1. LE PATRIMOINE
SCIENTIFIQUE ET
LES AUTRES
SAVOIRS – 1ÈRE
PARTIE
MARS 2015
FLORENCE PIRON, UNIVERSITÉ LAVAL
FLORENCE.PIRON@COM.ULAVAL.CA
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3. QU’EST-CE QUE LE
SAVOIR SCIENTIFIQUE?
Vos réponses :
Ma réponse : Un savoir qui obéit au cadre normatif de la
science, à ses critères de scientificité.
Un savoir produit par des scientifiques, selon une
méthode scientifique, dans des institutions
scientifiques, publié dans des revues scientifiques,
selon des conventions d’écriture scientifique, pour un
public de scientifiques (et autres) : les traces du
processus de recherche mené par les scientifiques
4. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ?
Vos réponses :
5. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ?
Vos réponses :
Un enjeu épistémologique fondamental : La vérité est
souvent présentée comme un idéal de correspondance
exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la
réalité) : est-ce possible?
6. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ?
Vos réponses :
Un enjeu épistémologique fondamental : La vérité est
souvent présentée comme un idéal de correspondance
exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la
réalité) : est-ce possible?
• Oui pour les « positivistes » (cadre normatif dominant
de la science actuelle)
7. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ?
Vos réponses :
Un enjeu épistémologique fondamental : La vérité est
souvent présentée comme un idéal de correspondance
exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la
réalité) : est-ce possible?
• Oui pour les « positivistes » (cadre normatif dominant
de la science actuelle)
• Non pour les « constructivistes » (nourris par les
travaux d’études sociales des sciences ou STS) : ma
position
8. THÉORIES DE LA VÉRITÉ : LES
POSITIVISTES
La vérité est la correspondance exacte
entre les mots (langage) et les choses (le
réel, la réalité)
• Position positiviste (ambition scientifique classique):
trouver un langage qui décrirait le monde tel qu’il est
« en lui-même », hors de tout point de vue ancré dans
une culture, dans l’histoire.
• Il y a une vérité qu’on peut « découvrir » à l’aide de la
méthode scientifique.
• Elle seule permet d’avoir accès à la vérité, car elle ne
souffre d’aucun biais. Son langage doit être « épuré »
de tout ce qui est local et culturel.
• Elle est neutre.
9. THÉORIES DE LA VÉRITÉ : LES
CONSTRUCTIVISTES
La correspondance exacte entre les mots
(langage) et les choses (le réel, la réalité)
est impossible : le langage scientifique
reste un langage issu de la culture.
• Les discours (textes, énoncés, démonstrations, etc.)
qui prétendent décrire la vérité font toujours partie des
médiations du langage et de la culture: ils restent une
production humaine ancrée dans l’histoire et l’espace.
• Ce sont des énoncés, au même titre que des vers de
poésie ou des paragraphes de romans, qui obéissent à
des conventions et à une rhétorique. Ils font partie de
la « construction sociale de la réalité ».
• Un fait scientifique est un artefact (fabriqué par
l’humain) pour rendre compte de manière très précise
d’un aspect de la réalité qui intéresse son auteur (le
chercheur ou la chercheuse), tout comme n’importe
quel savoir.
10. THÉORIES DE LA VÉRITÉ : LES
CONSTRUCTIVISTES
• La science est un savoir humain parmi bien d’autres,
mais qui a des prétentions universelles et qui bénéficie
de ressources énormes et d’un prestige social très
élevé (même s’il y heureusement des débats publics
sur la science).
• Un savoir scientifique n’existe que dans des formes
concrètes qui sont toujours situées : un article dans
une revue, un chapitre d’un livre, une conférence, un
cours, etc.
• Actuellement, ces formes obéissent au cadre normatif
dominant de la science.
• Mais il y a des cadres alternatifs qui apparaissent : la
science ouverte, les épistémologies des Suds.
• Les leaders de la science actuelle ont du mal à les
reconnaître…
11. LE CADRE NORMATIF DOMINANT
DE LA SCIENCE ACTUELLE
Démarche scientifique à vocation universelle :
• Revue de littérature
• Question de recherche
• Enquête ou expérience
• Résultats
• Évaluation par les pairs
• Publication (en anglais) dans une revue reconnue et
bien cotée
• Citation par les pairs pour prouver la qualité
• Stop, on passe à autre chose
12. L’ÉVALUATION PAR LES
PAIRS
• Au début de l’histoire de la science : création de
sociétés savantes auxquelles étaient annoncés les
travaux scientifiques. Ces sociétés existent toujours et
publient désormais des revues.
• Au 19e siècle, les scientifiques publiaient aussi dans les
grands journaux. Aujourd’hui, c’est le rôle social des
journalistes scientifiques.
• Depuis la Seconde guerre mondiale : instauration du
processus d’évaluation ou d’expertisation par les pairs
dans les revues qui se consacrent à la science. Cette
expertisation est devenue le critère de la
« scientificité » de la publication.
13. LE PROCESSUS
D’ÉVALUATION
En anglais : Peer-review
Toute revue qui reçoit un article le soumet à deux ou trois
experts reconnus du domaine, en cachant le nom de
l’auteur. Ce dernier ne connaît pas non plus le nom des
évaluateurs (double-aveugle), de manière à assurer
l’impartialité de l’évaluation.
Les évaluateurs font des recommandations à l’auteur et à la
revue. C’est sur cette base que le comité éditorial de la
revue accepte ou non la publication de l’article.
Exemple dans le EMBO journal (biologie)
Le taux de rejet peut être élevé selon la place de la revue
dans la hiérarchie des facteurs d’impact (nombre de
citations dans d’autres textes)
Processus fragile : fraude, mensonge, complaisance,
préjugé, etc.
14. LE CADRE NORMATIF DOMINANT
DE LA SCIENCE ACTUELLE
Cette démarche scientifique à vocation universelle
s’accompagne des normes suivantes :
• Éthos de la science moderne : publier, partager, mettre
en commun, pas d’ingérence du pouvoir ni de
hiérarchie sociale au sein de la science : une
« communauté »
• Mais coupure fondamentale entre la science et les
autres savoirs - division abyssale selon Santos
• Les études universitaires sont la voie d’accès à la
science : on doit souffrir, ça doit être long et difficile…
Rituel d’intronisation dans la communauté scientifique.
Tout ce qui obéit à ce cadre normatif = la science (en fait
: la science qui revendique le statut de savoir universel
sur la base de ce cadre normatif)
15. SCIENCE OU RECHERCHE?
Comment distinguer entre science et recherche?
- La recherche scientifique, c’est le processus de
fabrication des connaissances au sein de l’institution
scientifique, impliquant des acteurs, des organisations,
des lieux et objets, une certaine culture de travail, etc.
- Une publication scientifique, c’est la trace
publique et pérenne d’un processus de recherche
particulier, sous la forme d’un texte (en général, un
article publié dans une revue scientifique).
- La science, c’est l’ensemble de tous les textes ainsi
produits et publiés qui obéissent au cadre normatif
dominant.
- Une science ou une discipline, c’est un ensemble de
textes qui se citent et se répondent de génération en
génération et qui sont enseignés à ceux et celles qui se
forment à cette science.
16. UNE AUTRE SCIENCE EST POSSIBLE
Il est possible de remettre en question le cadre normatif
dominant et de proposer un cadre alternatif, surtout dans
les pays du sud : le but de ce séminaire
• Ouvrir la science
• publier en libre accès
• Faire de l’évaluation ouverte
• Partager ses travaux, ses données et ses ressources
sur le web et avec les médias sociaux
• dialoguer, commenter (au lieu du secret et de la peur)
• Ouvrir la recherche
• intégrer des non-scientifiques au processus de
recherche
• Intégrer des savoirs autres que scientifiques : savoirs
locaux traditionnels, expérientiels, politiques, etc.
• Décider de l’agenda de la recherche selon les priorités
de la société, le bien commun
• Vos exemples et les miens