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N o r y Z e t t e
Gr e z -Do i c e a u
À travers les âges
Éditions Nestor Hance
Grez-doiceau
LOUVAIN
Établissement Fr. Ceuterick
Rue Vital Decoster, 66
1933
Grez-Doiceau à travers les âges
Il a été tiré de cet ouvrage
25 exemplaires sur Hollande numérotés sur presse
de 1 à 25
constituant l’édition originale
Gr e z -Do i c e a u
à travers les âges
par
Nory Zette
LOUVAIN
Établissement Fr. Ceuterick
Rue Vital Decoster, 66
1933
A Monsieur Ernest Dubois,
le sympathique et tout dévoué
bourgmestre de Grez-Doiceau.
Hommage respectueux.
N. Z.
Table des matières
Première partie......................................................................................... 7
I.	 Promenades à Grez-Doiceau................................................. 11
II.	 Lieux-dits anciens................................................................... 25
III.	Étymologies............................................................................. 31
IV.	Hydrographie.......................................................................... 37
V.	 Grez-Doiceau et la géologie................................................... 43
VI.	 Grez-Doiceau dans la préhistoire.......................................... 47
VII.	 Grez-Doiceau sous les romains............................................. 53
VIII.	 Grez-Doiceau sous les Francs................................................ 59
IX.	 Grez-Doiceau sous les comtes et les ducs de brabants........ 63
X.	 Grez-Doiceau sous les ducs de Bourgogne.......................... 83
XI.	 Grez-Doiceau sous la période Austro-Espagnole................ 91
XII.	 Grez-Doiceau sous la domination Espagnole.................... 103
XIII.	 Grez-Doiceau sous la domination Autrichienne............... 129
XIV.	 Grez-Doiceau sous la domination Française..................... 151
XV.	 Grez-Doiceau sous la régime Hollandais........................... 161
Deuxième partie................................................................................... 183
I.	 Souvenirs de 1830................................................................. 187
II.	 Grez-Doiceau au point de vue administratif..................... 199
III.	 Notre population.................................................................. 205
IV.	 Nos châteaux......................................................................... 215
V.	 Nos voies de communications actuelles............................. 221
VI.	 Nos biens communaux......................................................... 231
NOTRE MAIRIE..................................................................... 231
NOS ÉGLISES.......................................................................... 233
NOS ÉCOLES........................................................................... 243
LES HOSPICES........................................................................ 245
L’ORPHELINAT....................................................................... 248
LE LIBEL.................................................................................. 249
VII.	 Nos services publics............................................................. 253
PREMIÈRE PARTIE
NOS BOURGMESTRES.......................................................... 254
NOS PRÊTRES......................................................................... 256
NOS NOTAIRES...................................................................... 257
NOS SECRÉTAIRES COMMUNAUX................................... 257
NOS RECEVEURS COMMUNAUX..................................... 257
NOS INSTITUTEURS ET NOS INSTITUTRICES.............. 258
NOS SOUS-INSTITUTEURS................................................. 259
NOTRE SERVICE DE SANTÉ.............................................. 267
LA DISTRIBUTION D’EAU.................................................. 268
L’ÉCLAIRAGE PUBLIC......................................................... 269
NOS P. T. T................................................................................ 269
LE BUREAU DE BIENFAISANCE....................................... 270
NOTRE BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE................................ 271
VIII.	 Industries d’hier et d’aujourd’hui........................................ 273
IX.	 Nos sociétés d’agrément....................................................... 285
NOS FANFARES...................................................................... 291
NOS CERCLES SYMPHONIQUES...................................... 294
NOS SOCIÉTÉS DRAMATIQUES....................................... 295
NOS SOCIÉTÉ SPORTIVES.................................................. 295
QUELQUES SOCIÉTÉS D’AGRÉMENT.............................. 296
X.	 Grez-Doiceau et la guerre 1914-1918................................. 297
A ceux d’hier
A vous j’ai pensé en écrivant ces lignes et en fouillant les
archives poussiéreuses où vos noms pâlissent.
En respirant les parfums du temps qui se dégageaient de
ces vieilles liasses teintées de souvenirs, j’ai cru un instant que
vous viviez toujours et que vous nous parliez encore ! Que
dis-je ? Mais n’êtes-vous pas aujourd’hui; ne serez-vous pas
d’avantage demain ? Ne sommes-nous pas les seuls artisans
de votre mort, nous, les créateurs de notre oubli ?
Et des voix blanches murmuraient...
Leur murmure était pareil au bruissement qu’on entend le
soir dans la ramure quand les petits oiseaux se cachent pour
dormir... Cette musique enlace et enivre...
C’était à la fois une plainte, un appel et un sourire.
A vous j’ai pensé, tout ceux d’hier...
A ceux d’aujourd’hui...
A vous j’ai pensé, ceux qui luttent, ceux qui aiment...
AVANT-PROPOS
— 10 — — 11 —
Au blé qui lève, qui apprendra par cette histoire qu’il est
des contes vrais, et que les héros qui les illustrent sont parfois
des personnages dignes de légendes.
Au blé vert, qui conclura que nos actes restent et que leurs
conséquences dépassent les limites de la vie.
Au blé d’or, qui percevra dans l’unisson grandiose qui
s’élève du passé, l’accord ténu d’une voix éteinte, dont l’écho
seul suffira à ranimer l’éclat.
Oui, à vous j’ai pensé, tous ceux d’aujourd’hui...
A ceux de demain...
A vous j’ai pensé, ceux qui viendront quand nous serons
froids et à jamais étreints par la mort...
Puissiez-vous, en lisant ces pages, revivre à votre tour, nos
joies et nos transes, nos espoirs et nos déconvenues ; puissiez-
vous, ô ceux qui viendront, ne pas laisser accumuler la neige
sur nos pas ! ...
A vous j’ai pensé, tous ceux de demain...
Nory ZETTE.
I.	 PROMENADES À GREZ-DOICEAU
Avant de commencer la lente et si intéressante
exploration du passé, arrêtons-nous, un instant, au
présent, à ce Grez-Doiceau que nous habitons et que nous
connaissons pourtant si peu.
Serait-il vrai qu’un Grézien de vieille souche ne connût
point sa terre nourricière ? Hélas, oui !
Hier encore, nous demandions à un de ces vieux, rompu
d’années, s’il avait idée de tel et tel incident local, s’il avait
ouï parler de tel lieu-dit de son village. Nous entendons
encore sa réponse, à la fois candide et confuse : « Je me
rappelle bien de quelque chose, mais je ne m’en souviens
plus ! »
Les événements que nous allons essayer de faire revivre
nécessitent cependant pour cadre la connaissance des
lieux qu’ils illustrèrent.
Nous vous convions donc, chers lecteurs, à faire en
— 12 — — 13 —
notre compagnie, ce bout de route et ce brin de causette.
Transportons-nous en imagination sur la chaussée de
Wavre à Louvain, face au chemin qui conduit à la commune
de Bossut. Au loin, Grez repose dans son cirque, que
dominent les hauteurs voisines. Deux chemins courent là-
bas dans la campagne vers le village (Point 1): le chemin
des Campinaires et le chemin des Béguinages, autrement
dit de Mont-Saint-Guibert ou ruelle de Bossut.
Suivons le chemin des Campinaires, qu’ont foulé tant
de bons Flamands de Campine, venant à Grez faire
d’abondantes provisions de chaux. Les terres que nous
traversons forment ce qu’on appelle la Campagne de
Bossut. Nous enjambons un petit ruisseau (Point 2): c’est
le Lambais. Nous voici dans la Campagne des dix-huit
bonniers, qui doit certainement son nom à son étendue.
Au nord, le hameau de Gottechain, magistralement perché,
domine de sa hautaine morosité. Nous voilà au carrefour
formé par le chemin de la Croix-Claude et celui que nous
suivons (Point 3).
La campagne des huit bonniers, limitée à droite par
le chemin de la Croix-Claude fuit vers l’horizon. Nous
traversons le champ des Lowas1
, que coupe le chemin
du dit nom, pour arriver à la campagne-des Chaux-
Fours, comprenant l’emplacement de l’ancienne propriété
Victorien Lacourt, actuellement de Monsieur Notebaert F.
Nos anciens fours à chaux occupaient cet endroit.
Nous franchissons la chaussée de Wavre à Jodoigne. La
1.  Les orthographes diffèrent d’après les actes et les époques :
Lowas, Lois, Louas.
chapelle du Château, ou de Notre-Dame des Sept Douleurs,
se dresse à notre droite. Le château de Piétrebais1
en Grez
ne tardera pas à s’offrir à nos regards.
Nous longeons les propriétés du dit château sur le
territoire de la commune de Biez, laissons à notre droite le
moulin du Pirroir, pour rejoindre la commune au hameau
de Morsain, au lieu-dit « les prés de Biez ». Nous nous
écartons quelque peu du Train avant d’entrer au hameau de
Royenne. Mais abandonnons le chemin des Campinaires,
qui se poursuit jusque Bonlez, pour emprunter, à notre
gauche, le chemin du Résidal. Au sud, à perte de vue,
s’étendent la grande Hésidelle et sa cadette, la petite. Les
murmures du ri de Hèze nous font escorte jusqu’au hameau
dont il a pris le nom et qui étend sa nappe de maisons, là-
bas, vers l’est. Nous y voici enfin.
Poursuivons le chemin du Résidal. Nous rencontrons,
à notre gauche, la chavée Boulanger2
, le chemin dit :
Bruyère Caton ; à notre droite, l’immense campagne du
Grand Sart, qui se déploie à perte de vue.
Nous virons vers le sud, nous laissant toujours guider par
le chemin du Résidal3
. A gauche, le sentier de la Citadelle
s’enfonce dans le Fonds des Bruyères que nous côtoyons
pour arriver à la limite du territoire de Longueville, au
chemin de Grez-Doiceau à ladite commune4
. Remontons
vers le nord, dans la direction de Grez. Nous abordons
1.  Piétrebais : 1200-1237-1277-1622, Piétrebaie : 1643.
2.  La chavée Boulanger porte actuellement le nom de boulevard.
3.  Appelé ici : «Les fonds de Hèze». Nous arrivons à la captation de
la distribution d’eau.
4.  Lieu dit : Chapelle au Chêneau.
— 14 — — 15 —
rapidement le chemin de la chapelle au Chêneau qui mène
à ladite chapelle et qui traverse la campagne de la Sarte.
Nous voilà à nouveau dans le riant hameau de Hèze.
Nous remontons, à gauche, le chemin Evrard, le chemin
d’Agneau, le chemin Doyen ; à droite, le chemin Remi1
, le
chemin du Cocher, et nous découvrons enfin les abords de
la ferme du Sartage.
Enfants de Hèze, si vous laissez parler vos souvenirs,
vous vous souviendrez avoir entendu énoncer jadis,
d’autres dénominations tout aussi savoureuses : le Petrau,
le champ des petits saules, le Pelé, la Vallée Rose, le Fond
de Mennevaux et bien d’autres… mais, Grez, dans la vallée
sourit et nous invite à la descente.
Revenons au point de départ de notre première
promenade.
Entamons le chemin des Béguinages. Il tient son
appellation de l’endroit qu’il côtoie, le Béguinage de Grez,
duquel nous aurons l’heur d’entretenir nos lecteurs dans
les pages qui suivront.
Parcourons la Ruelle de Bossut, profondément enclavée
dans les terrains voisins. Après avoir franchi le pont qui
surmonte le ruisseau « le Lambais » nous entrons dans le
hameau du même nom.
A notre droite, nous reconnaissons le chemin des
1.  Il conduit au château d’eau de Hèze.
Aloux, sur Lequel s’élevait jadis le moulin Bataille, sis sur
la rivière le Train. Mais continuons nos investigations. A
notre droite encore s’étend le grand Cortil, limité par le
sentier Warichet, la ferme du Stampia et la rivière le Train.
A notre gauche, se dresse la petite chapelle de la sainte
Duchêne1
qui a donné son nom au sentier qui y donne
accès et qui joint le chemin des Béguinages à celui de la
Croix-Claude.
A notre droite, nous reconnaissons, à l’entrée de l’actuel
Chaux-Four, le chemin du Pont d’Aulin, nom du pont sur
la rivière qu’il traverse ; puis, à notre gauche, le chemin de
Lowas.
Mais nous voilà au centre du bourg riant. Laissons
à notre gauche la rue d’Enfer appelée aujourd’hui rue
Henri Lecapitaine, nom d’un ancien mayeur, et longeons
les actuelles rues du Waux-Hall et Lambermont, pour
arriver à la rivière le Train, que nous franchissons au pont
de la barre. Nous sommes toujours sur le chemin des
Béguinages. Empruntons la rue de La Barre, laissons à
notre droite la rue Saint-Georges et la rue Coppe ; à notre
gauche la rue
Sainte-Anne et dirigeons nos pas vers l’hospice du Péry2
.
A notre droite, nous remontons encore un chemin
fort accidenté dénommé jadis chemin Maurice Lacourt ;
appelé de nos jours, le Cortil Mylon. Marchons toujours. A
notre dextre nous saluons au passage la petite chapelle de
1.  L’ancienne chapelle se trouvait sur l’emplacement du tram.
2.  El Perroit 1218.
— 16 — — 17 —
Notre-Dame du Bon Secours. Un chemin encaissé aboutit
au petit oratoire : c’est la ruelle Purlin. Mais, poussons
plus avant nos découvertes. Nous longeons le nouveau
cimetière de Grez que dessert la proprette ruelle Fontaine.
Un chemin de terre côtoie le cimetière a notre droite, c’est
le sentier des Béguinages qui mène aux lieux-dits, la Potrée
et le Vivier Hanquet. Voici enfin le fameux béguinage, que
nous laissons à notre gauche avec le chemin de l’hospice.
Continuons. Après avoir traversé les champs du Béguinage
et de Présenne, nous avons enfin vue sur le hameau de
Morsain. Nous y entrons.
Arrêtons-nous un instant au carrefour formé par le
chemin de Bimebaume1
à notre gauche, des Bottiniers face
à nous et de Bayarmond, à notre droite. Sur le second de
ces chemins, que voisine le champ de Bottnie2
, se dresse
la ferme Roucheaux, actuellement Tilmant. E.
Un coup d’œil encore et partons.
Toujours nous nous laissons conduire par le chemin des
Béguinages. A notre droite nous laissons le chemin de la
Bruyère à l’arbre, la route de Wavre, le champ des Gottes3
que traverse le sentier du même nom, et là-bas, ... mais
déjà les premières maisons de Bonlez, paresseusement
1.  Bimebaume, sobriquet donné à un fermier qui s’avisa de sonner
le tocsin pour appeler le curé aux vêpres. (Tarlier et Wauters.)
2.  Champ des Bottiniers-Champ de Bottigny 1625.
3.  Champ de Got 1625.
assises, découpent le ciel...
Voulons-nous entamer notre troisième promenade ?
Nous partons de la place communale de Grez. Après
avoir monté quelque cinquante mètres dans la chaussée
de Wavre, nous prenons à notre, gauche la rue actuelle
des Combattants. Nous laissons à notre droite le sentier
de Wavre pour gravir le chemin de la Queue. Avant de
commencer la montée, nous remarquons à notre droite le
sentier de La Motte, que traverse le ri Mazarin, à notre
gauchelecheminPurlinetlesentierdelaTraverse,joignant
tous deux la ruelle de la Croix. Escaladons. A notre gauche
nous voyons la sablonnière, jadis occupée par le Bois
Mazarin, qui s’étendait jusque la ruelle de la Croix. Nous
sommes au lieu-dit Crolis-Joir1
. Si nous montons encore
un peu, nous arrivons à un vaste plateau. Continuons tout
droit. Nous traversons un chemin particulier et arrivons au
chemin des Vaches qui conduit vers la Cense de la Brique à
Doiceau, en traversant le domaine du château de Madame
la Comtesse d’Ursel, sis à droite du dit chemin. Laissons ce
sentier courir sa destinée ; pour nous, prenons, à gauche,
l’Allée du bois de Bercuit2
qui nous vient tout droit du
hameau du Centri. Respirons à pleins poumons l’odeur
prenante des pins. A notre gauche, un chemin, la ruelle la
1.  Bourbier Georges que le cadastre dénomme Croix de Risoir.
2.  Biercuit 1284 - Berquyz 1374 - Bierquid 1398 - Berquyt 1405 -
Bois de Berquit 1404 - Berquit 1440 - Biercui 1779 - Bierchuid 1780.
— 18 — — 19 —
Croix, qui vient expirer à nos pieds. A notre droite, deux
sentes étroites : le sentier de la Sapinière et le sentier Masy.
Mais voilà le carrefour dénommé Aux Six Chemins. Nous
y avons accès en abandonnant l’allée du bois de Bercuit et
en empruntant le sentier des Six Chemins. En trouverons-
nous six ? Comptons. Un chemin vient du nord-ouest, de
l’église de Doiceau, c’est celui des Crahauts1
. Il coupe le
lieu-dit Les Six Chemins et file vers le sud rejoindre l’Allée
du bois de Bercuit : et de deux ! Le sentier des Six Chemins
qui prend naissance à l’allée du bois de Bercuit, que nous
venons de quitter, coupe le carrefour-et s’enfuit vers Dion-
le-Val : et de quatre !
Le sentier Loye qui nous vient de Dion-le-Val et
abandonne sa course Aux Six Chemins : et de cinq.
Enfin, le chemin de la Bruyère à l’Arbre qui accourt du
riant hameau de Morsain. Cela fait six. L’auteur du dit-lieu
savait bien compter.
Mais ne nous laissons aucunement influencer par tous
ces chemins qui nous font signe. Retournons sur nos pas
et prenons le sentier Masy, que nous avons remonté tout
à l’heure. C’est le premier à notre gauche. Nous traversons
le chemin des Crahauts et arrivons au lieu-dit : champ
du Vevrou, que franchit le sentier du même nom. Après
avoir passé le Pisselet, nous entrons dans la campagne
de Rois-Mont, limitée au nord par le chemin qui porte
son nom. Arrêtons-nous un instant, dans la direction
de Dion-le-Val. Au sud, à la limite de ladite commune,
nous remarquons le Fond de Braibeson ; au sud-ouest,
1.  Dit actuellement Voie de Bonlez.
le chemin des Epines. Achevons notre périple. Le sentier
Masy que nous suivons jusqu’au chemin de Rois-Mont,
file vers la chaussée de Wavre à Louvain. Nous quittons ce
sentier. Au nord, vers Gastuche, s’étend l’immense culture,
de son nom : La Schavée. Dirigeons nos pas vers Doiceau,
par le chemin de Rois-Mont. Nous traversons à nouveau le
Pisselet pour emprunter le chemin de Dion-le-Val, Nous
laissons l’église de Doiceau à notre gauche, la cense de la
Brique et le sentier Dirt à notre droite. Franchissons pour
la troisième fois le Pisselet, pour suivre les destinées du
chemin Hottart. A notre gauche, le chemin du Cul-de-Sac
s’enfonce dans la Schavée pour se diriger vers le sentier
Masy et la chaussée de Wavre. Nous marchons, coupons
avec le chemin Hottart le chemin des Thils et dévalons
vers le hameau de Gastuche.
Nous voilà sur la chaussée de Wavre à Louvain.
Dirigeons-nous vers le hameau. Le chemin de la gare.
Faceàlui,lesentierdelaBruyèreSainte-Annequidescend
des Tiennes. Orientons-nous vers la station ; longeons
le sentier de la gare1
jusque l’avenue d’Ottembourg, que
nous suivons. Arrêtons-nous un instant sur le pont de la
Dyle. Après avoir traversé les Warlandes et la propriété
de Laurensart, cette rivière se dirige vers Archennes en
avoisinant les Grandes Prairies et les Prairies de La Motte.
Mais rejoignons la grande route de Wavre à Louvain, que
nous suivons dans la direction de Hamme-Mille. Nous
laissons à notre droite le chemin des Thils, le Sentier de
Wavre, le chemin Martin ; à notre gauche, le chemin des
1.  Dit sentier Hottat.
— 20 —
Grands-Prés Nous quittons un instant le territoire de Grez1
. A notre dextre, nous remarquons le chemin longeant la
Magnette2
, qui traverse la grande route que nous suivons
et court vers Archennes par la ruelle du même nom.
Quittons la grande route et dirigeons-nous à notre tour
vers Archennes, en empruntant la Ruelle. Nous sommes
à nouveau sur le territoire de Grez. Au premier carrefour,
prenons le chemin à droite, dénommé chemin des Foins,
qui traverse la campagne des Aloux. Joli nom. Nous
arrivons encore à la grande route de Wavre à Louvain que
nous avons quittée et que nous remontons jusqu’à celle de
Wavre à Jodoigne qui nous mènera vers le coquet village
de Grez.
A notre gauche nous remarquons encore le champ de
Pannard3
. Nous sommes au lieu-dit actuel, l’Escavée. A
notre droite, sous le hameau de Centri, s’étend le champ
du dit nom4
. A notre gauche sous le chemin des Foins, vers
Archennes, les Cinq Bonniers.
Le clocher du bourg pointe le ciel. Nous descendons le
champ du Mont, laissant à notre gauche le Trou-à-l’huile...
1.  La grand’route de Wavre à Louvain, du chemin Martin à la
ruelle d’Archennes, est située sur le territoire de cette dernière com-
mune.
2.  Ce chemin était autrefois la seule voie de communication avec
Wavre, par Doiceau.
3.  Pannarde 1374 - Pannaerde 1618.
4.  Situation des réservoirs de la distribution d’eau.
Et voici Grez.
Un petit bout de route encore. Jolie promenade.
Nous partons du pont de La Barre. Nous entamons le
chemin de la Violette1
actuellement dénommé avenue
Jean du Monceau.
A notre gauche une sente monte vers la station du
Vicinal, c’est le sentier des Fours à Chaux, la Violette
d’aujourd’hui2
. Nous continuons le chemin de la Violette,
traversons le pont du Cocrou pour longer le château de
Piétrebais en Grez.
Nous empruntons le chemin des Campinaires et
abandonnons à notre gauche le chemin de Grez à
Longueville. Bientôt après, à main droite, une petite sente
merveilleuse nous appelle. Laissons-nous tenter. C’est le
sentier Dave que longe le petit canal du château à droite,
le parc du moulin banal ou Franc Moulin à gauche. Suivez
ce sentier par un beau jour d’été, vous m’en direz des
nouvelles. Nous n’avons plus qu’à traverser la rivière le
Train et à revenir à Grez par le sentier des prés et le Pont
1.  Bien de la Violette 1426 - ‘T huis van der Vyoletten 1530 - ‘T
huys van den Violetten 1559 - Ferme de la Violette 1604 - Maison de
la Violette 1613 - La Violette 1624-1692.
2.  Un sentier, dénommé anciennement sentier de la Violette,
prenait naissance à l’actuelle avenue Jean du Monceau, traversait
les prairies et aboutissait au château de Piétrebais en Grez. Ne pas
confondre avec le chemin de la Violette.
— 22 — — 23 —
d’Arçole1
.
Mais, arrêtons nos flâneries. Je crois vous avoir conduit,
au gré des chemins et des sentiers, aux quatre coins de
notre village. Je crois aussi vous avoir cité, en passant, les
noms des lieux-dits que nous traversions. Mon but n’était
d’ailleurs que de vous amener à raviver dans vos mémoires
quelques souvenirs de lieux-dits que vous connaissiez
sans doute, mais que vous ne pouviez plus situer. Si j’y ai
contribué, j’aurai fait un bon calcul.
1.  Le pont d’Arcole a eu comme dénomination ancienne, le pont
du Noir-Trou.
Pont d’Arcole : Nom donné par un habitant de l’endroit nommé
Thity. Actuellement, quartier Saint-Michel.
— 24 — — 25 —
II.	 LIEUX-DITS ANCIENS
Dans l’exposé qui suivra, il nous arrivera fréquemment
de citer des lieux-dits au gré des circonstances. Afin de ne
point interrompre l’exposé par des détails souvent oiseux,
ce qui nuirait à la clarté des faits, nous nous permettrons de
situer par avance certains lieux-dits que nous renseignent
les auteurs Tarlier et Wauters1
.
Argenteau.—Laseigneuried’Argenteaudevaitsetrouver
sur le territoire de Lambais, aux limites de la commune de
Bossut. L’histoire de cette seigneurie se confond d’ailleurs
avec celle du manoir de Bossut.
Le Rieu del Huibaise, nom antique du ruisseau de Bossut
à Grez, appelé de nos jours le Lambais. Un acte du 20 juin
1460 stipule : « Russeau de Grée à Boussut ».
Le Bois du Belloir, autrement dit Ballaer, sis au champ
1.  Géographie et histoire des communes belges. A. Decq, 1859-
1887.
— 26 — — 27 —
du grand Sart à Hèze, date de 1373.
Le Broke, situé au même endroit, date de 1374. Voici
d’ailleurs ce qu’énonce un acte du temps : « Derrière le
Broke à Grand Sau ».
La terre de Froideval. Nous ignorons son emplacement
exact, cependant tout nous porte à croire que la dite
seigneurie se trouvait sous l’église actuelle de Biez. Voici
l’étymologie du mot, qui nous est donnée par un document
de 1209. Il était question alors de la Frigida Valles,
communément, terre froide. Pourquoi cette appellation ? Il
nous reste encore à le découvrir. Le terme a évolué avec les
années. Nous le rencontrons en 1214 Frigidae Valles – en
1237, Froidesval – en 1322, Frondeval – en 1376, Froidevail
– en 1840, Froideval – en 1482 Froideval ou le bien de
Barbançon ou de Dave. Cette dernière dénomination
autorise l’emplacement que nous avons cru réserver à la
dite seigneurie. En effet, un sentier qui prend naissance
au chemin des Campinaires et qui sépare le domaine du
château de Piétrebais en Grez de celui du Franc Moulin,
s’appelle encore de nos jours, le sentier Dave.
Le domaine de Froideval se confondit plus tard, comme
nous le verrons, dans le domaine seigneurial de Grez.
La seigneurie de Froideval avait, outre ces dépendances,
unbonnierdeterresituéprèsdelaDyleetqu’ondénommait
en 1440, le Bonnier de Froidevaul.
Le Fond de Mémmone sis à Hèze, devait se trouver au
sud de la Vallée Rose, lieu-dit actuel. Cette dénomination
ne date d’ailleurs que de 1811, de même que celle des
Grandes Communes situées également à Hèze, à la limite
de la commune de Longueville.
Prairies de Perrerye, étendues des prés au long sentier
allant à Grand-Sart, à Hèze. Acte de 1612.
La ferme de Valduc, dépendance de l’Abbaye de Valduc
de Hamme-Mille, était située également à Hèze.
Le Blocq aux Briques, datant de 1750, autrement dit
Careel Block ou Courtil à Briques devait se trouver
entre Laurensart et la Motte. C’était un enclos où on ne
distinguait jadis qu’une habitation.
Predickeeren, plus communément appelé Blocq ou
Enclos du Prêcheur. Nous le croyons situé à proximité du
Blocq à Briques. Il date de 1618.
Tillich, se situait près du château de la Motte. Ce lieu-dit
doit tenir son nom de la Tille ou Dyle qu’il avoisinait. A
Tellich, delez la Motte, 1374 – Te Tellich, boven de Beemp
van den Motten, 1460.
La Brumagne. On parle de ce lieu dans un document de
1759. On le rencontre au village de Dion-le-Val, à la limite
du hameau de Doiceau.
La Chaussée. Vous pouvez en ouïr parler de nos jours
encore, par de vieilles personnes originaires de Gastuche.
Elle se trouve, en effet au Nord de ce hameau.
Les Communes, communément dénommées les
Grands-Prés1
, le long de la Dyle à Gastuche. Elles
doivent probablement leur nom au fait d’être accessibles
à la communauté, jouissance immémoriale accordée
aux habitants de l’endroit. Une partie des Grands-Près
1.  Arthur Maricq les appelait encore la Vaine Pâture. Annales de
la Société Archéologique de l’arrondissement de Nivelles, tome IX.
— 28 — — 29 —
appartenait jadis à la commune de Grez. On peut encore
trouver là, l’origine du lieu-dit.
La seigneurie de Lis devait se situer au hameau de
Morsain. Elle a relevé d’ailleurs de la seigneurie de Grez.
Elle date de 1374. On a retrouvé différentes orthographes :
Lys, 1470 – Lyez, 1491 – Lisse, 1530.
Le Sart, Tarlier et Wauters1
énoncent quantité de noms
composés où entre la particule « Sart ». Nous les donnerons
à titre complémentaire.
Loncsaert, 1435 – Lonsinsart – Longinsart 1160 environ
Lonsinsart, à la Caucherie, 1371 – Lonsinsaut, 1418
Lorimisart, 1587 – Mironsart ou Mininsart, 1383.
Tinnesart 1312 – Tiengisart, 1345 – Tignesart, 1446.
Thinssaut, 1465 – Thynnesaert 1499 – Thynnesart, 1542.
Tinissart, 1587 – Tinisart, 1674 – Timmesart, 1689,
appelé quelquefois Tinnesart Fleurie (Tunnesart Florie,
1611).
Ces domaines se confondent de nos jours dans celui de
Laurensart.
Le Sartiaux, probablement dépendance de la seigneurie
de Sart sur le territoire de Dion-le-Val.
Croix de Berquit, autrement dit, ‘t Cruys van Bierquit,
emplacement actuel de la ferme de Madame Lambert. A
donné son nom à la ruelle qui y conduit, Ruelle de la Croix.
Bois de Fa, bois situé sous Bonlez (1407). Il a été réuni
au domaine de Bercuit.
Bois de Genyenvail ou Geneval, bois sis à Boulers
1. Ibidem.
(Bonlez) 1274. Voici quelques orthographes rencontrées :
bois de Genyenval, 1476 – bois de Genevaul, 1478, bois de
Geneval, 1510.
Prairies de Roesbare, prairies qui s’étendaient aux
environs du bois de Bercuit.
Bois de Sainte Marie (1407) dénommé encore Haye
de Sainte-Marie, entre le bois de Fa et Bercuit. Doit son
nom à Marie de Bonlez, dame de Bonlez. Il a été réuni au
domaine de Bercuit.
Fosse Calamart (1618) Lieu-dit sis aux environs du
chemin allant de Grez à Pannaerde (champ de Pannard)
et de Grez au bois de Berquyt (Bercuit).
Courtil del Chastre, nous le croyons situé aux abords de
la rivière le Train, sans pouvoir cependant en déterminer
l’emplacement certain.
Bois de Festiaux, bois voisin de la ferme de Beausart
(1209).
Ranarium, autre dénomination du château de piétrebais
en Grez. Elle date de 1214.
Voici en complément quelques noms de lieux-dits que
nous n’avons pu fixer. Nous faisons appel à l’érudition de
nos lecteurs.
Terre de Faverly (1312) dénommé aussi le Prez Hauthain
(1592).
Le Bois Ferieres (1312) ou Ferires. Ci, extrait d’un acte
de 1417, à son sujet : « A Ferires, en la moyenne Nowe,
joignant à la voie de Dieghem.
La Fosse Boubottes (1635). – Molandoirs (1618). –
— 30 — — 31 —
Derrière le petit Moulin, au lieu-dit, la Perire (1417).
Le Bois Mullichamp (1779). – La Roy-Voye (1625).
III.	 ÉTYMOLOGIES
Le nom de Grez, cela va sans dire, a évolué comme le
reste du langage. L’écriture ne fixant l’originalité du mot
qu’en de très rares exceptions, le terme primitif variant au
gré de la prononciation de chacun. Ainsi, nous rencontrons
maintes orthographes du mot Grez.
Notons tout d’abord la forme suivante : Greis, employée
sous les Romains, en 300, en 1096, en 1217, et ses dérivatifs
ou homonymes : Greys, 1312 – Greizium, 1372 – Gré,
1460 – Graiz, 1612 et le Grez actuel. Cette forme devrait
son origine au mot Grès, produit que l’on extrayait à Grez
à ces époques.
La deuxième façon d’expression rencontrée est la
suivante :
Aysau et son homonyme Ayseaux, en 1192.
Ayseaux se décomposerait de la façon suivante : Ays
viendrait de Aice, Aizis, Aizum, en bas latin, ce qui signifie,
— 32 — — 33 —
contrée, territoire et de Eaux.
Ayseaux signifierait, territoire près de l’eau.
Une troisième et dernière forme rencontrée est la
suivante :
Grave et ses dérivatifs ou homonymes : Gravium, 1312
– Gravia, 1332 – Graven, 1372 – Grave in ‘t Walschlant,
1551.
C’est la forme germanique du mot, élément qui
nous porte à croire qu’à ces époques, notre village était
flamandisé.
Mais comment expliquer l’étymologie du terme ?
Grave serait identique à Graeven, pluriel de Graef,
signifiant fosse. Du fait que notre industrie consistait dans
l’exploitation des fosses à grès, nous pouvons en conclure
que là réside uniquement l’origine de la dénomination.
Grave, nom corrompu de Graef-Graeven a donc pour
signification, carrière, fosse à grès.
Le hameau de Lambais est situé au nord.
Lambais serait la forme corrompue de Leembeeck,
Beeck du flamand, ruisseau et Leem, argile. Lambais
pourrait donc signifier, ruisseau argileux.
Dans la même orientation, sur la route de Hamme-
Mille, dans la direction de la commune d’Archennes, nous
situons quelques maisons réunis au lieu-dit, La Pavée,
dénommé autrement Les Aloux.
Cette dénomination a également évolué. Nous la
rencontrons en 1204 : Allodium de Gratz et en 1394, Aleut
en Greis.
Le mot Aloux serait la mutilation du nom Alouette. Ce
lieu-dit, est en effet situé sur le champ qu’on appelle encore
champ des alouettes.
Au sud-est, nous rencontrons le hameau de Hèze.
La prononciation du mot a toujours été identique à celle
du terme auquel il doit son origine.
Hèze dérive en effet de Aice, du bas latin Aizis, Aizum
signifiant territoire, contrée, plaine.
Pris individuellement, Hèze voudrait dire, plaine,
culture.
Voici quelques orthographes rencontrées : Heys, 1374 -
Heyst, 1383 - Heze, 1486 - 1528 - Heeze, 1650.
Au sud s’étend le coquet hameau de Morsain.
Morsain détient son nom de sa seigneurie. Il est
évident que cette forme d’expression est le résultat d’une
longue évolution de langage. Ci, d’ailleurs, l’intéressante
constatation.
En l’an 1000, Morsain s’appelait Morceshem. - en 1282,
Morchetain - en 1374, Morchyen - en 1536, Mortchain - en
1557, Mortssain - en 1661, Mort-chaine - en 1675, Cortil
de Morzaine - en 1759, Morsain.
On rattache à ce hameau, Bayarmond ou Baiarmont,
1417.
Le cheval Bayard aurait-il passé par cet endroit ? Nous
l’ignorons comme nous ignorons l’origine du lieu-dit.
Fontenelle serait l’expression corrompue de Fontenalle,
— 34 — — 35 —
petite fontaine.
Royenne, pourrait être une évolution des termes romans
: Roie, Roye, Royere, signifiant, ligne, raie, sillon.
Royenne aurait donc la signification de petit chemin.
Le hameau de Centri est perché au sud-ouest du village.
Nous avons découvert une forme caractéristique du même
mot.
Sain-Try. Que le lecteur se tranquillise, aucun saint
du même nom n’a été dressé sur les autels de notre petit
hameau. Voici peut-être l’origine de l’expression. L’histoire
nous apprend qu’il existait dans nos contrées, un petit
peuple, les Centrones, tributaire des Nerviens. L’analogie
entre les termes est frappante. Ce n’est naturellement
qu’une hypothèse qu’il est peu aisé de contrôler1
.
Au sud-ouest également se localise le hameau de
Doiceau.
L’expression originale du lieu-dit serait Duenchiel,
dénomination rencontrée en 1209, et même dès le
douzième siècle. Duenchiel se décomposerait de la façon
suivante. Duen, viendrait de Doe-Douve, signifiant canal,
rivière, ruisseau et Chiel de Cella, identique à demeure,
1.  Le mot Centri ne doit-il pas son origine au fait suivant : ancien-
nement tout ce plateau était inculte, en tri, comme dit en Wallon. En
1722, ces terrains furent vendus à un grand nombre de particuliers.
Ceux-ci devaient par contre verser une rente à la commune. N’y
avait-il pas environ une centaine de tris ?
hameau par extension.
Duenchie serait donc le hameau près de l’eau.
On découvre l’analogie entre Ayseaux et Duenchiel.
Le mot primitif a considérablement évolué, comme
nous le montrent les exemples suivants: 1345, Duenchial
- 1374, Duwensial ou Duchial - 1383, Duwenciail - 1415,
Duwenchial (à comparer avec le mot wallon actuel,
Duwecha) - 1436, Duwencheaul, 1492, Douchial - 1596,
Ducheau - 1607, Dolceau - 1674, Douceau - 1707,
Doiceaux.
A l’ouest s’étend le hameau de Gastuche.
GastucheestlenomcorrompudumotflamandGasthuis,
signifiant Asile, hospice, hôpital.
En 1759, on l’orthographiait d’ailleurs de cette façon. En
1786, le Gasthuis, en 1834, La Gastuche.
Laurensart a pris le nom du château, de même que La
Motte, que nous découvrons au nord-ouest du village de
Grez.
— 36 — — 37 —
IV.	 HYDROGRAPHIE
La première de nos rivières est la Dyle. Le mot Dyle,
a également évolué. Au XIVe
siècle on en fait mention
sous le nom de Tilh. Le chemin des Thils qui débouche
aux environs de la rivière devrait-il son appellation à la
circonstance ? Ce cours d’eau vient de Wavre. Aux confis
de cette dernière commune, avant de pénétrer dans le
territoire de Grez, il reçoit sur sa rive gauche, le Ri du Pré
des Graisses.
Jadis il activait la machinerie des Papeteries de Gastuche
par une chute d’eau de 1,44 mètre.
Dans le domaine de Laurensart, qu’il traverse, il reçoit
encore deux offrandes d’importance différente : sur sa rive
gauche, le Ri de Laurensart, et sur sa rive droite le Pisselet.
Mais le voilà parti à la conquête des Grands-Prés.
Toutaussitôt,ilcourtaprèsl’ombreduboisdeLaurensart,
qu’il côtoie. Et voici encore deux tributs offerts au roi de
la contrée. Celui du Ri de la Motte et celui de Train, tous
— 38 — — 39 —
deux sur la rive droite.
Il trace la limite naturelle entre les communes de Grez-
Doiceau et d’Archennes.
Mais il fuit, gonflé de toutes les eaux de nos contrées,
ayant parcouru sur le territoire de la commune une
distance de 4500 mètres.
D’après Le Roy, la Dyle était autrefois très poissonneuse
: «Claire et froide, elle nourrit une grande quantité de
truites» disait-il.
Le Train. D’après Arthur Cosyn1
nous devrions cette
dénomination à l’érudition d’un habitant de Bonlez.
Anciennement,lacommunedeBonlezsedivisaitenBonlez
deseurtrain et Bonlez desoubstrain. Notre philologue
aurait tout simplement conclu que Train n’était que le nom
de la rivière qui arrose le village. Avait-il tort ?
Le Train - le nom et la rivière - nous vient donc de
Bonlez, côtoie le hameau de Royenne, où il reçoit le Ri de
Hèze, sur la rive droite. Après avoir fait la limite entre le
hameau de Morsain, et le lieu-dit Basse-Biez, il absorbe le
Ri du Vivier Hanquet, sur sa rive gauche. Jadis il activait
la machinerie de la filature de Grez par une chute d’eau de
1 m. 96. Après avoir baigné les dépendances du moulin
banal, avant d’entrer dans le bourg, il reçoit su sa rive
droite le Piétrebais.
Mais voilà notre rivière qui dévale vers le village. Après
avoir activé le moulin de Grez par une chute de 1 m. 70, elle
traverse la grand’route provinciale de Wavre à Jodoigne et
court à la rencontre du Ri Mazarin, qu’elle reçoit sur sa
1.  Le Brabant inconnu, Bruxelles, 1911.
rive gauche.
Jadis, au lieu-dit, le Chemin des Aloux, elle activait
encore le moulin Bataille, avant de recevoir sur sa rive
droite, le Lambais.
Et voilà le plus grézien de nos cours d’eau qui nous quitte
après avoir agrémenté nos sites pendant 5800 mètres.
La rivière le Train est assez poissonneuse.
Mais voici nos petit ruisseaux tributaires.
Le Lambais, dénommé jadis Rieu del Huibaise 1490, ou
Ruisseau de Lembaij, an XIII.
Il dévale du hameau de Gottechain et franchit notre
territoire au Champ des XVIII Bonniers. Après avoir
parcouru 850 mètres en terre grézienne, il se jette dans le
Train à Lambais, en aval du lieu-dit Moulin Bataille.
Le Rie Mazarin prend sa source au lieu-dit Crolis-
Joir, à l’endroit où s’étendait jadis le bois du même nom.
Après avoir grossi sur sa rive gauche du déversoir de la
distribution d’eau communale, il se réunit au Train entre
Grez et Lambais. Sa longueur est de 1.500 mètres.
Le Piétrebais autrement dit, le Ri de Coqueroux ou le Ri
de la Falise, Ri de Chapelle Saint-Laurent, ou encore Ri de
Saint-Denis. (Acte de l’an XIII.)
Ce charmant petit ruisseau nous vient de la commune
de Biez, hameau de Cocrou. Après avoir alimenté le canal
du Château de Piétrebais en Grez, il se jette dans le Train,
en aval du Pont d’Arcole.
Il a parcouru sur notre territoire une distance de 300
— 40 — — 41 —
mètres.
Le Ri du Vivier-Hanquet, appelé encore Rigo des
Champs de Grez, prend naissance au lieu-dit Vivier
Hanquet. Après avoir franchi le champ de Présenne, il se
jette dans le Train en aval de la carrière à grès. Son étendue
est de 1400 mètres.
Le Ri de Hèze, nous vient du hameau de Hèze. Il longe
le chemin du Résidal et se réunit au Train face au hameau
de Morsain. Sa source est dans la nappe d’eau qui alimente
la commune.
Le Glabais, dénommé jadis rivière Glabaise, ou en
patois le Rucha des Près, a sa source à Bonlez. Il se réunit
au Train, vis à vis des anciennes filatures du Monceau,
après avoir parcouru sur notre territoire une distance de
300 mètres.
Le Ri des Gottes prend cours au bois des Gottes et à
la Bruyère à l’arbre. Après avoir servi de limite naturelle
entre les communes de Grez-Doiceau et de Dion-le-Val,
il pénètre dans cette dernière localité. Il a parcouru 750
mètres.
Le Pisselet. Ce ruisseau - ne revendique-t-il pas le titre
de fleuve ? - a son histoire. Au Xe
siècle, on l’appelait déjà
le Dion1
de l’endroit qu’il arrose avant d’entrer dans notre
territoire.
En 1537 on le dénommait le Doisselet. Sous le régime
français, en l’an VIII : le Vieux-Sart. C’était plus poétique
1.  Cosyn nous apprend que ce ruisseau est cité dans un acte du Xe
siècle sous le nom de Fluvium Dions. Notre Pisselet un fleuve ? O
chute d’Annibal !
et plus français !
Après avoir traversé le hameau de Doiceau, après avoir
franchi la route Wavre-Louvain, au lieu-dit, Cimetière1
, le
Pisselet se jette dans la Dyle dans les Grands-Près, après
avoir parcouru dans notre commune une étendue de 2.800
mètres.
Le Ri de la Motte est alimenté par les fontaines de la
Motte. Après avoir traversé les Grands-Près, il se réunit à
la Dyle, après un parcours de 600 mètres.
Enfin, le Laurensart nous vient des Grandes Warlandes
aux confins de la commune. Après avoir arrosé les Prairies
sur une étendue de 800 mètres, il se jette dans la Dyle.
1.  Il doit son nom aux ossements retrouvés, avec quelques usten-
siles de ménage.
— 42 — — 43 —
V.	 GREZ-DOICEAU ET LA GÉOLOGIE
Le territoire de la commune de Grez-Doiceau est
marqué de quelques vallées bien accusées.
Les endroits les plus accidentés se rencontrent au
hameau de Hèze, à Gastuche, communément dit «Les
Tiennes», au bois de Laurensart et à Centri.
Le point culminant de la commune se trouve aux
environs de la chapelle au Chêneau; l’altitude en est de
138 mètres alors que celle du village, au porche de l’église
paroissiale, n’est que de 47,20 mètres.
Mais entamons quelques fouilles.
Dans les dépendances de l’ancien moulin banal, existait
encore, il y a quelque cinquante années, une carrière à grès
d’exploitation d’ailleurs immémoriale.
La mine était creusée dans le quartzite gedinnien1
.
Voici quel était l’aspect de celui-ci.
La pierre était tantôt gris-pâle, tantôt bleuâtre. Les bancs
1.  Tel qu’on le rencontre à Gedinne.
— 44 — — 45 —
de quartzite irréguliers étaient divisés par des couches de
phyllades1
que les carriers, dans leur langage, appelaient
raches. On a rencontré à cet endroit quelques lits de quartz
blanc.
Dirigeons-nous vers le Champ des Lowas.
Devant nos lecteurs creusons un puits et cataloguons
nos découvertes. Les terrains que nous foulons sont de
nature crétacée2
, du moins souterrainement, comme nous
allons le voir.
Après avoir rencontré dans nos fouilles diverses espèces
de terrains, nous arrivons à quelque quarante mètres de
profondeur, à une couche continue de silex ayant une
épaisseur de 10 à 20 centimètres3
. Il se présente en blocs à
angles saillants, de couleur grise ou noirâtre, rarement en
ruban. La cassure de ce silex est conchoïdale4
et à bords
légèrement translucides. Voici enfin la craie blanche du
systèmesénonien5
.Elleauneépaisseurapproximativede18
mètres. Elle est traversée verticalement et horizontalement
par des fissures qui la divisent en parallélépipèdes inégaux.
Dans la craie, on aurait rencontré à maints endroits,
des poches d’argile verdâtre, imprégnée de carbonate de
1.  Roches dures que l’on peut diviser facilement en feuillets comme
des ardoises.
2.  De nature de la craie.
3.  L’exploration se fait au milieu de la montagne. Les fouilles
opérées au pied de la colline nous livrent la craie à 7 ou 8 mètres de
profondeur. En certains endroits on en a découvert à fleur de terre.
4.  Qui ressemble à une coquille.
5.  Tel qu’on le rencontre à Sens.
chaux.
Nous verrons, dans le courant de notre exposé, quel
était le mode d’exploitation de cette industrie.
Sur la rive droite du Pisselet, A. Dumont a rencontré du
calcaire dit d’Avernas. Cet endroit est situé à 800 mètres au
sud de l’église de Doiceau.
Sur la rive droite de la Dyle, à Doiceau, aux Lowas,
à la Campagne de Bossut, sur les rives du Train, nous
découvrons un terrain formé de psammite landenien mêlé
de sable.
Le psammite en se désagrégeant forme un sol de surface
moins froid, moins compact et très propre à la culture.
Au sud-est du Chemin de la Croix Claude, nous
découvrons du sable landenien avec sous-sol argileux,
composé d’argile dite Ypresienne. Le sable bruxellien
se remarque à divers endroits de notre territoire, entre
autres, au pied des Lowas, au bois de Bercuit, au bois de
l’Ermitage Saint-Pierre et à Hèze.
Le sable que l’on trouve au Crolis-Joir diffère du
précédent, il est plus siliceux.
Nous rencontrons une troisième qualité de terrain
sablonneux, au Champ des Gottes au hameau de Morsain.
C’est du sable argileux. Le limin Hesbayen se découvre
aux confins du hameau de Hèze, près de la commune de
longueville, sur les rives gauches du Train et du Pisselet et
à la Campagne de Bossut.
Enfin des terrains de formation récente, amenés par les
alluvions de la Dyle, se rencontrent le long du cours d’eau
à l’emplacement des prairies actuelles.
— 46 — — 47 —
VI.	 GREZ-DOICEAU DANS LA PRÉHISTOIRE
Si notre intention est de tracer une histoire complète de
notre village, il nous faudra remonter très haut dans les
brumes du passé.
La préhistoire, période qui précède l’histoire, comme
son nom l’indique, est, à vrai dire, inconnue. Les assertions
des spécialistes en la matière ne sont que des hypothèses.
Cependant, l’étude des terrains et de leur contenu
a permis d’établir l’époque probable de l’apparition de
l’homme sur la terre. Au début des temps, les eaux de
la mer couvraient nos parages. Ce ne fut que longtemps
après, que des ceintures de récifs formées en Haute
Belgique protégèrent nos contrées des fureurs de l’océan
Atlantique. Des côtes se dessinèrent, des promontoires se
dressèrent du sein des eaux. L’élément liquide se rétrécit en
canaux qui sillonnèrent tout le territoire. Les soulèvements
souterrains desséchèrent bientôt le sol, qui apparut nu et
— 48 — — 49 —
délabré.
La mer en se retirant, laissa des traces de son passage :
des galets (à la Potrée, au Champ du Centri, à la Magnette);
des dépôts caillouteux accompagnés de sédiments argileux
(au sud-est de la Croix-Claude); sablonneux (au pied des
Lowas, au bois de l’Ermitage Saint-Pierre, à Hèze, au bois
de Bercuit, au Crolis-Joir); sablo-argileux (au Champ des
Gottes).
Ces dépôts s’accumulèrent. Les premières couches
placées à l’abri des influences climatériques et soumises aux
pressions incalculables exercées par les dépôts supérieurs,
avec les siècles se transformèrent en roches.
Le sable comprimé se métamorphosa en grès; les
psammites et la craie furent la résultante de cette action
des éléments.
Dans les puits creusés au Champ des Lowas, on a
découvert la preuve évidente du séjour de la mer en ces
lieux.
Les Fossiles1
étaient très nombreux dans la craie et
leur test bien conservé2
. Galeotti, a découvert au même
lieu un poisson qu’il ne put identifier, et plusieurs espèces
d’huîtres.
Mais nous allons poser et tâcher de résoudre un
problème qui, sans aucun doute, aura déjà préoccupé bon
1.  Nom donné aux débris ou empreintes de plantes ou d’animaux
ensevelis dans les couches terrestres antérieures.
2.  Preuve qu’à l’époque où se sont formés ces dépôts, le sol bien
qu’émergé, a pu produire des plantes terrestres.
nombre de nos lecteurs.
«A quelle époque Grez-Doiceau a-t-il été visité et habité
par l’être humain ?»
Répondons d’abord à la question d’une façon générale.
Le Père de Sinéty, dans le Dictionnaire de la Foi
Catholique estime que la date d’apparition du type humain
sur la terre peut dépasser cent mille ans.
Pierre Termier, le savant académicien, réduit ce chiffre
à trente ou quarante mille.
Certains auteurs, Verneau en particulier, sont
catégoriques sur ce point : «l’homme aurait été témoin de
la période tertiaire de l’univers.»
Nous partageons plutôt l’opinion du baron de Loé : «les
premiers vestiges de l’homme sur la terre dateraient de
l’époque quaternaire.»
Supposons donc notre planète habitée à cette époque.
Comment délimiter le territoire qui nous intéresse ?
La chose n’est pas possible, car l’histoire du pays n’est
pas divisée d’après la nationalité de l’occupant mais d’après
les vestiges de l’industrie du temps.
Le développement de l’industrie humaine primitive
se divise en trois périodes qui correspondent aux trois
substances employées par l’homme pour la fabrication de
ses armes et ustensiles : l’âge de la pierre, l’âge de bronze
et l’âge du fer. Avons-nous des éléments susceptibles de
prouver l’existence de l’homme préhistorique dans nos
contrées à l’âge de la pierre ? Telle est la question.
L’âge de la pierre se divise en trois période bien distinctes
— 50 — — 51 —
: La période éolithique, la période paléolithique et la
période néolithique.
Pendant la période éolithique, nos pères employaient la
pierre telle qu’ils la trouvaient, avec ses éclats naturels.
On n’en a pas observé de traces chez nous.
Pendantlapériodepaléolithiquelesanciensemployaient
le silex taillé. Une pointe de flèche de cette substance fut
retrouvée il y a quelques années dans des fouilles opérées
à Grez. Elle est restée longtemps la propriété d’Arthur
Maricq, l’ancien secrétaire communal.
Elle fut donnée au Musée royal d’antiquités sous
certaines conditions que nous relaterons en lieu opportun.
Cesilextailléservaitàlachasseetàlaguerre,occupations
exclusives des hommes de la préhistoire.
Il est à noter qu’à cette époque, nos pères habitaient de
préférence les cavernes naturelles desquelles nous n’avons
trouvé trace sur le territoire de Grez1
.
Durant la période néolithique ou période de la pierre
polie nous avons encore des preuves du séjour de l’habitant
en nos parages.
En creusant un puits situé au Champ des Lowas, le
terrassier mit à jour deux haches en silex poli. Cette
trouvaille inestimable fut jointe à la flèche citée plus haut
et offerte au Musée royal de l’État.
A cette époque, nos pères n’habitaient plus les cavernes,
mais se construisaient des habitations, se groupaient,
1.  On nous a cependant signalé l’existence d’une de ces cavernes
sur le territoire de Bonlez. Nous n’avons pas contrôlé la chose.
cultivaient la terre et formaient la famille primitive que
Fustel de Coulange nous décrit dans La Cité Antique.
«Hors de la maison, tout près, dans le champ voisin,
dit-il, il y a un tombeau. C’est la seconde demeure de la
famille. Là reposent en commun, plusieurs générations
d’ancêtres; la mort ne les a pas séparés. Ils restes groupés
dans cette seconde existence et continuent à former une
famille indissoluble. Entre la partie vivante et la partie
morte de la famille, il n’y a que cette distance de quelques
pas qui sépare la maison du tombeau...»
L’âge du bronze, limité de 1000 à 850 de l’ère païenne,
n’a guère laissé de trace en notre pays. Le bronze fut
d’ailleurs importé chez nous en quantité très minime par
des vendeurs étrangers.
L’âge du fer ouvre l’ère des invasions guerrières. Nous
voyons nos contrées conquises par les Barbares, les
Germains,lesCeltesquis’établissentparminospopulations
néolithiques qu’ils asservissent.
Enfin, vers 57 avant Jésus-Christ, lors de l’arrivée de Jules
César, en Belgique, il n’y avait pas moins de 24 peuplades
disséminées sur toute l’étendue du territoire.
L’histoire nous apprend que notre contrée était habitée
par les Nerviens et quelques groupes tributaires dont un
est cité comme nous touchant de plus près, les Centrones.
Il est probable que nos pères s’allièrent aux Nerviens
pour défendre le pays contre l’invasion romaine.
Ils ne réussirent d’ailleurs qu’à se faire massacrer presque
jusqu’au dernier.
Rome allait désormais régner...
— 52 — — 53 —
VII.	 GREZ-DOICEAU SOUS LES ROMAINS
Nous avons des preuves indéniables du passage des
Romains chez nous.
Deux éléments essentiels nous permettent de l’établir : la
découverte d’une villa romaine et l’existence de nombreux
tumuli.
Parlons tout d’abord de la villa romaine.
Ces édifices étaient généralement construits sur le
versant d’une colline, nous loin d’un cours d’eau et à la
lisière d’un bois.
La villa romaine découverte à Grez-Doiceau devait, à la
fois, réunir les trois conditions.
Elle était située au Champ de Présenne, à l’est du chemin
des Béguinages, donc à proximité du Train et du ruisseaux
qui le grossit, du bois du Bercuit, et sur le versant du dis
bois. La découverte fut faite l’année 1860, par Rouchaux,
fermier à Morsain et propriétaire du champ.
Des fouilles furent immédiatement opérées sous la
— 54 — — 55 —
surveillance du Comte du Monceau, qui catalogua les
découvertes qu’il fit parvenir sous forme de rapport au
Gouverneur de la province en 1863.
La villa romaine mesurait 16 mètres de longueur sur 6
mètres de largeur. Elle était garnie de petites places carrées,
voisines, mais sans trace de communication entre elles.
Toutes ces chambres s’ouvraient sur la façade sud-est de
l’édifice. Les unes avaient pour sol du béton teinté de brun,
les autres des carrelages en terre cuite.
Les parois étaient recouvertes de béton sur lequel des
ornements de couleurs diverses avaient été estampés.
On rechercha avec attention quelques indices qui
pussent divulguer la continuité du séjour de l’homme en
ce lieu. Malgré le soin apporté aux fouilles on ne trouva
ni traces d’incendie, ni objets de métal, ni vestiges de
mobiliers ou d’ustensiles ménagers, si ce n’est un fragment
de pierre meunière.
Sur la face nord-est de la villa, on découvrit des débris
de piliers alignés, séparés les uns des autres d’une trentaine
de centimètres. Ces piliers étaient formés de carreaux de
terre cuite scellés entre-eux par de l’argile.
Dans l’espace intermédiaire, on remarqua du charbon
de bois et les restes d’un foyer.
Dans la direction du nord, on retrouva les vestiges d’une
clôture qui entourait le bâtiment. Elle s’étendait sur une
longueur de plus de 100 mètres.
Lesdébrisdelavillaromainefurentmorcelésetservirent
à construire les fondements de la ferme Rouchaux au
hameau de Morsain. Toutefois, le Comte du Monceau
conserva quelques grandes tuiles, dalles, briques et restes
de maçonnerie, le fragment de pierre meunière et neuf
échantillons de peinture murale.
Entamons, à présent, notre étude sur les tumuli
rencontrés sur notre territoire.
Mais commençons notre exposé par quelques notes
explicatives très brèves à ce sujet.
Les Romains attachaient une très grande importance au
culte des morts. Ils brûlaient les cadavres et recueillaient
leurs cendres dans des urnes qu’ils disposaient dans des
tombes soit en terre, soit en maçonnerie.
Ils croyaient à l’immortalité de l’âme; de là leur
préoccupation de joindre aux restes du mort des ustensiles
multiples destinés aux mânes du défunt. Ces tombes
étaient recouvertes de terre et formaient les tertres qu’on
a appelé par la suite, les tumuli. Nous possédions sur le
territoire de la commune de Grez-Doiceau, de nombreux
tumuli.
Et tout d’abord au bois de Laurensart.
En 1839, on nivela un tumulus situé dans le dit bois. On
y découvrit deux vases antiques et une pièce de monnaie
romaine. Ces précieuses trouvailles restèrent la propriété
du châtelain de l’endroit.
D’autres tumuli s’observaient encore au même
emplacement. Nous ne pensons pas qu’ils furent explorés.
Ils formaient deux groupes bien distincts, séparés par un
ravin.
Le premier de ces groupes comprenait trois combelles,
le second quatre. L’emplacement du cimetière était
— 56 — — 57 —
approximativement le suivant : 1.000 mètres au nord,
nord-est de l’église de Basse-Wavre. Un second tumulus
a été exploré au lieu-dit, Champ de Rois-Mont, au centre
d’une sapinière. Les fouilles en furent opérées en 1863. On
y découvrit des cendres de charbon, des ossements et une
globerie de bronze.
Une troisième série de tumuli, la plus imposante, était
visible, il y a quelques années, au hameau de Hèze. Les
habitants de l’endroit les appelaient communément, les
tombeaux romains.
Ils occupaient une parcelle de terrain située au lieu-dit,
Grande-Bruyère, cadastrée section C, numéro 836. Le sud
de ce terrain est limité par le chemin de la Coquière.
On y distinguaient neuf tumuli.
Lors des premières fouilles, deux des tombeaux avaient
déjà été nivelés par les défrichements. (Voir croquis p. 58,
aux numéros VIII et IX). Les sept autres étaient encore
parfaitement reconnaissables. Leur hauteur variait de 50
centimètres à 1 m. 50; leur diamètre de 10 à 20 mètres. Les
recherches se limitèrent à deux tumuli. Dans le premier,
on découvrit quelques fragments de poteries et un demi-
fond d’urne. Ces restes étaient mêlés à des cendres et à des
ossements. Ces trouvailles furent faites en trois endroits
différents du tumulus.
La seconde tombe ne contenait qu’une fosse sépulcrale
rectangulaire, où se mêlaient des os calcinés et des cendres.
Un élément intéressant à constater est l’absence presque
totale d’ustensiles, desquels les romains avaient l’habitude
d’encombrer leurs morts pour le grand voyage.
Dans le second tumulus nous ne rencontrons en effet
aucun de ces objets; dans le premier quelques débris
négligeables.
Comment expliquer cet oubli ? - si oubli il y a - de la part
d’un peuple qui avait le culte de ses morts si haut placé ?
La chose ne peut s’expliquer que de la façon suivante.
Le temps ne fut point donné aux vivants de rendre
aux défunts les honneurs complets. Un combat doit s’être
engagé sur ce plateau, et pour ne point laisser les dépouilles
des leurs aux mains de l’ennemi, les soldats romains durent
tout simplement livrer les restes glorieux aux flammes
salvatrices.
C’était un suprême hommage rendu à la mort.
En dehors de la villa romaine et des tumuli desquels
nous avons entretenu nos lecteurs, plusieurs autres vestiges
romaines furent découverts sur notre territoire.
Entre Basse-Wavre et Laurensart, on mit à jour des
fragments de vases d’un rouge éclatant et recouverts
d’inscriptions. Ces trouvailles n’ont malheureusement pas
été conservées.
— 58 — — 59 —
LES TUMULI DE HÈZE
Van Dessel, Extrait du Bulletin des Commissions
royales d’art et d’archéologie.
Route de Bonlez à Longueville ou chemin de la coquière
En reconstruisant le pont sur le Train, de la chaussée
de Wavre à Jodoigne, les terrassiers découvrirent plusieurs
pièces de monnaies romaines datant du haut Empire, sous
Claude, Domitien et Trajan.
Ces monnaies ont été tout un temps la propriété d’Arthur
Maricq, notre érudit ancien secrétaire communal.
IX
VIII
VII
VI
V
III
I
IV
II
VIII.	GREZ-DOICEAU SOUS LES FRANCS
Après plusieurs siècles de domination romaine, notre
pays connut l’invasion des Francs.
A ce sujet un peu d’histoire est nécessaire.
A l’avènement de Clovis, en 481, les wisigoths, les
Burgondes, les Romains, les Allemands se disputaient le
territoire de la Gaule.
Clovis assura la supériorité aux Francs. Il défit les
Romains à Soissons (486), assujettit les Allemands à
Tolbiac (496), réduisit les wisigoths à la possession de la
Septimanie par la victoire de Vouillé et ébranla la puissance
des Burgondes, que ses fils détruisirent en 534.
Après la mort de Clovis (511) les fils de celui-ci avaient
partagé le territoire conquis par leur père, et de ce partage
étaient nés quatre royaumes distincts : ceux de Paris, de
Metz, de Soissons et d’Orléans.
En 558, Clotaire réunit tout l’empire des Francs, mais
de 561 à 613, a lieu un second partage, suivi de guerres
— 60 — — 61 —
civiles qui, après une réunion momentanée, amenèrent
la division de la France en quatre régions : l’Austrasie, la
Neustrie, la Bourgogne et l’Aquitaine1
.
Le Brabant qui faisait partie de l’Austrasie échut à
Thierry Ier
, fils de Clovis.
Après maints partages et cessions, en 911, le Brabant
reconnut comme souverain - comme la Belgique entière
d’ailleurs - le roi de France, Charles le Simple, dernier
descendant de Charlemagne. En 977, par un mariage
de Lambert, Comte de Louvain, avec la fille de Charles
de France, Bruxelles et ses environs passèrent sous la
suzeraineté de ce seigneur.
Lentement, le Comté de Brabant se formait.
A la tête de chaque portion de territoire, délimitée par
le seigneur haut suzerain, en l’occurrence le Comte de
Brabant, étaient établis des Comtes, vassaux du premier,
qui administraient la justice et réglaient les finances.
C’est au Xe siècle que fut formé le Comté qui avait
Grez pour chef-lieu. Son territoire ne devait pas avoir une
étendue considérable, il ne dépassait probablement pas les
limites de la chef-Mairie de Grez que nous retrouverons
au Moyen-Age.
Le Comté de Grez n’était pas habité par moins de quinze
seigneurs, chevaliers vassaux du Comte de Grez.
Chacun de ces seigneurs devait l’investiture et le cens au
Comte Suzerain. Chaque chevalier avait son manoir, ses
1. Voir Dictionnaire d’Histoire et Géographie au terme, France.
serviteurs et ses esclaves.
Grez ouvrait l’ère de sa féodalité.
Lesinvasionsayanttroubléprofondémentlaviereligieuse
de notre pays, aux Francs nous devons l’établissement de
l’église de Grez, qui eut rang d’église entière et fut élevée
sous le vocable de saint Georges.
Mais nous avons réuni autour d’un clocher quelques
maisons simples, menues, où vivent des hommes taillables
et corvéables à merci.
Dans l’étendue du Comté, nous avons édifié des manoirs
somptueux, où vivent des seigneurs investis de tous les
pouvoirs : droit de vie, droit de mort.
Que nous faut-il de plus pour ouvrir nos portes à
l’Histoire ?
— 62 — — 63 —
IX.	 GREZ-DOICEAU SOUS LES COMTES ET
LES DUCS DE BRABANTS
Le premier comte de Grez que mentionne l’histoire est
Wermer.
Les historiens ne précisent pas l’emplacement probable
du château des Comtes. Il est à supposer que le domaine de
ces seigneurs était identique à celui des Chevaliers de Grez
desquels il sera fait mention au cours de notre exposé.
Les Comtes de Grez avaient donc pour demeure le
château de Piétrebais en Grez.
Vers l’an 1000, on fait mention de la femme du dit
Wermer, qui fit don à l’abbaye de Gembloux de plusieurs
biens. Parmi ceux-ci, on cite la donation de deux manses1
sises à Morceshem qui rapportaient annuellement un cens2
1.  Habitation de campagne à laquelle se rattachait une certaine
étendue de terre.
2.  Redevance payée par un vassal à son suzerain.
— 64 — — 65 —
de 10 sous de Louvain et 4 poules.
En 1056, on ramène à Liège, quelques reliques de l’apôtre
saint Jacques de Galice. Parmi les quelques pèlerins belges
à qui on doit ces restes, on cite le nom de Herman, consul
de Grez. Werner de Grez, fils du premier Comte duquel
nous avons fait mention, laissa deux fils Henri et Werner.
Ce dernier devait illustrer les annales de notre village.
Les débuts de leur vie se confondent. On les rencontre,
unis en maintes circonstances. En 1092, nous les trouvons
rassemblés comme témoins de la fondation de l’abbaye de
Flône.
Quatre ans plus tard, nous découvrons encore leurs
noms associés lors de la cession de l’alleu1
de Genappes et
Baisy à l’abbaye de Nivelles. Ils figurent parmi les témoins
de cette donation.
Mais bientôt les circonstances vont les séparer et faire
de l’un un héros.
La voix du pape Urbain II, promoteur de la première
croisaden’apasété entendue envain.Belliqueuxetchrétien
fervent, Werner de Grez n’a pas tardé à se joindre à son
cousin Godefroid de Bouillon, de qui il est le conseiller.
Henri resta seul au pays. On rencontre encore son nom
lors de la fondation du prieuré de Frasne en 1099.
Mais abandonnons Grez pour suivre un instant les chefs
de la première croisade.
Voici d’ailleurs comment deux de nos meilleurs
1.  Propriété héréditaire et exempte de toute redevance.
historiens1
retracent cette odyssée glorieuse.
«Albert d’Aix, auteur contemporain, exalte en plusieurs
endroits de sa chronique son habileté (de Werner) dans l’art
delaguerre,etsavaillance.WerneraccompagnaGodefroid
à l’entrevue qu’il eut avec le roi de Hongrie, lorsque les
Croisés traversèrent ce pays, et à l’audience solennelle de
l’empereur de Constantinople, Alexis Commène.
Il fut l’un des huit chefs qui dirigèrent les chrétiens
pendant leur marche de Laodicée à Antioche, l’un des
capitaines qui allèrent chercher des vivres au port dit de
l’Ermite Siméon, et de ceux qui commandèrent à la grande
bataille d’Antioche. Après la prise de Jérusalem, il resta en
terre-sainte et aide Godefroid de Bouillon à administrer et
à défendre son nouveau royaume. A la tête de 140 cavaliers
il surprit les défenseurs de la forteresse d’Arsid, ce qui
amena la reddition de cette place. Godefroid était déjà
malade, lorsque Tancrède, prince d’Antioche et Werner
assiégèrent le château de Cayphas; mais celui-ci atteint par
la maladie, dut se faire porter à Jérusalem où il mourut en
même temps que son illustre parent.
Huit jours après la mort de Godefrois, il reçut la
sépulture dans la Vallée de Josaphat, à la porte de l’église
de Sainte-Marie.
Selon Guillaume de Tyr, le roi Godefroid avait, quelques
temps auparavant, donné la forteresse de David, la citadelle
deJérusalem,aupatriarchedecetteville,Daimbert,ennese
réservant que l’usufruit. Mais les exécuteurs testamentaires
de ce prince, et en particulier le Comte Werner de Grez,
1.  Tarlier et Wauters, op. cit.
— 66 — — 67 —
refusèrent de donner suite à cette cession.
Godefroid avait à peine expiré, que Werner s’empara de
la tour, qu’il fit fortifier et se hâta d’envoyer des députés
à son parent, le Comte Baudoin, frère et héritier de
Godefroid, afin qu’il arrivât sans retard. Il ne vit pas le
résultat de sa démarche, car il mourut au bout de cinq
jours, ce que quelques personnes, dit Guillaume de Tye,
regardèrent comme un miracle.»
Vers l’an 1110, nous entendons parler fréquemment de
Sart1
associé à diverses formes, qui variaient d’après les
actes. Godefroid Ier
, dit le Barbu, avait accordé des chartes
au prieuré de Basse-Wabre. Il pria Siger de Longinsart de
lui servir de témoin en cette circonstance. C’est le premier
seigneur de Sart duquel il est fait mention dans l’histoire.
Mais que deviennent nos comtes de Grez après la mort
de Henri ? Nous sommes dans l’ignorance à ce sujet. Il est
cependant reconnu qu’à partir de cette époque, le titre de
Comte ne fut plus conféré aux seigneurs de notre village.
Est-ce par rivalité entre les ducs de Brabant et nos
Comtes ? Probablement.
Vers l’an 1145, les chevaliers de Grez étaient qualifiés,
soit d’hommes libres (ingenuus homo), soit de membres de
la Familia du duc de Brabant.
Sanderus cite Werner, comte de Grez qui vivait sous le
règne de Godefroid III, duc de Brabant. La chose n’est pas
en contradiction avec notre opinion, Godefroid n’ayant
1.  Voir page 28
été sacré duc qu’en 1142.
Dix ans plus tard apparaît un Thomas de Greis, homme
libre, à qui succède un Arnould de Greis, membre de la
familia du duc Godefroid III.
Le village de Grez, groupé autour de l’église, consacrée
à saint-Georges, commençait à s’organiser et à prendre
l’essor que nous lui connaîtrons bientôt. Pour favoriser
cette efflorescence, des habitant de la localité, groupés en
corporation ouvrière, créèrent une guilde qu’ils mirent
sous la protection de saint Georges, patron de la paroisse.
Cette corporation, ouvrière en son essence, fut bientôt
organisée en congrégation religieuse d’abord, militaire
ensuite. Un autel à saint Georges fut édifié à ses frais et
confié à sa garde et à ses soins. Lors du décès d’un des siens,
la corporation entière assistait aux funérailles. Chacun de
ses membres était initié au maniement des armes, et le tir
à l’arbalète était leur principal délassement. De là leur nom
d’arbalétriers de saint Georges.
Rase de Grées était alors le seigneur de l’endroit. En
1200, il épousa Marie et de cette union naquit Nicolas,
chevalier de Greis.
Ce dernier avait reçu de ses parents le domaine de
Festiaux, situé à Grez, près de la ferme de Beausart. Il
comprenait un bois, des terres et des bruyères. Avec
l’assentiment de Henri Ier
, duc de Brabant, il fit don de ce
domaine à l’abbaye d’Alne.
A cette époque le territoire de Doiceau, appartenait à
Jonas de Duencel, possesseur de nombreux biens à Dion-
— 68 — — 69 —
le-Val. Il avait accordé un fief à un vassal, Sigis Waverel. Ce
dernier donna à l’abbaye d’Afflighem l’alleu qu’il tenait de
son suzerain.
Nous entendons parler vers l’an 1209 de la Chef-Mairie
de Grez. Le premier de ses mayeur fut Rengold qui assuma
le pouvoir de 1209 à 1231. Le chef-maire était secondé
par un receveur établi par le duc. Ce receveur dépendait
du receveur principal qui avait siège à Nivelles. Lorsque
s’élevait une contestation dans le village au sujet d’un cens
qui n’était pas payé en temps voulu au duc de Brabant, le
receveur jugeait le délit, assisté des alloyers ou alleutiers1
.
Le duc prélevait la dîme2
de Grez et possédait en plus
le bois de Bercuit, des terres, des cens et redevances.
Par après, comme nous le verrons, le duc octroya une
partie de la dîme, à titre de fief à divers seigneurs. Ceux-
ci, gentilshommes charitables, la cédèrent par la suite à
diverses communautés religieuses.
Le duc Henri Ier
accorda la partie de la dîme qu’il avait
conservée à sa fille Mathilde, comtesse de Hollande. Celle-
ci la légua à l’abbaye de Valduc.
A partir de 1209, l’abbaye de Valduc de Hamme-mille,
prélevait donc à Grez une partie de la dîme.
Comment était organisée la justice en notre territoire ?
Le duc de Brabant avait la haute, moyenne et basse
justice sur tout le domaine de Grez. Conformément à la
1.  Propriétaire d’un alleu.
2.  Dixième partie des récoltes qu’on payait à l’Église ou au sei-
gneur.
loi de Louvain, c’était lui qui percevait les amendes. Les
seigneurs de l’endroit n’avaient que quelques prérogatives
qu’ils devaient singulièrement étendre par la suite.
Nicolas, chevalier de Grez comptait parmi ses serviteurs
et vassaux, le chevalier de Ranario et Meuzon de Duvencel.
Nicolas avait cédé au premier un huitième de la dîme
de Grez qu’il tenait de son suzerain immédiat le duc
Henri Ier
de Brabant. Le chevalier de Ranario en fit don à
une communauté religieuse, l’abbaye d’Alne, 4 chapons et
un poulet.
Le seigneur de Duvencel, second vassal de Nicolas de
Grez, fit également don à la même abbaye d’une terre située
à Duvencel. Ces donations furent ratifiées par Nicolas et
par Henri Ier
, le 12 juin 1214.
A cette époque apparaît pour la première fois le nom de
la seigneurie de Froides-Vallées ou Froideval. Nous avons
indiqué sa situation probable. Elle appartenait à des preux
chevaliers qui en portaient le nom. En 1209, on cite entre
autres, Jean de Froideval. Il avait donné en fief à Henri
de Bavenchien une partie de la dîme de Franquenies à
Céroux.
D’autre part, nous rencontrons aussi le nom de Siger
de Sart, petit-fils de seigneur du même nom, duquel nous
avons entretenu nos lecteurs.
Siger de Sart, fut, comme son aïeul, un des témoins de la
charte ou diplôme octroyé au prieuré de Basse-Wavre par
le duc de Brabant Henri Ier
. Il mourut laissant son nom et
— 70 — — 71 —
ses pouvoirs à son fils Jean de Sart.
En 1213, Nicolas, seigneur de Grez, laissa sa succession
à Tholin, chevalier de Grez. Au cours de la même année,
nous rencontrons pour la première fois le nom de du Péry.
C’était celui d’une famille de Grez, à laquelle appartenait
un Lamber del Perroit. La sœur de Lambert fit construire
une chapelle qu’elle appela, Capella de Piro (Chapelle du
Péry).
L’origine de l’hospice du Péry remonte donc à l’an 1213.
Sa fondatrice fut Élisabeth del Perroit ou du Péry.
L’abside extérieure de la chapelle actuelle est encore
ornée de la pierre tumulaire de la fondatrice. On n’y voit
malheureusement plus que des traces de la représentation
d’une femme.
Revenons-en à la dîme de Grez.
Comme nous l’avons vu, c’est l’abbaye de Valduc qui
percevait la majeure partie de la dîme du village; une autre
fraction était prélevée par les abbayes d’Inde, d’Alne et de
Parc-les-Dames. Une partie infime de cette dîme restait à
Gérard, frère de Tholin, chevalier de Grez. Il la céda à son
tour à l’abbaye de Parc-les-Dames. La totalité de la dîme de
Grez était donc perçue par les communautés religieuses.
Le chevalier Gérard de Grez, fut le tuteur de Wicard de
Dion. Ce Wicard de Dion céda aux Duencel la dîme qu’il
percevait dans la paroisse de Dion-le-Val. Le seigneur de
Duencel était à cette époque, Ivon, frère de Meyson.
Meyson de Duencel eut deux fils, Guillaume et Rodolphe
de Duencial. Ceux-ci, vassaux du seigneur Gérard,
reçurent en fief de celui-ci des terres situées à Dion-le-Val.
C’est marquer l’importance de la seigneurie de Doiceau à
cette époque.
En ce temps là, les tenanciers1
du prieuré de Wavre,
obtinrent du duc de Brabant, Henri Ier
, certaines libertés.
Maints tenanciers du dit prieuré habitant le village de
Grez, obtinrent les mêmes privilèges que ceux accordés
par le duc aux tenanciers de Wavre.
A la mort du duc de Brabant, Henri Ier
, survenue en 1235,
son successeur, Henri II, ratifia la cession de la seconde
partie de la dîme de Grez à l’abbaye de Valduc. Comme on
s’en souvient, ce don avait été fait par Mathilde, comtesse
de Hollande, fille de Henri Ier
.
La puissance des communautés religieuses allait
cependant encore s’accroître sur notre territoire par le don
que fit Jean de Froideval au monastère de Parc-les-Dames.
Ce seigneur possédait en effet en fief de Guillaume
de Piétrebais, une partie de la dîme de Biez. Il la céda à
l’abbaye mentionnée.
Le seigneur Jean de Froideval eut pour successeur,
le chevalier Arnould de Froides-Vallées. Son nom est
mentionné dans une charte de l’en 1242.
Gérard, seigneur de Grez, laissa à sa mort un fils,
Rodolphe, chevalier de Greis ou de Piétrebais. C’est la
1.  Qui tenait une terre en roture, dépendante d’un fief.
— 72 — — 73 —
première fois que nous rencontrons l’association de ces
deux noms. La demeure seigneuriale prendra désormais
l’appellation de Château de Piétrebais en Grez, Castellum
de Peeterbaix justa Grez.
En 1247, Guillaume de Duenchial, fils de Meyson, par
la mort de son frère Rodolphe, devint seul seigneur de
Doiceau.
La même année on mentionne la vente du bois de Grez,
appartenant à Gérard de Jauche, à l’abbaye de la Ramée.
En 1250, nous notons pour la première fois le nom de
la seigneurie de la Motte. Le pouvoir se partageait entre
Gilles de Bonlez et Guy del Motte.
Mais quittons cette seigneurie pour revenir au Ranarium
de Grez.
Sous le règne de Jean Ier,
en 1270 environ, se lève la
silhouette d’un preux chevalier. Ce chevalier est Rase, et
son nom est digne de celui de son auguste prédécesseur,
Werner de Grez. Comme les seigneurs à qui il succédait,
mais qu’il allait bientôt dépasser de cent coudées, le
chevalier Rase de Piétrebais en Grez, laissa une partie de
la dîme à l’abbaye de Valduc.
Son suzerain, le duc de Brabant, voulant réunir le
Limbourg à son duché et permettre ainsi aux marchands
brabançons l’accès de l’importante route du Rhin, entreprit
la campagne que l’on connaît et qui devait se terminer par
la brillante victoire de Worringen1
. Rase de Grez portait
l’étendard du duc à cette sanglante bataille. Au fort de la
lutte son cheval s’abattit sous lui et glorieux étendard fut
près de tomber entre les mains de l’ennemi.
«Cet incident jeta un instant la consternation dans
l’armée brabançonne; le ménestrels n’apercevant plus le
souverain du duché (le cheval du duc avait également
été abattu) cessèrent de jouer de leurs instruments. Mais
bientôt leurs accents retentirent avec plus d’énergie.
Nicolas d’Uders et Walter de la Chapelle avaient relevé
l’étendard ducal, et Jean Ier
, monté sur un autre coursier
jetait derechef la terreur dans les rangs ennemis2
.»
La pierre tombale de Rase ornait jadis le chœur de l’église
de l’abbaye de Villers. Elle fut acquise par Man de Lennick.
Elle est visible de nos jours au Musée royal d’antiquités du
Cinquantenaire. En voici une sommaire description.
C’est une dalle en pierre bleue. Une incrustation de
marbre blanc représente un chevalier armé et logé dans
une niche. Il a les pieds posés sur un lion. Lors de son
séjour à l’abbaye de Villers, la tête et les pieds de l’image
sépulcrale étaient d’argent.
On lit l’inscription suivante sur la pierre tombale : chi
gist raes de greis chlr (seig:)de bierc-ki... de la ilh ala outre
meir en a.re et porta le standar à Waronck avek le duc jehan
et trépassa lan de grasche MCCCXVIII le vigile saint-thomas
(le mot Priis pour priez aura été oublié et placé plus bas)
1.  Dans la Prusse rhénane, au nord de Cologne.
2.  Wauters, Jean 1er.
— 74 — — 75 —
por sarme et par son bain signour le duc jehan.
Après avoir vanté les exploits du guerrier, revenons aux
affaires courantes, car il est sur terre d’autres personnages
que des héros.
Le bois de Bercuit appartenait vers l’an 1276 à Jean Ier,
duc de Brabant. Celui-ci le céda à son frère Godefroid.
Marguerite de Brabant était alors abbesse de Valduc. Elle
reçut ratification de la cession de la partie de la dîme qui
était réservée aux ducs de Brabant et que les prédécesseurs
de Jean Ier
avaient toujours octroyée à cette abbaye.
Mais l’intérêt a toujours guidé les hommes quelles que
soient leurs convictions. Aussi vit-on des contestations
s’élever entre les décimateurs1
de l’abbaye de Valduc, Alne
et Parc-les-Dames. Valduc leva dès lors la dîme réservée à
ces deux abbayes. En retour il versa annuellement à Alne
20 muids2
de blé dur, 19 muids d’avoine et 50 sous de
monnaie usuelle.
A Parc, la même redevance, diminuée d’un muid de
blé dur. Ces deux abbayes secondaires devaient entretenir
pour une part, l’église de Grez.
L’an 1298 est marquant dans l’histoire de notre
commune, car il y est fait pour la première fois mention
de la franchise de Grez. La franchise de Grez avait comme
1.  Les abbayes qui dépendaient de Valduc et qui avaient le droit de
percevoir la dîme.
2.  Environ 18 Hectolitres.
sceau un cavalier représentait saint Georges, patron de la
paroisse, armé de la lance et du bouclier. En exergue du
scel, on lisait la devise suivante : Sigilum Villici et Scabinat
de Gravia. C’est celui qu’on remarquera au-dessous de la
grande charte de Cortenberg en 1312.
Il servait également à ceux de Doiceau qui n’avaient pas
de sceau commun.
Avec le quatorzième siècle, nous voyons le château de
Piétrebais en Grez occupé par de nouveaux seigneurs
appelés Gilbert de Greis. Gilbert épousa Clémence, fille et
héritière du Sire de Malève, dénommée aussi la dame de
Rixensart.
Raule ou Rodolphe reçut du Chapitre de Saint-Lambert
de Liège, le village de Biez où il s’établit. De plus, il tenait
en fief du duc de Brabant Jean III quelques biens situés à
Grez.
Les seigneuries voisines avaient également changé de
propriétaires. Sart, appelé alors Tyenghissaert avait été
légué par le duc de Brabant, à un bourgeois de Louvain,
appelé Othon de Wertheike ou encore Vertike de Louvain.
Il possédait 15 bonniers de terres, 3 bonniers de prairies,
2 bonniers de bois, 5 bonniers de terrains vagues, un cens
de 19 chapons, 5 pouletteaux (sic) et 30 sous de paiement.
Il ne resta guère propriétaire de la dite seigneurie. Il la
vendit à Jean de Bossut. Ce dernier eut pour successeurs
respectifs, Baudouin dit Jacques de Bossut, son fils et
— 76 — — 77 —
Marie de Bossut, fille de Jacques.
La seigneurie de la Motte après avoir été possédée
par Othon de la Motte eut pour propriétaires successifs,
Baudouin de Saint-Pol, puis son frère Siger de Saint Pol
dit de la Motte.
Pour la première fois en 1312, il est fait mention de
la Maison de la Violette, fief du duché de Brabant. Cette
petite seigneurie, possession de Reynard ou Renaud de
Hoslbeke avait l’étendue suivante : 4 bonniers de prés
situés à Archennes, 6 journaux de terre au bois de Meylem
(Melin).
La seigneurie de Froideval fut léguée la même années,
1312, par le duc Jean III à Ostelet de Walhain (petit Othon).
Cette seigneurie avait, à cette époque, l’importance
suivante : 24 bonniers de terre, 1 journal de pré, une cour
de tenanciers, un cens de 8 deniers et 23 chapons.
En 1328, Gilbert de Greis meurt, suivi peu après de son
frère Rodolphe, seigneur de Biez. Leurs biens réunis vont
à leurs fils et neveux. L’aîné, Gilbaud ou Gilbert de Grez,
seigneur de Bierch et de Hauchines, prend possession
du château de Piétrebais en Grez et de ses nombreuses
dépendances. Pour ne faire qu’un bloc de son vaste
domaine, il achète la terre voisine de Froideval. Pour
dédommager un de ses frères, Baudechon, il lui accorde
cette dernière acquisition en échange de la terre de Malève.
Ce Gilbert de Grez se fit remarquer en maintes
circonstances.
En 1334, il fut un des juges de l’enquête ordonnée en
Brabant. Deux ans après, il scella le traité entre le Duché
et la Flandre. A cette occasion, en 1346, il dut prêter le
serment de fidélité à Louis de Mâle, comte de Flandre.
Il avait épousé la fille aîné de Rase, chevalier de Seraing.
Fatigué du pouvoir, il céda ses charges à son frère Rase de
Grez. Rase avait épousé Marguerite de Neer Linter.
Seigneur très pieux, il fit ériger une chapelle sous le
vocable de saint Jean-Baptiste. Cette chapelle était contiguë
à l’église de Grez. La chapellenie possédait 16 bonniers
et demi de terre, 5 journaux de prés, une redevance de
8 mesures de froment payable par Valduc. Elle avait en
outre un revenu de 263 florins. Par contre, elle devait
trois messes par semaine. En 1704, par acte du chanoine
d’Anderlecht, Christophe Van den Berghe, frère du comte
de Limminghe, duquel nous reparlerons, la chapelle Saint-
Jean-Baptiste dut célébrer une messe de plus par semaine,
consacrée au Saint-Sacrement1
.
Rase de Grez et son épouse moururent en 1351 quelques
années avant leur frère Gilbert de Grez qui s’éteignit en
1362. Les deux premiers furent ensevelis dans la chapelle
Saint-Georges, adjacente à l’église de Grez.
A Gastuche sur la Dyle, existait un moulin, propriété
du duc de Brabant, Jean III. Il était situé à l’emplacement
1.  Telle est l’origine de la messe du Saint-Sacrement qu’on doit
chanter à Grez, le jeudi.
— 78 — — 79 —
actuel des Papeteries de Gastuche. Il était banal1
pour les
habitants de Bossut, Gottechain, Guertechain, Pécrot, de
la Chaussée, de Tingissart, de Loucsart, de Doiceau et de
Nodebais. C’était le moulin de Loucsart. Le duc de Brabant
le céda à perpétuité, moyennant 20 muids de seigle par
an et 20 livres de cire à Jean d’Aske, abbé d’Afflighem, qui
devait percevoir le droit de mouture et qui avait rôle de
poursuivre ceux qui se soustrayaient à l’obligation de s’y
soumettre. Par acte de 1345, Jean III promit de ne jamais
dévier le cours de la Dyle entre Basse-Wavre et Florival,
ni de construire de moulin, ni de tordoir entre ces limites.
Il se réserva toutefois le privilège de faire démolir les
bâtiments du moulin ou d’en enlever les meules.
Le domaine de la Violette appartenait en 1350 à Arnoul
de Hoslbeke, fils de Renaud, duquel nous avons déjà
entretenu nos lecteurs. Jean III, duc de Brabant, acheta ce
domaine et en fit don à Quaderebbe. Il y ajouta 4 bonniers
de terres, un cens de 12 gros et une Cour féodale de sept
hommages acquis à Baudechon de Grez.
A la mort de Baudechon, chevalier de Froideval,
Godefroid dit Poure Valet (pauvre valet) parent de Ostelet
de Walhain, hérita de la seigneurie de Froideval. Elle avait
été mutilée d’une dépendance de 5 bonniers au profit de
Quaderebbe, seigneur de la Violette.
Nous avons parlé en temps opportun, de Rengold,
premier maire de la chef-Mairie de Grez. Nous n’avons
1.  Soumis à une redevance au seigneur, tout en étant d’un usage
public et obligatoire.
pas retrouvé les noms des mayeurs qui se sont succédé
jusqu’en 1370, époque où apparait Sohier.
Jeanne, duchesse de Brabant, ordonna dans son duché,
une enquête destinée à contrôler les agissements de ses
officiers de Justice. Sohier ayant été reconnu coupable de
certains faits répréhensibles, fut condamné à une amende
de 20 moutons et à l’annulation de toutes les dettes qui
avaient été contractées envers lui.
Mais que devint la seigneurie de Grez, lors de la mort
des chevaliers Rase et Gilbert ? Elle échut à un second
Gilbert, dit de Soyse, autre frère de Gilbert de Grez. Il ne
la conserva pas longtemps, car il la vendit bientôt après à
Engelbert, son frère et frère des précédents. La seigneurie
avait belle apparence à cette époque. En supplément
du domaine de Grez, il y était adjoint l’alleu de Biez. Le
château formait un quadrilatère de 50 mètres de côté. A
chaque angle, on remarquait une tour ronde et massive.
La cour était divisée en deux, par un grillage et ornée en
son centre d’un jet d’eau. Le tout était entouré de fossés
larges et profonds. Le château avait son jardin, sa vigne
située au lieu dénommé au XVIIe
siècle le Bois des Vignes.
Les ornements de ses chambres étaient riches et luxueux;
maintes tapisseries étaient inestimables dont quatre de
couleur jaune et quatre de couleur bleue.
Englebert mourut sans enfants. La totalité de ses biens
revint à son neveu, sire Rase de Rivieren ou de Neer-Linter.
Rase de Rivieren, sire de Neer-Linter était le fils de
Marie de Grez, sœur de Engelbert, qui avait épousé Daniel
— 80 — — 81 —
de Rivieren, sire de Linter.
Le nouveau seigneur du château de Piétrebais était très
puissant, ayant accumulé par héritage les biens de ses
oncles : Gilbert, Rase, Baudechon et Englebert de Grez.
Grez était déjà à cette époque un bourg important. On y
comptait 99 ménages, Doiceau n’en possédait que 18.
Sohier, chef-mayeur, représentant la duchesse Jeanne et
subordonné au Bailli de Nivelles, étendait sa juridiction
sur une vaste étendue de territoire.
Ci, les lieux situés dans son ressort. Nous mettons en
regard de chacun, le montant de sa Cote dans l’aide votée
au Duché en 13831
. Le lecteur pourra ainsi apprécier leur
importance respective.
1.  Tarlier et Wauters, ibidem.
Grez	 126	2/3	 vieux	écus
Ferrox (Ferrières);	 33	 1/3	 «	 «
Heyst (Hèze);	 13	 1/3	 «	 «
Duwenchiail	 35	2/3	 «	 «
Sart-sur-Dyle	 29		 «	 «
Mironsart	 18	2/3	 «	 «
Bossut	 80		 «	 «
Nodebais	 40		 «	 «
La seigneurie de Biez	 13	 1/3	 «	 «
La seigneurie de Bonlez	 9		 «	 «
La seigneurie de
Chapelle Saint-Laurent	 26	 2/3	 «	 «
	 425	 2/3	 vieux	écus.
Sous le rapport des aides1
, après avoir formé six
juridictions, Grez n’en formait plus que quatre : Grez,
Doiceau, Sart et Bercuit. Sous ce même rapport, la mairie
de Grez ressortissait de Louvain.
Mais ne laissons pas s’en aller ce siècle, sans avoir dit
un mot du Bois de Bercuit. Cette seigneurie, après avoir
appartenu à maints chevaliers, desquels nous ignorons les
noms, passa aux mains de Renaud, sire de Schoonvorst.
Ce seigneur étant créditeur de Jean Pinnock, lui légua son
bien sous condition d’être quitte et libre de toute dette.
En 1398, Jean Pinnock vendit le domaine de Bercuit
1.  Levée de deniers qui se faisait sur le peuple pour aider à soutenir
les dépenses de l’État.
— 82 — — 83 —
à Rase de Rivieren sire de Neer-Linter. Le territoire des
chevaliersdeGrezs’accroissaitde277bonniers,contenance
du bois de Bercuit.
Cedomainenedevaitpasresterlongtempsenpossession
de nos seigneurs. Rase de Rivieren ayant contracté une
dette de 6000 couronnes à l’endroit de Henri de Hoslbeke,
ce dernier acquit le bien qu’il céda quelques jours après
(14 août 1404) au Chapitre de Cambrai.
A cette occasion, le Chapitre reconnut devoir servir la
duchesse Jeanne par un homme d’arme.
Le bois de Bercuit resta la possession de l’abbaye de
Cambrai, jusqu’à la domination française.
Wenceslas de Luxembourg étant mort sans enfants,
Jeanne, son épouse céda ses duchés en nue-propriété à
son neveu Philippe le Hardi, en se réservant l’usufruit et
l’exercice de la seigneurie. En 1406, Antoine de Bourgogne,
second fils de Philippe le Hardi, succéda à sa grand’tante.
Nous entrions dans la période Bourguignonne de notre
histoire.
X.	 GREZ-DOICEAU SOUS LES DUCS DE
BOURGOGNE
Au commencement du XVe siècle, il existait à Grez un
moulin et une brasserie dits banals.
Les revenus de ces exploitations revenaient pour une
part, au seigneur de Grez et pour l’autre au duc suzerain.
Voici à titre d’information, ce que rapportait au duc, le
cens de domaine de Grez. A l’Assomption de l’an 1406, il
était de 8 livres; à la Noël de la même année de 14 livres
19 sous, 4 deniers. A cette époque, la brasserie banale était
affermée pour trois ans, moyennant 30 muids de blé par
an.
Au début du siècle, on cite ce petit fait-divers local.
Le doyen de Grez fut arrêté par les officiers de l’élu
de Liège, Jean de Bavière. Un habitant du village, appelé
ErnekinouArnoulHelair,ayant,aupréjudicedesprivilèges
de Brabant, coopéré à l’arrestation, fut de ce chef poursuivi
— 84 — — 85 —
et forcé à prendre la fuite.
Le petit bourg de Grez s’édifiait insensiblement. Un
marché était organisé chaque semaine sur la place, près de
la maison du conseil. Au même endroit, on remarquait une
boucherie de coquette apparence, tenue par un grézien,
Collard de la Tannerie.
Chaque année, à la mi-août, le dit Collard devait payer
au domaine 6 deniers pour «le stael (étal) au marchiet, là
où soulloit vendre char (chair).»
Les habitants de la commune reçurent de leurs seigneurs
maintes prérogatives, notamment celle de laisser paître
leur bétail du 15 juillet au 15 mars sur les prés de la
commune de Grez. Ces prés n’étaient accessibles qu’une
fois la première fauchaison effectuée.
Enfin, la petite population campagnarde était gouvernée
par son maire et ses échevins. Ces derniers recevaient
chaque année du domaine ducal, pour le dîner qui avait
lieu lors du plaid1
général de Noël, 10 florins du Rhin.
Le conseil des bourgmestre et échevins se rassemblait
sur la place du marché à la Raethuys ou maison du Conseil.
Cette maison payait au duché un cens annuel de 2 vieux
gros.
En l’an 1419, cette contribution ne fut pas payée; la
propriété fut aussitôt saisie.
Mais pendant que la population diligente de nos
campagnes travaillait sans trêve, qu’étaient devenus nos
1.  Assemblée judiciaire ou politique qui avait lieu tous les cinq ans.
seigneurs ?
Rase de Linter, seigneur de Grez, qui par la mort de
Hostelet de Walhain était en possession du domaine de
Froideval, se dépouilla de cette propriété au profit de son
beau-frère Werner, sire de Davels ou de Dave?
Siger de Saint Pol que nous avons trouvé possesseur de
La Motte, en 1312, laissa ses biens et ses pouvoirs à Marie,
sa fille. Celle-ci se dépouilla aussitôt de ses titre en faveur
de son fils, Jean de Boullier ou de Bonlez.
Marie, fille de Jacques de Bossut, seigneur de
Tyenghissaert, était morte sans avoir contracté mariage.
La seigneurie de Sart revint à sa sœur puinée, Catherine.
Celle-ci épousa Walter Vanden Voerde.
Nous avons vu de quelle façon le domaine de Bercuit
était passé aux mains du chapitre de Cambrai. Le territoire
de ce chapitre devait considérablement s’agrandir sous le
gouvernement d’Antoine de Bourgogne.
Il s’accrut tout d’abord d’un petit bois, dénommé le bois
de Fa, d’une étendue de 23 bonniers.
Bientôt après, on y ajouta le bois de Sinte-Marie Haye
ou Haye Sinte-Marie, étendue boisée située sous Bonlez,
qui devait son nom à sa propriétaire, la demoiselle Marie
de Bonlez.
Le vois de Bercuit formait une juridiction particulière et
indépendante. Elle avait son maire, ses jurés, ses sergents.
Le chapitre de Notre-Dame de Cambrai avait le droit
de percevoir les amendes et forfaitures et celui d’y avoir
garenne. Un tribunal siégeait à des époques déterminées
— 86 — — 87 —
au lieu-dit, la Croix de Bercuit. Il ne jugeait que les délits
forestiers. Ce tribunal était formé du maire, aidé d’au
moins quatre marchands de bois de la régions.
Si le nombre des assesseurs du maire était inférieur à
quatre, le tribunal ne pouvait prononcer ses sentences.
En cas de doute ou de non accord entre les parties,
on consultait les chefs de cens, les gros marchands de la
Tombe de Merdael, les Louvain.
Le 3 juillet 1416, l’abbaye de Valduc acheta à Philippe de
Dion, au prix de 105 couronnes de France, un bois situé
entre les dépendances du chapitre de Cambrai et le bois de
Jean de la Tour.
La même année, la bailli de Nivelles, Jean de la Rue,
propriétaire des deux bonniers de terre sis à Grez, afferma
ces dits biens pour une durée de 12 ans à Houbin de
Warnant.
La seigneurie de Grez, possession de Rase de Linter
devrait bientôt s’accroître du bien de la Violette. Voici
d’ailleurs comment.
Nous savons que la maison de la Violette fut donnée
au sire Henri Quaderebbe par le duc de Brabant Jean III.
Marie, sa fille, épousa le seigneur de Diepenbeke. Elle
lui apporta en dot, le fief de la Violette. A la mort de ce
chevalier, le domaine échut aux Bornival. Un de ceux-ci,
Roland, le vendit à Rase de Linter en 1426. La Violette fit
désormais partie intégrante de la seigneurie de Grez.
Bientôt après cet achat, Rase de Linter meurt. Sa
succession échoit à son fils Rase de Rivieren, sire de Linter.
Mais les hommes partout se succèdent.
Walter Vanden Voerde, seigneur de Tyenghissaert
s’éteint, laissant le domaine de Sart à son fils Imbert ou
Engelbert Vanden Voerde.
Werner de Dave et Marguerite de Rivieren son épouse,
seigneurs de Froideval meurent laissant leurs pouvoirs à
leur fille, Marie de Bollant. Cette dernière épouse le sire
Henri de Polairde.
Le seigneur de Grez, Rase de Rivieren, sire de Neer-
Linter, eut une fille Cécile. Il lui alloua une rente annuelle
de 100 Livres sur le domaine de Grez. Cécile releva le
village de cette garantie. Elle épousa Philippe de Baillet.
C’est ce seigneur qui accompagna en France le sire de
Renty, serviteur de Louis XI.
Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et notre
souverain ne pardonna pas cette défection. Par plis daté
de son camp d’Amiens, le 18 mars 1470, il ordonna la
confiscation des biens du Seigneur de Baillet, situés à
Ranst.
La seigneurie de Sart passa bientôt par achat en mains
de nouveaux propriétaires. En 1465, Jean Van den Rode,
dit Timmerman, acquit le domaine ayant appartenu à
Walter Vanden Voerde et son épouse Catherine.
Après un silence de plus de deux siècles, nous pouvons
enfin parler de la seigneurie de Doiceau. Nous avions
laissé le pouvoir à Guillaume de Duenchial en 1247. Nous
— 88 — — 89 —
ignorons quels furent ses successeurs. Nous retrouvons en
1474 un Guillaume de Dion, seigneur de Doiceau. Il tenait
son fief du chevalier de Piétrebais en Grez. Du mariage
qu’il contracta avec Marguerite Vander Eycken naquirent
deux enfants : Philippe et Isabelle.
En 1476, on note l’achat de la ferme de Hèze par l’abbaye
de Valduc et, l’année suivante, la nomination de Guillaume
Dedion comme chef mayeur de Grez.
Mais continuons nos découvertes.
Nous avons dit que la terre de Froideval avait été léguée
à Marie de Bollant, fille de Marguerite de Neer-Linter. A
sa mort, et à celle de son époux Henri de Polairde, cette
seigneurie devint la propriété de Jean de Bollant, chevalier
de Roley (1480). Il n’en profita que deux ans, après lesquels
il mourut, laissant ses biens à ses enfants : Jean, Guillaume
et Robert de Bollant.
La motte devait également servir de cadre à bien des
visages et à bien des événements.
Nous avons laissé cette seigneurie en possession de
Jean de Bonlez. Ce chevalier eut une fille, Jeanne de
Brousberghe, dame de Bonlez. Elle s’allia à Engelbert
Herincx, après s’être assurée la propriété de la Motte.
L’année 1482 allait amener la chute de la Maison de
Bourgogne en Belgique. Par la mort de Marie, fille de
Charles le Téméraire, nos provinces passèrent à son époux
Maximilien d’Autriche. Après une période de prospérité et
de bonheur, une ère de misère et de dévastation se levait,
sombre, sur nos contrées, hier heureuses.
— 90 — — 91 —
XI.	 GREZ-DOICEAU SOUS LA PÉRIODE
AUSTRO-ESPAGNOLE
Ouvrons ce chapitre par l’exposé d’un fait-divers local
qui montrera combien nos sergents de police étaient déjà
tenaçes à cette époque.
Notre garde-champêtre, jean Daminode, était, en 1485,
un homme qui savait faire respecter ses droits.
Ayant saisi les biens de Mathy de Mont, bourgeois
de Louvain, il reçut de cette ville l’ordre écrit de lever le
séquestre.Ilrefusa,nonseulementdeprendreconnaissance
du pli, mais il accompagna son geste de mille injures à
l’adresse de la Bourgeoisie de Louvain.
Les Louvanistes, ayant eu vent de la chose, traduisirent
en justice notre zélé sergent de police. Il fut condamné à
faire construire à Louvain deux verges de murs. Jacques
son frère, qui avait trempé dans l’insulte dut aller en
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  • 1. N o r y Z e t t e Gr e z -Do i c e a u À travers les âges Éditions Nestor Hance Grez-doiceau LOUVAIN Établissement Fr. Ceuterick Rue Vital Decoster, 66 1933
  • 3. Il a été tiré de cet ouvrage 25 exemplaires sur Hollande numérotés sur presse de 1 à 25 constituant l’édition originale Gr e z -Do i c e a u à travers les âges par Nory Zette LOUVAIN Établissement Fr. Ceuterick Rue Vital Decoster, 66 1933
  • 4. A Monsieur Ernest Dubois, le sympathique et tout dévoué bourgmestre de Grez-Doiceau. Hommage respectueux. N. Z. Table des matières Première partie......................................................................................... 7 I. Promenades à Grez-Doiceau................................................. 11 II. Lieux-dits anciens................................................................... 25 III. Étymologies............................................................................. 31 IV. Hydrographie.......................................................................... 37 V. Grez-Doiceau et la géologie................................................... 43 VI. Grez-Doiceau dans la préhistoire.......................................... 47 VII. Grez-Doiceau sous les romains............................................. 53 VIII. Grez-Doiceau sous les Francs................................................ 59 IX. Grez-Doiceau sous les comtes et les ducs de brabants........ 63 X. Grez-Doiceau sous les ducs de Bourgogne.......................... 83 XI. Grez-Doiceau sous la période Austro-Espagnole................ 91 XII. Grez-Doiceau sous la domination Espagnole.................... 103 XIII. Grez-Doiceau sous la domination Autrichienne............... 129 XIV. Grez-Doiceau sous la domination Française..................... 151 XV. Grez-Doiceau sous la régime Hollandais........................... 161 Deuxième partie................................................................................... 183 I. Souvenirs de 1830................................................................. 187 II. Grez-Doiceau au point de vue administratif..................... 199 III. Notre population.................................................................. 205 IV. Nos châteaux......................................................................... 215 V. Nos voies de communications actuelles............................. 221 VI. Nos biens communaux......................................................... 231 NOTRE MAIRIE..................................................................... 231 NOS ÉGLISES.......................................................................... 233 NOS ÉCOLES........................................................................... 243 LES HOSPICES........................................................................ 245 L’ORPHELINAT....................................................................... 248 LE LIBEL.................................................................................. 249 VII. Nos services publics............................................................. 253
  • 5. PREMIÈRE PARTIE NOS BOURGMESTRES.......................................................... 254 NOS PRÊTRES......................................................................... 256 NOS NOTAIRES...................................................................... 257 NOS SECRÉTAIRES COMMUNAUX................................... 257 NOS RECEVEURS COMMUNAUX..................................... 257 NOS INSTITUTEURS ET NOS INSTITUTRICES.............. 258 NOS SOUS-INSTITUTEURS................................................. 259 NOTRE SERVICE DE SANTÉ.............................................. 267 LA DISTRIBUTION D’EAU.................................................. 268 L’ÉCLAIRAGE PUBLIC......................................................... 269 NOS P. T. T................................................................................ 269 LE BUREAU DE BIENFAISANCE....................................... 270 NOTRE BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE................................ 271 VIII. Industries d’hier et d’aujourd’hui........................................ 273 IX. Nos sociétés d’agrément....................................................... 285 NOS FANFARES...................................................................... 291 NOS CERCLES SYMPHONIQUES...................................... 294 NOS SOCIÉTÉS DRAMATIQUES....................................... 295 NOS SOCIÉTÉ SPORTIVES.................................................. 295 QUELQUES SOCIÉTÉS D’AGRÉMENT.............................. 296 X. Grez-Doiceau et la guerre 1914-1918................................. 297
  • 6. A ceux d’hier A vous j’ai pensé en écrivant ces lignes et en fouillant les archives poussiéreuses où vos noms pâlissent. En respirant les parfums du temps qui se dégageaient de ces vieilles liasses teintées de souvenirs, j’ai cru un instant que vous viviez toujours et que vous nous parliez encore ! Que dis-je ? Mais n’êtes-vous pas aujourd’hui; ne serez-vous pas d’avantage demain ? Ne sommes-nous pas les seuls artisans de votre mort, nous, les créateurs de notre oubli ? Et des voix blanches murmuraient... Leur murmure était pareil au bruissement qu’on entend le soir dans la ramure quand les petits oiseaux se cachent pour dormir... Cette musique enlace et enivre... C’était à la fois une plainte, un appel et un sourire. A vous j’ai pensé, tout ceux d’hier... A ceux d’aujourd’hui... A vous j’ai pensé, ceux qui luttent, ceux qui aiment... AVANT-PROPOS
  • 7. — 10 — — 11 — Au blé qui lève, qui apprendra par cette histoire qu’il est des contes vrais, et que les héros qui les illustrent sont parfois des personnages dignes de légendes. Au blé vert, qui conclura que nos actes restent et que leurs conséquences dépassent les limites de la vie. Au blé d’or, qui percevra dans l’unisson grandiose qui s’élève du passé, l’accord ténu d’une voix éteinte, dont l’écho seul suffira à ranimer l’éclat. Oui, à vous j’ai pensé, tous ceux d’aujourd’hui... A ceux de demain... A vous j’ai pensé, ceux qui viendront quand nous serons froids et à jamais étreints par la mort... Puissiez-vous, en lisant ces pages, revivre à votre tour, nos joies et nos transes, nos espoirs et nos déconvenues ; puissiez- vous, ô ceux qui viendront, ne pas laisser accumuler la neige sur nos pas ! ... A vous j’ai pensé, tous ceux de demain... Nory ZETTE. I. PROMENADES À GREZ-DOICEAU Avant de commencer la lente et si intéressante exploration du passé, arrêtons-nous, un instant, au présent, à ce Grez-Doiceau que nous habitons et que nous connaissons pourtant si peu. Serait-il vrai qu’un Grézien de vieille souche ne connût point sa terre nourricière ? Hélas, oui ! Hier encore, nous demandions à un de ces vieux, rompu d’années, s’il avait idée de tel et tel incident local, s’il avait ouï parler de tel lieu-dit de son village. Nous entendons encore sa réponse, à la fois candide et confuse : « Je me rappelle bien de quelque chose, mais je ne m’en souviens plus ! » Les événements que nous allons essayer de faire revivre nécessitent cependant pour cadre la connaissance des lieux qu’ils illustrèrent. Nous vous convions donc, chers lecteurs, à faire en
  • 8. — 12 — — 13 — notre compagnie, ce bout de route et ce brin de causette. Transportons-nous en imagination sur la chaussée de Wavre à Louvain, face au chemin qui conduit à la commune de Bossut. Au loin, Grez repose dans son cirque, que dominent les hauteurs voisines. Deux chemins courent là- bas dans la campagne vers le village (Point 1): le chemin des Campinaires et le chemin des Béguinages, autrement dit de Mont-Saint-Guibert ou ruelle de Bossut. Suivons le chemin des Campinaires, qu’ont foulé tant de bons Flamands de Campine, venant à Grez faire d’abondantes provisions de chaux. Les terres que nous traversons forment ce qu’on appelle la Campagne de Bossut. Nous enjambons un petit ruisseau (Point 2): c’est le Lambais. Nous voici dans la Campagne des dix-huit bonniers, qui doit certainement son nom à son étendue. Au nord, le hameau de Gottechain, magistralement perché, domine de sa hautaine morosité. Nous voilà au carrefour formé par le chemin de la Croix-Claude et celui que nous suivons (Point 3). La campagne des huit bonniers, limitée à droite par le chemin de la Croix-Claude fuit vers l’horizon. Nous traversons le champ des Lowas1 , que coupe le chemin du dit nom, pour arriver à la campagne-des Chaux- Fours, comprenant l’emplacement de l’ancienne propriété Victorien Lacourt, actuellement de Monsieur Notebaert F. Nos anciens fours à chaux occupaient cet endroit. Nous franchissons la chaussée de Wavre à Jodoigne. La 1.  Les orthographes diffèrent d’après les actes et les époques : Lowas, Lois, Louas. chapelle du Château, ou de Notre-Dame des Sept Douleurs, se dresse à notre droite. Le château de Piétrebais1 en Grez ne tardera pas à s’offrir à nos regards. Nous longeons les propriétés du dit château sur le territoire de la commune de Biez, laissons à notre droite le moulin du Pirroir, pour rejoindre la commune au hameau de Morsain, au lieu-dit « les prés de Biez ». Nous nous écartons quelque peu du Train avant d’entrer au hameau de Royenne. Mais abandonnons le chemin des Campinaires, qui se poursuit jusque Bonlez, pour emprunter, à notre gauche, le chemin du Résidal. Au sud, à perte de vue, s’étendent la grande Hésidelle et sa cadette, la petite. Les murmures du ri de Hèze nous font escorte jusqu’au hameau dont il a pris le nom et qui étend sa nappe de maisons, là- bas, vers l’est. Nous y voici enfin. Poursuivons le chemin du Résidal. Nous rencontrons, à notre gauche, la chavée Boulanger2 , le chemin dit : Bruyère Caton ; à notre droite, l’immense campagne du Grand Sart, qui se déploie à perte de vue. Nous virons vers le sud, nous laissant toujours guider par le chemin du Résidal3 . A gauche, le sentier de la Citadelle s’enfonce dans le Fonds des Bruyères que nous côtoyons pour arriver à la limite du territoire de Longueville, au chemin de Grez-Doiceau à ladite commune4 . Remontons vers le nord, dans la direction de Grez. Nous abordons 1.  Piétrebais : 1200-1237-1277-1622, Piétrebaie : 1643. 2.  La chavée Boulanger porte actuellement le nom de boulevard. 3.  Appelé ici : «Les fonds de Hèze». Nous arrivons à la captation de la distribution d’eau. 4.  Lieu dit : Chapelle au Chêneau.
  • 9. — 14 — — 15 — rapidement le chemin de la chapelle au Chêneau qui mène à ladite chapelle et qui traverse la campagne de la Sarte. Nous voilà à nouveau dans le riant hameau de Hèze. Nous remontons, à gauche, le chemin Evrard, le chemin d’Agneau, le chemin Doyen ; à droite, le chemin Remi1 , le chemin du Cocher, et nous découvrons enfin les abords de la ferme du Sartage. Enfants de Hèze, si vous laissez parler vos souvenirs, vous vous souviendrez avoir entendu énoncer jadis, d’autres dénominations tout aussi savoureuses : le Petrau, le champ des petits saules, le Pelé, la Vallée Rose, le Fond de Mennevaux et bien d’autres… mais, Grez, dans la vallée sourit et nous invite à la descente. Revenons au point de départ de notre première promenade. Entamons le chemin des Béguinages. Il tient son appellation de l’endroit qu’il côtoie, le Béguinage de Grez, duquel nous aurons l’heur d’entretenir nos lecteurs dans les pages qui suivront. Parcourons la Ruelle de Bossut, profondément enclavée dans les terrains voisins. Après avoir franchi le pont qui surmonte le ruisseau « le Lambais » nous entrons dans le hameau du même nom. A notre droite, nous reconnaissons le chemin des 1.  Il conduit au château d’eau de Hèze. Aloux, sur Lequel s’élevait jadis le moulin Bataille, sis sur la rivière le Train. Mais continuons nos investigations. A notre droite encore s’étend le grand Cortil, limité par le sentier Warichet, la ferme du Stampia et la rivière le Train. A notre gauche, se dresse la petite chapelle de la sainte Duchêne1 qui a donné son nom au sentier qui y donne accès et qui joint le chemin des Béguinages à celui de la Croix-Claude. A notre droite, nous reconnaissons, à l’entrée de l’actuel Chaux-Four, le chemin du Pont d’Aulin, nom du pont sur la rivière qu’il traverse ; puis, à notre gauche, le chemin de Lowas. Mais nous voilà au centre du bourg riant. Laissons à notre gauche la rue d’Enfer appelée aujourd’hui rue Henri Lecapitaine, nom d’un ancien mayeur, et longeons les actuelles rues du Waux-Hall et Lambermont, pour arriver à la rivière le Train, que nous franchissons au pont de la barre. Nous sommes toujours sur le chemin des Béguinages. Empruntons la rue de La Barre, laissons à notre droite la rue Saint-Georges et la rue Coppe ; à notre gauche la rue Sainte-Anne et dirigeons nos pas vers l’hospice du Péry2 . A notre droite, nous remontons encore un chemin fort accidenté dénommé jadis chemin Maurice Lacourt ; appelé de nos jours, le Cortil Mylon. Marchons toujours. A notre dextre nous saluons au passage la petite chapelle de 1.  L’ancienne chapelle se trouvait sur l’emplacement du tram. 2.  El Perroit 1218.
  • 10. — 16 — — 17 — Notre-Dame du Bon Secours. Un chemin encaissé aboutit au petit oratoire : c’est la ruelle Purlin. Mais, poussons plus avant nos découvertes. Nous longeons le nouveau cimetière de Grez que dessert la proprette ruelle Fontaine. Un chemin de terre côtoie le cimetière a notre droite, c’est le sentier des Béguinages qui mène aux lieux-dits, la Potrée et le Vivier Hanquet. Voici enfin le fameux béguinage, que nous laissons à notre gauche avec le chemin de l’hospice. Continuons. Après avoir traversé les champs du Béguinage et de Présenne, nous avons enfin vue sur le hameau de Morsain. Nous y entrons. Arrêtons-nous un instant au carrefour formé par le chemin de Bimebaume1 à notre gauche, des Bottiniers face à nous et de Bayarmond, à notre droite. Sur le second de ces chemins, que voisine le champ de Bottnie2 , se dresse la ferme Roucheaux, actuellement Tilmant. E. Un coup d’œil encore et partons. Toujours nous nous laissons conduire par le chemin des Béguinages. A notre droite nous laissons le chemin de la Bruyère à l’arbre, la route de Wavre, le champ des Gottes3 que traverse le sentier du même nom, et là-bas, ... mais déjà les premières maisons de Bonlez, paresseusement 1.  Bimebaume, sobriquet donné à un fermier qui s’avisa de sonner le tocsin pour appeler le curé aux vêpres. (Tarlier et Wauters.) 2.  Champ des Bottiniers-Champ de Bottigny 1625. 3.  Champ de Got 1625. assises, découpent le ciel... Voulons-nous entamer notre troisième promenade ? Nous partons de la place communale de Grez. Après avoir monté quelque cinquante mètres dans la chaussée de Wavre, nous prenons à notre, gauche la rue actuelle des Combattants. Nous laissons à notre droite le sentier de Wavre pour gravir le chemin de la Queue. Avant de commencer la montée, nous remarquons à notre droite le sentier de La Motte, que traverse le ri Mazarin, à notre gauchelecheminPurlinetlesentierdelaTraverse,joignant tous deux la ruelle de la Croix. Escaladons. A notre gauche nous voyons la sablonnière, jadis occupée par le Bois Mazarin, qui s’étendait jusque la ruelle de la Croix. Nous sommes au lieu-dit Crolis-Joir1 . Si nous montons encore un peu, nous arrivons à un vaste plateau. Continuons tout droit. Nous traversons un chemin particulier et arrivons au chemin des Vaches qui conduit vers la Cense de la Brique à Doiceau, en traversant le domaine du château de Madame la Comtesse d’Ursel, sis à droite du dit chemin. Laissons ce sentier courir sa destinée ; pour nous, prenons, à gauche, l’Allée du bois de Bercuit2 qui nous vient tout droit du hameau du Centri. Respirons à pleins poumons l’odeur prenante des pins. A notre gauche, un chemin, la ruelle la 1.  Bourbier Georges que le cadastre dénomme Croix de Risoir. 2.  Biercuit 1284 - Berquyz 1374 - Bierquid 1398 - Berquyt 1405 - Bois de Berquit 1404 - Berquit 1440 - Biercui 1779 - Bierchuid 1780.
  • 11. — 18 — — 19 — Croix, qui vient expirer à nos pieds. A notre droite, deux sentes étroites : le sentier de la Sapinière et le sentier Masy. Mais voilà le carrefour dénommé Aux Six Chemins. Nous y avons accès en abandonnant l’allée du bois de Bercuit et en empruntant le sentier des Six Chemins. En trouverons- nous six ? Comptons. Un chemin vient du nord-ouest, de l’église de Doiceau, c’est celui des Crahauts1 . Il coupe le lieu-dit Les Six Chemins et file vers le sud rejoindre l’Allée du bois de Bercuit : et de deux ! Le sentier des Six Chemins qui prend naissance à l’allée du bois de Bercuit, que nous venons de quitter, coupe le carrefour-et s’enfuit vers Dion- le-Val : et de quatre ! Le sentier Loye qui nous vient de Dion-le-Val et abandonne sa course Aux Six Chemins : et de cinq. Enfin, le chemin de la Bruyère à l’Arbre qui accourt du riant hameau de Morsain. Cela fait six. L’auteur du dit-lieu savait bien compter. Mais ne nous laissons aucunement influencer par tous ces chemins qui nous font signe. Retournons sur nos pas et prenons le sentier Masy, que nous avons remonté tout à l’heure. C’est le premier à notre gauche. Nous traversons le chemin des Crahauts et arrivons au lieu-dit : champ du Vevrou, que franchit le sentier du même nom. Après avoir passé le Pisselet, nous entrons dans la campagne de Rois-Mont, limitée au nord par le chemin qui porte son nom. Arrêtons-nous un instant, dans la direction de Dion-le-Val. Au sud, à la limite de ladite commune, nous remarquons le Fond de Braibeson ; au sud-ouest, 1.  Dit actuellement Voie de Bonlez. le chemin des Epines. Achevons notre périple. Le sentier Masy que nous suivons jusqu’au chemin de Rois-Mont, file vers la chaussée de Wavre à Louvain. Nous quittons ce sentier. Au nord, vers Gastuche, s’étend l’immense culture, de son nom : La Schavée. Dirigeons nos pas vers Doiceau, par le chemin de Rois-Mont. Nous traversons à nouveau le Pisselet pour emprunter le chemin de Dion-le-Val, Nous laissons l’église de Doiceau à notre gauche, la cense de la Brique et le sentier Dirt à notre droite. Franchissons pour la troisième fois le Pisselet, pour suivre les destinées du chemin Hottart. A notre gauche, le chemin du Cul-de-Sac s’enfonce dans la Schavée pour se diriger vers le sentier Masy et la chaussée de Wavre. Nous marchons, coupons avec le chemin Hottart le chemin des Thils et dévalons vers le hameau de Gastuche. Nous voilà sur la chaussée de Wavre à Louvain. Dirigeons-nous vers le hameau. Le chemin de la gare. Faceàlui,lesentierdelaBruyèreSainte-Annequidescend des Tiennes. Orientons-nous vers la station ; longeons le sentier de la gare1 jusque l’avenue d’Ottembourg, que nous suivons. Arrêtons-nous un instant sur le pont de la Dyle. Après avoir traversé les Warlandes et la propriété de Laurensart, cette rivière se dirige vers Archennes en avoisinant les Grandes Prairies et les Prairies de La Motte. Mais rejoignons la grande route de Wavre à Louvain, que nous suivons dans la direction de Hamme-Mille. Nous laissons à notre droite le chemin des Thils, le Sentier de Wavre, le chemin Martin ; à notre gauche, le chemin des 1.  Dit sentier Hottat.
  • 12. — 20 — Grands-Prés Nous quittons un instant le territoire de Grez1 . A notre dextre, nous remarquons le chemin longeant la Magnette2 , qui traverse la grande route que nous suivons et court vers Archennes par la ruelle du même nom. Quittons la grande route et dirigeons-nous à notre tour vers Archennes, en empruntant la Ruelle. Nous sommes à nouveau sur le territoire de Grez. Au premier carrefour, prenons le chemin à droite, dénommé chemin des Foins, qui traverse la campagne des Aloux. Joli nom. Nous arrivons encore à la grande route de Wavre à Louvain que nous avons quittée et que nous remontons jusqu’à celle de Wavre à Jodoigne qui nous mènera vers le coquet village de Grez. A notre gauche nous remarquons encore le champ de Pannard3 . Nous sommes au lieu-dit actuel, l’Escavée. A notre droite, sous le hameau de Centri, s’étend le champ du dit nom4 . A notre gauche sous le chemin des Foins, vers Archennes, les Cinq Bonniers. Le clocher du bourg pointe le ciel. Nous descendons le champ du Mont, laissant à notre gauche le Trou-à-l’huile... 1.  La grand’route de Wavre à Louvain, du chemin Martin à la ruelle d’Archennes, est située sur le territoire de cette dernière com- mune. 2.  Ce chemin était autrefois la seule voie de communication avec Wavre, par Doiceau. 3.  Pannarde 1374 - Pannaerde 1618. 4.  Situation des réservoirs de la distribution d’eau. Et voici Grez. Un petit bout de route encore. Jolie promenade. Nous partons du pont de La Barre. Nous entamons le chemin de la Violette1 actuellement dénommé avenue Jean du Monceau. A notre gauche une sente monte vers la station du Vicinal, c’est le sentier des Fours à Chaux, la Violette d’aujourd’hui2 . Nous continuons le chemin de la Violette, traversons le pont du Cocrou pour longer le château de Piétrebais en Grez. Nous empruntons le chemin des Campinaires et abandonnons à notre gauche le chemin de Grez à Longueville. Bientôt après, à main droite, une petite sente merveilleuse nous appelle. Laissons-nous tenter. C’est le sentier Dave que longe le petit canal du château à droite, le parc du moulin banal ou Franc Moulin à gauche. Suivez ce sentier par un beau jour d’été, vous m’en direz des nouvelles. Nous n’avons plus qu’à traverser la rivière le Train et à revenir à Grez par le sentier des prés et le Pont 1.  Bien de la Violette 1426 - ‘T huis van der Vyoletten 1530 - ‘T huys van den Violetten 1559 - Ferme de la Violette 1604 - Maison de la Violette 1613 - La Violette 1624-1692. 2.  Un sentier, dénommé anciennement sentier de la Violette, prenait naissance à l’actuelle avenue Jean du Monceau, traversait les prairies et aboutissait au château de Piétrebais en Grez. Ne pas confondre avec le chemin de la Violette.
  • 13. — 22 — — 23 — d’Arçole1 . Mais, arrêtons nos flâneries. Je crois vous avoir conduit, au gré des chemins et des sentiers, aux quatre coins de notre village. Je crois aussi vous avoir cité, en passant, les noms des lieux-dits que nous traversions. Mon but n’était d’ailleurs que de vous amener à raviver dans vos mémoires quelques souvenirs de lieux-dits que vous connaissiez sans doute, mais que vous ne pouviez plus situer. Si j’y ai contribué, j’aurai fait un bon calcul. 1.  Le pont d’Arcole a eu comme dénomination ancienne, le pont du Noir-Trou. Pont d’Arcole : Nom donné par un habitant de l’endroit nommé Thity. Actuellement, quartier Saint-Michel.
  • 14. — 24 — — 25 — II. LIEUX-DITS ANCIENS Dans l’exposé qui suivra, il nous arrivera fréquemment de citer des lieux-dits au gré des circonstances. Afin de ne point interrompre l’exposé par des détails souvent oiseux, ce qui nuirait à la clarté des faits, nous nous permettrons de situer par avance certains lieux-dits que nous renseignent les auteurs Tarlier et Wauters1 . Argenteau.—Laseigneuried’Argenteaudevaitsetrouver sur le territoire de Lambais, aux limites de la commune de Bossut. L’histoire de cette seigneurie se confond d’ailleurs avec celle du manoir de Bossut. Le Rieu del Huibaise, nom antique du ruisseau de Bossut à Grez, appelé de nos jours le Lambais. Un acte du 20 juin 1460 stipule : « Russeau de Grée à Boussut ». Le Bois du Belloir, autrement dit Ballaer, sis au champ 1.  Géographie et histoire des communes belges. A. Decq, 1859- 1887.
  • 15. — 26 — — 27 — du grand Sart à Hèze, date de 1373. Le Broke, situé au même endroit, date de 1374. Voici d’ailleurs ce qu’énonce un acte du temps : « Derrière le Broke à Grand Sau ». La terre de Froideval. Nous ignorons son emplacement exact, cependant tout nous porte à croire que la dite seigneurie se trouvait sous l’église actuelle de Biez. Voici l’étymologie du mot, qui nous est donnée par un document de 1209. Il était question alors de la Frigida Valles, communément, terre froide. Pourquoi cette appellation ? Il nous reste encore à le découvrir. Le terme a évolué avec les années. Nous le rencontrons en 1214 Frigidae Valles – en 1237, Froidesval – en 1322, Frondeval – en 1376, Froidevail – en 1840, Froideval – en 1482 Froideval ou le bien de Barbançon ou de Dave. Cette dernière dénomination autorise l’emplacement que nous avons cru réserver à la dite seigneurie. En effet, un sentier qui prend naissance au chemin des Campinaires et qui sépare le domaine du château de Piétrebais en Grez de celui du Franc Moulin, s’appelle encore de nos jours, le sentier Dave. Le domaine de Froideval se confondit plus tard, comme nous le verrons, dans le domaine seigneurial de Grez. La seigneurie de Froideval avait, outre ces dépendances, unbonnierdeterresituéprèsdelaDyleetqu’ondénommait en 1440, le Bonnier de Froidevaul. Le Fond de Mémmone sis à Hèze, devait se trouver au sud de la Vallée Rose, lieu-dit actuel. Cette dénomination ne date d’ailleurs que de 1811, de même que celle des Grandes Communes situées également à Hèze, à la limite de la commune de Longueville. Prairies de Perrerye, étendues des prés au long sentier allant à Grand-Sart, à Hèze. Acte de 1612. La ferme de Valduc, dépendance de l’Abbaye de Valduc de Hamme-Mille, était située également à Hèze. Le Blocq aux Briques, datant de 1750, autrement dit Careel Block ou Courtil à Briques devait se trouver entre Laurensart et la Motte. C’était un enclos où on ne distinguait jadis qu’une habitation. Predickeeren, plus communément appelé Blocq ou Enclos du Prêcheur. Nous le croyons situé à proximité du Blocq à Briques. Il date de 1618. Tillich, se situait près du château de la Motte. Ce lieu-dit doit tenir son nom de la Tille ou Dyle qu’il avoisinait. A Tellich, delez la Motte, 1374 – Te Tellich, boven de Beemp van den Motten, 1460. La Brumagne. On parle de ce lieu dans un document de 1759. On le rencontre au village de Dion-le-Val, à la limite du hameau de Doiceau. La Chaussée. Vous pouvez en ouïr parler de nos jours encore, par de vieilles personnes originaires de Gastuche. Elle se trouve, en effet au Nord de ce hameau. Les Communes, communément dénommées les Grands-Prés1 , le long de la Dyle à Gastuche. Elles doivent probablement leur nom au fait d’être accessibles à la communauté, jouissance immémoriale accordée aux habitants de l’endroit. Une partie des Grands-Près 1.  Arthur Maricq les appelait encore la Vaine Pâture. Annales de la Société Archéologique de l’arrondissement de Nivelles, tome IX.
  • 16. — 28 — — 29 — appartenait jadis à la commune de Grez. On peut encore trouver là, l’origine du lieu-dit. La seigneurie de Lis devait se situer au hameau de Morsain. Elle a relevé d’ailleurs de la seigneurie de Grez. Elle date de 1374. On a retrouvé différentes orthographes : Lys, 1470 – Lyez, 1491 – Lisse, 1530. Le Sart, Tarlier et Wauters1 énoncent quantité de noms composés où entre la particule « Sart ». Nous les donnerons à titre complémentaire. Loncsaert, 1435 – Lonsinsart – Longinsart 1160 environ Lonsinsart, à la Caucherie, 1371 – Lonsinsaut, 1418 Lorimisart, 1587 – Mironsart ou Mininsart, 1383. Tinnesart 1312 – Tiengisart, 1345 – Tignesart, 1446. Thinssaut, 1465 – Thynnesaert 1499 – Thynnesart, 1542. Tinissart, 1587 – Tinisart, 1674 – Timmesart, 1689, appelé quelquefois Tinnesart Fleurie (Tunnesart Florie, 1611). Ces domaines se confondent de nos jours dans celui de Laurensart. Le Sartiaux, probablement dépendance de la seigneurie de Sart sur le territoire de Dion-le-Val. Croix de Berquit, autrement dit, ‘t Cruys van Bierquit, emplacement actuel de la ferme de Madame Lambert. A donné son nom à la ruelle qui y conduit, Ruelle de la Croix. Bois de Fa, bois situé sous Bonlez (1407). Il a été réuni au domaine de Bercuit. Bois de Genyenvail ou Geneval, bois sis à Boulers 1. Ibidem. (Bonlez) 1274. Voici quelques orthographes rencontrées : bois de Genyenval, 1476 – bois de Genevaul, 1478, bois de Geneval, 1510. Prairies de Roesbare, prairies qui s’étendaient aux environs du bois de Bercuit. Bois de Sainte Marie (1407) dénommé encore Haye de Sainte-Marie, entre le bois de Fa et Bercuit. Doit son nom à Marie de Bonlez, dame de Bonlez. Il a été réuni au domaine de Bercuit. Fosse Calamart (1618) Lieu-dit sis aux environs du chemin allant de Grez à Pannaerde (champ de Pannard) et de Grez au bois de Berquyt (Bercuit). Courtil del Chastre, nous le croyons situé aux abords de la rivière le Train, sans pouvoir cependant en déterminer l’emplacement certain. Bois de Festiaux, bois voisin de la ferme de Beausart (1209). Ranarium, autre dénomination du château de piétrebais en Grez. Elle date de 1214. Voici en complément quelques noms de lieux-dits que nous n’avons pu fixer. Nous faisons appel à l’érudition de nos lecteurs. Terre de Faverly (1312) dénommé aussi le Prez Hauthain (1592). Le Bois Ferieres (1312) ou Ferires. Ci, extrait d’un acte de 1417, à son sujet : « A Ferires, en la moyenne Nowe, joignant à la voie de Dieghem. La Fosse Boubottes (1635). – Molandoirs (1618). –
  • 17. — 30 — — 31 — Derrière le petit Moulin, au lieu-dit, la Perire (1417). Le Bois Mullichamp (1779). – La Roy-Voye (1625). III. ÉTYMOLOGIES Le nom de Grez, cela va sans dire, a évolué comme le reste du langage. L’écriture ne fixant l’originalité du mot qu’en de très rares exceptions, le terme primitif variant au gré de la prononciation de chacun. Ainsi, nous rencontrons maintes orthographes du mot Grez. Notons tout d’abord la forme suivante : Greis, employée sous les Romains, en 300, en 1096, en 1217, et ses dérivatifs ou homonymes : Greys, 1312 – Greizium, 1372 – Gré, 1460 – Graiz, 1612 et le Grez actuel. Cette forme devrait son origine au mot Grès, produit que l’on extrayait à Grez à ces époques. La deuxième façon d’expression rencontrée est la suivante : Aysau et son homonyme Ayseaux, en 1192. Ayseaux se décomposerait de la façon suivante : Ays viendrait de Aice, Aizis, Aizum, en bas latin, ce qui signifie,
  • 18. — 32 — — 33 — contrée, territoire et de Eaux. Ayseaux signifierait, territoire près de l’eau. Une troisième et dernière forme rencontrée est la suivante : Grave et ses dérivatifs ou homonymes : Gravium, 1312 – Gravia, 1332 – Graven, 1372 – Grave in ‘t Walschlant, 1551. C’est la forme germanique du mot, élément qui nous porte à croire qu’à ces époques, notre village était flamandisé. Mais comment expliquer l’étymologie du terme ? Grave serait identique à Graeven, pluriel de Graef, signifiant fosse. Du fait que notre industrie consistait dans l’exploitation des fosses à grès, nous pouvons en conclure que là réside uniquement l’origine de la dénomination. Grave, nom corrompu de Graef-Graeven a donc pour signification, carrière, fosse à grès. Le hameau de Lambais est situé au nord. Lambais serait la forme corrompue de Leembeeck, Beeck du flamand, ruisseau et Leem, argile. Lambais pourrait donc signifier, ruisseau argileux. Dans la même orientation, sur la route de Hamme- Mille, dans la direction de la commune d’Archennes, nous situons quelques maisons réunis au lieu-dit, La Pavée, dénommé autrement Les Aloux. Cette dénomination a également évolué. Nous la rencontrons en 1204 : Allodium de Gratz et en 1394, Aleut en Greis. Le mot Aloux serait la mutilation du nom Alouette. Ce lieu-dit, est en effet situé sur le champ qu’on appelle encore champ des alouettes. Au sud-est, nous rencontrons le hameau de Hèze. La prononciation du mot a toujours été identique à celle du terme auquel il doit son origine. Hèze dérive en effet de Aice, du bas latin Aizis, Aizum signifiant territoire, contrée, plaine. Pris individuellement, Hèze voudrait dire, plaine, culture. Voici quelques orthographes rencontrées : Heys, 1374 - Heyst, 1383 - Heze, 1486 - 1528 - Heeze, 1650. Au sud s’étend le coquet hameau de Morsain. Morsain détient son nom de sa seigneurie. Il est évident que cette forme d’expression est le résultat d’une longue évolution de langage. Ci, d’ailleurs, l’intéressante constatation. En l’an 1000, Morsain s’appelait Morceshem. - en 1282, Morchetain - en 1374, Morchyen - en 1536, Mortchain - en 1557, Mortssain - en 1661, Mort-chaine - en 1675, Cortil de Morzaine - en 1759, Morsain. On rattache à ce hameau, Bayarmond ou Baiarmont, 1417. Le cheval Bayard aurait-il passé par cet endroit ? Nous l’ignorons comme nous ignorons l’origine du lieu-dit. Fontenelle serait l’expression corrompue de Fontenalle,
  • 19. — 34 — — 35 — petite fontaine. Royenne, pourrait être une évolution des termes romans : Roie, Roye, Royere, signifiant, ligne, raie, sillon. Royenne aurait donc la signification de petit chemin. Le hameau de Centri est perché au sud-ouest du village. Nous avons découvert une forme caractéristique du même mot. Sain-Try. Que le lecteur se tranquillise, aucun saint du même nom n’a été dressé sur les autels de notre petit hameau. Voici peut-être l’origine de l’expression. L’histoire nous apprend qu’il existait dans nos contrées, un petit peuple, les Centrones, tributaire des Nerviens. L’analogie entre les termes est frappante. Ce n’est naturellement qu’une hypothèse qu’il est peu aisé de contrôler1 . Au sud-ouest également se localise le hameau de Doiceau. L’expression originale du lieu-dit serait Duenchiel, dénomination rencontrée en 1209, et même dès le douzième siècle. Duenchiel se décomposerait de la façon suivante. Duen, viendrait de Doe-Douve, signifiant canal, rivière, ruisseau et Chiel de Cella, identique à demeure, 1.  Le mot Centri ne doit-il pas son origine au fait suivant : ancien- nement tout ce plateau était inculte, en tri, comme dit en Wallon. En 1722, ces terrains furent vendus à un grand nombre de particuliers. Ceux-ci devaient par contre verser une rente à la commune. N’y avait-il pas environ une centaine de tris ? hameau par extension. Duenchie serait donc le hameau près de l’eau. On découvre l’analogie entre Ayseaux et Duenchiel. Le mot primitif a considérablement évolué, comme nous le montrent les exemples suivants: 1345, Duenchial - 1374, Duwensial ou Duchial - 1383, Duwenciail - 1415, Duwenchial (à comparer avec le mot wallon actuel, Duwecha) - 1436, Duwencheaul, 1492, Douchial - 1596, Ducheau - 1607, Dolceau - 1674, Douceau - 1707, Doiceaux. A l’ouest s’étend le hameau de Gastuche. GastucheestlenomcorrompudumotflamandGasthuis, signifiant Asile, hospice, hôpital. En 1759, on l’orthographiait d’ailleurs de cette façon. En 1786, le Gasthuis, en 1834, La Gastuche. Laurensart a pris le nom du château, de même que La Motte, que nous découvrons au nord-ouest du village de Grez.
  • 20. — 36 — — 37 — IV. HYDROGRAPHIE La première de nos rivières est la Dyle. Le mot Dyle, a également évolué. Au XIVe siècle on en fait mention sous le nom de Tilh. Le chemin des Thils qui débouche aux environs de la rivière devrait-il son appellation à la circonstance ? Ce cours d’eau vient de Wavre. Aux confis de cette dernière commune, avant de pénétrer dans le territoire de Grez, il reçoit sur sa rive gauche, le Ri du Pré des Graisses. Jadis il activait la machinerie des Papeteries de Gastuche par une chute d’eau de 1,44 mètre. Dans le domaine de Laurensart, qu’il traverse, il reçoit encore deux offrandes d’importance différente : sur sa rive gauche, le Ri de Laurensart, et sur sa rive droite le Pisselet. Mais le voilà parti à la conquête des Grands-Prés. Toutaussitôt,ilcourtaprèsl’ombreduboisdeLaurensart, qu’il côtoie. Et voici encore deux tributs offerts au roi de la contrée. Celui du Ri de la Motte et celui de Train, tous
  • 21. — 38 — — 39 — deux sur la rive droite. Il trace la limite naturelle entre les communes de Grez- Doiceau et d’Archennes. Mais il fuit, gonflé de toutes les eaux de nos contrées, ayant parcouru sur le territoire de la commune une distance de 4500 mètres. D’après Le Roy, la Dyle était autrefois très poissonneuse : «Claire et froide, elle nourrit une grande quantité de truites» disait-il. Le Train. D’après Arthur Cosyn1 nous devrions cette dénomination à l’érudition d’un habitant de Bonlez. Anciennement,lacommunedeBonlezsedivisaitenBonlez deseurtrain et Bonlez desoubstrain. Notre philologue aurait tout simplement conclu que Train n’était que le nom de la rivière qui arrose le village. Avait-il tort ? Le Train - le nom et la rivière - nous vient donc de Bonlez, côtoie le hameau de Royenne, où il reçoit le Ri de Hèze, sur la rive droite. Après avoir fait la limite entre le hameau de Morsain, et le lieu-dit Basse-Biez, il absorbe le Ri du Vivier Hanquet, sur sa rive gauche. Jadis il activait la machinerie de la filature de Grez par une chute d’eau de 1 m. 96. Après avoir baigné les dépendances du moulin banal, avant d’entrer dans le bourg, il reçoit su sa rive droite le Piétrebais. Mais voilà notre rivière qui dévale vers le village. Après avoir activé le moulin de Grez par une chute de 1 m. 70, elle traverse la grand’route provinciale de Wavre à Jodoigne et court à la rencontre du Ri Mazarin, qu’elle reçoit sur sa 1.  Le Brabant inconnu, Bruxelles, 1911. rive gauche. Jadis, au lieu-dit, le Chemin des Aloux, elle activait encore le moulin Bataille, avant de recevoir sur sa rive droite, le Lambais. Et voilà le plus grézien de nos cours d’eau qui nous quitte après avoir agrémenté nos sites pendant 5800 mètres. La rivière le Train est assez poissonneuse. Mais voici nos petit ruisseaux tributaires. Le Lambais, dénommé jadis Rieu del Huibaise 1490, ou Ruisseau de Lembaij, an XIII. Il dévale du hameau de Gottechain et franchit notre territoire au Champ des XVIII Bonniers. Après avoir parcouru 850 mètres en terre grézienne, il se jette dans le Train à Lambais, en aval du lieu-dit Moulin Bataille. Le Rie Mazarin prend sa source au lieu-dit Crolis- Joir, à l’endroit où s’étendait jadis le bois du même nom. Après avoir grossi sur sa rive gauche du déversoir de la distribution d’eau communale, il se réunit au Train entre Grez et Lambais. Sa longueur est de 1.500 mètres. Le Piétrebais autrement dit, le Ri de Coqueroux ou le Ri de la Falise, Ri de Chapelle Saint-Laurent, ou encore Ri de Saint-Denis. (Acte de l’an XIII.) Ce charmant petit ruisseau nous vient de la commune de Biez, hameau de Cocrou. Après avoir alimenté le canal du Château de Piétrebais en Grez, il se jette dans le Train, en aval du Pont d’Arcole. Il a parcouru sur notre territoire une distance de 300
  • 22. — 40 — — 41 — mètres. Le Ri du Vivier-Hanquet, appelé encore Rigo des Champs de Grez, prend naissance au lieu-dit Vivier Hanquet. Après avoir franchi le champ de Présenne, il se jette dans le Train en aval de la carrière à grès. Son étendue est de 1400 mètres. Le Ri de Hèze, nous vient du hameau de Hèze. Il longe le chemin du Résidal et se réunit au Train face au hameau de Morsain. Sa source est dans la nappe d’eau qui alimente la commune. Le Glabais, dénommé jadis rivière Glabaise, ou en patois le Rucha des Près, a sa source à Bonlez. Il se réunit au Train, vis à vis des anciennes filatures du Monceau, après avoir parcouru sur notre territoire une distance de 300 mètres. Le Ri des Gottes prend cours au bois des Gottes et à la Bruyère à l’arbre. Après avoir servi de limite naturelle entre les communes de Grez-Doiceau et de Dion-le-Val, il pénètre dans cette dernière localité. Il a parcouru 750 mètres. Le Pisselet. Ce ruisseau - ne revendique-t-il pas le titre de fleuve ? - a son histoire. Au Xe siècle, on l’appelait déjà le Dion1 de l’endroit qu’il arrose avant d’entrer dans notre territoire. En 1537 on le dénommait le Doisselet. Sous le régime français, en l’an VIII : le Vieux-Sart. C’était plus poétique 1.  Cosyn nous apprend que ce ruisseau est cité dans un acte du Xe siècle sous le nom de Fluvium Dions. Notre Pisselet un fleuve ? O chute d’Annibal ! et plus français ! Après avoir traversé le hameau de Doiceau, après avoir franchi la route Wavre-Louvain, au lieu-dit, Cimetière1 , le Pisselet se jette dans la Dyle dans les Grands-Près, après avoir parcouru dans notre commune une étendue de 2.800 mètres. Le Ri de la Motte est alimenté par les fontaines de la Motte. Après avoir traversé les Grands-Près, il se réunit à la Dyle, après un parcours de 600 mètres. Enfin, le Laurensart nous vient des Grandes Warlandes aux confins de la commune. Après avoir arrosé les Prairies sur une étendue de 800 mètres, il se jette dans la Dyle. 1.  Il doit son nom aux ossements retrouvés, avec quelques usten- siles de ménage.
  • 23. — 42 — — 43 — V. GREZ-DOICEAU ET LA GÉOLOGIE Le territoire de la commune de Grez-Doiceau est marqué de quelques vallées bien accusées. Les endroits les plus accidentés se rencontrent au hameau de Hèze, à Gastuche, communément dit «Les Tiennes», au bois de Laurensart et à Centri. Le point culminant de la commune se trouve aux environs de la chapelle au Chêneau; l’altitude en est de 138 mètres alors que celle du village, au porche de l’église paroissiale, n’est que de 47,20 mètres. Mais entamons quelques fouilles. Dans les dépendances de l’ancien moulin banal, existait encore, il y a quelque cinquante années, une carrière à grès d’exploitation d’ailleurs immémoriale. La mine était creusée dans le quartzite gedinnien1 . Voici quel était l’aspect de celui-ci. La pierre était tantôt gris-pâle, tantôt bleuâtre. Les bancs 1.  Tel qu’on le rencontre à Gedinne.
  • 24. — 44 — — 45 — de quartzite irréguliers étaient divisés par des couches de phyllades1 que les carriers, dans leur langage, appelaient raches. On a rencontré à cet endroit quelques lits de quartz blanc. Dirigeons-nous vers le Champ des Lowas. Devant nos lecteurs creusons un puits et cataloguons nos découvertes. Les terrains que nous foulons sont de nature crétacée2 , du moins souterrainement, comme nous allons le voir. Après avoir rencontré dans nos fouilles diverses espèces de terrains, nous arrivons à quelque quarante mètres de profondeur, à une couche continue de silex ayant une épaisseur de 10 à 20 centimètres3 . Il se présente en blocs à angles saillants, de couleur grise ou noirâtre, rarement en ruban. La cassure de ce silex est conchoïdale4 et à bords légèrement translucides. Voici enfin la craie blanche du systèmesénonien5 .Elleauneépaisseurapproximativede18 mètres. Elle est traversée verticalement et horizontalement par des fissures qui la divisent en parallélépipèdes inégaux. Dans la craie, on aurait rencontré à maints endroits, des poches d’argile verdâtre, imprégnée de carbonate de 1.  Roches dures que l’on peut diviser facilement en feuillets comme des ardoises. 2.  De nature de la craie. 3.  L’exploration se fait au milieu de la montagne. Les fouilles opérées au pied de la colline nous livrent la craie à 7 ou 8 mètres de profondeur. En certains endroits on en a découvert à fleur de terre. 4.  Qui ressemble à une coquille. 5.  Tel qu’on le rencontre à Sens. chaux. Nous verrons, dans le courant de notre exposé, quel était le mode d’exploitation de cette industrie. Sur la rive droite du Pisselet, A. Dumont a rencontré du calcaire dit d’Avernas. Cet endroit est situé à 800 mètres au sud de l’église de Doiceau. Sur la rive droite de la Dyle, à Doiceau, aux Lowas, à la Campagne de Bossut, sur les rives du Train, nous découvrons un terrain formé de psammite landenien mêlé de sable. Le psammite en se désagrégeant forme un sol de surface moins froid, moins compact et très propre à la culture. Au sud-est du Chemin de la Croix Claude, nous découvrons du sable landenien avec sous-sol argileux, composé d’argile dite Ypresienne. Le sable bruxellien se remarque à divers endroits de notre territoire, entre autres, au pied des Lowas, au bois de Bercuit, au bois de l’Ermitage Saint-Pierre et à Hèze. Le sable que l’on trouve au Crolis-Joir diffère du précédent, il est plus siliceux. Nous rencontrons une troisième qualité de terrain sablonneux, au Champ des Gottes au hameau de Morsain. C’est du sable argileux. Le limin Hesbayen se découvre aux confins du hameau de Hèze, près de la commune de longueville, sur les rives gauches du Train et du Pisselet et à la Campagne de Bossut. Enfin des terrains de formation récente, amenés par les alluvions de la Dyle, se rencontrent le long du cours d’eau à l’emplacement des prairies actuelles.
  • 25. — 46 — — 47 — VI. GREZ-DOICEAU DANS LA PRÉHISTOIRE Si notre intention est de tracer une histoire complète de notre village, il nous faudra remonter très haut dans les brumes du passé. La préhistoire, période qui précède l’histoire, comme son nom l’indique, est, à vrai dire, inconnue. Les assertions des spécialistes en la matière ne sont que des hypothèses. Cependant, l’étude des terrains et de leur contenu a permis d’établir l’époque probable de l’apparition de l’homme sur la terre. Au début des temps, les eaux de la mer couvraient nos parages. Ce ne fut que longtemps après, que des ceintures de récifs formées en Haute Belgique protégèrent nos contrées des fureurs de l’océan Atlantique. Des côtes se dessinèrent, des promontoires se dressèrent du sein des eaux. L’élément liquide se rétrécit en canaux qui sillonnèrent tout le territoire. Les soulèvements souterrains desséchèrent bientôt le sol, qui apparut nu et
  • 26. — 48 — — 49 — délabré. La mer en se retirant, laissa des traces de son passage : des galets (à la Potrée, au Champ du Centri, à la Magnette); des dépôts caillouteux accompagnés de sédiments argileux (au sud-est de la Croix-Claude); sablonneux (au pied des Lowas, au bois de l’Ermitage Saint-Pierre, à Hèze, au bois de Bercuit, au Crolis-Joir); sablo-argileux (au Champ des Gottes). Ces dépôts s’accumulèrent. Les premières couches placées à l’abri des influences climatériques et soumises aux pressions incalculables exercées par les dépôts supérieurs, avec les siècles se transformèrent en roches. Le sable comprimé se métamorphosa en grès; les psammites et la craie furent la résultante de cette action des éléments. Dans les puits creusés au Champ des Lowas, on a découvert la preuve évidente du séjour de la mer en ces lieux. Les Fossiles1 étaient très nombreux dans la craie et leur test bien conservé2 . Galeotti, a découvert au même lieu un poisson qu’il ne put identifier, et plusieurs espèces d’huîtres. Mais nous allons poser et tâcher de résoudre un problème qui, sans aucun doute, aura déjà préoccupé bon 1.  Nom donné aux débris ou empreintes de plantes ou d’animaux ensevelis dans les couches terrestres antérieures. 2.  Preuve qu’à l’époque où se sont formés ces dépôts, le sol bien qu’émergé, a pu produire des plantes terrestres. nombre de nos lecteurs. «A quelle époque Grez-Doiceau a-t-il été visité et habité par l’être humain ?» Répondons d’abord à la question d’une façon générale. Le Père de Sinéty, dans le Dictionnaire de la Foi Catholique estime que la date d’apparition du type humain sur la terre peut dépasser cent mille ans. Pierre Termier, le savant académicien, réduit ce chiffre à trente ou quarante mille. Certains auteurs, Verneau en particulier, sont catégoriques sur ce point : «l’homme aurait été témoin de la période tertiaire de l’univers.» Nous partageons plutôt l’opinion du baron de Loé : «les premiers vestiges de l’homme sur la terre dateraient de l’époque quaternaire.» Supposons donc notre planète habitée à cette époque. Comment délimiter le territoire qui nous intéresse ? La chose n’est pas possible, car l’histoire du pays n’est pas divisée d’après la nationalité de l’occupant mais d’après les vestiges de l’industrie du temps. Le développement de l’industrie humaine primitive se divise en trois périodes qui correspondent aux trois substances employées par l’homme pour la fabrication de ses armes et ustensiles : l’âge de la pierre, l’âge de bronze et l’âge du fer. Avons-nous des éléments susceptibles de prouver l’existence de l’homme préhistorique dans nos contrées à l’âge de la pierre ? Telle est la question. L’âge de la pierre se divise en trois période bien distinctes
  • 27. — 50 — — 51 — : La période éolithique, la période paléolithique et la période néolithique. Pendant la période éolithique, nos pères employaient la pierre telle qu’ils la trouvaient, avec ses éclats naturels. On n’en a pas observé de traces chez nous. Pendantlapériodepaléolithiquelesanciensemployaient le silex taillé. Une pointe de flèche de cette substance fut retrouvée il y a quelques années dans des fouilles opérées à Grez. Elle est restée longtemps la propriété d’Arthur Maricq, l’ancien secrétaire communal. Elle fut donnée au Musée royal d’antiquités sous certaines conditions que nous relaterons en lieu opportun. Cesilextailléservaitàlachasseetàlaguerre,occupations exclusives des hommes de la préhistoire. Il est à noter qu’à cette époque, nos pères habitaient de préférence les cavernes naturelles desquelles nous n’avons trouvé trace sur le territoire de Grez1 . Durant la période néolithique ou période de la pierre polie nous avons encore des preuves du séjour de l’habitant en nos parages. En creusant un puits situé au Champ des Lowas, le terrassier mit à jour deux haches en silex poli. Cette trouvaille inestimable fut jointe à la flèche citée plus haut et offerte au Musée royal de l’État. A cette époque, nos pères n’habitaient plus les cavernes, mais se construisaient des habitations, se groupaient, 1.  On nous a cependant signalé l’existence d’une de ces cavernes sur le territoire de Bonlez. Nous n’avons pas contrôlé la chose. cultivaient la terre et formaient la famille primitive que Fustel de Coulange nous décrit dans La Cité Antique. «Hors de la maison, tout près, dans le champ voisin, dit-il, il y a un tombeau. C’est la seconde demeure de la famille. Là reposent en commun, plusieurs générations d’ancêtres; la mort ne les a pas séparés. Ils restes groupés dans cette seconde existence et continuent à former une famille indissoluble. Entre la partie vivante et la partie morte de la famille, il n’y a que cette distance de quelques pas qui sépare la maison du tombeau...» L’âge du bronze, limité de 1000 à 850 de l’ère païenne, n’a guère laissé de trace en notre pays. Le bronze fut d’ailleurs importé chez nous en quantité très minime par des vendeurs étrangers. L’âge du fer ouvre l’ère des invasions guerrières. Nous voyons nos contrées conquises par les Barbares, les Germains,lesCeltesquis’établissentparminospopulations néolithiques qu’ils asservissent. Enfin, vers 57 avant Jésus-Christ, lors de l’arrivée de Jules César, en Belgique, il n’y avait pas moins de 24 peuplades disséminées sur toute l’étendue du territoire. L’histoire nous apprend que notre contrée était habitée par les Nerviens et quelques groupes tributaires dont un est cité comme nous touchant de plus près, les Centrones. Il est probable que nos pères s’allièrent aux Nerviens pour défendre le pays contre l’invasion romaine. Ils ne réussirent d’ailleurs qu’à se faire massacrer presque jusqu’au dernier. Rome allait désormais régner...
  • 28. — 52 — — 53 — VII. GREZ-DOICEAU SOUS LES ROMAINS Nous avons des preuves indéniables du passage des Romains chez nous. Deux éléments essentiels nous permettent de l’établir : la découverte d’une villa romaine et l’existence de nombreux tumuli. Parlons tout d’abord de la villa romaine. Ces édifices étaient généralement construits sur le versant d’une colline, nous loin d’un cours d’eau et à la lisière d’un bois. La villa romaine découverte à Grez-Doiceau devait, à la fois, réunir les trois conditions. Elle était située au Champ de Présenne, à l’est du chemin des Béguinages, donc à proximité du Train et du ruisseaux qui le grossit, du bois du Bercuit, et sur le versant du dis bois. La découverte fut faite l’année 1860, par Rouchaux, fermier à Morsain et propriétaire du champ. Des fouilles furent immédiatement opérées sous la
  • 29. — 54 — — 55 — surveillance du Comte du Monceau, qui catalogua les découvertes qu’il fit parvenir sous forme de rapport au Gouverneur de la province en 1863. La villa romaine mesurait 16 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur. Elle était garnie de petites places carrées, voisines, mais sans trace de communication entre elles. Toutes ces chambres s’ouvraient sur la façade sud-est de l’édifice. Les unes avaient pour sol du béton teinté de brun, les autres des carrelages en terre cuite. Les parois étaient recouvertes de béton sur lequel des ornements de couleurs diverses avaient été estampés. On rechercha avec attention quelques indices qui pussent divulguer la continuité du séjour de l’homme en ce lieu. Malgré le soin apporté aux fouilles on ne trouva ni traces d’incendie, ni objets de métal, ni vestiges de mobiliers ou d’ustensiles ménagers, si ce n’est un fragment de pierre meunière. Sur la face nord-est de la villa, on découvrit des débris de piliers alignés, séparés les uns des autres d’une trentaine de centimètres. Ces piliers étaient formés de carreaux de terre cuite scellés entre-eux par de l’argile. Dans l’espace intermédiaire, on remarqua du charbon de bois et les restes d’un foyer. Dans la direction du nord, on retrouva les vestiges d’une clôture qui entourait le bâtiment. Elle s’étendait sur une longueur de plus de 100 mètres. Lesdébrisdelavillaromainefurentmorcelésetservirent à construire les fondements de la ferme Rouchaux au hameau de Morsain. Toutefois, le Comte du Monceau conserva quelques grandes tuiles, dalles, briques et restes de maçonnerie, le fragment de pierre meunière et neuf échantillons de peinture murale. Entamons, à présent, notre étude sur les tumuli rencontrés sur notre territoire. Mais commençons notre exposé par quelques notes explicatives très brèves à ce sujet. Les Romains attachaient une très grande importance au culte des morts. Ils brûlaient les cadavres et recueillaient leurs cendres dans des urnes qu’ils disposaient dans des tombes soit en terre, soit en maçonnerie. Ils croyaient à l’immortalité de l’âme; de là leur préoccupation de joindre aux restes du mort des ustensiles multiples destinés aux mânes du défunt. Ces tombes étaient recouvertes de terre et formaient les tertres qu’on a appelé par la suite, les tumuli. Nous possédions sur le territoire de la commune de Grez-Doiceau, de nombreux tumuli. Et tout d’abord au bois de Laurensart. En 1839, on nivela un tumulus situé dans le dit bois. On y découvrit deux vases antiques et une pièce de monnaie romaine. Ces précieuses trouvailles restèrent la propriété du châtelain de l’endroit. D’autres tumuli s’observaient encore au même emplacement. Nous ne pensons pas qu’ils furent explorés. Ils formaient deux groupes bien distincts, séparés par un ravin. Le premier de ces groupes comprenait trois combelles, le second quatre. L’emplacement du cimetière était
  • 30. — 56 — — 57 — approximativement le suivant : 1.000 mètres au nord, nord-est de l’église de Basse-Wavre. Un second tumulus a été exploré au lieu-dit, Champ de Rois-Mont, au centre d’une sapinière. Les fouilles en furent opérées en 1863. On y découvrit des cendres de charbon, des ossements et une globerie de bronze. Une troisième série de tumuli, la plus imposante, était visible, il y a quelques années, au hameau de Hèze. Les habitants de l’endroit les appelaient communément, les tombeaux romains. Ils occupaient une parcelle de terrain située au lieu-dit, Grande-Bruyère, cadastrée section C, numéro 836. Le sud de ce terrain est limité par le chemin de la Coquière. On y distinguaient neuf tumuli. Lors des premières fouilles, deux des tombeaux avaient déjà été nivelés par les défrichements. (Voir croquis p. 58, aux numéros VIII et IX). Les sept autres étaient encore parfaitement reconnaissables. Leur hauteur variait de 50 centimètres à 1 m. 50; leur diamètre de 10 à 20 mètres. Les recherches se limitèrent à deux tumuli. Dans le premier, on découvrit quelques fragments de poteries et un demi- fond d’urne. Ces restes étaient mêlés à des cendres et à des ossements. Ces trouvailles furent faites en trois endroits différents du tumulus. La seconde tombe ne contenait qu’une fosse sépulcrale rectangulaire, où se mêlaient des os calcinés et des cendres. Un élément intéressant à constater est l’absence presque totale d’ustensiles, desquels les romains avaient l’habitude d’encombrer leurs morts pour le grand voyage. Dans le second tumulus nous ne rencontrons en effet aucun de ces objets; dans le premier quelques débris négligeables. Comment expliquer cet oubli ? - si oubli il y a - de la part d’un peuple qui avait le culte de ses morts si haut placé ? La chose ne peut s’expliquer que de la façon suivante. Le temps ne fut point donné aux vivants de rendre aux défunts les honneurs complets. Un combat doit s’être engagé sur ce plateau, et pour ne point laisser les dépouilles des leurs aux mains de l’ennemi, les soldats romains durent tout simplement livrer les restes glorieux aux flammes salvatrices. C’était un suprême hommage rendu à la mort. En dehors de la villa romaine et des tumuli desquels nous avons entretenu nos lecteurs, plusieurs autres vestiges romaines furent découverts sur notre territoire. Entre Basse-Wavre et Laurensart, on mit à jour des fragments de vases d’un rouge éclatant et recouverts d’inscriptions. Ces trouvailles n’ont malheureusement pas été conservées.
  • 31. — 58 — — 59 — LES TUMULI DE HÈZE Van Dessel, Extrait du Bulletin des Commissions royales d’art et d’archéologie. Route de Bonlez à Longueville ou chemin de la coquière En reconstruisant le pont sur le Train, de la chaussée de Wavre à Jodoigne, les terrassiers découvrirent plusieurs pièces de monnaies romaines datant du haut Empire, sous Claude, Domitien et Trajan. Ces monnaies ont été tout un temps la propriété d’Arthur Maricq, notre érudit ancien secrétaire communal. IX VIII VII VI V III I IV II VIII. GREZ-DOICEAU SOUS LES FRANCS Après plusieurs siècles de domination romaine, notre pays connut l’invasion des Francs. A ce sujet un peu d’histoire est nécessaire. A l’avènement de Clovis, en 481, les wisigoths, les Burgondes, les Romains, les Allemands se disputaient le territoire de la Gaule. Clovis assura la supériorité aux Francs. Il défit les Romains à Soissons (486), assujettit les Allemands à Tolbiac (496), réduisit les wisigoths à la possession de la Septimanie par la victoire de Vouillé et ébranla la puissance des Burgondes, que ses fils détruisirent en 534. Après la mort de Clovis (511) les fils de celui-ci avaient partagé le territoire conquis par leur père, et de ce partage étaient nés quatre royaumes distincts : ceux de Paris, de Metz, de Soissons et d’Orléans. En 558, Clotaire réunit tout l’empire des Francs, mais de 561 à 613, a lieu un second partage, suivi de guerres
  • 32. — 60 — — 61 — civiles qui, après une réunion momentanée, amenèrent la division de la France en quatre régions : l’Austrasie, la Neustrie, la Bourgogne et l’Aquitaine1 . Le Brabant qui faisait partie de l’Austrasie échut à Thierry Ier , fils de Clovis. Après maints partages et cessions, en 911, le Brabant reconnut comme souverain - comme la Belgique entière d’ailleurs - le roi de France, Charles le Simple, dernier descendant de Charlemagne. En 977, par un mariage de Lambert, Comte de Louvain, avec la fille de Charles de France, Bruxelles et ses environs passèrent sous la suzeraineté de ce seigneur. Lentement, le Comté de Brabant se formait. A la tête de chaque portion de territoire, délimitée par le seigneur haut suzerain, en l’occurrence le Comte de Brabant, étaient établis des Comtes, vassaux du premier, qui administraient la justice et réglaient les finances. C’est au Xe siècle que fut formé le Comté qui avait Grez pour chef-lieu. Son territoire ne devait pas avoir une étendue considérable, il ne dépassait probablement pas les limites de la chef-Mairie de Grez que nous retrouverons au Moyen-Age. Le Comté de Grez n’était pas habité par moins de quinze seigneurs, chevaliers vassaux du Comte de Grez. Chacun de ces seigneurs devait l’investiture et le cens au Comte Suzerain. Chaque chevalier avait son manoir, ses 1. Voir Dictionnaire d’Histoire et Géographie au terme, France. serviteurs et ses esclaves. Grez ouvrait l’ère de sa féodalité. Lesinvasionsayanttroubléprofondémentlaviereligieuse de notre pays, aux Francs nous devons l’établissement de l’église de Grez, qui eut rang d’église entière et fut élevée sous le vocable de saint Georges. Mais nous avons réuni autour d’un clocher quelques maisons simples, menues, où vivent des hommes taillables et corvéables à merci. Dans l’étendue du Comté, nous avons édifié des manoirs somptueux, où vivent des seigneurs investis de tous les pouvoirs : droit de vie, droit de mort. Que nous faut-il de plus pour ouvrir nos portes à l’Histoire ?
  • 33. — 62 — — 63 — IX. GREZ-DOICEAU SOUS LES COMTES ET LES DUCS DE BRABANTS Le premier comte de Grez que mentionne l’histoire est Wermer. Les historiens ne précisent pas l’emplacement probable du château des Comtes. Il est à supposer que le domaine de ces seigneurs était identique à celui des Chevaliers de Grez desquels il sera fait mention au cours de notre exposé. Les Comtes de Grez avaient donc pour demeure le château de Piétrebais en Grez. Vers l’an 1000, on fait mention de la femme du dit Wermer, qui fit don à l’abbaye de Gembloux de plusieurs biens. Parmi ceux-ci, on cite la donation de deux manses1 sises à Morceshem qui rapportaient annuellement un cens2 1.  Habitation de campagne à laquelle se rattachait une certaine étendue de terre. 2.  Redevance payée par un vassal à son suzerain.
  • 34. — 64 — — 65 — de 10 sous de Louvain et 4 poules. En 1056, on ramène à Liège, quelques reliques de l’apôtre saint Jacques de Galice. Parmi les quelques pèlerins belges à qui on doit ces restes, on cite le nom de Herman, consul de Grez. Werner de Grez, fils du premier Comte duquel nous avons fait mention, laissa deux fils Henri et Werner. Ce dernier devait illustrer les annales de notre village. Les débuts de leur vie se confondent. On les rencontre, unis en maintes circonstances. En 1092, nous les trouvons rassemblés comme témoins de la fondation de l’abbaye de Flône. Quatre ans plus tard, nous découvrons encore leurs noms associés lors de la cession de l’alleu1 de Genappes et Baisy à l’abbaye de Nivelles. Ils figurent parmi les témoins de cette donation. Mais bientôt les circonstances vont les séparer et faire de l’un un héros. La voix du pape Urbain II, promoteur de la première croisaden’apasété entendue envain.Belliqueuxetchrétien fervent, Werner de Grez n’a pas tardé à se joindre à son cousin Godefroid de Bouillon, de qui il est le conseiller. Henri resta seul au pays. On rencontre encore son nom lors de la fondation du prieuré de Frasne en 1099. Mais abandonnons Grez pour suivre un instant les chefs de la première croisade. Voici d’ailleurs comment deux de nos meilleurs 1.  Propriété héréditaire et exempte de toute redevance. historiens1 retracent cette odyssée glorieuse. «Albert d’Aix, auteur contemporain, exalte en plusieurs endroits de sa chronique son habileté (de Werner) dans l’art delaguerre,etsavaillance.WerneraccompagnaGodefroid à l’entrevue qu’il eut avec le roi de Hongrie, lorsque les Croisés traversèrent ce pays, et à l’audience solennelle de l’empereur de Constantinople, Alexis Commène. Il fut l’un des huit chefs qui dirigèrent les chrétiens pendant leur marche de Laodicée à Antioche, l’un des capitaines qui allèrent chercher des vivres au port dit de l’Ermite Siméon, et de ceux qui commandèrent à la grande bataille d’Antioche. Après la prise de Jérusalem, il resta en terre-sainte et aide Godefroid de Bouillon à administrer et à défendre son nouveau royaume. A la tête de 140 cavaliers il surprit les défenseurs de la forteresse d’Arsid, ce qui amena la reddition de cette place. Godefroid était déjà malade, lorsque Tancrède, prince d’Antioche et Werner assiégèrent le château de Cayphas; mais celui-ci atteint par la maladie, dut se faire porter à Jérusalem où il mourut en même temps que son illustre parent. Huit jours après la mort de Godefrois, il reçut la sépulture dans la Vallée de Josaphat, à la porte de l’église de Sainte-Marie. Selon Guillaume de Tyr, le roi Godefroid avait, quelques temps auparavant, donné la forteresse de David, la citadelle deJérusalem,aupatriarchedecetteville,Daimbert,ennese réservant que l’usufruit. Mais les exécuteurs testamentaires de ce prince, et en particulier le Comte Werner de Grez, 1.  Tarlier et Wauters, op. cit.
  • 35. — 66 — — 67 — refusèrent de donner suite à cette cession. Godefroid avait à peine expiré, que Werner s’empara de la tour, qu’il fit fortifier et se hâta d’envoyer des députés à son parent, le Comte Baudoin, frère et héritier de Godefroid, afin qu’il arrivât sans retard. Il ne vit pas le résultat de sa démarche, car il mourut au bout de cinq jours, ce que quelques personnes, dit Guillaume de Tye, regardèrent comme un miracle.» Vers l’an 1110, nous entendons parler fréquemment de Sart1 associé à diverses formes, qui variaient d’après les actes. Godefroid Ier , dit le Barbu, avait accordé des chartes au prieuré de Basse-Wabre. Il pria Siger de Longinsart de lui servir de témoin en cette circonstance. C’est le premier seigneur de Sart duquel il est fait mention dans l’histoire. Mais que deviennent nos comtes de Grez après la mort de Henri ? Nous sommes dans l’ignorance à ce sujet. Il est cependant reconnu qu’à partir de cette époque, le titre de Comte ne fut plus conféré aux seigneurs de notre village. Est-ce par rivalité entre les ducs de Brabant et nos Comtes ? Probablement. Vers l’an 1145, les chevaliers de Grez étaient qualifiés, soit d’hommes libres (ingenuus homo), soit de membres de la Familia du duc de Brabant. Sanderus cite Werner, comte de Grez qui vivait sous le règne de Godefroid III, duc de Brabant. La chose n’est pas en contradiction avec notre opinion, Godefroid n’ayant 1.  Voir page 28 été sacré duc qu’en 1142. Dix ans plus tard apparaît un Thomas de Greis, homme libre, à qui succède un Arnould de Greis, membre de la familia du duc Godefroid III. Le village de Grez, groupé autour de l’église, consacrée à saint-Georges, commençait à s’organiser et à prendre l’essor que nous lui connaîtrons bientôt. Pour favoriser cette efflorescence, des habitant de la localité, groupés en corporation ouvrière, créèrent une guilde qu’ils mirent sous la protection de saint Georges, patron de la paroisse. Cette corporation, ouvrière en son essence, fut bientôt organisée en congrégation religieuse d’abord, militaire ensuite. Un autel à saint Georges fut édifié à ses frais et confié à sa garde et à ses soins. Lors du décès d’un des siens, la corporation entière assistait aux funérailles. Chacun de ses membres était initié au maniement des armes, et le tir à l’arbalète était leur principal délassement. De là leur nom d’arbalétriers de saint Georges. Rase de Grées était alors le seigneur de l’endroit. En 1200, il épousa Marie et de cette union naquit Nicolas, chevalier de Greis. Ce dernier avait reçu de ses parents le domaine de Festiaux, situé à Grez, près de la ferme de Beausart. Il comprenait un bois, des terres et des bruyères. Avec l’assentiment de Henri Ier , duc de Brabant, il fit don de ce domaine à l’abbaye d’Alne. A cette époque le territoire de Doiceau, appartenait à Jonas de Duencel, possesseur de nombreux biens à Dion-
  • 36. — 68 — — 69 — le-Val. Il avait accordé un fief à un vassal, Sigis Waverel. Ce dernier donna à l’abbaye d’Afflighem l’alleu qu’il tenait de son suzerain. Nous entendons parler vers l’an 1209 de la Chef-Mairie de Grez. Le premier de ses mayeur fut Rengold qui assuma le pouvoir de 1209 à 1231. Le chef-maire était secondé par un receveur établi par le duc. Ce receveur dépendait du receveur principal qui avait siège à Nivelles. Lorsque s’élevait une contestation dans le village au sujet d’un cens qui n’était pas payé en temps voulu au duc de Brabant, le receveur jugeait le délit, assisté des alloyers ou alleutiers1 . Le duc prélevait la dîme2 de Grez et possédait en plus le bois de Bercuit, des terres, des cens et redevances. Par après, comme nous le verrons, le duc octroya une partie de la dîme, à titre de fief à divers seigneurs. Ceux- ci, gentilshommes charitables, la cédèrent par la suite à diverses communautés religieuses. Le duc Henri Ier accorda la partie de la dîme qu’il avait conservée à sa fille Mathilde, comtesse de Hollande. Celle- ci la légua à l’abbaye de Valduc. A partir de 1209, l’abbaye de Valduc de Hamme-mille, prélevait donc à Grez une partie de la dîme. Comment était organisée la justice en notre territoire ? Le duc de Brabant avait la haute, moyenne et basse justice sur tout le domaine de Grez. Conformément à la 1.  Propriétaire d’un alleu. 2.  Dixième partie des récoltes qu’on payait à l’Église ou au sei- gneur. loi de Louvain, c’était lui qui percevait les amendes. Les seigneurs de l’endroit n’avaient que quelques prérogatives qu’ils devaient singulièrement étendre par la suite. Nicolas, chevalier de Grez comptait parmi ses serviteurs et vassaux, le chevalier de Ranario et Meuzon de Duvencel. Nicolas avait cédé au premier un huitième de la dîme de Grez qu’il tenait de son suzerain immédiat le duc Henri Ier de Brabant. Le chevalier de Ranario en fit don à une communauté religieuse, l’abbaye d’Alne, 4 chapons et un poulet. Le seigneur de Duvencel, second vassal de Nicolas de Grez, fit également don à la même abbaye d’une terre située à Duvencel. Ces donations furent ratifiées par Nicolas et par Henri Ier , le 12 juin 1214. A cette époque apparaît pour la première fois le nom de la seigneurie de Froides-Vallées ou Froideval. Nous avons indiqué sa situation probable. Elle appartenait à des preux chevaliers qui en portaient le nom. En 1209, on cite entre autres, Jean de Froideval. Il avait donné en fief à Henri de Bavenchien une partie de la dîme de Franquenies à Céroux. D’autre part, nous rencontrons aussi le nom de Siger de Sart, petit-fils de seigneur du même nom, duquel nous avons entretenu nos lecteurs. Siger de Sart, fut, comme son aïeul, un des témoins de la charte ou diplôme octroyé au prieuré de Basse-Wavre par le duc de Brabant Henri Ier . Il mourut laissant son nom et
  • 37. — 70 — — 71 — ses pouvoirs à son fils Jean de Sart. En 1213, Nicolas, seigneur de Grez, laissa sa succession à Tholin, chevalier de Grez. Au cours de la même année, nous rencontrons pour la première fois le nom de du Péry. C’était celui d’une famille de Grez, à laquelle appartenait un Lamber del Perroit. La sœur de Lambert fit construire une chapelle qu’elle appela, Capella de Piro (Chapelle du Péry). L’origine de l’hospice du Péry remonte donc à l’an 1213. Sa fondatrice fut Élisabeth del Perroit ou du Péry. L’abside extérieure de la chapelle actuelle est encore ornée de la pierre tumulaire de la fondatrice. On n’y voit malheureusement plus que des traces de la représentation d’une femme. Revenons-en à la dîme de Grez. Comme nous l’avons vu, c’est l’abbaye de Valduc qui percevait la majeure partie de la dîme du village; une autre fraction était prélevée par les abbayes d’Inde, d’Alne et de Parc-les-Dames. Une partie infime de cette dîme restait à Gérard, frère de Tholin, chevalier de Grez. Il la céda à son tour à l’abbaye de Parc-les-Dames. La totalité de la dîme de Grez était donc perçue par les communautés religieuses. Le chevalier Gérard de Grez, fut le tuteur de Wicard de Dion. Ce Wicard de Dion céda aux Duencel la dîme qu’il percevait dans la paroisse de Dion-le-Val. Le seigneur de Duencel était à cette époque, Ivon, frère de Meyson. Meyson de Duencel eut deux fils, Guillaume et Rodolphe de Duencial. Ceux-ci, vassaux du seigneur Gérard, reçurent en fief de celui-ci des terres situées à Dion-le-Val. C’est marquer l’importance de la seigneurie de Doiceau à cette époque. En ce temps là, les tenanciers1 du prieuré de Wavre, obtinrent du duc de Brabant, Henri Ier , certaines libertés. Maints tenanciers du dit prieuré habitant le village de Grez, obtinrent les mêmes privilèges que ceux accordés par le duc aux tenanciers de Wavre. A la mort du duc de Brabant, Henri Ier , survenue en 1235, son successeur, Henri II, ratifia la cession de la seconde partie de la dîme de Grez à l’abbaye de Valduc. Comme on s’en souvient, ce don avait été fait par Mathilde, comtesse de Hollande, fille de Henri Ier . La puissance des communautés religieuses allait cependant encore s’accroître sur notre territoire par le don que fit Jean de Froideval au monastère de Parc-les-Dames. Ce seigneur possédait en effet en fief de Guillaume de Piétrebais, une partie de la dîme de Biez. Il la céda à l’abbaye mentionnée. Le seigneur Jean de Froideval eut pour successeur, le chevalier Arnould de Froides-Vallées. Son nom est mentionné dans une charte de l’en 1242. Gérard, seigneur de Grez, laissa à sa mort un fils, Rodolphe, chevalier de Greis ou de Piétrebais. C’est la 1.  Qui tenait une terre en roture, dépendante d’un fief.
  • 38. — 72 — — 73 — première fois que nous rencontrons l’association de ces deux noms. La demeure seigneuriale prendra désormais l’appellation de Château de Piétrebais en Grez, Castellum de Peeterbaix justa Grez. En 1247, Guillaume de Duenchial, fils de Meyson, par la mort de son frère Rodolphe, devint seul seigneur de Doiceau. La même année on mentionne la vente du bois de Grez, appartenant à Gérard de Jauche, à l’abbaye de la Ramée. En 1250, nous notons pour la première fois le nom de la seigneurie de la Motte. Le pouvoir se partageait entre Gilles de Bonlez et Guy del Motte. Mais quittons cette seigneurie pour revenir au Ranarium de Grez. Sous le règne de Jean Ier, en 1270 environ, se lève la silhouette d’un preux chevalier. Ce chevalier est Rase, et son nom est digne de celui de son auguste prédécesseur, Werner de Grez. Comme les seigneurs à qui il succédait, mais qu’il allait bientôt dépasser de cent coudées, le chevalier Rase de Piétrebais en Grez, laissa une partie de la dîme à l’abbaye de Valduc. Son suzerain, le duc de Brabant, voulant réunir le Limbourg à son duché et permettre ainsi aux marchands brabançons l’accès de l’importante route du Rhin, entreprit la campagne que l’on connaît et qui devait se terminer par la brillante victoire de Worringen1 . Rase de Grez portait l’étendard du duc à cette sanglante bataille. Au fort de la lutte son cheval s’abattit sous lui et glorieux étendard fut près de tomber entre les mains de l’ennemi. «Cet incident jeta un instant la consternation dans l’armée brabançonne; le ménestrels n’apercevant plus le souverain du duché (le cheval du duc avait également été abattu) cessèrent de jouer de leurs instruments. Mais bientôt leurs accents retentirent avec plus d’énergie. Nicolas d’Uders et Walter de la Chapelle avaient relevé l’étendard ducal, et Jean Ier , monté sur un autre coursier jetait derechef la terreur dans les rangs ennemis2 .» La pierre tombale de Rase ornait jadis le chœur de l’église de l’abbaye de Villers. Elle fut acquise par Man de Lennick. Elle est visible de nos jours au Musée royal d’antiquités du Cinquantenaire. En voici une sommaire description. C’est une dalle en pierre bleue. Une incrustation de marbre blanc représente un chevalier armé et logé dans une niche. Il a les pieds posés sur un lion. Lors de son séjour à l’abbaye de Villers, la tête et les pieds de l’image sépulcrale étaient d’argent. On lit l’inscription suivante sur la pierre tombale : chi gist raes de greis chlr (seig:)de bierc-ki... de la ilh ala outre meir en a.re et porta le standar à Waronck avek le duc jehan et trépassa lan de grasche MCCCXVIII le vigile saint-thomas (le mot Priis pour priez aura été oublié et placé plus bas) 1.  Dans la Prusse rhénane, au nord de Cologne. 2.  Wauters, Jean 1er.
  • 39. — 74 — — 75 — por sarme et par son bain signour le duc jehan. Après avoir vanté les exploits du guerrier, revenons aux affaires courantes, car il est sur terre d’autres personnages que des héros. Le bois de Bercuit appartenait vers l’an 1276 à Jean Ier, duc de Brabant. Celui-ci le céda à son frère Godefroid. Marguerite de Brabant était alors abbesse de Valduc. Elle reçut ratification de la cession de la partie de la dîme qui était réservée aux ducs de Brabant et que les prédécesseurs de Jean Ier avaient toujours octroyée à cette abbaye. Mais l’intérêt a toujours guidé les hommes quelles que soient leurs convictions. Aussi vit-on des contestations s’élever entre les décimateurs1 de l’abbaye de Valduc, Alne et Parc-les-Dames. Valduc leva dès lors la dîme réservée à ces deux abbayes. En retour il versa annuellement à Alne 20 muids2 de blé dur, 19 muids d’avoine et 50 sous de monnaie usuelle. A Parc, la même redevance, diminuée d’un muid de blé dur. Ces deux abbayes secondaires devaient entretenir pour une part, l’église de Grez. L’an 1298 est marquant dans l’histoire de notre commune, car il y est fait pour la première fois mention de la franchise de Grez. La franchise de Grez avait comme 1.  Les abbayes qui dépendaient de Valduc et qui avaient le droit de percevoir la dîme. 2.  Environ 18 Hectolitres. sceau un cavalier représentait saint Georges, patron de la paroisse, armé de la lance et du bouclier. En exergue du scel, on lisait la devise suivante : Sigilum Villici et Scabinat de Gravia. C’est celui qu’on remarquera au-dessous de la grande charte de Cortenberg en 1312. Il servait également à ceux de Doiceau qui n’avaient pas de sceau commun. Avec le quatorzième siècle, nous voyons le château de Piétrebais en Grez occupé par de nouveaux seigneurs appelés Gilbert de Greis. Gilbert épousa Clémence, fille et héritière du Sire de Malève, dénommée aussi la dame de Rixensart. Raule ou Rodolphe reçut du Chapitre de Saint-Lambert de Liège, le village de Biez où il s’établit. De plus, il tenait en fief du duc de Brabant Jean III quelques biens situés à Grez. Les seigneuries voisines avaient également changé de propriétaires. Sart, appelé alors Tyenghissaert avait été légué par le duc de Brabant, à un bourgeois de Louvain, appelé Othon de Wertheike ou encore Vertike de Louvain. Il possédait 15 bonniers de terres, 3 bonniers de prairies, 2 bonniers de bois, 5 bonniers de terrains vagues, un cens de 19 chapons, 5 pouletteaux (sic) et 30 sous de paiement. Il ne resta guère propriétaire de la dite seigneurie. Il la vendit à Jean de Bossut. Ce dernier eut pour successeurs respectifs, Baudouin dit Jacques de Bossut, son fils et
  • 40. — 76 — — 77 — Marie de Bossut, fille de Jacques. La seigneurie de la Motte après avoir été possédée par Othon de la Motte eut pour propriétaires successifs, Baudouin de Saint-Pol, puis son frère Siger de Saint Pol dit de la Motte. Pour la première fois en 1312, il est fait mention de la Maison de la Violette, fief du duché de Brabant. Cette petite seigneurie, possession de Reynard ou Renaud de Hoslbeke avait l’étendue suivante : 4 bonniers de prés situés à Archennes, 6 journaux de terre au bois de Meylem (Melin). La seigneurie de Froideval fut léguée la même années, 1312, par le duc Jean III à Ostelet de Walhain (petit Othon). Cette seigneurie avait, à cette époque, l’importance suivante : 24 bonniers de terre, 1 journal de pré, une cour de tenanciers, un cens de 8 deniers et 23 chapons. En 1328, Gilbert de Greis meurt, suivi peu après de son frère Rodolphe, seigneur de Biez. Leurs biens réunis vont à leurs fils et neveux. L’aîné, Gilbaud ou Gilbert de Grez, seigneur de Bierch et de Hauchines, prend possession du château de Piétrebais en Grez et de ses nombreuses dépendances. Pour ne faire qu’un bloc de son vaste domaine, il achète la terre voisine de Froideval. Pour dédommager un de ses frères, Baudechon, il lui accorde cette dernière acquisition en échange de la terre de Malève. Ce Gilbert de Grez se fit remarquer en maintes circonstances. En 1334, il fut un des juges de l’enquête ordonnée en Brabant. Deux ans après, il scella le traité entre le Duché et la Flandre. A cette occasion, en 1346, il dut prêter le serment de fidélité à Louis de Mâle, comte de Flandre. Il avait épousé la fille aîné de Rase, chevalier de Seraing. Fatigué du pouvoir, il céda ses charges à son frère Rase de Grez. Rase avait épousé Marguerite de Neer Linter. Seigneur très pieux, il fit ériger une chapelle sous le vocable de saint Jean-Baptiste. Cette chapelle était contiguë à l’église de Grez. La chapellenie possédait 16 bonniers et demi de terre, 5 journaux de prés, une redevance de 8 mesures de froment payable par Valduc. Elle avait en outre un revenu de 263 florins. Par contre, elle devait trois messes par semaine. En 1704, par acte du chanoine d’Anderlecht, Christophe Van den Berghe, frère du comte de Limminghe, duquel nous reparlerons, la chapelle Saint- Jean-Baptiste dut célébrer une messe de plus par semaine, consacrée au Saint-Sacrement1 . Rase de Grez et son épouse moururent en 1351 quelques années avant leur frère Gilbert de Grez qui s’éteignit en 1362. Les deux premiers furent ensevelis dans la chapelle Saint-Georges, adjacente à l’église de Grez. A Gastuche sur la Dyle, existait un moulin, propriété du duc de Brabant, Jean III. Il était situé à l’emplacement 1.  Telle est l’origine de la messe du Saint-Sacrement qu’on doit chanter à Grez, le jeudi.
  • 41. — 78 — — 79 — actuel des Papeteries de Gastuche. Il était banal1 pour les habitants de Bossut, Gottechain, Guertechain, Pécrot, de la Chaussée, de Tingissart, de Loucsart, de Doiceau et de Nodebais. C’était le moulin de Loucsart. Le duc de Brabant le céda à perpétuité, moyennant 20 muids de seigle par an et 20 livres de cire à Jean d’Aske, abbé d’Afflighem, qui devait percevoir le droit de mouture et qui avait rôle de poursuivre ceux qui se soustrayaient à l’obligation de s’y soumettre. Par acte de 1345, Jean III promit de ne jamais dévier le cours de la Dyle entre Basse-Wavre et Florival, ni de construire de moulin, ni de tordoir entre ces limites. Il se réserva toutefois le privilège de faire démolir les bâtiments du moulin ou d’en enlever les meules. Le domaine de la Violette appartenait en 1350 à Arnoul de Hoslbeke, fils de Renaud, duquel nous avons déjà entretenu nos lecteurs. Jean III, duc de Brabant, acheta ce domaine et en fit don à Quaderebbe. Il y ajouta 4 bonniers de terres, un cens de 12 gros et une Cour féodale de sept hommages acquis à Baudechon de Grez. A la mort de Baudechon, chevalier de Froideval, Godefroid dit Poure Valet (pauvre valet) parent de Ostelet de Walhain, hérita de la seigneurie de Froideval. Elle avait été mutilée d’une dépendance de 5 bonniers au profit de Quaderebbe, seigneur de la Violette. Nous avons parlé en temps opportun, de Rengold, premier maire de la chef-Mairie de Grez. Nous n’avons 1.  Soumis à une redevance au seigneur, tout en étant d’un usage public et obligatoire. pas retrouvé les noms des mayeurs qui se sont succédé jusqu’en 1370, époque où apparait Sohier. Jeanne, duchesse de Brabant, ordonna dans son duché, une enquête destinée à contrôler les agissements de ses officiers de Justice. Sohier ayant été reconnu coupable de certains faits répréhensibles, fut condamné à une amende de 20 moutons et à l’annulation de toutes les dettes qui avaient été contractées envers lui. Mais que devint la seigneurie de Grez, lors de la mort des chevaliers Rase et Gilbert ? Elle échut à un second Gilbert, dit de Soyse, autre frère de Gilbert de Grez. Il ne la conserva pas longtemps, car il la vendit bientôt après à Engelbert, son frère et frère des précédents. La seigneurie avait belle apparence à cette époque. En supplément du domaine de Grez, il y était adjoint l’alleu de Biez. Le château formait un quadrilatère de 50 mètres de côté. A chaque angle, on remarquait une tour ronde et massive. La cour était divisée en deux, par un grillage et ornée en son centre d’un jet d’eau. Le tout était entouré de fossés larges et profonds. Le château avait son jardin, sa vigne située au lieu dénommé au XVIIe siècle le Bois des Vignes. Les ornements de ses chambres étaient riches et luxueux; maintes tapisseries étaient inestimables dont quatre de couleur jaune et quatre de couleur bleue. Englebert mourut sans enfants. La totalité de ses biens revint à son neveu, sire Rase de Rivieren ou de Neer-Linter. Rase de Rivieren, sire de Neer-Linter était le fils de Marie de Grez, sœur de Engelbert, qui avait épousé Daniel
  • 42. — 80 — — 81 — de Rivieren, sire de Linter. Le nouveau seigneur du château de Piétrebais était très puissant, ayant accumulé par héritage les biens de ses oncles : Gilbert, Rase, Baudechon et Englebert de Grez. Grez était déjà à cette époque un bourg important. On y comptait 99 ménages, Doiceau n’en possédait que 18. Sohier, chef-mayeur, représentant la duchesse Jeanne et subordonné au Bailli de Nivelles, étendait sa juridiction sur une vaste étendue de territoire. Ci, les lieux situés dans son ressort. Nous mettons en regard de chacun, le montant de sa Cote dans l’aide votée au Duché en 13831 . Le lecteur pourra ainsi apprécier leur importance respective. 1.  Tarlier et Wauters, ibidem. Grez 126 2/3 vieux écus Ferrox (Ferrières); 33 1/3 « « Heyst (Hèze); 13 1/3 « « Duwenchiail 35 2/3 « « Sart-sur-Dyle 29 « « Mironsart 18 2/3 « « Bossut 80 « « Nodebais 40 « « La seigneurie de Biez 13 1/3 « « La seigneurie de Bonlez 9 « « La seigneurie de Chapelle Saint-Laurent 26 2/3 « « 425 2/3 vieux écus. Sous le rapport des aides1 , après avoir formé six juridictions, Grez n’en formait plus que quatre : Grez, Doiceau, Sart et Bercuit. Sous ce même rapport, la mairie de Grez ressortissait de Louvain. Mais ne laissons pas s’en aller ce siècle, sans avoir dit un mot du Bois de Bercuit. Cette seigneurie, après avoir appartenu à maints chevaliers, desquels nous ignorons les noms, passa aux mains de Renaud, sire de Schoonvorst. Ce seigneur étant créditeur de Jean Pinnock, lui légua son bien sous condition d’être quitte et libre de toute dette. En 1398, Jean Pinnock vendit le domaine de Bercuit 1.  Levée de deniers qui se faisait sur le peuple pour aider à soutenir les dépenses de l’État.
  • 43. — 82 — — 83 — à Rase de Rivieren sire de Neer-Linter. Le territoire des chevaliersdeGrezs’accroissaitde277bonniers,contenance du bois de Bercuit. Cedomainenedevaitpasresterlongtempsenpossession de nos seigneurs. Rase de Rivieren ayant contracté une dette de 6000 couronnes à l’endroit de Henri de Hoslbeke, ce dernier acquit le bien qu’il céda quelques jours après (14 août 1404) au Chapitre de Cambrai. A cette occasion, le Chapitre reconnut devoir servir la duchesse Jeanne par un homme d’arme. Le bois de Bercuit resta la possession de l’abbaye de Cambrai, jusqu’à la domination française. Wenceslas de Luxembourg étant mort sans enfants, Jeanne, son épouse céda ses duchés en nue-propriété à son neveu Philippe le Hardi, en se réservant l’usufruit et l’exercice de la seigneurie. En 1406, Antoine de Bourgogne, second fils de Philippe le Hardi, succéda à sa grand’tante. Nous entrions dans la période Bourguignonne de notre histoire. X. GREZ-DOICEAU SOUS LES DUCS DE BOURGOGNE Au commencement du XVe siècle, il existait à Grez un moulin et une brasserie dits banals. Les revenus de ces exploitations revenaient pour une part, au seigneur de Grez et pour l’autre au duc suzerain. Voici à titre d’information, ce que rapportait au duc, le cens de domaine de Grez. A l’Assomption de l’an 1406, il était de 8 livres; à la Noël de la même année de 14 livres 19 sous, 4 deniers. A cette époque, la brasserie banale était affermée pour trois ans, moyennant 30 muids de blé par an. Au début du siècle, on cite ce petit fait-divers local. Le doyen de Grez fut arrêté par les officiers de l’élu de Liège, Jean de Bavière. Un habitant du village, appelé ErnekinouArnoulHelair,ayant,aupréjudicedesprivilèges de Brabant, coopéré à l’arrestation, fut de ce chef poursuivi
  • 44. — 84 — — 85 — et forcé à prendre la fuite. Le petit bourg de Grez s’édifiait insensiblement. Un marché était organisé chaque semaine sur la place, près de la maison du conseil. Au même endroit, on remarquait une boucherie de coquette apparence, tenue par un grézien, Collard de la Tannerie. Chaque année, à la mi-août, le dit Collard devait payer au domaine 6 deniers pour «le stael (étal) au marchiet, là où soulloit vendre char (chair).» Les habitants de la commune reçurent de leurs seigneurs maintes prérogatives, notamment celle de laisser paître leur bétail du 15 juillet au 15 mars sur les prés de la commune de Grez. Ces prés n’étaient accessibles qu’une fois la première fauchaison effectuée. Enfin, la petite population campagnarde était gouvernée par son maire et ses échevins. Ces derniers recevaient chaque année du domaine ducal, pour le dîner qui avait lieu lors du plaid1 général de Noël, 10 florins du Rhin. Le conseil des bourgmestre et échevins se rassemblait sur la place du marché à la Raethuys ou maison du Conseil. Cette maison payait au duché un cens annuel de 2 vieux gros. En l’an 1419, cette contribution ne fut pas payée; la propriété fut aussitôt saisie. Mais pendant que la population diligente de nos campagnes travaillait sans trêve, qu’étaient devenus nos 1.  Assemblée judiciaire ou politique qui avait lieu tous les cinq ans. seigneurs ? Rase de Linter, seigneur de Grez, qui par la mort de Hostelet de Walhain était en possession du domaine de Froideval, se dépouilla de cette propriété au profit de son beau-frère Werner, sire de Davels ou de Dave? Siger de Saint Pol que nous avons trouvé possesseur de La Motte, en 1312, laissa ses biens et ses pouvoirs à Marie, sa fille. Celle-ci se dépouilla aussitôt de ses titre en faveur de son fils, Jean de Boullier ou de Bonlez. Marie, fille de Jacques de Bossut, seigneur de Tyenghissaert, était morte sans avoir contracté mariage. La seigneurie de Sart revint à sa sœur puinée, Catherine. Celle-ci épousa Walter Vanden Voerde. Nous avons vu de quelle façon le domaine de Bercuit était passé aux mains du chapitre de Cambrai. Le territoire de ce chapitre devait considérablement s’agrandir sous le gouvernement d’Antoine de Bourgogne. Il s’accrut tout d’abord d’un petit bois, dénommé le bois de Fa, d’une étendue de 23 bonniers. Bientôt après, on y ajouta le bois de Sinte-Marie Haye ou Haye Sinte-Marie, étendue boisée située sous Bonlez, qui devait son nom à sa propriétaire, la demoiselle Marie de Bonlez. Le vois de Bercuit formait une juridiction particulière et indépendante. Elle avait son maire, ses jurés, ses sergents. Le chapitre de Notre-Dame de Cambrai avait le droit de percevoir les amendes et forfaitures et celui d’y avoir garenne. Un tribunal siégeait à des époques déterminées
  • 45. — 86 — — 87 — au lieu-dit, la Croix de Bercuit. Il ne jugeait que les délits forestiers. Ce tribunal était formé du maire, aidé d’au moins quatre marchands de bois de la régions. Si le nombre des assesseurs du maire était inférieur à quatre, le tribunal ne pouvait prononcer ses sentences. En cas de doute ou de non accord entre les parties, on consultait les chefs de cens, les gros marchands de la Tombe de Merdael, les Louvain. Le 3 juillet 1416, l’abbaye de Valduc acheta à Philippe de Dion, au prix de 105 couronnes de France, un bois situé entre les dépendances du chapitre de Cambrai et le bois de Jean de la Tour. La même année, la bailli de Nivelles, Jean de la Rue, propriétaire des deux bonniers de terre sis à Grez, afferma ces dits biens pour une durée de 12 ans à Houbin de Warnant. La seigneurie de Grez, possession de Rase de Linter devrait bientôt s’accroître du bien de la Violette. Voici d’ailleurs comment. Nous savons que la maison de la Violette fut donnée au sire Henri Quaderebbe par le duc de Brabant Jean III. Marie, sa fille, épousa le seigneur de Diepenbeke. Elle lui apporta en dot, le fief de la Violette. A la mort de ce chevalier, le domaine échut aux Bornival. Un de ceux-ci, Roland, le vendit à Rase de Linter en 1426. La Violette fit désormais partie intégrante de la seigneurie de Grez. Bientôt après cet achat, Rase de Linter meurt. Sa succession échoit à son fils Rase de Rivieren, sire de Linter. Mais les hommes partout se succèdent. Walter Vanden Voerde, seigneur de Tyenghissaert s’éteint, laissant le domaine de Sart à son fils Imbert ou Engelbert Vanden Voerde. Werner de Dave et Marguerite de Rivieren son épouse, seigneurs de Froideval meurent laissant leurs pouvoirs à leur fille, Marie de Bollant. Cette dernière épouse le sire Henri de Polairde. Le seigneur de Grez, Rase de Rivieren, sire de Neer- Linter, eut une fille Cécile. Il lui alloua une rente annuelle de 100 Livres sur le domaine de Grez. Cécile releva le village de cette garantie. Elle épousa Philippe de Baillet. C’est ce seigneur qui accompagna en France le sire de Renty, serviteur de Louis XI. Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et notre souverain ne pardonna pas cette défection. Par plis daté de son camp d’Amiens, le 18 mars 1470, il ordonna la confiscation des biens du Seigneur de Baillet, situés à Ranst. La seigneurie de Sart passa bientôt par achat en mains de nouveaux propriétaires. En 1465, Jean Van den Rode, dit Timmerman, acquit le domaine ayant appartenu à Walter Vanden Voerde et son épouse Catherine. Après un silence de plus de deux siècles, nous pouvons enfin parler de la seigneurie de Doiceau. Nous avions laissé le pouvoir à Guillaume de Duenchial en 1247. Nous
  • 46. — 88 — — 89 — ignorons quels furent ses successeurs. Nous retrouvons en 1474 un Guillaume de Dion, seigneur de Doiceau. Il tenait son fief du chevalier de Piétrebais en Grez. Du mariage qu’il contracta avec Marguerite Vander Eycken naquirent deux enfants : Philippe et Isabelle. En 1476, on note l’achat de la ferme de Hèze par l’abbaye de Valduc et, l’année suivante, la nomination de Guillaume Dedion comme chef mayeur de Grez. Mais continuons nos découvertes. Nous avons dit que la terre de Froideval avait été léguée à Marie de Bollant, fille de Marguerite de Neer-Linter. A sa mort, et à celle de son époux Henri de Polairde, cette seigneurie devint la propriété de Jean de Bollant, chevalier de Roley (1480). Il n’en profita que deux ans, après lesquels il mourut, laissant ses biens à ses enfants : Jean, Guillaume et Robert de Bollant. La motte devait également servir de cadre à bien des visages et à bien des événements. Nous avons laissé cette seigneurie en possession de Jean de Bonlez. Ce chevalier eut une fille, Jeanne de Brousberghe, dame de Bonlez. Elle s’allia à Engelbert Herincx, après s’être assurée la propriété de la Motte. L’année 1482 allait amener la chute de la Maison de Bourgogne en Belgique. Par la mort de Marie, fille de Charles le Téméraire, nos provinces passèrent à son époux Maximilien d’Autriche. Après une période de prospérité et de bonheur, une ère de misère et de dévastation se levait, sombre, sur nos contrées, hier heureuses.
  • 47. — 90 — — 91 — XI. GREZ-DOICEAU SOUS LA PÉRIODE AUSTRO-ESPAGNOLE Ouvrons ce chapitre par l’exposé d’un fait-divers local qui montrera combien nos sergents de police étaient déjà tenaçes à cette époque. Notre garde-champêtre, jean Daminode, était, en 1485, un homme qui savait faire respecter ses droits. Ayant saisi les biens de Mathy de Mont, bourgeois de Louvain, il reçut de cette ville l’ordre écrit de lever le séquestre.Ilrefusa,nonseulementdeprendreconnaissance du pli, mais il accompagna son geste de mille injures à l’adresse de la Bourgeoisie de Louvain. Les Louvanistes, ayant eu vent de la chose, traduisirent en justice notre zélé sergent de police. Il fut condamné à faire construire à Louvain deux verges de murs. Jacques son frère, qui avait trempé dans l’insulte dut aller en