1. MÉTHODE DE LA
DISSERTATION EN
PHILOSOPHIE
A N N E F R E M A U X
L Y C É E G E O R G E S D U B Y
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2. DISSERTATION ET
DISPUTATIO
• La dissertation philosophique trouve ses racines dans l’exercice de la DISPUTATIO au Moyen-Âge
• Remontons quelques siècles et revenons à la Sorbonne médiévale. On y pratiquait, notamment à
l'occasion du baccalauréat, une épreuve qui consistait en sorte de joute oratoire : la disputatio. Le jour de
l'examen, un sujet était proposé à deux candidats sous la forme d'une question. On tirait au sort qui
devrait plaider le pro et qui devrait plaider le contra.
• Après une courte préparation, le duel commençait, agrémenté par des figures rhétoriques qu'il
convenait d’utiliser : les « tropes » sur le modèle de rhéteurs connus (Cicéron, etc.).A près la dispute,
l’un des deux candidats était déclaré vainqueur et l'autre vaincu : d'où le fait que le taux de réussite au
bac, à l'époque, était régulièrement de 50 %…
• Critiquée pour son caractère trop formel et érudit, la Diputatio sera remplacée par la dissertation en
latin au XVIIe. s. qui, écrite et organisée par un plan, prendra petit à petit la forme d'une réflexion plus
personnelle. Contre la vaine répétition de la tradition, il s'agissait désormais de permettre à l'élève de
"penser par lui-même".
• Il ne s'agit pas, cependant, dans la dissertation, de promouvoir un centrisme mou ou un relativisme plat
qui supposerait que toute opinion se vaut (« À chacun sa vérité »). Il s'agit de construire une
argumentation en confrontant des thèses
• La dissertation littéraire française remplace le discours comme exercice scolaire à partir de 1885, où
une réforme de l'enseignement supprime l'enseignement de la rhétorique (réforme de Gustave Lanson).
La dissertation philosophique est en usage dans les lycées depuis 1864. Elle s'étend à partir de ce
moment aux disciplines connexes.
Un peu d’histoire….
3. UN EXERCICE
DOMINANT LE
SYSTÈME
SCOLAIRE
FRANÇAIS
• En France, la dissertation est un exercice scolaire visant à développer
les capacités réflexives d'un élève au long d'un processus analytique et
argumentatif élaboré autour d'une problématique. Elle est proposée
dans le secondaire et le supérieur. Bien qu’elle tende à disparaître depuis
peu au lycée, elle reste un élément de sélection majeur des études
supérieures (d’où un creusement de l’écart entre la masse des élèves qui
ne la pratiquent presque plus - à part en philosophie- et l’élite qui en
maitrise bien l’usage et qui règne ainsi dans les études supérieures)
• En philosophie, elle s'appuie sur un sujet, proposé généralement sous la
forme d'une question générale. Ex : « peut-on dire « à chacun sa
vérité »? »
• L’exercice de dissertation est propre à la France. Dans le monde
anglo-saxon ou allemand, la « d(D)issertation » désigne la thèse
universitaire
4. DÉFINITION ET ATTENDUS OFFICIELS
La définition
• « La dissertation est l’étude méthodique et progressive des diverses dimensions d’une question
donnée. À partir d’une première définition de l’intérêt de cette question et de la formulation du ou
des problèmes qui s’y trouvent impliqués, l’élève développe une analyse suivie et cohérente
correspondant à ces problèmes, analyse nourrie d’exemples et mobilisant avec le discernement
nécessaire les connaissances et les instruments conceptuels à sa disposition. »
Les attendus de l'exercice
• « Les exigences associées à ces exercices, tels qu’ils sont proposés et enseignés en classe terminale,
ne portent donc ni sur des règles purement formelles, ni sur la démonstration d’une culture et
d’une capacité intellectuelle hors de portée. Elles se ramènent aux conditions élémentaires de la
réflexion, et à la demande faite à l’élève d’assumer de manière personnelle et entière la
responsabilité de la construction et du détail de son propos. »
Source : Extraits du Programme de philosophie en classe terminale des séries générales (Bulletin officiel n°25 du 19 juin 2003 – plus
explicite que celui de 2022…).
5. EN RÉALITÉ…
La dissertation sanctionne :
• la compétence linguistique (capacités de rédaction)
• la culture philosophique (mais pas que… Cf.
culture générale)
• les capacités d’analyse et d’argumentation logique
• la structuration de l’esprit (plan progressif)
• la capacité de se positionner (pas de conclusion ou
de 3e partie à la normande : « p’têt ben qu’oui,
p’têt ben qu’non »)
• l’audace et l’originalité (offrir une pensée
différente peut être un « plus » mais ce n’est
toutefois pas une nécessité)
6. LA DISSERTATION N’EST NI UN EXPOSÉ DE COURS NI UN
EXPOSÉ DE SA PROPRE OPINION
• La dissertation n’est pas un exposé de cours ni d’auteurs car le jour « J »
vous tomberez plus que probablement sur un sujet que vous n’avez pas
traité en cours. Vous ne pourrez donc pas échapper à la nécessité de
penser et de réfléchir aux termes spécifiques du sujet. Par exemple, le
sujet mentionné précédemment « Peut-on dire « à chacun sa vérité » ? »
n’est pas le même que « La vérité est-elle toujours subjective ?»
• Malgré la nécessité de développer une argumentation propre, la
dissertation n’est pas non plus l’occasion de développer ses opinions
personnelles sur un sujet. En réalité, vous devrez vous appuyer sur les
auteurs pour penser (sauf pour l’énoncé de la Doxa). Ce qui vous
appartient est le choix des théories philosophiques que vous
défendrez. L’élève exprime ainsi sa propre opinion au travers des grands
auteurs de la philosophie (« nous sommes comme des nains juchés sur
des épaules de géants »). Notre pensée personnelle peut rarement rivaliser
avec celles d’auteurs qui ont traversé les siècles pour l’intelligence et la
maturité de leurs œuvres.Autant les utiliser !
• On dira donc en résumé, qu’il s‘agit de penser par soi-même à
travers les grandes théories philosophiques (avec subtilité : argument
d’abord et auteur ensuite pour ne pas dire « Kant dit que », « Pascal pense
que »… mais plutôt « Nous pouvons penser avec Pascal que… » - cf.
appropriation de la pensée de l’auteur)
7. IMAGINEZ-VOUS AU
TRIBUNAL…
• Il y a l’avocat de la défense qui défend la thèse de
l’innocence de son client
• Le procureur, représentant du ministère public, qui
apporte la contradiction et tente de prouver la
culpabilité de l’accusé
• Et enfin le juge qui (dans sa théorique grande
sagesse) adopte une position en surplomb par rapport
à ces deux thèses opposées et les synthétise tout en
dépassant la simple opposition
8. LE PLAN DIALECTIQUE
(METTANT EN ŒUVRE LA CONTRADICTION)
Vous défendrez trois thèses en partant de la thèse la plus
simple (la plus récusable) pour aller vers la thèse la plus
solide (la moins récusable)Le plan dialectique s’organise
autour de deux thèses opposées :
• la 1re partie développe l’opinion commune et tente de
la fonder en raison (1re thèse).
• La 2e partie montre les limites de cette première thèse
par des arguments qui divergent ou qui s’y opposent
(c’est l’antithèse).
• Une 3e partie pousse plus loin la réflexion et cherche à
dépasser l’opposition, à poser le problème en d’autres
termes (c’est le dépassement- Aufhebung en allemand)
10. UN EXEMPLE CONCRET
• L'opinion commune est assez claire à ce sujet. Il est de bon ton, en ces temps de remise en question de toute
forme d’autorité, de dire que « chacun pense et fait ce qu’il veut ». Ce principe est défendu au nom de l’exigence de
tolérance, de la liberté d’expression, du relativisme culturel (il n’y a pas de culture supérieure à une autre),
voire même du relativisme épistémologique (le fait que dans les sciences, on n’atteigne jamais une vérité absolue
et que la science d’aujourd’hui ne soit que le mythe de demain...).Voir aussi le concept de « post-vérité » consacrée
par le dictionnaire Oxford comme concept de l’année 2016 ou le concept de « vérité alternative » - Ancrage du
sujet dans le présent (première réponse qui correspond à l’opinion la plus répandue)
• Cependant, cette position pose problème : il y a des choses qui ne se disent pas et le code pénal lui-même montre
que certaines opinions (par exemple les opinions racistes, négationnistes ou révisionnistes) n’ont pas droit de cité
parce qu’elles portent atteinte à la dignité des personnes ou à la mémoire de leurs souffrances (cf. révisionnisme).
Certaines affirmations sur le réel semblent moins vraies que d’autres. Cf. définition de la vérité comme
correspondance entre un énoncé et le réel (si je dis qu’il pleut alors qu’il fait beau, je ne dis pas la vérité). Peut-
on vraiment dire « à chacun sa vérité ?» Est-ce soutenable du point de vue moral comme épistémologique ?
Remise en question de la thèse précédente
• Suite page suivante…
« Peut-on dire à « chacun sa vérité »? »
11. UN EXEMPLE CONCRET
• La 3e partie est la plus difficile à construire : elle consiste à sortir de l’opposition ainsi établie. Vous pouvez
choisir la position qui vous sied le plus. Exemples :
- « La vérité est multiple et subjective », il n’y a que des perspectives sur la réalité et personne ne détient
complètement la vérité mais simplement une « parcelle de vérité » (Cf. théorie perspectiviste de la vérité.
Nietzsche, Montaigne, Pascal), ce qui n’empêche pas de condamner l’opinion qui n’est jamais assez fondée en
raison.
- Vous pouvez aussi défendre l’idée qu’il y a une vérité absolue, qu’elle est atteignable par la vision de l’âme et
que ce sont les sens qui nous poussent au relativisme et au subjectivisme (cf. Platon, la contemplation des
Idées et la condamnation du sensible comme source d’illusion)
- Ou que la vérité universelle est accessible par la méthode scientifique qui cherche à éliminer toute dimension
subjective du savoir (Descartes, Discours de la méthode, 1637)
- Ou encore que la vérité absolue n’étant pas atteignable, l’objectivité réside plutôt dans l’intersubjectivité (le
consensus : cf. en sciences)…
- Vous pouvez enfin condamner le relativisme d’un point de vue moral : si chacun pense ce qu’il veut, on ne peut
pas condamner certaines pratiques « barbares » (excision, mariage forcé, inceste, ou pédophilie).
À vous de jouer en fonction de ce que vous voulez défendre : cette partie est la vôtre !
12. AU BROUILLON
• Analyser le sujet (brain storming/mindmapping) : repérez les notions du
programme présentes (ce qui va vous faire penser à ce qui, dans le cours, pourrait
être pertinent pour traiter le sujet). Mais intéressez-vous aussi et surtout aux autres
termes. Si par exemple vous avez la question « la conscience est-elle un obstacle au
bonheur ? », demandez-vous ce que le terme « obstacle » signifie précisément. C’est
à partir de là que différentes directions de traitement du sujet et qu’un plan vont
pouvoir émerger.Ainsi, un obstacle, c’est ce qui empêche d’avancer. Mais il y a des
obstacles qui permettent d’augmenter les capacités et qui sont désirés (par exemple
dans le saut d’obstacles : le coureur choisit lui-même cette spécialité. L’obstacle ne
peut-il pas être aussi un moyen de progresser ?). Bien analyser ces « petits » termes
vous permettra aussi d’éviter le Hors-Sujet. (noté entre 0 et 5)
• Examiner les réponses possibles au sujet : listez les arguments qui permettent
de répondre à la question ou de repérer les éléments du cours et les références
que vous pouvez mobiliser.
• Dégager la problématique : déterminer le problème central, càd le paradoxe
présent dans le sujet
• Construire le plan : partez de l’idée la plus simple et voyez comment vous pouvez
la justifier (trois arguments par partie) . Cherchez ensuite comment contredire
l’idée centrale de cette partie pour passer à la 2e : listez les trois arguments qui
vont vous permettre de construire cette partie et procédez de même pour la 3e
partie..
13. L’ANALYSE CONCRÈTE ET DÉTAILLÉE
DU SUJET
• Chaque sujet a une formulation particulière qu’il faut analyser précisément
• Par exemple dans le sujet précédent qui commence par « peut-on », il faut rendre compte du
fait que le verbe « pouvoir » a deux sens :
CAPACITÉ – Est-ce possible de le dire (cela a-t-il un sens ?). Selon
les sophistes comme Protagoras, la vérité dépend effectivement de
l’individu et du contexte. Cependant peut-on encore parler de
vérité si l’énoncé ne décrit pas la réalité mais contient une part de
subjectivité ?
LÉGITIMITÉ – A-t-on le droit de le dire ou est-ce une faute
morale ? Si chacun a sa vérité, on en peut pas condamner certains
actes comme étant immoraux
• Définir les termes :Vérité = adéquation du discours et de la réalité. La vérité est supposée absolue
(indépendante de la personne qui l’énonce ou du contexte) et universelle (valable pour tous, en tout
temps et en tout lieu)
14. « À CHACUN SA VÉRITÉ »
Cette expression a :
- Un sens modéré : chacun suit son propre cheminement pour découvrir la vérité (chacun sa méthode) ou chacun sa part de connaissance d’une
vérité totale
- Un sens radical : il n’y a pas de vérité absolue (indépendante du contexte ou de l’individu) et universelle (valable pour tous). Il faut donc
accepter comme vraie l’opinion de chacun
Si la vérité n’est plus l’adéquation du discours et de la réalité mais seulement un point de vue, alors la vérité peut être dite relative (relativisme :
théorie selon laquelle la vérité est dépendante des individus, du contexte, de la culture, d’une époque ou encore d’une langue)
Définition du relativisme
• Étymologie : de relatif, venant du latin relatio relation, rapport.
• Le relativisme est une doctrine ou un mouvement de pensée qui affirme qu'il n'existe pas de vérité absolue.
• Pour le relativisme, les valeurs, la morale, la connaissance ou l'esthétique sont variables et dépendent des circonstances ou de la perception
des individus (après tout, ce café amer pour moi est doux pour un autre, un pianiste virtuose n’entend pad pas la même chose qu’un homme
qui n’a pas l’oreille musicale, dix témoins oculaires dans un procès feront des récits bien différents… Chacun est pourtant convaincu de détenir la
vérité ).
• Les détracteurs du relativisme font remarquer que l'affirmation selon laquelle "il n'existe aucune vérité absolue" comporte sa propre
contradiction, car si elle est vraie elle, elle doit alors s'appliquer à elle-même.
• La première philosophie relativiste est attribuée au sophiste grec Protagoras (485-410 avant JC) dont Platon rapporte la formule célèbre :
"L'homme est la mesure de toute chose".
15. ➢ Formellement, une dissertation de philosophie ne se distingue pas d’une dissertation en Histoire, en SES
ou en Français.
➢ Dans tous les cas il y a :
• Une introduction
• Un développement en deux ou trois parties
• Une conclusion
➢ Le but est de répondre à la question posée dans chaque partie (ne pas consacrer une partie à l’analyse
d’une notion du sujet)
➢ Il doit y avoir un approfondissement,une progression logique d’une partie à une autre (qui sera marquée
par les transitions) – pas de juxtaposition de parties sans lien les unes avec les autres
➢ Tous les arguments utilisés doivent être en lien avec le sujet (surtout pas d’étalage de connaissances
gratuites)
➢ Chaque argument (ou paragraphe) doit être étayé par un exemple mais attention : un exemple ne suffit pas
(ce n’est pas un argument mais une illustration de l’argument)
➢ Les différentes parties correspondent à des moments bien distincts de la réflexion (cf. plan
dialectique). Elles doivent déjà visuellement être bien délimitées :
LA RÉDACTION DE LA DISSERTATION
16. Introduction
Partie 1
Partie 2
Partie 3
Développement
Conclusion
Saut de lignes
• Globalement, une dissertation doit « faire » entre 4 et 8 pages
• Chaque partie contient 3 paragraphes qui correspondent chacun à un argument
(Une idée par § - Un § par idée)
• Chaque § commence par un alinéa (retrait)
17. L’INTRODUCTION :
Fonction générale : Le travail de l’introduction repose sur la mise en évidence du (ou des) problème(s) qui sous-tendent
la question posée : c’est ce qu’on appelle problématiser.
Structure :
1) Dégager un problème :
– Proposer une première réponse à partir de l'analyse du sujet. (+ exemple éventuellement)
– Dégager une contre-réponse, toujours à partir de l'analyse du sujet (+ exemple éventuellement)
– Reformuler la question posée afin de bien mettre en évidence la tension interne au sujet.
2) Annoncer le plan :
– Dégager les grandes étapes par lesquelles vous allez passer pour essayer de résoudre le problème en question.
Faites bien apparaître la progression logique. Ne vous contentez pas de juxtaposer les thèses que vous allez
aborder : articulez-les logiquement.
– Pour chaque étape, formuler clairement l'idée directrice.
18. 4 § MARQUÉS
CHACUN PAR
UN ALINÉA –
PAS DE SAUT DE
LIGNE
Alinéa – 1er § L’introduction commence par une amorce : celle-ci consiste
dans la définition du terme principal du sujet (qui doit rester simple - non
développée), un exemple littéraire, un exemple emprunté au cinéma ou à la vie
quotidienne, ou bien par la formule “On pense/ on dit souvent que”…. Cette
amorce a pour but de développer une première thèse : la plus simple (celle
du sens commun – ce que tout le monde pense )
Alinéa – 2e § allez ensuite à la ligne et marquez une opposition grâce à
un connecteur logique : « Toutefois », « Cependant » « Mais » qui vous
permet de remettre en question la première thèse en avançant un nouvel
argument. La confrontation de ces deux thèses constitue votre
problème. Vous reformulez alors votre énoncé : « On pourra donc se
demander si … »
Alinéa 3e § de votre introduction : vous évoquez les enjeux de votre sujet,
ce qu’il implique . « Ce sujet a pour enjeu la question de … En effet…. » Cela
constituera la 3e partie de votre devoir.
Alinéa 4e § Énoncé de votre plan : « Dans un premier temps, nous
examinerons la conception selon laquelle… Dans un deuxième temps, nous
verrons que…. et enfin, dans un dernier temps, nous montrerons… »
19. Doit-on douter de tout?
(Alinéa) Un homme dans le désert croit s’approcher d’une oasis avant de réaliser qu’il ne s’agit
que d’une dune : nous avons tous été victimes d’illusions d’optique et savons que nos sens peuvent
nous tromper. De même chacun d’entre nous a pu être confronté au mensonge, à la
désinformation ou encore à la manipulation. Devant les risques d’erreurs, d’illusion et de
mensonges, il peut paraitre prudent de douter de tout, et de rien tenir pour vrai puisque nous
sommes toujours susceptibles de nous tromper ou d’être trompé.
(Alinéa) Néanmoins, faut-il pour autant douter de tout? Par définition, « tout » désigne
l’ensemble de ce qui existe, ce dont rien ne peut être exclu. Si nous doutons de tout, cela signifie
alors que nous ne pouvons jamais être sûr de rien. Dès lors, une telle attitude peut sembler
dangereuse, parce qu’elle conduirait à l’hésitation voire à l’inaction alors quee la vie nous invite
souvent à faire des choix, même en l’absence de toute certitude. Aussi une question se pose :
douter de tout, est-ce une recommandation de prudence, ou bien une attitude stérile qui nous
empêche de vivre ?
(Alinéa) Cette question pose le problème de la possibilité de la vie même : si l’on doute de tout
peut-on encore vivre ? La question, dès lors dépasse l’enjeu épistémologique pour prendre
une dimension morale : le devoir de douter entre-t-il en contradiction avec celui de vivre et
d’être heureux ?
(Alinéa) Dans un premier temps nous verrons en quoi les incertitudes de l’existence peuvent
nous conduire à tout remettre en doute. Puis nous examinerons qu’une telle position n’est pas
tenable, car elle remet en question l’existence d’une vérité partagée possible en science (point de
vue épistémologique). Dans un dernier moment, nous nous interrogerons sur la manière dont
nous devons faire usage du doute dans la pratique (domaine de l’action, PRAXIS) sans contredire
pour autant le devoir de vivre et de viser le bonheur.
Exemple d’une introduction réussie
Exposé d’une
expérience
commune : celle
du mirage, de la
manipulation ou
du mensonge
1re réponse
Objection (« Néanmoins »)
2e réponse et construction
de la problématique
Enjeux
/
Annonce du plan
20. LE DÉVELOPPEMENT
Fonction générale : il apporte progressivement une réponse argumentée à la question posée par
le sujet et problématisée en introduction.
Construction : il doit :
- être décomposé en parties bien distinctes du point de vue de la présentation et surtout du
contenu:
- comprendre des transitions entre les parties : la transition doit faire rapidement le bilan de la partie
achevée en faisant explicitement référence au sujet,. Elle doit justifier le passage à une nouvelle partie
(une nouvelle question directrice). C’est un § compact faisant min 7-8 lignes
- présenter une progression de la réflexion, c'est-à-dire un ordre, une logique (dans la succession des
arguments) et manifester une avancée (ne pas simplement juxtaposer des opinions ou des références).
une partie
une idée
directrice
(thèse)
trois arguments (3 §)
énonce défendent
21. LES PLAN POSSIBLES
• Le plan dialectique (vu précédemment) :
I/ opinion spontanée (1re thèse)
II/ Critique de l’opinion - Antithèse (réfutation de I)
III/ Dépassement de l’opposition (thèse plus réfléchie)
• Le plan avec une seule thèse (plus rare):
I/ Défense de la thèse pour raison X
II/ Défense de la thèse pour raisonY
III/Défense de la thèse pour raison Z
• Plan qui conteste le sens de la question (uniquement valable pour sujets en « ne…que… » - ex :
« Ne doit-on tenir pour vrai que ce qui est scientifiquement prouvé? »)
I/Thèse : la science est le modèle de la connaissance vraie
II/ Antithèse : D’:autres disciplines peuvent prétendre à la vérité
III/ remise en question du présupposé du sujet (seule la science a accès à la vérité) : ce qui est
scientifiquement prouvé ne peut être tenu pour absolument vrai
22. LA CONCLUSION
Elle fait le bilan de la réflexion menée et comprend :
- une récapitulation aussi précise et concise que possible de
l'argumentation et de son résultat (il faut formuler une réponse) :
dégager l’essentiel de chaque partie (« nous avons tout d’abord
montré que… » ) / dégager le mouvement qui a conduit d’une étape
à une autre (rappeler les transitions logiques)
- Montrer l'intérêt de la réponse proposée (il faut apporter une
réponse claire et précise) : pas de ccl du type « cela dépend des
cas, des points de vue… »
- Pas d’ouverture (il faut montrer que l’on a répondu à la
question et non montrer qu’il subsiste des points que l’on n’a pas
traités… cf. hara-kiri)
- Un seul § compact
23. Une dissertation est une recherche de la vérité sur une question
particulière.
Le souci de la vérité doit donc être la préoccupation constante de celui qui
disserte, qui doit éviter :
• Les lieux communs
• Les préjugés
• Les partis pris
• Les généralisations hâtives
• Les réactions purement affectives.
En un mot, il faut réfléchir à ce que l’on écrit : c’est-à-dire ne rien affirmer
sans analyse préalable, sans justification. Ce n’est pas parce que l’on a
toujours cru ou entendu une idée, que celle-ci est juste ! Il faut se méfier
de ses propres opinions ou croyances, les mettre en question, c’est-
à-dire les examiner de manière critique.
Remarques finales
24. Sujets (toutes sections confondues)
2018 • La culture nous rend-elle plus humain ?
• Peut-on renoncer à la vérité ?
• Toute vérité est-elle définitive ?
• Peut-on être insensible à l’art ?
• Le désir est-il la marque de notre imperfection ?
2019 • Est-il possible d’échapper au temps ?
• À quoi bon expliquer une œuvre d’art ?
• La morale est-elle la meilleure des politiques ?
• Le travail divise-t-il les hommes ?
2020 Contrôle continu
2021 • Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
• L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
• Sommes-nous responsables de l’avenir ?
2022 • Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?
• Revient-il à l'Etat de décider de ce qui est juste ?
Listes sujets de dissertation du bac