Théorie de l'Architecture Section 1 Au temps des habitants bâtisseurs.pdf
1. Section 1 : Au temps des habitants bâtisseurs
Mohsen Ben hadj salem – Maitre Assistant
ENAU 2020-2021
M1.4.2 Théorie de l’Architecture
1.1 La réponse à un besoin (« animal »)
1.2 Le vernaculaire avant « l’expert »
1.3 Exemples
3. Le mythe des origines ou la théorie de la cabane primitive
« Ce fut donc la découverte du feu qui amena les hommes à se réunir, à faire
société entre eux, à vivre ensemble, à habiter dans un même lieu. Doués d’ailleurs
de plusieurs avantages que la nature avait refusés aux autres animaux, ils purent
marcher droits et la tête levée, contempler le magnifique spectacle de la terre et
des cieux, et, à l’aide de leurs mains si bien articulées, faire toutes choses avec
facilité : aussi commencèrent-ils les uns à construire des huttes de feuillage, les
autres à creuser des cavernes au pied des montagnes ; quelques-uns, à l’imitation
de l’hirondelle qu’ils voyaient se construire des nids, façonnèrent avec de l’argile et
de petites branches d’arbres des retraites qui purent leur servir d’abri. »
Vitruve, De l’architecture, livre II,trad. Ch.-L. Maufras, Paris, 1847.
5. L’homme et la nature : un subtil équilibre entre désirs et ressources
S’abriter dans l’urgence ou s’installer durablement a
nécessité tout au long de l’histoire de l’humanité la
recherche de solutions efficaces, astucieuses, innovantes
pour se protéger des excès du climat et des prédateurs,
pour s’adapter à l’environnement et répondre aux
besoins élémentaires des populations. La hutte et
parfois la caverne ont rempli ce rôle de façon rudimentaire
tant que le climat obligeait les chasseurs-cueilleurs à des
déplacements continuels pour trouver la subsistance
indispensable à leur survie.
À partir du néolithique, le réchauffement climatique permet
la culture et l’élevage. Les familles se stabilisent et utilisent
les ressources immédiatement disponibles pour construire
une maison, isoler les récoltes, protéger les troupeaux. Ces
situations perdurent encore dans certaines parties du globe.
6. C’est ainsi que les grands principes
de construction apparaissent. La
forêt offre les fûts de ses arbres, qui
deviennent progressivement
poutres, charpente, pilotis,
colonnes... Les espaces vitaux qui en
découlent sont tout naturellement
des formes simples, les dimensions
sont fonction de la longueur des
troncs et celles des
ouvertures varient avec la rigueur du
climat. Sur les plateaux calcaires, ce
sont les pierres plates qui
deviennent les éléments d’un
immense jeu de construction.
7.
8. Constations introductives
Pourquoi : S’abriter, se réunir, s’installer……Habiter
Comment : ressources naturelles (bois, forêt,glace, terre, argile….)
Où : plaines, montagnes
L’architecture : une totalité signifiante depuis les premières références (hutte,
cabane, grotte), une réponse « intuitive » à des besoins.
9. Quand la nature est moins généreuse (absence de plaine horizontale),il reste à creuser son «
terrier » ou à utiliser des cavités dans des terrains calcaires modelés par les eaux. Les maisons
troglodytes sont nées il y a 3000 ans en Chine du nord (Lo-yang) comme en Tunisie
(Matmata) et dans la Cappadoce en Turquie,toujours fraîches en été et tempérées en hiver.
1.1 La réponse à un besoin « animal »
13. Bernard Rudofsky (1905-1988) (Américano-tchèque, Architecte – designer – historien – photographe)
Surtout connu pour Architecture Without Architects, livre et exposition de 1964 au MoMa de New York (pendant 11 ans dans
plus de 80 musées du monde).
Architecture Without Architects (architecture sans architectes)
Novembre1964–Février 1965
The Museum of Modern Art New York
1.2 Le vernaculaire avant « l’expert »
14. Problème posé
«Vernaculaire » renvoie à ce qui appartient au lieu, ce qui est local
Une source d’apprentissage permanent sur la mise en œuvre maitrisée des
ressources humaines et physiques locales.
C’est la nature qui légitime la théorie
architecturale.
Pourquoi ces architectures sont si « parlantes »? Pourquoi intriguent-elles encore
aujourd’hui?
18. Architecture Mousgoum : Origine
L’architecture Mousgoum est une architecture de survie qui a été pensée pour permettre aux habitant de se
camoufler en confondant les cases aux termitières ou en leur permettant d’avoir un petit temps pour s’échapper en
cas d’attaques,
Exemples duTchad
19. ARCHITECTURE MOSGOUMS
- Chez les Moundang
Dans la région du Mayo-Kebbi (au SUD-
EST du Tchad), autour des lacs Tréné et
Léré, les Moundang jusqu’à dans les années
trente vivaient dans les habitations
fortifiées typiques construites selon un
modèles précis. Les fortins aux cases
coalescentes étaient bâtis sur des buttes et
organisés en gros village de plusieurs
milliers d’habitants. Les cases ont une
forme ovale, et chaque case était reliée à
ses voisines par des murets en terre. Les
cases étaient pourvues de terrasse, et de
meubles en terre incorporés aux murs :
banquette, étagère, foyer…
20. L’organisation
spatiale :
L’espace s’articule autour d’un
élément central qui est le grenier.
Autour de celui-ci, les cases sont
reliées entre elles par un mur en
argile. Et, elles sont accessibles à
partir d’une seule porte d’entrée.
Les formes utilisées sont
généralement des formes simples
à savoir conique, rectangulaire et
circulaire.
Cette organisation circulaire est la symbolique des liens familiaux.
Cette architecture circulaire est une architecture protectrice
21. -Case principale : Les cases principales sont les cases occupées
par les épouses. Ces cases communiquent avec la cuisine.
Cependant toutes les épouses ont une cuisine extérieure
-Le grenier : la pièce la plus importante de la maison où on
stoque les vivres, les récoltes et on garde aussi les semences.
Nous avons le grenier principal et les greniers secondaire.
Le grenier principal est généralement au milieu de la
maison, le contenu est un bien commun or le grenier
secondaire est personnel,
22. Caractéristiques Bioclimatiques
L’architecture Mousgoum a des caractéristiques bioclimatiques particulières. Les parois épaisses 20 – 30 cm sont en
terre crue. Par son inertie la terre crue assure une faible variation de température entre l’intérieur et l’extérieur.
Cependant pour conserver la différence de température et éviter la déperdition thermique les cases n’ont pas de
fenêtres, et ont des petites portes et une lanterne au sommeil.
Les lanternes jouent un double rôle.
Elles permettent d’aérer : évacuer
l’air chaud plus léger qui monte
contrairement à l’air plus frais et
plus lourd, puis d’évacuer la fumée
de la cuisine et permettent aussi
d’éclairer.
23. L'architecture des maisons Mousgoum suit la forme d'une coquille. La porte est encadrée et marque
vraiment l'entrée.
Des murs plus épais à la base et des parois plus minces dans la partie supérieure de la construction
permettent d'améliorer sa résistance. En outre, ces veines ont également une fonction de drainage et
aider à grimper sur le dessus de la maison.
Image illustrant le système structurel des cases obus
case obus
Techniques et modes de construction
Les cases obus tirent leur nom de leur forme conique,
striées de nombreuses cannelures qui servent à la fois
d’échafaudage pendant la construction, de contreforts et de
système d’évacuation des eaux.
La case obus n’a pas de fondation et l'absence de fondation
est comblée par le mode de construction, la technique
structurelle et la nature de la composition du matériau.
24. Les « Massa » de la région du Bongor (Centre duTchad) vivent
dans des concessions de case aux toits de paille coniques,
disposés en cercles et s’ouvrant sur la cour centrale. Les
diverses concessions sont regroupées en quartiers qui
correspondent aux différents clans.
Village Massa
2e exemple : Chez les Massa
27. Cases de paille Chez les Kanembou
conçues pour s’ancrer dans le sable (certaines comportent même des piquets d’amarrage, et pour résister aux vents de sables).
28. Les leçons du nomadisme : adaptation, identité, culture
32. Dualité Repaire / Repère
Le concept du « soi étendu »
« Concevez toujours une chose en la considérant dans un contexte plus large,
une chaise dans une pièce, une pièce dans une maison, une maison dans un
quartier, un quartier dans une ville »
Eliel Saarinen (Architecte finlandais 1873-1950)
Les espaces de projection du soi étendu selon (Belk, 1988)
33. Architecturer en 4 actes
Avoir un toit : fonction enveloppante
Sous le toit : le refuge, l’immobilité – fonction protectrice
Les murs pour édifier l’enceinte : mieux entendre le murmure
intérieur / cloisonner pour organiser le vécu
Le percement comme rapport au monde : effacer les séparations,
relier, rester en contact
34. La dimension identitaire : j’habite donc je suis
« La maison, c’est un vide porteur d’atmosphères – un espace qui résonne de
mille histoires. » Antti Lovag (Architecte –habitologue 1920-2014)
36. 1. Histoire géologique
2. Histoire humaine
3. La réponse à la rareté de l’eau
4. Les Ksours
5. Les Troglodytes
5.1Troglodyte vertical : Matmata
5.2Troglodyte latéral : Douiret
37. 1. Histoire géologique 2. Histoire humaine
-Traces de l’époque préhistorique
- Empreinte Berbère
-Invasion des arabes musulmans
l’appellatif Amazigh (plur. Imazighen)
pour l’ethnie (Touareg, bédouins,
Kabyles …), tamazight pour la langue
39. L’ « invasion » des Bani Hilal, 1051
Bani Hilal, bédouins installés en Haute-Égypte
Armée de 50000 guerriers
envoyés par les Fatimides contre les Zirides (Dynastie berbère [969-1154])
ravagent l’Ifriqiya / Zirides écrasées
Vers le début de l’Arabisation du Maghreb
45. Classification (degré de sécurité + type de paysage)
Ksar citadelle : Les ksour de Douiret, Chenini, Ksar Hallouf
Ksar de montagne : Ksar Ouled Soltane
Ksar de plaine : Ksar Metameur
Ksar : greniers à l'usage d'une ou de plusieurs tribus
Ghorfa : cellule de stockage
La cour : transactions commerciales, vie sociale, fêtes, etc.
4. Les Ksours
63. Conclusion
La théorie architecturale occidentale, de Vitruve à Auguste Choisy, reconnaît
essentiellement deux origines possibles à toute architecture savante : la
grotte d’une part et la cabane primitive d’autre part.
Investir une caverne, creuser son habitat dans le sein de la Nature ou construire la
hutte primitive avec des troncs et des branchages, ainsi est généralement pensée
l’alternative originelle à toute architecture. Des circonstances climatiques
et/ou géologiques expliqueraient le choix de l’une ou de l’autre solution.
Une dichotomie fondamentale de savoir-faire caractérise ces deux formes
d’architecture : si l’architecture troglodyte naît du creusement d’un site par
soustraction de matière, la construction résulte au contraire de l’addition de
matériaux impliquant la maîtrise d’un savoir tectonique. Depuis la Tour de Babel, la
construction est généralement valorisée comme plus savante.
64.
65. Projet : Le centre culturel Tjibaou, Nouvelle Calédonie, 1998 Architecte : Renzo Piano
Une question de permanence de modèle
66. Indications Bibliographiques
Bachelard G., 1957, La poétique de l’espace , Paris, PUF.
CERTEAU (Michel de), GIARD (Luce), MAYOL (Pierre), L’invention du quotidien 2. Habiter, cuisiner, Folio essais, 1994.
ELEB (Monique), CHATELET (Anne-Marie), Urbanité, sociabilité et intimité des logements d’aujourd’hui, éd. de l’Epure, 1997.
Eliade, M. (1983).Architecture sacrée et symbolisme. Dans C.Tacou (Ed.), Les symboles du lieu : L’habitation de l’homme (Les
Cahiers de l’Herne, no. 44). Paris : L’Herne.
Eliade, M. (1986). Briser le toit de la maison. Paris : Gallimard.
FLEURDORGE (Denis) (et al.), Quoi de neuf dans le domestique ? Le Sociographe, mai 2003, n°11.
KAUFMANN (Jean-Claude), La trame conjugale, analyse du couple par son linge, Paris, Nathan, 1997.
Marc, O. (1984).Votre maison est votre plus grand corps. Dans La demeure. Paris : Presses Universitaires de France.
Paquot,T. (2005). Demeure terrestre.Enquête vagabonde sur l’habiter. Besançon : Les Éditions de l’Imprimeur.
PEZEU-MASSABUAU (Jacques), La maison, espace social, Paris, PUF, 1983.
SEGALEN (Martine), LEWITA (Béatrix), (ss. la dir.), Chez soi : objets et décors : des créations familiales, Paris,Autrement,
1993.
SERFATY-GARZON (Perla), Chez soi, Les territoires de l’intimité,Paris,Armand Colin, 2003.