« Le discours et les choses. Matières technolangagières dans les environnements numériques », conférence au Colloque interdisciplinaire doctorant-e-s & jeunes chercheurs-ses Donnees hybrides et contextualisation des corpus. nouvelles approches, Universités SPC, 24 mai 2014
1. DONNEES HYBRIDES ET CONTEXTUALISATION DES
CORPUS. NOUVELLES APPROCHES
COLLOQUE INTERDISCIPLINAIRE DOCTORANT-E-S
& JEUNES CHERCHEURS-SES
ÉQUIPES PLÉIADE, EDA, SYLED DE SORBONNE PARIS CITÉ
MARIE-ANNE PAVEAU, PARIS 13, PLÉIADE
"LE DISCOURS ET LES CHOSES. MATIÈRES
TECHNOLANGAGIÈRES DANS LES
ENVIRONNEMENTS NUMÉRIQUES"
http://penseedudiscours.hypotheses.org/
http://discdoct.hypotheses.org/
2. Plan de l’intervention
Introduction
1. Comment analyser les discours natifs du web ?
2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
3. Nouveaux corpus, nouveaux dispositifs
Conclusion
Bibliographie
3. 1. Comment analyser les discours natifs du
web ?
1.1 Discours natifs du web (DNW) / web native
terme < medias & internet studies anglophones (web writing,
webnative contents, webnative story)
productions discursives en contexte numérique connecté i.e. sur
ordinateur, tablette, smartphone, au sein des écosystèmes d’écriture
disponibles : RSN, sites & blogs, plateformes et outils
disponibles : écarte le niveau du codage (code ≠ langage articulé
et réflexif) mais niveau contributif ?
connecté : écarte « écriture électronique » type SMS hors ligne
objet défini par la CMO (Communication médiatisée par ordinateur)
discursives : ≠ traitements automatisés, technologies de la langue,
ingénierie linguistique
4. 1. Comment analyser les discours natifs du
web ?
1.2 Théories et outils proposés en sciences du langage
problème du logocentrisme, exclusion des « choses »
contre-arguments fréquents : AD Multimodal cadre
ADI, intégration du contexte disciplines TDI
mais :
– observables restent langagiers stricto sensu, étendus
maximalement au corps (éléments mimo-posturo-gestuels)
et/ou la notion d’extralinguistique reste
mobilisée (Develotte et al. 2011)
– conception mainstream du contexte comme principe
d’explication ou d’influence (Kerbrat-Orecchioni
2012)
5. 1. Comment analyser les discours natifs du
web ?
Kerbrat-Orecchioni 2012. Notion d’influence et interne vs externe <
position dualiste
« 2. Contexte défini comme “ensemble d’éléments qui influencent l’interprétation”
vs contexte comme “pur environnement” »
« Cette définition distingue deux types de contextes qui sont en réalité tous deux
susceptibles d’avoir de l’influence sur l’unité envisagée […] Mais pour l’heure,
intéressons-nous à la diversité des influences qu’ils peuvent exercer sur un segment
discursif quelconque, et en particulier sur les effets possibles du contexte sur
l’interprétation. »
« […] deux grands types de contextes, le contexte interne (contexte « linguistique »,
« discursif », « endogène » ou « séquentiel » […]) vs externe (« extralinguistique » ou
« exogène »). »
« Si donc la distinction entre données « internes » et « externes » n’est pas une vue
de l’esprit (il y a bien des énoncés, et des choses autour), d’un point de vue descriptif
la question pertinente se pose en ces termes : quels sont les types de savoirs
nécessaires à l’interprétation du segment discursif soumis à l’analyse […] ? »
6. 1. Comment analyser les discours natifs du
web ?
– outils et objets accompagnent ou contribuent à ou
permettent la production du discours (Bonu &
Dufour 2012) : « susciter », « utilisation »,
« manipulation »
7.
8.
9. 1. Comment analyser les discours natifs du
web ?
=> nombreux exemples d’analyse logocentrée des DNW : les observables
sont des segments discursifs interprétés via des éléments du « contexte »
1.3 Pourtant…
Robert Laffont et la praxématique (Laffont 1978, 1990)
Alain Berrendonner et une pragmatique intégrant les objets
(Berrendonner 1981)
Ressources de l’ADI multimodale intégrant artefacts (Mondada 2005)
Tradition de la CMO (Liénard 2013 pour synthèse)
=> modifier l’observable de l’AD : du logos à la matière composite
10. 1. Comment analyser les discours natifs du
web ?
1.4 Inspirations et champs contributifs
Sociologie & design : théorie des affordances (Gibson 1979,
Norman 1988) => activités cognitives du non-humain
Cognition distribuée : Hutchins 1994, « How a Cockpit
Remembers its Speed » => notion d’environnement cognitif
Philosophie
– Active externalism, Clark & Chalmers 1998 => extension de la
conscience hors de l’esprit
– Postdualisme : Schaeffer 2007 => réintégration de l’homme
dans l’ordre de la nature
=> Approche postdualiste écologique
11. 2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
2.1 Technologie discursive
– définition brève : ensemble des processus de mise
en discours de la langue dans un environnement
technologique (Paveau 2013a, b)
– approfondissement : dispositif au sein duquel la
production langagière et discursive est
intrinsèquement liée à des outils technologiques en
ligne ou hors ligne (ordinateurs, téléphones,
tablettes, logiciels, applications, sites, blogs,
réseaux, plateformes), ces outils laissant des
traces dans les matières langagières
12. 2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
2.2 Environnement
– alternative critique à la notion de contexte
– ensemble des données humaines et non humaines au sein
desquelles les discours sont élaborés
– tous les domaines de l’existence : sociales, culturelles,
historiques, matérielles (objets naturels et artefacts),
animales, naturelles, etc.
– suppose : perspective postdualiste, une vision composite
(hybride) des matières langagières (constituée d’un
assemblage entre langagier et non langagier), approche
écologique de la production des énoncés
13. 2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
2.3 Numérisé, numérique, numériqué (Paveau 2014b)
numérisé : produit d’un portage dans un environnement
numérique ; entré dans un logiciel ou scanné ; mis en ligne
ou non ; plus ou moins navigable et modifiable ; pas de
traits technolangagiers (ex : textes scannés sur Persée)
numérique : production contexte électronique hors ligne, sur
ordinateur, téléphone, tablette ; caractéristiques de l’écriture
au clavier & fonctions apportées par les affordances du
logiciel d’écriture ; en ligne ou non ; traits technolangagiers
possibles (ex : articles imprimés mis en ligne)
numériqué : production native en ligne ; traits
technolangagiers structurels : délinéarisation, augmentation
énonciative, technogénéricité et de plurisémioticité.
14. 2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
2.4 Des observables en techno-
technolangage-gue/-discours, technolangagier-discursif
technolangue désigne le système de formes
disponibles : communes, apprises, évolutives et
régies par des règles
technodiscours désigne la mise en acte en contexte
numériqué de la technolangue
15. 2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
technomot : mot cliquable permettant la navigation
hypertextuelle (accès à d’autres technodiscours) et
éventuellement la redocumentation (cas du hashtag)
16. 2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
technosigne
– expression d’affect/valeur (bouton like)
– outil de partage technodiscours rapporté (bouton
like, twitter, G+, etc.)
– outil de rémunération (Flattr)
=> différents degrés dans l’ordre discursif
17.
18.
19.
20. 2. L’analyse du discours numérique. Notions et
outils
2.5 Méthodologie
La perspective écologique amène à refuser l’extraction
encore fréquente dans les travaux des chercheurs sur le
DNW (mais aussi par rétrospection, sur les discours
imprimés)…
… pour travailler plutôt dans les environnements natifs
par capture d’écran ou avec des outils d’archivage de
pages web rendant compte de :
– délinéarisation, augmentation
– pour les RSN : contextualisation technorelationnelle
25. 3. Nouveaux corpus, nouveaux dispositifs
Instagram appli smartphone + site ; partage de
photos persos, légendes, likes, commentaires
26.
27.
28. 3. Nouveaux corpus, nouveaux dispositifs
Les « cartes d’identité numériques », pages
personnelles uniques
About me, Aliaz
29.
30.
31.
32. 3. Nouveaux corpus, nouveaux dispositifs
3.2 Le discours technomanuscrit du corps-discours
Project Unbreakable (Paveau 2014a)
Modalités (captures 23 mai 2014) :
– écriture manuscrite majoritaire
– rares écrans de l’appli « notes » iphone et ipad
– un seul exemple trouvé en langue des signes (2013)
– récente inscription sur dos nu (circulation Battling
Bare ?)
33.
34.
35.
36. 3. Nouveaux corpus, nouveaux dispositifs
« Who Needs Feminism »
campagne lancée en 2012 par des enseignantes
de Duke University aux EU
soumissions individuelles et par établissements,
classes, etc.
37.
38.
39. 3. Nouveaux corpus, nouveaux dispositifs
#NonAuReport : tumblr, page FB
manuscrit sur papier ou ardoise, écriture au clavier,
sur tablette ou braille
40.
41.
42.
43.
44.
45.
46. Conclusion
historicité des discours
historicité des théories
repenser continuellement la nature des objets et
observables
adapter les théories aux objets et non les objets
aux théories
ADN dispositif mobile et modifiable pour penser et
analyser DNW
47. Références
Berrendonner A., 1981, Éléments de pragmatique linguistique, Paris, Minuit.
Bonu B., Dufour F., 2012, « Les usages interactionnels multiples des objets dans une réunion
de conception d’un logiciel libre », Synergies 9, 69-88.
Clark A., Chalmers D., 1998, « The Extended Mind », Analysis 58-1, 10-23.
Develotte C. et al., 2011, Décrire la conversation en ligne, Le face à face distanciel, Lyon, ENS
Éditions.
Gibson J.J., 1979, The Ecological Approach to Visual Perception, Hillsdale, Lawrence Erlbaum.
Hutchins E., 1994 [1991], « Comment le cockpit se souvient de ses vitesses » (trad. de « How
a Cockpit Remembers its Speed »), Sociologie du travail 4 : 461-473.
Kerbrat-Orecchioni C., 2012, « Le contexte revisité », CORELA - RJC Cotexte, contexte,
situation : http://corela.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=2627
Laffont R.
– 1978, Le travail et la langue, Paris, Flammarion.
– 1990, Le dire et le faire, Montpellier, Université Paul Valéry.
Liénard, F., 2013 (coord.), Culture, identity and digital writing, Epistémè 9.
Mondada L., 2005 Chercheurs en interaction. Comment émergent les savoirs, Lausanne :
Presses Polytechniques et Universitaires Romandes.
Norman, D. A., 1988, The Design of Everyday Things. New York, Doubleday.
48. Références
Paveau M.-A.
– 2012a, « Réalité et discursivité. D’autres dimensions pour la théorie du discours », Semen
34, 95-115.
– 2012b, « Ce que disent les objets. Sens, affordance, cognition », Synergies Pays Riverains
de la Baltique 9, 2012b, p. 53-65 et
http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/Baltique9/baltique9.html
– 2013a, « Genre de discours et technologie discursive. Tweet, twittécriture et twittérature »,
Pratiques 156-157, 7-30.
– 2013b, « Technodiscursivités natives sur Twitter. Une écologie du discours numérique »,
Epistémè 9, 139-176.
– 2013c, « Ce qui s’écrit dans les univers numériques. Matières technolangagières et formes
technodiscursives », Itinéraires ltc (preprint sur HAL).
– 2014a (sous presse), « Quand les corps s’écrivent. Discours de femmes à l’ère du
numérique », dans Bidaud É. (dir.), Recherches de visages. Une approche psychanalytique,
Paris, Hermann.
– 2014b (sous presse), « En naviguant en écrivant. Réflexions sur les textualités numériques »,
dans Adam J.-M. (dir.), Faire texte. Unité(s) et (dis)continuité, Besançon, PUFC.
Schaeffer J.-M., 2007, La fin de l’exception humaine, Paris, Gallimard.
Zappavigna Michele, 2012, Discourse of Twitter and Social Media, London, Bloomsbury
Academic.