'L'actualité de la voie de la révolution d'Octobre'.
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'L'actualité de la voie de la révolution d'Octobre'.
Rapport du Séminaire Communiste International du 2-4 Mai 1997 à Bruxelles
Ludo Martens
Du 2 au 4 mai 1997 a eu lieu à Bruxelles le sixième Séminaire International pour
l'Unification du Mouvement Communiste International. 74 partis et organisations ont
participé au Séminaire et 24 autres ont envoyé des messages de solidarité.
L'intervention enregistrée sur vidéo du président du Parti Communiste albanais, le
camarade Hysni Milloshi, ainsi que la présence de quatre partis de l'ex-Union
soviétique - le Parti Communiste des Ouvriers de Russie, représenté par Youri
Térentchev, le Parti Communiste des Bolcheviks de l'Union soviétique, représenté
par Alexandre Barychev, la Russie au Travail/Parti unifié des communistes
soviétiques représenté par Victor Anpilov et le Parti Russe des Ouvriers et des
Paysans représenté par Michail Popov - ont été particulièrement remarqués.
1.
Le thème général de ce Séminaire était 'L'actualité de la voie de la révolution
d'Octobre'.
Par rapport aux années précédentes, un plus grand nombre de délégués est
intervenu dans des questions controversées et la discussion était d'un bon niveau.
Plusieurs participants ont souligné que les rapports étaient mieux préparés et qu'ils
apportaient tous des éléments intéressants, même s'ils exprimaient des positions
opposées. Certains participants ont particulièrement apprécié la confrontation
d'expériences très diverses et l'ont jugée très stimulante pour la réflexion.
Des participants venus d'Afrique ont souligné que le Séminaire les a fortement
encouragés et a renforcé leur détermination: voir que des communistes s'organisent,
se battent et remportent des victoires à travers le monde est essentiel pour le moral.
La plus grande participation des différents délégués est due à une meilleure
préparation. La formule: rapports principaux, rapports d'appui, rapports d'expérience
et répliques, doit être maintenue. Elle a permis une meilleure qualité des discussions.
Pour l'an prochain, il est essentiel que les rapporteurs principaux soient trouvés à
temps et que leurs textes parviennent au secrétariat début janvier 1998 pour qu'ils
puissent être traduits et communiqués aux participants un mois avant le Séminaire.
La richesse du débat dépend de la possibilité de tous les participants de préparer à
l'avance leurs remarques et observations sur les rapports principaux.
Certains ont estimé que le programme était surchargé, que les sujets ne pouvaient
être épuisés et qu'il n'y avait pas assez de temps pour des contributions et des
commentaires. D'autres, en revanche, pensent qu'il est bon d'avoir un maximum
d'informations en trois jours, qu'on dispose d'un an pour étudier et analyser tout le
matériel et que nous aurons tout cela en tête lors du Séminaire de 1998.
A l'avenir, nous comptons réserver plus de temps aux débats, tout en remettant un
maximum de rapports et de documents aux participants. Pour y parvenir, l'ordre du
jour doit être fixé définitivement début août et les rapports doivent être rentrés dans
les délais fixés.
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2.
Le caractère large du Séminaire s'est manifesté plus clairement par la présence de
nombreux partis venant d'horizons différents.
Grâce à l'expérience de ces dernières années, le caractère large est mieux accepté
et ses avantages sont mieux appréciés. Il y avait moins d'animosité lorsque des
positions divergentes étaient exprimées.
La pratique du Séminaire, c'est-à-dire l'écoute des différentes interventions, les
discussions lors des sessions, les échanges de vue lors des rencontres bilatérales, a
entraîné un changement d'attitude de la part de nombreux participants. Chacun a
appris à connaître et à apprécier des partis appartenant à d'autres courants, avec
lesquels il n'avait, dans le passé, aucun rapport.
Dans l'ensemble, les participants comprennent mieux que des partis qui ont
appartenu à différentes tendances, qui ont soutenu les positions de Mao Zedong ou
de Brejnev, de Guevara ou d'Enver Hoxha, peuvent s'unir sur base du marxisme-
léninisme, de l'internationalisme prolétarien et de la lutte contre le révisionnisme. Une
résolution de soutien au Parti Communiste albanais a été signée par de nombreux
partis qui, dans le passé, soutenaient l'Union soviétique, la Chine ou Cuba. Plusieurs
intervenants ont souligné que la critique du révisionnisme de Khrouchtchev et de
Brejnev, faite par les partis de l'ex-Union soviétique, a gagné en profondeur. Les
Partis de l'ex-Union soviétique, qui insistent sur la nécessité d'une coordination
internationale entre les partis marxistes-léninistes, ont mieux compris la difficulté de
la tâche, vu les divergences idéologiques léguées par le passé. Ils ont exprimé leur
volonté d'avancer avec prudence, pas à pas, dans le processus d'unification.
Dans son intervention fort remarquée, le camarade Hysni Milloshi, président du Parti
Communiste albanais, a exprimé des points de vue qui s'accordent pleinement avec
l'orientation qui est à la base du Séminaire Communiste International.
Hysni Milloshi a dit notamment ceci:
«Je suis d'accord avec la plate-forme rendue publique aux séminaires de Bruxelles
pour la défense du marxisme-léninisme et la lutte contre le révisionnisme et
l'opportunisme.
Nous, les communistes, savons bien qu'on a combattu le marxisme en l'acclamant.
Nous devons développer un débat sur ce problème, dans lequel les communistes
exposent de manière sincère et ouverte leurs conceptions, avec pour objectif
d'avancer dans l'unité du mouvement communiste international, qui est si nécessaire.
Je pense que seuls les communistes unis dans le monde entier au sein du grand
parti du prolétariat seront la locomotive qui conduira le train de la société humaine
vers la démocratie populaire, vers le socialisme et le communisme. Je ne pense pas
que cette unité se réalisera facilement, ni en une heure ni en une journée. Cette
unité, il faut l'obtenir sur des bases saines, exemptes de tout opportunisme, de tout
libéralisme ou de tout dogmatisme.
C'est maintenant une tradition qu'au séminaire de Bruxelles prennent part des partis
qui soutiennent la ligne de Mao Zedong et d'autres partis qui soutiennent la ligne
d'Enver Hoxha. D'autres encore s'inspirent de la révolution cubaine et de Che
Guevara, et certains se situent de manière indépendante. Il est naturel que des partis
différents aient des opinions différentes sur les différents dirigeants communistes et
révolutionnaires, mais il est nécessaire qu'après des débats scientifiquement
argumentés, on parvienne à des conclusions en surmontant les préjugés et les
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sentiments. Avant de glorifier ou de dénigrer les dirigeants communistes, il faut les
lire et confronter la vérité de leurs écrits avec la vérité de l'histoire. Le président Mao
Zedong était un grand dirigeant révolutionnaire. Il a beaucoup fait pour le peuple
chinois et il a été un ami du peuple albanais. Enver Hoxha a cependant exprimé des
contradictions idéologiques de principe, à divers moments, avec le président Mao
Zedong. C'est quelque chose de tout à fait normal dans la vie et l'œuvre des
dirigeants communistes. Que les débats idéologiques entre les dirigeants
communistes aient été justes ou non, seule l'histoire peut en juger, en se guidant sur
le marxisme-léninisme.
Si des partis différents ont des divergences idéologiques sur l'une ou l'autre question,
cela peut se régler graduellement en restaurant la confiance au service des idéaux
les plus élevés de l'humanité, mais sans restaurer l'opportunisme.
Les contacts entre partis, les discussions et les relations entre eux doivent se faire
sur une base d'égalité et de sincérité. Chaque parti a son identité et son individualité,
son indépendance pratique et idéologique, ses questions intérieures.
Si nous parvenons à l'unité des conceptions concernant les tâches internationales de
la classe ouvrière, la coopération dans les actions communes conduira à la seule
force internationale qui défende avec conséquence les intérêts de la révolution et du
socialisme mondial.
A ce jour, le mouvement communiste international n'a pas accompli son devoir à
l'égard de la petite Albanie, lorsque celle-ci était attaquée et détruite par les traîtres à
l'intérieur du pays et la bourgeoisie internationale. C'est une honte pour le
mouvement communiste en Europe et dans le monde entier. Je pense
qu'indépendamment des courants différents, les partis qui seront présents au
séminaire de Bruxelles ont le devoir d'élever la voix contre les forces intérieures et
extérieures qui ont infligé aux Albanais la tragédie sans précédent dans l'histoire de
ce siècle. Cette année, en Albanie, s'est déclenchée une révolution populaire
spontanée. Je pense qu'il est intéressant de la faire connaître à toutes les forces
progressistes. Une résolution signée par tous les partis serait un acte humain à
l'égard du peuple qui a été et demeure un ami des peuples du monde entier.»
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L'objection la plus souvent formulée contre la démarche du Séminaire International
pour l'Unification est qu'avant se s'unir, il faut avoir atteint une unité idéologique à
travers une lutte de principe.
Dans les circonstances actuelles, prôner cette voie, revient à maintenir les divisions
et en créer de nouvelles.
Pendant quatre ans, de 1992 à 1995, les participants au Séminaire Communiste
International ont discuté la question de la voie à suivre pour réaliser l'unification du
mouvement communiste international. De ces discussions sont sorties les
'Propositions pour l'Unification' qui formulent un certain nombre de positions
idéologiques et politiques. Ces Propositions forment un cadre minimal commun qui
permet à des organisations marxistes-léninistes de différentes tendances de se
rencontrer, d'échanger des expériences et des analyses et de prendre des initiatives
communes. Ce cadre permet d'entamer un processus d'unification théorique et
politique.
Patrick Kessel a écrit 41 pages pour critiquer cette approche. Il affirme: «Il faut lutter
pour l'unité idéologique sans compromis». Cette 'unité sans compromis' consiste
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entre autres à affirmer que seul Enver Hoxha a mené correctement la lutte
antirévisionniste depuis la mort de Staline, que Mao n'a jamais été un marxiste et
que la même chose vaut pour Castro et Kim Il Sung. L''unité sans compromis' de
Kessel implique également une unité de vues sur l'instauration d'une dictature
bourgeoise en Union soviétique dès 1956, sur le social-impérialisme, sur la théorie
contre-révolutionnaire des Trois Monde formulée par Mao Zedong, sur la nature
contre-révolutionnaire de l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie, etc. Kessel
déclare que sur toutes ces questions, on a vu surgir des divergences antagoniques
qu'il faut d'abord tirer au clair avant de s'unir.
Avec le groupe d'Ischia, le camarade Kessel se propose de mener 'un débat
scientifique' jusqu'à ce qu''une clarté dans le domaine théorique et historique' soit
atteinte, ce qui permettra de 'former une Internationale unie et basée sur des
principes'.
Quelque part dans son texte, Patrick Kessel évoque l'hypothèse que le marxisme-
léninisme peut devenir 'une arme rouillée, vénérée de quelques sectes
impuissantes'. Nous craignons qu'à la fin de sa longue 'lutte sans compromis', il se
trouve exactement dans cette situation.
Certains partis maoïstes ont, eux aussi, formulé ce principe de la 'lutte sans
compromis pour l'unité idéologique'. Pour eux, l'unité idéologique consiste à
reconnaître la pensée Mao Zedong comme la troisième étape de la théorie
révolutionnaire prolétarienne après celle du marxisme et celle du léninisme.
Ces différentes positions, apparemment 'fermes sur les principes', reviennent à
maintenir les divisions entre les partis qui se sont réclamés de l'orientation maoïste,
de l'orientation albanaise ou de l'orientation soviétique et les partis qui n'ont suivi
aucune de ces trois tendances.
Non seulement elles maintiennent ces divisions, mais elles en créent de nouvelles.
En effet, l'œuvre d'Enver Hoxha ne suffit pas pour maintenir l'unité idéologique et
politique entre les partis qui s'en réclament. Patrick Kessel s'est lié au groupe
d'Ischia (L'Uguaglianzia de l'Italie, l'Alliance Marxiste-Léniniste des Etats-Unis et du
Canada et le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Turquie) pour créer une
nouvelle Internationale. Mais la plupart des partis qui ont suivi la ligne d'Enver Hoxha
se trouvent déjà dans la Conférence Internationale de Quito - Conférence qui connaît
par ailleurs aussi de graves divergences en son sein.
De même, l'œuvre de Mao Zedong ne suffit pas pour maintenir l'unité entre les partis
qui s'en réclamant, puisqu'on peut distinguer au moins cinq orientations différentes
parmi eux.
Ces divisions et subdivisions appauvrissent nécessairement les discussions et les
échanges dans chaque groupe. De même, elles facilitent l'adoption de positions
unilatérales qui auraient pu être évitées grâce à des débats plus larges,
contradictoires.
Les divisions et subdivisions ont aussi comme résultat que les discussions
théoriques et idéologiques sont privilégiées au détriment de l'échange et de la
discussion des expériences politiques. Les partis marxistes-léninistes qui sont
réellement engagés dans les luttes de la classe ouvrière et des masses travailleuses
pourront toujours apprendre l'un de l'autre, même s'ils appartiennent à des 'écoles
idéologiques' différentes. Il est impossible qu'une unité de combat, réalisée sur une
base marxiste-léniniste dans la lutte commune, puisse surgir en axant le débat sur
telle ou telle thèse de Mao Zedong ou d'Enver Hoxha ou sur l'interprétation de la
révolution culturelle ou de l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie. Les
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communistes ont des tâches pratiques, la lutte des classes n'attend pas qu'ils aient
réalisé leur unification. Des échanges d'expériences pratiques et l'organisation de
certaines activités et campagnes communes joueront un grand rôle dans l'unification
et faciliteront les discussions théoriques. Comme l'a souligné le camarade Hysni
Milloshi, tous les communistes, qu'ils soutiennent Mao ou Enver Hoxha, Che
Guevara ou Ho Chi Min, ont le devoir de soutenir la lutte du peuple albanais et son
parti communiste. Cette pratique commune créera aussi de meilleures conditions
pour une discussion saine sur les divergences que certains peuvent avoir avec telle
ou telle position d'Enver Hoxha.
Finalement, les divisions et subdivisions nuisent au rayonnement de l'idéologie et de
la politique marxistes-léninistes. C'est par leur unité et leurs actions communes que
les partis marxistes-léninistes peuvent avoir une influence croissante dans le monde.
La crise du système capitaliste international pousse les masses populaires à gauche
mais la bourgeoisie utilise la social-démocratie, le révisionnisme et le trotskisme pour
briser leur élan révolutionnaire. Une lutte efficace contre le révisionnisme, le
trotskisme et la social-démocratie nécessite l'unité des communistes.
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Prendre chaque divergence théorique ou politique grave comme point de départ
d'une scission est une attitude opportuniste de 'gauche'.
La défense intégrale du léninisme exige un combat idéologique principalement
contre le révisionnisme mais aussi contre l'opportunisme de 'gauche'. Il faut mettre
en évidence l'universalité du léninisme tout en reconnaissant les particularités de
chaque révolution.
A ce propos, Lénine nous a laissé deux principes.
Lénine a souligné avant tout la signification internationale des principes de la
révolution d'Octobre. « Tous les traits essentiels et aussi maints traits secondaires de
notre révolution ont une portée internationale... Certains traits essentiels de notre
révolution ont cette portée dans le sens le plus étroit du mot, c'est-à-dire en
entendant par portée internationale : la valeur internationale ou la répétition
historique inévitable, à l'échelle internationale, de ce qui s'est passé chez nous...
L'exemple russe montre à tous les pays quelque chose de tout à fait essentiel, de
leur inévitable et prochain avenir.» (XXXI, p.15-16)
Lénine a en même temps souligné la nécessité d'adapter les principes fondamentaux
aux particularités de chaque pays. «Que signifient tous les racontars de Serrati et de
son parti, prétendant que tout ce que veulent les Russes, c'est qu'on les imite? Nous
demandons exactement l'inverse... Nous sommes d'avance contre les communistes
qui connaissent par cœur telle ou telle résolution. La première condition du véritable
communisme, c'est de rompre avec l'opportunisme... Les principes révolutionnaires
fondamentaux doivent s'adapter aux particularités des différents pays. En Italie, la
révolution se déroulera autrement qu'en Russie... Comment au juste? Ni vous ni
nous ne le savons... Le communisme n'existait pas encore en Italie... Il est encore à
créer... Et le premier pas sur ce chemin, c'est une rupture définitive avec les
mencheviks.» (XXXII,pp.494-95)
Pour fonder l'Internationale Communiste, Lénine a combattu le kautskysme et les
autres variantes du révisionnisme qui niaient la valeur universelle de la voie de la
révolution d'Octobre. Mais Lénine a dû également se battre avec énergie contre
l'opportunisme de 'gauche' pour qui l'essentiel était la répétition des 'vérités' tirées de
la révolution d'Octobre.
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Pour Lénine, l'essentiel était l'intégration des vérités universelles de la révolution
d'Octobre dans une pratique révolutionnaire spécifique répondant aux particularités
de chaque pays.
Lénine a réitéré sa mise en garde contre le sectarisme et la scolastique en soulignant
que chaque révolution socialiste victorieuse aura non seulement certaines
caractéristiques qui lui sont propres, mais qu'elle souffrira nécessairement de
certaines faiblesses et limites. Gonfler ces faiblesses et limites inévitables pour en
faire un point de rupture serait une approche petite-bourgeoise des plus néfastes.
Lénine a déclaré : « Les maîtres du socialisme ont... insisté sur les 'longues douleurs
de l'enfantement' de la société nouvelle, celle-ci n'étant qu'une abstraction et ne
pouvant s'incarner dans la vie qu'à travers maintes tentatives concrètes, diverses et
imparfaites, visant à créer tel ou tel Etat socialiste.» (T.XXXII, p.356) « Le socialisme
achevé ne saurait résulter que de la collaboration révolutionnaire des prolétaires de
tous les pays et à la suite de nombreuses tentatives dont chacune, considérée
isolément, sera unilatérale et souffrira d'une certaine disproportion.» (T.XXXII, p.360)
L'Internationale Communiste a été fondée autour du noyau que constituait le Parti
Bolchevik de l'Union soviétique. Dans les autres pays, les groupes communistes
étaient loin d'avoir atteint la même maturité politique. Lénine a suivi une tactique
souple pour regrouper un maximum de forces autour de quelques axes essentiels:
rompre avec la social-démocratie, aussi bien avec son aile contre-révolutionnaire
(Scheidemann) qu'avec son aile 'de gauche' (Kautsky); édifier un parti communiste
fort et uni capable de conquérir la majorité des ouvriers et de diriger les masses;
prendre la voie de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat.
Pour atteindre cet objectif, Lénine a fait preuve de beaucoup de souplesse. A propos
des opportunistes de 'gauche', il disait : « Tant que l'on n'a pas encore fondé de
partis communistes suffisamment forts, expérimentés et influents, nous devons
tolérer la présence d'éléments semi-anarchistes à nos congrès internationaux.» Ses
arguments : « Certains éléments sont encore susceptibles de s'instruire ; l'expérience
des grandes révolutions est presque entièrement oubliée en Europe occidentale,
passer des bavardages sur la révolution à l'action révolutionnaire véritable est très
difficile, long et douloureux". (T.XXXII, p.547)
En mars 1921, les opportunistes de 'gauche' allemands ont poussé à une
insurrection prématurée. Ce 'gauchisme' menaçait l'avenir du mouvement
communiste en Allemagne et Lénine l'a combattu fermement. « Pour expliquer et
corriger ces fautes, il fallait figurer dans l'aile droite au IIIe Congrès de l'Internationale
communiste... (Les gauchistes) criaient tout simplement au 'menchévisme', au
'centrisme'... Ces gens faisaient du marxisme révolutionnaire une caricature et de la
lutte contre le 'centrisme' un sport ridicule.» (T.XXXII, p.550)
5.
Le problème de l'unification des partis et organisations communistes se pose
aujourd'hui dans un contexte particulier.
La restauration intégrale du capitalisme en Union soviétique et en Europe de l'Est a
définitivement montré que la voie du révisionnisme, initiée par Khrouchtchev, est la
voie prônée par la bourgeoisie intérieure et par la bourgeoisie internationale pour
liquider la dictature du prolétariat et le socialisme.
Cette restauration, liée à l'offensive anticommuniste qui l'a accompagnée et à la
propagation des thèses social-démocrates et trotskistes, a aussi accentué la
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confusion chez beaucoup de forces anti-impérialistes et anticapitalistes.
La globalisation et l'internationalisation conduisent à une oppression et à une
exploitation accrues des pays dominés par les multinationales des trois centres
impérialistes. La situation de la classe ouvrière et des masses travailleuses
s'aggrave aussi bien dans le monde impérialiste que dans les anciens pays
socialistes et dans les pays dominés. Les forces capitalistes du monde entier mènent
une offensive concertée contre la classe ouvrière. Une réplique concertée des forces
marxistes-léninistes, qui exprime les intérêts généraux et historiques des ouvriers et
des travailleurs du monde entier, est une nécessité de l'heure.
De multiples luttes et conflits ont traversé le mouvement communiste international
depuis 1954-1956, dates de la réhabilitation du titisme et de la dénonciation de la
politique révolutionnaire de Staline. Le mouvement communiste est divisé et éparpillé
et nombre de partis se trouvent isolés.
Beaucoup de partis n'ont qu'une expérience limitée, aucun parti n'a le poids politique
et les forces matérielles nécessaires pour diriger le processus d'unification.
Dans ces conditions, l'unification est un processus délicat et difficile à gérer, et cela
nécessite la coopération de plusieurs partis. Il faut bannir le sectarisme et les
habitudes de se retrouver 'entre vieux copains'. La volonté d'unir tous ceux qui s'en
tiennent au marxisme-léninisme et s'opposent au révisionnisme est nécessaire,
comme la prudence et le sens de l'initiative.
Les quatre partis de l'ex-Union soviétique ont souligné le danger de voir surgir une
nouvelle Internationale Social-Démocrate qui se réclame du communisme à la mode
Gorbatchev-Zjouganov et qui poussera une nouvelle fois les ouvriers dans la voie de
la conciliation de classe.
Ils se sont félicités des résultats du Séminaire, des échanges de vue mutuellement
enrichissants et du rapprochement dans certaines questions importantes.
Mais ils ont estimé que la lutte de classe n'attend pas et qu'il faut non seulement
parler, mais surtout agir ensemble. Ils ont appelé à un travail coordonné pour
soutenir les luttes les plus importantes qui se produisent sur la scène internationale.
Ils estiment que les communistes doivent se manifester en commun dans des actions
concrètes.
Dans cette optique, le Séminaire a pris deux décisions.
D'abord, le Séminaire publiera le livre L'Effondrement de l'Union soviétique, causes
et leçons, qui contient différentes contributions de partis participant au Séminaire. Il
publiera également deux numéros d'une revue théorique qui contiendront les
rapports du Séminaire Communiste International de mai 1997.
Ensuite, le Séminaire a discuté trois résolutions sur la Corée, sur l'Albanie et sur
l'anniversaire de la mort de Che Guevara. Elles ont été présentées aux participants
pour signature. Le Séminaire a demandé que les propositions de résolutions et
d'actions communes soient introduites avant l'ouverture du Séminaire 1998 pour
qu'elles puissent être discutées en profondeur.
Les partis soviétiques ont fait un appel à tous les participants afin qu'ils réfléchissent
aux pas concrets à entreprendre pour agir ensemble et afin qu'ils formulent leurs
propositions à ce propos. Victor Anpilov a fait une suggestion à l'adresse des
représentants de partis qui se rendent dans des pays où des luttes importantes se
produisent. Il serait utile que leur compte rendu et leur analyse puisse être
communiqués aux autres partis participant au Séminaire.