2. Introduction
Lorsque quelqu’un vient en République de Chine à Taiwan pour la
première fois et voit des exemples de l’architecture traditionnelle chinoise avec
ses toits incurvés, ses couleurs vives et ses lignes imbriquées, il peut se
demander comment les chinois ont imaginés un style aussi exceptionnel.
Architecture chinoise
La caractéristique fondamentale de l’architecture chinoise consiste en l’utilisation
d’espaces rectangulaires comme unités et l’assemblage de ces unités en un tout. Les
temples de la Grèce Antique employaient également beaucoup d’espaces
rectangulaire, mais, l’effet global tendait à l’austérité, alors que l’architecture chinoise
combine des formes rectangulaires en variant taille et position suivant leur
importance afin d’obtenir un ensemble dont chaque composant reste clairement
distinct. Par conséquent, les constructions de style traditionnel ont un aspect
imposant à la fois vivant et plaisant.
3. • Selon les annales chinoises, on vivait d'abord dans des cabanes, et il y a
(seulement) vingt siècles que la brique est utilisée pour construire des habitations
et que la maison est telle qu'elle existe aujourd'hui; c'est-à-dire que la maison
chinoise se compose de quatre murs, d'une porte et d'un toit. Dans le rectangle
formé par les quatre murs, à l'aide de cloisons on créa (fig. 1) en a, une cour (tin),
en b, un salon (tan), en c, une chambre à coucher (che). Les murs, à l'origine,
n'étaient percés d'aucune fenêtre; les pièces étaient éclairées seulement par des
ouvertures pratiquées sur le toit : ces ouvertures ne portaient pas de châssis, de
sorte que la pluie et la neige pénétraient en même temps que le jour dans la
maison. La cour, a, était ornée de devises de fleurs et d'arbustes; et la première
pièce qui donnait sur cette cour, le salon, b, était exhaussé de quelques marches
au-dessus du sol de la cour.
4. 1 - Plan d'une maison chinoise.
a, cour; b, salon; c, chambre.
• Telle est dans toute sa simplicité le plan-type de la maison privée traditionnelle
des Chinois; quand la famille était considérable, on ajoutait une maison à la
suite de la première, et ainsi de suite jusqu'à douze, d'où l'expression chinoise
pour indiquer un homme riche : Il a une maison à douze cours
5. • Il existe un second type, qui n'est guère plus compliqué que le premier; il
possède une chambre et un salon de plus, ainsi qu'une cuisine et un couloir de
service (fig. 2). La décoration est fort sobre. Une cour typique est décorée avec
des vases de fleurs et des bambous; sur les montants de la porte sont accrochées
aux murs des tablettes sur lesquelles sont inscrites des sentences de Confucius
(Chuen-Tsien).
2 - Plan d'une maison chinoise (2e
type). - a, cour;
b, b, b, chambres,; c, cuisine; d, pièce
pour
les domestiques; e, couloir de
dégagement.
6. • L'ensemble des pièces présente l'effet d'un hangar; pas de plafond, mais la
charpente de la toiture est apparente, elle est peinte en noir ou en rouge,
relevée de filets dorés dans les belles maisons, et elle supporte des tuiles
vernissées en blanc. Le pavé est en carreaux de terre cuite rouge, ou de
marbre à deux couleurs. Les colonnettes , quand il s'en trouve, sont droites et
minces; elles sont ornées d'anneaux ou de clochettes. Le soubassement des
pièces est garni de nattes ou de porcelaine dans une hauteur de 0,95 m à 0,98
m environ.
• Le genre de maison que nous venons de décrire est à une seule rangée; un
troisième type de maison est dit à deux rangées : c'est le même plan que celui
de celui de la fig. 2, rabattu sur le côté du couloir considéré comme charnière;
enfin le troisième type possède un corps de logis double, séparé par un jardin.
7. La plupart des maisons n'ont qu'un étage, mais souvent deux; ceux-ci sont
séparés par un toit, qui n'est qu'une sorte d'auvent servant de couverture aux
colonnes et au péristyle. Les dimensions des habitations étaient réglées par les
lois, conformément au rang et à la condition du propriétaire. La charpente des
planchers est toujours visible : le pavé est ordinairement en marbres de
diverses couleurs; les murs sont garnis de nattes jusqu'à une hauteur de 1,30
m.
La façade qui regarde une rue n'a d'autre ouverture que la porte, devant laquelle
on met une natte ou un écran pour empêcher les passants d'y regarder. Quoique le
verre ait été commun, on n'a employé généralement pour les fenêtres que du
papier de soie collé sur un léger treillis, ou des lames fines levées sur des écailles
d'huîtres. On emploie, pour les couvertures, des tuiles demi-cylindriques, vernies
de plusieurs couleurs, qui, au Soleil produisent un effet merveilleux. La couleur
jaune est réservée pour les palais impériaux: On fabriquait de grandes quantités de
ces tuiles dans les montagnes à l'occident de Pékin.
8. Disposition intérieure
• La distribution de l’espace intérieur reflète les valeurs sociales et éthiques chinoises.
Dans les résidences traditionnelles, par exemple, on attribue les logements en se
basant sur la hiérarchie familiale. Le maître de maison occupe la chambre principale,
les membres aînés de sa famille vivent dans la cour à l’arrière et les membres plus
jeunes habitent les ailes à gauche et à droite ; les aînés a gauche et les autre à droite.
9. • Dans l’architecture traditionnelle chinoise, le centre, le nord, la gauche, et l’avant de la
maison sont considérés comme supérieurs, et les côtés, le sud, la droite, l’arrière comme
inférieurs. Dans les maisons traditionnelles, l’aile nord est la plus souhaitable car elle fait
face au sud et reçoit le plus de lumière du soleil. La chambre centrale de l’aile nord, en tant
que pièce la mieux localisée, faisait office de salle de réception ou de salle des ancêtres. Les
chambres est de l’aile nord de la maison étaient occupées par les grands-parents, et celles
de l’ouest, par le chef de famille. Les générations les plus jeunes logeaient dans les ailes est
et ouest. Le fils aîné et sa famille vivait dans l’aile est, et le cadet et sa famille dans l’aile
ouest. L’aile sud abritait les chambres d’amis, les salles d’études, les cuisines et les réserves.
Son entrée principale et ses chambres publiques étaient déviées de la cour intérieure par
un mur et une porte décorative, isolant les chambres intérieures d’une intrusion
extérieure. Les femmes n’étaient pas autorisées à quitter la cour centrale, et les invités
n’avaient pas la permission d’y entrer. De plus grandes enceintes avaient souvent des cours
secondaires et des bâtiments utilisés pour loger les fils et les filles célibataires ou servaient
alors à divers usages. Les fenêtres des chambres donnaient toutes sur la cour centrale. Des
murs écrans furent dressés dans les portes principales pour empêcher la vue depuis
l’extérieur. La vie à l’intérieur de la cour était un monde confiné qui soulignait la différence
de statut entre les jeunes et vieilles générations, les fils aînés et cadets, les hommes et les
femmes. Ces logements incarnaient l’organisation patriarcale, hiérarchique, de la société
féodale chinoise, notamment la distinction entre le supérieur et l’inférieur, l’intérieur et
l’extérieur, l’homme et la femme, le maître et le domestique.
10. Les matériaux de construction
• Le bois
• À cause d’une déforestation massive depuis les années 70, le bois est un
matériau de plus en plus rare au Vietnam. Il n’est plus utilisé pour la construction
des structures depuis l’apparition du béton. Il est encore utilisé pour la finition
intérieure, mais son usage tend à diminuer. En général, les planches de bois sont
récupérées d’anciens bâtiments, puis elles sont raboutées et réutilisées pour la
confection de coffrages .Certains entrepreneurs louent le bois de coffrage étant
donné son prix élevé à l’achat. Le prix des coffrages pour les planchers est
d’environ 2 USD/m2 et représente 2 à 3% du coût total de la construction.
Utilisation du bois pour
la confection des
coffrages
11. • Le bambou
• Actuellement, le bambou est peu utilisé dans la construction vietnamienne malgré
l’abondance de la matière à travers tout le pays. Il sert surtout de pieux pour les
fondations et pour le soutien temporaire des coffrages. Peu dispendieux, son usage
est toutefois limité, car il est perçu comme un matériau pauvre dont l'utilisation
réfère davantage aux bâtiments ruraux et aux abris temporaires. Son usage est plus
répandu pour la fabrication de meubles et d’accessoires. Les tiges provenant des
régions rurales en périphérie de Hanoi, sont coupées, puis acheminées directement
chez les distributeurs en ville en longueur de 2 à 3 mètres pour un diamètre
d’environ 7 cm .Le coût du bambou est d’environ 0,10 USD/m incluant le transport.
L’exploitation du bambou n’est pratiquement pas contrôlée mettant ainsi en péril la
pérennité de la ressource de même que la préservation d’un environnement
naturel déjà durement éprouvé.
12. • Le béton
• Combiné à l’acier, le béton est un excellent matériau pour la construction de
structures. La capacité portante du béton pour la construction résidentielle est de
l’ordre de 20 MPa. Son utilisation est d’ailleurs presque généralisée dans la
construction résidentielle à Hanoi. La possibilité de créer des formes variées, sa
technologie facile à assimiler, sa grande disponibilité et l’économie de moyens pour
sa mise en œuvre sont des raisons pour lesquelles le béton est si utilisé dans un
pays en voie de développement comme le Vietnam. Le prix moyen du béton est de
25 USD/m3 ou 7,5 USD/m2 pour la confection de planchers de 30 cm d’épaisseur.
Préparation du béton dans la rue Manutention du béton sur le chantier
13. • La brique
• La brique utilisée pour le remplissage des murs est en argile cuite. Elle peut
provenir de fours à briques artisanaux ou d’usines. Dans le cas de briques
artisanales, le procédé est assez simple. On place l’argile dans des moules que l’on
empile dans des fours à briques alimentés au charbon. On allume ensuite le
combustible et on laisse cristalliser les briques dans les fours. Les briques ainsi
produites, sont de qualité moyenne étant donné les conditions précaires de mise
en œuvre.
• Le second procédé est industriel. L’argile est transvasée mécaniquement dans des
moules et disposée sur des chariots à rails. Ces chariots sont ensuite envoyés dans
des fours au gaz contrôlés automatiquement. Le procédé industriel produit ainsi
des briques uniformes et de meilleure qualité. De plus, les briques produites sont
ajourées pour plus de légèreté et une meilleure isolation thermique. Les briques
ajourées, plus légères ne sont utilisées que pour le cloisonnement des étages. Au
rez-de-chaussée on emploie des briques pleines, car elles sont plus résistantes.
14. L’acier
L’acier est souvent importé des pays limitrophes au Vietnam. Récemment, la Chine
exportait l’acier à l’état brut dans la région de Haiphong où il est transformé. Les
ouvriers reçoivent donc cet acier en tiges d’armatures sur le chantier. Ils doivent
plier et couper manuellement chacune des tiges selon les besoins spécifiques du
chantier. Elles sont destinées à armer les colonnes, les poutres et les dalles de
plancher. Elles sont attachées avec de la broche, de manière à créer un réseau
d’armature continu entre les divers éléments structuraux de béton.
Pliage des armatures d’acier par les ouvriers
15. Comment cela tient il ?
Structure en bois
La combinaison d’unités
d’espace dans l’architecture
traditionnelle respecte les
principes d’équilibre et de
symétrie. L’édifice principal est
sur l’axe et les édifices
secondaires sont placés comme
deux ailes de chaque côté afin
de constituer les chambres
principales et la cour.
Les chinois ont utilisé le
bois en tant que matériau
de construction depuis des
milliers d’années et ils ont
inventé la structure de bois
fondée sur l’existence de
colonnes et de poutres.
Comme le bois aux yeux
des chinois représente la
vie et que la culture
chinoise souligne
justement le sentiment de
la vie, cette caractéristique
est restée inchangée et a
été préservée jusqu’à
aujourd’hui.
Les constructions traditionnelles sont divisées en plusieurs pièces grâce à cette
structure de colonnes et de poutres de bois. Afin d’utiliser un toit profond et en saillie
au-dessus des parois, les chinois ont inventé leur poutre type de support-console,
appelé teou-kong 斗拱 qui sort niveau par niveau de chaque pilier.
D’un côté ces consoles soutiennent la structure et de l’autre servent d’ornementation.
16. La structure en bois a en même temps
apporté certaines particularités à
l'architecture chinoise. La première st
la grandeur de l'espace intérieur qui
est déterminé par le cadre structural
de bois : la colonne mesure la largeur
et la poutre la profondeur. La
deuxième est la technique
d'application de laques de couleur
dans le but de protéger le bois. Ces
laques de couleurs vives sont
devenues une des caractéristiques de
l'architecture traditionnelle. La
troisième est la technique qui permet
de construire sur une terrasse afin de
préserver le bois de l'humidité. La
hauteur de la terrasse est
proportionnelle à l'importance du
bâtiment, ainsi, les édifices qui ont
une haute terrasse apparaissent plus
imposants.
Les nombreux portiques qui relient entre eux les différents corps de
bâtiments ont fait multiplier les colonnes. Ces colonnes, qui n'ont ni bases
ni chapiteaux, diminuent graduellement de bas en haut; et sont traversées
à leur partie supérieure par des solives. On n'a pas cherché à leur donner
un caractère monumental; seulement celles des palais sont décorées avec
des incrustations de cuivre, d'ivoire, de nacre, de perles, des dorures et
des peintures. Quant aux stylobates, ils présentent une grande analogie
avec ceux du Nord de l'Inde . Le bois le plus employé est le bambou pour
les colonnettes, les solives et autres ouvrages légers; pour des travaux, au
contraire, qui doivent présenter une grande stabilité et fournir des points
d'appui solides, on emploie une espèce de mélèze très commun, nommé
nan-mou; cet arbre devient d'une grosseur prodigieuse et se conserve
indéfiniment.
17. chinoise
Les toits descendent en pente des deux
côtés d'une manière simple. Les
résidences traditionnelles du Sud de la
Chine, y compris celles de Taiwan, ont
une ornementation en céramique sur
l'arête du toit qui rompt ainsi le profil sans
cela trop lisse du bâtiment. La courbe
caractéristique des toits symbolise l'esprit
de la culture chinoise. Le bâtiment, lui, a
un aspect extérieur relativement simple,
mais avec l'arête et les avants toits qui
sont légèrement courbés, il présente de
l'élégance et de la vitalité. Ceci est
conforme au caractère chinois qui est de
nature terre-à-terre et direct mais non
dépourvu pour autant la vitalité. Certains
comparent les lignes de l'architecture
traditionnelle aux traits du pinceau de la
calligraphie. Depuis la dynastie Han (206
av.J.-C. à 220 apr.J.-C.) les peintures et
les dessins ornementaux ont tendance à
employer des lignes dynamiques, fluides
et courbes. Transmettre le « rythme vital
» (ki-yun 气韵) à une œuvre d'art est le
principe fondamental de l'art chinois
Les peintures murales de couleurs variées ont une signification à la
fois symbolique et esthétique. Leurs représentations peuvent aller
des silhouettes de dragons et de phénix et des illustrations de
mythes aux peintures de paysages, de fleurs et d'oiseaux. Dans
l'architecture de la Chine du Sud, particulièrement celle de Taiwan,
s'est développée une sculpture sur bois raffiné. De telles sculptures
accompagnées des peintures murales donnent à la structure un
aspect élégant et plaisant.
Depuis plus de deux mille ans, les Chinois ont l'habitude, la veille du
jour de l'an, d'orner les deux côtés de la porte de leur maison
d'inscriptions porte-bonheur.