TRANSMISSION INTERGÉNÉRATIONNELLE ET RÉCEPTION DES VALEURS CULTURELLES CHEZ LES IMMIGRANTS : LE CAS DES IMMIGRANTS VENUS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST AU QUÉBEC
Au cœur de la société québécoise règne un dynamisme profond de métissage des cultures dû au nombre de plus en plus grandissant d'immigrants qui s'y installent. Ce mélange des cultures vient avec son lot de préoccupations sociales, notamment en ce qui concerne l'identité et le legs culturel des immigrants à leur descendance. Ce mémoire s'intéresse à la transmission intergénérationnelle immigrante, précisément le message transmis et la réception qui en est faite de la part du destinataire de ce message. Notre ambition à travers cette recherche est de se pencher sur l'aspect communicationnel de la transmission dans le contexte d'interculturalité québécoise d'une part et, d'autre part, d'explorer et comprendre les valeurs sociales et morales des personnes âgées immigrantes, transmises à leurs descendances. Pour arriver à nos fins, nous préconisons une approche qualitative compréhensive. Nous nous sommes servi de l'entretien semi-dirigé approfondi dans une perspective de récit de vie croisé pour faire notre investigation. Les participants à cet entretien sont dix au total, soit cinq parents et cinq enfants. Les données recueillies ont laissé paraître que, dans un contexte interculturel, les immigrants ne parviennent pas à transmettre leurs valeurs culturelles d'origine, puisque ces valeurs sont en continuelle transformation. Les valeurs transmises sont ainsi un mélange des vestiges du passé, du vécu de l'immigrant et des réalités sociales du présent. Du côté des enfants nés de l'immigration, leur environnement influence considérablement leur non-réceptivité ou réceptivité partielle face aux valeurs transmises. Ce qui est transmis comme valeurs culturelles prend une place symbolique, voire folklorique, chez les immigrants de deuxième génération. L'interculturalisme québécois semble en redéfinition, voire en déséquilibre. Les discours et idéologies émergents pourraient entraîner sa redéfinition partielle ou complète, face à la disparition de la culture d'origine des immigrants et surtout la quête identitaire de la deuxième génération des enfants nés de l'immigration.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Transmission, intergénérationnelle, communication, interculturelle, immigrants
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TRANSMISSION INTERGÉNÉRATIONNELLE ET RÉCEPTION DES VALEURS CULTURELLES CHEZ LES IMMIGRANTS : LE CAS DES IMMIGRANTS VENUS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST AU QUÉBEC
2. Les objectifs
Transmission
intergénérationnelle entre les
Africains francophones de
première génération et leurs
enfants.
Enjeux soulevés par le
message transmis et la
réception qui en est faite de
la part du destinataire de ce
message.
1) Analyser l’aspect
communicationnel de la
transmission de valeurs culturelles
dans le contexte de
l’interculturalisme québécois ;
2) Comprendre comment les valeurs
sociales et morales des personnes
âgées immigrantes, transmises à
leurs descendances peuvent
constituer des obstacles à
l’intégration de ces dernières ;
3) Réfléchir aux actes à poser pour
assurer l’intégration des
immigrants issus d’Afrique
subsaharienne à la lueur de la
transmission intergénérationnelle
des valeurs culturelles.
3. Plan
Portrait de l’immigration africaine subsaharienne et la politique
d’interculturalisme choisie par le Québec.
Posture théorique.
Méthodologie et résultats de la recherche.
Actes à poser pour aider les futures générations issues de
l’immigration subsaharienne dans leur processus d’intégration au
Québec.
4. Québec et politique
d’interculturalisme
Histoire de l’immigration
africaine au Québec.
Les années 1960 apparaissent
comme le signal du début (
l’immigration africaine est bien
antérieure-Exemple de Da Costa
qui a été l’interprète de
Champlain).
Avant 1976, il y avait 2425
immigrants issus d’Afrique
subsaharienne.
5. Portrait de l’immigration africaine au
Québec et politique d’interculturalisme
« Environ les deux cinquièmes de la
population immigrée en provenance
de l’Afrique et des régions de
l’Amérique du Sud ou de l’Asie
orientale ont immigré au cours de la
période la plus récente, soit celle de
2001 à 2006; les régions de l’Afrique
occidentale et de l’Afrique centrale
montrent des parts relatives
supérieures à 50 % pour cette
période. (MICC, 2006, p.18) ».
En 2006, 38205 immigrants
issus de l’Afrique
subsaharienne pouvaient être
répertoriés.
C’est surtout à partir des
années 1990 et des années
2000 que l’immigration
africaine subsaharienne s’est
accrue au Québec.
6. au Québec et politique
d’interculturalisme
L’immigration africaine par
rapport à l’interculturalisme
québécois.
Les politiques de migration et
d’intégration: France, Angleterre,
Canada et Québec.
Remise en cause et choix de
l’interculturalisme au Québec.
L’interculturalisme refoule le
monolithisme culturel (CCPARDC,
2007, p.9).
7. Portrait de l’immigration africaine au
Québec et politique d’interculturalisme
L’interculturalisme met à la fois l’accent sur la culture majoritaire et
sur la culture minoritaire et suggère avant tout un lien culturel
entre les porteurs de cultures différentes (Stoiciu, 2009, p. 117).
L’interculturalisme comme pluralisme intégrateur est un modèle
axé sur la recherche d’équilibres qui entend tracer une voie entre
l’assimilation et la segmentation et qui, dans ce but, met l’accent
sur l’intégration, les interactions et la promotion d’une culture
commune dans le respect des droits et de la diversité (Bouchard,
2012, p.51).
8. Portrait de l’immigration africaine au
Québec et politique d’interculturalisme
« les personnes appartenant à des
minorités ethniques ont le droit de
maintenir et de faire progresser leur
propre vie culturelle avec les autres
membres de leurs groupes »
(Justice Québec, 2012).
Les immigrants de première et
de deuxième générations
s’intègrent mieux quand on
encourage le maintien ou
l’apprentissage des langues et
traditions de leur pays
d’origine.
Charte des droits et libertés
de la personne du Québec qui
stipule à cet effet, en son
9. Posture théorique
Bref débat autour de
l’interculturalisme
Tous les modèles identitaires de
l’immigration sont confrontés au
rôle central de la culture
majoritaire (Assimilation-
multiculturalisme).
Au Québec, le discours publics
reste optimiste (rapprochement
interculturel, dialogue
interculturelle, échange
interculturel, éducation
10. Posture théorique
Bref débat autour de
l’interculturalisme
Face au courant défendu par Bouchard et
autres,
White, 2014
• contradiction fondamentale
• statut de « préséance » à un groupe, ceci
implique l’impossibilité de parler d’une
orientation interculturelle.
• compétences interculturelles en dehors des
programmes de sensibilisation aux préjugés.
11. Posture théorique
Bref débat autour de
l’interculturalisme
Frozzini, 2014
• Commission Bouchard-Taylor a propagé la
notion d’interculturalisme.
• Le mot est mentionné sporadiquement avant
2008 dans les médias.
• Et pourtant, Bouchard considère que
l’interculturalisme a toujours été très présent
dans la littérature scientifique au Québec .
12. Posture théorique
Transmission des
valeurs culturelles et
interculturalisme
québécois
Crise de la transmission au Québec.
Véritable échange entre deux personnes
est de plus en plus ardu.
Que transmettre après des décennies de
vie passé dans un processus d’ajustement
mécanisé (Abou, 2009) ?
Comment chercher sa propre identité par
la construction et la transformation de son
existence (Maalouf, 1998) dans un Québec
où la question identitaire est très complexe
(Agbobli et Bourassa-Dansereau, 2009) ?
13. Posture théorique
La culture québécoise est-elle en train de se redéfinir à travers
des cultures plurielles issues de l’immigration?
Puisque l’interculturalisme met l’accent sur l’intégration, les
interactions et la promotion d’une culture commune dans le
respect de la diversité (Bouchard, 2012, p.51), faut-il s’inquiéter
quant à la possibilité de transmettre une culture minoritaire dans
un cadre de culture majoritaire en redéfinition?
Dans un contexte migratoire, puisque la transmission est
constamment négociée et métissée (Kanouté et Lafortune, 2011,
p. 33), n’y a-t-il pas, de la part des immigrants de deuxième
génération, une tendance au refus global de recevoir la
transmission et de reconnaître la mémoire du passé de leurs
parents? Quels sont les actes à poser dans ce contexte
complexe ?
14. Méthodologie et résultats de la recherche
Méthodologie
Entretien semi-dirigé en profondeur( 10
personnes).
Traitement des données dans une
perspective d’analyse thématique et par le
croissement des récits de vie.
Les résultats de la recherche sont
présentés dans trois catégories :
o les thèmes abordés par les parents ;
o les thèmes abordés par les enfants et,
o les autres enjeux de la transmission
intergénérationnelle.
15. Méthodologie et résultats de la recherche
résultats de la
recherche
Parents (Trois grands thèmes)
• Attachement au pays d’origine
• Nostalgie du pays d’origine
• Valeurs culturelles.
16. Méthodologie et résultats de la recherche
résultats de la
recherche
Enfants (Trois grands thèmes)
• Perception de leurs identités.
• Valeurs reçues.
• Perception des valeurs reçues.
17. Méthodologie et résultats de la recherche
résultats de la
recherche
Au-delà de la transmission
parents/enfants
• Interaction quotidienne.
• L’école et la société : les freins à la transmission
des valeurs.
• Conflits dans la transmission.
18. Actes à poser
Au risque de décontenancer le
lecteur, nous ne présenterons
pas des « recettes sur
lesquelles on peut
compter (Schutz, 2003, p.16) »
pour agir sur une meilleure
intégration. Nous soulignerons
plutôt les dimensions à prendre
en compte dans les actes à
poser.
La transmission des valeurs :
un geste qui relève de
l’interactionnisme symbolique.
Le jeu de pouvoir au coeur de
la transmission
intergénérationnelle.
Les actes à poser : entre
transmission,
métacommunication,
connaissance et négociation ?
19. Conclusion
l’existence de cultures hybrides autant chez les parents
immigrants, chez leurs enfants ainsi qu’au sein de la culture
majoritaire.
il serait pertinent de s’intéresser aux enjeux et défis de la
transmission intergénérationnelle et la quête d’identité
coconstruite, une identité interculturelle chez des adolescents
québécois et néo-québécois.
20. Conclusion
S’il devait arriver que les immigrants subsahariens de la
deuxième génération ne se retrouvent ni dans le « nous »
québécois de souche, ni dans le « eux » venus d’ailleurs,
alors il se pose une interrogation cruciale, une véritable
problématique qui va au-delà de leur identité. L’identité
« invente une petite musique, qui donne sens à la vie. Petite
musique sans laquelle tout s’effondre » (Kaufmann, 2004,
p.79). C’est peut-être le cas des nombreux enfants issus de
l’immigration qui s’interrogent sur leur statut comme citoyens
ou qui sont en perte de repères. Au-delà des rêves et options
politiques, la question mérite d’être approfondie : que propose
l’interculturalisme comme actes à poser pour leur identité
québécoise ?