembourgeoise et des investissements réalisés à Luxembourg (immeubles,
voitures, nouvelles entreprises, …).
• le marché international (en libre prestation de services) : ce marché se compose des
affaires réalisées en assurance vie et non-vie auprès de clients établis hors du
Grand-Duché de Luxembourg, principalement dans l’Espace Economique Européen
(EEE) et auprès d’une clientèle diversifiée, aussi dans plusieurs marchés de niches.
Les entreprises luxembourgeoises se trouvent dans ce créneau en concurrence
directe avec les entreprises des autres pays-membres de l’Union Européenne.
1231 Le marché national
– Le marché national se caractérise par son haut degré de maturité. L’encaissement y
réalisé à la fois en assurance-vie et en assurance non-vie (représentant 9% des
primes totales) connaît une croissance modeste, mais constante qui s’explique avant
tout par la hausse soutenue et également régulière de la population.
L’évolution du chiffre d’affaires se trouve intimement liée au pouvoir d’achat des
ménages et à la conjoncture économique. Le secteur soutient ainsi toutes mesures
susceptibles de relancer la croissance économique.
– Le groupe patronal relève qu’au niveau du marché national, le constat est que les
plafonds fiscalement déductibles, p.ex. dans le cadre des articles 111 et 111 bis,
n’ont plus été adaptés depuis longtemps, alors que les incitations fiscales sont un
facteur déterminant pour la souscription de ce type de produit de prévoyance.
Les régimes complémentaires complètent opportunément les prestations légales du
1er pilier sans créer de dette actuarielle pour le budget de l’Etat. Il importe cependant
de les rendre accessibles aux personnes aujourd’hui exclues de droit ou de fait. Il
s’avère nécessaire de renforcer les incitations fiscales actuelles destinées à
promouvoir plus largement la mise en place de régimes complémentaires de pension
en élargissant les possibilités de déduction et en réduisant la taxation à l’entrée,
comme dans d’autres pays.
– Le groupe salarial estime qu’une augmentation des plafonds fiscalement
déductibles dans le cadre des articles 111 et 111bis de la LIR n’est pas souhaitable.
Une telle augmentation bénéficierait surtout aux personnes aisées ayant les moyens
à contracter des contrats de prévoyance vieillesse et pouvant profiter des
allègements fiscaux afférents dégradant de ce fait la situation financière de l’Etat.
Si le groupe salarial estime évidemment que des régimes complémentaires de
pensions, notamment du 2e pilier, doivent être rendus accessibles aux personnes
aujourd’hui exclues de droit ou de fait, il est d’avis que la voie royale dans le cadre
16 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
de la lutte contre le risque de pauvreté est la stabilisation financière du régime public
qui a fait ses preuves. Le régime public par répartition est par essence un régime
solidaire, alors que les régimes par capitalisations sont individualistes et ne
permettent guère de tenir compte de considérations sociales.
– L’emploi sur le marché national évolue de manière positive, mais de façon modeste.
En raison de la technicité de la matière, les profils ciblés requièrent de plus en plus
souvent un niveau de formation élevé (bachelor ou master). Mais sans le
développement de nouveaux créneaux, le marché de l’emploi concerné risquera
d’être rapidement saturé. Ceci étant les compagnies d’assurances opérant sur le
marché luxembourgeois sont en recherche continue de collaborateurs issus du
marché local.
1232 Le marché international
Beaucoup plus qu’ailleurs, le secteur de l’assurance luxembourgeois est très
fortement orienté vers l’exportation de ses services. Devenu leader en Europe en ce
qui concerne la commercialisation de produits d’assurances vie en libre prestation de
services, il a fait de ce créneau son cheval de bataille qui représente à lui-même
entre-temps plus de 81% de l’encaissement total réalisé par le secteur d’assurance
directe luxembourgeois. Il en résulte une très forte influence des règlementations
européennes.
D’une manière générale, au vu de l’environnement économique, l’ACA (Association
des compagnies d'assurances et de réassurances du Luxembourg) s’attend au
mieux à une moindre croissance que lors de la dernière décennie.
Graphique 9: Evolution des primes assurance-vie international
Source: ACA
17 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Le secteur est souvent, et de plus en plus, apparenté au monde bancaire et des
tendances récurrentes visent à lui octroyer les mêmes règles pourtant peu adaptées
aux spécificités inhérentes au monde de l’assurance, comme p.ex. Mifid, ou encore
des réflexions visant à instaurer un fonds de garantie.
Deux projets de réglementations relatifs à la distribution de contrat d’assurance en
Europe sont p.ex. actuellement traités par les instances européennes, à savoir
PRIP’s (Packaged Retail Investment Products)14
et IMD 2 (Révision de la directive
intermédiation en assurance)15
et risquent d’impacter directement le développement
de ce segment très porteur. Les deux initiatives visent une protection renforcée du
consommateur, notamment par l’introduction de nouvelles règles en matière
d’informations précontractuelles et de transparence des produits d’assurance et de
leurs frais.
La réforme réglementaire européenne " Solvabilité II "16
nécessitera une
augmentation du capital et des fonds propres ainsi que l’emploi de moyens
supplémentaires aux niveaux de l’informatique, du consulting, du reporting, de
l’organisation, du contrôle interne et externe etc…. L’ACA, estime qu’il en résultera
éventuellement une certaine consolidation des acteurs opérant dans ce marché.
Graphique 10: L’origine des primes (2013)
Source: ACA
Les opérateurs opérant en libre prestation de services sont de plus en plus
confrontés à des entraves qui inhibent la commercialisation de leurs produits outre
frontières et ce notamment dans les principaux marchés dans lesquels les
entreprises d’assurance vie luxembourgeoises sont actives comme p.ex. en France,
en Belgique ou encore en Italie. Ainsi, d’aucuns revendiquent, par exemple, que les
produits d’assurance vie commercialisés à partir de l’étranger devraient à l’avenir
être notifiés aux autorités de contrôle locales étrangères, qui elles auront alors de
surcroît la possibilité d’interdire ledit produit même sur le marché de l’opérateur, alors
14
http://www.abbl.lu/fr/node/5623
15
http://ec.europa.eu/internal_market/insurance/consumer/mediation/index_fr.htm
16
http://ec.europa.eu/internal_market/insurance/solvency/future/index_fr.htm
18 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
qu’il est dûment autorisé par l’autorité de contrôle du pays à partir duquel l’assureur
vie opère.
De telles initiatives nationales risquent à terme de mettre en péril la
commercialisation, même de produits d’assurance vie au travers de ce qui est
communément appelé « le passeport européen ». A titre d’exemple, l’encaissement
réalisé sur le marché belge a fléchi de 25% au 1er semestre 2013 par rapport au 1er
semestre 201217
. En effet, tout résidant belge ayant souscrit un contrat à l’étranger
est contraint d’en déclarer l’existence à ses autorités fiscales. Cette obligation
n’incombe pas aux clients souscrivant un contrat d’assurance-vie directement en
Belgique. Il y a lieu de relever aussi qu’aucune taxation des produits d’assurance-vie
n’est prévue à l’heure actuelle, de sorte que cette pratique peut être questionnée.
L’arrêté royal y afférent demeure d’ailleurs toujours attendu.
Il résulte des propos énoncés ci-avant que le marché international vie est soumis à
une volatilité permanente, alors que son développement est directement conditionné
par les évolutions réglementaires intervenant tant au niveau européen qu’au niveau
des marchés nationaux desservis que par les régimes fiscaux applicables aux
produits d’assurance vie dans les différents pays. Il est, dans ce contexte, un défi
continu pour les compagnies d’assurances opérant en libre prestation de services à
partir du Luxembourg, d’essayer d’adapter leur offre aux besoins et attentes d’une
clientèle sans cesse plus exigeante et mobile.
De plus en plus d’acteurs entendent s’investir dans d’autres marchés en Europe
(p.ex. les pays scandinaves ou encore les pays de l’est), voire même hors les
frontières de la zone de l’EEE.
Afin de pouvoir continuer à répondre aux exigences de cette clientèle richissime (de
type HNWI ou UHNWI), les acteurs opérant dans ce créneau doivent disposer de
collaborateurs hautement qualifiés (bac +5) avec des connaissances théoriques,
pratiques et linguistiques confirmées et approfondies, à recruter de préférence sur le
marché de l’emploi local. A cet effet, des efforts de formation adaptés aux besoins
spécifiques de cette clientèle sont à mettre en place. Au-delà, en cas de besoin, il
faudra recourir à des allochtones issus de la culture du pays en question.
124 Les crédits internationaux
Dans les années ’70, l’activité des crédits internationaux s’est développée au
Luxembourg comme une partie de ce qu’on appelait alors " l’Euromarché ". Les
exigences de réserves minimales imposées par les banques centrales de nos pays
voisins à leurs banquiers ont aidé à délocaliser les crédits internationaux qu’il était
plus favorable de comptabiliser dans les bilans d’une banque luxembourgeoise.
Ainsi, les filiales luxembourgeoises de banques étrangères se sont spécialisées dans
cette activité et ont même fait le travail d’administration pour des crédits tenus dans
les livres de banques à Londres et à New York. Notamment pour les banques
allemandes, cette activité a été à l’origine de leur présence au Luxembourg où elles
17
Source: ACA
19 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
sont devenues des centres de compétence pour la syndication et l’administration de
crédits internationaux.
Pour un certain nombre de banques, cette activité a été maintenue après que les
exigences de réserves minimales avaient été harmonisées dans la zone euro. La
raison majeure de garder cette activité au Luxembourg est jusqu’à aujourd’hui la
présence d’un personnel hautement qualifié, ainsi que des systèmes comptables
adaptés. A cela s’ajoutent les nombreux traités de non-double imposition conclus par
le Luxembourg.
Il y a aussi des raisons purement juridiques, telles que l’environnement juridique
général solide, les possibilités de structuration à travers des entités juridiques
spécifiques, le droit des sûretés et les possibilités de compensation (netting).
Evidemment, les raisons plus classiques luxembourgeoises, telles que
l’environnement multilingue, une administration et une surveillance solide et réactive
et le réseau de consultants et avocats, jouent un rôle important.
Tout ceci donne au Luxembourg des arguments compétitifs que d’autres centres
financiers européens ne peuvent que difficilement atteindre. L’activité de crédits
internationaux est d’ailleurs hautement complexe en pratique, ce qui fait que sa
délocalisation n’est pas probable. Il est vrai cependant que le Luxembourg n’est pas
ou plus à l’origine de ces crédits. Nous nous sommes limités à être un centre de
comptabilité et d’administration sophistiqué.
Il n’y a pas de données statistiques précises sur le volume de cette activité, qui est
cependant estimée autour de 85 milliards d’euros. Une partie importante des crédits
internationaux qui utilisent des structures juridiques luxembourgeoises ne se
retrouvent pas dans les bilans bancaires d’établissements luxembourgeois. Bien que
ce savoir-faire engendre des revenus du côté des consultants et des avocats, il n’y a
guère de moyens d’en mesurer l’importance.
Comme d’autres activités, celle-ci doit aussi se justifier en permanence dans la
concurrence intra-groupe, en ce sens qu’il faut prouver que le Luxembourg est mieux
adapté que d’autres à cette activité. Pourtant ce n’est pas une activité volatile et elle
ne pourrait être déplacée que par tranches de crédits nouveaux. Il reste qu’il est
important de maintenir les avantages classiques, tels que la fiabilité, la vitesse, les
" courts-chemins " du Luxembourg et, évidemment, son caractère international. Il est
également important de maintenir un personnel hautement qualifié, puisque cette
activité, comme d’autres, se concentre sur la haute valeur ajoutée.
Si la disparition abrupte de cette activité n’est pas probable pour les raisons décrites
plus haut, il n’est à l’inverse pas facile non plus pour un établissement
luxembourgeois de commencer cette activité à partir de zéro et de monter
rapidement un portefeuille important.
En résumé, l’activité de crédits internationaux s’est localisée au Luxembourg pour
des raisons historiques et est maintenue pour les raisons classiques et non pas pour
des spécificités particulières à cette activité.
20 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Des changements majeurs pourraient intervenir par des initiatives de certains
opérateurs d’offrir des plateformes unifiées de gestion de crédits internationaux qui
permettraient aux banques un " outsourcing " de nombreuses activités connexes à la
tenue des livres dans le bilan. Le cas échéant, de tels changements pourraient nuire
au Luxembourg, sauf dans l’hypothèse où le Luxembourg serait lui-même le siège de
telles plateformes.
Le CES est d’avis qu’il serait souhaitable que les banques de la place s’intéressent
davantage à ce créneau classique de la place financière et qui est susceptible de
leur permettre de développer de nouvelles activités au Luxembourg.
125 Les financements structurés
Y sont représentées des sociétés qui ont leur "headquarter" au Luxembourg, mais
leurs succursales sont à l'étranger. Il en existe à peu près 43.000 au Luxembourg qui
emploient +/- 2.400 personnes, génèrent 600 millions EUR d'impôts et 360 millions
EUR de valeur ajoutée. Il est à noter que les impôts sont supérieurs à la valeur
ajoutée, mais avec l'introduction d'une imposition minimale (qui est passé de 1.500
EUR à 3.000 EUR), les impôts prélevés vont certainement augmenter encore.
2 LES PRINCIPAUX ENJEUX
21 Au niveau des réglementations et directives
Une réglementation conséquente, et mondiale, des secteurs financiers s’impose aux
yeux du CES afin d’éviter qu’une crise similaire à celle éclatée en 2008 ne se
reproduise.
En effet, la réglementation du secteur financier est très importante et l'évolution
dépend évidemment de la réglementation actuelle et future. La mise en conformité
avec ces règlementations nécessite des investissements importants. Une faculté
d’adaptation rapide constitue un atout compétitif.
En effet, surtout pour des petites voire moyennes entités au Luxembourg, les
multiples directives et régulations actuellement en gestation présentent un vrai défi
d’existence à cause de leur étendue, leur apparition successive ainsi qu’en raison
des nombreux détails techniques souvent négligés dans les discussions, nonobstant
des dates d’introduction encore souvent inconnues. De plus, la complexité accrue qui
en découle, constitue un défi pour l’IT, la planification des ressources, la formation
continue du personnel et l’ajustement des procédures.
Suite à la tendance actuelle vers une harmonisation réglementaire accrue, les filiales
luxembourgeoises risquent de perdre de l’influence vis-à-vis de leurs maisons mères
et il sera de plus en plus difficile pour les banques et les assurances de se
positionner au sein de leurs groupes.
21 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Néanmoins, il faut bien noter que ces défis se posent également pour les autres
places financières, et qu’ils peuvent de ce fait constituer également une opportunité
pour devancer les principaux concurrents.
Ainsi le T2S (Target 2 Securities)18
permet d’avoir de meilleures possibilités
d’échanger ou de négocier des fonds en bourse, des disponibilités accrues de
garanties éligibles et plus de liquidité.
L’AIFMD (Alternative Investment Fund Managers Directive)19
, une directive
européenne d’avril 2009 sur les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs
(fonds "non – UCITS": hedge fonds, real estate, private equity, …), dont l’objectif est
d’offrir davantage de transparence aux investisseurs et d’éviter des risques
systémiques, est également susceptible de relancer l’activité des banques. En effet,
l’AIFMD, de même que l’UCITS 4, représente, par les consolidations prévues suite à
leur introduction, des opportunités pour l’industrie des fonds. Le Luxembourg pourrait
ainsi accueillir une grande partie des fonds alternatifs " offshore " souhaitant devenir
" onshore " en se re-domiciliant sous un label UCITS. Ceci pourrait constituer une
réelle opportunité pour le Luxembourg pour édifier un deuxième pilier au niveau de
cette catégorie de fonds, source de créations d’emplois.
Les fonds luxembourgeois (et européens de manière générale) présentent des
volumes moins importants que les fonds américains, ce qui entraine également des
coûts de gestion plus élevés en moyenne. Si les finances publiques profitent d'un
volume plus important, l'emploi dépend néanmoins du nombre de fonds.
Depuis le 2ème semestre 2013, les banques dépositaires (environ 60 au
Luxembourg) doivent être en conformité avec UCITS 5, qui prévoit actuellement que
l'investisseur doit à tout moment, et dans tous les cas, pouvoir récupérer son
investissement. Chaque fonds devrait, selon le schéma prévu à ce stade, avoir une
banque dépositaire dans la même juridiction que le fonds. Ceci est difficilement
réalisable et les discussions sur une solution viable se poursuivent.
Parmi les règlementations qui toucheront durement le secteur financier
luxembourgeois, tant les fonds que les banques et les assurances, l'on doit citer la loi
américaine FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) de mars 2010, qui vise à
généraliser l’échange d’informations vis-à-vis des institutions financières percevant
des revenus de source américaine.
Dans le cadre de la loi FATCA, chaque institution financière étrangère (Foreign
Financial Institution, FFI) devra s’engager à fournir annuellement des
renseignements sur ses clients et ses titulaires de comptes américains. Les FFI qui
refuseront de se soumettre à ce type de contrat devront supporter une retenue à la
source punitive de 30% sur certains paiements de source américaine. A cet égard, il
y a lieu de relever le risque que des initiatives similaires, non coordonnées, voient le
jour (au niveau du p.ex. G8, G20, Commission européenne, OCDE,..) avec à chaque
reprise un reporting différent à effectuer pour un champ d’application divergent.
L’industrie financière devra disposer de suffisamment de temps pour s’y préparer
18
http://www.abbl.lu/fr/node/1189
19
http://www.abbl.lu/fr/node/4715
22 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
convenablement et il est d’une importance primordiale que des produits
commercialisés bien antérieurement, alors que d’autres normes étaient d’application
en ce qui concerne notamment l’identification des clients, ne se verront pas visés par
les futures règlementations.
22 Au niveau de l’échange de renseignements en matière fiscale20
Tout d’abord, le CES rappelle que, depuis avril 2013, le Luxembourg a décidé:
– d’appliquer à partir de 2015 l’échange automatique d’informations dans le cadre de
l’actuelle directive épargne de l’UE21
pour les paiements d'intérêts au sein de l’UE;
– de promouvoir l’échange automatique comme standard global par la signature en
mai 2013 de la convention multilatérale de l’OCDE;
– de demander que l’adoption du nouveau champ d’application de la directive "fiscalité
de l’épargne" soit liée à l’introduction de mesures équivalentes dans les autres pays
tiers et en particulier en Suisse ("level playing field").
Le CES encourage le Gouvernement sur cette voie et le soutient dans sa position
que l’échange automatique d’informations dans l’UE ne peut se faire sans mesures
équivalentes dans les pays tiers. Il est essentiel de noter que l'échange automatique
d'informations n'a pas lieu sur la tenue de comptes domestiques, mais uniquement
sur la tenue de comptes transfrontaliers, et que donc son ambition n’est pas un level
playing field en Europe. Il faut craindre, derrière le détail de ce dossier, la volonté
politique réelle d’une majorité des Etats de l’Union européenne de provoquer une
fragmentation des marchés des services financiers.
20
DIRECTIVE 2011/16/UE DU CONSEIL du 15 février 2011 relative à la coopération administrative dans le
domaine fiscal et abrogeant la directive 77/799/CEE
21
Au sein de l'UE, les revenus de l'épargne des personnes physiques non-résidentes sont soumis à la directive
sur la fiscalité de l'épargne. Cette dernière s'applique aux revenus sous forme de paiement d'intérêts effectués en
faveur d'individus résidant dans un Etat membre autre que celui où les intérêts sont perçus. La directive est en
vigueur depuis juillet 2005
23 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Tableau 4: Principales réglementations en cours d’élaboration en matière d’échange
automatique d’informations
Source: ABBL
24 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Au niveau international, le G20 avait réitéré à plusieurs reprises que l’échange
automatique d’informations doit devenir la norme internationale en matière fiscale
s’appliquant à tous. Actuellement, la Commission européenne accélère les
négociations avec les pays tiers européens afin qu’ils adoptent l’échange
automatique d’information, étant donné qu’elle a pour échéance le mois de
décembre 2014 et devra remettre aux chefs d’Etat et de gouvernement un rapport
faisant le point sur les négociations. Si fin 2014 les progrès étaient jugés insuffisants,
la Commission devra proposer d’autres mesures pour amener les pays tiers à
participer à l'échange automatique d'informations.
Le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins
fiscales (Forum mondial)22
a été créé au début des années 2000 dans le cadre des
travaux de l’OCDE sur les paradis fiscaux. Sa mission principale est de veiller à ce
que les normes internationales en matière de transparence et d’échange de
renseignements soient respectées et appliquées de la même manière par tous les
pays adhérents. La transparence et l’échange de renseignements recouvrent trois
composantes fondamentales:
– la disponibilité de renseignements bancaires, relatifs à la propriété des avoirs, à
l’identité et d’ordre comptable;
– l’accès approprié à ces renseignements, et
– l’existence de mécanismes d’échange de renseignements.
Des examens par les pairs (peer review) sont organisés pour vérifier la conformité
avec les normes. Ils se déroulent en deux étapes. La phase 1 permet de vérifier
l’existence des bases légales et réglementaires requises pour assurer un échange
efficace d’informations entre autorités compétentes, alors que la phase 2 examine la
mise en oeuvre des normes dans la pratique. Une fois les deux étapes terminées,
l’examen se conclut par une note qualitative globale23
.
Le Luxembourg avait réussi la première phase de l’examen par les pairs qui a débuté
en janvier 2011. Le rapport dit " phase 2 " avait jugé que les pratiques d’échanges
d’informations n’étaient pas totalement conformes aux normes internationales et il fut
reproché au Luxembourg de ne pas avoir utilisé toutes les capacités de récolte
d’informations et d’application de la loi pour obtenir dans tous les cas les
informations demandées.
A ce sujet, le CES encourage tout d’abord le Gouvernement à rester résolument
engagé sur la voie de la transparence et de l’échange d’informations à des fins
fiscales et regrette néanmoins que le Luxembourg ait été déclaré non-conforme
quant à la mise en œuvre desdites normes.
22
http://www.oecd.org/fr/sites/forummondialsurlatransparenceetlechangederenseignementsadesfinsfiscales/
23
La juridiction examinée reçoit alors l’une des quatre appréciations suivantes: "conforme", "largement
conforme", "partiellement conforme" ou "non conforme".
25 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Le CES juge que cette notation négative peut paraître démesurée, étant donné que
le Forum a estimé que le Luxembourg a échangé de fait des quantités considérables
d’informations et ce dans le respect des délais et que ce n’est qu’un nombre très
limité de réponses qui ont été jugées non-satisfaisantes. Il apparaît que même si le
Luxembourg n’est pas innocent à son sort, il a manifestement été ciblé par un
nombre très restreint de pays dont il faut croire qu’ils ont un intérêt politique au
dénigrement continu de notre place financière.
En effet, sur une période de trois ans, le Luxembourg a reçu 832 demandes
(beaucoup plus que d’autres pays24
) dont 785 ont été traitées favorablement, ce qui
représente près de 95%.
Il faudrait, aux yeux du CES, absolument revoir le système d’évaluation et introduire
un critère de proportionnalité, tel que proposé en novembre 2013 par le Ministre des
Finances. Il faudrait, en outre, introduire une sorte de garde-fou pour empêcher le
blocage pur et simple de ce système par un excès de demandes non-fondées.
Jusqu’ici le Luxembourg n’a ni usé, ni abusé de ce droit, mais il est évident qu’il
pourrait également se prêter à ce jeu qui, il est vrai, n’est pas très fair-play s’il est
pratiqué dans le seul but de faire condamner un autre Etat membre.
23 Au niveau de l’Union bancaire
La crise économique et financière a démontré la vulnérabilité du système bancaire
européen face aux perturbations. Des problèmes touchant une banque peuvent
rapidement s'étendre à d'autres établissements et affecter les épargnants, les
investisseurs, mais également les finances publiques des Etats membres. Les Etats
membres de la zone euro ont décidé de mettre en place un nouveau dispositif de
régulation bancaire ambitieux et complexe qui comporte trois piliers: l'institution d'une
fonction de superviseur unique des banques de la zone euro confiée à la Banque
centrale européenne (BCE), la mise en place d'un mécanisme commun de résolution
des crises bancaires et d'un système européen de garantie des dépôts .
L’objectif de l’Union bancaire est de créer un dispositif harmonisé de sauvetage et de
liquidation des banques pour casser le lien entre les faillites privées et les
sauvetages/endettements publics, d’atténuer le risque de contagion entre les Etats
membres et donc de renforcer la stabilité financière de la zone euro.
– La première composante-clé de l’Union bancaire est le " Mécanisme de surveillance
unique " (MSU) couvrant un grand nombre de banques de la zone euro et ouvert à
tous les Etats membres. Les Etats membres ont placé le MSU sous le contrôle de la
BCE entourée des autorités nationales compétentes pour garantir une supervision
cohérente du secteur bancaire dans la zone euro. Depuis le début 2014, la BCE
surveille donc directement près de 130 établissements jugés constituer un risque
systémique. Les autres 6000 banques de la zone euro restent soumises au contrôle
direct des autorités nationales, mais ce contrôle se fait d’après des règles unifiées
24
Certains pays n’ayant reçu aucune demande ou moins de 5 % du volume de demandes adressées au
Luxembourg ont été déclarés "largement conforme".
26 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
(single rule book) et chacun de ces établissements est susceptible d’être soumis au
contrôle direct de la BCE à première demande de celle-ci.
A priori, le CES pense qu’un contrôle direct et unifié des banques dans l'espace
européen est souhaitable pour prévenir des défaillances de banques individuelles
pouvant se propager à l'ensemble du système bancaire européen. Pour le
Luxembourg notamment cette option est bien préférable à une renationalisation du
monde bancaire, telle que les grands pays la préconisent volontiers en essayant
d’attirer les contrôles des grands groupes bancaires vers l’autorité en charge de la
maison-mère.
Les pays de l'UE hors zone euro ne reconnaissent pas l'autorité de la BCE et
échapperont donc au superviseur européen.
– Le second pilier de l’Union bancaire est constitué par le " Mécanisme de résolution
unique " (MRU).
Désormais, quand une banque est en difficultés, l'idée est de mettre en place un
système de "bail-in", pour que les banques soient renflouées en capital, en particulier
par leurs créanciers et leurs actionnaires, par opposition au "bail-out", privilégié
pendant la crise, qui consistait à injecter des fonds publics. Les premiers à payer
seront donc les actionnaires et les créanciers, qui devront couvrir au minimum 8%
des pertes de la banque avant que l'on puisse faire appel à des fonds nationaux de
résolution, financés par le secteur bancaire lui-même. Cette idée est controversée
car elle risque de précipiter les banques dans une crise de liquidité par le retrait
massif de clients qui craignent pour leurs créances. Mais il faut bien voir aussi que
c’est une sorte de retour à la normale, puisque le droit commun de la faillite soumet
les clients bancaires à un risque largement identique à ce que fera un système de
bail-in.
– Le mécanisme de résolution unique sera doté à terme d'un " Fonds de résolution
unique " (FRU), abondé par les banques elles-mêmes qui atteindra environ 55
milliards d'euros en 8 ans. Le fonds de résolution sera dans un premier temps
"compartimenté": chaque partie est alimentée par les banques d'un Etat et ne permet
de renflouer que les banques de cet Etat. Chaque Etat membre devra donc mettre
en place des fonds de résolution qui devront atteindre un niveau de 1% des dépôts
couverts dans les 8 ans. Ces règles entreront en vigueur début 2016. Cependant,
ces compartiments disparaîtraient progressivement pour aboutir à une mutualisation
des risques entre les pays de la zone euro, à travers un fonds unique à l'issue de
cette période de 8 ans. Il est par ailleurs prévu que le MRU soit adossé à terme à un
"filet de sécurité" (backstop) impliquant le Mécanisme européen de stabilité (MES),
qui permettra au fonds de résolution unique d'emprunter si ses propres ressources
se révélaient insuffisantes, à charge pour le secteur bancaire de rembourser in fine
ses emprunts.
Le CES fait remarquer que le fait que le fonds de résolution ne sera totalement
mutualisé qu’au bout de 8 ans n’est pas sans risques, tout comme l’on peut se poser
la question si le niveau de ressources propres du fonds européen de résolution
représente une garantie suffisante en cas de défaillance d’une banque. Ainsi, les
grandes banques systémiques continueront à être renflouées par des fonds publics
27 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
en cas de crise majeure. Mais il était difficile aussi de vouloir augmenter encore la
charge des banques en augmentant les montants en jeu ou en raccourcissant les
délais. Bref, le système reste un compromis entre le nécessaire et le possible.
D’autre part, le CES fait remarquer qu’en cas de défaillance d’une banque, un
conseil de résolution devra décider de recapitaliser l’établissement ou de le liquider
de manière ordonnée, ce qui nécessite des procédures simples pour permettre des
prises de décision rapides. Là encore, un compromis a été trouvé qui fait espérer
que des tergiversations judiciaires, telles que celles qui ont suivi notamment
l’effondrement de la FORTIS, appartiennent au passé.
– Le troisième pilier de l’Union bancaire sera constitué un jour par un système de
garantie et de dépôt unique. Jusqu’à présent la Commission européenne est arrivée
à harmoniser les systèmes de garantie de dépôt nationaux sans pour autant établir
entre eux une solidarité financière. Dans une première étape, les dépôts bancaires
seront couverts dans la limite de 100.000 euros par des systèmes de garantie qui
devront être mis en place dans chaque Etat européen. Au-delà de cette somme, les
personnes physiques et les petites et moyennes entreprises bénéficieront d'un
traitement préférentiel par rapport aux autres créanciers, en ce sens qu’ils seront
moins vite touchés par un " bail-in ". Dans un délai de 8 ans à partir de l'entrée en
vigueur de ces nouvelles règles, chaque mécanisme national de garantie devra
disposer d'un montant égal à 0,8% des dépôts couverts. Les banques y contribueront
en fonction de leur profil de risque.
Le CES constate que, dans l’espoir de protéger le contribuable, le mécanisme exige
une solidarité des banques prudentes et solvables avec celles qui ne le sont pas.
L’ensemble de l’Union bancaire établit des mécanismes lourds à porter pour
l’industrie financière européenne et va donc continuer à limiter la marge de
manœuvre des autorités nationales. Par contre, l’Union bancaire va définitivement
libérer le Luxembourg du reproche qu’il aurait une place financière surdimensionnée
par rapport au reste de son économie. En effet, le mécanisme de surveillance
unique, le mécanisme de résolution unique, le fond de résolution unique et, à terme,
le système de dépôt unique, vont créer un vrai marché unique des services
financiers qui fera de la place luxembourgeoise une place résolument européenne et
non plus nationale. Or, il faut bien comprendre que le marché unique des services
financiers est la condition indispensable pour la survie même de la place financière
du Luxembourg. C’est la raison pour laquelle le CES, tout en avertissant devant de
nouvelles procédures créées par l’Union bancaire, estime que cette dernière est
sans alternative et doit être embrassée positivement pas les autorités et par les
acteurs de la place.
24 Au niveau de la finance islamique
La finance islamique moderne a commencé à se développer au début des années
1970, notamment à cause d’une masse considérable de liquidités en provenance de
la région du Golfe persique générée par la flambée du prix du pétrole.
28 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Basée sur les principes de la charia, la finance islamique se distingue des pratiques
financières conventionnelles par une conception différente de la valeur du capital et
du travail. Ainsi, ces pratiques imposent justice, équité et transparence et mettent en
avant l'éthique et la morale. Il est indispensable que les investissements se fassent
uniquement dans les secteurs licites selon l’Islam.
Le système financier islamique exige également pour toute transaction financière
qu’elle se fonde sur un actif tangible afin de permettre le partage des pertes et profits
que cet actif génère. Ceci permet aux investissements d’être directement liés à
l’économie réelle. De ce fait, toute idée d’un intérêt ou d’une rémunération fixe,
déconnectée de la rentabilité de l’actif financé est exclue en finance Islamique.
En résumé, le modèle financier islamique repose sur cinq principes cardinaux:
• interdiction du “riba” (intérêt, usure);
• interdiction du “gharar” (spéculation) et du “maysir“ (incertitude);
• interdiction du “haram” (secteurs illicites);
• obligation de partage des profits et des pertes;
• obligation d’adosser les investissements à des actifs tangibles de l’économie réelle.
Chiffrée à 700 milliards de dollars sur le marché mondial en 2008, la finance
islamique se chiffre à quelque 1000 milliards de dollars aujourd’hui sur le marché
mondial, ce qui témoigne d’une forte capacité à résister à un environnement difficile
et en mutation.
Selon les estimations du FMI, il existe actuellement plus de 300 institutions
islamiques opérant dans plus de 75 pays. Selon les mêmes statistiques, l’industrie a
connu une croissance annuelle moyenne d’environ 15% pendant les dix dernières
années. Leurs prévisions indiquent que cette tendance devrait perdurer durant les
années à venir en fonction des pratiques réglementaires qui seraient mises en place.
Le dynamisme et l’expansion rapide de la finance islamique comme modèle alternatif
de l’intermédiation financière, reflète sa capacité à répondre à l’évolution structurelle
de la demande des consommateurs, ainsi que des entreprises.
Avec la libéralisation accrue, le système financier islamique est devenu plus
diversifié et a gagné de plus en plus de profondeur. Ce mode de financement est
devenu une partie intégrante du système financier mondial. Le paysage financier
islamique a été transformé de manière radicale avec un nombre d’acteurs croissant
et une gamme étendue de produits et services. La finance islamique semble être
actuellement un des segments les plus dynamiques de l’industrie internationale des
services financiers.
Le CES pense que le Luxembourg devrait profiter de cette niche en plein
développement et élargir son offre de produits en lançant, par exemple, un projet de
création d'un sukuk afin de profiter de ressources financières inexploitées au sein
des pays musulmans. Ceci pourrait constituer un préalable utile à un véritable
développement de la finance islamique au Luxembourg.
29 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Les obligations islamiques dites « sukuk » représentent pour leur titulaire un titre
dont la rémunération et le capital sont indexés sur la performance d'un ou plusieurs
actifs détenus par l'émetteur, affectés au paiement de la rémunération et au
remboursement du sukuk. Ils sont l’équivalent islamique du financement obligataire
pour les entreprises et les émetteurs souverains qui souhaitent se conformer aux
principes de la Sharia. Il s'agit de produits financiers adossés à un actif tangible et à
échéance fixe. Les sukuk confèrent un droit de propriété sur les actifs de l’émetteur,
et le porteur reçoit une partie du profit attaché au rendement de l’actif sous-jacent.
Ainsi, l'intérêt est remplacé par un profit prévu à l'avance.
Les sukuk sont un moyen de financement, mais surtout un moyen redoutable de
mobilisation de l’épargne, et présentent donc un intérêt stratégique en termes de
liquidités.
Fort d’un secteur bancaire et de gestion d’actifs les plus développés mondialement,
le Luxembourg devrait développer davantage ses activités en matière de finance
islamique et investir un marché financier encore peu développé qui s’avère une
alternative intéressante à la saturation des produits financiers conventionnels. En
effet, la Grande-Bretagne mise à part, les autres pays européens n'ont pas encore
investi ce marché de façon significative si ce n’est que quelques banques qui ont
développé des "fenêtres" (windows) islamiques en proposant des services conformes
au Coran.
Deux choses sont cependant à retenir à cet égard:
– la finance islamique pourra être une niche dans une panoplie de produits; elle doit
donc faire partie d’une stratégie de diversification et ne sera pas – à elle seule - un
pilier majeur de la place;
– le Luxembourg peut offrir ses services aux spécialistes de la finance islamique; il ne
doit pas s’ériger en maître en face de clients qui sont souvent originaires de pays à
tradition musulmane en face desquels il serait cavalier de s’ériger en donneur de
leçons.
25 Au niveau de l’évolution des métiers et des formations nécessaires
Tout d’abord, il faut être conscient que les métiers de demain ne sont pas connus en
détail. Des changements de tendance peuvent intervenir très rapidement et le
secteur financier est soumis à des cycles influençant fortement son évolution. A noter
aussi que le type de clientèle, à laquelle s’adresse l’offre luxembourgeoise, tend à
devenir de plus en plus sophistiqué et les demandes en émanant de plus en plus
complexes.
Il est donc difficile de dire s’il y aura des ajustements et/ou réallocations de l'emploi à
l’intérieur du secteur, mais en règle générale les profils très qualifiés sont recherchés
de plus en plus. La connaissance des langues, voire même des cultures d’autres
marchés, comme par exemple celles des marchés émergents, est également de
grande importance.
30 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Au niveau du secteur bancaire en général et de l’assurance (assurances-vie
commercialisées en libre prestation de services), le constat est bien souvent similaire
avec une tendance qui va clairement vers des profils de type BAC +5 avec des
connaissances juridiques associées à un savoir poussé en ce qui concerne différents
régimes fiscaux applicables.
Le Luxembourg étant spécialisé dans l'administration et la gestion de fonds, les
emplois dans ce domaine se situent généralement à un niveau Bac +2 avec accent
sur la comptabilité, mais plus récemment également à un niveau Bac +5 dans les
domaines "risk management" et "compliance & legal " nécessitant des
connaissances juridiques approfondies afin de pouvoir mettre en œuvre
correctement les réglementations européennes (et/ou internationales).
Pour que le Luxembourg puisse être davantage actif dans la conception de produits
innovants pouvant créer des avantages compétitifs par rapport aux concurrents, il est
primordial de s’assurer une disponibilité suffisante de la main-d'œuvre hautement
qualifiée nécessaire pour occuper ces postes.
251 La formation initiale
Afin que le secteur financier ait à sa disposition la main-d’œuvre qualifiée, voire
hautement qualifiée, dont il a besoin pour se développer, il convient d’agir à plusieurs
niveaux.
De façon générale, il convient d’améliorer le niveau de l’éducation secondaire des
élèves et de rapprocher le monde de l’école et le monde du travail, sans que cette
amélioration ne se réalise dans une approche purement fonctionnelle et au détriment
de connaissances solides en matière de culture générale. Le système éducatif
multilingue a des avantages certains, mais cependant, étant donné l’importance de la
langue anglaise dans le milieu des affaires, le CES préconise de renforcer
l’apprentissage de cette langue.
Concernant plus particulièrement le secteur financier, le CES préconise un échange
de vues accru entre les professeurs de sciences économiques et les professionnels
du secteur financier afin d’approfondir les connaissances des élèves en matière
d’éducation financière.
Dans ce contexte, il est à noter que le CES est en contact avec des représentants de
la Conférence nationale des professeurs en sciences économiques et sociales pour
débattre de la place et du contenu des sciences économiques et sociales dans
l’enseignement secondaire classique et technique. Aux yeux du CES, de bonnes
connaissances de base en matière économique et financières sont indispensables
pour tous les jeunes même s’ils ne comptent pas s’orienter vers les métiers de la
finance. Le CES considère ces connaissances comme indispensables et devant faire
partie intégrante d’une culture générale adaptée au monde moderne.
A côté d’une amélioration des connaissances financières des jeunes, le CES pense
que les établissements scolaires et les acteurs du secteur financier devraient
procéder de façon régulière à un échange d’information et de communication, vu que
les différents débouchés et métiers du secteur financier sont méconnus par le grand
31 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
public et ne sont souvent pas perçus de façon positive. Or des renseignements plus
poussés sur la place financière du Luxembourg permettront aux élèves et étudiants
de mieux connaître les métiers de la finance et donc, le cas échéant, d’orienter leur
formation supérieure universitaire en connaissance de cause vers les métiers
d’avenir de la place.
En matière de formation préparant aux métiers de la finance, il y a lieu de rappeler
que l’accord sur la formation faisant partie de la convention collective du secteur,
constitue un outil important pour répondre aux besoins des employeurs et des
salariés. L’accord, qui peut même s’appliquer aux salariés qui ne tombent pas sous
le champ d’application de la convention collective, prévoit plusieurs types de
formations, parmi lesquelles l’on retrouve une " formation insertion " où les employés
sans expérience bancaire préalable sont engagés avec une période d'insertion ayant
pour objectif de les préparer au mieux aux tâches qu’ils devront accomplir
ultérieurement. Le recours à la formation d'insertion destinée à l'apprentissage de la
spécificité de la place financière luxembourgeoise, des techniques bancaires et des
connaissances générales professionnelles requises, devrait être davantage promu.
252 La formation supérieure
L’éducation supérieure en matière de finance est assurée depuis quelques années,
par l’Université du Luxembourg à travers la Luxembourg School of Finance, qui
propose deux masters en finance (" banking and finance " et " wealth
management "). Si ces masters très spécialisés ne s’adressent qu’à un panel limité
d’étudiants, ils attirent néanmoins des enseignants hautement qualifiés et des
étudiants disposant déjà d’un bagage solide en matière économique et financière. Le
CES salue les retombées bénéfiques de cette formation universitaire en matière
financière sur la place financière luxembourgeoise, qui y gagne en solidité, en
crédibilité et en prestige. Toujours est-il qu’afin de profiter pleinement de l’expertise
qui provient de cette formation universitaire, il faut prendre des mesures adéquates à
l’encontre des étudiants de pays non européens pour encourager et faciliter leur
insertion sur le marché du travail local après l’obtention du diplôme.
Dans le même ordre d’idées, il faut accélérer les procédures d’octroi de la carte
bleue européenne pour les ressortissants de pays tiers hautement qualifiés.
Au-delà de la recherche d’une main-d’œuvre internationale qualifiée, le CES estime
toutefois que le recours à la main-d’œuvre localement disponible doit constituer la
voie royale pour combler les vacances de poste dans le secteur. Ceci passe
également à travers la formation professionnelle continue et les possibilités de
réorientation professionnelle afin de maintenir l'employabilité des salariés, de rendre
possible des perspectives d’évolution de carrière et d’assurer, dans la mesure du
possible, le maintien dans l’emploi au niveau du secteur financier.
32 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
253 La formation continue
En ce qui concerne la formation professionnelle continue des salariés du secteur
financier, l’Institut de formation du secteur bancaire (IFBL) créé par l’Association des
banques et banquiers (ABBL) dans les années 90, donne des cours taillés sur
mesure pour et par les professionnels du secteur financier.
L’IFBL et les associations professionnelles des différents métiers de la finance en
compliance, risk management, etc., souhaitent obtenir une certification des
formations dispensées par le biais d’un agrément de la part de la Commission de
Surveillance du Secteur Financier (CSSF), voire pour ce qui est du volet assurantiel
du Commissariat aux Assurances. Le CES salue et approuve cette démarche de
l’IFBL car la certification du diplôme confère une qualification généralement reconnue
au salarié qui peut s’en prévaloir auprès de tout employeur du secteur financier.
Les chambres professionnelles offrent également des formations continues
spécialisées dans le domaine de la finance.
A noter que l’accord de formation prévu dans le cadre de la convention collective
prévoit une formation de perfectionnement et une formation de réorientation. Les
deux types de formation rentrent dans le contexte de la formation professionnelle
continue visant à garantir l’employabilité du salarié, et ceci par l’acquisition de
nouvelles connaissances ou la pérennisation de ses compétences actuelles en
relation avec son travail. Dans le même ordre d’idées, la formation continue vise à
éviter la perte d’emploi due respectivement à l’évolution significative ou à la
disparition du poste de travail.
L’élaboration du programme de formation de perfectionnement découle des besoins
de formation constatés lors de l’entretien annuel ou autres. Le recours à la formation
de perfectionnement devrait être promu de manière conséquente pour garantir le
niveau de l’employabilité élevé aux salariés tout au long de leur carrière tant au
niveau de l'entreprise que dans le secteur financier.
Pour le groupe salarial, en ce qui concerne la formation de réorientation, le besoin
en formation est constaté par un « assessment center » au sein des entreprises en
accord avec les représentants du personnel dès l'annonce de problèmes
économiques dans l'entreprise.
Le CES estime qu'une connaissance précise et détaillée des profils recherchés à
l’avenir, combinée à une veille économique efficiente, seraient les outils idéaux pour
réussir une réorientation efficace des profils existants en temps utile. Cependant, il
est très difficile de prévoir les tendances futures et des situations très diverses
peuvent se présenter au vu des profils hétérogènes des établissements bancaires au
Luxembourg, qui comptent beaucoup d’entités de petite taille (44 banques < 50
employés, 60 banques < 100 employés) à côté des grandes banques universelles.
En fin de compte, les décisions stratégiques sont souvent prises à l’étranger au sein
des maisons mères, ce qui enlève toute visibilité à MT et LT pour les activités sises
au Luxembourg.
33 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
En tout état de cause, une bonne collaboration entre employeurs et représentants du
personnel est impérative dans ce domaine, que ce soit au niveau de l’élaboration des
programmes de formation professionnelle ou dans la gestion anticipée de
reconversions professionnelles.
Rappelons également que le projet de loi portant réforme du dialogue social à
l'intérieur des entreprises prévoit que dans les entreprises occupant au moins 150
salariés, les décisions portant sur l'établissement et la mise en œuvre de tout
programme ou action de formation professionnelle continue, devraient être prises
d'un commun accord entre I'employeur et Ia délégation du personnel.
254 La formation de réorientation en cas de perte d’emploi
En matière de formation de réorientation en cas de perte d’emploi, l’IFBL, l’ABBL et
l’ADEM ont lancé avec le support du Ministère du Travail et de l’Emploi, le
programme " Fit for Financial Market " dans le cadre du projet " Fit4Job25
", dont
l’objectif est d’encadrer les demandeurs d’emploi sélectionnés par l’ADEM, qui ont
perdu leur emploi au sein du secteur financier.
La démarche consiste à effectuer un diagnostic des compétences techniques des
personnes concernées, sur base duquel elles pourront être réorientées, moyennant
une formation qualifiante en cas de besoin, vers le secteur financier ou tout autre
secteur de l’économie. Le CES propose de faire une évaluation chiffrée de ce
programme.
Le demandeur d’emploi bénéficie d’un encadrement adéquat et est certifié " Fit for
Financial Market " après avoir suivi la formation de l’IFBL avec succès. Par ailleurs, il
peut s’inscrire sur une plateforme électronique interactive où les employeurs du
secteur financier ont la possibilité de publier les postes vacants et de faire des
recherches de profils adaptés. Le CES rappelle à cet égard que ceci ne déroge pas à
l’obligation légale des banques de déclarer toutes les vacances de postes à l'ADEM.
Le CES est d’avis que ce programme pourrait permettre d’augmenter
considérablement les chances pour les demandeurs d’emploi concernés de retrouver
à courte échéance un nouvel emploi. Le CES propose aux partenaires sociaux de
réfléchir à une extension de ce programme de manière générale à toutes les
personnes qui, pour des raisons économiques, perdent leur emploi dans le secteur
financier.
Ainsi, les partenaires sociaux du secteur financier pourraient convenir que toute
personne licenciée pour raisons économiques suite à un plan social, se soumette à
un bilan de ses compétences " techniques " et soit ensuite inscrite, avec son
consentement, sur la plateforme électronique destinée à mettre en rapport les offres
et les demandes d’emploi.
25
Voir aussi: https://www.fit4job.lu/
34 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
La création d’un " pool emploi " pour le secteur, géré en accord avec les partenaires
sociaux, pourrait également constituer un outil intéressant pour aider à gérer les
restructurations et couvrir les nouveaux besoins en main-d’œuvre.
Cette démarche aurait le double avantage de préserver le savoir-faire de ces
personnes qualifiées au Luxembourg et de donner un encadrement et une
perspective aux personnes qui ont perdu leur emploi.
26 Au niveau des défis de la place financière en termes d’image
Bénéficier d’une image de marque positive est essentiel au maintien du Luxembourg
en tant que terre d’accueil des investissements étrangers et au rayonnement
international de sa place financière. Néanmoins, la place financière du Luxembourg
souffre d’un déficit d’image reléguant ainsi son expertise au second plan. Cette
dernière reste donc en quête d’une image de marque, trouvant échos auprès du
public étranger et capable de refléter la mutation et la diversification du secteur,
amorcée depuis plusieurs années.
Dans l’histoire, les centres financiers comme le Luxembourg, dont l’attractivité n’était
pas menacée, ont peu ressenti le besoin de focaliser leurs efforts sur la promotion de
leur place financière. Or, depuis la crise financière, l’aspect de réputation joue un rôle
crucial à la pérennité du secteur.
Il est à noter que l‘image du Luxembourg souffre d’un manque d’homogénéité et que
sa perception se décline de manières différentes auprès des professionnels du
secteur et des médias étrangers. En effet, la place financière fait l’objet de préjugés
persistants véhiculés par la presse internationale des pays voisins, dont les attaques
influencent grandement l’opinion publique à l’étranger.
Cette dernière doit, dès lors, faire face à une série de défis afin de dépasser le cliché
de "paradis fiscal" qu’on lui confère. Accompagner le besoin de transparence partagé
par l’ensemble des places financières, faire face à des tendances nationalistes de
pays voisins, à une concurrence croissante des centres financiers hors-UE sont,
entres autres, les enjeux d’image auxquels le Luxembourg continuera à devoir faire
face.
Afin de développer et définir une image de qualité, il est nécessaire de faire appel à
des professionnels dans l’élaboration de la marque “Luxembourg“, d’implémenter
une stratégie de communication coordonnée au niveau national, de consolider les
relations avec les médias étrangers et de poursuivre les efforts de promotion de la
diversité de l’économie et du secteur financier.
Ainsi, Luxembourg for Finance travaille à la promotion de la place financière à
l’étranger et à la coordination de messages clés fondés sur l’expertise, le caractère
innovant et international du secteur.
35 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Enfin, la mise en place officielle d’un comité de coordination interministériel et
interinstitutionnel en matière de " Nation Branding " jouera un rôle primordial dans
l’élaboration de l’image de marque du Luxembourg, en tant que terre d’accueil
d’investissements étrangers, en tant que pays exportateur et en tant que destination
touristique, culturelle et commerciale.
27 L'importance de la veille économique
La veille économique constitue également un élément crucial pour anticiper les
évolutions du marché et appréhender celles des concurrents. Elle comprend
l’ensemble des activités de collecte et de diffusion de l’information provenant de
l’analyse des activités des principaux concurrents. Cette information doit être
analysée et aboutir sur de nouvelles pistes de développement de l’activité de la place
financière.
3 CONCLUSIONS ET PISTES A SUIVRE
31 Les avantages existants
Les avantages classiques du Luxembourg restent les mêmes. Il n’est pas original de
les citer, pourtant, ils ne doivent être sous-estimés.
Tout d’abord, l’appartenance à l’UE et à la Zone Euro est indéniablement un atout
important de la place financière, tout comme la stabilité politique, économique et
sociale du pays en général.
Par ailleurs, l’aspect multi-culturel, multi-lingue et ouvert, combiné à une qualité de
vie élevée, contribue à l’attrait du Grand-Duché. C’est à ce point vrai que la spécialité
même de la place est sa capacité à gérer des problèmes transfrontaliers et
internationaux. Le revers de la médaille est que l’on exige souvent du Luxembourg
de se limiter à un marché correspondant à sa taille.
Or, l’ouverture du pays vers l’ensemble de l’Europe, sinon même le monde est la
chance essentielle du pays qui peut se vanter d’augmenter actuellement le nombre
de banques justement parce que les acteurs bancaires non européens trouvent
mieux ici qu’ailleurs l’accès au marché européen.
Notons que le Moyen-Orient, Hong Kong ou encore Singapour ont profité de la crise
en Europe pour développer leur secteur financier et que, par conséquent, le
Luxembourg doit se tourner vers ces derniers pour déployer sa place financière. De
plus, ces pays disposent des compétences et des ressources humaines nécessaires
pour maintenir leur place financière dominante. La diversification géographique des
clients de la place financière est donc très importante.
Finalement, l’existence d’infrastructures IT performantes est un grand atout qui
cependant exige des investissements en continu.
36 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
32 Les évolutions majeures
Quelques grandes tendances viendront marquer le sort de la place financière du
Luxembourg à moyen terme. Le maître mot de l’avenir sera la réglementation
puisqu’on considère que l’activité financière aurait pris une trop grande part dans le
produit intérieur brut de l’économie de la planète due notamment à une prise de
risque exagérée. Maintenant, après l’éclatement de la crise, la priorité est donnée à
la réduction de l’effet de levier et donc au risque inhérent au secteur financier.
Cette évolution aura un impact certain aussi sur la place financière luxembourgeoise
dont le développement dépend de sa capacité d’exporter des services financiers.
Suite à la tendance actuelle vers une harmonisation réglementaire accrue et vers
une renationalisation du secteur financier, les filiales luxembourgeoises continueront
à perdre de l’influence vis-à-vis de leurs maisons mères. Il sera de plus en plus
difficile pour les acteurs du secteur financier de se positionner au sein de leurs
groupes. Les attaques incessantes contre la réputation de la place financière
rendront cette tâche encore plus ardue.
Au niveau de l’Europe, l’évolution essentielle sera l’Union bancaire. Elle impliquera
une harmonisation intégrale de la réglementation bancaire (Single rule book) et
réduira donc d’autant notre marge de manœuvre et notre souveraineté. Elle nous
enlèvera aussi la souveraineté de la surveillance, mais renforcera la stabilité
financière de l’Europe et aussi de notre propre place financière.
De manière générale, l’augmentation des coûts liés à la conformité aux différentes
réglementations en est une conséquence logique pour le Luxembourg et toutes les
autres places financières. Cela n’interdit pas pour autant de développer de nouvelles
niches de compétence (cf. AIFMD, Finance Islamique & Moyen-Orient, Banques
Chinoises & renminbi, Family offices,…).
Malgré ces nouvelles contraintes, vraies pour tous les acteurs européens, les acteurs
luxembourgeois continuent à évoluer au milieu d’un vivier qui est en développement,
soit par les activités des sociétés de gestion des fonds, par les PSF et PSA ou
encore par les activités ancillaires au secteur financier.
Et même si la mise en conformité avec ces réglementations nécessite des
investissements importants, une faculté d’adaptation rapide constitue dans ce
contexte un atout compétitif et pourrait permettre de gagner des parts de marché.
Par ailleurs, une réglementation conséquente, et mondiale, des secteurs financiers
est également dans l’intérêt de la place financière luxembourgeoise afin d’éviter
qu’une crise similaire à celle éclatée en 2008 ne se reproduise.
Au niveau européen, les tendances décrites plus haut conduisent à une
fragmentation du marché unique étant donné que des règlementations nationales se
superposent à des directives européennes, bien souvent au motif d’une protection
accrue de l’investisseur ou du consommateur, mais consistant en réalité en du
protectionnisme plus ou moins affiché ouvertement. Il y a lieu à cet égard de veiller à
ce que la liberté d’établissement établie par les directives européennes et le " level
playing field " au niveau européen, soit respectée.
37 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Pour ce qui est de sa connotation fiscale, le secret bancaire a vécu.
Le plus important à retenir actuellement sur la question du secret bancaire perdu est
que ce n’est pas là que se situe l’essentiel des défis, mais que le Luxembourg doit
tenter de profiter de la transparence fiscale dans la recherche de nouveaux clients
tout en préservant la protection des données personnelles. La place financière est
débarrassée d’un problème d’image qui était devenu de plus en plus difficile à gérer.
Deux situations caractérisent l’emploi.
1. L’emploi total augmente moins rapidement dans le secteur financier.
2. La réduction d’activité de certains acteurs amène des restructurations avec leur lot
de plans sociaux et un certain chassé-croisé en matière d’emploi.
Les restructurations et réorientations de stratégie entrainent des mouvements dans
tous les sens, qui font que la place subit de nombreux plans sociaux et que cette
situation semble continuer encore dans les mois, voire dans les années à venir. La
situation statistique cache une grande hétérogénéité sur les établissements de la
place. On a l’impression qu’un certain nombre de grands établissements investissent
activement dans leur présence au Luxembourg, alors que d’autres de taille plus
réduite risquent de disparaître. Pourtant, les entreprises du secteur craignent que la
tendance générale de rétrécissement des marges et d’augmentation des coûts ne
perdure, même en-dehors d’un scénario de crise aiguë dans les mois et années à
venir.
La pénurie de spécialistes sur la place financière est actuellement moins ressentie à
cause de la crise financière et de la réticence à l’embauche de la part des
entreprises. Pourtant, que l’on soit en période de pénurie ou en période d’excès de
main-d’œuvre, la formation reste un élément clé de la gestion des personnes et du
savoir-faire sur la place financière.
33 Les pistes à suivre
De manière générale, le CES estime que les efforts de promotion de la place
financière ne sont pas en relation avec l’importance du secteur, surtout au vu des
développements possibles à l’avenir. Il serait d’ailleurs souhaitable de mieux faire
connaitre le secteur financier et plus particulièrement l'industrie des fonds du
Luxembourg, y compris au Grand-Duché lui-même.
La banque privée et les acteurs du secteur de l’assurance-vie opérant en libre
prestation de services seront amenés à consolider leur expertise dans le domaine de
l’ingénierie financière et de la structuration patrimoniale et s’adapter davantage à
une clientèle sophistiquée et bien informée.
Dans un contexte de concurrence accrue et de possibilités de développement
restreintes, la place financière du Luxembourg se doit d’élaborer une stratégie de
rétention de clients en Europe, ainsi que de diversifier sa clientèle en dehors
de l’UE.
38 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014)
Le développement des initiatives en matière d’investissements "éthiques" (finance
islamique, microfinance, écotechnologies, etc.) et la création de hubs et de
plateformes spécialisées (pour les services de paiements, les services de
règlement/compensation, etc.), sont également des niches à ne pas négliger.
Un des principaux défis est de se doter d'une main-d’œuvre hautement qualifiée ou
de former les employés de la sorte à pouvoir se positionner sur les segments
porteurs de croissance et d’assurer le développement de nouvelles activités, ainsi
que la faculté d’adaptation aux nouvelles réglementations. Conformément au projet
de loi relatif au dialogue social à l’intérieur des entreprises, l’organisation de la
formation continue devrait se faire en accord avec les représentants du
personnel, le cas échéant sur base des outils existant dans la convention collective
du secteur. La création d’un " pool emploi " pour le secteur peut aussi aider à gérer
les restructurations et couvrir les nouveaux besoins en main-d’œuvre.
Une veille économique efficace est un complément indispensable à cet égard. Elle
doit être systématisée car elle peut constituer l’élément déterminant pour développer
des nouveaux produits nécessaires pour rester compétitif et pour anticiper les
besoins en formation continue.
Concernant l’industrie des fonds, les consolidations prévues suite à l’introduction de
la directive UCITS 4 et de la directive sur les gestionnaires de fonds d'investissement
alternatifs, représente des opportunités pour le Luxembourg. Ainsi, le Luxembourg
pourrait accueillir une grande partie des fonds alternatifs "offshore" souhaitant
devenir "onshore" en se re-domiciliant sous un label UCITS. Afin d’éviter que des
services de "back office" soient exportés dans des pays meilleur marché, le
Luxembourg devra renforcer sa valeur ajoutée et étendre ses activités dans la chaine
de valeur, notamment dans le "middle office".
Si dans le passé, l’innovation n’a pas joué un rôle primordial dans le secteur financier
luxembourgeois, il ne faut néanmoins pas ignorer son importance croissante qu’elle
revêt aujourd’hui dans un marché de plus en plus concurrentiel, d’une part, et
harmonisé d’autre part. La raison en est que les centres de décision en matière
d’innovation de la majorité des banques de la place se trouvent à l’étranger, d’une
part, et qu’au niveau du secteur, il n’y a pas de véritable culture de l’innovation
observable, ni d’approche structurée.
Si les innovations provoquant de véritables ruptures au niveau des produits et
services financiers sont en général plutôt rares dans le secteur, la plupart des
innovations sont de type incrémental. Par ailleurs, les exemples cités ci-dessus
illustrent cet état des choses.
L’innovation peut se faire au niveau des produits et services proposés à une clientèle
de plus en plus exigeante, au niveau des processus internes des établissements
(dont la veille concurrentielle, économique et technologique), au niveau des
technologies mises en œuvre (canaux de distribution) et finalement au niveau de
modèles d’affaires nouveaux.
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CES Avis

  • 1. CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) "Perspectives économiques sectorielles à moyen et long terme dans une optique de durabilité"  Le secteur financier  Le secteur industriel  Le secteur financier  Le secteur industriel Luxembourg, le 6 juin 2014 1er volet AVIS
  • 2. I CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) page: PREAMBULE 1 1 LE SECTEUR FINANCIER AU LUXEMBOURG 3 11 L’évolution récente 3 12 Les 5 piliers stratégiques du secteur financier du Luxembourg 5 121 La banque privée 5 122 La gestion d’actifs et les fonds d’investissement 10 123 Le secteur des assurances 13 1231 Le marché national 15 1232 Le marché international 16 124 Les crédits internationaux 18 125 Les financements structurés 20 2 LES PRINCIPAUX ENJEUX 20 21 Au niveau des réglementations et directives 20 22 Au niveau de l’échange de renseignements en matière fiscale 22 23 Au niveau de l’Union bancaire 25 24 Au niveau de la finance islamique 27 25 Au niveau de l’évolution des métiers et des formations nécessaires 29 251 La formation initiale 30 252 La formation supérieure 31 253 La formation continue 32 254 La formation de réorientation en cas de perte d’emploi 33 26 Au niveau des défis de la place financière en termes d’image 34 27 L'importance de la veille économique 35 3 CONCLUSIONS ET PISTES A SUIVRE 35 31 Les avantages existants 35 32 Les évolutions majeures 36 33 Les pistes à suivre 37 LE SECTEUR FINANCIER S O M M A I R E
  • 3. II CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Tableau 1: Evolution des résultats du secteur bancaire depuis 2005 3 Tableau 2: Composition de la population mondiale d’IF par tranche de patrimoine, 2012 6 Tableau 3: Aperçu des coûts règlementaires 8 Tableau 4: Principales réglementations en cours d’élaboration en matière d’échange automatique d’informations 23 Graphique 1: Evolution de l’emploi dans les banques, PSF et sociétés de gestion 4 Graphique 2: La richesse dans le monde en 2013 6 Graphique 3: Prévisions de richesse des IF, 2010-2015 (par région) 7 Graphique 4: Parts de marché (en %) des promoteurs des fonds luxembourgeois par nationalité en termes d’actifs nets sous gestion 11 Graphique 5: Les OPC luxembourgeois depuis 1984 12 Graphique 6: Part de marché des fonds luxembourgeois par rapport au total du marché transfrontalier de fonds 13 Graphique 7: Part des différentes branches d’assurance (2013) 14 Graphique 8: Evolution du nombre de salariés du secteur des assurances de 2002 à 2012 14 Graphique 9: Evolution des primes assurance-vie international 16 Graphique 10: L’origine des primes (2013) 17 Relevé des tableaux et graphiques
  • 4. III CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) 1 L’INDUSTRIE AU LUXEMBOURG 41 11 Le développement de l’industrie au Luxembourg 41 12 Les caractéristiques générales de l’industrie au Luxembourg 41 13 La place de l’industrie dans l’économie luxembourgeoise 44 2 LA MATRICE D’ANALYSE DU SECTEUR INDUSTRIEL ELABOREE PAR LE CES 48 21 La démarche du CES 48 22 Présentation de la matrice 50 3 L'ANALYSE ET LES RECOMMANDATIONS DU CES SELON LES PRINCIPAUX FACTEURS D’INFLUENCE PRIS EN COMPTE 51 31 L'intensité capitalistique et la politique d'investissement 51 32 Les politiques énergétique et climatique 52 33 La qualification de la main-d’œuvre et la politique de formation 54 331 Liminaire 55 332 Faciliter l’accès à la qualification pour les salariés non qualifiés 56 333 Introduire des périodes de professionnalisation 56 334 Promouvoir le « work based learning » dans le secteur industriel 57 335 Créer des centres sectoriels de formation 57 336 Renforcer les ressources et élargir l’offre en matière de formation industrielle 58 34 Le commerce extérieur 59 35 La politique de la recherche et développement et d'innovation (RDI) 60 4 LES RECOMMANDATIONS DU CES AU SUJET D’AUTRES ELEMENTS DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT DE L’INDUSTRE 62 41 Les infrastructures 62 42 Le temps de réaction 63 43 Les matières premières 64 44 La sécurité et santé au travail 65 LE SECTEUR INDUSTRIEL
  • 5. IV CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Tableau 1: Commerce extérieur du Luxembourg par catégorie de marchandises en millions EUR 2000-2013 42 Tableau 2: Evolution de la VA en volume par produit (en % par an) 46 Tableau 3: La matrice d'analyse 50 Graphique 1: Déficit de la balance commerciale 42 Graphique 2: Evolution de l’emploi total par branche d’activité (2000-2012) 45 Graphique 3: Part de l’emploi du secteur industriel dans l’emploi total en 2000 et en 2012 45 Graphique 4: Evolution de la VAB en volume par secteur économique (2000-2012) 46 Graphique 5: Part salariale dans la VAB (%) y inclus les remboursements chômage partiel 47 Relevé des tableaux et graphiques
  • 6. 1 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Le présent avis sur les perspectives économiques sectorielles à moyen et long terme dans une optique de durabilité est émis sur la base d'une saisine propre du CES, décidée par l'Assemblée plénière du 12 janvier 2012 dans le cadre de la déclaration d'accord sur un programme d’activité du CES pour la période 2012-2014. Le programme et les saisines propres y retenus ont été communiqués au Premier Ministre et au Gouvernement. A l'époque, ce programme a été arrêté pour surmonter les blocages intervenus au CES en 2010. Compte tenu des situations spécifiques à chaque secteur économique, le CES a décidé de les aborder séparément et d'arrêter les différents volets de l'avis, dès finalisation. Le présent avis porte sur les secteurs financier et industriel. Il constitue donc le premier volet de l’avis du CES sur les perspectives de l’économie luxembourgeoise, secteur par secteur, à moyen et long terme dans une optique de durabilité. Les différents aspects en relation avec les secteurs ont été abordés dans une approche prospective en fonction des besoins économiques et sociétaux futurs et sur la base d'un modèle de développement/croissance soutenable du pays à moyen et long terme. L’avis comprend tout d’abord une brève présentation des deux secteurs, avec notamment un relevé de leur poids relatif en termes d'emploi, de valeur ajoutée, des marchés destinataires en termes géographiques et institutionnels, des principaux concurrents, etc,… . Après l'analyse de la situation sectorielle actuelle, sont développées des perspectives de développement sectoriel à plus long terme, c'est-à- dire à l'horizon 2020. Finalement, le CES tire les conclusions de ces analyses et formule des recommandations en vue de favoriser un développement à l'horizon 2020 dans un esprit de durabilité. Cet avis sera suivi par l’analyse d’autres secteurs qui font l’objet d’avis futurs, à savoir notamment l’artisanat, le commerce, le transport et la logistique, etc …. PREAMBULE
  • 8. 3 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Perspectives du secteur financier du Luxembourg 1 LE SECTEUR FINANCIER AU LUXEMBOURG 11 L’évolution récente Le secteur financier au sens large est incontestablement le secteur économique dominant du Grand-Duché de Luxembourg. Il compte actuellement 149 banques, 38811 fonds d’investissement, 92 compagnies d’assurances et 310 professionnels du secteur financier (PSF). Dans les études présentées régulièrement par Deloitte, la place financière contribue pour environ un tiers au PIB et aux recettes fiscales de l’Etat (y compris l’impôt sur les salaires) et représente 17% de l’emploi (soit 65.000 emplois2 ). En y ajoutant les nombreux professionnels qui pivotent autour de la place financière3 , l’importance du secteur financier pour l’économie luxembourgeoise devient encore plus apparente. Après la croissance spectaculaire des années ’80, ’90 et de la première moitié des années 2000, le secteur financier européen et international connaît de grandes difficultés depuis le début de la crise en 2007 et surtout après la faillite de Lehman Brothers en automne 2008. Le Luxembourg n’en est pas épargné. A partir de 2011, les résultats s’améliorent à nouveau. Tableau 1: Evolution des résultats du secteur bancaire depuis 2005 Source: CSSF. (1) Depuis 2008, sous le référentiel comptable IFRS et le reporting harmonisé européen Finrep, ce poste comprend aussi d'éventuels crédits d'impôts, ainsi que d'éventuelles charges d'impôts différés (positives et négatives). 1 2.530 entités ont une structure à compartiments multiples (ce qui représente 12.323 compartiments) et 1.351 entités sont à structure classique, ce qui fait un total de 13.674 unités actives sur la place financière (Newsletter de la CSSF – avril 2014). 2 23% des salariés ont la nationalité luxembourgeoise et les 77% restants se composent de résidents étrangers et de frontaliers français, belges et allemands). 3 Ces professionnels qui " pivotent " autour de la place financière ne sont pas spécialement réglementés et par conséquent ne peuvent pas être statistiquement isolés. (en mio EUR) déc-05 déc-06 déc-07 déc-08 déc-09 déc-10 déc-11 déc-12 déc-13 Marge d'intérêts 3.905 4.830 6.002 7.298 6.571 5.479 5.865 5.550 5.048 Revenus de commissions 3.209 3.674 4.010 3.644 3.132 3.587 3.832 3.705 3.955 Autres revenus nets 1.176 2.338 964 -505 850 483 -830 577 1.432 Produit bancaire 8.290 10.842 10.976 10.437 10.553 9.549 8.868 9.833 10.436 Frais de personnel -1.945 -2.160 -2.372 -2.461 -2.449 -2.497 -2.535 -2.636 -2.748 Frais généraux administratifs -1.748 -1.821 -2.048 -2.099 -2.002 -2.112 -2.253 -2.380 -2.438 Résultat avant provision 4.597 6.862 6.556 5.877 6.102 4.939 4.080 4.816 5.249 Constitution nette de provisions 296 305 1.038 -5.399 -3.242 -498 -1.572 n/a n/a Impôts (1) 803 885 780 -259 -804 -625 -18 n/a n/a Résultat net 3.498 5.671 4.739 218 2.056 3.817 2.490 n/a n/a
  • 9. 4 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Le Luxembourg est actuellement en deuxième position (derrière la Grande-Bretagne et devant la Suisse) des plus grands exportateurs de services financiers du monde et sa place financière est le deuxième centre mondial de fonds d’investissement après les Etats-Unis, ainsi que le premier centre de banque privée dans la Zone Euro. En ce qui concerne le secteur de l’assurance, il est à relever que le Luxembourg a su s’établir en tant que leader dans la zone des pays de l’EEE4 de par la commercialisation en libre prestation de services de produits d’assurance vie à destination d’une clientèle de type (U)HNWI5 ; par ailleurs, il est devenu le plus grand centre européen pour les captives de réassurance. De manière générale, le Luxembourg a moins souffert de la crise que ses concurrents directs, comme par exemple l’Irlande où les banques domestiques pratiquaient une politique en matière "immobilière" insoutenable pour un pays de cette taille, ou encore la Suisse, en raison des problèmes qu’ont connus ses banques privées avec les Etats-Unis. A première vue, les chiffres semblent indiquer un recul des métiers classiques de la banque, alors que les fonds d’investissement et les PSF portent la croissance (le capital administré par les fonds d’investissement a plus que doublé depuis l’année 2000). Sans être entièrement fausse, cette vision ignore les liens étroits entre les acteurs du secteur financier (p.ex. presque la moitié des banques et une majorité des compagnies d’assurance vie sont dépositaires pour l’industrie des fonds d’investissement). L’aspect sécuritaire inhérent à l’assurance a pu contribuer à consolider les performances respectables du secteur de l’assurance et cela même en temps de crise. Quant au nombre d’emplois dans les banques, PSF et les sociétés de gestion, il a, depuis 2006, fortement augmenté (de 36.749 à 44.222 en début 2014 dont environ 60% travaillent auprès des banques). Cependant, l’on peut constater qu’actuellement l’emploi bancaire se crée essentiellement dans les parties non commerciales de la banque, notamment en raison de la réglementation accrue. Graphique 1: Evolution de l’emploi dans les banques, PSF et sociétés de gestion Source: CSSF 4 Espace économique européen. 5 (Ultra) high net worth individuals.
  • 10. 5 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Le nombre de salariés du secteur de l’assurance pour sa part est passé de 2654 à 6153 de 2002 à 2012, soit une augmentation de 131,83% (voir chapitre 123 "Le secteur des assurances"). 12 Les 5 piliers stratégiques du secteur financier du Luxembourg A cause de fusions et de mouvements de restructuration, ainsi qu’à cause des biais statistiques dans les données, le CES propose une typologie qui fait une distinction selon les activités. Ainsi, l’on peut distinguer 5 piliers stratégiques, à savoir la " banque privée/gestion de fortune6 ", " gestion d’actifs7 et fonds d’investissement ", "crédits internationaux8 ", " assurances et réassurances " et "financements structurés9 ". 121 La banque privée La banque privée fournit des produits et des services sophistiqués, adaptés à une clientèle " aisée ", disposant d’un certain niveau de patrimoine, par opposition à la banque de masse qui offre principalement des services de banque du quotidien, des produits d’épargne simples ou du crédit standardisé. Les services proposés sont désignés par des termes variés: gestion de patrimoine ou gestion de portefeuille, gestion privée, gestion de fortune, "wealth management" ou encore "family office 10 ". Sont distingués habituellement trois ou quatre catégories d’individus fortunés (IF) en fonction de leur niveau de patrimoine11 , mais les seuils utilisés sont loin d’être uniformes et les banques privées définissent des seuils d’éligibilité très variables. L’appréciation de la taille et de l’évolution du marché de la banque privée n’est pas chose aisée et de nombreux angles d’analyse sont possibles. Les sources disponibles sont également diverses et hétérogènes, mais globalement l’on peut dire 6 Encore appelé " gestion de patrimoine ". Selon la définition officielle du Conseil des Gestionnaires de Patrimoine, il s’agit d’un " processus d’interaction entre le conseiller et le client pour donner au client une assistance impartiale dans l’analyse et l’organisation de ses affaires financières et personnelles, afin de lui permettre de rationaliser et d’atteindre de façon réaliste les objectifs qu’il s’est fixés concernant ses finances et son mode de vie ". 7 Aussi appelé " gestion de portefeuille" c’est-à-dire la gestion de fonds confiés par des investisseurs dans l’optique d’obtenir un revenu plus ou moins important et d’enregistrer des plus-values sur une durée plus ou moins longue en investissant dans les actions, obligations, SICAV de trésorerie, hedge funds, etc 8 Crédits qui concernent le financement du commerce extérieur et les crédits internationaux aux grandes entreprises. 9 Ensemble des activités et produits mis en place pour apporter des financements aux acteurs économiques tout en réduisant le risque grâce à l’utilisation de structures complexes. 10 Les investisseurs privés fortunés et leurs familles désirent de plus en plus être pris en charge à la manière d’investisseurs institutionnels, sur la base d’un conseil patrimonial indépendant. Le terme " Family Office " couvre la prise en charge intégrale du patrimoine. Un Family Office peut porter sur une seule famille (Family Office individuel) ou sur plusieurs familles sous la forme d’un Family Office multiple. 11 • les mass affluents, à la frontière entre la banque privée et la banque de masse; • les high net worth individuals ou HNWI; • les very high net worth individuals ou VHNWI; • et parfois les ultra high net worth individuals ou UHNWI.
  • 11. 6 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) que les patrimoines dans le monde connaissent de nouveau une nette progression après deux années moins favorables. Les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest restent les marchés les plus importants, mais les grands pays émergents connaissent une croissance rapide. Tableau 2: Composition de la population mondiale d’IF par tranche de patrimoine, 2012 Source: Analyse de la courbe Lorenz de Capgemini, 2013 (chiffres arrondis) Selon le " Rapport sur la Richesse dans le Monde en 2013 - Capgemini et RBC Wealth Management ", la population et la richesse des individus fortunés ont atteint de nouveaux sommets en 2012, malgré les turbulences de l’économie globale. La population des IF a augmenté de 9,2 % pour atteindre 12 millions de personnes après avoir stagné en 2011. La richesse cumulée (investissable) a augmenté de 10 % pour atteindre 46.200 milliards de dollars US, après un léger déclin en 2011. Graphique 2: La richesse dans le monde en 2013 Source: Rapport sur la Richesse dans le Monde en 2013 - Capgemini et RBC Wealth Management
  • 12. 7 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Pour les prochaines années, l’on s’attend à une croissance soutenue de la richesse investissable des IF au niveau mondial jusqu’en 2015, tirée principalement par la croissance en Asie-Pacifique (+ 9,8 %). Graphique 3: Prévisions de richesse des IF, 2010-2015 (par région) Source: Rapport sur la Richesse dans le Monde en 2013 - Capgemini et RBC Wealth Management Aux yeux du CES, le marché de la banque privée mérite une attention particulière et il importe d’être compétitif sur le segment du haut de gamme pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le potentiel brut du marché est réel car cette clientèle exigeante est une grosse consommatrice de services et de produits financiers et représente donc un relais de croissance pour les banques, nonobstant les investissements que suppose une telle démarche. La gestion de patrimoine a constamment évolué au cours des années et cette tendance va persister dans les années à venir en raison des nouveaux besoins des clients, des changements démographiques, des défis des marchés, de la croissance de la richesse dans les marchés émergents et, surtout, à cause du volume et du rythme des changements de réglementation sans précédent, entamés en réponse à la crise financière et de la dette souveraine. Les principaux thèmes sous-jacents des interventions sur les réglementations sont la protection des clients, la prévention de la criminalité financière, la transparence, la stabilité du marché et le respect des obligations fiscales. Être en conformité nécessite beaucoup de temps et des ressources humaines et financières conséquentes. Il faut suivre et comprendre l’évolution des règles, ajuster les politiques et les procédures, mettre à jour les plateformes et les technologies, développer et mettre en œuvre des plans de développement commercial, former les employés, etc... .
  • 13. 8 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) En Europe, la deuxième Directive concernant les marchés d’instruments financiers (MiFID II)12 , par exemple, vise une stabilité financière accrue, une meilleure protection de l’investisseur contre les conduites inappropriées des opérateurs de marché et une plus grande transparence pour une plus large gamme d’instruments et de marchés. Aux Etats-Unis, l’ambitieuse loi Dodd-Frank13 de taille et de portée sans précédentes inclut un nombre impressionnant de changements couvrant tous les aspects des marchés financiers des Etats-Unis, depuis la protection du consommateur jusqu’à la stabilité financière, depuis la réglementation des fonds privés jusqu’aux opérations pour compte propre et depuis les instruments dérivés jusqu’à la gouvernance d’entreprise. De plus, dans le but de combattre la fraude fiscale de ses ressortissants, le gouvernement américain a promulgué le Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA) qui exige des personnes US qu’ils déclarent les comptes financiers qu’ils possèdent à l’étranger et des institutions financières non américaines qu’elles divulguent les détails des comptes de leurs clients américains aux autorités fiscales américaines (IRS) par l’intermédiaire des autorités fiscales luxembourgeoises. FATCA va entraîner de nouvelles contraintes pour les professionnels concernés tout en risquant d’évincer les ressortissants US des banques européennes. De nombreuses autres règlementations affectent les sociétés de gestion de patrimoine et constituent un réel défi pour ces dernières (cf. tableau 3). Tableau 3: Aperçu des coûts réglementaires Source: Analyse Capgemini, 2013; Entretiens avec les directeurs WWR, 2013 12 http://ec.europa.eu/internal_market/securities/isd/mifid2/index_fr.htm 13 https://www.sec.gov/about/laws/wallstreetreform-cpa.pdf
  • 14. 9 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Pour les sociétés de gestion de patrimoine, les variations de réglementation dans différentes régions (voir chapitre 21 " Au niveau des réglementations et directives ") ajoutent à la complexité de la mise en conformité et sont souvent accompagnées d’un manque de clarté dans les règlements et d’échéanciers de mise en œuvre trop serrés. Le développement des compétences des gestionnaires de patrimoine peut, d’un point de vue compétitif, permettre aux sociétés de minimiser l’incidence sur le client dans les domaines de conformité et créer une position gagnante dans un environnement difficile. Aussi le CES fait remarquer que des opportunités réelles existent en utilisant la conformité comme catalyseur, car au niveau mondial, les sociétés qui ont réalisé des investissements réglementaires opportuns et appropriés ont été capables de naviguer dans l’environnement réglementaire complexe plus facilement que leurs concurrents. La force d’une firme repose sur la force de son personnel et il n’est pas surprenant que la compétence des gestionnaires de patrimoine ait été identifiée par les IF comme la priorité absolue. Avoir des gestionnaires de patrimoine hautement qualifiés et expérimentés est l’un des premiers facteurs de différentiation pour les sociétés de gestion de patrimoine. Par conséquent, les sociétés ne devraient pas se contenter de couvrir les nouvelles exigences réglementaires, mais devraient pouvoir renforcer la capacité des gestionnaires de patrimoine d’être en mesure de satisfaire les besoins des clients des marchés émergents. Pourtant, à part le fait que cela nécessite des connaissances quant aux sensibilités et pratiques culturelles allant au-delà des seules connaissances linguistiques de ces zones géographiques, il faut noter que les grands groupes internationaux présents à Luxembourg, n’entendent souvent pas couvrir ces marchés à travers leurs entités luxembourgeoises. Le CES souligne également l’importance d’une bonne réputation pour gagner de nouvelles parts de marché. La réputation est devenue un facteur clé dans la décision d’un client pour le choix d’une société parmi d’autres. Mondialement, 48,4 % des IF ont déclaré qu’ils seraient prêts à payer plus pour faire des affaires avec une société à la réputation solide, tandis que dans des marchés émergents comme l’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Afrique, ce taux atteint pratiquement 70 %. Un positionnement résolument tourné vers ces marchés pourrait être particulièrement intéressant pour le Luxembourg. En définitive, le CES est conscient que la mise en conformité règlementaire n’est pas chose aisée, mais estime qu’il y a de vraies opportunités pour les sociétés de se différencier par le biais d’investissements axés sur la conformité et que les sociétés qui peuvent justifier de leurs résultats à ce niveau devraient se donner les moyens nécessaires de faire passer le message aux clients potentiels et mettre en avant leur savoir-faire et leur réputation en la matière, deux éléments-clés du succès dans le domaine de la banque privée.
  • 15. 10 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) 122 La gestion d’actifs et les fonds d’investissement Le secteur a connu une croissance remarquable depuis 1988. Un aspect qui caractérise le secteur OPC (Organismes de placement collectif) au Luxembourg est son ouverture à l'international. Le Luxembourg a été le premier pays à transposer la directive UCITS (Undertakings for Collective Investment in Transferable Securities ou OPCVM: Organismes de placement collectif en valeurs mobilières), et ceci lui a largement profité du fait qu'il a toujours gardé une longueur d'avance sur ses principaux concurrents européens. Le secteur est très dépendant des réglementations introduites au fil du temps et c’est en 1988 que la 1ère directive UCITS a permis le véritable décollage du secteur à travers une harmonisation du marché européen permettant la commercialisation dans tous les pays de l'UE, d'un produit conforme à la directive. Les fonds réglementés par la directive UCITS dominent cette industrie en Europe et la distribution transfrontalière dans le monde. Les fonds d'investissement spéciaux (loi FIS de 2007), destinés à une clientèle professionnelle, ont également eu du succès et contribué à la croissance du secteur. Pour les 3.881 fonds d’investissement qui constituent l’industrie luxembourgeoise des OPC, le Luxembourg possède 47.000 certificats/agréments pour les vendre à l'étranger, ce qui souligne la particularité du secteur, à savoir une commercialisation résolument tournée vers l'international. En tout, il existe plus de 13.600 compartiments différents avec des stratégies très différentes au Luxembourg. Environ 13.500 personnes travaillent pour le secteur des OPC, et l'on peut donc dire que chaque compartiment crée un emploi. Leurs employeurs sont des banques, des sociétés de gestion, des fiduciaires, des cabinets d'avocats …etc. Avec un peu plus de 2.600 milliards d’euros d’actifs sous gestion, le Luxembourg est la première place européenne et la deuxième place mondiale au niveau des OPC. Un regard sur les nationalités des promoteurs créant des fonds luxembourgeois montre que le Luxembourg est une porte d'entrée pour le marché européen.
  • 16. 11 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Graphique 4: Parts de marché (en %) des promoteurs des fonds luxembourgeois par nationalité en termes d’actifs nets sous gestion Source: CSSF Depuis 25 ans le Luxembourg démontre son savoir-faire en matière de fonds et ce succès n'est absolument pas lié à un quelconque avantage fiscal. Il faut encore noter que si ces fonds sont bien créés au Luxembourg, ils sont revendus presqu'exclusivement à l'étranger. L'Irlande est le principal concurrent du Luxembourg dans ce domaine. Au Moyen-Orient, le marché des fonds n'est pas très développé, mais de nombreux pays commercialisent néanmoins des fonds luxembourgeois. Le Luxembourg est p.ex. leader en matière de fonds "charia compliant" (conformes aux normes et au droit islamique). Le fait que beaucoup de fonds commercialisés en Asie ou en Amérique latine sont effectivement des fonds luxembourgeois, témoigne également du succès de l'industrie des fonds luxembourgeoise. . Les crises financières ont à chaque fois eu un impact considérable sur les OPC et de manière générale, les fonds sont très dépendants des marchés boursiers. L’évolution globale des OPC au Luxembourg et des différentes réglementations est résumée dans le graphique ci-après.
  • 17. 12 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Graphique 5: Les OPC luxembourgeois depuis 1984 Source: CSSF Si le Luxembourg est aujourd’hui le premier centre de fonds d’investissement en Europe et le deuxième au niveau mondial après les Etats-Unis, c’est grâce à son cadre légal et réglementaire à la pointe du progrès, qui offre à la fois un niveau élevé de protection des investisseurs et une flexibilité inégalée dans la conception d’organismes de placement collectif, flexibilité qui permet de créer des produits sur mesure pour des marchés ou des types de clientèle spécifiques. La disponibilité d’une large gamme de prestataires de services hautement spécialisés dans l’administration et dans la distribution transfrontalière de fonds d’investissement, fait du Luxembourg la plateforme de choix des promoteurs de fonds pour la commercialisation de leurs produits au niveau européen et mondial.
  • 18. 13 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Graphique 6: Part de marché des fonds luxembourgeois par rapport au total du marché transfrontalier de fonds Sources: Lipper LIM and PwC analysis, 31 Décembre 2011 123 Le secteur des assurances Le secteur des assurances luxembourgeois est un des principaux piliers de la place financière du Luxembourg. Il a bien montré sa grande résilience lors de la récente crise financière, soulignant ainsi la stabilité du business modèle de l’assurance et de la réassurance. Vu la large diversification des activités, de la clientèle et des marchés servis, le secteur d’assurance luxembourgeois a été et sera en mesure de bien résister à des crises mondiales éventuelles similaires à celle de 2008. Les entreprises d’assurance établies à Luxembourg ont encaissé en 2013 un total de 33,84 milliards d’euros dont 22,62 milliards d’euros en assurance directe.
  • 19. 14 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Graphique 7: Part des différentes branches d’assurance (2013) Source: Rapport annuel du Commissariat aux Assurances Il faut souligner la très forte prépondérance du marché d’assurance vie internationale qui à lui seul représente 18,41 milliards d’euros, soit 81% des primes totales encaissées par les entreprises d’assurance directe. Concernant l’emploi du secteur de l’assurance, le nombre de salariés est passé de 2654 à 6153 de 2002 à 2012, soit + 131,83%. L’implémentation au Luxembourg de quelques grands groupes internationaux (aussi et notamment dans la réassurance) a contribué à cette hausse considérable. A relever aussi qu’environ la moitié des salariés est employée au sein de compagnies d’assurances travaillant exclusivement sinon du moins principalement sur le marché local. Graphique 8: Evolution du nombre de salariés du secteur des assurances de 2002 à 2012 Source: Rapport annuel du Commissariat aux Assurances
  • 20. 15 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Hors la réassurance, il y a ainsi lieu de distinguer parmi 2 principaux marchés: • le marché national : il s’agit de contrats d’assurances vie et non-vie vendus à des clients particuliers et entreprises établis au Grand-Duché de Luxembourg; son potentiel de croissance est étroitement lié à l’évolution de l’économie luxembourgeoise et des investissements réalisés à Luxembourg (immeubles, voitures, nouvelles entreprises, …). • le marché international (en libre prestation de services) : ce marché se compose des affaires réalisées en assurance vie et non-vie auprès de clients établis hors du Grand-Duché de Luxembourg, principalement dans l’Espace Economique Européen (EEE) et auprès d’une clientèle diversifiée, aussi dans plusieurs marchés de niches. Les entreprises luxembourgeoises se trouvent dans ce créneau en concurrence directe avec les entreprises des autres pays-membres de l’Union Européenne. 1231 Le marché national – Le marché national se caractérise par son haut degré de maturité. L’encaissement y réalisé à la fois en assurance-vie et en assurance non-vie (représentant 9% des primes totales) connaît une croissance modeste, mais constante qui s’explique avant tout par la hausse soutenue et également régulière de la population. L’évolution du chiffre d’affaires se trouve intimement liée au pouvoir d’achat des ménages et à la conjoncture économique. Le secteur soutient ainsi toutes mesures susceptibles de relancer la croissance économique. – Le groupe patronal relève qu’au niveau du marché national, le constat est que les plafonds fiscalement déductibles, p.ex. dans le cadre des articles 111 et 111 bis, n’ont plus été adaptés depuis longtemps, alors que les incitations fiscales sont un facteur déterminant pour la souscription de ce type de produit de prévoyance. Les régimes complémentaires complètent opportunément les prestations légales du 1er pilier sans créer de dette actuarielle pour le budget de l’Etat. Il importe cependant de les rendre accessibles aux personnes aujourd’hui exclues de droit ou de fait. Il s’avère nécessaire de renforcer les incitations fiscales actuelles destinées à promouvoir plus largement la mise en place de régimes complémentaires de pension en élargissant les possibilités de déduction et en réduisant la taxation à l’entrée, comme dans d’autres pays. – Le groupe salarial estime qu’une augmentation des plafonds fiscalement déductibles dans le cadre des articles 111 et 111bis de la LIR n’est pas souhaitable. Une telle augmentation bénéficierait surtout aux personnes aisées ayant les moyens à contracter des contrats de prévoyance vieillesse et pouvant profiter des allègements fiscaux afférents dégradant de ce fait la situation financière de l’Etat. Si le groupe salarial estime évidemment que des régimes complémentaires de pensions, notamment du 2e pilier, doivent être rendus accessibles aux personnes aujourd’hui exclues de droit ou de fait, il est d’avis que la voie royale dans le cadre
  • 21. 16 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) de la lutte contre le risque de pauvreté est la stabilisation financière du régime public qui a fait ses preuves. Le régime public par répartition est par essence un régime solidaire, alors que les régimes par capitalisations sont individualistes et ne permettent guère de tenir compte de considérations sociales. – L’emploi sur le marché national évolue de manière positive, mais de façon modeste. En raison de la technicité de la matière, les profils ciblés requièrent de plus en plus souvent un niveau de formation élevé (bachelor ou master). Mais sans le développement de nouveaux créneaux, le marché de l’emploi concerné risquera d’être rapidement saturé. Ceci étant les compagnies d’assurances opérant sur le marché luxembourgeois sont en recherche continue de collaborateurs issus du marché local. 1232 Le marché international Beaucoup plus qu’ailleurs, le secteur de l’assurance luxembourgeois est très fortement orienté vers l’exportation de ses services. Devenu leader en Europe en ce qui concerne la commercialisation de produits d’assurances vie en libre prestation de services, il a fait de ce créneau son cheval de bataille qui représente à lui-même entre-temps plus de 81% de l’encaissement total réalisé par le secteur d’assurance directe luxembourgeois. Il en résulte une très forte influence des règlementations européennes. D’une manière générale, au vu de l’environnement économique, l’ACA (Association des compagnies d'assurances et de réassurances du Luxembourg) s’attend au mieux à une moindre croissance que lors de la dernière décennie. Graphique 9: Evolution des primes assurance-vie international Source: ACA
  • 22. 17 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Le secteur est souvent, et de plus en plus, apparenté au monde bancaire et des tendances récurrentes visent à lui octroyer les mêmes règles pourtant peu adaptées aux spécificités inhérentes au monde de l’assurance, comme p.ex. Mifid, ou encore des réflexions visant à instaurer un fonds de garantie. Deux projets de réglementations relatifs à la distribution de contrat d’assurance en Europe sont p.ex. actuellement traités par les instances européennes, à savoir PRIP’s (Packaged Retail Investment Products)14 et IMD 2 (Révision de la directive intermédiation en assurance)15 et risquent d’impacter directement le développement de ce segment très porteur. Les deux initiatives visent une protection renforcée du consommateur, notamment par l’introduction de nouvelles règles en matière d’informations précontractuelles et de transparence des produits d’assurance et de leurs frais. La réforme réglementaire européenne " Solvabilité II "16 nécessitera une augmentation du capital et des fonds propres ainsi que l’emploi de moyens supplémentaires aux niveaux de l’informatique, du consulting, du reporting, de l’organisation, du contrôle interne et externe etc…. L’ACA, estime qu’il en résultera éventuellement une certaine consolidation des acteurs opérant dans ce marché. Graphique 10: L’origine des primes (2013) Source: ACA Les opérateurs opérant en libre prestation de services sont de plus en plus confrontés à des entraves qui inhibent la commercialisation de leurs produits outre frontières et ce notamment dans les principaux marchés dans lesquels les entreprises d’assurance vie luxembourgeoises sont actives comme p.ex. en France, en Belgique ou encore en Italie. Ainsi, d’aucuns revendiquent, par exemple, que les produits d’assurance vie commercialisés à partir de l’étranger devraient à l’avenir être notifiés aux autorités de contrôle locales étrangères, qui elles auront alors de surcroît la possibilité d’interdire ledit produit même sur le marché de l’opérateur, alors 14 http://www.abbl.lu/fr/node/5623 15 http://ec.europa.eu/internal_market/insurance/consumer/mediation/index_fr.htm 16 http://ec.europa.eu/internal_market/insurance/solvency/future/index_fr.htm
  • 23. 18 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) qu’il est dûment autorisé par l’autorité de contrôle du pays à partir duquel l’assureur vie opère. De telles initiatives nationales risquent à terme de mettre en péril la commercialisation, même de produits d’assurance vie au travers de ce qui est communément appelé « le passeport européen ». A titre d’exemple, l’encaissement réalisé sur le marché belge a fléchi de 25% au 1er semestre 2013 par rapport au 1er semestre 201217 . En effet, tout résidant belge ayant souscrit un contrat à l’étranger est contraint d’en déclarer l’existence à ses autorités fiscales. Cette obligation n’incombe pas aux clients souscrivant un contrat d’assurance-vie directement en Belgique. Il y a lieu de relever aussi qu’aucune taxation des produits d’assurance-vie n’est prévue à l’heure actuelle, de sorte que cette pratique peut être questionnée. L’arrêté royal y afférent demeure d’ailleurs toujours attendu. Il résulte des propos énoncés ci-avant que le marché international vie est soumis à une volatilité permanente, alors que son développement est directement conditionné par les évolutions réglementaires intervenant tant au niveau européen qu’au niveau des marchés nationaux desservis que par les régimes fiscaux applicables aux produits d’assurance vie dans les différents pays. Il est, dans ce contexte, un défi continu pour les compagnies d’assurances opérant en libre prestation de services à partir du Luxembourg, d’essayer d’adapter leur offre aux besoins et attentes d’une clientèle sans cesse plus exigeante et mobile. De plus en plus d’acteurs entendent s’investir dans d’autres marchés en Europe (p.ex. les pays scandinaves ou encore les pays de l’est), voire même hors les frontières de la zone de l’EEE. Afin de pouvoir continuer à répondre aux exigences de cette clientèle richissime (de type HNWI ou UHNWI), les acteurs opérant dans ce créneau doivent disposer de collaborateurs hautement qualifiés (bac +5) avec des connaissances théoriques, pratiques et linguistiques confirmées et approfondies, à recruter de préférence sur le marché de l’emploi local. A cet effet, des efforts de formation adaptés aux besoins spécifiques de cette clientèle sont à mettre en place. Au-delà, en cas de besoin, il faudra recourir à des allochtones issus de la culture du pays en question. 124 Les crédits internationaux Dans les années ’70, l’activité des crédits internationaux s’est développée au Luxembourg comme une partie de ce qu’on appelait alors " l’Euromarché ". Les exigences de réserves minimales imposées par les banques centrales de nos pays voisins à leurs banquiers ont aidé à délocaliser les crédits internationaux qu’il était plus favorable de comptabiliser dans les bilans d’une banque luxembourgeoise. Ainsi, les filiales luxembourgeoises de banques étrangères se sont spécialisées dans cette activité et ont même fait le travail d’administration pour des crédits tenus dans les livres de banques à Londres et à New York. Notamment pour les banques allemandes, cette activité a été à l’origine de leur présence au Luxembourg où elles 17 Source: ACA
  • 24. 19 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) sont devenues des centres de compétence pour la syndication et l’administration de crédits internationaux. Pour un certain nombre de banques, cette activité a été maintenue après que les exigences de réserves minimales avaient été harmonisées dans la zone euro. La raison majeure de garder cette activité au Luxembourg est jusqu’à aujourd’hui la présence d’un personnel hautement qualifié, ainsi que des systèmes comptables adaptés. A cela s’ajoutent les nombreux traités de non-double imposition conclus par le Luxembourg. Il y a aussi des raisons purement juridiques, telles que l’environnement juridique général solide, les possibilités de structuration à travers des entités juridiques spécifiques, le droit des sûretés et les possibilités de compensation (netting). Evidemment, les raisons plus classiques luxembourgeoises, telles que l’environnement multilingue, une administration et une surveillance solide et réactive et le réseau de consultants et avocats, jouent un rôle important. Tout ceci donne au Luxembourg des arguments compétitifs que d’autres centres financiers européens ne peuvent que difficilement atteindre. L’activité de crédits internationaux est d’ailleurs hautement complexe en pratique, ce qui fait que sa délocalisation n’est pas probable. Il est vrai cependant que le Luxembourg n’est pas ou plus à l’origine de ces crédits. Nous nous sommes limités à être un centre de comptabilité et d’administration sophistiqué. Il n’y a pas de données statistiques précises sur le volume de cette activité, qui est cependant estimée autour de 85 milliards d’euros. Une partie importante des crédits internationaux qui utilisent des structures juridiques luxembourgeoises ne se retrouvent pas dans les bilans bancaires d’établissements luxembourgeois. Bien que ce savoir-faire engendre des revenus du côté des consultants et des avocats, il n’y a guère de moyens d’en mesurer l’importance. Comme d’autres activités, celle-ci doit aussi se justifier en permanence dans la concurrence intra-groupe, en ce sens qu’il faut prouver que le Luxembourg est mieux adapté que d’autres à cette activité. Pourtant ce n’est pas une activité volatile et elle ne pourrait être déplacée que par tranches de crédits nouveaux. Il reste qu’il est important de maintenir les avantages classiques, tels que la fiabilité, la vitesse, les " courts-chemins " du Luxembourg et, évidemment, son caractère international. Il est également important de maintenir un personnel hautement qualifié, puisque cette activité, comme d’autres, se concentre sur la haute valeur ajoutée. Si la disparition abrupte de cette activité n’est pas probable pour les raisons décrites plus haut, il n’est à l’inverse pas facile non plus pour un établissement luxembourgeois de commencer cette activité à partir de zéro et de monter rapidement un portefeuille important. En résumé, l’activité de crédits internationaux s’est localisée au Luxembourg pour des raisons historiques et est maintenue pour les raisons classiques et non pas pour des spécificités particulières à cette activité.
  • 25. 20 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Des changements majeurs pourraient intervenir par des initiatives de certains opérateurs d’offrir des plateformes unifiées de gestion de crédits internationaux qui permettraient aux banques un " outsourcing " de nombreuses activités connexes à la tenue des livres dans le bilan. Le cas échéant, de tels changements pourraient nuire au Luxembourg, sauf dans l’hypothèse où le Luxembourg serait lui-même le siège de telles plateformes. Le CES est d’avis qu’il serait souhaitable que les banques de la place s’intéressent davantage à ce créneau classique de la place financière et qui est susceptible de leur permettre de développer de nouvelles activités au Luxembourg. 125 Les financements structurés Y sont représentées des sociétés qui ont leur "headquarter" au Luxembourg, mais leurs succursales sont à l'étranger. Il en existe à peu près 43.000 au Luxembourg qui emploient +/- 2.400 personnes, génèrent 600 millions EUR d'impôts et 360 millions EUR de valeur ajoutée. Il est à noter que les impôts sont supérieurs à la valeur ajoutée, mais avec l'introduction d'une imposition minimale (qui est passé de 1.500 EUR à 3.000 EUR), les impôts prélevés vont certainement augmenter encore. 2 LES PRINCIPAUX ENJEUX 21 Au niveau des réglementations et directives Une réglementation conséquente, et mondiale, des secteurs financiers s’impose aux yeux du CES afin d’éviter qu’une crise similaire à celle éclatée en 2008 ne se reproduise. En effet, la réglementation du secteur financier est très importante et l'évolution dépend évidemment de la réglementation actuelle et future. La mise en conformité avec ces règlementations nécessite des investissements importants. Une faculté d’adaptation rapide constitue un atout compétitif. En effet, surtout pour des petites voire moyennes entités au Luxembourg, les multiples directives et régulations actuellement en gestation présentent un vrai défi d’existence à cause de leur étendue, leur apparition successive ainsi qu’en raison des nombreux détails techniques souvent négligés dans les discussions, nonobstant des dates d’introduction encore souvent inconnues. De plus, la complexité accrue qui en découle, constitue un défi pour l’IT, la planification des ressources, la formation continue du personnel et l’ajustement des procédures. Suite à la tendance actuelle vers une harmonisation réglementaire accrue, les filiales luxembourgeoises risquent de perdre de l’influence vis-à-vis de leurs maisons mères et il sera de plus en plus difficile pour les banques et les assurances de se positionner au sein de leurs groupes.
  • 26. 21 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Néanmoins, il faut bien noter que ces défis se posent également pour les autres places financières, et qu’ils peuvent de ce fait constituer également une opportunité pour devancer les principaux concurrents. Ainsi le T2S (Target 2 Securities)18 permet d’avoir de meilleures possibilités d’échanger ou de négocier des fonds en bourse, des disponibilités accrues de garanties éligibles et plus de liquidité. L’AIFMD (Alternative Investment Fund Managers Directive)19 , une directive européenne d’avril 2009 sur les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (fonds "non – UCITS": hedge fonds, real estate, private equity, …), dont l’objectif est d’offrir davantage de transparence aux investisseurs et d’éviter des risques systémiques, est également susceptible de relancer l’activité des banques. En effet, l’AIFMD, de même que l’UCITS 4, représente, par les consolidations prévues suite à leur introduction, des opportunités pour l’industrie des fonds. Le Luxembourg pourrait ainsi accueillir une grande partie des fonds alternatifs " offshore " souhaitant devenir " onshore " en se re-domiciliant sous un label UCITS. Ceci pourrait constituer une réelle opportunité pour le Luxembourg pour édifier un deuxième pilier au niveau de cette catégorie de fonds, source de créations d’emplois. Les fonds luxembourgeois (et européens de manière générale) présentent des volumes moins importants que les fonds américains, ce qui entraine également des coûts de gestion plus élevés en moyenne. Si les finances publiques profitent d'un volume plus important, l'emploi dépend néanmoins du nombre de fonds. Depuis le 2ème semestre 2013, les banques dépositaires (environ 60 au Luxembourg) doivent être en conformité avec UCITS 5, qui prévoit actuellement que l'investisseur doit à tout moment, et dans tous les cas, pouvoir récupérer son investissement. Chaque fonds devrait, selon le schéma prévu à ce stade, avoir une banque dépositaire dans la même juridiction que le fonds. Ceci est difficilement réalisable et les discussions sur une solution viable se poursuivent. Parmi les règlementations qui toucheront durement le secteur financier luxembourgeois, tant les fonds que les banques et les assurances, l'on doit citer la loi américaine FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) de mars 2010, qui vise à généraliser l’échange d’informations vis-à-vis des institutions financières percevant des revenus de source américaine. Dans le cadre de la loi FATCA, chaque institution financière étrangère (Foreign Financial Institution, FFI) devra s’engager à fournir annuellement des renseignements sur ses clients et ses titulaires de comptes américains. Les FFI qui refuseront de se soumettre à ce type de contrat devront supporter une retenue à la source punitive de 30% sur certains paiements de source américaine. A cet égard, il y a lieu de relever le risque que des initiatives similaires, non coordonnées, voient le jour (au niveau du p.ex. G8, G20, Commission européenne, OCDE,..) avec à chaque reprise un reporting différent à effectuer pour un champ d’application divergent. L’industrie financière devra disposer de suffisamment de temps pour s’y préparer 18 http://www.abbl.lu/fr/node/1189 19 http://www.abbl.lu/fr/node/4715
  • 27. 22 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) convenablement et il est d’une importance primordiale que des produits commercialisés bien antérieurement, alors que d’autres normes étaient d’application en ce qui concerne notamment l’identification des clients, ne se verront pas visés par les futures règlementations. 22 Au niveau de l’échange de renseignements en matière fiscale20 Tout d’abord, le CES rappelle que, depuis avril 2013, le Luxembourg a décidé: – d’appliquer à partir de 2015 l’échange automatique d’informations dans le cadre de l’actuelle directive épargne de l’UE21 pour les paiements d'intérêts au sein de l’UE; – de promouvoir l’échange automatique comme standard global par la signature en mai 2013 de la convention multilatérale de l’OCDE; – de demander que l’adoption du nouveau champ d’application de la directive "fiscalité de l’épargne" soit liée à l’introduction de mesures équivalentes dans les autres pays tiers et en particulier en Suisse ("level playing field"). Le CES encourage le Gouvernement sur cette voie et le soutient dans sa position que l’échange automatique d’informations dans l’UE ne peut se faire sans mesures équivalentes dans les pays tiers. Il est essentiel de noter que l'échange automatique d'informations n'a pas lieu sur la tenue de comptes domestiques, mais uniquement sur la tenue de comptes transfrontaliers, et que donc son ambition n’est pas un level playing field en Europe. Il faut craindre, derrière le détail de ce dossier, la volonté politique réelle d’une majorité des Etats de l’Union européenne de provoquer une fragmentation des marchés des services financiers. 20 DIRECTIVE 2011/16/UE DU CONSEIL du 15 février 2011 relative à la coopération administrative dans le domaine fiscal et abrogeant la directive 77/799/CEE 21 Au sein de l'UE, les revenus de l'épargne des personnes physiques non-résidentes sont soumis à la directive sur la fiscalité de l'épargne. Cette dernière s'applique aux revenus sous forme de paiement d'intérêts effectués en faveur d'individus résidant dans un Etat membre autre que celui où les intérêts sont perçus. La directive est en vigueur depuis juillet 2005
  • 28. 23 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Tableau 4: Principales réglementations en cours d’élaboration en matière d’échange automatique d’informations Source: ABBL
  • 29. 24 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Au niveau international, le G20 avait réitéré à plusieurs reprises que l’échange automatique d’informations doit devenir la norme internationale en matière fiscale s’appliquant à tous. Actuellement, la Commission européenne accélère les négociations avec les pays tiers européens afin qu’ils adoptent l’échange automatique d’information, étant donné qu’elle a pour échéance le mois de décembre 2014 et devra remettre aux chefs d’Etat et de gouvernement un rapport faisant le point sur les négociations. Si fin 2014 les progrès étaient jugés insuffisants, la Commission devra proposer d’autres mesures pour amener les pays tiers à participer à l'échange automatique d'informations. Le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales (Forum mondial)22 a été créé au début des années 2000 dans le cadre des travaux de l’OCDE sur les paradis fiscaux. Sa mission principale est de veiller à ce que les normes internationales en matière de transparence et d’échange de renseignements soient respectées et appliquées de la même manière par tous les pays adhérents. La transparence et l’échange de renseignements recouvrent trois composantes fondamentales: – la disponibilité de renseignements bancaires, relatifs à la propriété des avoirs, à l’identité et d’ordre comptable; – l’accès approprié à ces renseignements, et – l’existence de mécanismes d’échange de renseignements. Des examens par les pairs (peer review) sont organisés pour vérifier la conformité avec les normes. Ils se déroulent en deux étapes. La phase 1 permet de vérifier l’existence des bases légales et réglementaires requises pour assurer un échange efficace d’informations entre autorités compétentes, alors que la phase 2 examine la mise en oeuvre des normes dans la pratique. Une fois les deux étapes terminées, l’examen se conclut par une note qualitative globale23 . Le Luxembourg avait réussi la première phase de l’examen par les pairs qui a débuté en janvier 2011. Le rapport dit " phase 2 " avait jugé que les pratiques d’échanges d’informations n’étaient pas totalement conformes aux normes internationales et il fut reproché au Luxembourg de ne pas avoir utilisé toutes les capacités de récolte d’informations et d’application de la loi pour obtenir dans tous les cas les informations demandées. A ce sujet, le CES encourage tout d’abord le Gouvernement à rester résolument engagé sur la voie de la transparence et de l’échange d’informations à des fins fiscales et regrette néanmoins que le Luxembourg ait été déclaré non-conforme quant à la mise en œuvre desdites normes. 22 http://www.oecd.org/fr/sites/forummondialsurlatransparenceetlechangederenseignementsadesfinsfiscales/ 23 La juridiction examinée reçoit alors l’une des quatre appréciations suivantes: "conforme", "largement conforme", "partiellement conforme" ou "non conforme".
  • 30. 25 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Le CES juge que cette notation négative peut paraître démesurée, étant donné que le Forum a estimé que le Luxembourg a échangé de fait des quantités considérables d’informations et ce dans le respect des délais et que ce n’est qu’un nombre très limité de réponses qui ont été jugées non-satisfaisantes. Il apparaît que même si le Luxembourg n’est pas innocent à son sort, il a manifestement été ciblé par un nombre très restreint de pays dont il faut croire qu’ils ont un intérêt politique au dénigrement continu de notre place financière. En effet, sur une période de trois ans, le Luxembourg a reçu 832 demandes (beaucoup plus que d’autres pays24 ) dont 785 ont été traitées favorablement, ce qui représente près de 95%. Il faudrait, aux yeux du CES, absolument revoir le système d’évaluation et introduire un critère de proportionnalité, tel que proposé en novembre 2013 par le Ministre des Finances. Il faudrait, en outre, introduire une sorte de garde-fou pour empêcher le blocage pur et simple de ce système par un excès de demandes non-fondées. Jusqu’ici le Luxembourg n’a ni usé, ni abusé de ce droit, mais il est évident qu’il pourrait également se prêter à ce jeu qui, il est vrai, n’est pas très fair-play s’il est pratiqué dans le seul but de faire condamner un autre Etat membre. 23 Au niveau de l’Union bancaire La crise économique et financière a démontré la vulnérabilité du système bancaire européen face aux perturbations. Des problèmes touchant une banque peuvent rapidement s'étendre à d'autres établissements et affecter les épargnants, les investisseurs, mais également les finances publiques des Etats membres. Les Etats membres de la zone euro ont décidé de mettre en place un nouveau dispositif de régulation bancaire ambitieux et complexe qui comporte trois piliers: l'institution d'une fonction de superviseur unique des banques de la zone euro confiée à la Banque centrale européenne (BCE), la mise en place d'un mécanisme commun de résolution des crises bancaires et d'un système européen de garantie des dépôts . L’objectif de l’Union bancaire est de créer un dispositif harmonisé de sauvetage et de liquidation des banques pour casser le lien entre les faillites privées et les sauvetages/endettements publics, d’atténuer le risque de contagion entre les Etats membres et donc de renforcer la stabilité financière de la zone euro. – La première composante-clé de l’Union bancaire est le " Mécanisme de surveillance unique " (MSU) couvrant un grand nombre de banques de la zone euro et ouvert à tous les Etats membres. Les Etats membres ont placé le MSU sous le contrôle de la BCE entourée des autorités nationales compétentes pour garantir une supervision cohérente du secteur bancaire dans la zone euro. Depuis le début 2014, la BCE surveille donc directement près de 130 établissements jugés constituer un risque systémique. Les autres 6000 banques de la zone euro restent soumises au contrôle direct des autorités nationales, mais ce contrôle se fait d’après des règles unifiées 24 Certains pays n’ayant reçu aucune demande ou moins de 5 % du volume de demandes adressées au Luxembourg ont été déclarés "largement conforme".
  • 31. 26 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) (single rule book) et chacun de ces établissements est susceptible d’être soumis au contrôle direct de la BCE à première demande de celle-ci. A priori, le CES pense qu’un contrôle direct et unifié des banques dans l'espace européen est souhaitable pour prévenir des défaillances de banques individuelles pouvant se propager à l'ensemble du système bancaire européen. Pour le Luxembourg notamment cette option est bien préférable à une renationalisation du monde bancaire, telle que les grands pays la préconisent volontiers en essayant d’attirer les contrôles des grands groupes bancaires vers l’autorité en charge de la maison-mère. Les pays de l'UE hors zone euro ne reconnaissent pas l'autorité de la BCE et échapperont donc au superviseur européen. – Le second pilier de l’Union bancaire est constitué par le " Mécanisme de résolution unique " (MRU). Désormais, quand une banque est en difficultés, l'idée est de mettre en place un système de "bail-in", pour que les banques soient renflouées en capital, en particulier par leurs créanciers et leurs actionnaires, par opposition au "bail-out", privilégié pendant la crise, qui consistait à injecter des fonds publics. Les premiers à payer seront donc les actionnaires et les créanciers, qui devront couvrir au minimum 8% des pertes de la banque avant que l'on puisse faire appel à des fonds nationaux de résolution, financés par le secteur bancaire lui-même. Cette idée est controversée car elle risque de précipiter les banques dans une crise de liquidité par le retrait massif de clients qui craignent pour leurs créances. Mais il faut bien voir aussi que c’est une sorte de retour à la normale, puisque le droit commun de la faillite soumet les clients bancaires à un risque largement identique à ce que fera un système de bail-in. – Le mécanisme de résolution unique sera doté à terme d'un " Fonds de résolution unique " (FRU), abondé par les banques elles-mêmes qui atteindra environ 55 milliards d'euros en 8 ans. Le fonds de résolution sera dans un premier temps "compartimenté": chaque partie est alimentée par les banques d'un Etat et ne permet de renflouer que les banques de cet Etat. Chaque Etat membre devra donc mettre en place des fonds de résolution qui devront atteindre un niveau de 1% des dépôts couverts dans les 8 ans. Ces règles entreront en vigueur début 2016. Cependant, ces compartiments disparaîtraient progressivement pour aboutir à une mutualisation des risques entre les pays de la zone euro, à travers un fonds unique à l'issue de cette période de 8 ans. Il est par ailleurs prévu que le MRU soit adossé à terme à un "filet de sécurité" (backstop) impliquant le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui permettra au fonds de résolution unique d'emprunter si ses propres ressources se révélaient insuffisantes, à charge pour le secteur bancaire de rembourser in fine ses emprunts. Le CES fait remarquer que le fait que le fonds de résolution ne sera totalement mutualisé qu’au bout de 8 ans n’est pas sans risques, tout comme l’on peut se poser la question si le niveau de ressources propres du fonds européen de résolution représente une garantie suffisante en cas de défaillance d’une banque. Ainsi, les grandes banques systémiques continueront à être renflouées par des fonds publics
  • 32. 27 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) en cas de crise majeure. Mais il était difficile aussi de vouloir augmenter encore la charge des banques en augmentant les montants en jeu ou en raccourcissant les délais. Bref, le système reste un compromis entre le nécessaire et le possible. D’autre part, le CES fait remarquer qu’en cas de défaillance d’une banque, un conseil de résolution devra décider de recapitaliser l’établissement ou de le liquider de manière ordonnée, ce qui nécessite des procédures simples pour permettre des prises de décision rapides. Là encore, un compromis a été trouvé qui fait espérer que des tergiversations judiciaires, telles que celles qui ont suivi notamment l’effondrement de la FORTIS, appartiennent au passé. – Le troisième pilier de l’Union bancaire sera constitué un jour par un système de garantie et de dépôt unique. Jusqu’à présent la Commission européenne est arrivée à harmoniser les systèmes de garantie de dépôt nationaux sans pour autant établir entre eux une solidarité financière. Dans une première étape, les dépôts bancaires seront couverts dans la limite de 100.000 euros par des systèmes de garantie qui devront être mis en place dans chaque Etat européen. Au-delà de cette somme, les personnes physiques et les petites et moyennes entreprises bénéficieront d'un traitement préférentiel par rapport aux autres créanciers, en ce sens qu’ils seront moins vite touchés par un " bail-in ". Dans un délai de 8 ans à partir de l'entrée en vigueur de ces nouvelles règles, chaque mécanisme national de garantie devra disposer d'un montant égal à 0,8% des dépôts couverts. Les banques y contribueront en fonction de leur profil de risque. Le CES constate que, dans l’espoir de protéger le contribuable, le mécanisme exige une solidarité des banques prudentes et solvables avec celles qui ne le sont pas. L’ensemble de l’Union bancaire établit des mécanismes lourds à porter pour l’industrie financière européenne et va donc continuer à limiter la marge de manœuvre des autorités nationales. Par contre, l’Union bancaire va définitivement libérer le Luxembourg du reproche qu’il aurait une place financière surdimensionnée par rapport au reste de son économie. En effet, le mécanisme de surveillance unique, le mécanisme de résolution unique, le fond de résolution unique et, à terme, le système de dépôt unique, vont créer un vrai marché unique des services financiers qui fera de la place luxembourgeoise une place résolument européenne et non plus nationale. Or, il faut bien comprendre que le marché unique des services financiers est la condition indispensable pour la survie même de la place financière du Luxembourg. C’est la raison pour laquelle le CES, tout en avertissant devant de nouvelles procédures créées par l’Union bancaire, estime que cette dernière est sans alternative et doit être embrassée positivement pas les autorités et par les acteurs de la place. 24 Au niveau de la finance islamique La finance islamique moderne a commencé à se développer au début des années 1970, notamment à cause d’une masse considérable de liquidités en provenance de la région du Golfe persique générée par la flambée du prix du pétrole.
  • 33. 28 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Basée sur les principes de la charia, la finance islamique se distingue des pratiques financières conventionnelles par une conception différente de la valeur du capital et du travail. Ainsi, ces pratiques imposent justice, équité et transparence et mettent en avant l'éthique et la morale. Il est indispensable que les investissements se fassent uniquement dans les secteurs licites selon l’Islam. Le système financier islamique exige également pour toute transaction financière qu’elle se fonde sur un actif tangible afin de permettre le partage des pertes et profits que cet actif génère. Ceci permet aux investissements d’être directement liés à l’économie réelle. De ce fait, toute idée d’un intérêt ou d’une rémunération fixe, déconnectée de la rentabilité de l’actif financé est exclue en finance Islamique. En résumé, le modèle financier islamique repose sur cinq principes cardinaux: • interdiction du “riba” (intérêt, usure); • interdiction du “gharar” (spéculation) et du “maysir“ (incertitude); • interdiction du “haram” (secteurs illicites); • obligation de partage des profits et des pertes; • obligation d’adosser les investissements à des actifs tangibles de l’économie réelle. Chiffrée à 700 milliards de dollars sur le marché mondial en 2008, la finance islamique se chiffre à quelque 1000 milliards de dollars aujourd’hui sur le marché mondial, ce qui témoigne d’une forte capacité à résister à un environnement difficile et en mutation. Selon les estimations du FMI, il existe actuellement plus de 300 institutions islamiques opérant dans plus de 75 pays. Selon les mêmes statistiques, l’industrie a connu une croissance annuelle moyenne d’environ 15% pendant les dix dernières années. Leurs prévisions indiquent que cette tendance devrait perdurer durant les années à venir en fonction des pratiques réglementaires qui seraient mises en place. Le dynamisme et l’expansion rapide de la finance islamique comme modèle alternatif de l’intermédiation financière, reflète sa capacité à répondre à l’évolution structurelle de la demande des consommateurs, ainsi que des entreprises. Avec la libéralisation accrue, le système financier islamique est devenu plus diversifié et a gagné de plus en plus de profondeur. Ce mode de financement est devenu une partie intégrante du système financier mondial. Le paysage financier islamique a été transformé de manière radicale avec un nombre d’acteurs croissant et une gamme étendue de produits et services. La finance islamique semble être actuellement un des segments les plus dynamiques de l’industrie internationale des services financiers. Le CES pense que le Luxembourg devrait profiter de cette niche en plein développement et élargir son offre de produits en lançant, par exemple, un projet de création d'un sukuk afin de profiter de ressources financières inexploitées au sein des pays musulmans. Ceci pourrait constituer un préalable utile à un véritable développement de la finance islamique au Luxembourg.
  • 34. 29 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Les obligations islamiques dites « sukuk » représentent pour leur titulaire un titre dont la rémunération et le capital sont indexés sur la performance d'un ou plusieurs actifs détenus par l'émetteur, affectés au paiement de la rémunération et au remboursement du sukuk. Ils sont l’équivalent islamique du financement obligataire pour les entreprises et les émetteurs souverains qui souhaitent se conformer aux principes de la Sharia. Il s'agit de produits financiers adossés à un actif tangible et à échéance fixe. Les sukuk confèrent un droit de propriété sur les actifs de l’émetteur, et le porteur reçoit une partie du profit attaché au rendement de l’actif sous-jacent. Ainsi, l'intérêt est remplacé par un profit prévu à l'avance. Les sukuk sont un moyen de financement, mais surtout un moyen redoutable de mobilisation de l’épargne, et présentent donc un intérêt stratégique en termes de liquidités. Fort d’un secteur bancaire et de gestion d’actifs les plus développés mondialement, le Luxembourg devrait développer davantage ses activités en matière de finance islamique et investir un marché financier encore peu développé qui s’avère une alternative intéressante à la saturation des produits financiers conventionnels. En effet, la Grande-Bretagne mise à part, les autres pays européens n'ont pas encore investi ce marché de façon significative si ce n’est que quelques banques qui ont développé des "fenêtres" (windows) islamiques en proposant des services conformes au Coran. Deux choses sont cependant à retenir à cet égard: – la finance islamique pourra être une niche dans une panoplie de produits; elle doit donc faire partie d’une stratégie de diversification et ne sera pas – à elle seule - un pilier majeur de la place; – le Luxembourg peut offrir ses services aux spécialistes de la finance islamique; il ne doit pas s’ériger en maître en face de clients qui sont souvent originaires de pays à tradition musulmane en face desquels il serait cavalier de s’ériger en donneur de leçons. 25 Au niveau de l’évolution des métiers et des formations nécessaires Tout d’abord, il faut être conscient que les métiers de demain ne sont pas connus en détail. Des changements de tendance peuvent intervenir très rapidement et le secteur financier est soumis à des cycles influençant fortement son évolution. A noter aussi que le type de clientèle, à laquelle s’adresse l’offre luxembourgeoise, tend à devenir de plus en plus sophistiqué et les demandes en émanant de plus en plus complexes. Il est donc difficile de dire s’il y aura des ajustements et/ou réallocations de l'emploi à l’intérieur du secteur, mais en règle générale les profils très qualifiés sont recherchés de plus en plus. La connaissance des langues, voire même des cultures d’autres marchés, comme par exemple celles des marchés émergents, est également de grande importance.
  • 35. 30 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Au niveau du secteur bancaire en général et de l’assurance (assurances-vie commercialisées en libre prestation de services), le constat est bien souvent similaire avec une tendance qui va clairement vers des profils de type BAC +5 avec des connaissances juridiques associées à un savoir poussé en ce qui concerne différents régimes fiscaux applicables. Le Luxembourg étant spécialisé dans l'administration et la gestion de fonds, les emplois dans ce domaine se situent généralement à un niveau Bac +2 avec accent sur la comptabilité, mais plus récemment également à un niveau Bac +5 dans les domaines "risk management" et "compliance & legal " nécessitant des connaissances juridiques approfondies afin de pouvoir mettre en œuvre correctement les réglementations européennes (et/ou internationales). Pour que le Luxembourg puisse être davantage actif dans la conception de produits innovants pouvant créer des avantages compétitifs par rapport aux concurrents, il est primordial de s’assurer une disponibilité suffisante de la main-d'œuvre hautement qualifiée nécessaire pour occuper ces postes. 251 La formation initiale Afin que le secteur financier ait à sa disposition la main-d’œuvre qualifiée, voire hautement qualifiée, dont il a besoin pour se développer, il convient d’agir à plusieurs niveaux. De façon générale, il convient d’améliorer le niveau de l’éducation secondaire des élèves et de rapprocher le monde de l’école et le monde du travail, sans que cette amélioration ne se réalise dans une approche purement fonctionnelle et au détriment de connaissances solides en matière de culture générale. Le système éducatif multilingue a des avantages certains, mais cependant, étant donné l’importance de la langue anglaise dans le milieu des affaires, le CES préconise de renforcer l’apprentissage de cette langue. Concernant plus particulièrement le secteur financier, le CES préconise un échange de vues accru entre les professeurs de sciences économiques et les professionnels du secteur financier afin d’approfondir les connaissances des élèves en matière d’éducation financière. Dans ce contexte, il est à noter que le CES est en contact avec des représentants de la Conférence nationale des professeurs en sciences économiques et sociales pour débattre de la place et du contenu des sciences économiques et sociales dans l’enseignement secondaire classique et technique. Aux yeux du CES, de bonnes connaissances de base en matière économique et financières sont indispensables pour tous les jeunes même s’ils ne comptent pas s’orienter vers les métiers de la finance. Le CES considère ces connaissances comme indispensables et devant faire partie intégrante d’une culture générale adaptée au monde moderne. A côté d’une amélioration des connaissances financières des jeunes, le CES pense que les établissements scolaires et les acteurs du secteur financier devraient procéder de façon régulière à un échange d’information et de communication, vu que les différents débouchés et métiers du secteur financier sont méconnus par le grand
  • 36. 31 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) public et ne sont souvent pas perçus de façon positive. Or des renseignements plus poussés sur la place financière du Luxembourg permettront aux élèves et étudiants de mieux connaître les métiers de la finance et donc, le cas échéant, d’orienter leur formation supérieure universitaire en connaissance de cause vers les métiers d’avenir de la place. En matière de formation préparant aux métiers de la finance, il y a lieu de rappeler que l’accord sur la formation faisant partie de la convention collective du secteur, constitue un outil important pour répondre aux besoins des employeurs et des salariés. L’accord, qui peut même s’appliquer aux salariés qui ne tombent pas sous le champ d’application de la convention collective, prévoit plusieurs types de formations, parmi lesquelles l’on retrouve une " formation insertion " où les employés sans expérience bancaire préalable sont engagés avec une période d'insertion ayant pour objectif de les préparer au mieux aux tâches qu’ils devront accomplir ultérieurement. Le recours à la formation d'insertion destinée à l'apprentissage de la spécificité de la place financière luxembourgeoise, des techniques bancaires et des connaissances générales professionnelles requises, devrait être davantage promu. 252 La formation supérieure L’éducation supérieure en matière de finance est assurée depuis quelques années, par l’Université du Luxembourg à travers la Luxembourg School of Finance, qui propose deux masters en finance (" banking and finance " et " wealth management "). Si ces masters très spécialisés ne s’adressent qu’à un panel limité d’étudiants, ils attirent néanmoins des enseignants hautement qualifiés et des étudiants disposant déjà d’un bagage solide en matière économique et financière. Le CES salue les retombées bénéfiques de cette formation universitaire en matière financière sur la place financière luxembourgeoise, qui y gagne en solidité, en crédibilité et en prestige. Toujours est-il qu’afin de profiter pleinement de l’expertise qui provient de cette formation universitaire, il faut prendre des mesures adéquates à l’encontre des étudiants de pays non européens pour encourager et faciliter leur insertion sur le marché du travail local après l’obtention du diplôme. Dans le même ordre d’idées, il faut accélérer les procédures d’octroi de la carte bleue européenne pour les ressortissants de pays tiers hautement qualifiés. Au-delà de la recherche d’une main-d’œuvre internationale qualifiée, le CES estime toutefois que le recours à la main-d’œuvre localement disponible doit constituer la voie royale pour combler les vacances de poste dans le secteur. Ceci passe également à travers la formation professionnelle continue et les possibilités de réorientation professionnelle afin de maintenir l'employabilité des salariés, de rendre possible des perspectives d’évolution de carrière et d’assurer, dans la mesure du possible, le maintien dans l’emploi au niveau du secteur financier.
  • 37. 32 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) 253 La formation continue En ce qui concerne la formation professionnelle continue des salariés du secteur financier, l’Institut de formation du secteur bancaire (IFBL) créé par l’Association des banques et banquiers (ABBL) dans les années 90, donne des cours taillés sur mesure pour et par les professionnels du secteur financier. L’IFBL et les associations professionnelles des différents métiers de la finance en compliance, risk management, etc., souhaitent obtenir une certification des formations dispensées par le biais d’un agrément de la part de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF), voire pour ce qui est du volet assurantiel du Commissariat aux Assurances. Le CES salue et approuve cette démarche de l’IFBL car la certification du diplôme confère une qualification généralement reconnue au salarié qui peut s’en prévaloir auprès de tout employeur du secteur financier. Les chambres professionnelles offrent également des formations continues spécialisées dans le domaine de la finance. A noter que l’accord de formation prévu dans le cadre de la convention collective prévoit une formation de perfectionnement et une formation de réorientation. Les deux types de formation rentrent dans le contexte de la formation professionnelle continue visant à garantir l’employabilité du salarié, et ceci par l’acquisition de nouvelles connaissances ou la pérennisation de ses compétences actuelles en relation avec son travail. Dans le même ordre d’idées, la formation continue vise à éviter la perte d’emploi due respectivement à l’évolution significative ou à la disparition du poste de travail. L’élaboration du programme de formation de perfectionnement découle des besoins de formation constatés lors de l’entretien annuel ou autres. Le recours à la formation de perfectionnement devrait être promu de manière conséquente pour garantir le niveau de l’employabilité élevé aux salariés tout au long de leur carrière tant au niveau de l'entreprise que dans le secteur financier. Pour le groupe salarial, en ce qui concerne la formation de réorientation, le besoin en formation est constaté par un « assessment center » au sein des entreprises en accord avec les représentants du personnel dès l'annonce de problèmes économiques dans l'entreprise. Le CES estime qu'une connaissance précise et détaillée des profils recherchés à l’avenir, combinée à une veille économique efficiente, seraient les outils idéaux pour réussir une réorientation efficace des profils existants en temps utile. Cependant, il est très difficile de prévoir les tendances futures et des situations très diverses peuvent se présenter au vu des profils hétérogènes des établissements bancaires au Luxembourg, qui comptent beaucoup d’entités de petite taille (44 banques < 50 employés, 60 banques < 100 employés) à côté des grandes banques universelles. En fin de compte, les décisions stratégiques sont souvent prises à l’étranger au sein des maisons mères, ce qui enlève toute visibilité à MT et LT pour les activités sises au Luxembourg.
  • 38. 33 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) En tout état de cause, une bonne collaboration entre employeurs et représentants du personnel est impérative dans ce domaine, que ce soit au niveau de l’élaboration des programmes de formation professionnelle ou dans la gestion anticipée de reconversions professionnelles. Rappelons également que le projet de loi portant réforme du dialogue social à l'intérieur des entreprises prévoit que dans les entreprises occupant au moins 150 salariés, les décisions portant sur l'établissement et la mise en œuvre de tout programme ou action de formation professionnelle continue, devraient être prises d'un commun accord entre I'employeur et Ia délégation du personnel. 254 La formation de réorientation en cas de perte d’emploi En matière de formation de réorientation en cas de perte d’emploi, l’IFBL, l’ABBL et l’ADEM ont lancé avec le support du Ministère du Travail et de l’Emploi, le programme " Fit for Financial Market " dans le cadre du projet " Fit4Job25 ", dont l’objectif est d’encadrer les demandeurs d’emploi sélectionnés par l’ADEM, qui ont perdu leur emploi au sein du secteur financier. La démarche consiste à effectuer un diagnostic des compétences techniques des personnes concernées, sur base duquel elles pourront être réorientées, moyennant une formation qualifiante en cas de besoin, vers le secteur financier ou tout autre secteur de l’économie. Le CES propose de faire une évaluation chiffrée de ce programme. Le demandeur d’emploi bénéficie d’un encadrement adéquat et est certifié " Fit for Financial Market " après avoir suivi la formation de l’IFBL avec succès. Par ailleurs, il peut s’inscrire sur une plateforme électronique interactive où les employeurs du secteur financier ont la possibilité de publier les postes vacants et de faire des recherches de profils adaptés. Le CES rappelle à cet égard que ceci ne déroge pas à l’obligation légale des banques de déclarer toutes les vacances de postes à l'ADEM. Le CES est d’avis que ce programme pourrait permettre d’augmenter considérablement les chances pour les demandeurs d’emploi concernés de retrouver à courte échéance un nouvel emploi. Le CES propose aux partenaires sociaux de réfléchir à une extension de ce programme de manière générale à toutes les personnes qui, pour des raisons économiques, perdent leur emploi dans le secteur financier. Ainsi, les partenaires sociaux du secteur financier pourraient convenir que toute personne licenciée pour raisons économiques suite à un plan social, se soumette à un bilan de ses compétences " techniques " et soit ensuite inscrite, avec son consentement, sur la plateforme électronique destinée à mettre en rapport les offres et les demandes d’emploi. 25 Voir aussi: https://www.fit4job.lu/
  • 39. 34 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) La création d’un " pool emploi " pour le secteur, géré en accord avec les partenaires sociaux, pourrait également constituer un outil intéressant pour aider à gérer les restructurations et couvrir les nouveaux besoins en main-d’œuvre. Cette démarche aurait le double avantage de préserver le savoir-faire de ces personnes qualifiées au Luxembourg et de donner un encadrement et une perspective aux personnes qui ont perdu leur emploi. 26 Au niveau des défis de la place financière en termes d’image Bénéficier d’une image de marque positive est essentiel au maintien du Luxembourg en tant que terre d’accueil des investissements étrangers et au rayonnement international de sa place financière. Néanmoins, la place financière du Luxembourg souffre d’un déficit d’image reléguant ainsi son expertise au second plan. Cette dernière reste donc en quête d’une image de marque, trouvant échos auprès du public étranger et capable de refléter la mutation et la diversification du secteur, amorcée depuis plusieurs années. Dans l’histoire, les centres financiers comme le Luxembourg, dont l’attractivité n’était pas menacée, ont peu ressenti le besoin de focaliser leurs efforts sur la promotion de leur place financière. Or, depuis la crise financière, l’aspect de réputation joue un rôle crucial à la pérennité du secteur. Il est à noter que l‘image du Luxembourg souffre d’un manque d’homogénéité et que sa perception se décline de manières différentes auprès des professionnels du secteur et des médias étrangers. En effet, la place financière fait l’objet de préjugés persistants véhiculés par la presse internationale des pays voisins, dont les attaques influencent grandement l’opinion publique à l’étranger. Cette dernière doit, dès lors, faire face à une série de défis afin de dépasser le cliché de "paradis fiscal" qu’on lui confère. Accompagner le besoin de transparence partagé par l’ensemble des places financières, faire face à des tendances nationalistes de pays voisins, à une concurrence croissante des centres financiers hors-UE sont, entres autres, les enjeux d’image auxquels le Luxembourg continuera à devoir faire face. Afin de développer et définir une image de qualité, il est nécessaire de faire appel à des professionnels dans l’élaboration de la marque “Luxembourg“, d’implémenter une stratégie de communication coordonnée au niveau national, de consolider les relations avec les médias étrangers et de poursuivre les efforts de promotion de la diversité de l’économie et du secteur financier. Ainsi, Luxembourg for Finance travaille à la promotion de la place financière à l’étranger et à la coordination de messages clés fondés sur l’expertise, le caractère innovant et international du secteur.
  • 40. 35 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Enfin, la mise en place officielle d’un comité de coordination interministériel et interinstitutionnel en matière de " Nation Branding " jouera un rôle primordial dans l’élaboration de l’image de marque du Luxembourg, en tant que terre d’accueil d’investissements étrangers, en tant que pays exportateur et en tant que destination touristique, culturelle et commerciale. 27 L'importance de la veille économique La veille économique constitue également un élément crucial pour anticiper les évolutions du marché et appréhender celles des concurrents. Elle comprend l’ensemble des activités de collecte et de diffusion de l’information provenant de l’analyse des activités des principaux concurrents. Cette information doit être analysée et aboutir sur de nouvelles pistes de développement de l’activité de la place financière. 3 CONCLUSIONS ET PISTES A SUIVRE 31 Les avantages existants Les avantages classiques du Luxembourg restent les mêmes. Il n’est pas original de les citer, pourtant, ils ne doivent être sous-estimés. Tout d’abord, l’appartenance à l’UE et à la Zone Euro est indéniablement un atout important de la place financière, tout comme la stabilité politique, économique et sociale du pays en général. Par ailleurs, l’aspect multi-culturel, multi-lingue et ouvert, combiné à une qualité de vie élevée, contribue à l’attrait du Grand-Duché. C’est à ce point vrai que la spécialité même de la place est sa capacité à gérer des problèmes transfrontaliers et internationaux. Le revers de la médaille est que l’on exige souvent du Luxembourg de se limiter à un marché correspondant à sa taille. Or, l’ouverture du pays vers l’ensemble de l’Europe, sinon même le monde est la chance essentielle du pays qui peut se vanter d’augmenter actuellement le nombre de banques justement parce que les acteurs bancaires non européens trouvent mieux ici qu’ailleurs l’accès au marché européen. Notons que le Moyen-Orient, Hong Kong ou encore Singapour ont profité de la crise en Europe pour développer leur secteur financier et que, par conséquent, le Luxembourg doit se tourner vers ces derniers pour déployer sa place financière. De plus, ces pays disposent des compétences et des ressources humaines nécessaires pour maintenir leur place financière dominante. La diversification géographique des clients de la place financière est donc très importante. Finalement, l’existence d’infrastructures IT performantes est un grand atout qui cependant exige des investissements en continu.
  • 41. 36 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) 32 Les évolutions majeures Quelques grandes tendances viendront marquer le sort de la place financière du Luxembourg à moyen terme. Le maître mot de l’avenir sera la réglementation puisqu’on considère que l’activité financière aurait pris une trop grande part dans le produit intérieur brut de l’économie de la planète due notamment à une prise de risque exagérée. Maintenant, après l’éclatement de la crise, la priorité est donnée à la réduction de l’effet de levier et donc au risque inhérent au secteur financier. Cette évolution aura un impact certain aussi sur la place financière luxembourgeoise dont le développement dépend de sa capacité d’exporter des services financiers. Suite à la tendance actuelle vers une harmonisation réglementaire accrue et vers une renationalisation du secteur financier, les filiales luxembourgeoises continueront à perdre de l’influence vis-à-vis de leurs maisons mères. Il sera de plus en plus difficile pour les acteurs du secteur financier de se positionner au sein de leurs groupes. Les attaques incessantes contre la réputation de la place financière rendront cette tâche encore plus ardue. Au niveau de l’Europe, l’évolution essentielle sera l’Union bancaire. Elle impliquera une harmonisation intégrale de la réglementation bancaire (Single rule book) et réduira donc d’autant notre marge de manœuvre et notre souveraineté. Elle nous enlèvera aussi la souveraineté de la surveillance, mais renforcera la stabilité financière de l’Europe et aussi de notre propre place financière. De manière générale, l’augmentation des coûts liés à la conformité aux différentes réglementations en est une conséquence logique pour le Luxembourg et toutes les autres places financières. Cela n’interdit pas pour autant de développer de nouvelles niches de compétence (cf. AIFMD, Finance Islamique & Moyen-Orient, Banques Chinoises & renminbi, Family offices,…). Malgré ces nouvelles contraintes, vraies pour tous les acteurs européens, les acteurs luxembourgeois continuent à évoluer au milieu d’un vivier qui est en développement, soit par les activités des sociétés de gestion des fonds, par les PSF et PSA ou encore par les activités ancillaires au secteur financier. Et même si la mise en conformité avec ces réglementations nécessite des investissements importants, une faculté d’adaptation rapide constitue dans ce contexte un atout compétitif et pourrait permettre de gagner des parts de marché. Par ailleurs, une réglementation conséquente, et mondiale, des secteurs financiers est également dans l’intérêt de la place financière luxembourgeoise afin d’éviter qu’une crise similaire à celle éclatée en 2008 ne se reproduise. Au niveau européen, les tendances décrites plus haut conduisent à une fragmentation du marché unique étant donné que des règlementations nationales se superposent à des directives européennes, bien souvent au motif d’une protection accrue de l’investisseur ou du consommateur, mais consistant en réalité en du protectionnisme plus ou moins affiché ouvertement. Il y a lieu à cet égard de veiller à ce que la liberté d’établissement établie par les directives européennes et le " level playing field " au niveau européen, soit respectée.
  • 42. 37 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Pour ce qui est de sa connotation fiscale, le secret bancaire a vécu. Le plus important à retenir actuellement sur la question du secret bancaire perdu est que ce n’est pas là que se situe l’essentiel des défis, mais que le Luxembourg doit tenter de profiter de la transparence fiscale dans la recherche de nouveaux clients tout en préservant la protection des données personnelles. La place financière est débarrassée d’un problème d’image qui était devenu de plus en plus difficile à gérer. Deux situations caractérisent l’emploi. 1. L’emploi total augmente moins rapidement dans le secteur financier. 2. La réduction d’activité de certains acteurs amène des restructurations avec leur lot de plans sociaux et un certain chassé-croisé en matière d’emploi. Les restructurations et réorientations de stratégie entrainent des mouvements dans tous les sens, qui font que la place subit de nombreux plans sociaux et que cette situation semble continuer encore dans les mois, voire dans les années à venir. La situation statistique cache une grande hétérogénéité sur les établissements de la place. On a l’impression qu’un certain nombre de grands établissements investissent activement dans leur présence au Luxembourg, alors que d’autres de taille plus réduite risquent de disparaître. Pourtant, les entreprises du secteur craignent que la tendance générale de rétrécissement des marges et d’augmentation des coûts ne perdure, même en-dehors d’un scénario de crise aiguë dans les mois et années à venir. La pénurie de spécialistes sur la place financière est actuellement moins ressentie à cause de la crise financière et de la réticence à l’embauche de la part des entreprises. Pourtant, que l’on soit en période de pénurie ou en période d’excès de main-d’œuvre, la formation reste un élément clé de la gestion des personnes et du savoir-faire sur la place financière. 33 Les pistes à suivre De manière générale, le CES estime que les efforts de promotion de la place financière ne sont pas en relation avec l’importance du secteur, surtout au vu des développements possibles à l’avenir. Il serait d’ailleurs souhaitable de mieux faire connaitre le secteur financier et plus particulièrement l'industrie des fonds du Luxembourg, y compris au Grand-Duché lui-même. La banque privée et les acteurs du secteur de l’assurance-vie opérant en libre prestation de services seront amenés à consolider leur expertise dans le domaine de l’ingénierie financière et de la structuration patrimoniale et s’adapter davantage à une clientèle sophistiquée et bien informée. Dans un contexte de concurrence accrue et de possibilités de développement restreintes, la place financière du Luxembourg se doit d’élaborer une stratégie de rétention de clients en Europe, ainsi que de diversifier sa clientèle en dehors de l’UE.
  • 43. 38 CES/PERSP.ECON.SECTORIELLES (2014) Le développement des initiatives en matière d’investissements "éthiques" (finance islamique, microfinance, écotechnologies, etc.) et la création de hubs et de plateformes spécialisées (pour les services de paiements, les services de règlement/compensation, etc.), sont également des niches à ne pas négliger. Un des principaux défis est de se doter d'une main-d’œuvre hautement qualifiée ou de former les employés de la sorte à pouvoir se positionner sur les segments porteurs de croissance et d’assurer le développement de nouvelles activités, ainsi que la faculté d’adaptation aux nouvelles réglementations. Conformément au projet de loi relatif au dialogue social à l’intérieur des entreprises, l’organisation de la formation continue devrait se faire en accord avec les représentants du personnel, le cas échéant sur base des outils existant dans la convention collective du secteur. La création d’un " pool emploi " pour le secteur peut aussi aider à gérer les restructurations et couvrir les nouveaux besoins en main-d’œuvre. Une veille économique efficace est un complément indispensable à cet égard. Elle doit être systématisée car elle peut constituer l’élément déterminant pour développer des nouveaux produits nécessaires pour rester compétitif et pour anticiper les besoins en formation continue. Concernant l’industrie des fonds, les consolidations prévues suite à l’introduction de la directive UCITS 4 et de la directive sur les gestionnaires de fonds d'investissement alternatifs, représente des opportunités pour le Luxembourg. Ainsi, le Luxembourg pourrait accueillir une grande partie des fonds alternatifs "offshore" souhaitant devenir "onshore" en se re-domiciliant sous un label UCITS. Afin d’éviter que des services de "back office" soient exportés dans des pays meilleur marché, le Luxembourg devra renforcer sa valeur ajoutée et étendre ses activités dans la chaine de valeur, notamment dans le "middle office". Si dans le passé, l’innovation n’a pas joué un rôle primordial dans le secteur financier luxembourgeois, il ne faut néanmoins pas ignorer son importance croissante qu’elle revêt aujourd’hui dans un marché de plus en plus concurrentiel, d’une part, et harmonisé d’autre part. La raison en est que les centres de décision en matière d’innovation de la majorité des banques de la place se trouvent à l’étranger, d’une part, et qu’au niveau du secteur, il n’y a pas de véritable culture de l’innovation observable, ni d’approche structurée. Si les innovations provoquant de véritables ruptures au niveau des produits et services financiers sont en général plutôt rares dans le secteur, la plupart des innovations sont de type incrémental. Par ailleurs, les exemples cités ci-dessus illustrent cet état des choses. L’innovation peut se faire au niveau des produits et services proposés à une clientèle de plus en plus exigeante, au niveau des processus internes des établissements (dont la veille concurrentielle, économique et technologique), au niveau des technologies mises en œuvre (canaux de distribution) et finalement au niveau de modèles d’affaires nouveaux.