Chloé D'eurveilher Mémoire de Master 2 Tourisme

Université de La Réunion,
Institut d’Administration et des Entreprises de La Réunion
Institut Universitaire Professionnalisé Tourisme, Hôtellerie, Transport & Loisirs
« La Réunion peut-elle être suffisamment attractive
pour générer un flux croissant de touristes chinois ?»
Mémoire de Master 2
Management et Ingénierie du Tourisme
Année universitaire 2015-2016
D’EURVEILHER Chloé
Lieu de Stage : BLUE SARL – 25 Rue des fabriques – ZI N°4 – 97410 Saint-Pierre
Suiveur universitaire : Suiveur professionnel :
Pasqual PORCEL – Directeur IUP Tourisme Richard LEE-TIN – Anthropologue

« La Réunion peut-elle être suffisamment attractive pour générer un flux croissant de touristes chinois ?»
2
Remerciements
Je souhaiterais remercier à la fois M. Pasqual PORCEL et l’Institut des
Administrations et des Entreprises de La Réunion pour m’avoir permis de réaliser ce Master
en Management et Ingénierie du Tourisme, grâce à cette opportunité j’ai pu m’intégrer aux
métiers du tourisme et créer ainsi un réseau professionnel plus important. Aussi, ce Master
m’as permis de m’enrichir personnellement et de pouvoir étudier un sujet qui a un grand
intérêt pour moi : la clientèle chinoise.
Je remercie encore M. Pasqual PORCEL pour m’avoir suivi durant mon stage et m’avoir
appris à devenir un cadre dans le milieu touristique.
Je remercie tous mes collègues de Master qui m’ont soutenu. Nous avons formé une très
belle équipe durant ces deux années.
Je remercie bien entendu M. Richard LEE-TIN qui m’a épaulé dans ma recherche et qui m’a
fait acquérir de nombreuses informations utiles pour la rédaction de ce mémoire.
Je remercie enfin l’ensemble des acteurs du tourisme qui ont bien voulu répondre à mon
enquête et ainsi éclairer les attentes de la clientèle chinoise à La Réunion de leur point de
vue. Grâce à eux, j’ai pu déterminer avec précision les points à améliorer pour notre île afin
d’obtenir un flux croissant de clientèle chinoise sur le territoire.
Merci à tous.
Chloé.

« La Réunion peut-elle être suffisamment attractive pour générer un flux croissant de touristes chinois ? »
3
Sommaire
PARTIE 1 - L’ESSOR ACTUEL DU TOURISME CHINOIS ................................................................................. 7
CHAPITRE 1 – POURQUOI ET COMMENT LES CHINOIS SE METTENT A VOYAGER ?...................................... 8
Pourquoi les chinois voyagent-ils ?...................................................................................................................... 8
Comment ce phénomène se manifeste ?............................................................................................................. 14
CHAPITRE 2 – L’ESSOR DU TOURISME CHINOIS DANS L’OCEAN INDIEN................................................... 21
Qu’est-ce-qui peut lier la Zone Océan Indien à La Chine ?................................................................................ 21
Quels sont les exemples de réussite sur ce territoire ?........................................................................................ 27
PARTIE 2 - LES TOURISTES CHINOIS A LA REUNION................................................................................. 33
CHAPITRE 3 – L’EMPRUNTE CHINOISE A LA REUNION ............................................................................ 34
La culture sino-réunionnaise .............................................................................................................................. 34
Ce que l’on sait du touriste chinois .................................................................................................................... 38
CHAPITRE 4 – QUE FAUT-IL FAIRE POUR ATTIRER PLUS DE CHINOIS A LA REUNION ?............................. 43
Etude de terrain .................................................................................................................................................. 43
Préconisations managériales............................................................................................................................... 47

Introduction
Le tourisme international conserve sa fulgurante progression avec 1.181 milliard de
touristes en 2015 avec 1,522 milliard de recette en 2014 ce qui place le secteur au 3e rang
mondial des recettes d’exportation derrière les industries des carburants et des produits
chimiques. 120 millions2 de touristes Chinois ont voyagé hors de la Chine en 2015 et ils ont
dépensé plus de 94 milliard d’euros au total ce qui correspond à une progression de 12 et
15% par rapport à 2014. Détenant près de 20% de la part de la population mondiale, la Chine
est le premier marché émetteur de tourisme dans le monde et ce n’est qu’un début. Selon le
président Xi Jinping3, les chiffres pourraient évoluer à 500 millions par an d’ici 5 années.
L’opportunité est donc conséquente quand on sait que la France, premier pays
touristique au monde, a accueilli en 2015 selon les estimations 24 million de touristes chinois
seulement alors qu’elle en espérait 5 millions. Ce qui représente 1,6% du total des touristes
chinois internationaux.
Qu’en-est-il de nos voisins de l’Océan Indien ? L’Île Maurice situé a à peine 200 km
de notre territoire, aurait accueilli plus de 89 0005 touristes chinois en 2015 contre 63 000
visiteurs en 2014 (+41%). Les Maldives tant qu’à elles, conservent la première place du
podium avec 359 0006 touristes chinois en 2015. Etant géographiquement aussi proche de la
Chine que la France (environ 8000km), l’Île de La Réunion est plus modeste. Avec ses
426 4007 touristes en 2015, elle n’a en revanche pas encore conquis la terre du milieu puisque
le nombre de touristes extérieur à l’Europe et à l’Océan indien ne représente que 2% du total
des arrivés soit 9900 personnes. Touristes pouvant provenir d’autres continents plus
probablement de l’Asie et de l’Océanie. D’après l’observatoire du tourisme, le nombre de
touristes chinois se trouverait aux alentours de 11008 personnes pour 2015. Notre
pourcentage de clientèle chinoise est donc bien difficile à comparer à nos deux principaux
1
Selon le rapport annuel UNWTO 2015
2
Selon un communiqué du China Tourism Research Institute relayé par le site travelchinaguide.com
https://www.travelchinaguide.com/tourism/2015statistics/outbound.htm
3
Conférence de l’APEC à Pékin et http://archives.lesechos.fr/archives/2015/Enjeux/00322-043-ENJ.htm
4
Selon le même article du journal Le Monde par le ministre des affaires étrangères en charge du tourisme
Laurent FABIUS
5
Selon le site http://news.voyage-ile-maurice.info/ile-maurice/maurice-les-touristes-chinois-toujours-en-
nombre-a-visiter-lile/
6
http://geotourweb.com/nouvelle_page_85.htm
7
Selon l’étude de la fréquentation touristique de l’INSEE de 2015
8
Selon l’indicateur Fowardkeys qui a recensé 484 touristes chinois (43%) en 2015, les autres réservations ont
été faites directement via les compagnies aériennes

5
concurrents l’Île Maurice et Les Maldives. Qu’en-est-il des attentes de La Région ? 10 0009
touristes en 2017, c’est le chiffre attendu, soit 0,01% de la part totale des touristes chinois.
Les espoirs sont fondés principalement : sur les organismes presses et les Tours Opérateurs
Chinois ; la suppression de visas pour séjour de moins de 15 jours ; et bien entendu par la
prochaine liaison aérienne directe établie par Air Austral à la ville de Canton avant cette fin
d’année de 2016.
La Réunion, dont le développement touristique est récent10, possède des avantages
concurrentiels remarquables. L’Île réunit en ses 2512 km² une diversité de paysage à couper
le souffle. Un constat validé par son inscription au patrimoine mondiale de l’Unesco en 2010
pour ses pitons, cirques et remparts. De plus, c’est une terre de richesse culturelle avérée.
Parmi les populations qui ont contribué au peuplement de l’île de La Réunion, on retrouve
la Chine, aux côtés de l’Inde, de l’Afrique et de l’Europe. Les engagés chinois ayant
alimenté le peuple réunionnais il y a presque deux siècles depuis l’abolition de l’esclavage,
ont fait que la culture chinoise est largement représentée sur notre territoire aujourd’hui, tant
au niveau de la population, des traditions, de la gastronomie et des fêtes. Le nouvel an
chinois, les danses du lion et du dragon, les feux d’artifices, nous rappelles un peu plus
chaque année cet ancrage. Afin de célébrer et de commémorer l’appartenance au peuple
chinois sur l’île, la sixième édition de la fête du tourisme en 2015 fut organisée autour du
thème « Réunion, Terre de Chine ». Rencontre qui fut l’occasion où professionnels,
universitaires et étudiants se sont réunis pour débattre sur le thème et trouver des moyens de
renforcement du partenariat Chine-Réunion.
Beaucoup d’étudiants réunionnais ou chinois sont intéressés par cette partie de notre
culture. En démonstration, le festival E-Clip de La Réunion organisé sur le même thème que
la FDT 2015 aura permis à une étudiante chinoise nommée Liliane SHUNLI de remporter
le premier prix. Son clip11, montrant très bien les symboles chinois au travers des paysages
de La Réunion, retrace également l’arrivée des engagés chinois jusqu’à la création
d’associations de mise en valeur de la culture chinoise sur le territoire. L’institut Confucius,
l’organisation universitaire la plus importante et la plus active du territoire, permet à des
étudiants réunionnais d’apprendre le chinois et de partir en voyage linguistique. En
partenariat avec l’Institut des Administrations et des Entreprises de La Réunion, elle est
9
Propos du Tour Opérateur Tuniu le 10 mars 2015 http://www.zinfos974.com/10-000-touristes-chinois-en-
2017-a-La-Reunion-annonce-le-tour-operateur-Tuniu_a82552.html
10
1982 : première inscription au rayonnement régional du secteur touristique
11
https://www.youtube.com/watch?v=RGffQAEH6pI

6
également un lien de partenariat pour les étudiants chinois désireux de venir étudier à La
Réunion, comme Liliane. L’IAE, quant à elle, a également participé au renfort de
l’apprentissage de la langue chinoise. Dès le niveau de licence, les étudiants en formation
tourisme ont désormais des cours obligatoires en chinois, en enseignant la langue mais aussi
la culture et le tourisme chinois. L’attraction du phénomène chinois passe donc aussi par la
formation. Comme les étudiants universitaires, les adultes peuvent aussi avoir un projet
professionnel lié à cette culture. Durant mon stage au centre BLUE Formations, nous avons
eu l’opportunité de recevoir en formation de « guidage péï », des apprenants réunionnais et
chinois souhaitant se former pour préparer l’arrivée plus conséquente de touristes chinois
sur le territoire. De plus, nous avons fréquemment des professionnels du tourisme souhaitant
se former au chinois. Il y a donc bien un désir de renforcer le partenariat Chine-Réunion
pour ces prochaines années.
Quant à moi, étudiante et assistante de gestion à la fois, je suis née et j’ai grandi à La
Réunion. Je ne peux que m’intéresser à cette culture chinoise qui a été omniprésente depuis
mon enfance autour de moi. Je trouve que, de par sa richesse naturelle et son appartenance
culturelle chinoise, La Réunion ne peut qu’être une terre de Chine. Terre où touristes
prendraient plaisir à redécouvrir leur racine, tout en profitant d’un bol d’air frais sous les
filaos ou sous les fougères arborescentes.
La dimension potentielle du marché, les richesses naturelles et la partie ADN
chinoise de La Réunion conduisent les acteurs touristiques à se positionner sur ce marché.
Liée et attirée par le marché chinois, La Réunion doit se demander si elle peut être
suffisamment attractive pour générer un flux croissant de touristes chinois.
Dans une première partie, nous chercherons à comprendre l’essor du tourisme chinois
dans le monde, par quels moyens les chinois ont pu avoir accès au voyage et qu’en ont-ils
fait ? Concernant la zone Océan Indien, quels intérêts pour le partenariat et quels exemples
de réussite ? Puis, ayant compris le phénomène, nous nous intéresserons à l’étude du
territoire. Nous verrons tout d’abord plus en détail l’empreinte chinoise à La Réunion, de
par sa population et sa culture. Dans un second temps, nous analyserons les retours et
préconisations déjà établis par l’Institut Régional du Tourisme. Pour finir, nous effectuerons
une étude qualitative de terrain sur la clientèle chinoise auprès de divers acteurs du tourisme
afin de déterminer les préconisations managériales pour transformer nos chiffres
durablement.

7
Partie 1
-
L’essor actuel du tourisme chinois

8
Chapitre 1 – Pourquoi et comment les chinois se mettent à voyager ?
Pourquoi les chinois voyagent-ils ?
Les chinois se sont mis à voyager pour plusieurs raisons, au commencement, les
chinois ont été limité par le système « Hukou » au sein même de leur région, puis l’ouverture
du pays se fit par des réformes économiques et politiques introduites par Deng Xiaoping12.
Enfin le système SDA fit son apparition pour permettre l’ouverture au tourisme des chinois.
a) L’ouverture de la Chine de 1950 à 2016
Dans les années 50, le gouvernement de Mao Zedong13 a instauré le système
« Hukou »14. Ce livre d’enregistrement obligatoire, dans lequel toutes les informations
personnelles étaient inscrites, fut employé entre autre pour la régulation des déplacements
démographiques. La population urbaine était ainsi détachée de la population rurale, et
chacun devait se cantonner à sa zone définie. Ainsi, il permettait à l’Etat d’avoir un contrôle
social, économique et politique important. Le voyage était permis, cependant, la personne
n’avait pas le droit de travailler, d’avoir accès aux services publiques et médicaux, à
l’enseignement, et à la nourriture dans une autre zone. Règlement très stricte puisque si l’on
s’aventurait dans une autre zone sans en avoir l’autorisation, on était considéré un peu
comme un immigré clandestin aux Etats-Unis.
Il était donc compliqué d’être touriste pour un
chinois, au sein même de son pays. Le tourisme
en Chine était également considéré comme un
comportement "bourgeois" et donc "banni". Au
décès de Mao Zedong en 1976, la Chine, était
basée sur un système économique communiste.
Le pays était en pleine autarcie. Le nouveau
gouvernement de Deng Xiaoping en 1978 fut
conscient du retard et de la pauvreté de son pays
comparé aux pays riches occidentaux. Portrait
de Deng Xiaoping lors d’une conférence nationale de science en 1978 ^
12
Dirigeant de la République populaire de Chine de 1978 à 1992
13
Fondateur et dirigeant de la République Populaire de Chine de 1949 à 1976
14
Cheng, Tiejun, and Selden Mark. "The Origins and Social Consequences of China's Hukou System." The
China Quarterly 139 (1994).

9
Dans une volonté d’ouverture la même année, il lança alors une politique de modernisation
à l’aide de réformes. La réforme des « Quatre modernisations » fut créée, l’idée était claire :
élever la Chine au rang des grandes puissances mondiales. La partie de la réforme qui nous
intéresse réside dans la privatisation de l’économie et l’ouverture au tourisme : Deng
Xiaoping lança la réforme dite de la "porte ouverte", qui ouvra la Chine vers l'extérieur. Ce
n'est qu'à partir de cette période qu'une partie de la population chinoise a pu progressivement
partir pour des voyages touristiques. La carte15 ci-dessus réalisée par Roberto GIMENO et
l’Atelier de cartographie de Sciences-Po datant de 2008, positionne chronologiquement les
différentes étapes de l’ouverture économique de la Chine jusqu’en 1992. Date à laquelle le
cartographe estime que « la quasi-totalité du territoire chinois est considérée comme
15
Carte extraite du n° 32 de Questions internationales : La Chine dans la mondialisation (juillet-août 2008)
Ouverture économique de la RPC de 1980 à 1992

10
ouverte ». En 1979, les premières zones économiques spéciales (ZES) furent créées afin
d’attirer les investisseurs étrangers (en rouge sur la carte). En 1984, quatorze nouvelles villes
côtières sont « ouvertes » économiquement à l’étranger (en orange sur la carte). On remarque
que le développement fut fait d’abord de la côte sud vers la côte nord, et que les zones
étaient de plus en plus grandes. Les principales zones furent élaborées autour de Shanghai
et Shenzen. D’un point de vue touristique, on peut en conclure que les premiers touristes
chinois à voyager font partie essentiellement d’un tourisme d’affaires. Le statut de
destination touristique autorisée (DTA) fait son apparition à la même période (1983), il s’agit
de permettre aux groupes chinois (5 voyageurs minimum) de voyager à l’étranger. Un accord
entre un pays récepteur et la Chine dans lequel les procédures sont simplifiées et facilitées
pour les visas touristiques. Il est obtenu suite à des négociations entre les deux parties. Ainsi,
ce statut s’opère grâce aux Tours Operators (T.O) et aux agences de voyage par lesquels les
groupes de touristes chinois sont obligés de passer pour voyager. Il y avait alors seulement
2 destinations touristiques autorisées. En 198916
, le tourisme intérieur est désormais pris en
compte par les dirigeants. Il entreprend la construction de « zones d’intérêt paysager et
historique d’importance nationale ». De 1992 à 1995, le nombre de "touristes" intérieurs
augmente rapidement : la hausse est supérieure à 20% chaque année. Enfin, en 2001, après
quatorze années de négociations la Chine devenait officiellement le 143e
membre de
l’OMC17
. Une étape qui vient poser des droits, des devoirs et des limites à la Chine
concernant les échanges commerciaux internationaux. Le statut de « DTA » était accordé à
14 pays dans les années 2000, en 2004 un accord important est signé entre l’Union
Européenne et l’Administration du tourisme de la RPC. Il permet à la quasi-totalité des pays
européens de pouvoir accueillir des touristes chinois. Plus de 150 pays sont désormais
« DTA » aujourd’hui, dont récemment les principales îles de l’Océan indien. Le Hukou,
quant à lui est toujours d’actualité, mais il a été assoupli à quatre reprises depuis sa création
pour l’adapter aux changements économiques et démographiques qui s’opèrent dans le pays.
Aujourd’hui, c’est plus de 2 milliards de séjours touristiques intérieurs et 120 millions de
touristes chinois extérieurs. L’ouverture touristique du pays s’est donc faite par le biais de
l’ouverture économique sur le monde. D’autre part, l’évolution du droit du travail et du
pouvoir d’achat ont contribué à cela également.
16
Date à laquelle l'ex-directeur de l'Administration nationale du tourisme de Chine, M. Liu Yi déclare que : "le
tourisme intérieur devrait maintenant être la base du tourisme chinois". Zhang W., (1997) China's domestic
tourism : impetus, development and trends, Tourism Management, Volume 18, Issue 8, p. 565-571.
17
Organisation Mondiale du Commerce, 163 pays au 14 juillet 2016

11
b) Les progrès du droit du travail et du pouvoir d’achat
Le droit du travail en Chine est encore aujourd’hui beaucoup moins développé que
le droit du travail français, bien qu’il tente de s’en inspirer. Il etait beaucoup plus difficile
pour un chinois de partir en vacances qu’un français, du point de vue du pouvoir d’achat
mais aussi des congés payés. Historiquement, des mesures ont été instaurées par le
gouvernement chinois afin d'augmenter les chiffres du tourisme domestique. En 199518
, le
gouvernement chinois instaura la réduction du temps de travail de 44 à 40 heures
hebdomadaires. Ainsi ils adoptaient la semaine de travail à cinq jours, et définissaient les
premiers jours de repos : samedi et dimanche. C'est le premier engagement fort de l'État dans
l'incitation à l'émergence d'une économie des loisirs. Le gouvernement central lança
d'ailleurs dans la foulée une campagne de communication sur la culture du loisir et 1996 fut
déclarée année des loisirs et des vacances. En 1999, ils mettaient en place les congés payés,
dites les deux «semaines d’or»19
. En octroyant des vacances continues et prolongées aux
Chinois, le gouvernement espérait les inciter à voyager et à dépenser plus. Les deux semaines
d’or correspondaient à la fête du travail (1er
mai) à la fête nationale (1er
octobre) et au nouvel
an lunaire Chunjie. Il faudra attendre 2007, pour que les travailleurs du public et du privé
aient droit sous certaines conditions à 5 ou 10 jours supplémentaires, soit environ 19 à 24
jours de congés par an. Cette même année, les semaines d’or furent modifiées, l’on y ajouta
trois autres fêtes traditionnelles ressuscitées : la fête des morts Qingming (2-4 avril) ; la fête
des bateaux-dragons Duanwu (9-11 juin) et la fête de Mi- automne Zhongqiu (15-17
septembre). Cette modification a été souhaitée par le gouvernement afin de fragmenter les
congés plus harmonieusement. Encore
aujourd’hui, les semaines d’or ont des
conséquences spectaculaires sur
l’économie du pays, tout est paralysé, ce
sont plus d’un milliard de chinois qui
partent en vacances en même temps.
< Période d’alerte rouge à pékin en 2006
pour les départs et retours
18
http://www.lemonde.fr/international/article/2013/08/01/vacances-la-deferlante-
chinoise_3456099_3210.html
19
"Huang Jin Zhou" 黄金周 ou "semaine d'or" est le nom donné en République Populaire de Chine aux congés
payés spéciaux qui sont accordés aux salariés par le gouvernement depuis l'an 2000.

12
Tous les ans plusieurs journaux chinois déconseillent de sortir ou de visiter les sites
touristiques à cette période, mais rien n’y fait, la cohue est présente à chaque fois. Les congés
payés sont aussi l’occasion de retrouver sa province natale, en 2012 ils auraient été 200
millions à le faire selon le gouvernement20
. Nuance toutefois, selon une étude publiée par le
journal Le Monde en 2012, « 50 % des personnes interrogées par le Quotidien de la
jeunesse répondaient ainsi que leur travail ne leur permettait pas de prendre de congés payés.
Et 78 % des sondés jugeaient le droit aux congés payés "difficile à faire valoir", en raison de
la "différence de position" entre employeur et employé. » Le concept « vacances » est donc
très jeune pour la population chinoise mais aussi pour le gouvernement. Le tourisme
domestique en Chine est désormais un levier économique du 12 e plan quinquennal. Afin de
prendre exemple sur des experts, selon le journal Paris Match21
, la Chine s’inspire du modèle
vacancier français : le Club Med par exemple possède 10% de son capital détenus par des
investisseurs chinois. Après le temps accordé pour aller en vacances, il faut aussi en avoir
les moyens. Le salaire minimum diffère en fonction du type de métier mais également en
fonction des villes comme nous le montre la carte ci-dessous. Les provinces chinoises les
plus riches ont un SMIC
beaucoup plus faible que le
SMIC22
français, en 2015 il est
évalué à 1820 RMB23
soit 220
euros. Mais quand l’on porte
attention à la carte, la réalité
globale est toute autre. La
moyenne du SMIC serait plutôt
aux alentours de 1100 RMB soit
146€. Selon un article sur
l’emploi du journal Le Figaro24
,
« le gouvernement
chinois encourage depuis
plusieurs années les provinces à
20
http://www.europe1.fr/international/chine-la-semaine-d-or-veritable-casse-tete-1659813
21
http://www.parismatch.com/Actu/Economie/Les-Chinois-decouvrent-les-conges-payes-a-la-francaise-
580774
22
Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance
23
Yuan ou Renminbi monnaie officielle de la RPC
24
http://www.lefigaro.fr/emploi/2015/02/11/09005-20150211ARTFIG00012-etats-unis-chine-allemagne-ils-
ont-tous-adopte-le-salaire-minimum.php
Salaire minimum en Chine par mois (2013)

13
relever leur salaire plancher afin de dynamiser la demande intérieure et de doper la
consommation ». Chaque année, le salaire minimum est en hausse de 8 à 15% selon la
région. A titre de comparaison, le SMIC français est en hausse de seulement 0.6% au 1er
janvier 2016. Nonobstant de fortes disparités et des chiffres assez faibles, certaines villes
comme Shanghai ou Beijing se rapprochent des standards européens en termes de salaire.
Malgré la chute de sa croissance de PIB depuis 2007, la Chine conserve une croissance de
son PIB supérieure à 7%, contrairement à la France qui a une croissance très faible de 0,18%.
Si l’on parle en termes de pouvoir d’achat, on étudie le PIB par Parité de Pouvoir d’Achat
(PPA). Le PIB par PPA consiste à calculer la valeur d’une monnaie par rapport aux montants
des biens et services qu’elle permet d’obtenir. On peut ainsi comparer pour deux pays le
montant de biens et de services que l’on peut acquérir avec la même monnaie. La Chine s’en
sort très bien, avec un PIB25
par PPA en 2014 de 18 000 milliards de dollar alors qu’en
France il est de seulement 2600 milliards de dollar. Le pouvoir d’achat croit tellement en
Chine qu’en 2014 il a dépassé celui des Etats-Unis. Toutefois ces chiffres sont à relativiser.
Si l’on calcule le PIB par PPA par habitant, il est seulement de 12 599 dollar pour la Chine
en 2014. Pour la France ou les Etats-Unis, on est plutôt aux alentours de 30 à 50 000 dollar.
Ce chiffre plus faible peut se traduire par les fortes disparités au sein de la population
chinoise. Comme nous l’avons vu sur la carte précédente, le montant du salaire minimal
varie beaucoup de région en région, la Chine est à la fois très riche et très pauvre. Sur la carte
ci-dessus, on remarque que sur 22 provinces, seulement quelques-unes tirent la Chine vers
le haut pour lui permettre d’obtenir de forts résultats économiques.
25
Selon les données de la Banque Mondiale
Chine : PIB par habitant selon les régions administratives,
2011

14
Comment ce phénomène se manifeste ?
a) Où vont-ils ?
La principale destination réceptrice de touristes chinois est la Chine en elle-même.
En 2007, le nombre de "déplacements touristiques" de touristes intérieurs était de 1,6
milliard. Soit un rapport de 1 touriste international26
pour 62 touristes intérieurs.
Aujourd’hui27
, le rapport serait de 1 touriste international pour 160 touristes intérieurs.
Plusieurs raisons à cela, comme nous l’avons vu précédemment, l’ouverture de la chine s’est
faite au fil du temps. Au même titre que l’Europe et d’autres régions, le tourisme débute
d’abord au sein même d’un territoire (en Angleterre), puis il s’étend vers les régions les plus
proches pour enfin s’ouvrir au monde. Cela bien entendu grâce aux diverses mesures prises
par les gouvernements (Exemple : 3e
semaine de congés payé en France en 1956) et par le
développement des infrastructures qui viennent faciliter les déplacements humains
(Exemple : construction de chemin de fer en 1830). De plus, les chinois n’ont le droit qu’a
de faibles périodes de congés par an ce qui rend les déplacements à l’étranger compliqué. Ils
se rendent donc vers des lieux beaucoup plus proches de chez eux au sein même de leur
pays. Selon les sources officielles, les ressources liées aux dépenses des touristes intérieurs
26
Hors compatriotes Hong Kong, Macao et Taiwan
27
Calcul établi sur la moitié de l’année 2015 (2 mds de touristes intérieurs / 12.5 mlns de touristes extérieurs)

15
s'élevaient à environ 90 milliards d'euros en 2007. C'est 4,3 fois plus que les revenus du
tourisme international la même année. Autrement dit les touristes intérieurs chinois
dépensaient 4,3 fois plus que les autres touristes venant en Chine cette année-là. Selon le site
géo confluences de l’Ecole normale Supérieure de Lyon (qui a établi une étude complète sur
le tourisme intérieur chinois), ils considèrent que le tourisme intérieur chinois n'est le fait
que de la classe moyenne des principales villes du pays, portant ainsi le nombre de touristes
réels à 300 millions. Chiffre confirmé par Benjamin TAUNEY, docteur en géographie, et la
revue Sciences Humaines28
qui évaluent le nombre de touristes intérieurs de 300 à 400
millions par an. Les chiffres communiqués par le gouvernement sont relatifs car ils sont le
résultat du nombre total de déplacements. Différents termes se côtoient parfois pour
exprimer le mot touriste : "lüke" qui signifie voyageurs, et le deuxième est "youke" ayant
pour sens touristes. Les deux variables sont mélangés dans les statistiques et cela complique
la lisibilité des résultats. L'OMT29
ne fait également pas la distinction entre les différents
motifs des voyages. Ainsi, un touriste qui part plusieurs fois en vacances pendant une même
année sera comptabilisé comme plusieurs touristes. Les trois principales provinces
réceptrices sont Guangdong, Pékin et Yunnan comme on peut le voir sur la carte ci-dessus.
Guangdong a été la première région à s’ouvrir économiquement au monde, ce qui a résulté
un grand essor économique. C’est une région où l’on retrouve donc une grande modernité
qui attirent beaucoup les chinois. Pékin ensuite qui représente le centre politique,économique
et culturel du pays et qui possède une très longue histoire (le site de l’Homme de Pékin est
vieux de 500000 ans). Enfin Yunnan, beaucoup moins peuplée et beaucoup moins
industrielle que ces prédécesseurs, constitue une région de grande richesse naturelle
équipée30
(fôret, vallée, fleuves, risières) que les touristes apprécient beaucoup.
Risière en terrasse à Yuanyang (Yunnan) ^
28
http://www.scienceshumaines.com/le-tourisme-interieur-chinois-facteur-d-unite-nationale_fr_27265.html
29
Organisation Mondiale du Tourisme
30
La région de Yunnan a beaucoup investi dans l’équipement touristique pour valoriser son territoire

16
Les deux autres principales destinations du touriste chinois sont Hong Kong et Macao31
.
Leurs données s’élèvent à 68 millions de touristes pour l’année 2015. Ce qui correspond à
56% de la part totale du
nombre de touristes chinois
extérieur en 2015. Vue de nuit
aérienne sur Hong Kong >
Ces deux régions sont gérés
administrativement par la
Chine. Il est donc assez facile
d’y aller pour les chinois.
Selon l’agence Marketing Chine32
, Hong Kong aura besoin dans la prochaine décennie de
doubler son nombre de lits, rien que par le fait des touristes chinois. La ville est connue pour
ses parcs d’attraction, ses nombreux lieux de shopping, et elle est très appréciée pour ses
bijoux selon une étude de KPMG33
. Macao quant à elle, est connue pour ses casinos et son
architecture portugaise. A l’image de sa voisine Hong Kong, elle est aussi très portée sur le
shopping de luxe, faisant le bonheur des touristes chinois. Ces deux régions sont également
connues pour être très avantageuse pour le coût de l’alimentation. A l’échelle de l’Asie34
, la
part passe de 56 à 80% du nombre total de touriste chinois en 2015. Par conséquent, à l’heure
actuelle, seulement 20% des touristes chinois s’aventure au-delà de l’Asie35
. Selon le site
travelchinaguide.com36
le top 3 des destinations extérieures à la Chine en 2015 sont : la
Corée du Sud, Taiwan, et le Japon. La France se situe en 6e
position et représente le premier
pays européen dans le classement, aux côté de l’Italie, la Suisse et l’Allemagne. Si l’on se
concentre sur le territoire français, la ville la plus attractive pour les touristes chinois est bien
entendu la capitale de la mode Paris. On y retrouve les plus grandes marques de luxe
françaises auxquelles les chinois sont particulièrement sensibles. Récemment ils se mettent
à voyager également en Afrique37
quand bien même il s’agit avant tout d’une clientèle
d’affaires attirée par le développement du partenariat Chine-Afrique.
31
Appelés compatriotes, ont le statut de région administrative spéciale de la RPC
32
http://www.marketing-chine.com/entreprises-etrangeres/les-touristes-chinois-a-lorigine-de-lexplosion-des-
hotels-a-hong-kong
33
http://www.marketing-chine.com/analyse-marketing/les-chinois-aiment-les-produits-etrangers
34
En ajoutant les zones ASEAN, Taiwan, Corée, et Japon
35
Australie, Europe, Etats-Unis et autres
36
https://www.travelchinaguide.com/tourism/2015statistics/outbound.htm
37
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/05/11/l-afrique-lorgne-les-touristes-
chinois_4631064_3212.html

17
b) Qui sont-ils et comment consomment-ils ?
Il existe bien entendu de multiples types de touristes chinois puisque chaque province
a sa propre culture et ses propres habitudes. De plus, les types d’habitudes et d’attentes
varient en fonction de l’âge, de la catégorie socio-professionnelle, etc. Nous retiendrons deux
types de touriste, majoritairement il y a le touriste intérieur comme nous l’avons vu
précédemment, c’est-à-dire un touriste qui voyage au sein même de son territoire. Ensuite,
il y a le touriste extérieur, qui voyage au-delà des frontières de la Chine.
Selon une étude du site travelchinaguide.com le touriste chinois intérieur type de 2015 est
à 64% féminin, très attaché au shopping et très attiré par les produits haut de gamme. Ils ont
en général entre 25 et 34 ans et voyagent en groupe. Ils font partie de la classe moyenne des
villes côtières de l’Est de Chine.
Leur région favorite demeure
Guangdong. Exemple type
d’une touriste intérieure
chinoise>
L’étude de l’ENS de Lyon nous
dépeint deux types de touristes
intérieurs. Ils peuvent être urbains ou ruraux. Les urbains sont moins nombreux que les
ruraux, mais les urbains dépensent plus de quatre fois plus lors de leurs séjours touristiques.
Ils ont plus de moyens que les ruraux. Les ruraux sont également 60% plus mobile que les
urbains. Les touristes ruraux se déplacent donc beaucoup plus mais dépensent beaucoup
moins et inversement pour les touristes urbains. Les touristes qui se rendent en ville veulent
avant tout aller à la rencontre de la modernité, qui traduit la grandeur de leur pays. Toutefois,
bien qu’énormément attirés par le shopping, ils ont un grand attrait pour la culture du pays.
Les « zones d’intérêt paysager et historique d’importance nationale » créées par le
gouvernement depuis les années 1980 ont été mises en place pour créer une sorte d’« unité
nationale ». Les touristes intérieurs chinois sont très sensibles à ces lieux. Ils laissent
cependant peu de place à l’ancien et l’authentique et préfèrent que les bâtiments soient
rénovés plutôt que conserver dans leur état d’antan. Ils préfèrent également la signification
imagée, la représentation de symboles, plutôt que de rationnelles explications. Une muraille
de Chine en fausse pierre, par exemple, ne posera aucun problème. Les touristes intérieurs
délaissent généralement les espaces ruraux, même si ce type de tourisme commence à faire
son apparition dans l’Ouest de la Chine. Ils ne sortent que peu des villes qu'ils visitent. Ils

18
aiment particulièrement les villes pour leurs côtés bruyant et animé, où il y a une forte
sociabilité. Ils ne sont pas attirés par des pratiques dites "d'aventure" qui demande de l’effort,
mais ils sont très intéressés par les lieux incontournables bien équipés pour les visites comme
nous l’avons vu pour la province de Yunnan. Evidemment, tout le monde n’a pas encore les
moyens ni le temps de s'offrir un séjour touristique : faire partie de cette élite fait gagner de
la considération sociale. La société chinoise est une société de statut : la démonstration des
photos à la maison ou sur les réseaux sociaux indiquera à l’entourage du touriste toute sa
prestance et son mérite, les touristes chinois sont très « m’as-tu vu ». Les us et coutumes
sont parfois difficiles à concevoir pour les occidentaux. Sur la plage par exemple, on se
baigne que très peu, et l'on
cache son corps du Soleil,
comme l'illustre l’image ci-
après.
Le Face-kini38
pratiqué sur une
plage chinoise >
La peau bronzée est encore
aujourd’hui perçu comme un signe de la pauvreté, celui des paysans soumis au lourd labeur
agricole quotidien et ceux malgré les intempéries. La Chine est encore majoritairement rurale
et la blancheur signifie que la personne n’est pas confrontée à cette réalité, elle bénéficie
donc de richesse et d’un statut supérieur.
Le profil type d’un touriste extérieur chinois intéresse beaucoup de pays qui souhaitent
attirer cette clientèle. Ainsi, le profil type est dépeint par plusieurs journaux, sites de voyage
et de marketing du monde entier. Ils s’accordent tous sur ces points. Ils sont de plus en plus
jeunes, 56% de « post 80’s »39
et 27% de « post 70’s », ce qui correspond à une tranche d’âge
de 18 à 35 ans. Ces générations ont fait partie de la politique de l’enfant unique, ce pourquoi
ils ont souvent beaucoup plus de moyens pour voyager que leur prédécesseurs. Ils font partie
du haut de la classe moyenne et de la classe supérieure. Ils ont également un bon niveau
d’éducation puisque plus de 50% d’entre eux ont le niveau de Licence 3 et plus. Ils sont donc
jeunes, aisé et bien éduqué. Le tourisme d’agrément est majoritaire à 96%. Ils sont avant tout
des touristes connectés. Ne connaissant que peu le monde pour des raisons évidentes, ils se
38
http://www.lexpress.fr/styles/beaute/face-kini-sur-la-plage-les-chinois-se-cagoulent-pour-ne-pas-
bronzer_1151359.html
39
Surnom donné aux touristes chinois qui sont nés après l’ouverture de la Chine dans les années 80

19
réfèrent en grande partie au web pour se créer leurs premières idées, bien que l’avis de leurs
proches compte beaucoup plus. Le géant de la recherche en Chine Baidu est très utilisé,
également les réseaux sociaux tels que Weibo et Wechat. Ils vont aller s’inspirer par les
blogs de personnes influentes, comme par exemple Yaochen, « reine » de Weibo qui fut
l’ambassadrice de la Nouvelle-Zélande en 2012 par le biais de son mariage. Ils utilisent
beaucoup les agences de voyage en ligne pour préparer leur voyage : l’e-tourisme a
fortement sa place en Chine, avec des leaders du domaine tels que Ctrip et Qunar. Le
multimédia est très apprécié sur les sites de recherches, ainsi les sites de marketing
conseillent pour chaque acteur du tourisme désirant attirer cette clientèle, de faire de gros
efforts de communication en proposant photos et vidéos à couper le souffle. Les voyages de
groupe restent majoritaires (70%) bien que cette coutume à tendance à diminuer aux profits
des voyages seuls, en famille, ou entre amis. Concernant leur budget, si l’on fait une
moyenne des dépenses internationales par rapport à la totalité des touristes chinois, on
obtient un séjour moyen de 1375€ par personne. Cette donnée va varier selon pays visité.
Par exemple ils dépensent beaucoup plus en France40
qu’à Singapour ou qu’aux Etats-Unis.
En moyenne, un touriste chinois va dépenser 5400 euros lors de son séjour en France. Ils
sont comme les touristes
intérieurs de fervents adeptes
du shopping, environ 60% de
leur budget y est consacré, les
sites parlent toutefois de
nouvel attrait pour l’aspect
culturel41
qui devrait venir
bousculer quelques peu les
statistiques. Leur séjour est en général assez court (5 à 10 jours) dû au fait de leur courte
période de congés payés vu précédemment, et ils aiment visiter un maximum de choses en
un minimum de temps. Tendance à relativiser42
puisqu’ils visitent beaucoup moins de pays
pour une même durée de séjour qu’il y a 10 ans (en moyenne 3 pays pour 10 jours de voyage,
alors qu’auparavant il était plutôt de l’ordre de 6 pays en 10 jours). Ils visitent les haut lieux
touristiques touristiques mais recherchent récemment de plus en plus l’aventure, la
40
http://www.lefigaro.fr/conso/2015/01/29/05007-20150129ARTFIG00132-les-touristes-chinois-depensent-
plus-en-france-qu-a-singapour-ou-aux-etats-unis.php
41
http://www.marketing-professionnel.fr/tribune-libre/10-tendances-touristes-chinois-tourisme-201501.html
42
http://o.nouvelobs.com/voyage/20130408.OBS7167/touristes-chinois-les-quatre-verites.html

20
nouveauté, l’authentique. A Paris par exemple, 85% des touristes chinois vont visiter la Tour
Eiffel, 82% le Musée du Louvre et 74% l’Arc de Triomphe. Quelques faits surprenants sur
leurs habitudes de consommation tirés d’une étude de Hotels.com43
: leur principale
inquiétude dans leur recherche est la présence de Wifi dans un établissement hôtelier, 75%
de cette clientèle y porte un grand intérêt ; la deuxième inquiétude est de savoir si la chambre
possède une bouilloire, afin de pouvoir faire du thé ou faire cuire des nouilles ; ensuite ils
désirent avoir des pantoufles dans leur chambre. Les touristes chinois apprécient
particulièrement la présence de guides, d’indications et d’accommodations traduites en leur
langue, ainsi, 18% des consommateurs désirent un programme de chaîne TV en chinois dans
leur chambre. Egalement 66% d’entre eux recherchent une salle de restaurant dans leur hôtel.
Les principales attentes des chinois lors de leur réservation sont : en priorité la sécurité
(43%), la présence d’un patrimoine culturel et historique (39%), la valeur de la monnaie
(30%), et la cuisine à 29%. En matière de cuisine, les chinois veulent manger chinois, surtout
le matin et le soir. Cela ne les empêche pas de vouloir goûter la cuisine du pays récepteur.
Ils aiment particulièrement prendre des photos, photos qui leur serviront de preuve et de
démonstration de leur richesse auprès de leur alentour.
Ils ont encore la réputation auprès des destinations réceptrices d’être malpolis mais c’est une
tendance qui diminue encore une fois grâce aux prises de consciences. Retranscrit par le
journal Le Monde44
, une journaliste avait évoqué d’eux qu’« ils sont vus comme lourds,
bruyants, malpolis, indisciplinés,… ». Un des évènements viraux fut le graffiti d’un touriste
chinois sur un sanctuaire du Louxor.
« Ding Jinhao en visite ici » sur le corps du
dieu Amon > Désormais les
comportements indésirables sont souvent
relayés par la presse chinoise qui tente
d’avertir les touristes en partance, mesures
prises par le gouvernement qui est
particulièrement défavorable à ces comportements qui nuisent à l’image du pays.
Le touriste chinois encore assez jeune, promet donc richesse et fortune à quiconque s’y
intéresserait, et mettrait les moyens en œuvre pour les attirer.
43
http://www.touristes-chinois.com/2014/01/qui-est-le-touriste-chinois-daujourdhui/
44
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/08/20/mauvaise-reputation-la-chine-prend-des-mesures-pour-
corriger-ses-touristes-malpolis/

21
Chapitre 2 – L’essor du tourisme chinois dans l’océan Indien
Comme nous l’avons vu, le touriste chinois voyage maintenant de par le monde.
Quand-est-il de l’Océan Indien et des îles vanilles ?
Qu’est-ce-qui peut lier la Zone Océan Indien à La Chine ?
a) L’attraction du continent africain
Les relations entre la Chine et l’Afrique vont bon train, l’empire du milieu est très
attiré par le continent africain. La Chine se place en quatrième position des pays qui
investissent sur le continent africain, derrière l’Europe et les Etats-Unis. Les échanges
commerciaux entre les deux pays pourraient atteindre 40045
milliard de dollar d’ici 2020, la
Chine exporte du pétrole, des minerais, du textile, mais aussi ses voitures et téléphones. Le
continent est une véritable mine d’or, il y aurait 2500 sociétés chinoises implantées en
Afrique, principalement dans la production d’énergie fossile mais aussi dans les transports
et la téléphonie. Le graphique ci-dessus montre que les investissements chinois sont à 30%
miniers en concordance avec les chiffres précédents. On remarque également que la Chine
est présente dans de nombreux domaines tels que le commerce, les services aux entreprises
ou encore l’agriculture. On ressent la présence lourdement appuyée de celle-ci, le
gouvernement chinois investi une grande partie de son gouvernement central46
(Ministères
des Finances et du Commerce). Le continent africain est toutefois en difficulté puisque le
45
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/12/04/les-relations-commerciales-chine-afrique-en-quatre-
chiffres_4824548_3234.html
46
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/articles-
scientifiques/les-chinois-en-afrique

22
taux d’investissement de la Chine a reculé de 40% suite au ralentissement de l’économie
mondiale. Dans un article47
du journal Le Monde du 18 avril 2016 on parle d’un partenariat
novateur entre La France, la Chine et le continent africain « qui
doit conduire à développer les investissements sur le continent dans les domaines des
infrastructures, de l’énergie, de la santé ou encore de l’éducation. ». Le concept
« Chinafrique » est tellement développé qu’il a même son propre site internet
http://www.chinafrique.com/ et son magazine mensuel. Malgré les inquiétudes mondiales
sur l’exploitation des ressources naturelles de l’Afrique, la presse et le gouvernement chinois
s’accordent sur le fait que La Chine ne s’intéressent pas uniquement à l’Afrique pour ses
ressources mais aussi pour un renfort des liens diplomatiques et commerciaux.
Arrivée du groupe
hôtelier chinois HNA en
Afrique >
Au-delà de ses multiples
investissements dans
divers domaines tels que
le BTP ou les transports,
la Chine investit aussi
dans le tourisme sur ce territoire. Partenariat qui porte ses fruits puisqu’en 2014, près d’un
million et demi48
de touristes chinois se seraient rendus en Afrique. L’intérêt que porte La
Chine pour l’Afrique a permis la réalisation de nombreux projets. Par exemple, afin de
satisfaire sa clientèle présente sur le territoire, la Chine a elle-même investit dans des projets
touristiques. Elle commence à investir gracieusement sur le secteur de l’immobilier
touristique, la création d’hôtel et les transports aériens. Ainsi, plus de 6 pays auraient déjà
bénéficié de construction d’hôtel et 23 pays auraient signé un accord au niveau du transport
aérien, créant plus de 50 liaisons régulières hebdomadaires entre les deux partenaires.
Autrement dit, le partenariat profite doublement au continent : elle crée de la richesse avec
la venue des touristes chinois qui contribuent à l’économie africaine, elle crée également des
structures permettant certes la satisfaction de cette clientèle mais surtout le développement
et le rayonnement du territoire.
47
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/18/la-chine-la-france-et-l-afrique-cherchent-a-batir-une-
relation-de-confiance_4904042_3212.html#8lbf5o7Idoz67vmy.99
48
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/05/11/l-afrique-lorgne-les-touristes-
chinois_4631064_3212.html

23
b) Des avantages concurrentiels forts
Comme nous l’avons vu précédemment le potentiel en termes d’arrivées de touristes
chinois est impressionnant et ne fait que croître. Selon des enquêtes menées par des agences
de voyages partout en Chine, il devrait y avoir une hausse considérable du nombre de
touristes extérieurs pour plusieurs raisons : suppressions des visas ou diminution des
procédures administratives, le pic des vacances d’été, l’augmentation des vols internationaux
et enfin la nouvelle stratégie économique émergente « One Belt, One Road ». Cette
dernière, imaginée par le gouvernement, consiste en la réhabilitation de la route de la soie
(cf. carte ci-dessous) pour consolider les échanges économiques entre les pays de l’ASEAN
et l’Europe. La zone O.I a de forts avantages concurrentiels comparés à d’autres zones du
monde pour attirer la clientèle chinoise. Tout d’abord, comme nous l’avons vu, sa proximité
à l’Afrique. On remarque sur la carte un point d’encrage au Kenya, rien d’étonnant quand
on sait que la Chine s’intéresse de plus en plus au continent Africain. Dans cette optique, le
président Xi Jinping49
a proclamé une aide de 60 milliards de dollar afin de placer l’Afrique
sur la nouvelle route de la soie. Selon le journal Le Monde, « L’objectif principal de Pékin
consiste surtout à relier le continent et ses futurs « trois réseaux ». Une route terrestre allant
de Yiwu, au sud de Shanghai, à Madrid, en Espagne. Et une route maritime qui traverse
l’Asie du Sud-Est en direction des côtes africaines via le Sri Lanka. »
49
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/04/pekin-va-preter-60-milliards-de-dollars-a-l-afrique-pour-
la-mettre-sur-sa-route-de-la-soie_4824599_3212.html
Représentation du concept One Belt, One Road.

24
La moitié des îles vanilles50
sont déjà catégorisées faisant partie du continent africain selon
l’OMT, et également dans les études menées comme nous le démontre cette phrase tirée
d’un article du journal Le Monde traitant de l’opportunité du tourisme Chinois pour
l’Afrique « Un récent sondage effectué par le groupement national des agents de voyages
indique que les Chinois ne s’intéressent pour l’heure qu’à une poignée de pays : le Kenya,
Maurice, les Seychelles, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Egypte et la Tunisie. ». On peut
donc peut-être élargir le potentiel du tourisme chinois à la zone Océan Indien et aux îles
vanilles. La proximité et la semi appartenance des îles vanilles au continent africain sont
donc des points forts pour la zone O.I. Ensuite, son appartenance au trajet de la nouvelle
route de la soie. Si l’on se réfère à la carte « One Belt, One Road » ci-dessus, on remarque
que le trajet passe par la zone O.I (en rouge) sans s’y arrêter. Un point qui serait exploitable
pour les gouvernements des différentes îles souhaitant collaborer d’une quelconque manière
avec la Chine. D’ailleurs, l’ambassadeur de la RPC à Maurice M. Li LI, a annoncé que la
Chine s’intéresse à l’Île Maurice pour servir de levier financier entre la Chine et l’Afrique.
On peut imaginer alors un point d’ancrage de plus de la « One Belt, One Road » à Maurice
par exemple. En continuant sur le potentiel d’investissement, la zone O.I qui est composée
de territoires assez jeunes, est assez peu développée. Ce territoire pourrait représenter une
terre promise pour les investisseurs chinois, puisque ces îles de l’océan indien recherchent
l’investissement étranger
pour pouvoir se
développer.
La Chine investit déjà
dans l’Océan indien :
Terminal 2 de l’aéroport
international SSR à l’Île
Maurice >
A Maurice, elle a investi aussi bien dans le secteur du BTP, que le secteur bancaire ou le
secteur textile, mais surtout, elle investit comme en Afrique sur le secteur touristique. Par
l’aérien, en renforcement les lignes aériennes, et en développement l’aéroport international
SSR51
. Il y a également plusieurs projets touristiques qui intéressent les investisseurs chinois
selon le journal Mediaf.
50
Madagascar, Maurice, et Les Seychelles
51
http://mediaf.org/?p=2840

25
A La Réunion, le potentiel d’échange est également conséquent : la CCI52
de La Réunion
veut développer l’économie entre nos deux territoires. Selon ses dires, La Réunion importe
massivement de la Chine. En 2015, l’île aurait importé 276 millions d’euros de
marchandises. Tandis que nous exportons très peu vers ce territoire (1.2 millions d’euros),
la Chine est le second53
pays qui exporte le plus à La Réunion. Afin de développer ce
potentiel, la CCI a organisé le 30 mars 2016 la China Business Day, évènement destiné aux
entrepreneurs réunionnais et débouchant sur deux objectifs : attirer plus de touristes chinois
et exporter plus vers ce pays. L’île exporte pour le moment de la légine à 70%, mais le
président de l’ACCR54
Alex How Choong veut mettre en avant notre savoir-faire en termes
de technologie de l’environnement, de l’énergie et des NTIC. La Région Réunion a pour
objectif d’être 100% autonome en énergie d’ici 2030. La Chine, pays où la pollution atteint
des records mondiaux55
, aurait surement besoin de notre savoir-faire dans ces domaines. Un
renforcement du partenariat est donc nécessaire, et l’on touche également à sa progression
lors de participation aux salons professionnels chinois tels que la Foire de Canton. Les
professionnels s’accordent sur le fait que le secteur touristique est un secteur primordial à
développer. D’un point de vue touristique donc, l’hôtel 5 étoiles Le Superbe qui doit ouvrir
ses portes en 2017, est financé en grande partie par des investisseurs chinois. Il permettra à
l’île d’augmenter son palmarès d’hôtel haut de gamme. Il sera le levier futur du
développement de la
commune de Saint-Philippe,
aussi bien pour l’économie
locale que pour l’attraction
de touristes chinois.
Hôtel***** Le Superbe à La
Réunion >
La Réunion ne possédant pas
beaucoup d’établissements
haut de gamme, on pourrait
imaginer fleurir sur le
territoire d’autres établissements du type, ou d’autres infrastructures pour développer l’île.
52
Chambre des Commerces et des Industries
53
Sans compter les pays pétroliers
54
Association des Commerçants, Cadres et Chefs d’entreprise chinois de La Réunion
55
http://www.leparisien.fr/environnement/nature/chine-record-de-pollution-a-pekin-30-11-2015-5326211.php

26
Bien entendu, les richesses naturelles de la zone O.I sont d’indéniables avantages. La zone
possède toutes sortes d’îles complémentaires dans lesquelles l’on peut retrouver 1001
paysages. Les touristes chinois, connus pour apprécier Les Maldives, auront beaucoup de
plaisir à découvrir les autres îles de la zone O.I., l’Île Maurice et les Seychelles, pour leurs
plages de sable blanc et leurs multiples lagons ; La Réunion, pour sa fraîcheur et sa pureté
que l’on retrouve aux creux de ses montagnes ; Madagascar, Mayotte et les Comores, pour
leur côté sauvage et préservé qui regorgent de richesses naturelles
parfois encore inexplorées. On a vu que les touristes chinois
appréciaient beaucoup les sites classés, dans l’Océan Indien, le
patrimoine mondial de l’UNESCO possèdent plusieurs sites
naturels classés. Sites qui deviennent par conséquent des lieux
potentiels de forte attractivité. L’Île de La Réunion célèbre déjà
son 6e
anniversaire de classement pour ses pitons, cirques et remparts. Quand on sait que la
clientèle chinoise a pour nouvelle habitude de rechercher le tourisme d’aventure, on peut
émettre l’hypothèse qu’ils seraient très intéressés par ces terres. Il faut bien entendu les
moyens de mettre en valeur ces richesses pour pouvoir les rendre accessible et ludique aux
visiteurs intéressés : points de vue aménagés, données éducatives traduites en plusieurs
langues, activités proposés sur le site, boutique souvenirs, etc.
Enfin, les richesses culturelles, et l’emprunte chinoise historique qu’on peut retrouver dans
l’océan indien. Le patrimoine mondial de l’UNESCO est encore une fois important, tant par
sa préservation des lieux culturels : à
Madagascar, la Colline royale d'Ambohimanga >
vielle de 500 ans, est un lieu sacré et spirituel
classé ; tant par son classement au patrimoine
culturel et immatériel : le séga mauricien
traditionnel. Aussi, les épisodes historiques
comme l’ « engagisme », prouvent que les
chinois ont parcouru l’Océan indien. Aujourd’hui
le métissage des populations que l’on peut retrouver sur chaque île détient définitivement en
son cœur une partie chinoise. Selon le président de la CCI Réunion Ibrahim PATEL, « De
par notre proximité historique, il serait intéressant qu’on récupère quelques parts de
marché ». A La Réunion, la culture chinoise mélangée à sa population, offre chaque année
de beaux spectacles (danse du lion et du dragon, festivités et gastronomie chinoise, etc.). Des
liens ADN que l’on peut hypothétiquement exploiter pour attirer cette clientèle.

27
Quels sont les exemples de réussite sur ce territoire ?
Nous avons vu que Les Maldives et l’Île Maurice arrive au sommet du podium des
îles attrayantes pour les touristes chinois dans l’Océan Indien, et les chiffres croient chaque
année, quels sont donc leurs secrets ? Et sont-ils invulnérables ?
a) L’exemple des Maldives
Les Maldives sont de minuscules îles situées à proximité du sud de l’Inde de 345 000
habitants, elles sont gouvernées par un état de religion islamique. On y parle l’anglais. Elles
ont la particularité d’avoir un relief quasiment nul, en effet le point culminant ne dépasse
jamais 1 mètre. Elles possèdent 26 atolls56
et 1200 iles dont 202 habitées et une centaine
dédiées exclusivement au tourisme. Pour la première fois en 2013, l’archipel a dépassé le
million57
de touriste, ce secteur est la première ressource économique du pays. Le tourisme
y est tellement important, que c’est le pays entier qui change sa façon de vivre et sa culture
pour s’adapter à la clientèle et à la société de consommation. Selon l’auteur Alexandre
MAGNAN, qui a établi une étude poussée sur le tourisme des Maldives, « l’activité
touristique conduit le pays à passer d’une économie traditionnelle vivrière essentiellement
fondée sur la pêche à une économie capitaliste à la base
d’une dynamique de consommation. ». Le rapport58
entre le nombre de lits et le nombre d’habitants serait de
plus en plus étroit.
Une des 74 îles-hôtels des Maldives >
La clientèle chinoise est la première clientèle touristique des Maldives, en 2015 elle a
accueilli sur son territoire 359 514 touristes chinois soit 30% de son nombre total de
touristes. A titre de comparaison ils n'étaient que 40 000 en 2008, et la progression est loin
d’être finie. Depuis 3 ans, la Chine est le premier marché émetteur pour l'archipel et a détrôné
l’Europe. Selon le site Ctrip, les Maldives seraient la 3e
île la plus populaire en Chine,
derrière Phuket l’île thaïlandaise et Jeju une île sud-coréenne. Cela est dû en grande partie
grâce à sa politique de communication et son expansion dans le domaine aérien.
56
Un atoll est une île corallienne basse présentant une forme annulaire et abritant un lagon, souvent de faible
profondeur, en son centre. Il se compose d'un récif barrière et de plusieurs motus, les terres émergées, formés
suite à une accumulation de matériel d'origine détritique derrière les coraux.
57
http://www.challenges.fr/economie/20140207.CHA0220/tourisme-les-maldives-font-le-plein-grace-aux-
chinois.html
58
https://etudescaribeennes.revues.org/862

28
Ces points forts sont :
- Ses atouts naturels : Les Maldives sont de plus en plus désignées comme remplaçante
des plages habituelles du Sud-Est de l’Asie. A l’arrivée à l’aéroport, le touriste est déjà
époustouflé par le paysage, le lagon bleu l’entoure à quelques mètres seulement de la
piste. De plus étant donné sa configuration spéciale, on retrouve peu de véhicules sur le
territoire. On se déplace soit par bateau ou par petit avion : dépaysement total. De par
son climat, l’archipel est très avantagé, toute l’année le climat y est agréable avec sa
proximité à l’équateur. Elle est connue pour être une « all-year destination »59
.
- L'aérien joue un rôle majeur, l’aéroport est international et possèdent 39 lignes aériennes
en lien avec la Chine qui se posent chaque semaine sur l’archipel. La destination est
proche, les Maldives se trouvent à 4800 km, soit un peu plus de la moitié de la distance
Chine-Réunion. En avion, le vol Maldives-Chine s’effectue en 8 heures à peine au
départ de Shanghai. Le prix de la destination est par conséquent plus faible. Pour faire
ce trajet aller-retour, les touristes chinois payent environ de 600 à 70060
euros, le temps
de vol dépendra de la ville de départ bien entendu. Méga Maldives Airlines propose des
vols low-cost aux touristes chinois et offrent même des billets sur les médias sociaux.
Air China va également bientôt faire son entrée dans le ciel Malé.
- Le partenariat Chine-Maldives, le président Xi Jinping61
encourage les touristes chinois
à visiter ce territoire afin de développer le tourisme local aux Maldives. Ce partenariat
a permis entre autre la suppression du visa et l’augmentation des lignes aériennes. De
plus, les programmes de publicité créés pour les touristes chinois ont eu beaucoup de
succès. Les réseaux sociaux chinois62
sont envahis par les retours positifs ce qui
encourage d’autres touristes à venir.
- Les infrastructures : sur les îles qui sont destinées exclusivement au tourisme, il y aurait
239 hôtels de 2 à 5 étoiles. Environ 25% sont des d’hôtel 5 étoiles63
qui offrent des
panoramas époustouflants. Et 50% du parc hôtelier
sont des hôtels de 4 à 5 étoiles. Son lien particulier
avec l’océan lui permet de construire des hôtels
sous-marins offrant une vue inouïe sur la faune
aquatique. Restaurant à l’hôtel Conrad >
59
Destination où l’on peut se rendre à n’importe quel moment dans l’année
60
Selon le site chinois de réservation Ctrip, départ de Shanghai
61
http://china.org.cn/travel/2016-01/13/content_37564574.htm
62
http://chinesetouristagency.com/maldives-destination-popular-among-chinese-tourists/
63
Selon le site expedia.com, il y a 61 hôtels 5 étoiles aux Maldives

29
Ces points faibles sont :
- Bien que sa configuration soit un point positif pour le territoire, le manque de relief est
aussi très dangereux pour les décennies à venir. En effet, d’après les prévisions du
GIEC64
, le réchauffement climatique pourrait faire disparaître une partie65
des Maldives.
Puis la montée des eaux et l’augmentation de l’acidité des océans détruiraient
massivement les coraux (éléments essentiels à une île). De plus, on ne peut pas retrouver
le côté « vert » (forêt et montagnes) que l’on peut avoir à La Réunion. Du point de vue
de sa surface exploitable cela pose problème également, à part les activités nautiques,
l’archipel ne peut pas disposer de beaucoup d’activités. Aussi, les touristes66
se
plaignent souvent de vite s’ennuyer.
- La population étant musulmane, le gouvernement fut obligé de séparer les îles
d’habitations et les îles touristiques afin de limiter le contact avec la population. Si l’on
veut se baigner sur une plage publique, il y a des règles à respecter, on ne peut pas porter
de maillot de bain par exemple. Fait dommageable pour l’archipel puisqu’il n’y a
finalement peu d’échanges culturels. La nouvelle
tendance des chinois à rechercher le tourisme culturel
pourrait être freiné. Interdiction du Bikini sur une plage
publique >
- La religion est un problème à part entière. Les Maldives sont confrontées à une grave
crise politique et cela atteint le secteur du tourisme. Le gouvernement a évoqué une
éventuelle fermeture des SPA et une interdiction de l’alcool dans les hôtels. Autre fait
dommageable pour l’archipel, la peine de mort est à partir de 7 ans. D’autre part, la
population étant des musulmans sunnites, les Maldives seraient un lieu de recrutement
pour l’Etat Islamique. Dans un contexte actuel de tension mondiale sur le terrorisme,
c’est un gros point noir pour l’archipel, d’autant que des touristes internationaux se
rendent sur ce territoire ce qui en fait des cibles faciles pour les terroristes. Les touristes
chinois recherchant la sécurité en priorité lors d’un choix de destination pourraient, de
ce fait, être très vite refroidis. Cette problématique pourrait assombrir l’économie des
Maldives pour qui la clientèle chinoise représente le cœur de son économie.
64
Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
65
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/04/16/securite-alimentaire-3-5-face-a-la-montee-des-eaux-les-
maldives-cherchent-des-terres-d-accueil_1181488_3244.html
66
http://www.telegraph.co.uk/travel/destinations/asia/maldives/articles/maldives-attractions/

30
b) L’exemple de Maurice
L’Île Maurice quant à elle, est une ancienne colonie de l’Angleterre, devenue
indépendante depuis 1968. Il y a 1,267
millions d’habitant et les langues parlées sont
l’anglais, le français et le créole mauricien. Une
des plus belles vues sur le Morne > L’Île possède
également peu de relief avec un point culminant à
828 mètres. Une configuration qui lui permet, la
encore, d’avoir de grands lagons. Elle ne possède
que 18%68
de forêt sur son territoire. D’un point de
vue économique l’île s’en sort bien avec une croissance de 3,2% et un statut de pays
nouvellement industrialisé. Initialement basée sur une économie agricole de la canne à sucre,
elle s’est diversifiée69
dans le textile, le tourisme et les services financiers. Son PIB par
habitant est de 16 300$ ce qui est supérieur à celui de la Chine vue précédemment. L’Île
Maurice se concentre de plus en plus sur le haute de gamme de par son secteur manufacturier
et le tourisme. Un peu moins touristique que la précédente avec 1,15 millions de touristes en
2015, il y a presque un touriste pour un habitant. Si l’on compare avec les Maldives, où le
rapport est de trois touristes pour un habitant, Maurice respire un peu plus que l’archipel. A
La Réunion nous en sommes bien loin avec deux habitants pour un touriste. Son principal
marché est la France avec 243 000 touristes et plus globalement l’Europe avec 48% du
nombre total des arrivées. Elle attire toutefois beaucoup moins de touristes chinois que
l’archipel, en 2015 elle a accueilli 89 58570
chinois soit 7% de sa part totale de touristes.
Cependant, cela correspond à leur plus grande progression puisque le marché a progressé de
41% par rapport à 2014. Ce marché est considéré comme principal par le gouvernement,
comme pleins d’autres pays, le marché chinois intéresse l’Île Maurice qui place l’industrie
touristique comme un pilier de son économie. De la même manière que les Maldives, l’Île
Maurice a su développer des axes pour augmenter sa clientèle chinoise. A la fois en matière
de liaisons aériennes, de structures haut de gamme, de campagne de communication en
béton, mais aussi dans le renfort du partenariat diplomatique. Pour l’île Maurice, le tourisme
chinois se mérite et l’île veut s’inscrire dans la durée71
auprès de cette clientèle.
67
Selon les données de la banque mondiale
68
http://www.statistiques-mondiales.com/maurice.htm
69
http://www.ile-maurice.fr/infos-pratiques/histoire-et-geographie/economie.html
70
Selon le site statistique du gouvernement
http://statsmauritius.govmu.org/English/Publications/Pages/Int_Travel_Tourism_Yr2015.aspx
71
http://www.lexpress.mu/article/258927/tourisme-chinois-sinscrire-dans-duree

31
Ces points forts :
- Ses atouts naturels, comme les Maldives, l’île Maurice a fort peu de relief ce qui lui
confère des lagons immenses et des plages de sable blanc. Un peu plus riche en diversité
de paysages que l’archipel, elle propose
également des activités de montagne et
d’aventure. Elle met en valeur ses atouts en
aménageant des sites naturels comme la
Terre des Sept couleurs ou encore le lac
sacré. Vue de la cascade de Chamarel >
Chaque lieu à fort attrait n’est pas laissé au hasard, ils sont aménagés afin de faciliter
leur accès et fluidifier le nombre de touristes.
- Les infrastructures, la qualité de l’hébergement, les facilités, les services offerts, et
l’amélioration globale du territoire participent à l’attrait du tourisme chinois. Côté
hébergement, il y aurait 25472
hôtels de 2 à 5 étoiles. Environ 18% sont des hôtels 5
étoiles. Et 58% du parc hôtelier sont des hôtels de 2 à 3 étoiles. L’île sait mettre en
valeur ses atouts, plusieurs parcs animaliers tels que Casela Leisure Park, des grands
centres commerciaux comme Bagatelle,… tant d’opportunités que l’île sœur a su capter
pour faire rayonner son territoire.
- L’aéroport est encore international et possède 28 liaisons aériennes73
hebdomadaires
vers la Chine, soit 10 de moins que Les Maldives, mais le chiffre n’en reste pas moins
impressionnant. Des vols au départ de Beijing, Shanghai et Chengdu viennent se poser
sur le sol mauricien à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam de Plaisance. Si l’on
calcule en termes de départ, cela correspond à 8400 chinois pouvant atterrir à Maurice
en une semaine, 470 000 à l’année. Pour faire ce trajet, les touristes chinois payent
environ de 900 à 100074
euros, et voyagent pendant 11 heures selon la ville de départ.
Comme les Maldives, ce n’est que le début, le développement de partenariat avec la
Chine est constant.
72
Selon le site expedia.com, il y a 47 hôtels 5 étoiles à Maurice
73
http://www.lemauricien.com/article/liaisons-aeriennes-28-vols-hebdomadaires-entre-maurice-et-la-chine
74
Selon le site chinois de réservation Ctrip, départ de Shanghai

32
- Les relations de presses et relations diplomatiques, par exemple cette réunion du 14 mai
2014 entre Mons Wang Zhifa, président-adjoint de China National Tourism
Administration et Michael Sik Yuen l’ancien ministre du Tourisme et des Loisirs de
Maurice. Réunion qui, dans les grandes lignes, parlait de : développer le hub Maurice
pour la région de l'océan Indien et l'Afrique par rapport à la Chine ; coopération accrue
et échange d'informations, une vision commune pour la région et l'Afrique ; la venue
prochaine de China Southern Airlines et la préparation d'une convention.
- Des campagnes de promotion ciblées ont également contribuées à la réussite du
territoire. Pour la clientèle chinoise, selon le journal mauricien l’express.mu les maîtres
mots sont : « dépaysement, exotisme, romantisme, culture et shopping ». Tels sont les
axes employés pour séduire la clientèle.
Ces points faibles :
- Limites naturelles : comme pour les Maldives, l’Île Maurice possède peu de relief,
le réchauffement climatique75
peut également toucher gravement le territoire. La
période cyclonique touche fréquemment le territoire, mettant en péril les
infrastructures existantes. De plus en termes d’activités, le territoire est aussi limité
avec ses 18% de forêt, même s’il l’est beaucoup moins que l’archipel des Maldives.
Enfin, si l’on regarde de plus près les lagons de l’île, on s’aperçoit qu’il est très
pauvre en faune aquatique. A la grande déception des touristes, il s’agit d’un
résultat « d’erreurs du passé »76
(les constructions d’hôtels d’antan), lorsque
l’environnement n’était pas ou peu pris en compte par le gouvernement. Moi-
même ayant pu constater la pauvreté des lagons, en étant obligé de nager 150
mètres dans le lagon d’un hôtel avant d’apercevoir les premiers coraux et poissons,
c’est dramatique pour de si belles plages. Heureusement les plages sauvages sont
encore préservées mais ne suffisent
plus aux pêcheurs qui trouvent de
moins en moins de poissons dans des
lagons qui autrefois abondaient de
richesse sous-marine. Blanchissement
des coraux >
75
http://www.lemauricien.com/article/climat-previsions-apocalyptiques-maurice
76
http://www.lemauricien.com/article/mer-nos-lagons-en-eau-trouble

Partie 2
-
Les touristes chinois à La Réunion

34
Chapitre 3 – L’emprunte chinoise à La Réunion
Pour comprendre le tourisme chinois à La Réunion, il faut d’abord passer par l’étude
des habitants sino-réunionnais qui sont de mémoire sur le territoire depuis plus de 170 ans.
La culture sino-réunionnaise
a) La population sino-réunionnaise
Aujourd’hui la population réunionnaise possède 5 à 10% d’habitants chinois, estimée
à 30 00077
chinois (personnes métissés compris) selon l’Anthropologue Richard LEE-TIN,
le site french.peopledaily.com parlerait plutôt de 180 000 à 200 000 chinois métissage
compris. Le peuplement chinois de La Réunion se fait en trois temps. D’abord l’immigration
contractuelle, les premiers chinois qui ont foulé le sol réunionnais furent les engagés
foukiens de 1844. A l’approche de l’abolition de l’esclavage, et suite à un désir de la colonie
française de conserver le travail des plantations, ils décidèrent de recruter 50078
engagés.
Ces premiers engagés provennaient de la Malaisie et non directement de la Chine. Dès 1846,
la colonie n’étant pas satisfaite du travail de ces engagés, décidèrent d’arrêter le recrutement
de ceux-ci. En 1901, une nouvelle vague de 808 chinois embarquant de Fuzhou mit les voiles
pour l’île, mais encore une fois ce fut un échec. Les engagés étaient mécontent des
conditions de travail qu’ils ne jugaient pas différentes de celles de l’esclavagisme. En 1907,
ces vagues de chinois quittèrent le territoire. En 1862, l’immigration libre faisait son
apparition, ainsi depuis cette période plusieurs milliers de chinois ont fait le déplacement
jusqu’à la fermeture de la Chine en 1950. Aussi en 1946, après la départementalisation de
l’île, les réglementations en matière d’immigration se durcirent. Certains venaient pour
rejoindre leur famille et d’autres pour fuir les conflits comme la guerre sino-japonaise. Ces
groupes de chinois venus travailler librement furent composés d’abord de Cantonnais et
ensuite de Hakka, ceux sont eux les véritables descendants des générations d’aujourd’hui.
L’on dit des Cantonnais qu’ils se sont installés dans le nord de l’île, et les Hakkas plus tard
dans le sud. La cessation de la période des plantations leur ont
fait changer de voie : ils se tournèrent vers le commerce.
Aujourd’hui, quelle commune n’as pas sa « boutik sinoi »… elles
font partie du patrimoine réunionnais. Boutik sinoi lontan >
77
http://french.peopledaily.com.cn/Tourisme/7845654.html
78
http://www.reunionnaisdumonde.com/spip.php?article6200

35
On distingue aujourd’hui cinq groupes de chinois à La Réunion :
- Les émigrés nés en Chine, ils parlent le Chinois, un peu le créole et quelques brides de
français. C’est une minorité de personnes qui immigra
à La Réunion pendant l’entre-deux guerres. Ils ont
ouvert des magasins et des restaurants dans l’île, le
commerce à l’époque était un moyen rapide de
s’intégrer à la culture réunionnaise. Ecole franco-
chinoise de La Réunion >
- La population né avant 1945, élevés à la Réunion mais peu scolarisés selon le système
français. Ils ont une certaine culture chinoise et créole mais peu française. Ils parlent mal
le français, mais parlent couramment le chinois et le créole. Ils n’ont aucun problème
d’identification culturelle. Parmi ce groupe, certains ont hérité du commerce familial,
d’autres ont choisi de travailler dans d’autres entreprises réunionnaise.
- La population née après les années 1950, ils ont été scolarisés en langue française. Ils ne
parlent presque plus le chinois communiquent en créole avec leurs proches. Généralement
ils ont effectué des études supérieures en France dans les années 60-70, et se sont surtout
dirigées vers les professions libérales, les grandes entreprises privées ou vers le
secteur public. Leur identité chinoise reste partiellement forte. Ils tentent de renouer avec
leur origine en s’intéressant à la culture chinoise.
- Les jeunes nés après 1975, les plus intégrés au modèle culturel français. Comme leurs
prédécesseurs, ils tentent un retour à la culture chinoise. Dans ce groupe, quelques-uns
renient totalement leurs origines et la culture chinoise.
- Enfin, le dernier groupe résulte du métissage. Ils n’ont plus connaissance de la langue ou
de la culture chinoise. Le métissage se reconnaît dans les traits physiques de la population.
Lié à ce phénomène, certains noms de famille chinois que peuvent porter quelques-uns
ne correspondent pas aux phénotypes associés. Egalement, un réunionnais qui porte un
nom de famille chinois peut avoir les traits totalement différents des traits chinois.
Certains d’entre eux tentent aussi de rechercher leur origine chinoise.
Il y a donc à La Réunion plusieurs types de chinois, qui s’identifient ou non à la culture
chinoise. C’est certain, cette population est bien ancrée dans l’île et possède sa part de culture
chinoise, française et créole. Elle participe au rayonnement du territoire et c’est un atout fort
pour l’île, une terre de tolérance et de partage, qui sert d’exemple au monde entier.

36
b) Us et coutumes chinois
Au-delà de sa population, c’est une partie de la culture chinoise qui a pris racine à La
Réunion. Ici, les traditions sont encore très présentes, alors qu’en Chine la culture a tendance
à s’occidentaliser79
laissant peu de place au patrimoine et aux traditions. Voici les principales
us et coutumes chinois de La Réunion :
- La communauté chinoise à La Réunion respecte beaucoup les fêtes traditionnelles, elles
représentent des occasions de réunir amis et famille. Fêtes où sont cuisinés des repas
traditionnels qui font le bonheur gustatif de tous. Chaque année le nouvel an chinois est
un phénomène à part entière dans l’agenda des réunionnais, toute le monde prend plaisir
à venir admirer les défilés de dragons, danses du lion, démonstrations d'arts martiaux, de
musiques et d’acrobaties, lanternes, pétards et feux
d’artifices. Les autres fêtes célèbres sont Guan di, la
fête du guerrier devenu dieu, le festival du Dragon
Boat80
, la fête des lanternes, la fête de la lune (mi-
automne), et la fête nationale. Gâteau Lune >
- La gastronomie chinoise est présente sur le territoire, bien que quelque peu créolisé, on
retrouve les aliments de base de cette cuisine : le riz, la viande et les légumes. On retrouve
le plus souvent sur l’île, les beignets et Pao, le riz cantonnais, le sauté de mines (nouilles),
les sautés de viandes ou poissons avec des légumes. En Chine, on cuisine beaucoup
d’aliments à la vapeur, beaucoup de nouilles, on retrouve aussi beaucoup de soupes,
potages et fondues, ainsi que des viandes laqués. Les chinois aiment également les
fritures, idéalement de légumes ou de poissons. Contrairement aux pays européens, ils
consomment très peu de lactose. En Chine, chaque région a sa spécialité, le guide du
routard indique que « Traditionnellement, on dit
que le Nord est salé, le Sud sucré, l’Est plutôt
aigre et l’Ouest épicé. ». A la Réunion, on
retrouve le plus souvent les plats chinois en
barquette à emporter alors qu’en Chine, on
mange sur une table ronde, avec un plateau rond
en son centre sur lequel tous les plats sont disposés. Exemple de repas chinois ^
79
http://www.lesechos.fr/31/01/2002/LesEchos/18584-128-ECH_quand-la-chine-s-occidentalise.htm
80
Evènement dont participe l’ensemble des Mascareignes

37
- Au niveau de la religion, l’île possède plusieurs temples chinois dédiée
principalement au dieu Guan di. La Chine vénère plus d’une
cinquantaine de dieux dont celui-ci. Les cinq religions en chine sont le
bouddhisme, le taoïsme, l’islamisme, le protestantisme, le catholicisme
et le confucianisme. Cette dernière n’est pas une religion mais plutôt une
façon de penser, qui n’est pas reconnue officiellement par le
gouvernement. Les dieux peuvent avoir une signification populaire,
taoïste et bouddhiste. Représentation de Guan di >
- L’Île détient également des adeptes de sport et d’arts martiaux chinois. On distingue la
pratique externe, dédiée à l’attaque et la défense, et la pratique interne dédiée à la maîtrise
de soi. Principalement nous avons le Kung-fu et le Taï-
chi chuan, on retrouve aussi d’autres sports et arts
martiaux moins connus tels que le Wushu et le Qi gong.
Plusieurs associations proposent ces disciplines à tout
public. Démonstration de Qi gong (techniques de
respiration) >
- La population est également amatrice d’arts, de jeux et de danse chinoise. Là encore les
associations prennent le relais. Chaque année se tiennent à La
Réunion des villages chinois mis en scène dans les plus grandes
villes de l’île, dans lesquels sont mis à disposition du public les
coutumes chinoises en matière d’art, de jeu et de spectacle. Des
stages sont ainsi proposés, pour apprendre le majong, le boulier,
la peinture et la calligraphie chinoise. Les tenues traditionnelles
sont également exposées et mises en vente. Les quatre81
disciplines artistiques majeures en Chine sont la calligraphie, la
peinture, la poésie et la musique. Un « pépé sinoi » enseignant l’art du boulier ^
- Les associations, l’île est particulièrement riche en associations chinoises. Les plus
connues étant l’Institut Confucius, l’ACCR vue précédemment, L’AROC (Amicale des
Réunionnais d’Origine Chinoise), le Panthère Club, et l’association GuanDi. Ces
regroupements permettent à la population réunionnaise mais aussi aux touristes de
découvrir cette grande culture et d’en faire partie l’espace d’un instant.
81
http://www.routard.com/guide/chine/741/culture.htm

38
Ce que l’on sait du touriste chinois
a) L’étude de l’observatoire régional du tourisme
L’observatoire du tourisme a étudié la clientèle chinoise afin de déterminer son profil,
ses cibles clientèles, ses comportements, pour enfin établir des recommandations. Ainsi, ces
documents constituent la principale ressource d’informations sur cette clientèle pour tout
acteur du tourisme désireux de s’y intéresser.
Dans un premier temps, le profil du touriste chinois décris par l’observatoire est une
personne de 35 à 45 ans en moyenne mais qui rajeunit, un citadin de CSP+ ; qui voyage en
couple, en famille, entre collègues mais tend vers l’individuel et le
sur mesure ; qui prend l’avion uniquement en Janvier-Février et en
Octobre (les semaines d’or) ; et que c’est un internaute averti. Selon
l’observatoire, ses attentes se résument en trois points, un bon
rapport qualité-prix, la langue et la sécurité. Enfin, ses occupations
sont prioritairement le shopping, le patrimoine historique, les
expériences culturelles, les visites et découvertes et pour finir les produits thématiques. Ils
insistent sur le fait que tout cela sert à gagner du prestige et de nouvelles connaissances.
Concernant la segmentation de la clientèle, ils déterminent 5 strates. Tout d’abord le milieu
de gamme, le milieu de gamme « plus », le moyen à haut de gamme, le haut de gamme et le
luxe.
- Le milieu de gamme est la clientèle que l’on retrouve lors des voyages organisés, ce sont
généralement des touristes qui viennent en groupe pour la première fois sur 10 à 12 jours.
Leur voyage organisé regroupe plusieurs destinations et ils séjournent dans des hôtels de
2 à 3 étoiles (pour économiser) en périphéries des villes. Ils visiteront les lieux
incontournables et prendront une photo témoin, il y a peu de places aux thématiques dans
ce type de voyage et le shopping est primordial.
- Le milieu de gamme plus choisira plutôt un forfait à la carte, il fera partie d’un groupe
plus petit que celui d’avant, et parcourra un nombre de destinations réduit en 10 à 15
jours. Ils séjourneront dans des hôtels 4 étoiles et plus, leur voyage comprend des
thématiques telles que par exemple l’œnotourisme. Le shopping reste très important et ils
ont plus de moyens financier.

39
- Le moyen à haut de gamme, on regroupe là-dedans le
tourisme « incentive »82
dit d’affaires. Le patron du
groupe Tiens offre un voyage aux employés > Il s’agit
d’hommes logés dans des hôtels de 4 étoiles et plus qui
attendent un niveau de prestation élevé. Ils font des
circuits légèrement moins long de 5 à 10 jours, et
malgré le travail le shopping reste essentiel.
- Le haut de gamme, il s’agit de la clientèle individuelle. Ils choisissent une seule et même
destination en générale et y passe 15 jours, ils résident dans des hôtels 4 étoiles et plus.
Ce type de clientèle veut du service personnalisé durant tout son séjour, elle voudra sortir
des sentiers battus et cherchera à s’immerger dans la culture locale. Elle a encore plus de
moyens et le shopping est primordial.
- Le luxe, représentant l’élite fortunée de Chine, elle séjour dans des hôtels 5 étoiles ou des
villas privées de haut standing. Elle consomme de manière haut de gamme, des grandes
marques et de la gastronomie, sur des circuits de 15 à 20 jours. Comme le haut de gamme
elle préfère la mono-destination, et elle voudra des activités uniques (presque VIP).
Viens ensuite leur comportement, tout d’abord dans leur choix de destination. Ils vont
analyser plusieurs critères, le plus important étant la sécurité, puis la présence de sites
historiques et patrimoine et le rapport qualité-prix en troisième place. Viens ensuite la
cuisine, la qualité de l’hébergement, et la facilité d’obtention du visa. Lors de son voyage,
le touriste chinois va pratiquer des activités plus ou moins importantes pour lui. En priorité,
il aimera les points de vue touristiques afin de prendre des photos, viendra ensuite la
restauration et le shopping. Dans le choix de l’hébergement, les chinois préfèrent les hôtels,
ils vont avoir également une sélection plus ou moins importante de critères. Au niveau des
équipements : la présence d’un restaurant, l’accès gratuit au wifi et le personnel parlant
chinois. L’on retrouve ensuite les indications proposées en chinois, tels que les supports
d’information, le programme télé en chinois et avant tout la restauration chinois au menu
(petit-déjeuner et le soir). Dans les facteurs de choix, le premier est le confort et le nombre
d’étoiles, viens ensuite la réputation et pour finir le personnel parlant chinois et les
indications en chinois. Selon l’observatoire, le touriste chinois dépense en moyenne par jour
82
Selon le site e-marketing, « le terme désigne les techniques destinées à améliorer la motivation et les
performances du personnel d'une entreprise (le plus souvent, l'équipe commerciale). »

40
171 euros et 1400 euros sont dépensés en
shopping durant le voyage. Répartition du
buget durant un séjour >
Comme on peut le constater, la majorité du
budget est dédié au shopping à l’hebergement
et à la restauration, laissant peu de place aux
loisirs.
Les recommandations de l’observatoire :
- Connaître quelques expressions basiques, comme bonjour, bienvenue, merci, de rien, au
revoir, ou encore je ne comprends pas, je ne parle pas chinois mais je peux vous
renseigner en anglais.
- La politesse pour les chinois, très sensible à l’hospitalité et la valorisation de l’invité, ils
sont attachés aux marques de respect et désirent une qualité d’accueil.
- A l’hôtel, les chinois sont exigeants en matière de service d’équipement et d’accueil, il
faut éviter le chiffre 4 (signifiant la mort) lors de l’attribution des chambres (plutôt le 3,
8 ou 9), les groupes préfèrent les lits jumeaux que les lits doubles, le wifi gratuit est
indispensable, la chambre ne doit manquer de rien et surtout il faut bien penser à mettre
une bouilloire, prévenir des attaques de moustiques avec des moustiquaires, indiquer les
lieux de shopping et enfin un petit plus pour eux, leur fournir des journaux chinois ou un
programme TV chinois.
- Au restaurant, ils aiment manger chinois mais apprécient de plus en plus les plats locaux,
ils mangent très tôt (7h le matin, 11h30 le midi et 18h30 le soir), préfèrent les grandes
tables et le service rapide, ils préfèrent également plusieurs plats qu’un seul gros plat (la
diversité plutôt que la quantité), ils digèrent mal le lactose et boivent souvent du thé. A
minima il faut la photo des plats sur la carte si il n’y a pas de traduction, la cuisine créole
à base de riz et de viandes convient très bien aux chinois. C’est un atout pour notre
territoire.
Globalement pour la destination, l’observatoire définit les thématiques qui attirent les
touristes chinois :
- Patrimoine, culture et histoire : sites culturels,
interactions avec la population, spectacles, démonstration
du savoir-faire local. (Exemples : musée de l’île, marché
forain, fêtes chinoises, etc.) Musée Stella Matutina >

41
- Nature et paysages : insister sur les sites classés
(UNESCO), points de vue remarquables, diversité des
paysages, parc national et circuits courts mais spectaculaires.
(Exemples : tour de l’île en hélicoptère, visite du volcan puis
d’une forêt, etc.) Survol du lagon en hélicoptère >
- Bien-Être et pureté : Centre de remise en forme, escapades
en montagne, découverte de produits naturels. (Exemples :
divers spas de l’île, découverte de Cilaos, visite d’une
distillerie de géranium, etc.) Maison du géranium >
- Voyage de noces : mettre en valeur le romantisme, pique-
nique ou dîner aux chandelles, balades équestres, massages.
(Exemple : pique-nique au volcan, promenade en cheval,
massage dans un spa, etc.) Dîner aux chandelles au Blue
Margouillat >
- Photographie : principale priorité des touristes chinois, il
faut leur proposer des panoramas à couper le souffle facile
d’accès afin de prendre des photos témoins. (Exemple :
Grand bassin, Trou de fer, le Piton de la Fournaise, le Maïdo,
etc.) Trou de fer >
- Incentive : pour plaire à cette clientèle, leur proposer des
visites de sites culturels et historiques, les hauts lieux
touristiques, et des activités sportives ludiques. (Exemples :
visite du musée du volcan, puis découverte du Piton de la
Fournaise, pour finir avec une balade à cheval, etc.) Visite de
l’ambassadeur de Chine à la maison du Volcan >
Ainsi, le touriste chinois est en quête d’aventure et de nouveauté, l’île a de ce fait un potentiel
à proposer à cette clientèle au niveau des activités qu’ils recherchent. Nous verrons dans
notre enquête si le touriste chinois qui vient à La Réunion est satisfait ou non par les activités
qui lui sont proposés. Nous pourrons voir également quel type de paysage il recherche, et
quelles sont les améliorations nécessaires au développement des autres axes de leur séjour
sur l’île. Afin de mieux comprendre cette clientèle, l’IRT a mis en place de son côté un
« mode d’emploi » et une certification destinés aux établissements touristiques.

42
b) Politique d’accueil du touriste chinois
Soucieux d’informer les acteurs du tourisme, l’IRT a donc mis en place une grille de
critères à respecter pour accueillir le touriste chinois à La Réunion. Cette certification « bien
les connaître pour mieux les accueillir » spécialement conçu afin d’informer les voyageurs
que tels ou tels établissement savent les accueillir comme il se
doit. Il sert à la clientèle chinoise mais aussi à la clientèle
indienne qui ressemble quelques peu aux touristes chinois.
L’IRT met en avant deux objectifs : renforcer et structurer l’offre touristique en améliorant
la qualité de l’accueil et distinguer les professionnels ayant respecté et suivi cette démarche.
La grille est divisée en cinq catégories : les hébergements, les loisirs, l’agence réceptive, la
restauration, et les sites et lieux de visite. A chaque prestataire, la grille est séparée en deux
sections : l’accueil et les services communs, et la spécificité du prestataire désigné.
Globalement, le client doit être salué selon la tradition, le personnel a des notions en chinois,
un briefing doit être fait en chinois sur le séjour ou l’activité, le personnel d’accueil est formé
à l’accueil de la clientèle chinoise, la page du site du prestataire est traduite en chinois.
Ensuite spécifiquement, chaque détail révélé par l’observatoire du tourisme est mis en avant
par l’IRT dans la grille. On retrouve les indications traduites, la politesse, la restauration,
l’introduction des NTIC, et un service irréprochable. Afin de valider la certification de
l’établissement, le prestataire doit obtenir une note minimale de 85% de la grille qui lui est
destiné. Cette certification n’a rien d’obligatoire mais elle permet un renfort de la qualité des
prestations face à cette clientèle. Afin d’encourager les acteurs à y répondre, l’IRT mets en
place plusieurs avantages pour les prestataires comme nous le montre l’image ci-après.

43
Chapitre 4 – Que faut-il faire pour attirer plus de chinois à La
Réunion ?
Etude de terrain
Afin de déterminer les attentes des touristes chinois ainsi que leur profil type et taux
de satisfaction, j’ai décidé d’aller questionner les professionnels du tourisme avec un
questionnaire assez complet sur cette clientèle.
a) Mise en place de l’enquête
L’Île de La Réunion accueille chaque année plus de 400 000 touristes83
, avec environ
75% de clientèle métropolitaine, 14% de clientèle de l’Océan indien, 8% du reste de l’Europe
et 2% du reste du monde. Nous avons en 2015, 45% de tourisme affinitaire, 35% de tourisme
d’agrément, 15% de tourisme d’affaires et 5% d’autre type de tourisme (associations,
médecine…). Cette même année,
les touristes ont dépensé 306
millions d’euros soit 4,8% de plus
qu’en 2014. On remarque grâce au
graphique ci-après que les touristes
sont globalement très satisfaits de
leur séjour. La clientèle chinoise
étant pour le moment au stade
embryonnaire sur le territoire, je ne pouvais pas encore établir de questionnaire quantitatif.
De plus la totalité des séjours chinois s’opèrent avec un combiné Maurice-Réunion, dans les
périodes de vacances chinoises c’est-à-dire en février et en octobre majoritairement ce qui
rend compliqué l’échange avec la clientèle. Afin de déterminer les attentes et retours de la
clientèle chinoise, j’ai dû déterminer une liste d’acteurs du tourisme qui serait à même de
répondre à ces questionnements. Chacun pourrait alors déterminer le profil type de la
clientèle chinoise à La Réunion, déterminer son taux de satisfaction, et me fournir leurs
préconisations managériales. J’ai déterminé les différents acteurs susceptibles d’avoir côtoyé
la clientèle chinoise : Structure d’hébergement, Restaurant, Compagnie Aérienne, Structure
de loisirs, Guide touristique, Commerce, Office du tourisme et Agence de voyage. J’ai
également ajouté la rubrique « Autres » car je voulais également questionner les institutions,
83
Rapport sur la fréquentation touristique de La Réunion en 2015 fait par l’INSEE

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