Capacités données à chaque citoyen de faire
usage des dispositifs numériques pour
« regarder d’en bas » (watching from below)
les différentes formes de pouvoirs étatiques
ou commerciaux (Mann et al., 2002)
Reflectionism (Mann, 1998) : détourner les
outils construits par certaines organisations
afin d’exercer un contrôle citoyen
Aujourd’hui la sousveillance est indissociable
des médias sociaux numériques
La sousveillance ne se limite pas au « cop
watching »… mais s’inscrit avant tout dans
une démarche citoyenne
La sousveillance ?
La sousveillance ?
Renseigner : « apprendre quelque chose à quelqu’un. Plus largement, donner à quelqu’un une indication sur
une chose » (Moinet, 2011)
La sousveillance : pour quoi faire ?
Exercer un contrôle sociale sur ceux qui nous
surveillent ? Se protéger ? S’informer ?
Sous-surveiller ? Documenter les politiques et
industries de surveillance ?
Savoir être agile dans les environnements
numériques commerciaux pour minimiser voire
braconner la surveillance automatisée (ou non) ?
La sousveillance comme désorganisation du panoptique
Un concept floue (Thomsen, 2019) qui vise à fournir des moyens d’agir plus
qu’à théoriser des usages ou des pratiques
Pour Steve Mann, la sousveillance comme un panoptique inversé
Si le contrôle sociale s'organise par l'invisibilisation des surveillants, alors les
mettre en visibilité va les désorganiser
Le but est donc de détourner les technologies de surveillance et de les
utiliser de manière désorganisée
Il n’y a pas de mise en scène ou d’expressivisme (Allard, 2005) : l’objectif est
de multiplier les points de vues pour produire de la dé/remédiation
Sousveillance et affections
La sousveillance comme une affection
distribuée (Alloing & Pierre, 2020) ?
Via diverses affordances, la mise en
circulation des vidéos affectent leurs publics…
et leurs acteurs (Eneman et al., 2019)
Cette affection laisse une trace (informatique
et émotionnelle)
L’intensité affective des images passe avant
les idéologies véhiculées (Grossberg, 1992)
Pour les plateformes comme les médias elle a
de la valeur : elle incite à (réa)agir, elle attire
l’attention
Sous-surveillance
Si la sousveillance interroge les
représentations, la sous-surveillance se veut
plus factuelle
Contrairement à la sousveillance qui
(dés)affecte, la sous-surveillance renseigne :
quelles formes d’autorités pour in-former ?
La question de la médiation n’est plus
évacuée, elle est centrale : les renseignements
sont accessibles mais ils nécessitent d’être mis
en forme ET en visibilité
Autorité réputationnelle (Alloing, 2017) ?
Mais quoi qu’il arrive, les médiations sont
sous l’emprise des plateformes…
La sousveillance et les plateformes numériques
Les plateformes numériques, médias sociaux en tête, sont au cœur des
questions de sousveillance et sous-surveillance
Elles jouent de nombreux rôles : médiatisation, éditorialisation, censure,
surveillance…
La sousveillance montre alors toute l’ambiguïté des distinctions entre
sphères publiques et privées qui sont centrales dans les questions de
surveillance (Ganascia, 2009 ; Quessada, 2010)
Qui surveille qui en ligne : la plateforme ? Les publicitaires ? Les autres
usagers ? Les services de renseignement ?
Une autre question pourrait être : quel est le « capital » que ces plateformes
génèrent via la sousveillance ordinaire ou structurée ?
Une hypothèse : elles capitalisent en produisant des contextes aptes à faire
de la sousveillance un « contenu » comme un autre
Sousveillance et capitalisme affectif
Les plateformes que nous utilisons nous insèrent dans un contexte nous
permettant d’affecter et d’être affectés
Les usagers filment, les plateformes mettent en circulation
Les usagers documentarisent, les plateformes redocumentarisent
Les usagers réagissent, les plateformes personnalisent et ciblent grâce à ces
réactions
Likes, cœurs, commentaires, etc.
Les images (violentes) en ligne sont autant conversationnelles (Gunthert,
2016) qu’émotionnelles : elles attirent l’attention et provoquent des
interactions/impulsions
Sousveillance et capitalisme informationnel
La sousveillance alimente les plateformes en « contenus » (images, vidéos,
analyses, débats et controverses)
Mais la manière de les distribuer repose sur une logique en silo qui peut
modifier sensiblement leur réception
Le référencement de ces renseignements, leur mise en visibilité et
accessibilité, repose sur des choix éditoriaux en grande partie automatisés
Ce sont ainsi les plateformes qui évaluent et attribuent en partie la valeur
informationnelle de ces « contenus »
Pour leur mise en visibilité donc, mais aussi leur mémorisation et leur censure
La modération ou non de certaines images, par exemple, est centrale
Sousveillance et capitalisme de surveillance
Sous(sur)veiller c’est prendre le risque de fournir des données qui participent
aux logiques d’accumulation des acteurs commerciaux du numérique (Zuboff,
2015)
Une accumulation qui peut ensuite devenir utile aux industries militaires et
de surveillance étatique
Reconnaissance faciale sur des photos (cf. cas Ever)
Le fait d’être surveillé pousse aussi à l’autocensure, particulièrement chez les
militant-e-s
De nombreuses logiques de résistances (plugins, applications sécurisées ou
décentralisées) et d’offuscation existent mais supposent une littératie
appropriée
Pour une éducation à la sousveillance ?
Steve Mann n’a jamais caché la portée politique de la sousveillance
Mais contrairement à certaines approches de la question, il me semble que
cela doit être dans une logique collective, pas individuelle
Et encore moins transhumaniste!
Cela pour en faire une vraie méthode de renseignement citoyen
Voir la sousveillance comme une technique de renseignement permet
d’évaluer la valeur des informations que l'on produit, les risques pour soi et
les conséquences pour les autres des faits que l'on rend visible
Il parait donc utile de se questionner sur des pratiques communes plus qu’un
solutionnisme technologique
Surveiller les surveillants en produisant des dispositifs de surveillance…
En synthèse
La sousveillance…
N’est pas du journalisme mais nécessite un travail éditorial pour devenir un
moyen de lutte
Repose sur des mécanismes affectifs pour sa circulation
Participe à la redéfinition de ce qui fait autorité ou non en ligne
Nécessite de s’interroger sur ceux qu’elle tente de contrôler (les surveillants)
: comment sont-ils affectés et qu’est-ce que cela produit (impunité,
changement de comportement) ?
Nécessite de s’interroger sur celles et ceux qui permettent le développement
des industries de surveillance : sont-ils bien informés et par qui ?
Doit continuer à être pratiquée… et débattue!